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Etude écologique du lac de Bizerte
par
Jeanne ZAOUALI*
RESUME
Le lac de Bizerte, lagune de chlorinité moyenne., proche de celle de la mer voisine, subit une double
influence continentale et marine. La masse importa nte des apports de sédiments fins en provenance du
lac Ichkeul entraîne la dominance des substrats va seux, notamment dans la partie ouest et la zone
centrale.
Les peuplements abondants et variés dans la partie nord sous influence marine (116 espèces) subis-
sent une réduction progressive au fur et à mesure que dominent les influences continentales; ils ne com-
portent plus que 43 espèces dans la zone ouest proche de l'oued Tinja.
Dans l'étage infralittoral, sept communautés benthiques ont été mises en évidence. Dans la partie
centrale du lac, entre -9 et -12 m, la turbidité des eaux empêche le développement des algues photo-
philes et amène la formation d'un étage circalittoral caractérisé par la présence d'une communauté très
appauvrie comportant cinq espèces dont la plus abondante est Cardium paucicostatum.
Le peuplement le plus largement représenté, puisqu'il couvre plus de la moitié de la surface du
lac, est la communauté à Caulerpo prolifera et Modiolus barbatus.
ABSTRACT
The lac de Bizerte has a sea -like chlorinity but is submitted to a double marine and continental in-
fluence. The large amount of continental sediments from the Ichkeul lake brings consequently the domi-
nance of silt deposits principally in the western and central parts.
The populations are abundant and various in the north part with sea influence (116 species) , they de-
crea se progressively with the continental influence; we observe OlÙY 43 species in the western part near
the oued Tinja.
ln the infralittoral seven benthic communities are showned; in the central part, between -9 and -12 m,
the water turbidity prevents the photophil algal development and brings out the formation of a circalittoral
with only 5 species; the most abundant one is Cardium paucicostatum
The larger community is the Caulerpa prolifera - Modiolus barba/us one which covers more than the
half of the surface of the lake.
(*) Tnstitut National Agronomique, 43, av, Charles Nicolle, Tunis, Tunisie.
108 JEANNE ZAOUALI
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1.2. L'insolation.
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1.4. L'évaporation.
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ECOLOGIE DU LAC DE BIZERTE 111
Les mois les plus humides sont ceux de dé- confond presqu'avec celles des températures at-
cembre et janvier avec un total moyen de 77,3 % mosphériques. Une meilleure estimation des
alors que le total général moyen est de 72,6 %. températures des eaux peut cependant être four-
nie, semble-t-il, par l'intermédiaire de deux points
1.6. La pluviosité. moyens repères. En effet, si les eaux subissent
l'influence de la température de l'air ambiant,
1.6.1. Nombre mensuel de jours de pluie ou elles sont aussi, d'autre part, régies par la tem-
fréquence. pérature des eaux marines qui se mélangent à
elles (Mars, 1966).En définitive. la moyenne des
Les mois où il pleut le plus souvent sont ceux eaux considérées pourra être située entre ces
de décembre et janvier (16 jours). Les pluies deux chiffres. Crouzet (1972)dans une étude sta-
sont par contre très peu fréquentes en juin" tistique très complète des températures des eaux
juillet et août (4, 2 et 3 jours). Le total- annuel du lac Nord de Tunis montre de même que
est de 113 jours. « l'influence de la température de l'air est pré-
pondérante et se manifeste à l'échelle journa-
1.6.2. Hauteur moyenne (en mm) ou abon- lière », (liaison hautement significative entre les
températures de l'air et de l'eau).
dance (fig. 2).
L'estimation de la température moyenne des
Les pluies les plus abondantes se situent au eaux du lac de Bizerte à partir des températures
mois de décembre (119mm) et au mois de janvier moyennes de l'air et de la mer dans cette mê-
(112 mm). Les valeurs pour le mois de juillet me région semble, a priori, assez difficile. En
sont tout particulièrement faibles (4 mm). Il effet, le lac de Bizerte est soumis à un double
existe donc une différence très nette entre les apport d'eaux d'origine marine et continentale
apports d'eau douce pendant la saison hiver- (par l'intermédiaire du lac Ichkeul qui déverse
nale et la saison estivale, ceci va se traduire au annuellement par l'oued Tinja près de 345 mil-
niveau de la salinité des eaux du lac par des lions de m" d'eau douce) (1).
variations relativement importantes aussi bien De plus, si la température moyenne à Bi-
de la teneur en chlorure de sodium que des car- zerte est connue (nous avons vu qu'elle était de
bonates. 18°,1 C), il n'en est pas de même de celle de
La hauteur totale annuelle est de 653 mm. la mer qui n'a fait jusqu'à ce jour l'objet d'au-
cune étude suivie. Une valeur proche peut ce-
2. Les facteurs abiotiques au niveau aquatique. pendant nous être fournie par les travaux
d'Azouz (1971)sur les eaux de la région du Cap
2.1. lia température des jeaux. Serrat où l'auteur note une température moyen-
ne annuelle de 18° ,35 pour les eaux comprises
2.1.1. Estimation de moyennes théoriques.
entre la surface et - 20 m.
