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Revue de la littérature
Résumé
Les troubles du langage et de la communication sont un des critères diagnostiques des troubles autistiques. Du fait de l’élargissement du
concept d’autisme incluant des formes moins sévères, on ne retrouve pas de tableau unique mais des profils langagiers variés. Un bilan précis
des capacités langagières et des fonctions de communication est nécessaire à toute prise en charge éducative ou rééducative de l’enfant atteint
d’autisme. Les données de la littérature appliquées à l’étude de la parole des enfants autistes sont ici confrontées à nos observations cliniques.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Abstract
Language and communication disorders are characteristic of autism. Because the concept of autism includes forms, which are less severe,
language profiles are diverse. A precise evaluation of language and communication abilities is necessary for elaboration of education or
therapy programs. Data from the linguistics literature are confronted with clinical observations.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Les troubles du langage et de la communication sont un ques des personnes atteintes s’étend selon un continuum,
des critères diagnostiques de la triade autistique 1. Ils consti- allant des troubles légers aux troubles les plus sévères. Au
tuent comme les troubles des relations sociales un symptôme minimum, ils se manifestent par un défaut pour engager ou
central de l’autisme. L’éventail des compétences linguisti- soutenir une conversation avec autrui, un usage stéréotypé,
répétitif ou idiosyncrasique du langage, un retard voire
* Auteur correspondant. même à l’extrême par une absence totale du langage (30 à
Adresse e-mail : nathaliecdp@oreka.com (N. Courtois-du-Passage). 50 % de la population autistique selon la littérature) sans
1
Dans les classifications de la nosographie internationale ou française des compensation par d’autres modes de communication non-
troubles du développement. CIM10 et DSMIV : critères diagnostiques de verbaux.
l’autisme infantile : -troubles des interactions sociales ; -troubles du langage
et de la communication ; -comportements ritualisés et compulsifs (la triade), L’orthophonie a d’abord privilégié pour l’évaluation le
et apparition des troubles avant l’âge de trois ans. CFTMEA : critères modèle linguistique structuraliste décrivant les aspects for-
diagnostiques de l’autisme infantile : -début dans le cours de la première mels de la parole, puis elle s’est ouverte aux modèles psycho-
année avec organisation d’un tableau complet avant l’âge de trois ans ;
-présence de l’ensemble des troubles caractéristiques : retrait autistique
linguistiques, prenant en considération l’acquisition d’une
majeur, recherche de l’immuabilité, stéréotypies, absence de langage ou compétence communicative précoce et le développement du
troubles spécifiques du langage, dysharmonie du développement cognitif. pré-langage aussi bien que les aspects pragmatiques du lan-
0222-9617/$ - see front matter © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.neurenf.2004.09.004
N. Courtois-du-Passage, A.-S. Galloux / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 478–489 479
gage. Ces deux approches complémentaires s’avèrent perti- • filmer si possible l’examen pour être plus disponible
nentes pour l’évaluation des capacités de communication de auprès de l’enfant.
l’enfant autiste inscrite maintenant dans la nomenclature de Ce bilan adapté en fonction de chaque enfant permet d’une
nos actes professionnels depuis juillet 2002. Le modèle de part, de tester les différents secteurs linguistiques, de recen-
communication de Bloom et Lahey [16](cf. Fig. 1) identifie ser les déficits langagiers et les particularités verbales et
bien les composantes de la communication et illustre leurs d’autre part d’évaluer les acquis et les potentialités de l’en-
inter-relations. Il est la structure du bilan orthophonique chez fant.
l’enfant autiste. L’approche pragmatique du langage est es- Pour les enfants autistes les plus jeunes ou sévèrement
sentielle pour rendre compte de ses difficultés spécifiques atteints, l’examen des capacités de communication verbale et
mais l’approche plus formaliste, à laquelle se réfère le bilan non-verbale repose essentiellement sur l’observation du
orthophonique traditionnel, ne peut pas être négligée car comportement et de la communication globale en situation
certains enfants autistes présentent également des troubles de jeux, de conversation ou de jeux de rôle.
spécifiques du langage (troubles dysphasiques, [69]) qui doi- On apprécie d’une façon générale :
vent être identifiés et traités. • le contact avec l’adulte et les prérequis nécessaires au
Le bilan orthophonique est donc une étape destinée à développement langagier (contact visuel, interactions, at-
évaluer à la fois les aspects formels et pragmatiques du tention conjointe, imitation, tour de rôle...) ;
langage, pour le diagnostic mais aussi pour la démarche • l’état affectif et attentionnel (fatigabilité, attention, réac-
thérapeutique qui cherche à développer progressivement un tion à la frustration, régulation du comportement) ;
mode de communication fonctionnel. En bref, cet examen va • les modalités non verbales (gestualité, expression faciale,
permettre de regrouper toutes les informations concernant la pointage...) ;
communication de l’enfant, verbale ou non-verbale [21,23, • l’intérêt pour le matériel (utilisation conventionnelle ou
24,31]. atypique, manipulations stéréotypées et non fonctionnel-
L’entretien avec les parents permet de connaître :
les de l’objet) ;
• le mode de développement linguistique de l’enfant (régu-
• le jeu symbolique ;
lier, phases de régression, lenteur, ...) ;
• l’utilisation du langage (modalité, niveau, situations pro-
• ses capacités et son mode de communication actuels en
pices...) ;
situation familiale.
• les particularités sensorielles (réponses atypiques tactiles,
Pour cela, on pourra s’aider de la grille d’Adriana L.
auditives, visuelles et olfactives).
