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Clic Musique 

! ClicMag n° 84
Votre disquaire classique, jazz, world Juillet/Août 2020

ClicMag

YO-YO MA
Le tour du monde en 36 concerts

© Marco Borggreve
© Steven Devine

Retrouvez les 25 000 références de notre catalogue sur www.clicmusique.com !


Sélection Supraphon

Twelfth night recital, Prague 1987 J.S. Bach : Les Concertos Brande- J.A. Benda : Sonates, sonatines et Pavel Sporcl & his Gipsy Way Concertos de Brahms, Schumann, A. Dvorák : Cypress; Evening Songs;
Ivan Moravec, piano bourgeois mélodies Ensemble : Gipsy Fire Bloch, Prokofiev, Martinu, Ibert, Gypsy Songs
G. Leonhardt; E. Melkus; N. Harnoncourt; I. Bilej Broukova; E. Keglerova; H. Pavel Šporcl, violon; Ensemble Gipsy Way Lalo... Pavol Breslik, ténor; Robert Pechanec,
Wiener Konzerthaus; J. Mertin Zemanova; H. Flekova; M. Stryncl André Navarra; Suk; Ancerl; Silvestri piano
SU4190 - 2 CD Supraphon SU4213 - 2 CD Supraphon SU4184 - 1 CD Supraphon SU4180 - 1 CD Supraphon SU4229 - 5 CD Supraphon SU4215 - 1 CD Supraphon

A. Dvorák : Quatuor pour piano n° A. Dvorák : Intégrale des duos A. Dvorák : Quatuors pour piano Gried, Ravel, Prokofiev : Concertos L. Janácek : Messe glagolitique; L. Janácek : Suites orchestrales
2, op. 87 / J. Suk : Quatuor pour Moraves n° 1 et 2 pour piano L'Évangile éternel Orchestre Symphonique de la radio de
piano, op. 1 Simona Saturová; Markéta Cukrová; Petr Dvorák Piano Quartet Ivan Moravec, piano; Czech Philharmonic; Chœur Philhamonique de Prague; OS de Prague; Tomáš Netopil
Quatuor Suk Nekoranec; Vojtech Spurny Karel Ancerl la radio de Prague; Tomas Netopil
SU4227 - 1 CD Supraphon SU4238 - 1 CD Supraphon SU4257 - 1 CD Supraphon SU4245 - 1 CD Supraphon SU4150 - 1 CD Supraphon SU4194 - 1 CD Supraphon

Frantisek Jiranek : Concertos pour V. Kalabis : Sonates pour violon- B. Martinu : Trio pour piano n° 1-3; B. Martinu : Ariane, opéra en un B. Martinu : Bouquet of Flowers / J. B. Martinu : L'Épopée de Gilga-
basson, hautbois, violon, viole celle, clarinette, violon et piano Bergerettes, H 275 acte; Double concerto Novák : Philharmonic Dances mesh, oratorio
d'amour Jamnik; Paulova; Fiser; Kahanek Trio Smetana Šaturová, soprano; Nagy, baryton; OS de la radio de Prague; Tomas Netopil Crowe; Staples; Welton; Martinik; Callow;
Collegium Marianum; Jana Semeradova Anderzhanov, basse; Tomáš Netopil Czech Philharmonic; Manfred Honeck
SU4208 - 1 CD Supraphon SU4210 - 1 CD Supraphon SU4197 - 1 CD Supraphon SU4205 - 1 CD Supraphon SU4220 - 1 CD Supraphon SU4225 - 1 CD Supraphon

B. Martinu : What Men Live By, B. Martinu : Madrigaux Musique à Prague au 18e siècle : T. Nikolayeva : Les enregistrements Ravel, Debussy, Sluka : Antonio Pedrotti à Prague. Oeuvres
opéra en 1 acte, H 336; Symphonie Martinu Voices; Lukas Vasilek Mélodies de Tomasek, Kozeluch… à Prague, Les Maîtres russes Impressions, œuvres pour harpe et de Respighi, Rave, de Falla,
n° 1, H 289 Martina Jankova, soprano; Barbara Maria Tatiana Nikolayeva, piano; Czech Philhar- hautbois Brahms, Moussorgski…
OP Tchèque; Jirí Belohlávek, direction Willi, piano-forte monic; Konstantin Ivanov Katerina Englichova; Vilém Veverka Orchestre Philharmonique Tchèque
SU4233 - 1 CD Supraphon SU4237 - 1 CD Supraphon SU4231 - 1 CD Supraphon SU4216 - 2 CD Supraphon SU4212 - 1 CD Supraphon SU4199 - 3 CD Supraphon

F. X. Richter : Requiem F.X. Richter : La deposizione dalla J.P. Rampal à Prague : Les enre- F.X. Richter : Te Deum 1781 B.Smetana : Quatuor à cordes n° 1-2 Jirí Belohlávek Recollection.
Lenka Cafourková Duricová; Mar- croce di Gesu Cristo gistrements Supraphon. Oeuvres de Czech Ensemble Baroque Orchestra & Quatuor Pavel Haas Œuvres de Smetana, Dvorak, Suk,
keta Cukrova; Czech Ensemble Baroque Czech Ensemble Baroque; Roman Valek Feld, Prokofiev, Benda, Richter… Choir; Roman Valek, direction Fibich, Janacek, Martinu, Ravel,
Orchestra; Roman Válek Martin Turnovsky; Vaclav Neumann Bartok, Schoenberg, Mahler
SU4177 - 1 CD Supraphon SU4204 - 2 CD Supraphon SU4217 - 2 CD Supraphon SU4240 - 1 CD Supraphon SU4172 - 1 CD Supraphon SU4250 - 8 CD Supraphon