Dans les milieux. où les .échanges avec la
En conséquence, la température théorique
mer sont restreints et les profondeurs relative-
moyenne des eaux du lac devrait être comprise
ment faibles, la température des eaux est di-
entre 18°,1 et 18°35. La valeur réelle trouvée
rectement influencée par celle de rail'. C'est
étant de 18° ,25, ceci montre la concordance en-
ainsi, qu'Arnaud et Raimbault (1969) dans leur
tre la théorie et la pratique.
travail sur l'étang de Salses-Leucate montrent
que la courbe annuelle des eaux de l'étang' se (1) Mesures faites de 1966 à 197"/
l
112 JEANNE ZAOUALI
2.2.2. Lac de Bizerte. Nous avons trouvé pour les années 1970-H71
des chiffres très voisins de ceux enregistrés par
A. Travaux antérieurs.
Azouz en 1963-1964. Nous avons cependant pré-
féré exprimer directement les résultats sous f'or-
Il n'existe qu'une seule étude traitant de la
me de chlorinités.
salinité dans les eaux du lac (Azouz, 1966). L'au-
teur met en évidence la présence d'un gradient
décroissant depuis la région du goulet (côté lac) a) Moyennes.
où la salinité moyenne enregistrée est de 36,46 %0
jusqu'à celle proche de l'oued Tinja (S = La chlorinité annuelle moyenne des eaux du
26,75 0/00). Il montre d'autre part que ce gradient lac, légèrement inférieure à celle de la mer,
est tout spécialement marqué pendant la saison est de 18,28 0/00. Les valeurs les plus fortes sont
des pluies (octobre à juin) avec une différence enregistrées en été dans la zone sud plus éloi-
d'amplitude maximale au mois de février at- gnée des influences marines, où elles peuvent
teignant le chiffre de 22 %0. Cette différence est atteindre dans les parties littorales 22,80 0/00 aux
au contraire très faible, voir nulle, pendant la mois d'août et de septembre. Les chlorinités les
saison estivale où ne se font plus sentir les ap- plus faibles sont celles trouvées pour les eaux
ports d'eaux météoriques. de ~a zone de l'embouchure de l'oued Tinja,
elles descendent jusqu'à 6 %0 à la fin du mois de
B. Observations personnelles (fig. 4).
janvier à la suite des fortes pluies hivernales.
CI 0/00
b) Gradients.
20
1.5. Etagement des formations benthiques. mais, prélevées au fur et à mesure par les ri-
verains, elles ne forment jamais d'accumulations
Nous nous sommes reportés au travail de importantes. La faune, peu abondante, est prin-
Pérès et Picard (1964), ouvrage fondamental cipalement représentée par Tatiirus saltator.
pour les bionomistes méditerranéens et avons Dans les régions où domine la vase s'installe
repris les définitions et les sub-divisions donnees Salicornia arabica.
par ces auteurs.
2.2. Etage médiolittoral.
L'étage, selon la définition établie au collo-
que de Gênes (1957), est « l'espace vertical du 2.2.1. Substrats solides.
domaine benthique marin où les conditions éco-
logiques, fonction de la situation par rapport Dans la région sud du chenal (Station 8) vit
de la mer, sont sensiblement constantes ou va- Monoâonia turbijormis caractéristique du mode
rient régulièrement entre les deux niveaux cri- abrité. Sous les blocs rocheux de la partie nord
tiques marquant les limites de l'étage. Ces éta- du lac, on rencontre Sphearoma serratum, mais'
ges ont chacun des peuplements caractéristiques de même que l'espèce précédente il n'est jamais
et leurs limites sont révélées par un change- très abondant.
ment de ces peuplements au voisinage des ni-
En de nombreux points du littoral s'accumule
veaux critiques marquant les conditions limites
une importante thanatocoenose formée de coquil-
des étages intéressés ».
lages d'origine lagunaire ou terrestre comme
Dans les milieux que nous avons prospectés,
Euparypha pisana, Trochoidea elegans, Helicella
ont été individualisés les étages supralittoral,
maritima (1). Dans cette laisse détritique se ré-
médiolittoral, infralittoral et circalittoral. fugient Sphaeroma ephippium dans la partie
nord, Sphaeroma hookeri dans la partie ouest,
2. BIONOMIE BENTHIQUE. ainsi que des myriades de Nématodes. On y voit
circuler Carcinus metliierraneus.
2.1. Etage supra littoral.
Dans la région de Guengla (St. 23), Balanus
2.1.1. Substrats solides. amphitrite se fixe sur les pieux d'une jetée en
bois. La présence de cette espèce en ce point
En dehors des quais du chenal et des instal-
caractérise une zone où circulent des courants
lations portuaires, les zones de substrat solide
turbides fortement chargés en matières nutriti-
sont limitées à quelques blocs isolés, à des pon-
ves.
tons de bois et aux pilotis des parcs à moules
et à huitres installés dans la partie nord-est du
2.2.2. Substrats meubles.
lac.