Schuler : entretien pour évaluer la communication sponta-
L’échelle d’évaluation de la communication sociale pré-
née [21] ;
coce (ECSP) de M. Guidetti et C. Tourette [38] est adaptée à
• la perception parentale des troubles langagiers et commu-
ces objectifs. Elle est issue des travaux de Seibert et Hogan
nicatifs ;
[77] et se réfère aussi aux travaux de Bruner [18], de Bates
• le type de langage adressé à l’enfant ;
• et également de recenser ses intérêts, ses jouets préférés, [14], et aussi aux théories néopiagétiennes de Fisher [33].
ses peurs : informations utiles, pour mettre ensuite l’en- Elle est proposée aux enfants âgés de 3 à 30 mois ou plus
fant dans des conditions optimales d’évaluation. tardivement chez l’enfant autiste, les limites supérieures
Les principes de réalisation du bilan orthophonique sont étant situées à la production de phrases de deux, trois mots. Il
communs avec ceux des thérapies d’échange et de dévelop- est proposé à l’enfant des situations semi-structurées de jeux,
pement [9] : de conversation ou de jeux de rôle avec une grande souplesse
• pièce claire, sans trop de stimuli visuels et/ou auditifs pour dans les instructions et un ordre libre. Ceci est particulière-
établir la sobriété de l’environnement et la tranquillité ; ment adapté à la grande variabilité comportementale de l’en-
• matériel choisi en fonction des capacités et du comporte- fant autiste. Le matériel est composé d’objets sociaux (bibe-
ment de l’enfant, selon l’entretien avec les parents et la ron, brosse, téléphone), de jouets, de livres et de posters. On
lecture du dossier médical, ou des bilans déjà effectués ; évalue dans des situations précisément décrites les trois gran-
des fonctions des relations sociales :
• interaction sociale (attention mutuelle de la relation à
deux) ;
• attention conjointe (attirer, diriger, partager l’attention de
l’autre vers quelque chose d’extérieur à la relation à
deux) ;
• régulation du comportement (intervenir sur le comporte-
ment d’autrui).
Le stade de développement et le niveau d’organisation des
actions communicatives de l’enfant sont déterminées dans
chacune de ces fonctions. L’échelle a donc pour but de mettre
en évidence un retard, une avance, une homogénéité ou une
Fig. 1. Modèle de communication de Bloom et Lahey (1978). hétérogénéité du développement des différentes capacités de
480 N. Courtois-du-Passage, A.-S. Galloux / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 478–489
communication. On peut ainsi dresser un portrait communi- enfants peuvent réaliser sur plusieurs séances un audio-
catif de l’enfant dont l’intérêt principal est de rendre moins gramme fiable. On confronte les tests audiométriques aux
subjective l’évaluation longitudinale. On observe générale- observations cliniques (réactions aux messages auditifs non-
ment chez l’enfant autiste un retard global du développement verbaux : manipulation des jouets sonores de Moatti, instru-
des fonctions d’interaction, d’attention et de régulation du ments de musique). On décrit le type de réaction de l’enfant
comportement, plus important relativement au retard cognitif (absence, réaction normale avec ou sans localisation de la
évalué par le bilan psychologique. L’attention conjointe a un source sonore, réaction excessive ou paradoxale). On ob-
développement plus lent que les autres fonctions et on re- serve également ses réactions à la voix, souvent spécifique-
trouve un défaut spécifique de la mise en œuvre intention- ment perturbées. On peut utiliser l’échelle de comportements
nelle et du maintien de cette fonction. Le déficit porte plus sur auditifs de Lenoir (1994).
l’aptitude à engager ou à maintenir des attentions conjointes
qu’à y répondre. 1.1. Compréhension verbale
La grille d’observations de A.M. Wetherby et C. Prutting
[92] propose un inventaire plus détaillé des comportements, Des tests standardisés et étalonnés sont proposés pour
incluant notamment les comportements non-interactifs, très évaluer la compréhension lexicale et syntaxique en aména-
fréquents chez l’enfant autiste, comme les commentaires geant les consignes et le temps de passation. Si cela s’avère
privés à propos d’un événement (commentaire pour soi, impossible, on procède à une appréciation plus subjective de
dénomination ou désignation pour soi, accompagnement vo- la compréhension verbale dans diverses situations de jeux,
cal) et les comportements expressifs de l’enfant à propos avec des objets réels, des miniatures, des personnages, des
desquels on ne peut pas parler de communication intention- photos ou des images et en se référant aux grilles développe-
nelle (réaction émotionnelle, réaction vocale au contexte, mentales [17,19].
vocalisation ou verbalisation sans lien apparent avec la situa-
tion) [30]. Cet outil qui présente un intérêt clinique certain ne 1.1.1. La compréhension lexicale
permet pas d’obtenir un niveau communicatif développe- Chez l’enfant autiste, elle peut être absente, retardée,
mental et rend difficile le re-test par son manque de standar- normale ou hétérogène (secteurs lexicaux hyperdéveloppés
disation. Il s’agit ici de déterminer la proportion des actes de et d’autres sous-développés, notamment les termes se réfé-
communication en interaction et d’évaluer la prédominance rant à des états mentaux). Cliniquement, on observe parfois
de ces actes suivant les mêmes fonctions que L’ECSP (régu- le maintien d’une meilleure compréhension des noms d’ob-
lation comportementale, interaction sociale, attention jets que des actions. Certains enfants peuvent présenter un
conjointe). Cette grille, initialement outil de recherche, utili- trouble du traitement auditivoverbal avec de nombreuses
sée pour comparer les profils de communication des enfants confusions phonétiques (ex : chapeau–château), à différen-
autistes aux profils d’enfants normaux, trisomiques et dys- cier d’un trouble auditif (cf. audiométrie).
phasiques, met en évidence chez les enfants autistes un Tests ou subtests évaluant la compréhension lexicale :
déficit spécifique des fonctions d’attention conjointe en fa- TVAP, ELO, EVIP, NEEL, BEPL, VOCIM2.
