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3 Football

d’aujourd’hui

1. Le football moderne 1
2. Le jeu d’aujourd’hui 7
3. Réflexion sur le football et la formation 10
4. L’apprentissage et la formation
des jeunes footballeurs 13
Football d’aujourd’hui 3
1. Le football moderne

Introduction

Le football connaît une mutation permanente. Il prend de l’ampleur, se mondialise, les petits pays s’organi-
sent, les frontières s’ouvrent aux joueurs, les équipes voyagent et la formation des jeunes atteint un niveau
élevé dans beaucoup de pays. Le football vit bien.

Côté jeu, le football évolue à grande vitesse : évolution du jeu, évolution des enjeux et des compétitions, et
plus récemment évolution des hommes et des structures qui mènent à la performance.

Pour mieux comprendre cette évolution et les enjeux du football du 3ème millénaire, voyons rapidement son
état actuel.

L’évolution du jeu

“Plus vite, plus fort, plus haut, plus technique” résume parfaitement l’évolution du football au cours de ces
dernières années.

• La vitesse est supérieure. Vitesse de course, mais aussi et surtout rapidité d’exécution des gestes de
base, comme les prises de ballon et les passes ou la frappe.

• Les duels sont de plus en plus engagés, contraignant le joueur à développer des qualités athlétiques bien
supérieures à celles du passé.

• La technique représente à coup sûr le critère le plus marquant de l’évolution du jeu. C’est le “must” de
l’évolution. Tous les observateurs présents à la dernière Coupe du Monde de la FIFA, Corée/Japon 2002,
et aux derniers Championnat du Monde Juniors de la FIFA 2003, et Championnat du Monde U-17 de la FIFA
2003, auront pu apprécier le haut niveau technique désormais pratiqué par les meilleures nations.

L’évolution tactique

La tactique n’a évidemment pas échappé au renouvellement global du football. En matière d’animation de
jeu notamment, de nouveaux systèmes sont apparus : 4-4-2, 3-5-2, 4-5-1, 3-4-3. Les systèmes effectifs et
leur animation sont même souvent modifiés durant le match (3-5-2 en phase offensive, au 4-4-2 en phase
défensive), selon l’état du score et les situations de jeu. Mais le changement le plus notable a trait au “foot-
ball total” : rythme plus élevé au niveau du jeu.

La notion de football total, née il y a un quart de siècle et prônée avec succès, entre autres par Stefan Kovacs,
ancien entraîneur roumain, ex-sélectionneur de l’équipe de France, ex-entraîneur d’Ajax Amsterdam, impli-
quait un pressing de tous les instants.

De plus en plus, on privilégie le changement de rythme. Les formations gagnantes maîtrisent le rythme en se
montrant capables de jouer vite mais aussi plus lentement, plus sûrement, pour mieux surprendre ensuite.
Ces alternances de rythme donnent souvent l’occasion de faire la différence et de créer des brèches payan-
tes dans les défenses désormais très resserrées.

Les données tactiques du football moderne accroissent l’importance et la qualité technique des attaquants,
dont le bagage technique, athlétique et le volume de jeu se sont considérablement enrichis. Pour être effi-
caces, ces joueurs doivent être explosifs et doués devant le but, et en plus rapides, dotés d’un excellent jeu
de tête, comme le Brésilien Ronaldo, l’Anglais Owen, le Français Henry, l’Espagnol Raúl, qui sont les grands
attaquants actuels.

Cela dit, il va de soi que la prépondérance de joueurs créatifs n’a pas été affectée par la nouvelle donne du

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football international. Les Platini, Gascoigne, Laudrup, Rivaldo et leurs émules auront toujours une influence
déterminante.
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L’évolution du joueur
L’évolution du jeu implique nécessairement l’adaptation du joueur. Les qualités exigées aujourd’hui pour
réussir au plus haut niveau sont sans commune mesure avec celles d’il y a plus d’une décennie.

• Le joueur doit posséder une technique parfaite; d’où le caractère absolument essentiel d’une préforma-
tion (12-15 ans) et formation (16-19 ans) de qualité, temps idéal pour améliorer le bagage technique et
développer un point fort : frappe, jeu de tête, dribble.

• Il doit développer un sens tactique aigu afin de pouvoir intégrer les consignes de base dictées par l’entraî-
neur, tout en préservant sa capacité de réaction et d’adaptation qui s’avère essentielle lors d’un change-
ment tactique en cours de partie.

