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Revue de la littérature
I N F O A R T I C L E R É S U M É
Historique de l’article : Objectifs. – La découverte récente du plus vieux cancer, un ostéosarcome d’un métatarse, chez un
Reçu le 12 septembre 2016 hominidé datant de 1,7 millions d’années fait poser la question de l’origine du cancer et de ses
Accepté le 6 octobre 2016 déterminants. Nous avons voulu connaı̂tre s’il y avait des cancers ou tumeurs bénignes décrites dans
Disponible sur Internet le xxx
littérature pendant la préhistoire et l’antiquité.
Méthodes. – Nous avons réalisé une revue de la littérature via Pubmed et Google. Seuls les cas confirmés
Mots clés : par un examen morphologique et au moins un examen paraclinique complémentaire ont été retenus. Les
Australopithecus afarensis
mots clés suivant ont été utilisés : cancer; paleopathology; malignant neoplasia; benign tumor; leiomyoma;
Anthropologie
Évolution
myoma; breast cancer; mummies; soft tissue tumor; Antiquity.
Cancer Résultats. – Trente-cinq articles ont répondu à nos critères de sélection dans lesquelles étaient décrits
Paleopathologie 34 tumeurs malignes, 10 tumeurs bénignes et 11 tumeurs bénignes gynécologiques.
Fibrome utérin Conclusions. – Même s’il y avait peu de tumeurs, leur nombre étant probablement sous-estimé, leur
description et leur confirmation ne font pas de doute. Le cancer ne serait donc pas une maladie liée
uniquement à l’industrialisation et au mode vie de l’époque moderne. Nous avons probablement hérité
de nos ancêtres d’une prédisposition génétique dont l’interaction avec les carcinogènes de
l’environnement et notre longévité pourrait conduire aux cancers.
ß 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
A B S T R A C T
Keywords: Objectives. – The recent discovery of the earliest hominin cancer, a 1.7-million-year-old osteosarcoma
Australopithecus afarensis from South Africa has raised the question of the origin of cancer and its determinants. We aimed to
Anthropology
determine whether malignant and benign tumors exist in the past societies.
Evolution
Methods. – A review of literature using Medline database and Google about benign and malignant
Cancer
Paleopathology tumors in prehistory and antiquity. Only cases with morphological and paraclinical analysis were
Leiomyoma included. The following keywords were used: cancer; paleopathology; malignant neoplasia; benign
tumor; leiomyoma; myoma; breast cancer; mummies; soft tissue tumor; Antiquity.
Results. – Thirty-five articles were found in wich there were 34 malignant tumors, 10 benign tumors
and 11 gynecological benign tumors.
Conclusions. – The fact that there were some malignant tumors, even few tumors and probably
underdiagnosed, in the past may be evidence that cancer is not only a disease of the modern world.
Cancer may be indeed a moving target: we have likely predisposing genes to cancer inherited from our
ancestors. The malignant disease could therefore appear because of our modern lifestyle (carcinogens
and risk factors related to the modern industrial society).
ß 2016 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : chenegautier@yahoo.fr (G. Chene).
http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2016.10.001
1297-9589/ß 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Pour citer cet article : Chene G, et al. Le(s) cancer(s) de Lucy : une origine préhistorique ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité (2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2016.10.001
G Model
GYOBFE-2998; No. of Pages 11
Pour citer cet article : Chene G, et al. Le(s) cancer(s) de Lucy : une origine préhistorique ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité (2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2016.10.001
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Tableau 1
Description des différentes types de tumeurs bénignes ou malignes de la préhistoire et de l’Antiquité. Sont précisés la région et pays, la datation, la distribution des lésions, le
diagnostic tumoral, le sexe, l’âge et la prévalence au sein de la sépulture.
Références Région/pays Datation Distribution anatomique Diagnostic tumoral Sexe Âge Prévalence
des lésions
[4] Malapa/Afrique du Sud 1,98 M 6e vertèbre thoracique Ostéome ostéoı̈de bénin M 12–13 ans ?
Australopithecus
sediba
[5] Vogelherd, Sud-Ouest 32,500 Déformation cranienne Méningiome ? ? ?
de l’Allemagne parasagittal
[1] Swartkrans/Afrique du Sud 1,7 M 5e métatarse gauche Ostéosarcome Hominidé et ? ?
sexe indéterminé
[6] Krapina/Croatie 120,000 Côte supérieure gauche Dysplasie fibreuse Néanderthalien Adulte ?