veur des fonctions de régulation comportementale davantage
utilisées par eux que par les autres enfants. 1.1.2. La compréhension syntaxique
Pour les enfants plus âgés et/ou présentant des troubles On complète l’évaluation par la compréhension syntaxi-
moins sévères, il est nécessaire de proposer un bilan formel que pour apprécier si l’enfant saisit les relations entre les
standardisé. mots, avec ou sans l’aide du contexte. Chez les enfants
autistes, cette compétence est très souvent plus perturbée que
la compréhension lexicale. Comme les enfants autistes ne
1. Capacités réceptives sont généralement pas réceptifs aux initiatives conversation-
nelles des autres, des auteurs comme Paul et Cohen [63] se
Chez des enfants en difficulté de langage, il est souvent sont demandés si l’autisme n’impliquait pas des difficultés
plus facile de proposer en premier lieu l’évaluation des capa- particulières en compréhension. Sigman et Capps [79] mon-
cités réceptives car elle met l’enfant en position de répondre trent que les enfants autistes ont plus de difficultés pour saisir
à des sollicitations plutôt que de lui demander d’initier et de le sens des phrases que les témoins normaux ou retardés
produire spontanément. Cela dit, pour certains enfants autis- intellectuels appariés par l’âge mental non-verbal. Notre ex-
tes très prolixes, il est parfois préférable de débuter par la périence clinique rencontre aussi ces difficultés dans le trai-
dénomination d’images (vocabulaire) qui encourage l’en- tement morphosyntaxique (prépositions, temps grammati-
fant, souvent moins à l’aise dans le traitement du langage caux, pronoms personnels,...). Le niveau de compréhension
adressé, dépendant de sa disponibilité et de son attention verbale selon certains auteurs semble être l’un des prédic-
conjointe. teurs les plus forts de l’évolution de l’autisme. Certains
On s’assure tout d’abord de l’intégrité de l’audition en
proposant dès que possible un audiogramme tonal. Les 2
Les références des tests figurent dans le manuel des tests orthophoniques
audiométristes formés au dépistage auditif de très jeunes de Belot et Tricot [15].
N. Courtois-du-Passage, A.-S. Galloux / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 52 (2004) 478–489 481
résultats suggèrent que les déficits en compréhension sont ces [11] ou -un développement ralenti de l’articulation avec
relativement plus sévères que les déficits observés en produc- troubles phonologiques [13,84].
tion du langage [82]. Les personnes autistes même dites de D’autres auteurs ont constaté que la pauvreté phonologi-
bon ou de haut niveau (cf. Syndrome d’Asperger)3 témoi- que de la parole spontanée contrastait avec la qualité des
gnent dans leurs écrits autobiographiques de leur difficulté à propos écholaliques.
comprendre les phrases longues, complexes ou inhabituelles. Ces résultats confirment nos observations cliniques de la
Elles comprennent les messages verbaux de façon littérale phonologie des enfants autistes. Chez certains, le système
(Cf. Aspects sémantiques et pragmatiques p.13) [2,3,52]. phonologique est arrivé à maturité et d’autres ont un retard
Tests ou subtests évaluant la compréhension syntaxique : classique de parole ou plus sévèrement des troubles de pro-
O.20, E.CO.SSE, NBTL, ELO, NEEL, BEPL. grammation phonologique de type dysphasique. Les pre-
La compréhension des gestes (gestes simples iconiques miers aiment parfois jouer sur la sonorité des mots en négli-
comme les oreilles du lapin, gestes expressifs, gestes symbo- geant leur sens.
liques...) permet d’apprécier la possibilité d’introduire une
communication augmentée (+ LSF) pour faciliter la compré- 2.2. Prosodie
hension verbale de l’enfant. Le geste iconique a un lien plus
direct avec le signifié que le mot. Cet indice visuel permet à Dans une conversation, le ton, le rythme et le volume de la
l’enfant de segmenter les mots de la chaîne parlée et d’attri- voix changent pour souligner les mots importants ou traduire
buer un sens à ces mots. l’émotion qui s’y rattache. Les enfants autistes présentent des
difficultés à traiter et à utiliser les caractéristiques prosodi-
ques du langage. Ils peinent à saisir les changements de ton,
2. Capacités expressives d’inflexion ou d’accentuation de la voix mis par leur interlo-
cuteur sur certains mots. Or, ces indices sont importants pour
On vérifie la fonctionnalité des praxies orofaciales et on appréhender les différentes significations d’une même
décrit le niveau développemental et qualitatif du pré-langage phrase [57].
pour les plus jeunes : cris, vocalisations, jasis, babil, jargon Quelques études ont tenté de décrire leurs patterns d’into-
riche, pauvre, répétitif, varié, prosodieux [17]. Peu d’études nation et la qualité de leur voix, manifestement atypiques,
ont exploré le développement vocal précoce de cette popula- notamment avec des troubles de :
tion. On connaît mal l’apparition des gazouillements chez les • la hauteur de la voix (variations subites d’une voix grave
enfants autistes en bas âge. Une étude expérimentale mainte- à une voix aiguë/tonalités atypiques et niveaux de fré-
nant ancienne de Ricks et Wings [70] avait suggéré le carac- quences fondamentales élevées, [68]) ;
tère déjà idiosyncrasique des premières productions d’en- • l’intensité (un chuchotement se transforme en cri/excès ou
fants autistes parce que reconnues sans équivoque par leurs défaut du volume de la voix) ;
parents parmi d’autres productions d’enfants normaux et • la voix (comme enrouée ou hypernasale) ;
autistes. • la fluidité du débit (trop rapide ou trop lent) et de l’em-
Pour les plus grands ou les plus coopérants, on essaie phase mise sur un mot ;
d’évaluer les secteurs formels du langage à l’aide de batteries • l’intonation : une élocution monotone pourrait relever de
de langage (ELO, NEEL, BEPL, L2 MA, NBTL) : difficultés dans l’expression des émotions [56] ou discor-
dante avec la situation d’interlocution. D’autres ont une
2.1. Phonologie façon de parler plus chantante et plus mélodieuse [29]
mais dépourvue d’émotion et d’intention communicative.