• Il doit être avant tout un athlète, un sportif complet de haut niveau. Il est indispensable qu’il s’appuie sur
des qualités de vitesse, de puissance et de récupération.

• Comme le mental fait partie aujourd’hui de la panoplie du gagneur, il doit savoir s’imposer comme un
joueur au mental fort, maître de lui dans les situations périlleuses, capable de se surpasser quand la
performance l’exige.

L’évolution des compétitions et des enjeux


Ces dernières décennies ont généré une recrudescence des enjeux sportifs et financiers sans précédent.
L’organisation des grandes compétitions internationales n’a pu rester indifférente à cette nouvelle tendan-
ce. Comme toujours en football, il a fallu s’adapter.

• Les compétitions internationales et nationales


La coupe du Monde, disputée tous les quatre ans, reste le rendez-vous incontournable de la planète
football. Elle permet une photographie instantanée des tendances en cours. Souvent, elle est le point de
départ de nouvelles orientations de jeu qui auront à court terme des répercussions sur l’entraînement et
sur la formation des jeunes footballeurs, futurs professionnels.

Sur les continents, les Championnats des Confédérations pour seniors


– African Cup of Nations – CAF – Africa
– Asian Cup – AFC – Asia
– Copa America – CONMEBOL – South America
– EURO – UEFA – Europe
– Gold Cup – CONCACAF – North, Central America and the Caribbean
– Nations Cup – OFC – Oceania
joués tous les quatre ans ou même deux ans, s’accompagnent également d’informations considérables
sur l’évolution du jeu.

Même chez les jeunes footballeurs, les différentes compétitions internationales, plus particulièrement les
Championnats du Monde Juniors (U-20) et U-17, sont devenues des sources de réflexion importantes pour
assurer la relève de demain.

Grâce à la qualité de son jeu, le football féminin est devenu très populaire. Les dernières compétitions
internationales en sont l’évidente illustration.

Les compétitions internationales des clubs ont subi de grands changements. La Ligue des Champions de
l’UEFA, la Ligue des Champions africains, celle d’Amérique du Sud et celle d’Asie se sont transformées en

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championnats, avec des systèmes de poules en lieu et place d’élimination directe. On assiste à de vérita-
bles championnats de continents.
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Les championnats professionnels (Bundesliga, Ligue 1, Premier League, Primera División, Serie A) des
grands pays du football, avec 18-20 clubs, imposent souvent aux joueurs 2 à 3 matches par semaine, sans
oublier les traditionnelles Coupes nationales qui permettent aux petits clubs d’affronter les “grands”.

Avec toutes ces compétitions nationales et internationales, depuis la saison 2001-2002, la FIFA a instauré
un calendrier international mondial en vue de mieux coordonner toutes les compétitions. Selon ce calen-
drier, les joueurs internationaux devraient disputer durant une saison:

• 46 matches de clubs (championnat/coupe)


• 16 rencontres de confédérations (Interclubs UEFA, Coupe Libertadores...)
• 12 matches internationaux

S’y ajoutent 4 à 5 semaines de vacances.

• Les enjeux
L’un des enjeux majeurs du football d’aujourd’hui et de demain est de gérer l’arrivée massive et souvent
désordonnée de considérables sommes d’argent à tous les niveaux. L’inflation brutale et vertigineuse
des droits de retransmission télévisuelle, le fort soutien des sponsors, le développement du marketing
et celui de relations publiques très professionnalisées, l’introduction de certains clubs en Bourse (en An-
gleterre notamment), ont permis l’amélioration très sensible des trésoreries des clubs professionnels. Le
marché des transferts s’en est d’ailleurs particulièrement ressenti.

On ne peut que se réjouir de cet afflux financier dans les caisses des clubs. A condition toutefois que
l’argent profite au développement du football, car les risques de dérives sont multipliés dès lors que de
grosses sommes d’argent sont engagées.

Il serait suicidaire de s’opposer à cette évolution économique. Utilisé à bon escient, l’argent ne peut que
bonifier à terme la qualité de notre sport : plus d’attractivité, avec pour conséquence de meilleurs spec-
tacles proposés, d’où le maintien de l’intérêt du public. Mais la qualité du spectacle ne sera garantie que
si on adapte certaines règles, si on innove dans les domaines du jeu. La notion d’innovation se révèle
cruciale.

