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La dissertation juridique

 La dissertation juridique est l’exposé logique d’un sujet juridique


sous forme écrite ; elle diffère des exercices que l'étudiant a appris
au secondaire.
 Elle fait appel à de nombreuses qualités qu'il faut cultiver : capacité
d'analyser le sujet, esprit de synthèse, capacité de communication
des connaissances, habileté de présentation et d'exposition de
celles-ci; effort de démonstration et de construction…
 L'objet d'une dissertation, est de faire comprendre, le plus
clairement possible, une question ou un ensemble de problèmes au
lecteur ou à l'auditeur, il s’agit d’exposer, d’expliquer, de discuter
des règles de droit relatives à une question déterminée.
 L'étudiant doit considérer que sa copie sera lue par des personnes
ignorant tout de la question. Il s'agit d'expliquer le sujet à
quelqu'un qui ne le connaît pas: en somme, faire un petit cours
sur le sujet.
 Or, on a de meilleures chances de se faire comprendre en suivant
une progression logique, en mettant ensemble les problèmes
connexes, bref en commençant par le début et en terminant par la
fin en regroupant, dans l'ordre ce qui va ensemble.

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METHODE DE TRAVAIL

 Cette tâche peut s’accomplir en trois étapes successives.


 La compréhension du sujet proposé.
 La phase "d'information"
 La construction de la dissertation

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Comprendre le sujet proposé

 La compréhension du sujet va déterminer la qualité de votre travail.


 Comprendre le sujet (De quoi s'agit-il ?) suppose de se poser des
questions sur le contenu et les "limites" du sujet. Ces limites
peuvent être géographiques, chronologiques...
 Cela nécessite une lecture attentive du libellé du sujet. chaque mot
compte :
 Il s'agit de mesurer exactement ce qui est demandé. Par
exemple un sujet intitulé " Le Service Public " n'est pas le même
que celui qui serait intitulé "Les Services Publics". De même
"Comparer le Maire et le gouverneur" ne revient pas à comparer
la mairie et la préfecture.
 Il est important de se livrer à une analyse attentive afin d’éviter de
succomber à la tentation de "ramener" le sujet à un sujet plus ou
moins proche abordé précédemment:
 On ne peut pas transformer une question de synthèse en une
simple question de cours.
 Éviter la tentation de servir purement et simplement un morceau
de cours ou de manuel.

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La phase "d'information"
 Le meilleur moyen de mal traiter le sujet est de commencer à
rédiger sa copie dès l'énoncé du sujet.
 Lorsque l'on a compris le sujet, il faut rassembler tout ce qui vient à
l'esprit à son propos: Mobiliser les connaissances.
 Il s'agit de faire le tour de ses connaissances et de recenser la
matière brute en notant sur le papier tout ce qui paraît, à un
moment ou un autre, devoir être incorporé dans la dissertation.
 Établir la liste des questions à traiter et éliminer tout ce qui, après
réflexion, ne fait pas partie du sujet tel qu'il a été compris, ou
parait accessoire. Il est indispensable de ne traiter que le sujet
posé, mais tout le sujet.(traiter le sujet, tout le sujet et rien que le
sujet)
 On a alors sur le papier tous les points qui devront être traités. Il
reste à savoir comment et dans quel ordre.

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La construction de la dissertation
 Il s'agit de dresser un plan: ll n’y a pas de dissertation sans plan.
 Cet exercice ne s’appuie pas uniquement à la mémoire, il fait appel surtout au
raisonnement pour cerner l'ensemble du sujet.
 il n'y a pas de recette: Le bon plan est celui qui est naturel: celui qui
correspond aux articulations essentielles du sujet et qui permet de placer
logiquement chaque développement.
 Regrouper logiquement les questions qui subsistent sur votre liste et dégager
les idées essentielles. le classement des idées fait surgir tout naturellement
deux ou trois axes principaux qui seront retenus pour la construction de la
dissertation.
 Donner un intitulé à chaque partie, à chaque paragraphe. Chaque titre doit
résumer l'idée de chaque partie ou de chaque paragraphe. Le plan ainsi
construit doit être logique et rigoureux.
 Le plan est le canevas qui sera suivi pour la rédaction. avec indication précise
des questions qui seront traitées dans chacune des parties et sous-parties et,
si possible, le fil conducteur permettant l'enchaînement des raisonnements.
 L'idéal est que chaque phrase soit la suite logique de celle qui précède.

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La construction de la dissertation

 Le plan quel qu’il soit, doit résulter du sujet. En effet, même lorsque le
sujet n’est pas formulé sous une forme interrogative, il est nécessaire
de le concevoir comme une question à résoudre. En conséquence, il
faut que la dissertation concerne la réponse à cette question, une
réponse que le plan doit contribuer à faire immédiatement apparaître.
 Une dissertation est une démonstration qui s'articulera autour d'une
introduction et deux ou trois parties.
 Le plan en deux parties est généralement conseillé (mais rien n’interdit
le plan à trois parties) . Chacune parties, comportant deux sous-
parties.
 Les parties doivent être proportionnées : un exposé bien construit
contient des parties d’importance comparable. Si la dissertation
présente néanmoins un déséquilibre, ce dernier doit être en faveur de
la première partie dans un rapport maximal de deux tiers, un
déséquilibre plus grand prouve l’inadaptation du plan.