Les études du développement phonologique dans cette Ils présentent rarement l’accent régional de leur lieu d’ha-
population sont divergentes : il est décrit -des habiletés pho- bitation.
nologiques relativement préservées et parfois même préco- La prosodie reste un domaine significativement altéré,
comme chez l’enfant retardé, [86]. Les enfants autistes et les
3
Selon la classification américaine (DSM-IV), il existe cinq catégories de
enfants à retard mental pourraient modérément percevoir les
troubles envahissants du développement : -trouble autistique ; -syndrome de signaux prosodiques (accent et hauteur) alors qu’en expres-
Rett ; -trouble désintégratif de l’enfance ; -syndrome d’Asperger ; -trouble sion, les enfants autistes présenteraient spécifiquement un
envahissant du développement non spécifié. Les caractéristiques essentielles défaut d’utilisation, [35]4. Des auteurs pensent à un trouble
du Syndrome d’Asperger sont une altération sévère et prolongée de l’inte- précoce de l’attention induisant un défaut du traitement pro-
raction sociale et le développement de modes de comportements, d’activités
et d’intérêts restreints, répétitifs et stéréotypés. La perturbation doit entraî-
sodique, lui-même sous-jacent à la réception et à l’expres-
ner une altération cliniquement significative dans le fonctionnement social, sion de mots [7]. On tente aussi d’expliquer ces troubles
professionnel, ou d’autres domaines importants. À la différence du trouble expressifs prosodiques par des troubles perceptifs (traite-
autistique, il n’existe pas de retard significatif du langage. De plus, au cours
de l’enfance, il n’y a pas eu de retard significatif sur le plan clinique dans le
4
développement cognitif, ni dans le développement, en fonction de l’âge, des Pour rappel, le développement normal de l’intonation débute entre 12 et
capacités d’autonomie, du comportement adaptatif (sauf dans le domaine de 18 mois (ordre – déclaration – question) et se poursuit après quatre ans,
l’interaction sociale) et de la curiosité pour l’environnement. avec la mise en place des diverses modalités discursives.
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ment primaire, discrimination moindre des variations proso- tané ou spontané induit (activités ludiques partagées) et on
diques, effacement des contours prosodiques) ou par des recherche la diversité des constructions syntaxiques à l’aide
troubles du langage oral [34]. Enfin, on peut aussi relier ces du tableau des phrases de base du français [37]. On peut
troubles prosodiques aux troubles pragmatiques plutôt qu’à également utiliser des tests morphosyntaxiques spécifiques
des troubles expressifs ou réceptifs (théorie de la Pertinence (TLC, NSST) ou des subtests de batteries classiques de
[36])5. langage (NBTL, ELO, L2 MA, , NEEL, BEPL). Il est néces-
saire de varier les situations langagières car leurs performan-
2.3. Vocabulaire ces sont souvent dépendantes du contexte. Pour les plus
performants (autisme de haut niveau ou syndrome d’Asper-
Ce secteur peut être évalué à l’aide d’un des subtests ger), il est intéressant de présenter des épreuves induisant
ci-dessous en fonction de ce que l’on recherche précisément l’utilisation de morphèmes précis (épreuve morphologie
chez l’enfant (« survol » du stock lexical global, secteurs d’ELO ou Test des Closures Grammaticales) qui rendent plus
lexicaux hyperdéveloppés, connaissance des verbes...) : saillantes les difficultés morphologiques, alors qu’elles peu-
ELO, NEEL, NBTL, L2 MA. vent passer inaperçues en spontané.
Chez les autistes ayant un langage fonctionnel, on précise Les études actuelles divergent quant à la spécificité des
le vocabulaire des actions et les termes se référant à des états difficultés morphosyntaxiques chez l’enfant autiste. Il sem-
mentaux [81,83,86], ou des termes socioémotionnels, sou- ble que l’on puisse retrouver un délai de développement des
vent spécifiquement altérés [27,42,88]. constructions syntaxiques, des troubles spécifiques ou
On décrit souvent un usage idiosyncrasique des mots et aucune atteinte particulière, notamment chez les autistes de
une difficulté à former des concepts et à élargir le sens des haut niveau. Cependant, on peut se demander si ces enfants
mots. Un mot prononcé peut garder pour la personne autiste ne présentent pas des altérations subtiles dans l’acquisition
le sens qu’il avait dans son contexte initial. Les idiosyncra- de constructions syntaxiques plus complexes ou des problè-
sies de langage sont des utilisations tout à fait personnelles mes morphosyntaxiques fins. En clinique, nous rencontrons
(parfois des néologismes) qui résultent d’associations singu- des enfants autistes dont le langage est fonctionnel mais qui
lières qui ne font pas référence à une expérience plus vaste n’utilisent pas à bon escient certaines règles grammaticales,
(ex : « perceuse » signifie « j’ai peur ! ») et certains morphèmes, du fait de problèmes discursifs, et /ou
Elles existent parfois chez les jeunes enfants mais elles de construction syntaxique.
sont plus incongrues et persistent plus longtemps chez les
sujets autistes. Cela peut relever chez ces derniers d’une 2.4.1. Développement morphosyntaxique par rapport à
incapacité plus générale à communiquer [36]. L’enfant ne l’enfant normal ou retardé
voit ni l’intérêt ni le besoin de partager avec son interlocuteur Bartak et al. [8] ou Tager-Flusberg et Calkins [85] ne
un contexte plus large. Elles évoquent également une incapa- retrouvent pas de différences spécifiques dans le développe-
cité à évaluer le niveau de compréhension de l’interlocuteur ment des aspects grammaticaux chez l’enfant autiste par
et une certaine insensibilité aux remarques correctives des rapport à ses pairs normalement développés ou trisomiques.
parents. Ces observations n’ont pas toutes été confirmées Les enfants autistes et trisomiques présentent une évolution
dans les études de Tager-Flusberg [84] qui montrent une similaire quant à la mesure de la LME (longueur moyenne de
organisation lexicale des autistes similaire à celle des enfants l’énoncé) souvent indice quantitatif du développement mor-
normaux ou retardés et pas de difficultés spécifiques à élargir phosyntaxique [72]. Cependant, ils ont un rythme de crois-
les concepts. Des études longitudinales [45] suggèrent éga- sance plus lent que les enfants normaux. Cela est discuté par
lement que le développement du vocabulaire pourrait être Scarborough et al. [75] qui ont comparé la relation entre les
préservé chez l’enfant autiste. Certains enfants autistes ont scores LME et l’indice de production syntaxique (IpSynt) en
même des résultats bien au-dessus de la moyenne témoignant utilisant les données de l’étude longitudinale de Tager-
d’une connaissance en vocabulaire assez riche. Il apparaît Flusberg. La LME peut surestimer les scores IpSynt pour les
fréquemment chez les autistes de haut niveau que certains enfants autistes. Ainsi, elle ne reflète pas toujours leur niveau
champs sémantiques soient sur-représentés en lien avec leurs réel de connaissance grammaticale.