Pas de football sans public. Pas de public sans spectacle. Pas de spectateurs sans beau jeu. Pas de
beau jeu sans formation de joueurs de qualité. Or l’argent contribue naturellement à l’excellence de la
formation. On sait que des structures d’accueil adéquates, un encadrement performant, des installations
adaptées sont autant de facteurs clés pour une formation réussie. Mais tout cela coûte cher.

En résumé, oui à l’argent mais priorité au jeu. Le niveau de jeu et les rentrées d’argent doivent suivre une
courbe ascensionnelle similaire. Il s’agit là d’un enjeu majeur. Mais une vision saine de l’avenir s’accom-
pagne de l’intérêt porté à l’éthique sportive.

On ne peut donc qu’encourager les multiples opérations organisées à tous les échelons en faveur du fair-
play et de la sportivité.

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L’évolution des hommes et des structures


On a parfois tendance à croire que seule la performance des joueurs conditionne la réussite et le succès.
Cela est réducteur. Le jeu est en quelque sorte le produit fini d’une relation entre les joueurs et leur enca-
drement.

Comme le souligne avec pertinence Michel Hidalgo, ex-entraîneur de l’Equipe de France : “Aujourd’hui, les
exigences inhérentes à la médiatisation à outrance du football font que l’entraîneur doit intervenir ailleurs
que sur le seul terrain. Il doit pouvoir s’appuyer sur des adjoints compétents pour assumer d’autres fonc-
tions : relations avec les dirigeants et autres composantes du club, avec les médias et avec les sponsors.”

Dans cet encadrement, l’entraîneur joue un rôle incontestable. C’est souvent lui qui définit le style de jeu de
l’équipe. Confronté à l’éternel dilemme spectacle/résultat, il doit savoir trancher. Actuellement, la tendance
est à l’offensive, surtout depuis l’introduction de nouvelles règles relatives à la passe en retrait au gardien
de but, au hors-jeu, à la victoire à 3 points. La professionnalisation exigée de l’entraîneur, les diplômes re-
quis pour exercer le métier, ont renforcé son statut et son influence sur le jeu. L’entraîneur ne sera jamais un
“faiseur de miracles”. Néanmoins, il peut intervenir sur les paramètres de la performance:

• Le leadership : une équipe a besoin de leaders, l’entraîneur et un joueur. Ce dernier est un leader moral,
à forte personnalité, qui sait s’affirmer franchement. Il est en quelque sorte le relais de l’entraîneur parmi
ses partenaires. Malheureusement, on ne le rencontre pas souvent. Il convient donc de former de tels
joueurs dès leur jeunesse.

• L’équipe : on identifie 7 types de joueurs dans une équipe : le leader, le buteur, le type-énergie (“le pou-
mon de l’équipe”), le créateur, le relayeur, le soutien, le protecteur. Optimiser les relations entre toutes
ces fonctions est propice à la performance.

• La force tactique : lors d’un match, il arrive que les équipes changent de systèmes de jeu. C’est pourquoi,
à l’avenir, les joueurs devront posséder une grande culture tactique. La formation et l’entraînement jouent
un rôle évident dans cette évolution.

• La mentalité : un travail énorme est à réaliser dans ce domaine. Désormais, la formation doit se définir
selon trois axes équivalents : la technique, la tactique et la personnalité.

• L’entraînement : trois types d’entraînement sont en vigueur. Entraînement libre (on ne donne pas de
consignes précises), directif (on impose) et créatif (on suggère sans imposer). Le football de demain né-
cessite une intensification de l’entraînement créatif. La notion de “creative-coaching” propose de mettre
en place des situations d’entraînement, des exercices privilégiant plusieurs solutions, qui vont inciter les
joueurs à s’autogérer. L’entraîneur applique une méthode nettement moins interventionniste. La créati-
vité exercée à l’entraînement rejaillira ainsi inévitablement sur le match.

• L’artiste : plus que jamais, le football moderne doit laisser une large place aux joueurs créatifs, aux
joueurs capables de faire pencher la balance en faveur de leur équipe sur un simple exploit individuel. Il
faut donc les encourager, favoriser l’éclosion de leur talent. Un chiffre illustre mieux que des mots la plus-
value de tels joueurs pour l’équipe : 30% des buts sont désormais marqués ou provoqués par des actions
individuelles. Mais attention, l’artiste doit se soumettre au jeu d’équipe.

