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Introduction

Les biotechnologies sont associées à un procédé biotechnologique. Il s’agit de la mise en


ouvre du matériel biologique (protéines, cellules, organismes) à grande échelle permettant
dans des conditions de rentabilité économique, l’obtention de grandes quantités de produits
d’intérêts. La mise en place des installations industrielles doit respecter un certain nombre de
contraintes techniques, économiques et légales. Un des moyens de faire face à ces contraintes
d’un point de vue technique consiste à envisager la production comme étant une succession
d’étapes de transformations physico-chimiques et biologiques. Chacune de ces étapes est
analysable en termes d’opérations techniques élémentaires mettant en jeu des appareils
déterminés. Il s’agit d’identifier les aspects spécifiques de chaque opération technique précise
mettant en jeu un appareil déterminé, d’en théoriser les limitations (agitation, transfert de
matière et de chaleur,…) aboutissant à l’obtention de modèles permettant de prévoir son
comportement dans certaines conditions d’utilisation.

Les méthodes utilisées pour la séparation des mélanges se regroupent en deux classes. Une
classe inclut les méthodes dites opérations diffusionelles qui incluent le transfert d’un
composé d’une phase à une autre ou des changements de phase. La seconde classe inclut les
séparations mécaniques qui sont utiles pour la séparation des particules ou des gouttelettes
liquides.

La figue suivante résume les principales opérations unitaires mises en jeu dans un procédé
biotechnologique.

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Adsorption
Introduction
L’adsorption définit la propriété de certains matériaux à fixer à leurs surfaces des molécules
extraites de la phase liquide ou gazeuse dans laquelle elles sont immergées.

Il existe deux types d’adsorption qui diffèrent par leur nature et par les forces mises en jeu :

• L’adsorption physique qui résulte de l’attraction par des forces purement physiques
entre les molécules de soluté et l’adsorbat. Il s’agit d’un phénomène réversible.
• L’adsorption chimique résulte d’une interaction entre les molécules d’adsorbant et les
molécules de soluté. Il s’agit d’un phénomène irréversible.

L’adsorption physique peut être utilisée pour séparer un soluté d’un mélange de soluté ou
pour séparer un soluté d’un solvant. Ceci est réalisé en mettant en contact la solution avec le
matériau d’adsorption dit adsorbant. Le soluté qui s’adsorbe est dit adsorbat. L’élimination du
soluté adsorbé est dite désorption, c’est l’opération inverse de l’adsorption.

Les matériaux d’adsorption peuvent être naturels ou synthétiques. Dans le cas de l’adsorption,
la surface significative n’est pas la surface géométrique des particules solides mais la surface
beaucoup plus importantes des pores internes des particules. Le diamètre des pores est très
faible de l’ordre de quelques diamètres moléculaires, mais leur nombre très élevé produit une
surface énorme d’adsorption, dite surface spécifique (surface par unité de masse). Cette
surface peut atteindre 1000m2/g et plus.

Les adsorbants les plus usuels sont les argiles activées, les charbons actifs, le silicagel les
alumines activées, les zéolites …

Equilibre d’adsorption- Isotherme d’adsorption


On peut décrire un équilibre d’adsorption à l’aide d’une isotherme d’adsorption. Celle-ci est
une courbe qui représente la relation la relation entre quantité de soluté adsorbée par unité de
masse de solide q et la concentration de soluté C en solution. On obtient une telle courbe à
partir d’essais de laboratoire effectués à une température constante. Généralement on réalise
des expériences batch : on introduit des quantités connues de solide dans des volumes de
solution à traiter et après un temps suffisamment lent pour l’atteinte d’un état d’équilibre on
mesure la concentration finale du soluté adsorbé à l’aide de l’équation suivante :

𝑉(𝐶0 − 𝐶)
𝑞=
𝑚

• Co= concentration initiale en soluté (mole ou masse soluté/volume de solution)


• C = concentration finale en soluté (mole ou masse soluté/volume de solution)
• V = volume de la solution

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• m= masse d’adsorbant utilisé
• q= concentration du soluté dans la phase solide (mole ou masse soluté/masse
d’adsorbant)

Les deux isothermes les plus fréquemment rencontrées dans l’adsorption des liquides sont
𝐾𝐶
celles de Langmuir 𝑞 = 𝑞𝑚 1+𝐾𝐶 et Freundlich 𝑞 = 𝐾𝐶 1/𝑛

Toute isotherme concave vers l’axe des abscisses est dite favorable puisqu’une forte
adsorption se produit même pour les solutions très diluées. Une isotherme convexe vers l’axe
des abscisses est dite défavorable (figure 1)

L’adsorption est exothermique, la concentration du soluté adsorbé diminue quand la


température augmente.

