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R.

GUILLAND / PARIS

ETUDES SUR L’HIPPODROME


DE BYZANCE
Les courses de l’Hippodrome

On comptait également à Byzance parmi les courses anniversaires les


courses du V œu et les courses dites des Ides.
Les courses du Vœu: το Βότον
L’usage de former des v œ ux, votorum nuncupatio , pour la prospé rit é de
l’Etat et le salut de l’ empereur, existait à Rome. La cé r é monie, qui avait
lieu primitivement le lor janvier , fut report ée dans la suite au 2 ou 3 jan -
vier.2 A Byzance , on continua pendant de longs siè cles à cé lé brer la f ê te
des Vœ ux, η ήμερα των βοτών;3 par des r é jouissances privé es et pub -
liques. Ce jour - là de grandes courses pédestres avaient lieu dans l’ Hippo -
drome. Apr ès la deuxiè me course , les repr ésentants des factions, portant
des croix fleuries, descendaient des quatre d è mes et se rendaient au
Starna. Les courriers prenaient les croix fleuries et montaient au Ka -
thisma les offrir à l’empereur. A ce moment, les h é rauts des factions
commençaient leurs litanies en l’honneur des souverains, litanies aux -
quelles la foule r é pondait par des acclamations.4
Le chapitre 72 du Livre I des Cé ré monies donne quelques d é tails sur
les courses du Vœ u. L’autorisation é tait d élivr ée la vielle. L’apr ès midi,
vers la 9ème ou I0è me heures, les factions montaient dans leurs d è mes
tandis que les d é marques restaient dans l’ar è ne, o ù, tout en plaisantant
entre eux, ils s’occupaient d ’organiser les jeux. On procédait alors aux
courses d ’é preuves, sous la présidence du Pr éfet, qui siégeait pr ès des
raies. Le lendemain , les dignitaires en costume se rendaient au Grand
Palais, comme les jours de courses et l’empereur, comme de coutume,
montait par l’escalier privé dans sa loge du deuxiè me é tage pour assister
aux derniers pr é paratifs. Le tirage au sort avait lieu au Starna et les
1 Cer . I. 69. 324; I . 72. 359 ; II . 20. 612 ; II. 52. 750. Cf . Reiske II . 327. Du Cange , Gloss .
Bota et Votum; A. Vogt , Constantin Porphyrogé n ète. Le Livre des C ér é monies. Comment . U .

-
2 Gaius Digeste . —
Paris, 1940, 169 172.
I 16. 233. Post Kalendas Januarias, die tertio, pro salute principis vota
suscipiuntur.
3 Cer . I . 69. 324.
4 Cer . I. 69. 324.
É tudes sur l’ Hippodrome de Byzance 27

équipes de coureurs étaient constitu ées. Cependant , l’empereur mandait


dans la loge, κλοΰδιον, les hauts dignitaires et leur remettait des tessè res
à distribuer aux pauvres. Ces tessè res donnaient droit à leurs titulaires
d ’assister au banquet offert par l’empereur dans le iridine des XIX Lits.
Lorsque tout é tait pr ê t dans l’Hippodrome, l’empereur averti descen -
dait de sa loge du deuxi è me é tage dans sa chambre du premier é tage,
s’habillait et ceignait sa couronne , avant de passer dans la grande salle
de ré ception du palais du Kathisma , o ù avait lieu la ré ception coutumi è re
des dignitaires. La r é ception terminé e , l’empereur gagnait sa loge du
Kathisma et faisait le signe de croix sur le peuple , tandis que les digni-
taires gagnaient leurs places. Ce jour -là , en effet , ils ne pé nétraient pas
dans le Kathisma pour rendre à l’empereur les honneurs de l’adoration.
Après les courses du matin, l’empereur d é jeunait au Palais du Kathisma
dans le grand iridine ; apr ès les courses du soir, il rentrait au Grand
Palais, o ù il donnait un grand banquet dans le tricline des XIX Lits.
Les courses pédestres se d é roulaient selon l’ usage et toutes les pr é-
cautions é taient prises pour prot é ger les coureurs contre les manifesta -
tions de spectateurs trop excités. Après la troisiè me course , les factions
demandaient au souverain de faire arborer le drapeau annonciateur de
courses prochaines. Nous le verrons, à propos des courses dites des Ides.
Les cé r é monies du V œ u ainsi que les courses pédestres dites du Vœ u
é taient cé lé br é es le 1er janvier, comme le montrent avec pr é cision les
textes. Dans son chapitre 52 du Livre II , le Livre des Cé r é monies d écrit

.
les banquets, donnés au Grand Palais pendant la pé riode de douze jours,
το δωδεκαήμερον 5 qui s’é tendait de la f ê te de No ë l ( 25 d é cembre ) à la
veille de la f ête de l’Epiphanie , c’est -à -dire , au 5 janvier. La p é riode
du Dod é ka è m é ron é tait, en effet , une pé riode libre de je û nes et d ’absti -
nences; elle commenç ait le jour m ême de No ë l. Le huitiè me jour , par con -
séquent le 1er janvier, on cé l é brait les courses pédestres, το Ρωτάν πε
ζοδρόμιων .6 Le neuviè me jour, le 2 janvier, on cé lé brait le banquet dit des
-
vendanges, τό δείπνοv τρυ / ητικον, pendant lequel avaient lieu les jeux
gothiques.7 Ce banquet des vendanges est également signal é par Philo-
thé e,8 qui d é clare qu’on y conviait tous les coureurs des deux factions,
mais qui ne fait aucune allusion aux jeux gothiques, tombés probablement
en désu étude.
La coutume de f ê ter la f ê te du Vœ u par des courses à pied é tait telle -
ment enraciné e qu’on finit par d ésigner les courses à pied elles - mê mes
sous le nom de βωτόν:9 ) Ιππικοί’ αγόμενου εϊτε καί βοτοί ». Les courses
5 Cer. I. 24 . 137 ; I. 47. 241; I . Ö3. 381; II. 52. 775. Cf . Reisko II . 224 . 274. 360 ; Cedr. I .
675. Du Cange, Gloss. s. v.
0 Сет
. II. 52. 750.
7 Cer . I. 83. 381. C!. Reiske II. 355.