• L’équipe derrière l’équipe : nous l’avons vu, le football moderne ne se limite pas au jeu sur le terrain. Bien
d’autres paramètres sont à considérer. On recense trois catégories de personnes qui accompagnent de
près ou de loin la vie d’une équipe :

– les hommes de terrain (joueurs, staff technique, staff médical)


– les dirigeants, les sponsors, les médias, les supporters (satellites)
– les “ennemis” et les parasites

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L’entraîneur se voit donc contraint à :

• s’entourer d’une “équipe derrière l’équipe” performante : les entraîneur-adjoints, préparateurs physi-
ques, médecins, kinés, attachés de presse, responsables des équipements, secrétaires le protègent et le
soutiennent en gérant les aspects liés à la préparation du jeu et aux aspects relationnels.

• s’auto-manager dans la mesure où, de par la médiatisation à outrance du football, il joue un rôle phare
dans son club. Cela suppose qu’il puisse répondre judicieusement aux interviews d’après-match, qu’il ait
une capacité de réaction et d’analyse rapide, qu’il puisse s’affirmer comme un remarquable technicien à
personnalité forte et riche.

• à être un innovateur, un véritable chercheur.

Le concept de formation, pour la formation des joueurs, des entraîneurs, des cadres techniques et même ad-
ministratifs, s’avère ainsi un pilier fondamental dans la pyramide du football d’aujourd’hui et de demain.

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Tableau 1 : Les satellites du football d’aujourd’hui

FEDERATION DIVERS

STRUCTURES ENVIRONNEMENT
SPORTIVES (ECOLE/FORMATION)

MEDIAS
FANS
PARTENAIRES VIE PRIVEE
Football d’aujourd’hui

CLUB COACH

FAMILLE PROBLEMES
ENFANTS JOUEUR EXISTENTIELS

CONTRATS COMPETITION
AMIS AGENT

SPONSORS SPECTATEURS

VIE PROFESSIONNELLE JEU ET ENJEUX

PUBLIC POLITIQUE
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2. Le jeu d’aujourd’hui

Analyse générale technique et tactique


Coupe du Monde de la FIFA 2002, Championnat du Monde Juniors et U-17 de la FIFA 2003

• Les systèmes de jeu

– Base : en 4-4-2, 3-5-2, 3-4-3 (3 lignes).


– Variantes : 3-4-1-2, 4-2-3-1, 4-1-3-2, 5-3-1-1 (4 lignes).
– Système à géométrie variable, organisation de jeu flexible; changement selon le résultat ou la situation
de jeu.
– En organisation défensive, du 4-4-2 on passe au 5-4-1 ou du 3-5-2 au 4-4-2.
– En organisation offensive, du 3-4-3 au 3-2-5 ou du 4-4-2 au 3-3-4.
– Dans le même match, on s’appuie sur un jeu rapide, sur une circulation du ballon dans le camp adverse,
et on cherche la conclusion. Puis on modifie son jeu, on laisse venir l’adversaire, on le harcèle et on
procède par contre-attaques individuelles ou collectives.
– Les joueurs polyvalents, capables d’occuper d’autres postes, auront à l’avenir un avantage considé-
rable. Il ne s’agit pas ici, pour un défenseur par exemple, de jouer comme attaquant, mais de pouvoir
passer rapidement d’une situation défensive à une action offensive. Ou alors, pour un attaquant, de
faire jouer la défense adverse sitôt le ballon perdu, ou pour un avant-centre d’évoluer sur tout le front
de l’attaque. Cette polyvalence est d’ordre tactique, mais également d’ordre technique, par des gestes
appropriés (la première passe, sitôt la prise du ballon), et même d’ordre mental, lors de la transition
défense-attaque ou attaque-défense.

Est-ce aux joueurs de s’adapter au système de jeu ou à celui-ci de s’adapter aux joueurs ?

La question reste toujours ouverte.

• Défendre et attaquer, comment ?

La défense le plus souvent en marquage de zone à 4 défenseurs ou à 3, parfois en marquage homme à


homme dans la zone (marquage mixte).

– Présence encore du libéro, particulièrement chez les jeunes.