[7] Hongrie 1er au 5e Lésions ostéoblastiques et Cancers osseux 1F 40–50 ans ?
(3 individus) siècle ostéolytiques disséminées métastatiques d’origine 2m
après JC (pelvis, rachis, fémur, mammaire (?) et
crâne, côtes, scapula) prostatique (?)
[8] Lac Baikal/Sibérie/Russie 4588 34 lésions ostéoblastiques Cancer osseux M 35–45 ans ?
avant JC et ostéolytiques métastatique d’origine
disséminées (crâne, pulmonaire (?) ou
vertèbres, sacrum, côtes, prostatique (?)
sternum, pelvis, fémur,
humérus, chevilles)
[8] Lac Baikal/Sibérie/Russie 5000 Lésion lytique de l’os Cancer osseux M 30–35 ans ?
avant JC frontal droit métastatique
[8] Lac Baikal/Sibérie/Russie 4000 Lésions lytiques des Myélome multiple M > 50 ans ?
avant JC fémurs, tibias, fibula,
crâne
[9] Pays basque/Nord de 5000 Lésions ostéoblastiques de Carcinome osseux M ? 1/285
l’Espagne avant JC l’aile iliaque gauche et du métastatique d’origine
sacrum prostatique
Lésions ostéolytiques
scapulaires
[10,11] Arzhan, Sibérie/Russie 2700 Lésions ostéoblastiques et Cancer osseux M 40–50 ans ?
avant JC ostéolytiques disséminées métastatique d’origine Individu
(crâne, vertèbres, côtes, os prostatique, prouvé par le Dénommé Roi
longs) dosage des PSA et par Scythian
l’hyperméthylation du
gène p141RF
[12] Tennessee/États-Unis 1200–1600 Lésions ostéolytiques du Cancer osseux F > 55 ans 1/843
avant JC crâne, sternum, de métastatique d’origine
7 vertèbres, pelvis et mammaire (?),
humérus gauche pulmonaire (?), rénale (?)
ou thyroı̈dienne (?)
[13] Kentucky/États-Unis 1000 Lésion de la branche Ostéosarcome de la M 28 ans ?
avant JC droite de la mandibule mandibule
[14] La Pampa/Argentine 700 avant JC Lésions ostéolytiques des Cancer osseux M 40–50 ans ?
vertèbres, côtes, pelvis, métastatique
scapula, fémurs, humérus
gauche et ulna droit
[15] Chernovski/Alaska 1000–1800 Lésions ostéolytiques Méningiome agressif de la M 40 ans ?
avant JC basi-occipitales, base du crâne
sphénoı̈dale et palatine
avec lyse de la selle
turcique et hyperplasie
osseuse unilatérale
(branche gauche de la
mandibule et processus
coronoı̈de)
[16] Les Andes/Pérou et Chilie 8000 Lésions ostéolytiques du Cancer osseux F 45 ans 1/703
avant JC rachis, crâne, pelvis, métastatique d’origine
fémur droit, sacrum, mammaire (?)
sternum
[17] Amara/Soudan 1200 Lésions ostéolytiques Cancer osseux M 25–35 ans ?
avant JC diffuses (scapula, métastatique d’origine
clavicules, sternum, indéterminée
vertèbres, sacrum, pelvis)
[18] Nubie Période Lésion ostéolytique Cancer osseux M Adulte ?
meroı̈tique frontale et pariétale métastatique d’origine
3e siècle droite, aile iliaque droite, vésicale (?)
avant JC vertèbre lombaire et
scapula gauche
[19] Égypte Entre 2350 Lésions ostéolytiques du Carcinome nasopharyngé F 35–45 ans ?
à 1786 crâne (région sphénoı̈de,
avant JC base du crâne, région
ethmoı̈dale et nasale
[20] Menya/Égypte 500 après JC Lésions ostéolytique du Carcinome nasopharyngé M 30–35 ans ?
nasopharynx
Pour citer cet article : Chene G, et al. Le(s) cancer(s) de Lucy : une origine préhistorique ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité (2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2016.10.001
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Tableau 1 (Suite )
Références Région/pays Datation Distribution anatomique Diagnostic tumoral Sexe Âge Prévalence
des lésions
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Tableau 2
Description des différentes technologies utilisées pour déterminer le diagnostic de tumeurs bénignes ou malignes de la préhistoire et de l’Antiquité.