* Cer . II. 52. 751 752.
3 Cer . II . 20. 612.
28 R. Guilland

à pied ne semblent pas avoir é t é très fr équentes à Byzance, du moins


dans l’Hippodrome. Cependant, le Livre des C é r é monies apprend que
Lé on VI institua des courses à pied pour cé l é brer l’anniversaire de sa
libé ration, qui avait é t é fix é au 20 Juillet.10 Ce jour - là , il y avait procession
religieuse de Notre -Dame du Phare à la Nouvelle Eglise et grand banquet.
Le lendemain, 21 Juillet , il y avait r é ception solennelle avec danses, δεαω -
σις δέξιμοü καί μεγάλου σαξίμου dans la Phiale du Triconque , puis
banquet dans le Tricline de Justinien, accompagn é d ’ un ballet , σάζιμον;
les dignitaires f é licitaient l’empereur de son heureuse libé ration et re-
cevaient des pr ésents. Le lendemain 22 Juillet avait lieu une course
à pied το πεζοδρομίαν βωτόν των πολιτών ; ia journé e se terminait
par un banquet auquel on conviait un certain nombre de pauvres, grati-
fiés de tessè res d ’invitation, comme lors des courses pé destres du Ier
Janvier. Enfin le lendemain 23 Juillet , on donnait des courses de chevaux
avec d é jeuner au Palais du Kathisma.11
Les courses a pied du 22 Juillet institu é es par L éon VI n’ont rien de
commun avec les courses à pied du Ier Janvier, qui étaient traditionnel-
les.12 Il est probable que pendant les f ê tes du 22 Juillet, les factions et
le peuple adressiaent leurs v œ ux au souverain , comme lors des courses
du 1er Janvier, ce qui justifierait l’appeliation de βωτόν.
Les courses des 22 et 23 Juillet rentrent donc dans la cat égorie des
courses d’anniversaires privés ; elles tombè rent certainement en d é sué tude
apr ès le r ègne de Lé on VI.

Courses des Ides

Pendant les courses à pied du 1er Janvier, le peuple damendait à l’empe-


reur de faire arborer le drapeau annonciateur de courses prochaines.
Quelles é taient ces courses ?
Reiske13 suppose qu’il s’agit des courses du Carnaval ou de la Boucherie
ou des Lupercales. Mais , comme il place ces courses aux environs de la
Pentecô te , son embarras est grand. Les Lupercales, on l’a vu, étaient
cé lé br és avant le Car ê me et g éné ralement en Fé vrier ; il ne peut donc
en ê tre question. Entre les courses à pied du lRr Janvier et les courses
hippiques des Lupercales en Fé vrier, l’intervalle est trop grand .
A Byzance, le mois de Janvier é tait favorable aux courses et n’é tait
pas trop encombr é de jours f é ri és. L’existence de courses à cette é poque

10 Cer . II. 52. 776. 778.


11 Сет. II . 52. 776. 777. 778.
12 Cer . II . 52. 778.
Reiske ( II. 327 ) ne semble pas avoir bien saisi cette distinction. La
f ê te du Voeu n ’a rien de commun, du reste , avec l 'anniversaire du mariage d’uu
empereur.
13 Reiske II. 344.
É tudes sur l’ Hippodromo de Byzance 29

n’est pas douteuse. Maialasi fait, en effet, allusion aux courses dites
des Ides, cé lé br ées le 13 Janvier, jour des Ides, à l’occasion de la con -
cession du primicié rat aux fonctionnaires arrivés à l’expiration de leur
mandat. C’ est pendant ces courses, é videmment r é glementaires, que se
d écha î na la fameuse sédition Nika ( 532 ) .
Les courses des Ides faisaient partie d ’ une sé rie de courses ; elles
é taient pr é cé d é es et suiviés d ’autres courses. Maialasi dit , en effet , que
le lendemain des courses des Ides, Justinien Ier ordonna de continuer
les courses et fit arborer le drapeau en conséquence. D’autre part, Th é o -
phanete é crit qu’avant les courses du mardi 13 Janvier, il y avait eu des
courses pendant lesquelles les Verts, à la suite d ’ un orageux colloque
avec Justinien Ier , avaient quitté l’ Hippodrome. Il est certain , en effet,
que ce fut pendant des courses que ce colloque eut lieu , les Verts des -
cendant des gradins et laissant l’empereur et les Bleus seuls assister
-
à celles- ci.1? Ces courses avaient elles eu lieu le dimanche II Janvier ,
comme le suppose Ch. Diehl ?18 Vraisemblablement pas. A Byzance,
semble - t -il, on ne cé lé rait pas de courses le dimanche . Aucun chroniqueur
byzantin n’indique , au surplus, la date du dimanche II Janvier pour les
courses en question. L’ encha î nement des faits proteste d ’ailleurs contre
cette date.
D ’apr è s le r é cit de Th é ophane , complé t é par celui de Malalas ,19 c’est
pendant des courses de janvier, courses dont il ne donne ni le jour ni
la date , que les Verts exaspé r és quitt è rent l’Hippodrome. A la suite de cet
incident , des rixes é clat è rent dans la capitale entre Verts et Bleus et
l’é parque procéda à l’arrestation de quelques manifestants qu’il fit jeter
en prison. Apr ès enqu ê te et interrogatoires, sept des manifestants , con -
vaincus de crimes , furent condamnés à mort , quatre devant ê tre d é capit és,
les trois autres pendus. Selon la tradition, les condamnés furent pro-
menés à travers la ville, puis on les fit monter dans une barque pour
les transporter de l’autre cô t é de la Corne d’Or, au lieu de l’ exé cution ,
πεοασάντων αντων. 28 Sur les trois pendus, deux tombè rentdu gibet par
suite de la rupture des cordes. Pendus de nouveau, ils retombè rent une
seconde fois. Le peuple murmura et en appela à l’empereur. Des moines
du couvent voisin de Saint -Conon 2! accoururent , emport è rent les con -