– On défend le plus souvent avec deux lignes, la défense et le milieu de terrain.
– Le milieu de terrain, à quatre, voire à cinq joueurs, avec deux récupérateurs dans l’axe ou alors avec un
seul joueur devant la défense (pivot) capable de récupérer le ballon et d’assurer le lien défense-attaque
(libéro avancé).
– Les attaquants (les deux, voire un seul) se positionnent face au ballon pour faire jouer l’adversaire.
– Certaines équipes libèrent totalement les attaquants (ou un seul) des tâches défensives; elles défen-
dent à 8 ou 9 joueurs.
– Plusieurs équipes de haut niveau pratiquent le pressing, notamment au milieu du terrain et sur les cô-
tés.
– On presse le porteur du ballon à 2 ou 3 joueurs, ou alors collectivement grâce à des lignes resserrées,
compactes et mobiles.
– Le pressing demande de grandes capacités physiques et particulièrement d’endurance (puissance aé-
robie).
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L’attaque le plus souvent avec la traditionnelle combinaison de deux attaquants de pointe en duo ou alors
1 en pointe et l’autre en pivot (Morientes/Raúl, Batistuta/Totti).

– Les déplacements, les courses en diagonale à haute intensité (15 à 20m), les courses croisées, les
permutations et les percées individuelles, le une-deux, sont d’usage fréquent.
– Comme le milieu de terrain axial est souvent défensif, le meneur de jeu créatif évolue davantage sur les
côtés (Zidane, Figo, Beckham, Veron, Olembe).
– L’ancien No 10 derrière les attaquants en soutien a été remplacé dans sa position. Toutefois, l’influence
du joueur créatif, du joueur intelligent, dictant le rythme et le déroulement du jeu, reste prépondérant
sur le destin de l’équipe.
– Le jeu d’attaque, par la variété de combinaisons rapides entre 3 et 4 joueurs ou de longues passes aux
attaquants dans le dos de la défense.
– Soutien des milieux axiaux ou même des milieux latéraux avec parfois 4 attaquants, lorsque ces der-
niers jouent comme ailiers avec l’équipe complète dans le camp adverse. Transition milieu-attaque :
20% des buts marqués en Coupe du Monde de la FIFA 2002 l’ont été sur contre-attaques déclenchées
depuis son propre camp.
– Contre-attaque individuelle de 1 à 2 joueurs ou alors collective par une percée offensive ultra-rapide de
3 à 5 joueurs (Brésil, Sénégal).
– Le jeu individuel reste encore un des éléments clés du football pour faire la différence. Exploit techni-
que, percée individuelle (dribble, feinte, tir) ou sur ballons arrêtés.

• La technique et le mental

– La capacité du jeu de défense, les surfaces restreintes, le pressing de l’adversaire, exigent des habi-
letés toujours plus affûtées : habiletés techniques (grande précision dans les passes par exemple) et
physiques (surtout en vitesse, vitesse gestuelle, vitesse d’action), et force mentale (esprit de décision,
détermination, confiance en soi).
– Qualités techniques toujours plus grandes au haut niveau, mais également chez les jeunes (U-17 ans).
Grands progrès à ce niveau depuis les dernières compétitions mondiales de la FIFA 2000-2003, surtout
dans les contrôles orientés, les passes, les dribbles, les feintes et les tirs.
– L’usage des différentes surfaces de contact pour maîtriser le ballon (intérieur du pied, extérieur, cou-de-
pied, pointe et talon, les deux pieds, la tête) est devenu prédominant dans le choix du geste technique
et la vitesse d’exécution (Rivaldo, Zidane, Roberto Carlos).
– Progrès technico-tactique, mais aussi amélioration de la préparation mentale, notamment chez les
jeunes :
> Résister à la pression
> Concentration optimale pendant tout le match
> Confiance en soi dans les difficultés
> Détermination dans le jeu et devant le but
> Meilleure préparation mentale personnelle

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• La condition physique

Lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Corée/Japon 2002, on a pu observer une grande différence d’apti-
tudes physiques entre équipes. On relève que:

– La vitesse, la puissance, l’explosivité occupent une place de plus en plus importante.


– L’intensité du jeu, les mouvements offensifs et le replacement défensif, les changements de rythme
exigent des capacités d’endurance (aérobie et anaérobie) sans cesse plus élevées.

“C’est le travail de cette capacité d’endurance qui a permis à l’équipe de Corée de maintenir le
rythme intensif des matches, de ne pas laisser l’adversaire se reposer, mais de le fatiguer.”
Guus Hiddink, ex-coach de l’équipe de la République de Corée

– La structure athlétique, la force musculaire et son tonus, sont à la base de la vitesse, de la puissance
ainsi qu’une arme psychologique lors des duels.
– La coordination (aisance gestuelle et corporelle) est la clé de la rapidité d’exécution des gestes techni-
ques et des mouvements dans le jeu.