Figure 1 : Isothermes d’adsorption

Modes de l’adsorption
Adsorption batch
La solution contenant le soluté et l’adsorbant sont mis en contact pour un certain temps t.
Ensuite la solution restante est séparée du solide et la concentration C restante à t est
déterminée. Un bilan de matière donne :

𝐶0 𝑉 + 𝑞0 𝑚 = 𝐶𝑉 + 𝑞𝑚

Soit

𝑉
𝑞 = 𝑞0 + (𝐶 − 𝐶)
𝑚 0
Où Co et qo sont les concentrations initiales en soluté dans la solution et dans le solide

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Contacteur agité continu
L’adsorption peut être menée dans un contacteur agité continu. La solution d’alimentation
contenant l’alimentation à une concentration CF est envoyée continuellement à un débit Q
dans le contacteur contenant une masse m (figure 2). Le processus se déroule jusqu’à ce que
la concentration du soluté à la sortie atteigne une certaine valeur C.

Si on néglige les limitations diffusionnelles, on peut écrire :

𝑑𝐶 𝑑𝑞
𝜀𝑉 = 𝑄(𝐶𝐹 − 𝐶) − 𝑚
𝑑𝑡 𝑑𝑡
Où 𝜀= dégré de vide dans le contacteur

V = volume total dans le contacteur (solution +solide)

Figure 2 : Contacteur agité continu

Lit fixe d’adsorption


L’adsorbant granulaire est placé dans une colonne cylindrique et la solution y est envoyée
continuellement pour réaliser l’adsorption du soluté. C’est l’un des modes les plus utilisés
pour réaliser des adsorptions à l’échelle laboratoire ou industrielle (figure 3)

Les figures a,b,c et d montrent comment progresse la concentration du polluant en solution


dans la colonne en fonction du temps. Au temps t on distingue sur ces courbes une zone à fort
gradient (zone BC= zone d’adsorption qui identifie un front d’adsorption, c’est la zone où il y
a échange de matière entre fluide et solide) et deux zones à gradient nul (plateaux AB et CD),
dans ces zones la concentration est constante et donc il n ya pas de transfert de matière entre
le fluide et le solide, q est alors constant et par la suite q et C sont en équilibre. La zone AB
est saturée et dans la zone BC, la valeur de C0 passe de sa valeur à saturation B à une valeur
nulle en C, alors que la zone en aval de C est encore à l’état initial et que le liquide qui y
pénètre est libre de soluté. La zone d’adsorption progresse vers le bas au fur et à mesure que
le lit se sature. Au temps t3 la concentration du soluté l’effluent atteint la valeur maximale
admissible, c’est la percée. Au temps t4 si le processus se poursuit le lit est entièrement saturé
et la teneur de soluté dans l’effluent est égale à sa valeur dans la solution d’arrivée.

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Figure 3 : Courbe de percée

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Si on néglige les limitations diffusionnelles, le bilan de matière s’écrit :

𝜕𝐶 𝜕𝑞 𝜕𝐶
𝜖 + (1 − 𝜀)𝜌 +𝑢 =0
𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑧
Où :

• 𝜀=dégré de vide du lit


• u= vitesse du fluide en fut vide
• ρ=masse volumique apparente du solide (masse solide/volume adsorbant)

La courbe d’équilibre q( C ) détermine les profils


q et C sont en équilibre à tout instant, on a

𝜕𝑞 𝑑𝑞 𝜕𝐶
=
𝜕𝑡 𝑑𝑐 𝜕𝑡
On obtient par développement du bilan de matière, la valeur Vc (vitesse de concentration)

𝜕𝑧 𝑢/𝜀
𝑉𝐶 = ⌉ =
𝜕𝑡 𝐶 1 + 1 − 𝜀 𝜌 𝜕𝑞
𝜀 𝜕𝐶
Equilibre convexe : Lorsque l’équilibre est convexe, les fortes concentrations se propagent
plus lentement que les faibles concentrations, le front va s’étaler de plus en plus qu’il se
propage dans la colonne. C’est ce qu’on appelle un comportement dispersif.