14 Malalas 474.
15 Malalas 474.
16
17

Theoph. 279 et 282 B , 181, 30 33, 182, 183 de B.
Chr . Pase., 620.
18 Ch. Diehl ,
Justinien et la civilisation byzantine au V I I e si è cle . Paris, 1901, 458 et
ré f é rences.
20 Maialas 473. — , —
19 Theoph . 282 283 B 183 184

de B. ; Malalas 473 474.
21 Sur la monast è re de St- Conon , cf . R .
Janin , La G éographie eccl é siastique cle l’ Empire

byzantin. Paris, 1953, 293 294 .
30 R . Gu ü land

damnés gisant sur le sol, les pla çè rent dans une barque et, traversant
la Corne d ’Or,les conduisirent à Saint - Laurent , é glise , qui jouissait du
droit d ’asile.22 Averti, l’é parque envoya des soldats pour cerner l’église
de Saint - Laurent et empêcher les réfugiés de s’é vader ; L’ un des con -
damn és appartenait à la faction Bleue, l’autre à la faction Verte. Les
factions rivales firent taire leurs dissentiments et , d ’après Tré ophane, se
rendirent au Pr é toire pour sommer l’é parque de rappeler les soldats.
N’obtenant pas satisfaction, les é meutiers mirent le feu au Pré toire et
l’incendie se propagea de proche en proche. La r é volution commen ç ait.
D’apr ès Malalas, l’é parque , ayant fait placer des gardes autour de Saint -
Laurent , les factions, le surlendemain, μετά τρεις ήιχέρας , pendant les
courses des Ides [ mardi 13 Janvier ) sollicitè rent de l’empereur la grâ ce
des condamnés. Ne recevant pas de r é ponse , elles sortirent de l’Hippo-
drome et , s’é tant concertées, se rendirent dans la soir ée au Pr é toire pour
demander à nouveau une r é ponse au sujet des condamnés. Déç ues dans
leur attente , elles incendiè rent le Pr é toire et les flammes d é vor è rent les
quartiers et les é difices voisins. Devant la gravit é des é vè nements, Justi -
nien Ier essaya de convoquer le peuple à l’ Hippodrome pour des courses,
mais l’é meute é tait d écha î née et de tous cô t és de nouveaux incendies
s’allumaient.
Le r écit de la Chronique Pascale 23 para î t tronqu é. D’apr ès cette Chro-
nique, l’incendie du Pré toire se pla ç erait le vendredi 16 Janvier. Il n’est
pas question des incidents qui le motiv è rent.
Procope de C ésar ée 24 se contente de signaler l’arrestation par ordre
de l’é parque de quelques factieux ; il ajoute que les factions ré conciliées
s’entendirent pour arracher à l’escorte qui les conduisait au supplice.
Enhardies par ce succès, les factions forc è rent les portes de la prison
et d é livrè rent tous les prisonniers, puis mirent le feu aux édifices publics.
En somme, les principaux chroniqueurs de la s édition Nika s’accordent
pour reconna î tre que cette sédition eut pour cause initiale la condamna -
tion de quelques perturbateurs, affiliés aux deux factions. Cette circon -
stance amena les deux factions rivales à s’ unir contre l’ennemi commun:
l’empereur.
-
Lors des premi è res courses, pend ant lesquelles les Verts, après avoir
formul é leurs dol é ances, sortirent de l’ Hippodrome , les deux factions
é taient tellement exaspé r ées l’ une contre l’autre qu’elles se livrè rent à de
vé ritables batailles sur divers points de la capitale. Or, le mardi 13 Jan -
vier ces mê mes factions é taient non seulement ré conc üées ; mais pr ê tes
à agir ensemble. Pour amener cette union insolite , il a fallu une succes-