1825 comme étant un « œdème ovarien » (« ovarian dropsy »), Les fibromes calcifiés (Fig. 5) ainsi que le tératome ovarien
correspondant à un carcinome ovarien. Il a fallu attendre 1994 pour étaient de localisation centropelvienne (évitant ainsi la confusion
qu’une histologie ovarienne soit réalisée sur cette momie avec d’autres type de calcifications ou encore avec de simples
égyptienne et confirme la nature kystque bénigne [29,35]. pierres) [22,29,35–37] (Fig. 6–8). La confirmation diagnostique a
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Tableau 3
Description des différentes types de tumeurs bénignes ou malignes gynécologiques de la préhistoire et de l’Antiquité. Sont précisés la région et pays, la datation, la
distribution des lésions, le diagnostic tumoral, le sexe, l’âge et la prévalence au sein de la sépulture.
Références Région/pays Datation Distribution anatomique des lésions Diagnostic Sexe Âge Prévalence
tumoral
[29] Gurna/Égypte 330–30 avant JC Nodule quadrant externe du sein gauche Fibroadénome F 35 ans ?
de 1 cm de diamètre mammaire
[36] Gurna/Égypte 600 avant JC Kyste pelvien bilatéral Cystadénome F 50–55 ans
bilatéral ovarien
[36] Corseaux-sur- 4700–3490 avant JC Masse calcifiée sphériquede Fibrome calcifié F Adulte ?
Vevey/Suisse 5,6 5,2 4,5 cm irrégumière pelvienne
e e
[36] Valais/Suisse 5 au 10 siècle après JC Lésion pelvienne calcifiée de Fibrome calcifié F Adulte ?
4,6 3,2 2,5 cm
e e
[36] Vaud/Suisse 5 au 7 siècle après JC Lésion pelvienne calcifiée de Fibrome calcifié F Adulte ?
3 2,6 1,8 cm
[29] Herculaneum/Italie 79 après JC Masse ovoı̈de de 7,1 6,3 4,7 cm Fibrome calcifié F 50–55 ans ?
[29] Abruzzo/Italie 2e au 3e siècle après JC Masse calcifiée Fibrome calcifié F 32 ans ?
[29] Abruzzo/Italie 6e au 4e siècle avant JC Masse calcifiée Fibrome calcifié F Adulte ?
[29] Abruzzo/Italie 6e au 4e siècle avant JC Masse sphéroı̈de de 1,3 cm de diamètre Fibrome calcifié F 40 ans
[22] Sayala/Égypte 3 au 4e siècles après JC Tumeur calcifée mesurant Fibrome utérin F 35–45 ans 1/451
123 80 105 mm localisé au niveau du calcifié
pelvis sans connection avec d’autres
éléments osseux
[37] La Fogonussa/Espagne 5e siècle avant JC Masse calcifiée spérique de Tératome ovarien F 30–40 ans 1/46 ?
42,72 mm 44,27 mm contenant
4 structures dentaires
M : millions d’année ; m : mâle ; f : femelle ; JC : Jésus Christ.
4. Discussion
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Fig. 4. Tératome médiastinal (femme âgée de 25 à 45 ans) localisé en avant du rachis thoracique. A. Stucture sphérique composée de 4 fragments dont la reconstruction
mesure 4 cm de grand axe. B. Cette structure contenait 5 dents (avec l’aimable autorisation du Dr Philippe Charlier) [31].
Fig. 5. Fibrome calcifiée (femme âgée de 40–50 ans) : a : aspect macroscopique ; b : aspect radiologique ; c : aspect histologique (avec l’aimable autorisation du Pr Gino
Fornaciari) [29].
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Fig. 7. Tératome ovarien. A et B. Il s’agit d’une masse sphérique de 42,7 mm 44,2 mm. C. Remarquez le travail de nettoyage du Docteur Armantano. Cette tuméfaction est
pratiquement vide hormis la présence de dents (deux dents partiels déformés et deux dents complètes) entourés de différentes cloisons. D. Image scannographique montrant
les septas et les dents (avec l’aimable autorisation du Dr Nuria Armentano) [37].
