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Guillaume Apollinaire, Alcools « 

Le pont Mirabeau » (1913) (L.A 12)

Contextualisation :
-Biographie de l’auteur : Guillaume Apollinaire (voir fiche)

-Présentation de l’œuvre : Apollinaire vécu pendant une période de stabilité, les richesses de la
France augmente, les techniques évoluent, le courant d’optimisme se met en place, c’est la naissance
d’un monde moderne. En 1879 : apparition de l’électricité, célébré à plusieurs reprises. Air de
l’automobile, le cinéma, le décor urbain se modifie. Il y a une véritable fascination des artistes
(Monnaie : gare St Lazard) ET dans Alcools « Zone » propose une description de ce nouveau décor. En
peinture les artistes se demandent comment représenter un monde réel qui se transforme sans
cesse. Double orientation en peinture, art académique qui demeure et l’émergence de l’art abstrait
(cubisme) tel que Picasso. Apollinaire à chercher un lien entre la poésie et la peinture > Calligrammes

Ce recueil marque l’idée d’un changement, une rupture avec la versification traditionnelle, c’est une
alliance entre la tradition et la nouveauté :

-Ponctuation : Pas de signe de ponctuation, c’est lui-même qui inaugure cette pratique qui sera
reprise par des contemporains comme Prévert, Aragon et Eluard. La suppression de cette dernière
c’est effectué au moment de l’impression. D’abord pour marquer une différence entre la prose et la
poésie et pour laisser la liberté au lecteur d’interpréter lui-même le poème et d’apporter plusieurs
sens et pour finir pour imposer son propre avis/sens au poème sans utiliser les signes traditionnels.

-Métrique : Poème de longueur différente ; « chantre » vers et « la chanson du mal Aimé » 15
pages. Apollinaire refuse la monotonie à la lecture de ses poèmes et voulait par ses contrastes
surprendre le lecteur. + Le vers libre dans de nombreux poèmes ; nouveauté mais traditionnels avec
l’Alexandrin. L’octosyllabe souvent présent comme dans la poésie française. Vers de 7 pieds dans
« Clotilde » qui marque un rythme sautillant, illégal et mime une danse du Nord, La Maclotte. Vers de
4 pieds « hôtels », vers court qui symbolise le caractère éphémère de la réalité de la vie. + Strophe
traditionnels, quatrains, quintile, distique, mais certaines irrégulières qui viennent rompre avec la
monotonie et pour montrer les aléas de l’amour.

-Thèmes : Très varié, il mêle le subjectif et l’objectif et le lyrique et le prosaïque. + Monde moderne
(tour Eiffel, gare, cité industriel, électricité…). + Poésie du quotidien (action, esprit novateur…) >
Nouveau. + Mélancolie. + Passage du temps. + Passions et souffrances amoureuses. + Figure du
poète > Traditionnels

-Titre : Référence littéral à l’Alcool, l’ivresse « zone », brasserie, auberge, vignes (Rhin)
« Vendémiaire » ; images concrètes. Image poétique, l’état d’esprit est comparé à un élément de
l’ivresse « Mon verre c’est briser comme un éclat de rire » ; « Mon verre est plein d’un verre
trembleur comme une flamme ». L’alcool évoque aussi une manière littérale de la soif ainsi qu’une
manière métamorphique : synonyme de curiosité et d’enthousiasme. Le titre a été trouvé en Octobre
1912. Avant il avait songé à « EAU DE VIE » mais il lui semblait moins modernes et « Alcools » lui
parait plus concret et réel.

-Présentation de l’extrait : Poème publié en février 1912 dans une revue « les soirées de Paris ». Il se
situe immédiatement après le poème « zone » avec donc un contraste car « zone » apparait comme
la revendication de la modernité et « Le pont Mirabeau » renvoi à des formes plus traditionnels.
Poème lié au thème du mal-aimé, reprend un aspect autobiographique puisqu’il est inspiré de sa
liaison avec Marie Laurencin, une liaison difficile qui c’est terminer par une rupture et Apollinaire lui-
même parle de ce poème comme « la chanson triste de cette longue liaison brisé ». Le pont est un
lieu réel à Paris dans le 16ème arrondissement. Peut-être le lieu où ils se sont rencontrés. C’est un
poème élégiaque, l’élégie est une plainte en grec qui se fait depuis l’antiquité, ces poèmes sont
courts est ils expriment la tendresse, la mélancolie et la nostalgie.

Problématique : Que-ce qui fait que ce poème est élégiaque ?

I/ La fuite ambiguë du temps

1) Un poème circulaire

On a un refrain en distique 4 fois, et les 4 quatrains représentent les couplets ; les vers 1.3.4 rimes
ensemble et le 2ème ne rime pas

Le 1er vers est un décasyllabe

Le 4ème vers est un décasyllabe

Le v16 forme une diérèse, « violente » se prononce « vie o lente ». La lecture du 2ème couplet est
également délicate.

Le 1er et le 2ème couplet représente l’eau > amour et le 3 ème et le 4ème représente l’eau > temps qui
passe

Jeux des rimes entre le 2ème et le 3ème vers de chaque couplet, on à une déstructuration, 6 et 4
syllabes forment un décasyllabe - on a une rupture dans les jeux des rimes. On crée un vers sans
rimes et la sonorité est masculine au 2 ème vers de chaque couplet – rupture des jeux de rimes. Ce 2 ème
vers ne respecte pas toujours l’agencement grammatical au v8-9 « sous » est séparé de son
complément – on à une rupture, un lien avec la modernité.