22 Sur la basilique de St - Laurent


des Pulcheriana , voisine du monast è re de St -Conon ,

— — —
cf . R . Janin , op. ctt ., 312 315.
23 Chr . Pase ., 620 621.
24 Procope, de Bello Pers., 120 121.
É tudes sur l’ Hippodrome de Byzance 31

sion d’é vè nements que Malalas et Théophane mettent admirablement


en lumiè re: arrestation de manifestants, emprisonnement et condamnation
de ceux -ci à la suite d’enqu ê tes, d’interrogatoires et de d é positions de
t é moins, promenade ignominieuse des condamnés à travers la ville , trans-
lation de ces derniers de l’autre cô t é de la Corne d’Or, leur exé cution
manqu ée, intervention des moines, embarquement des deux survivants
ramenés à Byzance et enfermés dans Saint-Laurent , envoi de soldats par
l’é parque pour cerner l’é glise , protestation des factions, leur entente pour
une d é marche commune aupr ès de l’é poque et de l’ empereur. Il est à peu
pr ès impossible que tant d ’é vè nements se soient d é roul és entre le di -
manche soir 11 janvier et le mardi matin 13 janvier et que des é meutiers ,
arr ê t és le dimanche soir, aient é t é jug és, condamnés et pendus e lundi
matin. La justice de l’é parque , pour expé ditive qu’elle f û t, ne l’é tait pas
cependant à ce point.
Les courses, qui amen è rent la rupture entre Justinien Ier et les Verts,
sont tr ès certainement ant é rieures au dimanche 11 janvier. Malalas, qui
para î t bien inform é, affirme que ce ne fut que le surlendemain du jour, o ù
l’é parque fit cerner l’église Saint - Laurent, que les factions, profitant des
courses du 13 janvier , sollicit è rent de la clé mence impé riale la gr â ce
des condamnés. L’arrestation des manifestants eut probablement lieu au
cours de la semaine pré cédant le 11 janvier et leur exé cution, le samedi
10 janvier ; les survivants n’arrivè rent sans doute qu’assez tard dans
la soir ée à Saint - Laurent et l’é parque ne dut envoyer cerner l’é glise que
le lendemain matin. Couverts par le droit d’asile , les condamnés ne ris -
quaient pas d ’ê tre arrachés à l’é glise et les factions pouvaient attendre
les courses des Ides pour solliciter leur grâ ce , que seul l’empereur pouvait
accorder.
La cé lé bration de courses le dimanche 11 janvier 532, semble donc
improbable pour les raisons exposé es , mais il est certain qu’avant les
courses des Ides, le 13 Janvier, il y avait d ’autres courses é chelonnées
à quelques jours d ’intervalle . Ce sont ces courses que le drapeau , sollicit é
par les factions, lors des courses à pied du 1er janvier , devait annoncer.
Les courses que Justinien Ier donnait en janvier n’étaient pas excep -
tionnelles ; elles rentraient dans la cat é gorie des courses réglementaires ,
fix ées par les usages et la tradition. L’existence de courses au d é but
de janvier est du reste , confirmée par le Livre des C é r é monies.
Noë l é tait pour les chr é tiens une f ête joyeuse. Ce jour - là commen ç ait
une pé riode de douze jours de r é jouissances, το δωδεν.Γχήμερον , pendant
laquel le de grands banquets é taient donnés au Grand Palais, suivant une

tradition, du reste, ancienne. En 557 558, à la suite de catastrophes
publiques, Justinien Ier, en signe de deuil, se montra au peuple sans
couronne, lors des f ê tes de Noë l et de l’Epiphanie et il s’abstint de cé -
32 R . Guiiland.

l é brer les f ê tes du Dod é kaè mé ron.28 La pé riode du Dod é ka è mé ron se ter-
minait le 5 janvier. Le 6 janvier, on cé l é brait la f ê te de l’ Epiphanie,
τα Φώτα , τα Θεοφάνιά. Le lendemain , 7 janvier , il y avait dans la salle
du Triconque une r é ception suivie de danses, ήμερα δεξίμου φέρουσα
δε;ί (πσιν μετά σαξίμου. Enfin, le surlendemain 8 janvier, il y avait courses,
comme c’é tait l’usage , apr ès la tenue d ’ un δέξιιΐον. 2 ΰ
Ces courses du 8 janvier, sollicit ées par les factions pendant la r é cep-
tion du 7 janvier, semblent avoir é t é de tradition. Le Livre des Cé r é mo-

nies d é clare , en effet , que , sous le r è gne de Michel III ( 842 867 ) , les
factions,27 au retour de la procession de l’Epiphanie , se rendirent dans
leurs piñales et r é clamè rent la faveur d ’ un δέξιμον. Celui - ci, conformé-
ment à l’usage , dut avoir lieu le lendemain 7 janvier et le surlendemain,
8 janvier, il y eut certainement des courses, conséquence normale de tout
δέξιμον. Le Livre des C é r é monies ne fait pas expressé ment allusion à des
courses hippiques pendant la période du Dod é ka è méron , mais cette pé-
riode é tant libre de tout je û ne et é tant consid é r é e comme une pé riode
d ’allégresse , rien n’empê chait la cé lé bration de courses. Le Livre des
Cé r é monies28 rappelle incidemment que le 4 janvier 639, jour de courses,
ιπποδρομίου οντος, H é raclius, avant de se rendre à l’Hippodrome, fut
acclamé ainsi que sa famille par les dignitaires , r é unis dans l’Augousteus.
Le 4 janvier é tait l’avant -dernier jour du Dod é ka è mé ron. Le drapeau ,
sollicit é par les factions pendant les courses pédestres du lnr janvier,
pouvait donc annoncer soit les courses du 8 janvier soit m ê me , suivant
les cas, des courses plus rapproch ées.
Les courses demand ées par les factions lors d’ un δέξιμον sont en prin -
cipe des courses spé ciales, données à l’occasion de certaines f ê tes ou
de certaines circonstances. Quant aux courses normales ou r é glemen -
taires, elles pouvaient, le cas é chéant , ê tre demand ées directement par
les factions ou le peuple à l’ Hippodrome mê me, quelques jours avant,
s’il y avait des courses; dans le cas contraire , les courses r églementaires
avaient lieu au jour prescrit avec l’autorisation de l’ empereur, sans re -
qu ête pr éalable. Le pr é posite , sans doute , à l’instigation des factions, rap -
pelait simplement à l’empereur que des courses devaient avoir lieu à telle
é poque et l’empereur formulait sa d é cision.
Le Livre des Cé ré monies ne donne pas la liste des courses de l ’ ann ée ;
il d é crit simplement certaines courses particuliè rement int é ressantes ,
comme l’ Hippodrome d’or ou courses dor ées, les courses du 11 Mai , les
courses du Carnaval ou de la Boucherie ou encore des Lupercales et les
courses du Vœ u ; pour les autres, il renvoie au chapitre 69 du Livre I ,