Equilibre concave : Lorsque l’équilibre est concave, les fortes concentrations se propagent
plus rapidement que les faibles concentrations, on obtient un comportement dit compressif.
L’expérience montre qu’il ya formation d’une discontinuité, un front parfaitement raide qui se
propage à la vitesse :

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𝑢/𝜀
𝑉∆ =
1 − 𝜀 ∆𝑞
1 + 𝜀 𝜌 ∆𝐶

Où Δq et ΔC désignent les différences de q et C aux bornes de la discontinuité

Effet des limitations diffusionnelles


Du point de vue physique il ne saurait exister de discontinuité de concentrations, les effets de
dispersions de dispersion dues aux cinétiques de transfert de matière vont contribuer à adoucir
la raideur des fronts et un certain équilibre va s’établir entre ces effets et la tendance
compressive de sorte que le front prendra une forme constante stabilisée (figure 4).

Relations intégrales sur les fronts


Capacité utile

Considérons la courbe de percée, on définit :

Capacité utile = Au =nombre de moles accumulées dans la colonne entre 0 et t

Introduction nette = I= nombre de moles introduites entre 0 et t

Fuite = nombre de moles dans l’effluent entre 0 et t

On a alors :

𝐴𝑢 = 𝐼𝑛𝑡𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑛𝑒𝑡𝑡𝑒 − 𝐹𝑢𝑖𝑡𝑒

Soit
𝑡
𝐴𝑢 = 𝐹𝑡𝐶0 − 𝐹 ∫ 𝐶𝑑𝑡
0

Où :

• F est le débit volumique d’alimentation


• Co est la concentration d’alimentation

Capacité de fixation A∞, capacité restante R

Réécrivons l’équation ci-dessus pour un temps t suffisamment long pour que la concentration
de sortie C devienne égale à la concentration d’entrée Co (la colonne est alors saturée),
l’accumulation prend sa valeur maximale A∞
∞ 𝐶0
𝐴∞ = 𝐹 ∫ (𝐶0 − 𝐶)𝑑𝑡 = 𝐹 ∫ 𝑡𝑑𝐶
0 0

𝑅 = 𝐴∞ − 𝐴𝑢

R est la capacité restante à utiliser

Temps de perçage moyen ou temps stœchiométrique

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Ce temps est défini comme la moyenne de la distribution des temps de sortie de la courbe
entre la concentration initiale et la concentration finale
𝐶𝑜
∫ 𝑡𝑑𝐶 𝐴∞
𝑡𝑠= 0 =
𝐶𝑜 𝐹𝐶𝑜
Soit

𝐹𝑡𝑠 𝐶𝑜 = 𝐴∞

Or :

𝐴∞ = 𝑉(1 − 𝜀)𝜌𝑞(𝐶0 ) + 𝑉𝜀𝐶0

Où V = volume du lit

Soit :

𝑉𝜀 1 − 𝜀 𝑞(𝐶0 ) 𝜀𝐿 1 − 𝜀 𝑞(𝐶0 )
𝑡𝑠 = [1 + 𝜌 ] = [1 + 𝜌 ]
𝐹 𝜀 𝐶0 𝑢 𝜀 𝐶0

Et donc :

𝐿 𝑢⁄
𝜀
𝑉𝑆 = =
𝑡𝑠 1 − 𝜀 𝑞(𝐶0 )
[1 + 𝜀 𝜌 𝐶 ]
0

La vitesse du point stœchiométrique est celle d’un choc qui aurait les mêmes bornes que le
front réel.

Remarque : La capacité totale d’un adsorbant n’a qu’une valeur pratique toute relative, le
facteur industriel à prendre en considération étant la capacité utile.

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Echange d’ions
Introduction
Les échangeurs d’ions sont des solides insolubles dans l’eau et porteurs de cations ou
d’anions susceptibles d’être échangés réversiblement avec les ions de même charge contenus
dans le liquide qui les baigne

𝐶 + + 𝑋 + 𝑅− ↔ 𝐶 + 𝑅− + 𝑋 +

𝐴− + 𝑌 − 𝑅 + ↔ 𝐴− 𝑅 + + 𝑌 −

Où XR est un échangeur de cations et YR est un échangeur d’anions. Les premiers


échangeurs d’ions étaient les aluminosilicates (zéolithes). Depuis les années 1930, on a
découvert les résines échangeuses d’ions qui font depuis la quasi-totalité des échangeurs
ioniques.