mortem au fil du temps de ces tumeurs (acidité des sols, érosion, Si l’industrialisation n’explique pas (complètement) les cancers,
décomposition bactérienne post-mortem. . .) [2,3,27] ou encore par quelles en sont les causes ? Nous donnerons ici quelques pistes de
détériorations lors des fouilles. S’ajoutent à ces éléments le coût réflexion :
financier de ces technologies innovantes, les difficultés d’analyse
sans abı̂mer le matériel et par voie de conséquence les refus des certains carcinogènes environnementaux (l’abestose par exam-
musées et/ou gouvernements de préter leurs collections à des fins ple) existent naturellement et pouvaient donc interagir chez nos
d’analyse (le squelette de Lucy est ainsi enfermé dans un coffre fort aieux [3,27] ;
en Éthiopie à Addis-Abeba et seules des copies obtenues par l’effet des fumées potentiellement toxiques provenant des feux
moulage peuvent être actuellement étudiées). Les technologies de bois dans des foyers non suffisament aérés et ventilés.
mini-invasives par biopsie ainsi que tous les nouveaux outils non Certains auteurs le comparent au tabagisme passif et l’incrimi-
invasifs par imagerie 3D pourront certainement apporter des nent dans la genèse des carcinomes nasopharyngés [2,3,27] ;
solutions [1].
Tableau 4
Description des différentes technologies utilisées pour déterminer le diagnostic de
tumeurs bénignes ou malignes gynécologiques de la préhistoire et de l’Antiquité.
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différentes pathologies infectieuses peuvent se compliquer de la longévité : l’augmentation de l’espérance de vie au-delà de
cancers. Citons la bilharziose (présente en Égypte actuellement 70–80 ans serait l’une (la ?) des principales causes d’explosion
mais aussi dans l’ancienne Égypte avec des descriptions datant de la prévalence des cancers actuellement (durée d’exposition
de 1500 BC) et son rôle dans le cancer de vessie mais aussi dans prolongé aux carcinogènes environnementaux et autres pollu-
le cancer du sein masculin (en rapport avec les perturbations ants) [2,3].
hormonales liées à la cirrhose secondaire à la shistosomiase)
[17,27,38–40]. Pour autant, à espérance de vie et mode de vie similaires, on
retrouve actuellement des différences significatives de prévalence
La relation entre Helicobacter pylori et le cancer gastrique est et d’incidence de cancers en fonction des zones géographiques.
également démontré. L’existence de cette bactérie semble être Même la prévalence des types histologiques tumoraux peuvent
ancestrale d’après les données de génétique moléculaires il y a différer d’un pays à l’autre [2,3]. La longévité de l’ère moderne
58 000 années [41]. n’explique donc pas tout.
Le cancer du nasopharynx est quant à lui étroitement lié au L’interaction ADN nucléaire/ADN mitochondriale [47–49] : la
virus d’Epstein Barr, responsable d’infections fréquentes dans migration des premiers hommes préhistoriques vers les contrées
l’ancienne Égypte [27]. nordiques se serait accompagnée d’un certain nombre de
HPV 18 (et probablement les autres sérotypes), bien connu pour mutations au niveau de l’ADN mitochondrial afin de modifier les
son rôle dans le cancer du col utérin, était déjà présent en Afrique il fonctions bioénergétiques de la mitochondrie et permettre une
y a 200 000 ans [42]. économie d’énergie. Cette adaptation mitochondriale héritée de
nos ancètres conduirait à une synthèse accrue de résidus oxydatifs
la sous-estimation du nombre de cancers pendant la pré- toxiques en cas de vie sédentaire et de régime alimentaire trop
histoire et l’Antiquité [25]. Comme nous l’avons déjà expliqué, riche. Ce stress oxydatif serait par la suite la source de dommages
certaines tumeurs n’ont certainement pas été diagnostiquées cellulaires via de spécifiques interactions génomiques nucléaires,
[25]. Nous avons déterminé, dans les Tableaux 1 et 3, des préludes à différentes pathologies dont le cancer.
prévalences qui doivent être interprétées avec prudence
puisqu’elles ne sont qu’un reflet de la fréquence tumorale 4.2. Les tumeurs gynécologiques
dans la sépulture étudiée (qui n’est pas forcément unique dans
la localité), indépendant de l’âge ou du sexe. Cependant, Nerlich La problématique des tumeurs gynécologiques est différente
et al. [25,26] ont compilé les fréquences tumorales au niveau de des tumeurs osseuses en raison de la question de la conservation
différentes nécropoles de l’ancienne Égypte et les ont compa- dans le temps des tissus gynécologiques.