Serguei Ivanovitch Taneiev : Quin- J.V. Tomasek : Sonates pour piano- K. Weill : Wanted, Mélodies Arrangements de pièces de Bach, Jan Zach : Requiem solemne; J. Dismas Zelenka : Sonates en trio,
tette pour piano, op. 30; Quintette à forte, op. 13, 14 et 26 Dagmar Peckova, mezzo-soprano; Quatuor Boulanger, Brahms, Hubay, Sara- Vêpres de la Vierge; Magnificat ZWV 181
cordes, op. 14 et op. 16 Petra Matejova, piano-forte et Orchestre Epoque; Jan Kucera, direction sate, Khachaturin, Monti… Musica Florea; Collegium Floreum; Ensemble Berlin Prag
Jiri Barta; Jitka Hosprova; Quatuor Martinu Pavel Sporcl, violon; Romano Stilo Marek Stryncl
SU4176 - 2 CD Supraphon SU4223 - 1 CD Supraphon SU4226 - 1 CD Supraphon SU3951 - 1 CD Supraphon SU4209 - 1 CD Supraphon SU4239 - 2 CD Supraphon

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En couverture / Musique contemporaine
CM754408 • 2 DVD C Major pouvait l’être, mais approchait de ses
CM754504 • 1 BLU-RAY C Major secrets. En 2018, il entreprit une tour-

J eune homme Yo-Yo Ma n’envisageait née autour du globe, de quoi donner


qu’un seul devenir : pouvoir jouer les trente-six fois les Suites. A Athènes,
Six Suites de Bach sans démériter face dans l’acoustique parfaite de l’Hérode
aux disques de Casals. Mais la beauté Atticus qui love son petit amphithéâtre
naturelle de sa sonorité si équilibrée, si sous l’Acropole (et où j’ai vu quelques
soyeuse, que son professeur Eugen Is- étés l’Opéra de Munich y faire des
Pierluigi Billione (1960-) tomin admirait au point de la lui envier, Ariadne auf Naxos inoubliées), dans la
y fit obstacle : l’archet de Casals râpait
FACE nuit de mer d’Athènes, il dit ses Suites
la corde, dans le creusement du son
Anna Clare Hauf, voix; PHACE [Sylvie Lacroix, comme fondu dans son violoncelle
flûte; Walter Seebacher, clarinette; Michael
résidait le secret amer, le sombre mys-
tère dont s’échappaient les méditations et c’est d’une beauté à pleurer, voyez
Krenn, saxophone; Yaron Deutsch, guitare
électrique; Mathilde Hoursiangou, piano;
Johann Sebastian Bach (1685-1750) et les danses. Yo-Yo Ma s’y mesura seulement. Le second DVD contient un
Berndt Thurner, percussion; Ivana Pristasova, Les Suites pour violoncelle deux fois au disque, trouvant sa propre entretien au sujet des Suites assez éclai-
alto; Barbara Riccabona, violoncelle; Alexandra Yo-Yo Ma, violoncelle voix, qui n’était pas celle de Casals, ne rant. (Jean-Charles Hoffelé)
Dienz, contrebasse; Alex Lipowski, ad hoc
player]; Leonhard Garms, direction
0015040KAI • 1 CD Kairos actuelles, thèse et antithèse épuisées cette sensation que plus notre point de un son banal est plongé dans un nouvel
(l’esthétique du malaise, contestataire, vue est élevé, plus l’horizon est vaste. environnement et revêt à notre écoute,