5 Cer .

I. 675. Cf . Theoph . 359 B, 232, 2 6, de B.

———

28 Cer . IL 52. 757 758.


27 Cer . II. 32. 631 632.
-
8 Cer . II. 29. 629 630.
É tudes sur l’Hippodrome de Byzance 33

qui traite des courses en gén é ral. Dans son Clè torologe, qui forme le
chapitre 52 du Livre II , Philothée ne donne pas non plus la liste des
courses de l’année ; il n’indique à l’occasion que celles qui rentrent dans
le cadre de son sujet.
Quoi qu’il en soit, il semble d é montr é que l’on cé l é brait à Byzance une
sé rie de courses hippiques en janvier. Malalas29 rapporte l’accident sur -
venu à l’hé nioque Julianikos, pendant les courses de janvier 563. Il y a lieu
aussi de rappeler que les nouveaux consuls entraient en fonction le 1er
janvier et qu’ils donnaient g é né ralement des courses au d é but de leur
magistrature. En effet , d’apr ès la Novelle 105 de Justinien Ier , le nouveau
consul, entré en charge le 1er janvier, ne devait donner, semble - t -il, que
deux fois des jeux pendant qu’il é tait en fonction , une premiè re fois
au d é but de sa magistrature, et une seconde fois, à la fin. Lorsque le con -
sulat disparut en 541, les empereurs, h é ritiers des consuls, continuè rent
vraisemblablement à donner des jeux et des courses au lieu et place
des anciens consuls. Justinien Ier pour son premier consulat, en 521,
d é pensa des sommes é normes et dona des jeux magnifiques;30 plus
tard , il est vrai, par mesure d ’é conomie, il restreignit, semble- t -il, ses
largesses et l’ Hippodrome souffrit vraisemblablement de la parcimonie
impé riale.31
La saison d’hiver para ît bien avoir é té la principale saison des courses,
surtout pendant la pé riode de janvier et celle de f é vrier , lorsque Pâ ques
é tait tard. C’est que les empereurs passaient gé n é ralement l’hiver dans
leur capitale , les né cessit és de la guerre , les voyages, les vill é giatures
les retenant souvent en dehors de Byzance , pendant les autres saisons.
Nic é phore II Phokas resta à Byzance pendant l’hiver qui suivit son avè -
nement ( 963 ) et offrit au peuple des courses et des spectacles variés.32
Jean I Tzimisk ès sé journa également dans sa capitale durant l’hiver qui
suivit son mariage avec Thé odora , à la grande joie des amateurs de courses
et de th éâ tre .33 Absent de Constantinople , Andronic Ier Comnè ne ( 1183
1185 regagna son palais aux f êtes de Noë l et donna des courses et des

repr ésentations th éâ trales, en attendant le retour du printemps pour re -
joindre l’arm é e.34 Laissant ses troupes prendre leurs quartiers d’hiver

en Moesie , Isaac II Ange ( 1185 1195 ) , reportant au printemps la con -
tinuation des opé rations militaires, se hâ ta de rentrer à Byzance, o ù il

donna des courses et des jeux.35 Alexis III Ange ( 1195 1203 ) revint

20 Malalas, 495.
30 Marceli , comes.
31 Procope, Anecd ., 143.
32 L é on Diacre , 50 .
33 L é on Diacre, 127.
34 Nicé tas, 363.
55 Nic é tas, 521.