« marottes » (astronomie, tuyauterie, minéraux, résultats Bartolucci et al. [12] ont reproduit les recherches de de
sportifs, météo, audiovisuel...). Villiers et de Villiers [89] sur l’usage des morphèmes et
l’utilisation des règles grammaticales. Ils ont trouvé que
2.4. Morphosyntaxe l’enfant autiste omet plus significativement les règles gram-
maticales que l’enfant normal mais pas plus que l’enfant
On cherche à décrire et à évaluer les compétences mor- retardé. Ils ont observé aussi qu’il y a avait une certaine
phosyntaxiques de l’enfant (syntaxe réduite, déviante, cor- concordance interne chez l’enfant autiste dans l’utilisation de
recte, élaborée). On enregistre si possible du langage spon- ces règles mais que l’ordre d’acquisition était peut-être aty-
pique. Howlin [43] nuance ces résultats. Elle confirme que
les enfants autistes ont plus de difficultés dans l’acquisition
5
cf. infra Aspects pragmatiques. de la syntaxe que les enfants normaux mais n’assure pas la
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spécificité des patterns d’acquisition syntaxiques et morpho- ment morphosyntaxique. Tout comme l’écholalie, l’inver-
syntaxiques. Ceux-ci sont peut-être semblables à ceux sion des déictiques est une étape plus longue et plus marquée
d’autres groupes de patients à pathologie de langage. que chez les jeunes enfants normaux.
Paul et Cohen [63] ont noté que certains adultes autistes Frith explique l’inversion pronominale de ces enfants par
atteignaient un pallier dans les habiletés syntaxiques et Lord leur mode d’apprentissage langagier de type associatif. L’en-
et Pickles [55] soutiennent que les décalages dans les capa- fant autiste a appris à associer cette phrase « veux-tu un
cités syntaxiques des enfants autistes se creusent de façon yaourt ? » à l’événement (recevoir un yaourt) mais pas ce
plus sévère que chez des enfants avec des retards compara- qu’elle veut dire. De plus, le « savoir-faire pronominal » fait
bles au début de l’enfance. référence à la fonction déictique7. L’utilisation des pronoms
est relative à des rôles : celui de locuteur et celui d’auditeur et
2.4.2. Processus développementaux morphosyntaxiques l’on connaît les difficultés des enfants autistes pour saisir les
différents subtilités des rôles sociaux. Même les enfants normaux ou les
Bartolucci et Albers [10] indiquent des différences signi- enfants sourds en LSF commettent parfois ce type d’erreurs
ficatives entre les autistes et les retardés pour l’emploi des jusqu’à trois ans8. En effet, ils utilisent le « point de vue » de
marqueurs du passé. Selon eux, les processus développemen- leur interlocuteur même lorsqu’ils sont locuteurs. Les en-
taux grammaticaux peuvent être différents dans l’autisme. fants autistes utilisent presque toujours correctement les
Dans ce sens, Prizant [65] a soutenu l’hypothèse que l’imita- noms mais ils les utilisent préférentiellement aux pronoms en
tion était un processus crucial dans l’acquisition des aspects comparaison à leurs pairs non-autistiques. Les enfants autis-
grammaticaux pour cette population. Les enfants autistes tes sont soumis à un besoin de cohérence locale et non
sont spécialement dépendants de l’approche holistique, globale, ils ne comprennent pas le rapport qui existe entre les
« gestaltiste » dans l’acquisition du langage (répétition, rou- pronoms et les noms déjà utilisés ou mutuellement compris.
tines d’utilisation de formules automatiques). Cela a été Oshima-Takane et Benaroya [62] précisent qu’ils ont moins
infirmé dans l’étude de Tager-Flusberg et Calkins [85] car les de facilité pour apprendre l’usage de « toi » que l’usage de
énoncés spontanés étaient significativement plus longs et « moi ». Ils attribuent cela à un défaut d’attention sur le
comprenaient des constructions grammaticales plus élabo- langage d’un tiers adressé à d’autres personnes ou à un
rées que les énoncés écholaliques. Courtois-du Passage [20] manque de modeling langagier de type triade.
nuance ces résultats par une étude linguistique descriptive en
langue française de profils syntaxiques (relevé systématique 2.5. Aspects sémantiques et pragmatiques
des constructions syntaxiques en spontané et en écholalie
chez un enfant autiste âgé de 5 ans) : les structures de base du Le niveau pragmatique concerne les aspects sociaux du
français absentes du spontané, sont présentes en écholalie langage. On évalue ainsi la capacité du sujet à adapter son
mais sont rares et/ou incomplètes. Ainsi, les deux silhouettes discours à la situation, à son interlocuteur, aux connaissances
syntaxiques sont assez proches l’une de l’autre, avec un petit de l’interlocuteur sur le sujet du discours. Il s’agit de l’acte de
« avantage développemental » pour l’écholalie. langage définit par Austin [1] puis par Searle [76]. On replace
l’énoncé dans la situation d’émission afin d’analyser l’inten-
2.4.3. Les pronoms6 tion du locuteur et le résultat obtenu sur l’interlocuteur.
Comme le rappelle Frith [36], l’inversion pronominale a L’énoncé tient compte des contraintes intralinguistiques et
servi à étayer des spéculations sur l’existence d’une confu- extralinguistiques. Cette capacité demande une acquisition
sion profonde des identités chez l’enfant autiste. Puis, des au même titre que les autres dimensions linguistiques, et cela
études linguistiques ont montré que les enfants autistes n’évi- débute dès les premiers mois.