Résines échangeuses d’ions


Structure générale
Les résines échangeuses d’ions (REI) sont des solides ayant une forme sphérique ou granulée.
Une résine échangeuses d’ions consiste en une matrice organique ou minérale sur laquelle
sont greffés des groupes fonctionnels. La matrice est un polymère réticulé (styrène pour une
résine échangeuse de cations ou acrylate pour une résine échangeuse d’anions). L’agent de
réticulation est le divinlyl benzène pour empêcher la dissolution des résines dans les solutions
d’électrolyte. Sur la matrice sont greffés des groupes ioniques (groupes fixes), pour préserver
l’électro neutralité, des ions de charge opposée (contre-ion ou ion mobile) à nombre égal se
trouvent à proximité des groupes fixes.

Si le groupe fixe est un anion l’ion mobile est un cation et on a une résine échangeuse de
cations. Si le groupe fixe est un cation l’ion mobile est un anion et on a une résine échangeuse
d’anions. Si le groupe fixe est un électrolyte fort tels que 𝑆𝑂3− ou 𝑁(𝐶𝐻3 )+ 3 on a
respectivement une résine échangeuse de cations type acide fort ou une résine échangeuse
d’anions type base forte. Si le groupe fixe est un électrolyte faible tels que COOH ou
𝑁(𝐶𝐻3 )2 on a espectivement une résine échangeuse de cations type acide faible ou une
résine échangeuse d’anions type base faible.

Propriété des résines échangeuses d’ions


Capacité totale d’échange : Elle donne la quantité des groupes ioniques contenus dans une
quantité donnée de résine.

Teneur en eau et gonflement : Lorsqu’une résine vient en contact avec de l’eau, elle gonfle.
Ce gonflement dépend du taux de réticulation, de la concentration des groupes ioniques fixes,
de la nature du contre ion et de la porosité

Stabilité chimique : Les raisons principales de la dégradation chimique des REI sont la
présence des oxydants (Cl2, H202, …) et les hautes températures.

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Procédés membranaires
Introduction
Microfiltration (MF), ultrafiltration (UF), nano filtration (NF) et osmose inverse (OI) sont des
technologies de séparation en phase liquide au moyen de membranes semi-perméables. On
peut dans une première approche considérer ces procédés comme des procédés de filtration
qui utilisent des membranes dont les diamètres des pores diminuent progressivement quand
on passe de la microfiltration à l’osmose inverse. On peut classer les différentes techniques de
séparation par membrane suivant la taille des particules retenues comme indiqué dans le
tableau suivant :

Diamètre des particules retenues Technique


0.1-10µm Microfiltration
1-100nm Ultrafiltration
≈1nm Nano filtration
0.1 nm-1nm Osmose inverse

Ces techniques se ressemblent par le fait que la force permettant à la solution de passer à
travers la membrane provient dans tous les cas de la pression appliquée à cette solution. Elles
se distinguent cependant par la taille des molécules retenues par la membrane (figure 1). En
microfiltration les particules retenues ne sont pratiquement que des particules en suspension et
des bactéries. Les membranes d’ultrafiltration retiennent les molécules de masse molaire
élevées tels que les protéines et les polymères (macromolécules), les membranes de nano
filtration retiennent les sels multivalents et les composés organiques de masse molaire
supérieure à environ 300g/mol. En osmose inverse, la membrane retient pratiquement tous les
sels et laisse passer le solvant (eau dans la plupart des cas).

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Ecoulement tangentiel et taux de conversion :
Lors d’une filtration classique, la suspension à traiter est menée perpendiculairement au média
filtrant, une accumulation de matières se produit formant une couche qui diminue la porosité
et donc le débit de filtrat. Dans le cas des techniques à membrane, la direction du liquide à
traiter est toujours parallèle à la membrane (écoulement tangentiel). L’objectif de
l’écoulement tangentiel est d’éviter autant que possible l’accumulation continue des espèces
retenues sur la membrane (figure 2).