E nregistré à la Philharmonie Luxem-


bourg – le pays est petit, mais son
infrastructure superbe – par l’ensemble
deconstructionniste à l’extrême, deve-
nue elle-même autoritaire et l’esthé-
Les tensions aériennes de A Highwire
Act, écrit à New York, doit beaucoup à
maintenant augmentée, d’autres qua-
lités, une nouvelle signification. Les
tique de la banalité, née en réaction à Philippe Petit, funambule français qui, significations, toujours, ou encore les
autrichien Phace dirigé par Leonhard la précédente, à l’expression triviale et entre autres, traversa l’espace entre les émotions suscitées par les "icones
Garms, Face, en dix mouvements, pro- naïve, inféodée au grand public) : l’es- défuntes tours du World Trade Center. sonores", ces éléments codifiés utilisés
pose des mots dans un langage inventé thétique de la catharsis, qui cherche à C’est à un trajet dans le funiculaire de depuis des siècles dans la musique,
par Pierluigi Billone pour émuler une valoriser - libération et de purification Fløibanen (Bergen, Norvège) que Fenn c’est ce à quoi le compositeur s’attaque
voix (Anna Clare Hauf) de tragédie - les apports des deux précédentes doit son inspiration pour Through a avec Iconosonics : il les déconstruit
grecque ancienne – à laquelle il adjoint, en "conciliant recherche intellectuelle, Glass Darkly : le train qui quitte la sta- avant de les réassembler autrement,
de-ci de-là, celles, issues d’enregis- critique et complexité d'une part avec tion, le bout du tunnel et l’éclat sonore différenciant ainsi les connexions ou
trements originaux, de Lachenmann, compréhensibilité et utilisabilité d'autre dans l’air pur de la montagne silen- associations engendrées. Une œuvre
Scelsi, Nono, Stockhausen ou John part". De même, il prône un mi-che- cieuse. Enfin, le hautbois de A Reaction originale. (Bernard Vincken)
Cage, fossiles de pionniers légendaires min entre les deux méta-techniques in Force s’enracine, lui, dans la réso-
de la musique contemporaine, muses (atonalité pour l’esthétique du malaise nance des vastes territoires australiens
autant qu’enseignants. Ces mots et les et tonalité traditionnelle pour l’esthé- et du chant de son carillonneur huppé
notes qui les entourent sont pour le tique de la banalité) : la pan-modalité, en particulier. (Bernard Vincken)
compositeur un moyen d’ouvrir l’Anti- où les modes préservent la hiérarchie
quité à nos oreilles ; ces mots qui ont interne, sans se comporter pour autant
voyagé pendant des années perdent comme des échelles tonales. Bruni
leur sens et redeviennent sons : car essaye ainsi de créer des attractions
Billone laisse à la tradition l’éloquence tonales et des hiérarchies au sein d’un
émotive de la voix, ou son traitement mode, y compris non traditionnel, no-
instrumental, pour en promouvoir le tamment au long des sept Metatropès
son même, la vibration du corps – bien Ko Matsushita (1962-)
pour harpe, à l’inspiration bucolique.
loin de l’expression musicale d’un texte. Ubi caritas; O salutaris hostia; Tenebrae
(Bernard Vincken) factae sunt; Salva me; De profundis
Dans cette conception, le mot n’est pas
premier, mais dernier. Parmi l’ensemble clamavi; Usquequo Domine; Domine,
de chambre Phace, prêtez attention aux Clemens Gadenstätter (1966-) fac me servum pacis tuae / M. Reger : 3
Œuvres pour chœur, op. 6 / G. Mahler/C.
percussionnistes. Et à la guitare élec- Sementical Investigations I; Sementical
Gottwald : Im Abendrot, Adagietto extrait
trique de Yaron Deutsch, un habitué du Investigations II; Sad Songs; Figure-Icono-
de la Symphonie n° 5
compositeur italien. (Bernard Vincken) sonics I; Bodies-Iconosonics II; Picutres of
an exhibition-Iconosonics Ivette Kiefer, piano; KammerChor Saarbrücken;
Georg Grün, direction
Ernst Kovacic, violon; Krassimir Sterev, accordéon;
Yaron Deutsch, guitare électrique; Klangforum CAR83505 • 1 CD Carus

O
Wien; Etienne Siebens, direction; Ensemble n ne s’attend pas à écouter des
Modern; Sian Edwards, direction; L'Instant Donné; motets composés par un composi-
Ensemble Nikel
Nirmali Fenn (1979-) teur catholique japonais. C’est pourtant
0015006KAI • 3 CD Kairos à une telle expérience que nous convie
The Clash of Icicles Against the Stars, pour
flûte, accordéon, sheng; A Highwire Act,
pour violon, violoncelle et piano; Scratches
of the Wind, pour flûte alto seul; Through
P artant de l’idée que l’écoute est non
seulement un fait biologique et phy-
siologique, mais aussi un apprentissage
le KammerChor Saarbrücken dirigé par
Georg Grün. Ko Matsuhita, qui est né en
1962, s’inscrit, avec un conservatisme
a Glass Darkly, pour clarinette, trompette qui guide et oriente (et donc restreint) revendiqué, dans la grande tradition de
Edoardo Bruni (1975-) et accordéon; The Ground of Being, pour notre perception du monde, Clemens la musique chorale sacrée. Il use des
flûte et flûte alto; A Reaction in Force, pour
Trio Ricorsivo, pour clarinette, violoncelle Gadenstätter exhorte son public à repé- dissonances et des effets dramatiques
et piano; Metatropès, pour harpe hautbois seul
rer ses propres limites perceptives, les avec subtilité et privilégie les climats
Lorenzo Guzzoni, clarinette; Giuseppe Barutti, Honk Kong New Music Ensemble
questionner et les dépasser - nourris- graves : évocation de la mort du Christ
violoncelle; Volha Karmyzava, piano; Francesca 0015055KAI • 1 CD Kairos sant de ce fait l’incessant aller-retour ou du désastre nucléaire de Fukushima,
Tirale, harpe
TC970202 • 1 CD Tactus A ustralienne née au Sri Lanka en
1979 et basée (actuellement) à Sin-
entre individu et société, entre expé-
rience et contexte. Il écrit Semantical
oraisons de profundis en quête de paix
ou de consolation. En complément de