tent pas spécialement l’usage des pronoms ou des possessifs Dans ce cadre discursif, on peut évaluer :
[8] mais qu’ils sont moins habiles dans leur utilisation que les • l’utilisation fonctionnelle du langage des différentes situa-
enfants normaux ou retardés. En effet, Lee et al. [49] retrou- tions sociocommunicatives : demande d’aide, expression
vent des difficultés spécifiques chez l’autiste qui utilise da-
vantage « je » pour « moi ». Les sujets de niveaux verbaux les 7
La déixis, mot emprunté au grec ancien, où il signifie l’action de montrer,
plus faibles utilisent davantage les prénoms des locuteurs est l’une des façons de conférer son référent à une séquence linguistique.
pour « moi » ou « toi ». Mais pour ces auteurs, l’inversion 8
Pour rappel : Chez l’enfant normal, Fay (1979) [28], Petito (1987),
je/tu n’est pas réellement plus fréquente dans la population Hamann et al. [40] :
autistique bien que régulièrement remarquée en pratique. Le • développement des pronoms après les noms, jusqu’à 30–36 mois ;
• 18, 22 mois : apparition de moi puis de toi vers 22 mois, suivi de il ou lui ;
choix d’une population adolescente biaise certainement leurs
• à 24 mois, utilisation des pronoms comme des noms (moi = Maman, toi
résultats. Chez l’enfant autiste, l’inversion pronominale je/tu = Nicolas) ;
s’observe surtout dans les premières années du développe- • à 28–32 mois, utilisation du prénom pour je, utilisation de moi pour je
mais pas l’inverse ;
• inversion des pronoms je /tu après une question, ou dans les énoncés à
6
Ou embrayeurs de personne : éléments linguistiques qui manifestent deux pronoms différents ;
dans l’énoncé la présence du sujet de l’énonciation. Le référent qu’ils • à 36 mois, encore des remplacements de toi par moi mais rarement de tu
désignent ne peut être identifié que par les témoins de l’acte d’énonciation. par je.
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d’un désir, commentaires, récits d’événements vécus, ex- implicites de nos conversations (présupposés, sous-
pression d’un sentiment, etc. : [39,44]) ; entendus..). En effet, comme le rappelle Frith [36], nous
• l’organisation structurale du discours et l’utilisation introduisons toutes sortes de jugements dans nos énoncés et
d’outils linguistiques ou extralinguistiques qui permettent nous révélons ou dissimulons toutes sortes d’états mentaux.
la cohésion du discours (situations conversationnelles : De plus, lorsque nous conversons, nous prêtons constamment
réponses, maintien du thème, de l’échange, initiatives attention à des aspects des énoncés qui n’ont rien à voir avec
dans les échanges, respect du tour de parole, réparations leur contenu mais plutôt avec l’intention du locuteur. C’est
des pannes conversationnelles, informativité, cohérence, cette communication authentique et intentionnelle qui est
distinction entre informations anciennes et nouvelles...)9. déficiente chez la personne autiste. De plus, selon cet auteur,
Wetherby et Prutting [92] ont examiné le registre des actes il est probable que les « utilisateurs normaux du langage »
de langage verbaux et non-verbaux des enfants autistes à des sur-interprètent le langage des personnes autistes en leur
stades précoces du développement. Ils ont comparé ensuite prêtant des intentions qu’elles n’ont pas forcément. On décrit
ces performances à celles d’enfants ayant un développement également chez les personnes autistes une compréhension
normal, appariés aux enfants autistes en ce qui concerne leur littérale des messages avec une difficulté d’accès à l’humour,
niveau de langage. Ils ont constaté que les enfants autistes ne au langage métaphorique (expressions courantes, figures de
présentaient aucune altération dans leur usage du langage style, expressions idiomatiques,...). Le sens des mots ne
pour effectuer des requêtes d’objets ou d’actions, de protes- change pas, même dans un contexte ironique ou imagé. Pour
tations et des autorégulations. Cependant, certains actes de comprendre l’humour, on utilise ses acquis cognitifs et socio-
langage étaient totalement absents : les commentaires, la culturels pour opérer ensuite un recodage mental. Il faut
mise en valeur de soi pour attirer l’attention, la reconnais- pouvoir se détacher des indices concrets de leur signification
sance de l’auditeur et la requête d’informations. isolée pour les mettre en relation afin de concevoir la situa-
Les personnes autistes, même de haut niveau, sont très tion suggérée et accepter ce nouveau recodage comme fan-
maladroites pour entretenir une conversation. Baltaxe et al. taisiste. On peut comprendre l’humour mais ne pas l’appré-
[5,6] ont montré qu’elles avaient du mal à gérer les tours de cier. Les personnes autistes ne comprennent pas et
rôles : soit elles les monopolisent avec leur thème favori n’apprécient pas l’humour sauf lorsqu’on a pu leur expliciter
(chevauchements de parole, interruptions répétées), soit elles les règles. Apprécier l’humour, c’est aussi reconnaître sa
ne prennent jamais la parole. Elles utilisent le langage dans fonction sociale [53].
un but concret mais pas dans un but social. Elles peuvent
Cette petite proportion de personnes autistes développe un
aborder un inconnu en le questionnant sur l’installation de sa
langage expressif apparemment correct. L’acquisition de la
salle de bains, suivi d’un monologue démontrant des
phonologie et de la syntaxe paraissent semblables à celles des
connaissances encyclopédiques sur l’outillage des sanitaires.
autres enfants sans retard significatif, voire même parfois
Elles veulent prouver leurs connaissances et leur aisance
avec une certaine précocité. Les aspects sémanticopragmati-
verbale et en apprendre davantage sur leur sujet favori (dino-
ques du langage sont, nous l’avons vu ci-dessus, particuliè-
saures, outillages, astronomie, géologie, résultats sportifs,
rement touchés mais les aspects formels sont également bien
météo, véhicules, trajets de transports en commun ...) [2].