A l'exception de la région du canal la plus Les peuplements des substrats meubles sont
proche de la mer où l'on peut récolter de rares mieux représentés que les peuplements précé-
Patella caerulea, les peuplements sont pratique- dents. Dans les régions les plus abritées des
ment inexistants. courants où la sédimentation est active, les
En définitive, bien que les eaux du lac aient Dans le canal les variations sont plus fai-
une chlorinité moyenne proche de celle enre- bles encore et la moyenne des valeurs trouvées
gistrée en mer, les différences importantes exis- est semblable à celle enregistrée dans le lac :
tant en particulier pendant la saison hivernale 6,30.
à la suite du déversement massif des eaux du
lac Ichkeul lui confèrent une physionomie par- 2.3.3. Sulfates.
ticulière dont on retrouve la trace au niveau bio- Les valeurs du rapport S04/CI sont très
logique (fig. 5). fluctuantes; leurs oscillations Se font toutefois
Ceci est tout particulièrement marqué pour avec une marge relativement étroite, montrant
les zones les plus profondes de la partie occi- une activité sulfato-réductrice constante, mais
dentale où s'opère une nette stratification entre faible. Les valeurs moyennes trouvées sont infé-
les eaux plus douces en provenance du lac rieures aux valeurs marines, elles sont de 12,84
lchkeul et les eaux d'origine marine qui restent pour le lac et 13,20 pour le canal.
en profondeur servant ainsi de refuge aux es-
pèces les moins euryhalines. 2.4. Oxygène dissous.
Azouz (1966) a montré dans un travail sur
2.3. Calcium, Magnésium et Sulfates. le lac de Bizerte que la teneur en oxygène dis-
sous des eaux de la lagune oscillait entre 4,15 mg
• 2.3.1. Calcium .
%0 en août et 6,34 en janvier.
Dans les zones les plus profondes de la
L'étude du rapport Ca/CI montre des va-
partie centrale, les teneurs toujours plus faibles
leurs fortes en hiver avec un maximum à la mi-
sont dues:
avril et faibles en été avec un minmum pour
le mois de septembre. La valeur trouvée, légè- à l'absence d'activité photo synthétique ;
rement inférieure à la valeur marine moyenne à une action microbienne importante au
(2,11 contre 2,17), indique l'influence d'une lé- niveau du substrat, attestée par la co-
gère précipitation estivale. loration noire des vases le composant.
Les eaux du lac de Bizerte ne présenten;
La moyenne annuelle légèrement superreure
cependant jamais de déficit en oxygène. Le phé-
à celle des eaux marines montre cependant la
nomène dit des « eaux rouges » ne s'y manifeste
prépondérance des influences continentales dans
que de façon très partielle dans les zones riches
le lac (3,09 contre 2,17).
en Ulves de la partie nord-est à l'époque estivale
Dans le canal, les oscillations au cours de et ne prend jamais une allure catastrophique.
l'année, sont très faibles et la valeur du rapport
Ca/CI reste toujours très proche de la valeur 3. Les facteurs édaphiques.
moyenne marine.
3.1. Les substrats : nature et granulométrie
des sédiments (1).
2.3.2. Magnésium.
Les substrats solides sont peu fréquents, en
Les valeurs du rapport Mg/CI subissent peu
dehors de quelques pointements rocheux de fai-
de variations et oscillent entre 5,94 en avril et
7,13 à la fin août. Leur valeur moyenne an-
(1) Une étude complète des sédiments est en cours
nuelle est légèrement inférieure à la normale (Laboratoire de Sédimentologie de l'UER de Perpi-
marine : 6,30 contre 6,69. gnan, Soussi).
ne. JEANNE ZAOUALI
Dans les substrats solides, le quadrillage a ensemble de prélèvements. Nous avons choisi de
été fait de façon plus arbitraire, sur les mêmes nous reporter, dans les milieux qui nous préoc-
surfaces, par simple répérage visuel. Pour l'é- cupent et qui sont de surface relativement res-
tage infralittoral à partir de - 1 m, les techni- trente, à la notion d'étagement,
ques de prélèvement directes il' étaient plus pos-
Les espèces constantes sont présentes dans
sible. Ne disposant que d'une barque sans treuil
50 % ou plus des prélèvements de l'étage con-
nous n'avons pu nous servir de la benne de Van
sidéré.
Veen et avons utilisé une drague de 0,50 m de
large dont nous avons testé les performances Les espèces communes dans 10 à 49 % des
<lans les zones de bonne transparence des eaux. prélèvements.
A cet effet, cet engin a été traîné dans diffé-
Les espèces rares dans moins de 10 % des
rents milieux, pendant des temps définis. La lon-
prélèvements.
gueur des parcours effectués a ensuite été véri-
fiée directement de façon à obtenir un trait sur (Les indications concernant la fréquence sont
10 m, (soit sur une surface approximati.ve de données dans l'étude des peuplements).
5 rn"). La drague étant relevée, les éléments de
la macrofaune ont été comptés et leur nombre 1.2.3. La densité.
a été divisé par 5, les éléments de la flore ont
été pesés tout au moins en ce qui concerne ceux La densité d'un peuplement est le nombre
les plus abondants. d'individus de toutes les espèces recueillis par
unité de surface (1 m").
1.2. Nomenclature et méthodes biocoenotiques
utilisées. 1.2.4. Degré d'affinité entre deux prélève-
ments (selon Sanders, 1960).