3 — Byzancinoslavica
34 R . Guilland

de Chalcé doine au Grand Palais pour cé lé brer des courses , peu avant
le Carê me , vraisemblablement vers la fin de l’hiver.38
Il est fort probable que diverses courses avaient lieu également en No-
vembre . Th é ophane 3? fait allusion aux courses de Novembre 561, à la suite
desquelles de graves d ésordres é clatè rent entre les factions. Il s’agit
vraisemblablement de courses r églementaires, inaugurant la saison
d’ hiver.
La plus grande partie du mois de D é cembre é tait occupé e par les r é -
jouissances priv é es des Broumalia. Pendant cette pé riode , autant qu’on
en peut juger, il n’ y avait pas de courses, afin de respecter les interdic-
tions de l’Eglise. Aux approches de Noë l, en effet, des courses auraient
paru inconvenantes. Il est, cependant, permis de supposer que certaines
courses d’anniversaires impé riaux , anniversaires de naissance ou d’ avè-
nement, pouvaient ê tre cé lé brées, à l’occasion, en d é cembre.
Les courses é taient interrompues pendant le Car ê me. Entre les courses
des Lupercales, qui pr é cé daient le Car ê me et les courses dor é es, qui
le suivaient , l’ Hippodrome é tait d ésert. Les courses du printemps é taient
vraisemblablement peu nombreuses et leurs dates variaient selon les
années. Théophane38 parle de troubles graves entre les factions, lors
des courses du soir du 16 avril 550 ; Maialasi mentionne ces troubles en
avril de la XIII ô me indiction ( avril 550 ) , mais il ajoute qu’il n’y avait
pas de courses ce jour - là , μή dyo ï ievou τοΟ ιππικού. En 550, Pâ ques tom -
bait le 24 avril ; les courses du 16 avril avaient donc eu lieu la veille
des Rameaux , ce qui semble insolite , car le samedi de Lazare é tait con -
sid ér é comme un jour f é ri é.40 Il n’ y avait pas, d ’ailleurs, semble - t -il, de
courses pendant le Carê me. Le renseignement fourni par Malalas semble
donc ê tre exact.
Pendant la semaine de Pâ ques, ή έξαήμερον τής flumxi νησί μου, 41 les
textes ne signalent aucune course.
Pendant la pé riode qui s’é tendait du mardi de Quasimodo ( courses
dor é es ) à la Pentecôte, rien ne s’opposait à la cé lé bration de courses.
Les courses du 11 Mai marquaient le d é but de l’é t é ; elles pouvaient
tomber la veille de la Pentecô te.42 A l’occasion des f ê tes de la Pentecô te ,

36 Nic é tas, 702.


37
— —
Theoph ., 364 365 B , 235, 29 33, 236, 1— 16 do B .

38 Theoph ., 352 B, 227, 6 8 de
B.
39 Malalas, 484.
40 Cer . I . 31. 170. Cf . la Novelle de
Manuel 1er Comn è ne , de mars 1166 fixant les jours
de f ê tes. ( F. Dölger, Regesten M? 1466 ) . La pé riode pascale allait du samedi de Lazarz
au dimanche in albis .
41 Cer . 1. 47. 241; 52.
42 Theoph ., 350 B. 225, ——
765 766 . Cf . Relske 11. 274.
29 31 de B.; Cedr. 658. Lorsque P â ques tombait le 24 mars,
la veile de la Pentec ô te tombait le 11 mai . C’est ce qui arriva en 547.
É tudes sur l’Hippodrome de Byzance 35

l’empereur accordait aux factions la faveur d ’ un δεχι.μον. 43 D’apr ès les


usages, ce δεξιμον é tait demand é par les factions . le jour m ê me de la
f ê te et cé lé br é le lendemain.44 En consé quence , des courses devaient
avoir lieu le jour suivant, c’est -à -dire le mardi de la Pentecô te. C’é tait
des courses r é glementaires.
Pendant la saison d ’é t é , du 9 mai au 11 ou 12 ao û t , l’ Hippodrome ne
ch ô mait pas, surtout lorsque l’empereur é tait pr ésent à Constantinople.
Outre les courses traditionnelles du 11 Mai et les courses du mardi de
la Pentecô te , le Livre des C é r é monies fait allusion aux courses du 23 Juil -
let, 45 qui semblent, cependant, avoir é té des courses de circonstances
plut ô t que des courses ré glementaires. Nicé tas48 montre Andronic Ier
Comn è ne assistant à des courses en plein é t é, ΐ)ερείας οΰσης τής ώρας
Il est, d ’ailleurs é vident , que les courses anniversaires de la naissance ,
du couronnement , de l’avè nement et du mariage des empereurs pouvaient
être cé lé br ées au cours de l’é t é. Il en é tait de m ê me pour les courses
données à l’occasion d’ un é vè nement privé , comme le bapt ême d’ un jeune
prince ou d ’ un é vè nement public, comme une victoire. En dehors de ces
cas spé ciaux , il devait y avoir très vraisemblablement en ét é diverses
courses r églementaires. On sait, en effet, que pour assister à leur spec-
tacle favori, les factions et le peuple ne craignaient pas d’affronter les
chaleurs de la canicule , a t é moignage de saint Jean Chrysostome.47

L’automne ( 11 12 ao û t au 9 novembre ) n’était pas une saison d é-
favorable pour les courses. On ne peut douter, du reste , qu’il y ait eu des
courses pendant cette pé riode . Le Livre des Cé ré monies 48 fixe au 31 ao û t
les courses destinées à f ê ter l’anniversaire de l’avè nement de L é on VI
et d’Alexandre et pr é cé d ées, comme de coutume , par un δέςιμον et au

29 ao û t la commé moration de Basile Ier . Théophane 49 fait allusion à des


courses du 7 octobre 767, pendant lesquelles le patriarche Constantin
fut ignominieusement promen é à travers l’Hippodrome. Th éophane o ^
signale encore des courses en octobre 549, pendant lesquelles on exhiba
un é lé phant , amené par un ambassadeur indien. Il s’agit là de courses
r églementaires plus que de courses données en l’honneur de l’ambassa -

43 Cer . 64 . 284. Parmi les 5έςψα. l e Livre des C é r é monies cite celui de la Pentec ô te ,
p e n d a n t lequel on chantait des cantates, rappelant le f ê te : έ.ν г T¡ πεντηκοστή τά τής
πεντηκοστής.