singuliers. Leur langage est fréquemment adultomorphe tant
Elles ne repèrent pas les tournants de la conversation et ne
au niveau du lexique que des tournures syntaxiques. Le choix
peuvent les respecter. Elles peuvent également faire des com-
des phrases et du style est appris des adultes qui peuvent
mentaires incongrus, sans lien avec les propos échangés et/ou
avoir une influence plus importante que les autres enfants sur
avec la situation d’interlocution (associations d’idées, bribes
le développement du style de langage [2]. Les formulations
de conversations antérieures). Elles tolèrent mal les abstrac-
sont pédantes, empruntant un vocabulaire technique alors
tions et le manque de précision de leur interlocuteur (ex. : « il
que le vocabulaire des états mentaux ou émotionnels et les
ne s’agit pas d’un film mais d’une série télévisée »). La
expressions enfantines ou adolescentes leur font défaut. On
conversation peut être possible mais fréquemment naïve,
peut relever des bizarreries de langage tant au niveau du
limitée, répétitive avec peu de contenu émotionnel. Elles
contenu que de la forme (ex. : « Je reprendrai bien un peu
n’évaluent pas bien non plus le subtil équilibre entre les
d’Alexandre Le Grand10 ! », pour demander de la macédoine,
informations anciennes et les informations nouvelles à don-
ner en fonction des connaissances de leur interlocuteur. Sper- ou des cheveux « virageux » pour des cheveux bouclés, ou
der et Wilson [80] ont défini la théorie de la pertinence : pour encore de la « moussone » pour nommer le bruit du crépite-
permettre une compréhension mutuelle, les deux faces de la ment du sucre au contact du chocolat au lait).
communication intentionnelle doivent s’agencer précisé- Dans le bilan orthophonique, les habiletés pragmatiques
ment. Elles sont souvent confuses dans l’utilisation du tutoie- peuvent être appréciées à l’aide du test canadien (test de
ment ou du vouvoiement car elles négligent les rôles sociaux Shulman) traduit par Montpetit [60], étalonné pour des en-
de leurs interlocuteurs. Elles n’ont pas accès aux contenus fants normaux âgés de trois à huit ans. Il présente l’avantage
de placer l’enfant dans une situation communicative standar-
9
Cf. Excellente synthèse de l’approche pragmatique et discursive chez De
10
Weck, [91]. Pour rappel, Alexandre le Grand (356–323 av. J.C.), roi de Macédoine.
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disée, donc de permettre des bilans comparatifs. L’ensemble plus importantes (mémorisation, reproduction sélective...) et
des tâches cherche à susciter des interactions verbales dans ne nécessite pas la présence d’un interlocuteur modèle. Pee-
des situations conversationnelles réelles ou fictives. Les dia- ters [64] précise que ces formulations ont une origine très
logues sont préétablis d’après les aspects conversationnels et concrète et qu’elles gardent lors de leur utilisation ultérieure
les fonctions communicatives étudiées. Les productions sont ce sens concret et premier. Kanner [47,48], Ferrari [32]
analysées en six niveaux différents : absence de réponse, précise que les phénomènes d’écholalie différée peuvent
réponse inappropriée au contexte, réponse non-verbale ap- donner un aspect incohérent et dépourvu de sens mais
propriée au contexte, réponse holophrastique appropriée au celui-ci peut être compris si l’on retrouve la situation
contexte, réponse avec élaboration minimale appropriée au concrète vécue par l’enfant dans laquelle la phrase a été
contexte, réponse élaborée appropriée au contexte (+ de entendue pour la première fois.
3 mots) avec prise en compte du niveau socioculturel des Nadel [61] rappelle les deux grandes fonctions de l’imita-
parents. Cependant, l’étalonnage et la grille de cotation nous tion : l’acquisition et l’interaction sociale.
semblent critiquables dans le sens où l’évaluation des habi- On considère ainsi que le comportement écholalique a une
letés syntaxiques ne peut être distincte de celles des aptitudes certaine valeur fonctionnelle pour l’enfant autiste : l’échola-
communicatives. lie peut l’aider à maintenir un rôle dans la conversation en
Pour l’évaluation de ce secteur linguistique, il faut laisser cours, et ce, même lorsqu’il ne comprend pas ou n’a pas
du champ à la conversation informelle car les épreuves diri- encore acquis les habiletés pragmatiques ou linguistiques
gées ont tendance à cadrer l’enfant ou l’adolescent autiste et nécessaires pour répondre d’une manière plus appropriée
parfois masquer ses difficultés sémanticopragmatiques ou, [66,85]. Mc Evoy et Loveland [58] pensent que l’écholalie
inversement les majorer. On peut aussi proposer des expres- chez l’enfant autiste est une forme primaire de stratégies pour
sions métaphoriques des livres de Le Saux [54] à expliciter, acquérir des compétences verbales et sociales. Elle sert à
des bandes dessinées de Montfort [59] ou les histoires étran- maintenir le contact social (61 % de leur population d’étude)
ges de Happé [41] ainsi que des dessins humoristiques à dans les cas de déficits linguistiques sévères. Fay et Schuler
commenter11. La difficulté est qu’il n’existe pas à notre [29] proposent de décrire les comportements écholaliques
connaissance de référence normative. sous la forme d’un continuum : ainsi, on peut observer:
• des propos écholaliques très fidèles, avec un ton mono-
2.6. Langage écholalique : formes et fonctions tone, un schéma intonatif identique, une absence évidente
d’intérêt pour les traits sémantiques du dialogue, et avec un
Nadel [61], Doazan et al. [25] rappellent qu’il existe déficit majeur de l’intention communicative (absence d’ex-
plusieurs formes d’imitation en fonction du délai entre la pressions faciales, vocales, manuelles qui accompagnent
présentation du modèle et le comportement imitatif propre normalement la parole) ;
(imitation immédiate ou différée), en fonction de la sélection • mais également des énoncés écholaliques avec quelques
(imitation spontanée ou induite) et de la familiarité (modèle effacements appropriés ou expansions, un changement d’in-
connu ou nouveau). Ce qui nous conduit à définir principale- tonation, un pointage ou un sourire indiquant une réelle
ment deux types d’écholalie : intention communicative.