Nous nous sommes inspirés dans la conduite
de ce travail de la terminologie exposée par Nous n'avons utilisé cette méthode que de
Dajoz (1970) et des méthodes employées par façon exceptionnelle, car elle présente dans les
Guille (1970) dans son étude de bionomie benthi- milieux que nous avons étudiés de nombreux dé-
que du plateau continental de la côte catalane fauts. En effet, le degré d'affinité ne correspond
française. pas toujours à la réalité. Deux prélèvements
présentant la même composition faunisti.que,
1.2.1. Abondance. mais avec des dorninances très différentes, ont
un faible degré d'affinité, au contraire, deux
L'abondance d'une espèce est le nombre d'in- prélèvements assez différents dont l'un est re-
dividus de cette espèce dans un prélèvement don- présenté par un grand nombre d'individus et
né et à une époque donnée (dans les lagunes elle l'autre par quelques individus SEulement, peuvent
est effectivement très souvent sujette à de gran- avoir un fort degré d'affinité.
des variations au cours de l'année).
1.2.5. Indice biologique (Sanders, 1960; Guille,
1.2.2. La fréquence. 1970).
C'est le pourcentage d'individus d'une espèce L'indice biologique d'une espèce dans un
par rapport au total des individus. Elle peut peuplement est l'addition des rangs occupés par
être calculée pour un prélèvement ou pour un cette espèce dans tous les prélèvements eff'ec-
l
tués dans ce peuplement. Le rang de l'espèce dominantes de les affecter d'un « coefficient de
est fonction de son abondance par rapport à celles pondération ». Celui-ci dans line certaine mesure
des autres espèces présentes. permet de donner à une espèce de grande taille
occupant une place importante dans le substrat
Dans ce travail en raison de la grande dis- et représentant une biomasse élevée, un rang
parité entre la proportion de certaines espèces correspondant plus exactement il son importance
(comment mettre sur le même plan 1 Pinna no- biologiquee.
biiis de 50 cm de longueur et 1 Tricolia speciosa
Ce coefficient a été calculé de façon simple
de 1 cm de longueur T), nous avons jugé bon
selon le modèle suivant
avant de procéder à la classification des espèces
Dans le cas d'espèces ex-aequo nous avons 1.4. Dénomination des unités de peuplement.
donné le plus fort indice de classement à celle
présentant l'abondance la plus forte.
Elles ont été regroupées en communautés. La
notion dérive de celle de biocoenose : « groupe-
1.3. Classification biocoénoiique des espèces. ment d'êtres vivants correspondant par sa com-
position, par le nombre des espèces et des indi-
Celle-ci se fait en fonction de leur indice vidus à certaines conditions moyennes du milieu.
biologique. groupement d'êtres qui sont liés par une dépen-
dance réciproque se maintenant et se reprodui-
Les espèces classées dans les 10 premières
sant dans un certain endroit de façon perma-
après addition de leur indice biologique dans
nente » (Mobius, 1877). Petersen (1918), a modifié
tous les prélèvements d'un peuplement considéré
légèrement cette conception, en se référant au
sont appelées préférantes de ce peuplement.
terme de communauté, notion basée sur des con-
Les espèces classées après les 10 premières sidérations avant tout quantitatives (éléments
sont appelées accompagnatrices. pondéralement dominants). C'est dans ce sens
que nous emploierons ce terme.
Les espèces localisées dans un seul peuple-
ment sont appelées caractéristiques. Si elles sont
D ans certains cas : prédominance locale de
classées selon leur indice biologique dans les 10
facteurs écologiques entraînant l'exubérance
premières, elles sont appelées caractéristiques
d'une ou d'un petit nombre d'espèces, nous em-
du premier ordre. Si elles sont classées après
ploierons aussi le terme de faciès (définition de
celles-ci, elles sont appelées caractéristiques du
Pérès et Picard, 1964).
second ordre.
ECOLOGIE DU LAC DE BIZERTE 119
1.5. Etagement des formations benthiques. mais, prélevées au fur et à mesure par les ri-
verains, elles ne forment jamais d'accumulations
.ous nous sommes reportés au travail de
.1. importantes. La faune, peu abondante, est prin-
Pérès et Picard (1964), ouvrage fondamental cipalement représentée par Ttüitrus saltator.
pour les bionomistes méditerranéens et avons Dans les régions où domine la vase s'installe
repris les définitions et les sub-divisions donnees Salicornia arabica.
par ces auteurs.
2.2. Etage médiolittoral.
L'étage, selon la définition établie au collo-
que de Gênes (1957), est « l'espace vertical du 2.2.1. Substrats solides.
domaine benthique marin où les conditions .éco-
logiques, fonction de la situation par rapport Dans la région sud du chenal (Station 8) vit
de la mer, sont sensiblement constantes ou va- Monodonia turbiformis caractéristique du mode
rient régulièrement entre les deux niveaux cri- abrité. Sous les blocs rocheux de la partie nord
tiques marquant les limites de l'étage. Ces éta- du lac, on rencontre Sphearoma serraium, mais'
ges ont chacun des peuplements caractéristiques de même que l'espèce précédente il n'est jamais
et leurs limites sont révélées par un change- très abondant.
ment de ces peuplements au voisinage des ni-
veaux critiques marquant les conditions limites En de nombreux points du littoral s'accumule
des étages intéressés ». une importante thanatocoenose formée de coquil-
lages d'origine lagunaire ou terrestre comme
Dans les milieux que nous avons prospectés,
Euparypha pisana, Trochoùiea elegans, Helicella
ont été individualisés les étages supralittoral,
maritima (1). Dans cette laisse détritique se ré-
médiolittoral, infralittoral et circalittoral.
fugient Sphaeroma ephippium dans la partie
nord, Sphaeroma hookeri dans la partie ouest,
2. BIONOMIE BENTHIQUE. ainsi que des myriades de Nématodes. On y voit
circuler Carcinus mediterraneus.