La solution à traiter, débit Qo est divisée au niveau de la membrane en deux parties de


concentrations différentes :

• Une partie qui passe à travers la membrane ou perméat (Débit Qp)


• Une partie qui est retenue par la membrane, appelée retentât ou concentrât ( débit Qc)

La fraction débit du liquide qui traverse la membrane est appelée taux de conversion de
l’opération de séparation

𝑄𝑝
𝑦=
𝑄𝑜

Figure 2 : Comparaison entre filtration classique et filtration tangentielle (Techniques de l’ingénieur)

Sélectivité d’une membrane, taux de rejet :


Une bonne membrane doit être à la fois perméable, sélective et résistante. La sélectivité d’une
membrane est définie par le taux de rejet (appelé aussi taux de rétention) de l’espèce que la
membrane est censée retenir

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𝐶𝑜− 𝐶𝑝 𝐶𝑝
𝑅= = 1−
𝐶𝑜 𝐶𝑜

Où :

• Co est la concentration de l’espèce à retenir dans la solution


• Cp est la concentration de l’espèce à retenir dans le perméat

Technologie des membranes


Structure
On distingue les membranes homogènes, les membranes asymétriques et les membranes
composites (figure 3)

Les membranes homogènes sont peu développées car elles ont une perméabilité relativement
faible

Les membranes asymétriques sont constituées de deux couches superposées :

• Une sous couche de 100 à 200µm d’épaisseur, de texture realtivement faible


• Une peau de très fine épaisseur ( de 0.1 à 1.5 µm)

Les propriétés de séparation de ces membranes (perméabilité, sélectivités) dépendent


uniquement de la structure de leur peau. En particulier la perméabilité d’une membrane étant
inversement proportionnelle à son épaisseur, il est évident qu’elle sera élevée

Les membranes composites : le support poreux et la peau active sont constitués de polymères
différents

Figure 3 : Structure des membranes (Techniques de l’ingénieur)

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Caractéristiques Modules Modules Modules Modules
tubulaires fibres plans spirales
creuses
Compacité : surface de 10 à 300 9000 à 100 à 400 300 à 1000
membrane/unité de 30000
volume (m2/m3)
Diamètre de passage du 12.5 à 20 0.1 à 1 1à5 0.8 à 1.2
liquide (mm)
Remplacement des Membranes à Module Membranes Cartouche
membranes l’intérieur du tube complet par feuille spirale
ou tube
Type de prétraitements Très simple Très Moyen Moyen
nécessaires important
Tableau 1 : Caractéristiques des différents types de modules

Figure 4 : Différents types de modules (Techniques de l’ingénieur)

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Matériaux de fabrication
On distingue les membranes organiques et les membranes minérales

Membranes organiques : Les premières membranes étaient les polymères en acétate de


cellulose, actuellement d’autres polymères existent tels que polyamide, polysulfone, acrylique

Membranes minérales : On distingue les membranes à support carbone ou alumine avec une
fine couche d’oxyde de zirconium

Modules de filtration
Pour être mises en ouvre, les membranes doivent être montées dans des supports appelés
modules. On distingue les modules tubulaires, les modules fibres creuses, les modules plans et
les modules spirales (Tableau 1, figure 4)

Mécanismes et flux membranaires


Ultrafiltration

Principe
Puisque dans le cas de l’ultrafiltration, la séparation des solutés est basée sur des tailles
moléculaires différentes, la séparation peut devenir gênée si de larges molécules s’accumulent
sur le membrane. Cette accumulation réduit le flux de perméat et influence les caractéristiques
de rétention du soluté. En effet elle produit une concentration plus élevée en soluté sur la
surface de la membrane que celle au sein de la solution. Ce phénomène est connu sous le nom
de polarisation de concentration (figure 5)

Figure 5 : Polarisation des membranes (Techniques de l’ingénieur)

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Flux
La concentration d’une espèce au voisinage de la membrane va augmenter jusqu’à ce qu’un
équilibre s’établisse entre le flux transféré à travers la membrane sous l’action du gradient de
pression et le flux qui diffuse en sens inverse sous l’action du gradient de concentration de la
couche limite vers la solution. En régime stationnaire, le bilan matière relatif à l’espèce
retenue dans la portion de couche limite, comprise entre la membrane et la cote x :

Densité de flux convectif=densité de flux diffusionnel+densité de flux transféré à travers la


membrane

Soit :

𝑑𝐶
𝐽1 𝐶 (𝑥) = 𝐷2 + 𝐽1 𝐶𝑝
𝑑𝑥
Avec

• x = distance par rapport à la membrane


• C(x) = concentration du soluté sur la couche limite à la cote x
• D2 coefficient de diffusion du soluté à l’interface membrane –solution.

