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EVALUATION DES

IMMOBILISATIONS
CORPORELLES ET
INCORPORELLES
« Comptabilité Approfondie »

Réalisé par : ELYOUSSFI Reda


I- Généralités :
1. Définitions :
D’après le CGNC, les immobilisations sont des éléments de l’actif appartenant à l’entreprise et
destinés à être conservés durablement par celle-ci.
N.B. : En principe, l’expression « durablement » signifie une durée supérieure à douze (12)
mois.
2. Classification des immobilisations :
Le plan comptable marocain classifie les immobilisations selon leur nature.
2.1. Les immobilisations en non-valeurs :

Le principe de prudence tient à ne pas transférer à des exercices ultérieurs les charges ou les
produits qui doivent grever le résultat de l’exercice en cours. Or, la dérogation à ce principe
peut être prononcée par les gestionnaires de l’entreprise en étalant certains frais sur plusieurs
exercices, il s’agit en l’occurrence des frais qui précèdent ou contribuent au développement de
l’organisation (voir la liste limitative du poste 211. Frais préliminaires), ou des simples charges
qui, dans une perspective de continuité d’exploitation, sont étalées par décision de gestion étant
donné qu’elles sont attachées à des dépenses dont l’impact touche plusieurs exercices ; les frais
d’acquisition des immobilisations qui ne font pas partie du coût sont un exemple illustratif.
En effet, ces charges doivent être amorties le plus tôt possible dans un délai maximum de cinq
(5) exercices. La règle du prorata temporis demeure une option pour les immobilisations en
non-valeur, aucune mention au niveau du CGNC ne tranche sur ce point, sa négligence se
justifie par le fait que ces charges qui sont transférées à l’actif se sont déroulées durant des dates
différentes ce qui revient à prendre toute l’année comme base de calcul. Les primes de
remboursement des obligations sont exceptées de ces règles1.

Exemple : Les frais d’augmentation de capital sont constitués de plusieurs charges tels que les
droits d’enregistrement et de timbre, la taxe notariale, les honoraires du notaire, la rémunération
du commissaire aux apports, l’inscription modificative au registre de commerce, etc. Chacune
de ces charges a un jour d’opération différent, ce qui rend difficile le choix d’une date précise,
d’où le recours à la négligence da la règle du prorata temporis.

La décision d’étaler les frais préliminaires n’est pas sans conséquence. La loi n° 17-95 relative
aux sociétés anonymes dans son article 328 interdit toute distribution de bénéfice avant
l’amortissement total des frais de constitution.
2.2. Les immobilisations incorporelles :

Il s’agit d’actifs autres que monétaires et corporelles, les immobilisations incorporelles sont
destinées à la maîtrise et au renforcement de l’activité de l’entreprise, le plan comptable
marocain les distingue ainsi :
- Immobilisation en recherche et développement ;

1
Voir : les emprunts obligataires.

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- Brevets, marques, droits et valeurs similaires ;
- Fonds commercial ;
- Autres immobilisations incorporelles.

2.3. Les immobilisations corporelles :

Au-delà de la définition générale d’une immobilisation, les immobilisations corporelles sont


caractérisées par leur substance physique. Et par analogie de la conception patrimoniale du
bilan marocain, seules les immobilisations dont l’entreprise exerce un droit de propriété figurent
au bilan.
2.4. Les immobilisations financières :

Les immobilisations financières représentent l’emploi du fonds par l’entreprise dans une
perspective de longue durée, soit dans le cadre de prêts accordés à des tiers, soit à l’achat de
titres qui peuvent représenter des droits de créances ou de propriétés. L’acquisition des titres
peut être sous une autre forme autre que l’achat.
3. Distinction entre immobilisations, stocks et charges :
C’est au critère de la durée que, généralement, la distinction se fait entre les immobilisations et
les stocks, ces derniers sont définis par le CGNC comme l'ensemble des biens ou services qui
interviennent dans le cycle d'exploitation de l'entreprise pour être :
- soit vendus en l'état ou au terme d'un processus de production à venir ou en cours ;

- soit consommés au premier usage.