2.1. Etage supralittoral.
Dans la région de Guengla (St, 23), Balanus
2.1.1. Substrats solides. amphitrite se fixe sur les pieux d'une jetée en
bois. La présence de cette espèce en ce point
En dehors des quais du chenal et des instal-
caractérise une zone où circulent des courants
lations portuaires, les zones de substrat solide
turbides fortement chargés en matières nutriti-
sont limitées à quelques blocs isolés, à des pon-
ves.
tons de bois et aux pilotis des parcs à moules
et à huitres installés dans la partie nord-est du
2.2.2. Substrats meubles.
lac.
A l'exception de la région du canal la plus Les peuplements des substrats meubles sont
proche de la mer où l'on peut récolter de rares mieux représentés que les peuplements précé-
Patella caerulea, les peuplements' sont pratique- dents. Dans les régions les plus abritées des
ment inexistants. courants où la sédimentation est active, les
fonds vaseux, sieges d'un important développe- avions prélevés dans le port. Dans les parties
ment bactérien, sont favorables à la prolifération les plus basses de ce trottoir, entre les tubes de
de Pireneüa conica, gastéropode caractéristique Verrnets s'accumulent de petits dépôts vaso-
des régions méditerranéennes au sud du 40° pa- sableux colonisés par Caulerpa proliiera. Puis,
rallèle. La présence d'innombrables pistes, mar- au faciès à Vermetus se substitue celui de la
quant le passage de l'animal sur le substrat Custoseira abrotanifolia dont l'extension reste
humide découvert, montre bien son adaptation très limitée en raison de l'envasement du mi-
au médiolittoral. Il est d'ailleurs rare en Tunisie lieu. (Fig. 6)
de le rencontrer beaucoup plus bas que le niveau b. La premœre partie du chenal (partie
moyen de la frange des eaux. nord, stations 2 et 3) est marquée par de gros
blocs rocheux recouverts d'une végétation rela-
2.3. Etage infralittoral. tivement abondante. Dans les zones les plus hau-
2.3.1. Suostrais solides. tes on note la présence de Padina pavonia, Cla-
Les substrats rocheux ne sont bien repré- dophora prolijera (qui héberge de nombreux
sentés, nous l'avons vu, que le long du chenal, Pycnogonides et Leuconia aspera) et de .Jania
mais au contraire de ce qui se passe pour les rubens, toutes algues caractéristiques d'eaux
étages précédents les peuplements y sont abon- marines pures. Dans les fentes des rochers cir-
dants et variés. cule le crabe A canthonyx lunulaius (espèce rare)
alors qu'à un niveau légèrement inférieur on ••
A. Dans le chenal. rencontre le Gastéropode Fasciolaria lignaria
L'étude de -ces peuplements est particulière- (= F. tareniina, espèce rare). (Fig. 7)
ment intéressante, car elle fournit de bonnes in- c. Dans la partie centrale du chenal (région
dications sur l'évolution des influences lagunaires de la Pêcherie, stations 4. 5 et 6), l'évolution du
au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la mer milieu se fait nettement sentir et ce d'autant
libre. plus qu'à cet endroit se jette une partie des
a. Dans la zone la plus proche de la mer égouts du village de Zarzouna et de la ville de
(région du port, station 1), on observe un trottoir Bizerte. Cette évolution est marquée par l'ap-
à v ermetus cristatus rappellant la formation si- parition d'une bande continue de la moule
gnalée par Molinier et Picard (1954) en mer lI1ytilus galloprovincialis, dont la biomasse
libre au Cap Blanc au nord de Bizerte et re- moyenne totale peut être évaluée à 7,800 kg/rn"
trouvée par Zaouali. (1973) au Rmel au sud de (1).
Bizerte. Ce trottoir s'étend sur une largeur
(1) Nous devons signaler pour la région de Bizerte,
moyenne de 1 mètre et marque la limite entre
comme l'a fait Bellan-Santini (1965) pour la région de
le médiolittoral inférieur et l'infrali.ttoral. Il se Marseille, la présence de moulières dans deux milieux
trouve là, dans une position nettement plus basse très différents : zone polluée du canal et zone d'eau
que dans la région marine, où nous avons ren- pure de mode agité (rochers de la plage sud de Bi-
contré d'importants placages à un niveau corres- zerte). L'originalité de ce second peuplement de faciès
franchement marin est marquée en dehors de la
pondant au médiolittoral supérieur montrant la
présence de Jania rubens par la prolifération de
forte résistance de cet animal à l'émersion. Des Cystoseira sedioides. Phéophycée caractéristique des
expériences de laboratoire nous ont d'ailleurs côtes algériennes et nord-tunisiennes servant de sup-
confirmé cette possibilité, puisque ce n'est port à l'association Mutilus galloprovincialis, Perna
qu'après dix jours d'exposition à l'air libre sans perna (= Mytilus africanus), Purpura haemastoma.