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3. Réflexion sur le football et la formation

A la lecture des rapports et des statistiques FIFA 2001-2002 et à la vision globale du football d’aujourd’hui,
on constate que le football vit bien, qu’il s’est ouvert au monde, qu’il est toujours très populaire; les jeunes
nations se développent, et certaines rivalisent déjà avec les grandes.

Côté jeu, il évolue, il progresse tactiquement, il va toujours plus vite, davantage de buts sont marqués, les
talents s’affirment de plus en plus. Toutefois, des spécialistes estiment qu’on peut encore améliorer le ba-
gage technique des joueurs, leur sens du jeu et leur mental.

Ces constats renforcent notre idée que la préparation des joueurs, mais plus particulièrement la préforma-
tion et la formation des jeunes footballeurs, qui ont pris un grand essor ces dernières années, doivent être
encore plus une priorité dans nos programmes de développement.

“Le football s’est nivelé. La puissance et la vitesse ne cessent d’augmenter;


l’entraînement physique est de plus en plus intensif, mais les tactiques restent
similaires. La technique et les compétences individuelles font la différence.”
Luiz Felipe Scolari, coach du Brésil 2002

En d’autres termes, le football doit garder pour le futur le côté spectaculaire et émotionnel qu’il a aujourd’hui
avec des joueurs comme Zidane, Ronaldo, Del Piero, Figo, ou comme ceux de hier, Beckenbauer, Pelé,
Cruyff, Platini, Maradona.

Nous devons poursuivre la voie d’une formation exigeante, mais en élargissant son horizon. Le football doit
être une école de vie, au sens large du terme, non seulement pour former des joueurs professionnels, mais
aussi pour aider les jeunes à s’épanouir sur le plan de leur personnalité (intelligence, culture, sociabilité).

Apprendre aux jeunes à se construire par eux-mêmes, aider les talents “cachés” en leur permettant de faire
ce qu’ils aiment avec leurs qualités propres, c’est la tâche noble et éducative des entraîneurs-formateurs de
demain.

Dans cet esprit, il est essentiel de mettre encore plus l’accent sur le développement individuel en respectant
l’âge de croissance, le rythme d’apprentissage et le niveau de potentiel naturel déjà acquis.

A l’entraînement, il faut vraiment commencer par la technique, base indispensable à toute progression des
jeunes footballeurs, et par ailleurs motivante. Nous devons augmenter leur bagage gestuel, leur confiance
avec le ballon, enrichir leur technique en mouvement, en vitesse, et sous pression de l’adversaire. Ensuite
seulement viendra la préparation physique puis la tactique collective, et non le contraire, comme on le
constate encore trop souvent dans la formation actuelle. Qui ne sait pas qu’il n’y a que les joueurs à gran-
des qualités techniques qui peuvent pratiquer un beau football ? Ces qualités-là on les acquiert dès le plus
jeune âge de la formation.

A la période de jeu de l’enfant, “l’âge d’or” du développement psychomoteur, succède l’étape de la pré-
formation (12-15 ans); s’y travaillent les habiletés sportives, notamment la technique et les bases technico-
tactiques, puis suit la phase de formation (16-19 ans), celle des capacités spécifiques de performance.

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Cette orientation formative est à la base de ce nouveau programme technique de développement, avec
comme buts principaux :

• L’amélioration de la formation des jeunes footballeurs par une meilleure qualité d’entraînement et d’en-
seignement. Les joueurs se trouvent au centre du processus de formation (voir Tableau 2, page 13).
• Le développement de la formation et du perfectionnement des entraîneurs, notamment en ce qui con-
cerne les jeunes footballeurs en phase d’apprentissage.
• Le développement et l’amélioration des structures d’encadrement, des conditions d’entraînement et des
programmes de formation.

Nous présentons dans les pages suivantes des recommandations et orientations techniques à suivre pour
favoriser la formation des jeunes footballeurs de demain.