44 Cer . I . 64. 284 285. Cf . App . 507 : κι à εγεχετο αιτησις δεξίμου C<V τή επαύριον ετελεσΟη
το δέξιμο V.
45 Cer.'
II. 52. 778.
40
Nicetas , 375.
47 St .
48 Cer . —
Jean Chrysostome ( ed . Gaume ) IV. 846 847 ; IV . 50. 51 ; Vili . 392 et passim .
IL 52. 780.
49 Theoph . 681

— —682 R , 441 d e B . Cf . A . Lombard , Constantin V , empereur des Romains


( 740 775 ). Paris , 1902, 148.
50 Theoph ., 551 , 227 , I d e
B B . Cf . Malalas 484 , qui ne fait pas allusion aux courses.
36 R . Guilland

deur. Enfin , le m ê me Théophanesi signale des courses en novembre 561,


qui, sans doute , sont de simples courses r é glementaires, car elles ne cor -
respondent à aucune solennit é spé ciale. Il y avait donc tr ès vraisem-
blablement des courses r églementaires en octobre , en dehors des courses
anniversaires spé ciaux, qui pouvaient être données ce mois-là ; ce fut
le cas, en 610, o ù H é raclius, couronné le 6, donna le lendemain 7 octobre
des courses.52

Courses réglementaires
En dehors des courses exceptionnelles, des courses d’anniversaires et des
grandes courses traditionnelles, comme les courses pédestres du V œ u,
les courses des Lupercales, les courses dorées et les courses du 11 Mai,
il y avait tr ès vraisemblablement à Byzance un certain nombre de courses
réglementaires, que les factions étaient autorisé es à donner, chaque
ann ée , pendant les quatre saisons de l’année.
Sans m éconna î tre le r ô le politique des factions, il ne faut pas perdre
de vue que les factions é taient de vé ritables socié t és de courses. A quoi
bon entretenir à grands frais des chevaux et payer fort cher des h é nio -
ques pour quelques séances de courses. Le peuple byzantin avait la passion
des luttes de l’ar è ne et les empereurs n’auraient pas osé le priver trop
longtemps de pareils spectacles.
On peut supposer que chaque année les repr ésentants des factions, d’ac -
cord avec l’empereur , dressaient la liste des courses à donner avec la
date de chacune d ’elles. On inscrivait donc sur un registre les dates des
grandes courses traditionnelles et les dates des courses d ’anniversaires ;
on inscrivait ensuite les dates des courses ordinaires, que l’empereur
autorisait les factions à cél é brer. Le nombre des courses variait selon
les é poques et le bon plaisir des empereurs. Quant aux courses excep-
tionnelles c’est l’empereur lui - m ê me qui les ordonnait et en fixait le
moment. Les empereurs avaient, d ’ailleurs, coutume , lorsqu ’ils d ésiraient
donner des courses, à l’occasion de tel ou tel é vé nement , de se les faire
demander auparavant par le peuple ou par les factions. En toute cir-
constance, du reste, les empereurs procédaient de la mê me fa ç on. Ils
aimaient à se faire prier, afin d ’avoir l’air de céder aux supplications du
peuple. Lorsque Léon IV le Khazare voulut couronner son fils, le futur
Constantin VI , il se fit d ’abord supplier par le peuple et , apr ès avoir fait
mine de r ésister, selon la coutume , ως ίΗ)ος τοίς βασιλευσιν , il finit
enfin par consentir.53 La liste des courses é tait donc, semble - t - il , dressée
d’avance de telle sorte que chacun savait à quoi s’en tenir. Les factions

51 Theoph ., 364 B, 235, 29 de B.


52 Chr . Pase ., 701.

53 Theoph.,695 B, 449, 26 27 de B.
É tudes sur l’Hippodrome de Byzance 37

n’é taient pas presés au dé pourvu et pouvaient faire leurs pr é paratifs;