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Le plan
 La rédaction d'un plan est très utile pour sérier les problèmes à
traiter, pour structurer un travail et le rendre lisible et cohérent.
 On distinguera en gros, deux types de plans :
 les plans descriptifs, des plans types faciles à adapter à la plupart
des sujets et dont l'utilisation, au mépris de l'originalité, permettra au
candidat de se tirer d'affaire appelés aussi « plan bateau »
 les plans synthétiques, plus originaux, mais plus difficiles à mettre
en oeuvre appelés « plan d’idées ».
 Mais dans un cas comme dans l’autre, le plan exige des parties et
des sous‑parties qui se répondent, qui se complètent (exposé de la
théorie, critique de la théorie) ou qui s’opposent (domaine étendu,
effets limités).
 Les intitulés de parties doivent être brefs et clairs, reprenant si
possible l’intitulé du sujet en tout ou en partie. Exemple : "La théorie
de..."
 1ère partie : "Exposé de la théorie de ..."

 2ème partie : "Applications de la théorie de ..."

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Les plans descriptifs ou plans-types
Il convient de distinguer les plans analytiques, qui étudient les deux
aspect d'une question à un moment donné, et les plans
chronologiques ou historiques.
1. LES PLANS ANALYTIQUES
Ils permettent de mettre en relief deux aspects complémentaires
d'une même question. Ce sont des plans simples et pratiques
particulièrement utiles pour un débutant.
Les grands types de plans analytiques :(plan "bateau" )
A. Conditions A. Caractères
B. Effets B. Conséquences
A. Nature A. Principe
B. Régime B. Exceptions
A. Statut A. exposé du principe,
B. Rôle B. applications du principe
A. Causes A. Organisation
B. Conséquences B. Fonctionnement

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B) Les plans synthétiques
 La synthèse est évidemment l'objectif de tout travail intellectuel. Il existe deux
grands types que l'on choisira selon qu'il s'agit d'exposer les différents termes
d'un débat ou que l'on préfère exposer ses propres vues sur le sujet.
 1. Le plan " Thèse... antithèse... synthèse...".
Il s'agit d'un type de plan, à trois niveaux, très utilisé dans le cadre des études
littéraires. Il est très difficile à utiliser dans le domaine de la vie politique et
institutionnelle, car outre le fait qu'il demande une grande maîtrise dans le
maniement des idées, il ne permet pas toujours de fournir une explication ou
une solution à un problème.
 2. Le plan "En apparence... En profondeur... En réalité..."
Ce type de plan permet l'analyse d'un problème en allant du simple au
complexe, en étudiant successivement différentes strates du sujet. Ici, on
défend une thèse à l'aide de deux ou trois idées qui font l'objet des différentes
parties du devoir. Les intitulés des parties doivent indiquer ce que l'on veut
démontrer.
ex : L'URSS
1. En apparence, une confédération (Représentation internationale, droit de
sécession)
2. En profondeur, un état unitaire (La centralisation par le parti communiste)
3. En réalité, une autonomie locale réelle (La déconcentration)

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L'INTRODUCTION

 L'introduction permet de montrer que l‘on a compris le sujet, que


l’on a saisi les questions essentielles et compris comment y
répondre.
 Elle permet de déterminer la signification d'un sujet, d'en préciser la
substance, et de justifier l'axe de réflexion selon lequel vous allez
traiter ce sujet.
 l'essentiel d'une dissertation réside dans son introduction et dans le
clivage retenu pour le plan, le reste n'est que le déroulement
mécanique des connaissances qui doivent être exposées
 Il est donc, indispensable de prendre le temps d’écrire et même de
réécrire au brouillon l’introduction, alors que ce n’est pas le cas
pour les autres parties du devoir.

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L'INTRODUCTION

 Une introduction doit constituer une progression, cohérente et


homogène, tendant à justifier l'aboutissement que représente la
problématique.
 L'introduction ne doit pas être transformée en un catalogue de
connaissances livresques plus ou moins en rapport avec le sujet.
 La qualité de votre travail se mesurera à la pertinence de votre
choix d'arguments - pas leur accumulation - justifiant la démarche
logique que vous entendez suivre.
 La fonction d'une introduction est, d'une manière générale, de situer
le sujet et non point de le traiter.
 Il s'agit tout à la fois de définir ce dont on va parler, de le situer au
regard de notions voisines avec lesquelles il a certains rapports et
d'aboutir à la présentation du plan qui sera suivi.
 L'introduction a donc une double fonction :
 présentation et importance du sujet ;
 parachutage du plan.