• écholalie immédiate : répétition en écho de ce qui vient Dans cette optique, Prizant et Duchan [66] ont proposé un
d’être dit [28,65,66]. Elle peut porter sur tout le discours abord à la fois formel et fonctionnel de l’écholalie. Ils décri-
entendu ou seulement sur une partie. Frith [36] précise vent sept catégories d’écholalie immédiate en référence au
qu’elle requiert un haut niveau de compétence phonétique contexte, c’est à dire identifiées grâce au comportement ex-
et prosodique, une bonne mémoire verbale immédiate et la tralinguistique de l’enfant pendant le propos écholalique
capacité de négliger les bruits de fond survenus au même (gestes, orientation du regard, attention, toucher, pointages
instant ; d’images...) et à sa compréhension des paroles répétées (cf.
• écholalie différée : c’est l’écho d’une phrase après un Tableau 1). Ils confirment la prédominance de l’écholalie
certain délai [26,78]. interactive (96 %) sur l’écholalie non-interactive (4 %) Il
Prizant et Rydell [67] identifient l’écholalie différée comme apparaît dans cette étude (petite population de 4 enfants) que
des routines mémorisées avec des inversions pronominales, le nombre de catégories utilisées dépend du niveau de lan-
avec des lacunes évidentes de la compréhension et des rela- gage de l’enfant.
tions sémanticosyntaxiques. Dansart [22] précise qu’il s’agit Par ailleurs, Prizant et Rydell [67] ont défini cinq types
de la reprise de bribes de discours entendus des semaines d’écholalie différée non interactive dans une petite popula-
parfois même des mois auparavant. Cette écholalie retardée tion de 3 enfants autistes (écholalie non-dirigée, association
porte souvent sur des comptines, des messages publicitaires, de situations, aide au traitement, auto-direction, dénomina-
des bribes de conversations, des ordres adressés, des chan- tions non-interactives) et neuf catégories d’écholalie différée
sons ou des livres. Elle requiert des compétences cognitives interactive (tour de parole, achèvement verbal, dénomination
interactive, fournir des informations, appeler, affirmer, de-
mander, protester, diriger). Ces catégories sont déterminées
11
cf. matériel Schubi : Papa Moll ou Sir James Sarbi. également d’après la présence ou l’absence d’intentions
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Tableau 1
Adaptation du tableau des catégories fonctionnelles de l’écholalie immédiate chez l’enfant autiste [66]
Catégories Attention Écho dirigé Degré de variations Changement de Signes de Exige une Commentaires
fonctionnelles vers la entre l’énoncé comportement/ compréhension réponse de
de l’écholalie personne modèle et l’écho temps de l’écho l’adulte
Non interactive Non Non Minimal non applicable Non Non Degré fonctionnel 0
Tour de parole Oui Oui Minimal non applicable Non Non Fonction d’annonce de
l’incapacité de parole
Déclarative Oui Oui Variable Pendant ou après Oui Contrôle du Fonctions de
regard possible dénominations d’objets
avec pointage
Autorégulation Oui Non avec Variable Pendant Oui Non Se parler à soi-même
exceptions pour auto-réguler son
cpt
Aide au traitement Oui Non avec Sélection d’info Avant Oui Non Productions imitatives
exceptions importantes Délai entre l’écho des infos comprises
et la réponse
verbale ou
non-verbale
Assertive Oui Oui Minimal non applicable Oui Oui Fonction d’affirmation
verbale ou non-verbale
demande Oui Oui Variable avec ajout non applicable Oui Oui Demande avec
d’éléments manifestation verbale ou
non -verbale de la
demande d’objet ou
d’action
communicatives, le degré de compréhension et l’exactitude (absente, réduite, particulière). Il s’agit des gestes12, de la
de la répétition. Ces chercheurs trouvent également une pro- mimique ou expressions faciales, du regard, des postures et
portion plus importante de parole écholalique différée inte- de la distance interpersonnelle.
ractive (tour de parole, étiquetage, informer, demander, ...). Chez l’enfant autiste, le contact oculaire est généralement
Ils constatent que le pourcentage d’écholalie différée dimi- rare, fugitif, parasité par des regards périphériques. Les ex-
nue avec l’âge et observent une augmentation conjointe du pressions faciales sont réduites ou exagérées, peu dirigées
langage spontané. Les productions écholaliques différées vers l’interlocuteur et peu appropriées au contexte sociocom-
contrastent en fonction de l’intention communicative : municatif (ex. : les signaux kinétiques comme l’acquiesce-
• énoncés identiques formulés dans des contextes spécifi- ment sont rares). Il utilise peu ou pas de gestes expressifs qui
ques avec peu de généralisations à d’autres contextes ; expriment des sentiments, renseignent sur les états mentaux
• propos différés des autistes de haut niveau moins littéraux (ex : gestes amicaux, bienveillants ou menaçants), et qui font
mais pas aussi flexibles sur le plan formel ou pragmatique appel à une communication intentionnelle élaborée [36].
que le langage ordinaire. L’enfant autiste utilise davantage de gestes utilitaires ou
Quelques études ont montré des liens étroits entre écholalie instrumentaux pour « faire faire » à l’adulte et transmettre
et difficultés de compréhension verbale [73,79]. Roberts [71] une information pure ou visant à attirer l’attention sur un
a mis en évidence chez dix enfants atteints d’autisme que le objet pour l’obtenir et non sur quelque chose pour en partager
niveau de compréhension verbale est inversement propor- l’intérêt avec autrui. (ex. : pointage proto-impératif, prendre
tionnel au taux d’écholalie. Plus les enfants comprennent les et diriger la main de l’adulte...). Les modifications posturales
messages verbaux, moins ils sont écholaliques. De plus, ceux ou gestuelles sont rares ou inadaptées au message verbal et
de meilleur niveau présentent une écholalie « atténuée », les signaux non-verbaux sont souvent mal coordonnés entre
avec variations prosodiques, lexicales, morphologiques ou eux (ex. : pointage et regard dans des directions différentes).
syntaxiques. On observe la présence de gestes non conventionnels (ex :
repousser, prendre la main) préférés aux gestes convention-
Le bilan orthophonique cherche ainsi à différencier la nels (ex : hocher de la tête, pointer, applaudir...) et/ou des
forme et la fonction des productions écholaliques. comportements émotionnels particuliers (ex. : sautiller en
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