O n sent encore les réminiscences de


la période romantique du composi-
teur dans ce Trio Ricorsivo en quatre
gapour, Nirmali Fenn présente, pour
son premier enregistrement chez Kai-
ros, six pièces, solo, duos et trios d’une
Investigations avec à l’esprit ces innom-
brables sons qui emplissent notre quo-
tidien mais que nous n’écoutons pas de
programme, le KammerChor Saarbrüc-
ken interprète d’abord le très bel opus
6 de Max Reger, qui comporte une par-
mouvements qui occupe la première musique largement influencée par les façon active : il les classe, investigue tie pour piano et qui évoque, en trois
moitié du disque, même si Edoardo conditions sonores de son environne- leur spectre sonore, les sort de leur temps, le réconfort (Trost) et l’apaise-
Bruni a, depuis ses élans de jeunesse, ment. Composé au 27ème étage d’un contexte et les recatégorise (en signaux ment nocturne (Zur Nacht, Abendlied).
maturé vers une écriture plus person- building de Hong Kong, The Clash of d’alarme, jingles…) avant de les doter Vient, pour finir, une transcription pour
nelle. Au travers de son projet Ars Modi, Icicles Against the Stars, induit, par de nouveaux contextes, en fonction de chœur réalisée par Clytus Gottwald
il propose un concept qui veut synthé- ses lignes musicales épurées qui filent leurs caractéristiques intrinsèques. Ain- de l’Adagietto de la 5e symphonie de
tiser les deux esthétiques majeures tout droit jusqu’à finalement se courber, si souhaite-t-il élargir notre perception : Mahler avec, pour texte, le poème Im

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Contemporain / Alphabétique
Abendrot d’Eichendorff : moment sus- Stuttgart; Helmuth Rilling, direction l’on sait. Les trois "vrais" concertos sont
pendu, émouvant et convaincant (c’est Sélection ClicMag ! HC18054 • 2 CD Hänssler Classic des merveilles de style, et un peu intem-
bien un chant, se dit-on, que mur- porels aussi pour l’orchestre classique
murent les cordes de Mahler) qui clôt
une belle heure de musique chorale.
J eune-fille, Isabelle Faust n’avait déjà
pas froid aux yeux : que veut-elle
enregistrer ? Bach. Cela tombe bien,
de Rilling quoi qu’on en dise. Faust veut
enregistrer tout le reste, Rilling pris
(Emmanuel Lacoue-Labarthe) dans un souci d’exhaustivité accepte. Le
Hänssler a l’homme de la situation :
Helmut Rilling enregistre tout Bach, deuxième CD s’ouvre sur la fanfare de
Cantates, oratorios, Messes, Pas- cette Sinfonia d’une cantate perdue ; cet
sions, elle sera sa violoniste. Ou plutôt orchestre, ces trompettes, on croirait la
l’inverse : il sera son chef. Car dès le bande à Paillard ! Faust enflamme ses
Concerto en la c’est elle qui donne le traits vivaldiens, c’est la fête. Le grand
tempo, si vif que Rilling doit la suivre, Concerto en ré mineur, déduit de celui
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
un peu contraint, mais enfin cela fuse. de clavier vous a une de ces gueules !
Concertos pour violon, BWV 1041-43,
Et dans l’Andante vraiment pris Andante et le vivaldien Concerto en ré donc !
BWV 1052R, 1064R; Sinfonia, BWV 1045;
Concerto pour 3 violons en sol mineur, et qu’il n’aurait pas pris Andante sans Avec Chritoph Poppen et Muriel Can-
BWV 1056R elle, comme elle chante et dit ! Une toreggi le Concerto en sol tourne aux
Olga Neuwirth (1968-) Isabelle Faust, violon; Christoph Poppen, violon; artiste était née au disque ce jour là, qui feux d’artifice. Réédition pertinente !
…Miramondo multiplo…, pour trompette Muriel Cantoreggi, violon; Bach-Collegium depuis a tenu toutes les promesses que (Jean-Charles Hoffelé)
et orchestre; Remnants of Songs … An
Amphigory, pour alto et orchestre; Masaot/

A
Clocks without Hands tel qu’il apparaît dès le premier mouve- Tanja Ariane Baumgartner, mezzo-soprano; Thors- Berlin comme à Dresde pour
Hakan Hardenberger, trompette; Antoine Tamestit, ment de Remnants Of Songs … An Am- ten Johanns, clarinette; Quatuor Minguet Pâques les trompettes par 3 et les
alto; Gustav Mahler Jugenorchester; Ingo Metz- phigory - titre témoin de son admiration WER7383 • 1 CD Wergo timbales sont de sortie, escortées de
macher, direction; Wiener Philharmoniker; Daniel
flûtes, hautbois, bassons ou cors par
A
harding, direction; ORF Radio-Symphonieorchester
pour Edward Lear, poète nonsense an- ssocié au courant allemand de la
Wien; Susanna Mälkki, direction glais, maître de cette subtile combinai- "nouvelle simplicité", le post-mo- 2 : les "jauchzt", "Frohlocket" ou "freuet"
son entre légèreté ambivalente et grand derne Manfred Trojahn se distingue de initiaux exultent donc comme il sied.
0015010KAI • 1 CD Kairos
sérieux. Enfin, pour Masaot / Clocks l’avant-garde des années 1960-1970 : il Contemporains, Agricola (élève avéré