Perna perna montre pas sa présence dans cette ré-
que soit réalisée la moindre humectation des
gion de la Tunisie l'influence nette du courant atlan-
blocs, que sont morts des Vermets que nous tique sur la Tunisie septentrionale (Zaouali, 1973).
ECOLOGIE DU LAC DE BIZERTE 121
FIG. 6. - station 1, port marchand de Bizerte (anse FIG. 7. - Station 2, entrée du chenal.
sud).
1. Paieûa caeruiea.
2 Nassa reticulafa abritant, Clibanarius
1. Vermetus cristatus. misanthropus .
2 Caulerpa .·prolifera. 3 Cladophora prolifera,
4 Cystoseira abrotanifoLia.
3. Cymodocea nodosa.
5. Padina pavania.
6. Palaemon eleqans,
7 Anemonia sulcata.
1. Patel/a caerulea,
1. Céramiale. 2 Anemonia sulcata.
2 Corailina officinalis.
3 Mytilus galloprovincialis.
3 Mytilus galloprovincialis.
4 Aneriwnia sulcata. 4. Cymodocea nodosa.
5. Paro.centrotus lividus. 5, Paracentrotus lividus,
6. Laurencie papillosa.
7. Cymodocea nodosa.
d
122 JEANNE ZAOUALI
<,
MER MEOITERRANEE
5 4
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02
1. Etage circalittoral.
2 Etage infralittoral.
FIG. 10. - Lac de Bizerte emplacement des différentes zones prospectées.
125
ECOLOGIE DU LAC DE BIZERTE
Phallusia .fumigata 10
Les espèces classées sont les suivantes
Asterina gibbosa 9
11'1odiolus barbatus to Coiumseüa rustica 1)
1
ECOLOGIE DU LAC DE BIZERTE 127
2 bis B (entre -5 et -9 m, st. 15). Elle Zone 3 bis (entre -3 et -8 m, st. 27 et 28).
est plus fortement détrique et la végétation, en Les fonds sont formés par une vase grise où
dehors des Mélobésiées encroûtantes, est peu domine le détritique coquillier fortement encroû-
abondante. té. L'Algue Caulerpa prolifera subsiste, nais
Plus fortement marquée par la turbidité son taux d'occupation est plus faible, au contrai-
des eaux que la zone précédente, une grande re Dictyopteris polypodioides gagne en abondance
partie de son peuplement est de type circalitto- (2 kg/rn" poids -humide, saison hivernale).
Zone centrale.
Partie est
Partie ouest.
Zone 3 (entre -0 et -3 m, st. 41). Les
fonds vaseux très abrités abritent une végétation Zone 6 (entre -1 et -3 m, st. 19 et 20). Les
essentiellement représentée par Zostera noltii. fonds marqués par les apports alluviaux en
La réduction de La faune (10 espèces) met bien provenance de l'oued Tinja sont vaseux.
en évidence le caractère limitant de ce milieu. La végétation peu dense est représentée par
Zostera marina. Caulerpa prolifera et Diciuota
Cerastoderma glaucum 10 dichotoma apparaissent dans les zones plus pro-
Tapes decussaius !J fondes.
Corophium acherusicum q Les espèces classées sont les suivantes
128 JEANNE ZAOUALI
L'instabilité des fonds est confirmée pal' la vaseux chargés en matière organique sous in-
présence de Corbula gibba. La présence d'As- fluence atténuée des courants marins.
tropecten bispinosus est elle même liée à celle
Espèces caractéristiques de 1er ordre ; N assa
de Corbula gibba dont elle se nourrit.
reticulata (espèce euryhaline et eurytherrne),
Pertnereis cuitriiera et Tricolia te nuis (espèce
2.4.2. Partie nord.
de la biocoenose à Algues photophiles).
Zone 11 (st.37, -11 m). Les fonds sont cons- b. Zone 2, communauté à Caulerpa profilera
titués de vase beige et présentent une importante et Phallusia fumigata. Cette communauté ins-
fraction détritique. 20 espèces sont récoltées. tallée sur des fonds vaseux, fortement chargés
Les espèces classées sont les suivantes : en SH2 peut être considérée comme une enclave
de l'infralittoral inférieur dans l'infralittoral su-
Modiolus barbaius 10
périeur ; biocoenose des vases terrigènes côtiè-
Asciâieüa pellucida 9 l'es' à forte teneur en matière organique. L'aff i-
Phallusia fumigata 8 nité entre la zone 2 et la zone 2 bis A est mar-
Astropecten bispinosus 7
quée par un coefficient de 68 %.
Abra alba
Caràium paucicostatum 5 Espèces caractéristiques de 1er ordrf'.