Jeux de sonorités, 1er couplet « ou » *5 « sous, coule, amour, souvienne, toujours » - sonorité douce
qui montre la douceur des amours et du temps qui passe. Couplet 4 son « se » et le couplet 3 « l »,
liquide, eau courante, fluidité…

On a a faire à un poème circulaire par sa forme, il est proche de la chanson traditionnel. On a une
structure de 4 quatrains/couplets et d’un refrain régulier. On a un poème circulaire par la
versification, rimes plates sur les 3 vers, rimes féminines, vers cours et fixe. On a une versification
traditionnelle, pas de vers libres. Répétition de sonorité :

-1er « ou et n »

-2ème « a et se »

-3ème « en »

On a une inversion des sonorités entre le vers 15 et 16 avec « la vie et lente » et « violente » -
certaine mélodie

Certaine circularité par la répétition de « main et face » au v7


Le premier vers du 1er couplet et le même que le tout dernier vers, on a comme un retour au début,
une boucle infinie. Il y a également l’emploi du présent qui accentue l’inter polarité

2) Un passage irréversible et lent

Champs lexical de l’eau « coule, seine, onde, eau » ; rimes v13-15 « courante et lente » - idée du
temps qui passe.

V19 répétition du verbe de mouvement « passent » et « jour, semaine » qui rime avec « coule la
Seine » - mouvement de l’eau, fuite du temps

Champ lexical de la fuite du temps « vener, passer, s’en va, refrain, personnification s’en vont »

Pour évoquer le temps qui passe, il utilise la thématique de l’eau, on a une union de l’eau, de l’amour
et du temps.

Idée du temps qui passe par les enjambements, montre la fluidité du 2 ème couplet v8.9.10 sont à lire
dans la continuité, on peut avoir une inversion du sujet « onde » et du verbe « passer » // avec l’eau
du fleuve

Cette rupture est marquée au 1er couplet, on a une ambiguïté syntaxique, donc sémantique car il n’y
a pas de ponctuation.

« Sous le pont Mirabeau coule la Seine


       Et nos amours
   Faut-il qu'il m'en souvienne »

- « Amour » au v2 est sujet du verbe « couler » qui fait appel à une règle d’accord ancienne, proche
du latin où le verbe s’accorde avec le sujet le plus proche.

- « Amour » est COI de souvienne, enjambement entre le v2.3, cette équivoque est voulue par le
poète, il n’y a pas de ponctuation donc une idée de fluidité, cela laisse au lecteur une marche de
liberté

On observe ce rythme sinueux des couplets à la simple approche visuelle du poème

Le 3ème couplet montre une certaine ambigüité sure « comme » du v15

- Reprend le comparatif du v13, enjambement entre le v14 et 15

- « Comme » du v15 à une valeur d’exclamation, enjambement entre le v15 et 16

> Cette absence de ponctuation marque le temps qui passe.

I/ Le souvenir des amours mortes

1) Nostalgie du poète

La nostalgie du poète est dû à une liaison passé et terminé avec Marie, on a une comparaison au v13
entre l’eau et l’amour également au v21-22.

L’évocation de l’amour est adoucie par le souvenir au v3, le seul temps à l’imparfait est « venait »
On a le rappel de souvenir heureux et malheureux, v4 « joie-peine » ; on a un ton de lassitude et et
d’absence d’agressivité « l’onde si lasse » - qualifie l’eau mais c’est une personne qui marque de la
lassitude au v10.

Idée du mouvement qui caractérise l’eau et le temps, pourtant l’amour est sous le signe de la
permanence, au v8, la volonté du poète est marquée par l’impératif

Le v8 est en contraste avec le v13 « l’amour s’en va », c’est une comparaison à la vie.

Le dernier quatrain/ couplet/ strophe est sous le signe du passage du temps, répétition de « ni » qui
empêche l’amour et le temps de revenir, l’impossibilité.

Le 1er vers ainsi que le dernier marque l’idée d’une fuite des amours et du temps qui perdure, il y a
une réel absence d’espoir

2) La permanence de l’Etre

La permanence du poète se fait à travers la poésie qui elle est éternel et reste. Cette permanence et
évoquée dans le refrain « je demeure ». L’idée du temps « nuit, heure, jours » sont associée au verbe
de mouvement qui s’oppose à « je demeure » en fin de refrain – ce qui reste ici est le poète

Au v4 on à l’adverbe « toujours » qui marque la volonté de rester ; il y a également l’emploi de


l’imparfait d’habitude tel que « venait »

On a une image d’un pont humain au v7 ou les 2 piliers seraient le poète et sa bien-aimée « le pont
de nos bras passe » - métaphore

L’adjectif « éternel » montre cet amour permanent

« Espérance » du 3ème couplet en majuscule, montre l’espoir de l’auteur. Ca fait une diérèse avec
« violente », emploie d’une rime riche, c’est de plus la seul rime riche de tout le poème ce qui
montre la force de ce mot.

Conclusion : Ce poème est comme un topos revisité puisqu’il à des thèmes traditionnels comme
l’amour et le temps qui passe et sa forme est assimiler à une chanson. L’élégie se donne à voir, mais
aussi à entendre dans son agencement sonore avec cette impression lamento doux et mélancolique
qui combine l’expression de la plainte et de l’espoir.

Citation d’Apollinaire : « Rien ne détermine plus de mélancolie chez moi que cette fuite du temps,
elle est la source même de ma poésie »

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