S i l’on se souvient qu’Olga Neuwirth


a abordé la musique par l’étude,
dès l’âge de sept ans, de la trompette
With Hands, la compositrice s’inspire
de l’arrière-plan multiethnique de son
manifeste peu de goût pour l’atonalité
et ne craint ni les harmonies tradition-
de Bach, qu’on connaît pour ses écrits
sur le maître) et Homilius lorgnent cha-
grand-père (qu’elle n’a pas connu) pour nelles ni l’héritage romantique des sym- cun à sa manière vers le classicisme
- Miles Davis était son modèle -, on qui vient, et se rejoignent sur certains
explorer la localisation, l’identité, la no- phonies du XIX e siècle - en témoigne
comprend sans peine son envie d’écrire choix musicaux : ainsi la quasi-ber-
tion - quelque peu nébuleuse - de patrie. sa courte et malicieuse Bagatelle, Sche-
pour l’instrument qui a marqué sa voca- ceuse "Du schützet ihn" du quatuor de
(Bernard Vincken) rzo Frammento (Hommage à L.v.B.). Il
tion - même si les conséquences sur sa "der Gottmensch jauchzt" répond-elle
assume sa subjectivité, en opposition à
mâchoire d’un accident de voiture ont au poignant "Betrübter Fall" du trio des
l’objectivisme exacerbé en vogue après
détruit son rêve de jeunesse de devenir trois Marie de "Frohlocket und preiset...
John Cage, particulièrement dans ce
trompettiste de jazz. Dédié à l’innovant ". Mais au jeu des surprises et de la mise
Quatuor à Cordes n° 2, composé durant
et virtuose suédois Hakan Hardenber- en valeur des mots, c’est Homilius qui
sa résidence d’un an à Villa Massimo de
ger, …Miramondo Multiplo… ("voir le l’emporte comme souvent : ses trios
Rome en 1979-1980 et qui, à l’image
monde de différentes perspectives"), féminins avant tout puis son ange basse
des moments difficiles qu’il vit alors
déroule en cinq mouvements - et autant qu’on peut imaginer barbu, secouent la
(il ne s’y sent pas à sa place, est en
d’arias (airs) - la conception que se fait relative routine due aux circonstances
manque de Paris, refuse toutefois de
la compositrice de l’instrument, "exten- liturgiques. Côté interprétation, on se
sion de la respiration humaine". Dans le gâcher une telle opportunité), alterne les
régale. L’approche générale de Willens
monde de Neuwirth, il y a cette obses- Manfred Trojahn (1949-) phases d’émotion intense, les moments
est conforme à ses habitudes de vivaci-
sion du son, ce travail sur "les particules calmes, profonds et les élancements ly-
Quatuor à cordes n° 2 avec mezzo-soprano té et de clarté, et le quatuor féminin qu’il
les plus minuscules et les plus subtiles", et clarinette
riques. Méticuleusement peaufiné avec
a réuni est harmonieux et frémissant à
le Quatuor Minguet, la mezzosoprano
souhait, plus d’une fois très émouvant.
Tanja Ariane Baumgartner et le clarinet-
Poplutz est égal à lui-même, timbre
et de neuf pour cordes." Immodeste ? tiste Thorsten Johanns, Trojahn, plus
Sélection ClicMag ! Venant de celui qui a composé "Thre- coutumier des symphonies (5) ou des
comme diction. La basse très classique
et le chœur un peu compact m’ont
nody For The Victims Of Hiroshima" - opéras (6), livre avec cette commande
à peine moins enthousiasmé, mais
ce gémissement sonique et atonal aux de Radio France créée à Paris en 1980,
l’ensemble donne un très beau disque
dévastés de la bombe atomique, dis- une œuvre personnelle, intime - qui se
qui s’écoute sans une minute d’ennui.
sonance issue de la plus haute note de conclut, avec Abgesang, par un réca-
(Olivier Eterradossi)
chaque instrument (24 violons, 10 al- pitulatif empruntant aux mouvements
tos, 10 violoncelles et 8 contrebasses), précédents. (Bernard Vincken)
chacun supplicié par son instrumentiste
-, on souscrit avec mansuétude. C’est
en s’inspirant de l’atmosphère de son
manoir de Lustawice que Penderecki
Krzysztof Penderecki (1933-)
écrit, pour le corniste Rodovan Vlat-
Concerto pour cor "Winterreise"; Adagio
kovic, le Concerto Pour Cor - dont le
pour cordes; Concerto pour violon n° 1;
Threnody for the Victims of Hiroshima sous-titre Winterreise est sans lien avec
Barnabas Kelemen, violon; Radovan Vlatkovic, le cycle homonyme de Schubert, point
cor; London Philharmonic Orchestra; Michal culminant du romantisme allemand Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Dworzynski, direction; Krzysztof Penderecki, -, utilisant comme rarement les notes
Six sonates pour violon et clavecin, BWV
direction basses et sombres de l’instrument. Le Johann Friedrich Agricola (1720-1774)
104-1019; Chorals "Schübler", pour orgue,
LPO0116 • 1 CD LPO "Concerto n° 1 pour violon" succède à Cantate pour la fête de Pâques "Der BWV 645-650; Partita pour violon seul,
Gottmensch jauchzt"; Poème musical "Die
E n 2000, Krzysztof Penderecki décla- l’enchanteur autant que lancinant Ada- BWV 1006; Prélude et Fugue pour orgue,
gio Pour Cordes : d’un lyrisme féroce, Auferstehung des Erlösers" / G.A. Homi- BWV 543
rait : "nous avons poussé la musique lius : Oratorio de Pâques "Frohlocket und
aux changements d’humeur d’une vio- Henryk Szeryng, violon; Helmuth Walcha, clavecin,
si loin, dans les années 60, que, même preiset den göttlichen Held", HoWV I.11
lence virtuose, aux crises extrêmes ré- orgue
en ce qui me concerne, j’ai fermé la Hannah Morrison, soprano; Rahel Maas, soprano;
porte derrière moi, parce qu’il n’y avait, solues dans le silence. En un disque et WS121380 • 2 CD Urania
Bethany Seymour, soprano; Elisabeth Popien, alto;