La théorie du film suppose qu’il existe une couche limite de polarisation prés de la membrane.

L’intégration de l’équation précédente permet de déterminer :

𝑑𝐶
𝐽1 [𝐶(𝑥) − 𝐶𝑝 ] = 𝐷2
𝑑𝑥
Soit :
𝛿 𝐶𝑜
𝑑𝐶
𝐽1 ∫ 𝑑𝑥 = 𝐷2 ∫
𝑂 𝐶𝑚 [𝐶(𝑥) − 𝐶𝑝 ]

Pour les conditions aux limites suivantes :

• C=Cm pour x= 0
• C=Co pour x=𝛿

Co, Cp, Cm désignent les concentrations, du soluté respectivement dans la solution, dans le
perméat et au niveau de la membrane. D’où

𝐷2 𝐶𝑚 − 𝐶𝑝 𝐶𝑚 − 𝐶𝑝
𝐽1 = 𝑙𝑛 = 𝑘𝑙𝑛
𝛿 𝐶𝑜 − 𝐶𝑝 𝐶𝑜 − 𝐶𝑝
𝐷2
𝑘= est le coefficient de transfert de matière du soluté. Il dépend des propriétés physico-
𝛿
chimiques de la solution, (viscosité, coefficient de diffusion) et des conditions
hydrodynamiques.

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En régime turbulent, on utilise la relation de Chilton et Colburn

𝑘𝐷𝐻
= 𝑆ℎ = 0.023𝑅𝑒 0.8 𝑆𝑐 0.23
𝐷2

La concertation Cm des macromolécules prés de la membrane peut atteindre la concentration


de gel Cg à partir de laquelle le soluté est sous forme quasi solide. (figures 5,6)

On appelle taux de rejet réel et taux de rejet observé :

𝐶𝑝
𝑇𝑅𝑟é𝑒𝑙 = 1 −
𝐶𝑚

𝐶𝑝
𝑇𝑅𝑜𝑏𝑠𝑒𝑟𝑣é = 1 −
𝐶0

Figure 6 : Modélisation de la polarisation (Techniques de l’ingénieur)

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Osmose Inverse

Principe
L’osmose inverse est née de la constatation de la réversibilité du phénomène d’osmose
naturelle ou directe. Considérons un système comportant deux compartiments séparés par une
membrane semi perméable (figure 7). S’il y a uniquement de l’eau dans les deux
compartiments, le niveau sera le même des deux cotés. Si l’on rajoute des molécules de
soluté à un coté, le système va évoluer dans le sens d’un équilibre de concentration régnant
dans chaque compartiment, mais les molécules de soluté ne peuvent pas passer à travers la
membrane. Un transfert d’eau pure va se produire pour diluer le compartiment de la solution,
le niveau d’eau va s’élever dans ce compartiment, ceci va générer une pression osmotique 𝜋
qui va entrainer l’augmentation de la hauteur du coté de la solution. Le système sera stabilisé
et le flux d’eau sera annulé quand la pression osmotique sera équilibrée par la pression
hydrostatique :

𝜋 = 𝜌𝑔ℎ

C’est l’osmose naturelle. Si maintenant on applique au dessus de la solution une pression


hydrostatique supérieure à sa pression osmotique, on observera un écoulement d’eau en sens
inverse du précédent, les solutés étant retenus par la membrane. C’est l’osmose inverse. Pour
les solutions diluées on utilise la loi de Vant’Hoff pour calculer la pression osmotique

𝜋 = 𝐶𝑅𝑇

Les différentes techniques membranaires se distinguent par la taille des molécules retenues,
celle- ci étant les plus faibles dans le cas de l’osmose inverse (figure 8), elles ont les pressions
osmotiques les plus importantes. Il s’ensuit que l’osmose inverse met en jeu des pressions
élevées (25-80 bars)

