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commentairecompose.fr/une-charogne-baudelaire
Voici une analyse du poème « Une charogne » issu des Fleurs du mal de Charles
Baudelaire.
Ici c’est la charogne et non la femme aimée qui se place au centre du poème.
Annonce du plan :
Derrière l’ironie de Baudelaire dans le mélange du Beau et du Laid (I) et dans le
détournement d’une scène amoureuse traditionnelle (II), se cache une réflexion sur
l’Art et la Poésie (III).
1/5
« Une charogne » est sans doute l’un des poèmes les plus provocants de Baudelaire.
La charogne est présentée dans un décor bucolique, idyllique (« "au détour d’un
sentier », v. 3 et « Le soleil rayonnait" », v. 9), qui contraste avec l’immonde
cadavre (« "charogne infâme" », v. 3 ; « "pourriture », v. 9 ou « puanteur "», v. 15).
Les deux réalités antithétiques cohabitent dans l’oxymore : « "carcasse superbe "» (v.
13).
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A – Le détournement des « clichés » romantiques
Pour détourner la célébration de la femme aimée, Baudelaire emprunte des expressions
romantiques et élogieuses typiques de la poésie traditionnelle, telles que : « mon
âme » (v. 1), « Etoile de mes yeux » et « soleil de ma nature » (v. 39), ou « mon ange
et ma passion » (v. 40).
Mais en faisant rimer « "âme" » avec « "infâme" » (vers 1 et 3), « "nature "» avec
« "ordure" » (vers 37 et 39) et « "passion" » avec « "infection" » (vers 40 et 38), le
poète détourne avec cynisme les marques de l’amour courtois.
Les diérèses aux termes « "pa/ssi/on » et « in/fec/ti/on "» soulignent bien l’ironie du
poète, dont on perçoit l’humour grinçant dans l’appui sur le « i ».
Par ailleurs, le jeu de rimes entre «" s’épanouir" » (v. 14) et « "évanouir "» (v. 16)
marque la domination de la charogne par rapport à la femme.
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Alors que la rencontre avec la charogne se présente comme un souvenir aux images
fuyantes (« "Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve" », v. 29), de
nombreuses comparaisons permettent de rendre l’image de la charogne nette et
vivante : « "comme une femme lubrique » (v. 5), « Comme afin de la cuire à point » (v.
10), « Comme une fleur s’épanouir » (v. 14), « Comme l’eau courante et le vent" » (v. 26-
27), etc.
Tout cela donne l’impression qu’un tableau s’anime progressivement sous nos yeux.
Mais c’est plus précisément au travail du peintre que Baudelaire fait référence
(« <"em>sur la toile" », v. 31).
Car si ce poème se présente comme le récit d’un souvenir (voir la première strophe
« "Rappelez-vous"« , et la huitième « le souvenir » v.37), il s’agit d’un souvenir aux
images fuyantes :
« "Les formes s’effaçaient et n’étaient plus qu’un rêve" », v. 29.
Le travail du poète est de faire revivre ce souvenir par la mémoire (« "que l’artiste
achève/Seulement par le souvenir "», v. 31-32).
4/5
« Une Charogne » illustre le projet poétique de Baudelaire dans Les Fleurs du Mal :
extraire la beauté du mal ou de l’horrible.
Il démontre ici la force sublimatoire de l’Art, qui fait sa supériorité. Le poète prouve ici
sa modernité, en détournant les clichés de la poésie traditionnelle.
5/5