Hermione hystrix ·1 Paracenirotus lividus, Columbella rusiica (espè-
Murex brandaris 3 ces photophiles), Phallusia mamillata, PolYcarpa
A mathia semiconvoluta :~ pomaria, Boirullouies leachs (espèces caracté-
Dentalium dentale 1 ristiques des vases terrigènes côtières).
c. Zone 3, communauté à Zostera noltii et
L'ensemble de la faune correspond à une bio- Cerastoâerma glaucum, biocoenose des sédiments
coenose mixte (infra et circalittorale) marquée vaso-sableux en milieu euryhalin et eurytherme.
par les courants de fonds.
Espèces caractèr istiques de 1er ordre:
Tapes decussatus, Loripes lacteus, Corophium
acherusicum.
COMMUNAUTES ET ESPECES
CARACTERISTIQUES (Fig. 11) B. Zone 'centrale, partie ouest (zone 6) :
23 espèces sont récoltées (3 espèces végétales,
1. ETAGE INFRALITTORAL DE -1 A -3 M. 20 espèces animales). Cette zone appartient à la
communauté à Zostera marina et Tapes aureus,
A. Zone nord ; 45 espèces (7 espèces 7égé- faciès dessalé de la biocoenose des sédiments
tales et 38 espèces animales) sont récoltées dans vasa-sableux superficiels.
l'ensemble des zones 1, 2 et 3, mais une réduc-
Les espèces caractéristiques de 1er ordre
tion nette de ce nombre est enregistrée depuis
sont ; Gastrana fragilis (espèce caractéristique
la zone 1 sous influence marine directe (35 espè-
d'une certaine dessalure), Palaemon elegans,
ces), jusqu'à la zone 3 (10 espèces).
Erichionius difformis, Cardium exiguum, (indi-
Trois communautés sont mises en évidence ; catrice d'une forte teneur en matière organique).
a. Zone 1, communauté à Cymodocea noâosa C. Zone sud, partie est (zone 9) : 12 espè-
et Modiolus barbatus ; biocoenose des sables ces sont récoltées (1 espèce végétale, 11 espèces
MER MEDITERRANEE
1 1::<:] s·····
.....
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4 •..•••• 5 ...
6 ktfrpl 81m
1. Communauté à Cardium paucicostatum, Hermione hystrix.
2. Communauté à Zostera noltii, Cerastoderm a glaucum.
3. Communauté à Cymodocea nodosa, Modiolus barbatus.
4 Communauté à Zostera marina, Tapes aureus.
5. Communauté à Caulerpa prolifera, Cardium paucicostatum.
6. Communauté à Modiolus barbaius, Ascidie:ia pellucida,
7 Communauté à Caulerpa proiuera, Modiolus barbatus.
8. Communauté à Zostera noltii, Loripes lacteus.
&
animales). Cette zone appartient à la commu- ri. mphitecne auricoma (espèces des sables fins
nauté à Zostera nolti, Loripes lacteus; biocoe- envasés et salis, ouverts au large, selon Glema
nose des sédiments vase-sableux en mode calme rec, 1965) sont caractéristiques de 1er ordre.
d'aspect très dégradé. Cardium paucicostatum (espèce des fonds vaseux
de l'étage circalittoral, biocoenose des vases ter-
Zone 8 : 23 espèces sont récoltées (2 espèces
rigènes côtières) et Pilumnus birteûus sont ca,
végétales, 21 espèces animales). Cette zone ap-
ractéristiques de 2e ordre.
partient à la communauté à Zostera marina et
Tapes aureus; biocoenose des sédiments vaseux
d. Dans la zone 3 bis : Natica miûepuncta-
en milieu mixohalin.
ta, A udouinia ientacuiata, Amphitrite eduiardsi
Les espèces caractéristiques de 1er ordre sont caractéristiques de 1er ordre. Chlamys
sont!: Ceriihium vulgatum et Elecira pilosa glabra (espèce liée, nous l'avons vu, à des con-
(espèces des milieux turbides). ditions relatives de dessalure) et Dioqenes pu-
gilator sont caractéristiques de 2e ordre.
Les espèces caractéristiques de Ier ordre f'aunistiques à peu près complètes), nous cons-
sont : Anisochiton [ascicularis, Maia verrucusa. tatons que dans le lac des différences importan-
tes apparaissent entre les citations les plus an-
b. La zone 7 bis, placée directement sous
ciennes (18:35-1906) et les plus récentes (1966-1972).
l'influence de l'oued Tinja présente un peuple-
Les modifications enregistrées marquent une
ment très dégradé (1 espèce végétale, 6 espèces évolution nette depuis le début du siècle se tra-
animales). Elle appartient à la communauté à
duisant par une plus grande diversité des espè-
Cauierpa prolifera et Cardium paucicosiatum: ces (25 contre 63 à l' heure actuelle); phénomène
Les espèces caractéristiques de Ier ordre vraisemblablement dû au creusement du chenal
sont: Corbula gibba (espèce de la biocoenose des et à l'arrivée des eaux marines. Un changement
fonds meubles instables), Amathia semicl)nvo- important peut être signalé : c'est l'absence
luta, Murex brandaris, l'lassa mutabilis. dans la liste donnée par Pallary d'espèces abon-