Flux
Dans le cas de l’osmose inverse, le mouvement des molécules à travers la membrane est à un
phénomène de solubilisation-diffusion. Les molécules se dissolvent dans la membrane et
diffusent à l’intérieur de celles-ci sous l’action d’un gradient de concentration et de pression.
On constate expérimentalement que les flux de solvant et de soluté à travers la membrane sont
de la forme

𝐽1 = 𝐴(∆𝑃 − ∆𝜋)

𝐽2 = 𝐵∆𝐶

• ΔP=différence de pression exercées de part et d’autre de la membrane


• ∆𝜋=différences de pression osmotique de part et d’autre de la membrane
• ΔC=différence de concentration de part et d’ autre de la membrane
• A= perméabilité de la membrane au solvant
• B =perméabilité de la membrane au soluté

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Extraction
Introduction
L’extraction est la séparation des constituants d’une solution liquide par mise en contact avec
un autre liquide. Si les composés constituant la solution initiale se distribuent différemment
entre les deux phases liquides, un certain degré de séparation s’ensuit. Si par exemple une
solution d’acide acétique dans l’eau est agitée avec un liquide tel que l’acétate d’éthyle, une
certaine quantité d’acide avec très peu d’eau vont entrer dans la phase ester. Puisqu’à
l’équilibre les densités des phases aqueuses et ester sont différentes, elles vont décanter quand
l’agitation est arrêtée. Puisque maintenant la fraction acide/eau est différente de celle de la
solution initiale et aussi différente de celle de la solution résiduaire, un certain degré de
séparation se produit.

La solution à extraire est dite alimentation, le liquide avec lequel elle est mise en contact est
dit solvant. La phase obtenue, riche en solvant, est dite extrait, le liquide résiduel duquel le
soluté a été enlevé est dit raffinat

Equilibre liquide
En extraction on travaille avec des systèmes composés d’au moins 3 constituants. On utilisera
par la suite les notations suivantes :

A et B sont les solvants, C est le soluté. Le mélanger à séparer par extraction est composé de
A et C, B est le solvant d’extraction. Les quantités sont mesurées en masse pour les opérations
batch et en masse/temps pour les opérations continues.

Soient

• E = mass/temps, un extrait
• R=mass/temps , un raffinat
• x= fraction massique de C dans le raffinat
• y= fraction massique de C dans l’extrait

Diagramme ternaire d’extraction


On décrit graphiquement les concentrations dans un système ternaire à l’aide d’u triangle
équilatéral (figure 1). La propriété de ce type de triangles est que la somme des distances
perpendiculaires de n’importe quel point dans le triangle aux trois cotés vaut l’altitude du
triangle. On adopte donc que la latitude représente 100% en composition et les distances aux
trois cotés les fractions des 3 constituants. Chaque coté du triangle représente un composé
pur. La distance perpendiculaire de n’importe quel point tel que K à la base AB représente la
composition de C dans le mélange K, la distance à la base AC est le pourcentage de B et celle
à la base CB est le pourcentage de A. Le point D par exemple est un binaire contenant 80%
de A, 20% de B. Tous les points sur la ligne DC représentent des mélanges contenant le même
rapport A/B et peuvent être considérés comme des mélanges initialement à D auxquels C a été
ajouté. Si à R kg d’un mélange est ajouté E kg, le nouveau mélange est montré sur la ligne
droit RE au point M tels que

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𝑅 𝑥𝐸 − 𝑥𝑀
=
𝐸 𝑥𝑀 − 𝑥𝑅

Figure 1: Diagramme ternaire

Systèmes ternaires, solvants A et B partiellement miscibles


Le diagramme ternaire est utilisé comme une isotherme. C est complètement soluble dans A
et B, A et B sont partiellement solubles. La courbe LRPEK (figure 2) est la courbe binodale
de solubilité. Tout mélange à l’extérieur de cette courbe est une solution homogène. Tout
mélange ternaire à l’intérieur de la courbe tels que M, va former deux phases liquides
insolubles, saturées de compositions d’équilibre indiquée par R ( riche en A ) et E (riche en B)
. La ligne RE joignant ces compositions d’équilibre est une droite de conjugaison ( conodale)
qui passe obligatoirement par M. La composition de C dans la solution E est clairement plus
élevée que celle dans R. Quand on représente les concentrations de C aux bouts des droites de
conjugaison, l’une en fonction de l’autre, on obtient la courbe de distribution.