N
d’aucune façon, moyen de faire plus que quatre pièces, le London Philharmonic Georg Poplutz, ténor; André Morsch, baryton; i notice, ni métadonnées d’enre-
ce que j’avais fait. […] personne n’a fait Orchestra balaie près de cinquante ans Kölner Akademie; Michael Alexander Willens, gistrement : l’éditeur réservait-il
de la musique plus progressive. Per- la vie d’un compositeur hors du com- direction ce double CD à quelques "happy few"
sonne n’a écrit quelque chose de frais mun. (Bernard Vincken) CPO555332 • 1 CD CPO érudits ou nostalgiques  ? Pourtant

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Alphabétique
attention, les jeunes : interprètes et fugue, qui devint alors le testament, le ce choix d’édition prend tout son sens,
enregistrements historiques ! Szeryng couronnement et la signature de toute Sélection ClicMag ! c’est principalement du fait de l’excel-
était considéré par les mélomanes des l’Oeuvre du Cantor : elle a pour base les lence de l’interprétation comme de la
années 1960 à 1980 comme un des 4 notes qui composent le nom de B/A/ prise de son. Rien de racoleur dans le
"aristocrates" du violon avec Oïstrakh C/H : si bémol, la, do, si bécarre. CD 2, jeu des musiciens, soliste(s) comme
et Milstein. Quant à Walcha, musicien elle est reprise avec les "achèvements" orchestre (de chambre !), mais beau-
aveugle qui apprenait ses partitions en que lui ont prodigués 3 compositeurs coup de retenue, de noblesse, une
Braille et jouait tout de mémoire, il fût du XXe et du XXIe siècle. Et complétée approche très soignée de ces deux
à cette époque un leader de l’interpré- par deux pièces de Schumann et de œuvres emblématiques, en cette année
tation "informée" sur des orgues histo- Schwarz-Schilling conçues à partir de du 250e anniversaire, qui en font des
riques. Bien sûr, on ne joue plus Bach ces mêmes 4 notes. Le tout est interpré- partitions complémentaires pour appro-
ainsi... Mais leurs sonates BWV 1014 té par un ensemble à cordes — ce qui cher le génie de Beethoven. Le trio en
à 1019 figurent probablement parmi se conçoit : Bach ne spécifie pas d’ins- Ludwig van Beethoven (1770-1827) mi bémol est une œuvre de jeunesse
les 10 meilleurs disques du violoniste trument particulier pour cette œuvre Trio à cordes n° 1; Concerto pour violon où le compositeur affinait son écriture
(l’andante un poco de BWV 1015, l’ada- dont on a dit qu’elle était spéculative, Daniel Gaede, violon; Trio 3 Gaede; Polish pour la musique de chambre, en atten-
gio ma non tanto de BWV 1016 sont non faite pour être jouée. Et quoiqu'il en Chamber Philharmonic Orchestra; Wojciech Rajski, dant d’explorer avec le bonheur que l’on
pour moi inoubliables). Quant aux cho- soit, la pratique de la transcription est direction
sait le quatuor à cordes ou le trio avec
rals "Schübler" (1947, orgue Stellwagen courante au XVIIIe. L’ordre d'exposition TACET246S • 1 SACD Tacet piano. Loin d’être une œuvre mineure,
de l’église Sankt Jacobi à Lübeck), ils des différents "contrapunti" n'est pas
démontrent dans une exceptionnelle
prise de son "mono" à quel point Wal-
celui de la première édition imprimée,
mais c’est chose commune, car quel est
C ette parution insiste sur le caractère
d’innovation technique puisque l’op.
61 est ici proposé en SACD (également
cet opus a été popularisé, entre autres
par le trio Perlman-Zuckerman-Harrell à
qui le trio Gaede n’a rien à concéder. Le
cha (dans des tempi certes bien lents) au juste le "plan" de l'œuvre ? Cepen-
dant, la suppression des 4 canons est en CD). Mais cette particularité, heureu- concerto en ré est transcendant, lumi-
utilisait les registres à la manière d’un
injustifiable, alors que complétude et sement, ne fait pas tout, les mélomanes neux et trouve ici, par son équilibre feu-
peintre... ce que confirme en stéréo le
finitude sont par ailleurs un moteur du ne se réduisant pas à la dimension de tré, une nouvelle version de référence.
prélude et fugue BWV 543, à l’orgue
projet. Quelle unité (suspecte) cherche- simples audiophiles. Au contraire, si (Alain Monnier)
Schnitger de la St Laurenskerk d’Al-
maar. Extraite d’un concert pragois, t-on donc ? Quel est le nom de cette lo-
la partita finale me renvoie au théâtre gique de la reconstruction ? Jeu impré- ensemble de chambre baptisé KlangKol-
municipal de Grenoble ou encore "ado" gné d’une solennité, d’un sérieux, d’une
lenteur, qui engendrent la monotonie. lektiv et réunis autour de Norbert Täubl,
j’ai entendu "Monsieur l’Ambassadeur"
la jouer : arborant entre les pièces son C'est abstrait, sans poésie. Et pour- clarinettiste des Wiener Philharmoniker.
insupportable air dédaigneux, il se quoi vouloir compléter l’inachevé ? Et C’est avec cet orchestre qu’il grave
métamorphosait et mystifiait l’auditoire plus particulièrement l’Art de la Fugue, quelques-unes des principales œuvres
dès que son archet touchait les cordes. quand, au contraire l’énigmatique, le
du tournant entre classicisme et roman-
Immanquable, malgré hélas quelques labyrinthique, l’insoluble semblent au
défauts de montage. (Olivier Eterra- coeur de ce qui agite là, plus qu’ail- tisme. Après un premier CD consacré à
dossi) leurs encore, la musique de Bach ? Schubert, c’est tout naturellement vers Ludwig van Beethoven (1770-1827)
(Bertrand Abraham) Beethoven qu’il se tourne aujourd’hui. Polonaise en do majeur, op. 89; Allegretto
Certes l’orchestre est encore vert et en do mineur, WoO 53; 2 Petites pièces
pour clavier, WoO 54; Rondo en do majeur,
parfois peu homogène notamment dans
WoO 48; Bagatelle en do mineur, WoO 52;
le finale de l’"Héroïque", mais le format Prélude en fa majeur, WoO 55; Sonate en
réduit, la transparence du son de ce fa majeur, WoO 47 n° 2; 7 Ländlerische
Zänze en ré majeur, WoO 11; Klaviers-
"live" ainsi que la vivacité des tempos tück für Piringer en si mineur, WoO 61;
si éloignée de la lenteur des Bruckner Klavierstück en si bémol majeur, WoO 60;
du même chef font de cette approche 6 Ecossaises en mi bémol majeur, WoO
83; MEnuet en mi bémol majeur, WoO 82;
Johann Sebastian Bach (1685-1750) que complète l’ouverture d’Egmont Sonatine en fa majeur, Kinsky/Halm Anh.
L'Art de la Fugue, BWV 1080 [version pour
Ludwig van Beethoven (1770-1827) une vision rafraichissante et sédui- 5 n° 2; 6 Variations en fa majeur, op. 34;
Valse en mi bémol majeur, WoO 84; Anh. :
ensemble de chambre] Symphonie n° 3; Ouverture Egmont sante, proche sans doute de ce que les Andante en do majeur; Klavierstück en sol
Salzburg Chamber Soloists; Christoph Schlüren, Klangkollektiv Wien; Rémy Ballot, direction premiers auditeurs de l’Héroïque ont mineur, WoO 61a
direction GRAM99210 • 1 CD Gramola entendu dans les salons viennois. Sans Matthias Kirschnereit, piano