d’autre part, le pr é posite , en possession de sa liste, pouvait pr é venir l’em-
pereur au moment voulu et lui rappeler que le jour fix é pour telles cour-
ses approchait.
Il y avait à Byzance un programme des courses de l’année , κατάλογος
et les courses inscrites sur ce programme é taient appelé es pour cette
raison ιππικόν τού καταλόγου. 54 Le chapitre 69 du Livre I du Livre
des Cé r é monies traite, en effet , des courses en gé né ral et non de courses
particuliè res. Si l’on n’avait cé l é bré que trois ou quatre courses officielles
et trois ou quatre courses d ’anniversaires impériaux, la r é daction d’ une
liste aurait é t é inutile. Les dates de ces diverses courses é tant connues,
l’existence d ’une liste prouve que le nombre de courses é tait é levé et qu’en
dehors des courses d é crites par le Livre des Cé r é monies, il y avait de
nombreuses courses normales ou réglementaires, auxquelles l’auteur
du Cé r é monial n’a pas jug é à propos de faire allusion. Ces courses, en
effet , n’offraient rien de particulier et leurs dates é taient essentiellement
variables, selon les anné es. Chaque pé riode ou chaque saison de l’année
comportait un nombre d é termin é de courses ; lorsque des courses é taient
courues, on cl ôturait la saison: διά το συκλεΐσαι m ιπποδρόμια του χρόνου.55
Il y avait diverses cat égories de courses: les courses ordinaires et les
courses solennelles.
Les courses ordinaires , το ιππικόν παγανόν56 ne comportaient pas l’ado -
ration de l’empereur au Kathisma par les dignitaires.
Les courses solennelles , το ιππικόν το ιπποδρομίαν προσκυνησιμον 57
é taient ainsi appellées parce que , ce jour - là , l’empereur autorisait les
dignitaires à pé n é trer dans sa tribune pour lui rendre les honneurs de
l’adoration, προσκύνησή. Ainsi, lors des courses dor é es, qui é taient des
courses solennelles, les dignitaires venaient adorer l’empereur au Ka -
thisma.58 Pendant ces courses, les grands domestiques, domestique des
Scholes et domestique des Excubiteurs, sié geaient dans les d è mes avec
les repr ésentants des factions. En effet , lors des courses ordinaires , les
grands domestiques ne sié geaient pas dans les d è mes.59 Ils sié geaient
donc dans les d è mes , les jours de courses solennelles. Et en effet , lors des
courses dorées, courses solennelles, les d é mocrates, c’est à dire les grands
domestiques siè gent dans les d è mes.60 Lorsqu’ils étaient absents, ils é taient
remplacés par les domestiques des Noumera et des Murs.61
54 Cer . I . 69
— 310. Κατάλογος signifie: liste , catalogue. Cf . Reiske II . 113, dont les ex
plications ne sont pas tr ès satisfaisantes.
55 Cer . I. 73. 367.
56 Cer . I. 69. 334 ; I. 72. 362 ; 3 . 73. 366. 367 .
f Cer . I. 71. 353; II. 2. 620.
58 Cer .
I. 68. 307.
59 Cer . I . 73.
367 .
60 Cer
.
81 Cer .
I. 68. 305.
II . 15. 588-589.
38 R . Guilland

Les courses solennelles é taient dites courses d 'adoration et é taient cé -


l é br ées avec plus d 'apart que les courses ordinaires, comme en t é moigne
le Livre des Cé r émonies.62 C’est vraisemblablement à l’occasion d ’ une

course solennelle que l’empereur Alexandre ( 912 913 ) fit dé corer l’ Hip-
podrome avec des tentures emprunt é es aux é glises.63
Le Livre des Cé r émonies parle de courses dites terminales , ιππικόν απο -
λΰίημον, qui vraisemblablement cl ô turaient une pé riode de r é jouissances
ou de f ê tes. Ainsi, la pé riode , qui suivait Pâ ques, é tait f ê tée à la Cour
par de grands banquets et le mardi in albis on donnait des courses ter -
minales, τελείται ιππικόν απολυσιμον 64 II est bien question ici de cour -
ses marquant la fin d’ une période de f êtes et non de courses de cl ô ture ,
marquant le dernier jour d’ une pé riode de courses. En effet , pendant
la semaine de Pâ ques aucune course n’est signalée . La naissance d’ un
prince était f ê t ée par plusieurs jours de r é jouissances, 65 apr ès lesquels
la cé ré monie du baptê me avait lieu. Le lendemain du bapt ê me on donnait
des courses terminales ίπποδρόμ ιον άπολνσιμον και προσκυνήσιμον. 66 Il
s’ agit bien ici, semble - t -il, de courses cl ô turant un ensemble de cé r é monies
accompagnant le bapt ê me d ’ un prince. Les courses du lendemain du
baptême pouvaient , en effet , ê tre sé par é es par un intervalle fort long
des courses donn ées le quatri è me jour aprè s la naissance. Sous le nom de
άπολΰοΊαον ιππικού, le Livre des Cé r é monies d ésigne la derniè re course ,
celle qui terminait la journée.6?

—.
Cer . II . 15. 588 589.
65 Th . Cont ., 379. 873
64 Cer . IL 52. 773.
. —
r·5 Cer . II 21, 615 616 ; le lendemain de sa naissance, l’enfant é tait bé nit par le pa-
triarche au Salon d ’Or ; puis l’ Empereur recevait les f é licitations du corps sé natorial .
Le 3e jour les factions recevaient l’Empereur ( δέξιμον ), et é taient autorisées à donner
des courses qui avaient lieu le lendemain ( 4° jour ) . Le 5e jour, les factions imposaient
un nom à l’ enfant dans l’ Hippodrome. Le 8° jour , l’enfant é tait port é à l ’ É glise , o ù
le pr ê tre le bé nissait de nouveau et confirmait son nom . Ce jour - là , l ’ imp é ratrice é tait
f é licité e par les dignitaire et les dames de la cour. Pendant les 7 jours qui suivaient
le jour de la naissance du jeune prince , il y avait des r é jouissances publiques ( cf .

. —
Reiske, II . 728 729 ) .
66 Cer II . 22. 620. Apr ès la double bé n é diction signal ée au chapitre pr é c é dent l ’enfant
é tait enfin baptisé. La cér é monie avait lieu souvent assez longtemps apr è s la naissance .
Epiphanie , fille d’H é raclius , n ée le 8 juillet 611 ne fut baptis ée que le 15 ao û t ( Theoph.
461 ) . Le bapt ê me de Constantin V ( 25 octobre 718 ) fut bien post é rieur à la naissance
de ce prince ( Theoph . 615 ) . Cf . Reiske 11. 729.
67 Cer . I. 69. 334 : άπολύσιμον
ιππικοί ». ·τά του απολυαίμου επαβλα. Cf . Malalas , 4S0:
μετά τήν άπόλνοιν του ιπποδρόμου , apr ès la fin des courses, après la derni è re course.

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