“Le talent n’explose pas à 25 ans. Le bon joueur est bon depuis son jeune âge. Les erreurs
sont souvent faites à la base de la formation. Les entraîneurs en sont responsables, car ils
se prennent pour des entraîneurs d’équipes professionnelles.”
Johan Cruyff, 1994

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Tableau 2 : L’approche formative du jeune footballeur

COMPETITION
• Match

JEUNE FOOTBALLEUR
• Développement
• Formation

PROCESSUS
D’ENTRAINEMENT ET ENTRAINEUR-COACH
D’ENSEIGNEMENT • Qualité
• Méthodes • Personnalité
• Principes • Connaissance

ENCADREMENT ET
ENVIRONNEMENT SOCIAL
• Famille
• Ecole
• Vie privée

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4. L’apprentissage et la formation des jeunes footballeurs

Continuum d’apprentissage

Etape 1 Etape 2 Etape 3 Etape 4

EDUCATION PREFORMATION FORMATION POST-FORMATION

7 – 11 ans 12 – 15 ans 16 – 19 ans 19 – 21 ans

Psychomotricité Technique Tactique Condition physique


Plaisir Mental Mental Technique + mental

Base de la condition physique Construction athlétique et physique

L’âge des étapes d’apprentissage est indicatif, il varie selon le développement du jeune et de son niveau
de jeu.

• La formation, mais particulièrement la préformation, sont des étapes d’apprentissage déterminantes. Les
orientations et objectifs d’entraînement que nous développons dans nos chapitres touchent donc essen-
tiellement ces deux niveaux.

• Etape 1 Education : la découverte du ballon et du jeu, par le jeu et les bases psychomotrices avec et sans
ballon, est à la base du processus éducatif.

• Etape 4 Post-formation : elle concerne le jeune joueur de 19 à 21 ans qui, bien qu’il n’ait pas encore tota-
lement terminé sa formation, notamment au niveau des qualités physiques et mentales, est déjà appelé
à jouer en première équipe du club. Pour cette étape importante, nous préconisons un programme indi-
viduel spécifique afin d’améliorer encore les différentes capacités de performance qu’il ne peut entraîner
avec l’équipe première ou avec les professionnels.

Toutes les informations et recommandations présentées dans les pages suivantes n’ont de valeur que si
elles sont accompagnées d’un coaching de qualité, adapté au joueur, à l’équipe et aux objectifs d’entraîne-
ment.

N.B. De plus amples informations méthodologiques concernant la préparation des jeunes footballeurs sont
proposées dans le chapitre 10 Joueur de demain.

Les orientations d’entraînement et les objectifs d’apprentissage : les aspects technique et tactique, physi-
que, psychologique et éducatif sont abordés dans les tableaux 3 et 4.

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Tableau 3 : Orientations d’entraînement et objectifs d’apprentissage : Aspect technique et tactique
3
Aspect technique Aspect technico-tactique Aspect tactique collectif

Maîtrise individuelle du ballon Geste technique en situation de jeu Intégration du joueur dans l’équipe
Développer et améliorer Développer et améliorer Développer et améliorer
• Le répertoire gestuel technique et la confiance du • Les qualités techniques de défense et d’attaque • Le comportement tactique dans le jeu, dans le
joueur avec le ballon en situation de jeu système et l’organisation tactique
• Les capacités de coordination • Les capacités cognitives (sens tactique), le com- • La polyvalence tactique dans le jeu, dans les
• Le contrôle et la maîtrise du ballon : sous pression, portement tactique individuel lignes (attaque, milieu, défense) et dans la
à vitesse élevée, en état de fatigue, avec charge de • La transition rapide de la défense à l’attaque ou transition attaque-défense ou inversement
l’adversaire inversement • La polyvalence dans le jeu de zone, dans les
• Les gestes techniques en mouvement • Le changement de rythme formes mixtes
• Les changements tactiques, de systèmes et
Football d’aujourd’hui

– prise du ballon, contrôle et 1re passe • La relation tactique entre les joueurs et les lignes
d’organisations de jeu
– dribbles, feintes; centres variés • Le jeu en zone, base de l‘apprentissage tactique
• Les ballons arrêtés (situations standards) :
– reprises (tête, pieds) et conclusion • La compréhension et la culture du jeu
technique et tactique
– jeu direct (1, 2 touches)
• Vitesse d’exécution gestuelle (choix juste et
rapide)

Méthodologie d’entraînement Méthodologie d’entraînement Méthodologie d’entraînement