P
GRAM98009 • 2 CD Gramola arallèlement à l’enregistrement inté- prétendre bouleverser la discographie 0301409BC • 1 CD Berlin Classics

C D 1 : l’Art de la Fugue est enregis-


tré dans sa forme originale avec sa
fugue finale inachevée. À en croire C.P.E.
gral des symphonies de Bruckner à
Saint Florian amené à faire date, Rémy
Ballot a réuni des musiciens des prin-
pléthorique de ces chefs d’œuvre, ce
disque sympathique mérite un coup O n pourrait penser qu’il s’agit, là,
de Beethoven avant Beethoven.
En vérité ces raretés – presque toutes
Bach, son père mourut en écrivant cette cipaux orchestres viennois au sein d’un d’oreille. (Richard Wander)
– s’échelonnent entre 1783 et 1825.
Plus de quatre décennies de pièces de
violoncelle; B. Erz, violon; K. Haltenwanger, piano] Boulanger six Chants écossais et huit genre, de la polonaise à la bagatelle en
Sélection ClicMag ! AVI8553377 • 1 CD AVI Music Chants irlandais alternant mélancolie et passant par les Ecossaises – les plus
saillies. Qui connait l’étreignante mise charmantes -, les ländler, une valse…

U ne part toujours méconnue du génie


de Beethoven ce sera exprimée
par le Lied : "An die ferne Geliebte" est
en musique du "Sunset" de Walter Scott
dont Beethoven a transcrit avec art la
Matthias Kirschnereit possède suffi-
samment d’humour et un toucher d’une
mélancolie subtile ? Il le chante avec belle variété de couleurs pour alterner
quasi un journal intime, "Adélaïde" une les émotions. Il ne s’agit pourtant pas
dans la voix une émotion contenue qui
déclaration, "In questa tomba oscura" fait mouche. Mais il sait aussi mettre de pièces faciles et encore moins d’une
un chef-d’œuvre. Andrè Schuen sait une pointe d’ironie à son "Come fill, fill, valeur inférieure. Beethoven expéri-
bien tout cela qui assemble ici ces trois my good fellow" qu’il fait danser pour- mente sans cesse les formules parfois
pages maitresses, chantées avec ce tant, emporté par les appuis savoureux complexes dans des miniatures et par-
recueillement entre douleur et espoir, du trio. Ce sera dans les chants irlandais fois même des esquisses qui paraissent
Ludwig van Beethoven (1770-1827) élan et résignation, surtout avec la voix que son art s’exhaussera dans l’humour bien étranges par leurs modulations
25 mélodies écossaises, op. 108 n° 2, 3,
du bon Dieu ! Quel admirable baryton comme dans la tristesse. "The Soldier’s comme ce morceau WoO60. Dix-sept
5, 13, 16, 20; Mélodies irlandaises n° 4, au timbre profond, aux mots légers qui Dream", "The deserter" sont chantés "à partitions ornent ainsi le panthéon du
5, 7, 9, 10, 15, 21; Adelaide, op. 46; An chante tout cela avec des tendresses et nu", avec un art de suggérer saisissant. compositeur des 32 Sonates et des
die ferne Gellebte, op. 98; In questa tomba une ivresse qu’"An die ferne Geliebte" Quel beau baryton, quel immense chan- Variations Diabelli, avec leurs traits
oscura, WoO 133 n’avait pas connue au moins depuis teur, pourtant encore à l’orée de son art. fulgurants comme la Bagatelle WoO52
Andrè Schuen, baryton; Trio Boulanger [I. Kindt, Fritz Wunderlich. Il ajoute avec le Trio (Jean-Charles Hoffelé) d’une violence percussive qui pourrait