dantes à l'heure actuelle : Moâiolus barbatus et,
3. ETAGE CIRCALITTORAl ENTRE -9 ET -12 M. Chlamys glabra.
de bordigue fut nettement meilleur que celui des chtone en provenance du bassin d'Arcachon. En
clayonnages de construction artisanale puisque effet, les essais d'implantation' de l'huître au-
la quantité moyenne de Poissons ainsi capturés tochtone Ostrea edulis furent négatifs (Azouz,
s'éleva à 100 tonnes annuelles. 1966). A l'heure actuelle, l'huître portugaise, à la
suite des mortalités massives qui eurent lieu
Cependant les exigences de la marine de
dans le lac de Bizerte en 1970, à peu près d'ail-
guerre installée dans la partie sud du lac à
leurs à la même époque que dans le bassin
Ferryville (aujourd'hui Menzel Bourguiba) ame-
d'Arcachon, a été remplacée par l'huître japo-
nèrent une fois encore le déplacement des bor-
naise Crassostrea gigas. Ces nouvelles instal-
digues qui furent reléguées dans la zone 'lord-
lation ont permis de montrer qu'après 1 an de
ouest (Sidi Ahmed) et en définitive pratiquement
culture les huîtres pouvaient être commerciali-
abandonnées. C'est ansi qu'en 1939, les pêches de sées (Gimazane, 1977).
toute l'année s'élevèrent à 2,400 tonnes.
Peut-on, pour autant, en conclure à une di- La liste des espèces classées dans les dix
minution de la productivité dans le lac ? Cela premières après addition de leur rang dans tous
ne semble pas possible, si nous faisons la com- les prélèvements effectués (tableau 1), permet
paraison avec les valeurs des biomasses que nous de mettre en évidence les faits suivants :
avons trouvées et si nous tenons compte d'un
autre facteur de la production qui est celui des Dans le lac de Bizerte, les peuplements les
élevages de moules et d'huitres. Effectivement, plus abondants sont ceux des milieux turbides
si pendant de nombreuses années on se contenta chargés en matières organiques adaptés à des
de récolter les moules des seuls gisements na- zones où les influences marines restent impor-
turels ou de laisser en stationnement dans les tantes. Les espèces ayant le plus fort indice
parcs d'attente de Gammarth, Sidi Daoud ou biologique sont :
Bizerte, les moules venues de France (Bicci, - Phaûusui mamillata et Motiiolus barbatus,
1955), la mytiliculture, puis l'ostréiculture, ont mais alors que la première occupe une postion
connu à Bizerte, depuis quelques années et plus prépondérante de façon temporaire (son .léve-
particulièrement depuis les travaux de Lubet loppement est réduit à l'époque estivale, période
(1959) et d'Azouz (1966), un essor remarquable. où les eaux sont moins chargées en éléments
C'est ainsi, qu'à Menzel Jemil, après l'installa- fins et de salinité plus proche de la. salinité ma-
ti.on des premiers parcs d'élevage de Mutüus rine), la densité de la seconde, plus euryhaline,
gallapravincialis à partir de naissain récolté dans reste très forte tout au long de l'année.
les moulières naturelles de "la côte sud de Bizerte
et de la région du golfe de Tunis, la production 1.2. Entre -3 et -12 m .
fut pour l'année 1964 de 92 tonnes '(elle. a été de
70 tonnes pour l'année 1976). A cet élevage est Là encore, domine le Mollusque suspensivore
venu s'ajouter celui de l'huître portugaise Cras- Moâioius barbatus, associé à une faune caracté-
sastrea angulata fait à partir de naissain allo- ristique des milieux turbides (Ascidies) et riches
138 JEANNE ZAOUALI
TABLEAU 1
Lac de Bizerte, liste des espèces classées dans les dix premières (espèces préférantes) après
addition de leur rang (indice biologique).
Phaûusui mamillata · . · . · . · . ·. .. ·. · . ·. 10 8
ModioLus bo,Tbatus . . .. .. . . . . . . . . · . · . · . 9 10
Nereis tiiuersicolor · . ·. ·. · . · . · . · . · . · . 8
Tapes decussatus . . · . · . · . · . ·. ·. · . · . · . 7
Asterina gibbosa . . . . · . · . ·. · . · . · . ·. 6 1
6
Phallusia fumigata · . · . · . · . · . ·. · . · . · . 5 7
Murex trunculus · . · . ·. · . · . ·. ·. · . ..
·. 4
Paracentrotus lividus · . · . · . · . ·. · . · . · , ·. 3
C erastoâerma glaucum ·. · . ·. · . · . · . · . ·. 2
Cardium exiguum .. · . · . ·. ·. · . ·. · . ·. ·. 1 9
Polycarpa pomaria ·. ·. · . · . ·. ·. · . · . ·. 5
Chlamys glabra · . · . · . · . · . · . · . · . · . ·. 4
Cardium paucicostatum · . · . · . · . · . . · .
'. ·. 3
Chiton olivaceus · . ·. · . ·. · . · . ·. · . · . ·. 2
Columbella rustica . . · . . . . . · . · . · . · . ·. 1
#EE?Q
TABLEAU 2
Liste des Mollusques récoltés dans le lac
de Bizerte
Partie Partie
BIVALVES
ouest est
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