Figure 2 : Systèmes ternaire, A et B partiellement miscibles

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Extraction en étages de contact
On suppose que chaque étage est un étage théorique d’équilibre

Un seul étage
L’opération peut être réalisée en batch ou d’une façon continue. L’alimentation F contenant A
et C à la fraction massique xF en C, est mise en contact avec S1, un solvant, principalement B
contenant C à la fraction massique ys pour donner l’extrait E1 et le raffinat R1 en équilibre.
L’opération peut être suivie sur le diagramme ternaire si les solvants sont partiellement
miscibles. L’ajout de S à F produit un mélange M1 qui, après décantation, forme les phases
d’équilibre E1 et R1 reliés par une droite de conjugaison. (figure 3)

𝐹 + 𝑆1 = 𝐸1 + 𝑅1

𝐹𝑥𝐹 + 𝑆1 𝑦𝑠 = 𝐸1 𝑦1 + 𝑅1 𝑥1 = 𝑀1 𝑥𝑀1

Figure 3 : Un étage d’extraction

Extraction à courants croisés


Dans ce cas, le raffinat est mis successivement en contact avec du solvant frais (figure 4), ceci
est réalisé continuellement ou en batch. On obtient ainsi un seul raffinat final et les extraits
peuvent être combinés pour fournir un extrait composé. Autant d’étages que souhaité sont
utilisés. Pour un étage n on peut écrire :

𝑅𝑛−1 + 𝑆𝑛 = 𝑀𝑛 = 𝐸𝑛 + 𝑅𝑛

𝑅𝑛−1 𝑥𝑛−1 + 𝑆𝑛 𝑦𝑠 = 𝐸𝑛 𝑦𝑛 + 𝑅𝑛 𝑥𝑛 = 𝑀𝑛 𝑥𝑀𝑛

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Liquides insolubles
Quand le solvant d’extraction et la solution d’alimentation sont insolubles, les calculs peuvent
être simplifiés. Dans ce cas, les concentrations d’équilibre sont tracées comme sur la figue 4
𝑥
𝑥′ =
1−𝑥
𝑦
𝑦′ =
1−𝑦

Pour chaque étage on écrit :

𝐴𝑥′𝑛−1 + 𝐵𝑛 𝑦′𝑠 = 𝐵𝑛 𝑦′𝑛 + 𝐴𝑥′𝑛

𝐴 𝑦′𝑠 − 𝑦′𝑛
− =
𝐵𝑛 𝑥′𝑛−1 − 𝑥′𝑛
𝐴
C’est l’équation de la droite opératoire pour l’étage n, de pente − 𝐵 passant par les points (x’n-
𝑛

1,y’s) et (x’n,y’n). La construction pour 3 étages d’extraction est montrée sur la figure 4.
Chaque droite opératoire croise la courbe d’équilibre aux compositions d’extrait et de raffinat.

Figure 4 : Extraction à courants croisés

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Extraction multi étagée à contre courant.
Les extraits et les raffinats s’écoulent à contre courant et donnent les produits finaux : raffinat
RNp et extrait E1. Pour un degré donné de séparation, ce type d’opération nécessite moins
d’étages pour une quantité donnée de solvant, ou moins de solvant pour un nombre fixé
d’étages, que la méthode des courants croisés. On a :

𝐹 + 𝑆 = 𝐸1 + 𝑅𝑁𝑝 = 𝑀

𝐹𝑥𝐹 + 𝑆 𝑦𝑛 = 𝐸1 𝑦1 + 𝑅𝑁𝑝 𝑥𝑁𝑝 = 𝑀𝑥𝑀

Pour des liquides insolubles, le calcul des étages est réalisé dans les coordonnées x’, y’, on a
alors

𝐴𝑥′𝐹 + 𝐵 𝑦′𝑠 = 𝐵𝑦′1 + 𝐴𝑥′𝑁𝑝

𝐴 𝑦′ − 𝑦′𝑆
= 1
𝐵 𝑥′𝐹 − 𝑥′𝑁𝑃
𝐴
C’est l’équation de la droite opératoire de pente𝐵 passant par les points (y’1,x’F), (y’s,x’NP) La
construction des étages est montrée sur la figure 5.

Figure 5 : Extraction multi étagée à contre courants

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