Par ailleurs, la distinction entre une charge et une immobilisation est souvent claire. Cependant,
certaines situations sont confuses. C’est le cas par exemple de pièces de rechange. En fait,
l’esprit comptable dans notre contexte demeure tributaire de l’esprit fiscal, c’est la raison pour
laquelle que la solution souvent retenue est celle édictée par l’administration fiscale.

Les dépenses qui ont pour effet d’augmenter la valeur ou de prolonger la durée de vie de
l’immobilisation doivent être immobilisées. Cette pratique permet à l’entreprise à se conformer
au droit fiscal en évitant de perdre la déductibilité de la charge totale s’elle est rangée
directement dans un compte de la classe 6 et par conséquent de bénéficier de la déductibilité
des dotations aux amortissements.
La solution proposée ci-dessus ne constitue pas une règle figée. Elle demeure une option qui
permet d’optimiser la charge fiscale et que l’entreprise peut l’adopter ou non. Par conséquent,
rien n’interdit l’entreprise d’opter pour l’option la plus favorable à son contexte.
4. Les biens à faible valeur :
Certaines dépenses doivent être, normalement, immobilisées. Cependant, la loi comptable, en
vue de leur caractère non significatif, autorise leur inscription en charge. La loi fiscale s’aligne
sur cette visée.

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Certains praticiens prennent comme seuil 5 000 DH, et ce, par référence au seuil fixé par
l’administration fiscale française de 500 €. Cette pratique n’a aucun fondement juridique dans
le territoire marocain.

Un esprit qui recherche à optimiser sa charge fiscale chercherait à inscrire en charge toute
dépense qu’il juge à faible valeur. En revanche, une attention particulière doit être fournie sur
ce point du fait que certaines dépenses peuvent être passibles à la taxe professionnelle. En
revanche, un dirigeant qui a une certaine aversion vis-à-vis du risque, qu’il favorise l’inscription
en immobilisation toute dépense sorte d’amalgame.

Au Maroc, aucun seuil n’est fixé par l’administration fiscale. En pratique, les entreprises
peuvent communiquer l’administration fiscale par une lettre en vue de négocier un seuil propre
à l’entité.
II- Règles d’évaluation des immobilisations corporelles et incorporelles :
Règle d’or : la comptabilisation est conditionnée par la destination, la forme importe peu.
La valeur d’une immobilisation peut revêtir trois formes, sa valeur d’entrée à l’actif, sa valeur
actuelle, et sa valeur de sortie. Nous nous concentrons sur ce chapitre sur les règles d’évaluation
de la valeur d’entrée.
1. Cas généraux :
1.1. Les immobilisations à titre d’onéreux :

Lorsque l’entreprise achète une immobilisation, de multiples frais accessoires accompagnent


une telle opération. Le coût complet et réel par lequel l’immobilisation doit être portée à l’actif
est privé de quelques frais.
Le CGNC affirme que le coût d’une immobilisation acquise à titre onéreux est formé :

- Du prix d’achat augmenté des droits de douane et autres impôts et taxes non
récupérables et diminué des réductions commerciales obtenues et des taxes légalement
récupérables ;
- Des charges accessoires y afférentes, tels que :
• Transports ;
• Frais de transit ;
• Frais de réception ;
• Assurance-transport, etc.

À l’exclusion des taxes légalement récupérables.

- Des charges d’installation qui sont nécessaires pour mettre le bien en état d’utilisation
à l’exclusion des frais d’essais et de mise au point qui sont à classer dans les charges de
l’exercice, ou, le cas échéant, susceptibles d’être répartis sur plusieurs exercices.
Sont cependant à exclure des charges accessoires d’achat des immobilisations les frais
d’acquisition d’immobilisations qui consistent en :
- Droits de mutation (d’enregistrement) ;

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- Honoraires et commissions ;
- Frais d’actes.
Ces frais sont à inscrire en « charges à répartir sur plusieurs exercices », et amortir sur cinq
exercices au maximum.

Les frais généraux et les charges financières engagés pour l’acquisition d’immobilisations sont
exclus du coût d’acquisition de ces immobilisations.