rées à des données plus récentes. Sur leur série de 905 individus Le premier cas de cancer du sein a été décrit dans un papyrus
(3200–500 BC) [25], 5 cancers osseux ont été identifiés, soit une (appelé Papyrus d’Edwin Smith) datant entre 3000 à 1600 BC et
fréquence de 0,55 %. Dans le groupe contrôle de 2457 individus peut-être rédigé par le médecin égyptien Imhotep [17]. Ce papyrus
allemands (1400–1800 AD), 13 cancers osseux ont été a été découvert à Thèbes en 1962 et a été traduit par J.H. Breasted
identifiés, soit une fréquence de 0,53 %. Les auteurs ont ensuite (1865–1935), directeur de l’institut oriental de l’université de
utilisé un modèle mathématique permettant de calculer la Chicago [50]. La version traduite en anglais est téléchargeable
prévalence attendue de cancer en se basant sur une population gratuitement sur le site internet « The Oriental Institute » (https://
contrôle connue (âge et sexe) anglaise du 20e siècle [43]. L’équa- oi.uchicago.edu). Il contient huit descriptions de « tumeurs » et/ou
tion de Waldron [43] obtenait une nombre attendu de cancer cancer présumé du sein, avec un doute sur le sexe pour le cas 45 XV
dans le groupe de mommies egyptiennes entre 4 et 9, et pour 15-16 (« man » homme) : on peut lire les mots et expressions
le groupe contrôle allemand entre 11 et 20 [25]. Les auteurs comme « bulging tumors » (tumeurs globuleuses), « breast
[25] concluaient ainsi qu’il y avait autant de cancers dans les tumors. . . cool » (tumeurs du sein. . . froides), « no fever » (pas
anciens temps que dans les périodes modernes : l’environne- de fièvre), « they have no granulation, contain no fluid, give rise to
ment et les autres facteurs de carcinogenèses ne seraient pas no liquid discharge. . . protuberance to your touch » (elles n’ont pas
prédominants et seul l’espérance de vie pourrait expliquer, de granulations, pas de contenu liquide, pas d’écoulement. . .
selon ces même auteurs, la différence de prévalence (moins de protubérance à la palpation), « swellings on the breast, large,
15 % de la population égyptienne dépassait l’âge de 46 ans) spreading and hard. . . like touching a ball of wrappings, or . . .
[25,27] ; unripe hemat-fruit. . . hard » (tuméfaction de la poitrine, large,
la relation phylobiologique entre le cancer et les vertébrés [3] : il s’étendant et dure. . . comme une boule de bandelettes ou un fruit
n’y a pas de cancer chez les invertébrés ni chez les plantes pas mûr. . . dur) [50,51] mais aucun cas clinique n’a pour l’instant
[3,44]. Le cancer semble être une caractéristique spécifique des été retrouvé et identifié.
vertébrés. Le cas le plus ancien décrit remonte à 350 millions Les tumeurs gynécologiques qui peuvent se calcifier dans le
d’années BP [3] : il s’agissait d’une tumeur osseuse au niveau de temps sont, par contre, à même d’être découvertes. Les fibromes
la mâchoire d’un poisson fossilisé découvert à Cleveland dans sont un bon exemple et constituent la majorité des tumeurs
l’Ohio. Des cas de tumeurs ont aussi été diagnotiqués chez des gynécologiques retrouvées. Leur diagnostic peut être difficile en
dinosaures, le plus souvent bénignes à type d’hémangiomes ou raison de nombreux autres diagnotics différentiels (ganglion
d’ostéomes. Citons également le cas de cet os de dinosaure du lymphatique calcifié, kyste hydatique calcifié, nodules de tuber-
Jurassique supérieur présentant des lésions ostéolytiques dont culose pértonéal calcifié) nécessitant ainsi le recours à des
l’aspect morphologique et radiologique est en faveur d’un cancer examens paracliniques complémentaires [52].