• Du joueur avec ballon au duel 1:1 • Du 2:1, 2:2 au 4:4, 5:4 au 9:9, jeu réel • Par ligne au bloc-équipe à 10, 11 joueurs,
• Exercices individuels, puis avec partenaire comme • Situations et actions de jeu réel, avec changement du 7:6 au 9:9; 11:1, 11:4 à 11:11
appui technique de rythme • Formes jouées et exercices tactiques avec organi-
• Variations d’exercices simples, en mouvement dy- • Exercices avec situations de jeu variées pour sation de jeu
namique, en rythme et en cherchant progressive- élever la concentration et les qualités cognitives • Attaque contre défense ou inversement
ment la vitesse optimale • Exercices progressifs répétitifs, sans adversaire Exemple: Défense à 6 contre attaque à 7 ou 8
• Capacités de coordination et gestes techniques ou adversaire passif, puis actif ou semi-actif avec joueurs ou l‘équipe à 11 entraîne le jeu
en utilisant toutes les surfaces de contact (pieds, rythme de match; rechercher la vitesse d‘exécution posé contre une défense à 6 joueurs
corps) • Jeu, exercice, forme jouée • Jeu simple ou à consignes
• Joueur avec ballon, recherche d‘efficacité et de • Varier les surfaces pour une même organisation de • Favoriser la compréhension et l’automatisation
créativité jeu tactique
Entraînement par exercices progressifs; par • Jeu en supériorité, en infériorité numérique • Usage de la vidéo, analyse de match
ateliers, parcours, concours techniques et jeu
• Favoriser la confiance du joueur, la prise de risque
Tableau 4 : Orientations d’entraînement et objectifs d’apprentissage : Aspect physique, psychologique et éducatif
Aspect athlétique et physique Aspect psychologique et mental Autres aspects à améliorer

Capacités psychomotrices et Attitudes mentales de performance Notions d’éducation et d’entraînement


athlétiques de la performance
Développer Améliorer Apprendre et améliorer
• Une préparation physique optimale • La préparation mentale des joueurs a) Education
• Les bases athlétiques et physiques générales et • La connaissance des facteurs psychologiques qui
• La préparation personnelle des joueurs :
spécifiques influencent la performance
– hygiène de vie, alimentation
• La prévention des blessures • L’entraînement des aptitudes mentales sur le terrain :
– connaissance et soins du corps
• Le contrôle de l’état de performance – concentration, attention, confiance en soi, volonté, – moyens de récupération et régénération
Le respect du développement physique et de l’âge persévérance, agressivité, maîtrise des émotions, – se préparer soi-même à la performance
détermination, etc. – gestion de la vie scolaire et sportive
• Les moyens pour améliorer la force mentale des – culture générale et culture sportive
joueurs – connaissances des règles de jeu
– fair-play
Méthodologie d’entraînement Méthodologie d’entraînement – problèmes du dopage
• Les facteurs physiques de base : endurance aérobie, • Jeux et exercices d’entraînement comportant régulière-
force musculaire, souplesse, coordination et vitesse, ment l’aspect mental b) Entraînement
dès l’âge de 10 ans • Proposer dans les activités d’apprentissage ou • L’entraînement individuel en petits groupes
• Les facteurs spécifiques, endurance aérobie (puis- d’entraînement des objectifs de nature psychologique (2 à 8 joueurs)
sance aérobie), puissance et détente musculaire, vi- Exemple: Duel 1:1; concentration, persévérance, agres- – Technique de base
tesse a-cyclique et a-rythmique, de 15 à 18 ans sivité, qualités cognitives (perception/antici- Pour les attaquants, milieux, défenseurs
• Entraînements à objectifs multiples : pation) Coordination, école de course
– coordination + technique et endurance • Jeux tactiques à consignes ou jeux pour développer les Et autres....
qualités de perception (anticipation, analyse, décision) • Améliorer l’individualisation de l’entraînement
– force et coordination-vitesse et technique
• Exercices ou formes jouées sous pression, en état de • Optimiser la qualité du coaching, les feedbacks et la
– endurance aérobie-anaérobie et technico-tactique fatigue relation entraîneur-joueurs
– puissance aérobie et vitesse-force et technique • Toujours identifier avec le joueur la(les) cause(s) men- • Pallier le manque de structures et d’équipements
tales de la réussite ou non-réussite
– vitesse + coordination et souplesse
• Autres techniques d’entraînement :
• Entraînement intégré avec ballon
• Entraînement séparé et sports complémentaires – visualisation, communication (se parler)
– auto-évaluation des performances
– relaxation
– préparation personnelle
Football d’aujourd’hui
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