Toutefois, dans le cas exceptionnel d’un délai d’acquisition supérieur à un an, les frais
financiers spécifiques de préfinancement se rapportant à cette période peuvent être inclus dans
le coût d’acquisition de ces immobilisations ; avec mention expresse dans l’ETIC (A1).
Ainsi, la norme générale comptable marocaine expurge de ce coût, les frais d’administration
générale et les charges de sous-activité.
1.1.1. Cas d’application :
En raison de la concurrence acharnée qui touche le secteur d’imprimeries, la société «
JPV S.A.R.L » a décidé de moderniser son matériel de production.
Le 27/04/N, le directeur général de la société accompagné de l’un des techniciens les plus
qualifiés, se sont déplacés chez quelques fournisseurs d’immobilisations locaux pour le choix
d’une machine adéquate aux besoins de production, le coût global des déplacements s’est élevé
à 3 000 DH.

Le 30/04/N, l’entreprise a pris le choix d’acheter la machine dénommé « USR-243 » pour un


prix HT de 600 000 DH.
Le 01/05/N, l’entreprise verse une avance de 50 000 DH.

Le 05/05/N, une facture accompagnée d’un bon de livraison a été reçue par le comptable avec
le prix susvisé et un escompte de 1%. Le taux de la TVA est de 20%.
Les conditions de paiement sont fixées ainsi :

- 50% à la livraison en tenant compte l’avance déjà versée ;


- Le solde sous 60 jours après la livraison.
Le 09/05/N, la facture du transporteur se présente d’un montant TTC de 2 280 DH.

Le fournisseur s’est chargé de l’installation de la machine, mais en raison de la nouveauté


technologique qui caractérise le bien, un supplément de 9 600 DH TTC a été facturé, le 03/06/N,
en contrepartie de la formation du personnel de la « JPV S.A.R.L. »
1.1.2. Solution :
En application des règles citées plus haut, les dépenses du déplacement ne doivent pas
constituer un élément du coût de l’immobilisation. Celles-ci doivent être rangées dans un
compte de charge.

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27/04/N
61435 Missions 3 000
4488 Divers créanciers 3 000

01/05/N
2397 A & A versés sur commandes 50 000
d’immobilisations corporelles
5141 Banques 50 000

05/05/N
2332 Matériel et outillage 600 000
3455 Etat – TVA récupérable 118 800
4481 Dettes sur acquisition 356 400
5141 d’immobilisations
2397 Banques 306 400
7386 A & A versés sur commandes 50 000
Escomptes obtenus 6 000

Si le paiement n’intervient qu’après un an de la date d’acquisition, un compte de financement


permanent doit être utilisé « 1486. Fournisseurs d’immobilisations ».
Le transport constitue aussi un élément du coût, et donc il doit être incorporé. Il est à rappeler
que la TVA à appliquer sur le transport de marchandises est à l’ordre de 14%.

09/05/N
2332 Matériel et outillage 2 000
3455 Etat – TVA récupérable 280
4488 Divers créanciers 2 280

La formation constitue un événement post-installation, la dépense ne fait pas partie du coût.


03/06/N
6136 Rémunérations d’intermédiaires et 8 000
honoraires 1 600
3455 Etat – TVA récupérable
4488 Divers créanciers 9 600

En pratique, le comptable de la société peut, au lieu de passer facture par facture, de constituer
un dossier d’immobilisation afin d’enregistrer en seul coup le nouvel actif. Bref, tout dépend
de l’organisation comptable de la société.
L’entreprise a l’option d’activer les frais accessoires en les amortissant dans un délai maximum
de cinq (5) exercices.

Supposons que les dirigeants de la société ont opté pour ce choix. La durée retenue pour amortir
ces frais est de 3 ans.

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31/12/N
2121 Frais d’acquisition des immobilisations 8 000
7197 Transferts de charges d’exploitation 8 000

6191 DEA des IENV 1 555.56
2812 Amortissements des charges à répartir 1 555.56

N.B. : Comme indiqué ci-dessus, l’application du prorata temporis demeure le choix de


l’entreprise. L’application de cette règle pour tel cas est légitime étant donné que la date de
l’opération est seule et précise. Aucune mention au niveau de la loi comptable marocaine
n’impose la négligence du prorata temporis pour les immobilisations en non-valeurs.

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