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 On ne peut faire d’introduction avant d’avoir une vision d’ensemble
de la question étudiée. Il est donc préférable de ne rédiger
l’introduction qu’après avoir établi un plan détaillé de la dissertation.
 L’introduction d’une dissertation ne doit pas être trop courte (1/4 du
devoir) et doit être très structurée. Elle devra répondre aux 3
questions suivantes
 ‑ De quoi va‑t‑on parler ? (le : sujet ‑ la question).

 ‑ Pourquoi va‑t‑on en parler ? (l’intérêt du sujet).

 ‑ Comment va‑t‑on en parler ? (la solution et l’annonce du plan).

 Par une progression logique de l’introduction, le lecteur doit savoir,


à la fin de cette dernière, ce qui sera démontré dans les
développements annoncés.
 Ainsi, l’introduction doit comprendre plusieurs phases (mais qui ne
seront pas intitulées dans la rédaction)

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Ce que l’on va dire (le sujet ‑ la question).
* Présentation du sujet
Il s’agit de situer le sujet dans son contexte. Il ne faut pas commencer dès
la première phrase par l’énoncé du sujet. II faut amener progressivement le
sujet, qui devra être expressément formulé au sein d’une phrase, sans
pour autant "remonter au déluge". Le procédé le plus usuel est celui de
« l’entonnoir » : partir d’un secteur vaste, puis resserrer et arriver au sujet.
* Délimitation du sujet :

Elle doit être plus ou moins rapide selon le type de sujet. Tout est question
de bon sens en ce domaine. Plus le sujet est large, plus cette délimitation
devra être argumentée.
Il faudra en tout état de cause
 Ø Préciser les termes du sujet en les définissant au besoin rapidement ("..
le contrat, c’est‑à‑dire la convention qui a pour effet de créer des
obligations‑"). Il faudra également, dans le même ordre d’idées, citer les
textes qui régissent le sujet ou les adages...
 Ø Établir des rapprochements avec des notions voisines pour mieux les
différencier, éventuellement puisées dans d’autres disciplines juridiques.
 Ø Éliminer les questions qui ne seront pas traitées, en justifiant ces
exclusions.

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Pourquoi on va le dire (l’intérêt du sujet).

 Il s’agit essentiellement
 Ø de relever les explications extra juridiques éventuelles du sujet

(sociologiques, philosophiques, etc ...) en évitant toutefois de


s’étendre longuement ;
 Ø de faire référence à l’Histoire (du droit notamment) et aux

données du Droit comparé (lorsqu’on les connaît avec certitude),


 Ø de souligner la portée juridique du sujet en notant par exemple

qu’il peut y avoir des points d’émergence dans différentes


disciplines juridiques ;
 Ø de dégager les difficultés du sujet, les problèmes qu’il suscite.

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Comment on va le dire (la solution et l’annonce
du plan).

 II s’agit ici d’annoncer le plan de manière claire et précise ce qui


sera nécessairement le cas si tout ce qui l’a précédé a été
correctement suivi.
 On évitera en conséquence un plan qui arrive de façon totalement
inopiné.

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L'ouverture, attaque, entame

 Cette première phrase de l'introduction doit être percutante, sinon


attaquez directement le sujet.
 cette phrase doit être brève afin de s'harmoniser au mieux avec le
reste de l'introduction.
 un fait d'actualité ou une définition une citation d'un grand juriste
feront l'affaire, à condition qu‘ils soient pertinents au regard du sujet.
 Soyez bref, car ce n'est qu'une simple ouverture.

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La définition du sujet.

 Les considérations d'ordre général ou historique qui doivent


permettre de situer le sujet dans son contexte.
 La définition des termes du sujet
 Montrez que vous avez repéré les notions essentielles qu'il
convient de traiter. toutes les notions juridiques sont
problématiques par elles-mêmes ! Il est donc très maladroit de
prétendre définir tous les termes du sujet avec une grande
facilité et en quelques mots. Evidemment, si les notions
juridiques sont problématiques par elles-mêmes, les rapports
qu’elles entretiennent entre elles sont nécessairement eux-aussi
problématiques.

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RÉDACTION

− Elle est effectuée à partir du plan détaillé.


− Rédaction de l’introduction en allant à la ligne pour chaque
subdivision évoquée car les intitulés précédemment évoqués ne
doivent pas apparaître expressément dans le devoir.
− Rédaction du corps du sujet : dégager ici les titres : I ‑ Intitulé ; . II ‑
Intitulé et les sous‑parties A, B ...
− Aménager des transitions entre les passages différents (entre I et II,
A et B) et des "chapeaux" (annonces de A et B, a et b). A tout
instant, le lecteur doit savoir où il se trouve dans la progression du
raisonnement et dans quelle direction on entend le conduire.
− Ne pas utiliser le "je" mais plutôt le "nous".
− Pas d’abréviations.
− Rédiger des phrases courtes et correctes. Utiliser des mots simples
et précis (les termes juridiques adéquats).
− Écrire très lisiblement.
− Dernier conseil : relire attentivement

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