osseux métastatique [45]. Une étude épidémiologique et L’absence de tumeurs gynécologiques malignes et la rareté des
radiologique sur 10 312 vertèbres de dinosaures a également tumeurs gynécologiques bénignes peuvent donc s’expliquer par
révélé la présence de tumeurs bénignes (hémangiomes, plusieurs facteurs :
fibromes desmoplastiques, ostéoblastomes) mais 1 seul cas de
cancer métastatique (1/548 dinosaures ornithopode à bec de la nécessité de préservation des viscères [2,3,29]. L’embaume-
canard de type Edmontosaurus) [46]. La rareté des cancers chez le ment des momies comportait en effet l’ablation des organes
dinosaure pourrait s’expliquer par l’actvité de prédations de internes et viscères pendant la période égyptienne dynastique
certains d’entre eux [3] ; ( 3150 à 30). Les organes internes étaient par contre conservés
Pour citer cet article : Chene G, et al. Le(s) cancer(s) de Lucy : une origine préhistorique ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité (2016),
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Revenons maintenant à notre amie Lucy, Australopithecus forte incidence du cancer de la prostate chez l’être humain et le
afarensis. Cette petite femelle australopithèque âgée d’environ chien alors qu’il n’y en a pas ou peu chez les autres mammifères
3,2 millions d’années mesurant environ 1 m 05 pour un poids (en captivité ou en liberté) ;
estimé entre 24 et 34 kg n’en finit pas de dévoiler les secrets de son variations géographiques : la relative faible incidence du cancer
existence. Après que nous avons analysé son bassin et sommes du sein et de la prostate chez les asiatiques par rapport aux
arrivés à la conclusion qu’elle aurait pu accoucher malgré un habitants d’Amérique du Nord ; forte augmentation de
bassin platypelloı̈de par voie basse [54,55], qu’elle n’aurait pas pu l’incidence de ces cancers en cas de migration des asiatiques
développer de prolapsus urogénital en raison de la conformation et leurs descendants en Amérique du Nord.
de son pelvis [56], nous apprenons maintenant qu’elle serait
décédée vers l’âge d’une vingtaine d’année suite à une chute Ces deux constats pourraient être en rapport avec des facteurs
mortelle d’environ 12 m de hauteur, à une vitesse de plus de environnementaux. Coffey [59] propose la théorie suivante
56 km/h, d’après la présence d’un trait de fracture de l’humérus (Tableau 5) : l’espèce humaine a trop rapidement changé de
droit, caractéristique d’un traumatisme par chute [57]. Bien que mode de vie (alimentation, sédentarité) en l’espace de seulement
les arboricoles soient plutôt agiles et aient le sens de l’équilibre, 15 000 années alors qu’il n’y a pas eu assez de temps pour
peut-être Lucy était-elle particulièrement maladroite ? Les l’adaptation biologique. Les perturbations hormonales liées à notre
auteurs de l’étude considèrent que l’acquisition de la bipédie « mauvaise » alimentation, aux pesticides et autres polluants de
pourrait avoir compromis son habileté à grimper aux arbres l’environnement (phyto-œstrogènes et autres perturbateurs endo-
[57]. Les 52 ossements de son squelette ont été a priori examinés à criniens retrouvés dans les aliments industriels, aromatisation des
plusieurs reprises et aucun chercheur n’a mis en évidence de androgènes en œstrogènes dans le tissus gras des patientes obèses
tuméfactions osseuses suspecte de cancer. Pour autant, ce trait de ou surpoids) conduiraient au stress oxydatif, à des phénommènes
fracture vient d’être mis en évidence alors que Lucy a été inflamatoires et au final à une dérégulation de la stabilité
découverte il y a plus de 40 ans en 1974 par l’équipe du Professeur génétique, prélude au cancer [59,60].
Coppens.
Aurait-elle pu avoir un cancer ? L’anatomie comparée des
grands singes (bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs outans) Déclaration de liens d’intérêts
révèle que ces derniers peuvent avoir des fibromes utérins mais les
principaux cancers de l’espèce humaine (seins, prostate, poumon Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
et colorectaux) sont inhabituels chez les singes [58]. Compte tenu
de son âge à sa mort, Lucy ne devait donc pas avoir de pathologies Remerciements
tumorales.
Les auteurs remercient chaleureusement le Pr Patrick
5. Conclusion S. Randolph-Quinney, le Pr Gino Fornaciari, le Dr Philippe Charlier
et le Dr Nuria Armentano pour avoir accepté de diffuser leurs
Nos propos ne doivent pas être mal interprétés et trop photos ainsi que les échanges constructifs qui ont aidé à la
rapidement « caricaturés ». Nous avons voulu démontré que la réalisation de ce travail. Les auteurs les remercient également de
genèse du cancer et certaines anomalies génomiques ou mutations leur contribution dans ce numéro de la revue de Gynécologie
génétiques pouvaient être héritées de nos ancêtres. Il n’y a pas de obstétrique et fertilité.
Pour citer cet article : Chene G, et al. Le(s) cancer(s) de Lucy : une origine préhistorique ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité (2016),
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Pour citer cet article : Chene G, et al. Le(s) cancer(s) de Lucy : une origine préhistorique ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité (2016),
http://dx.doi.org/10.1016/j.gyobfe.2016.10.001