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qui put le faire renouer avec son destin. thoven que les mêmes engrangèrent 1825. L'énorme succès de cette pre-
Sélection ClicMag ! Herbert Blomstedt s’était confortable- patiemment entre 1975 et 1980 : je mière représentation aboutit à l'auto-
ment installé dans une activité hanséa- m’en faisais rapporter les microsillons risation pour le collège de représenter
tique, Oslo, Stockholm, Copenhague, Eterna au compte-goutte par des amis l'opéra chaque dimanche de la même
quelques concerts à Hambourg suffi- qui allaient donner quelques concerts année. Bellini devait réaliser en 1828
saient à son bonheur, mais les autorités à Leipzig ou à Berlin. Le temps du CD pour le Teatro del Fondo de Naples une
de Dresde avaient noté son tropisme venu, La VEB licencia cette intégrale version réduite à deux actes, avec de
pour le grand répertoire germanique, pure et fascinante à force de cette nombreux changements de tonalités
Brahms, Beethoven, Bruckner surtout. sombre lumière qui n’appartient qu’aux et les dialogues de la première version
Chef et orchestre s’essayèrent et se Dresdois, à des labels économiques transformés en récitatifs, qui ne fut fina-
plurent. Ils resteront liés dix ans, de fa- qui en abimèrent les reliefs de granit, lement jamais représentée. Le manus-
buleuses version des 4e et 7e Sympho- jusqu’à ce que Berlin Classics la réé- crit original, très endommagé, conservé
Ludwig van Beethoven (1770-1827) nies de Bruckner, captées pour Denon, dite une première fois. Mais le son des au Musée Bellini de Catane, a dû être
Intégrale des symphonies sacrant ces noces que d’aucuns auront microsillons Eterna n’y était pas encore. patiemment reconstitué et retranscrit
Staatskapelle Dresden; Herbert Blomstedt, crues improbables. En 1977, Herbert 2020 année Beethoven, et année mau- par endroits pour pouvoir permettre
direction
Blomstedt enregistra à l’occasion de dite, mais dans cette débâcle virale, la présente réalisation. Il inclut une
0301524BC • 4 CD Berlin Classics l’année Beethoven, la version originale Berlin Classics, revenant aux bandes introduction instrumentale (considérée
comme inauthentique) qui n'a pas été
L a chance d’Hebert Blomstedt  ? de Fidelio, Leonore, Emi s’assurant originales, aura sauvé cette intégrale
utilisée ici. L'enregistrement débute
S’être vu proposé en 1975 la direc- sous licence la publication du coffret à parfaite, classique et aventureuse à la
donc par un trio vocal suivi d'un chœur.
tion musicale de la Staatskapelle de l’ouest. Stupeur, la critique ne tarit pas fois, qui fait tout entendre du génie de
Les dialogues parlés, parfois longs, ga-
Dresde, l’orchestre de Richard Strauss, déloges, les ventes suivirent. Il y avait l’orchestre beethovénien, l’éditant dans
gneraient à être interprétés en récitatifs
de Fritz Busch, de Karl Böhm. Il fallait donc à Dresde un chef quasi inconnu, un coffret artiste aux belles photogra-
comme dans la deuxième version. Cette
un certain cran pour accepter en cette de plus non allemand, capable d’un tel phies, à la documentation précieuse.
œuvre de jeunesse, servie ici par de
période de guerre encore très froide prodige ? Pourtant cet "A l’est, enfin du Commencez par l’Eroïca. Et puis aussi
belles voix, un orchestre efficace et un
un poste en RDA. Depuis le départ de nouveau" n’aura pas suffi à EMI pour comparez le cycle de Dresde avec celui
chef précis, révèle, à côté de l'influence
Martin Turnovsky, resté à peine une distribuer de l’autre coté du rideau de de Leipzig (Accentus) : Blomstedt à son
évidente de Rossini, Mercadante, Mayr,
saison, l’orchestre se cherchait un chef fer l’intégrale des Symphonies de Bee- propre miroir. (Jean-Charles Hoffelé) le génie mélodique si particulier, dans
les airs languides notamment, du jeune

L
faire songer à Scarlatti. D’autres pièces superbement dosés par l’accompa- a tradition voulait en ce début du compositeur, qui reprendra textuelle-
rappellent quelques sonates ou bien gnement de l’Orchestre de l’Académie XIXème siècle au Collège Saint ment la romance de Nelly "Dopo l'oscu-
le Clavier bien tempéré de Bach, voir de Vienne qui applique le phrasé sans Sébastien (en fait un conservatoire) ro nembo" dans le "Quante volte" de Ju-
de courtes inspirations à l’instar de la vibrato et révèle les timbres caracté- de Naples que les élèves les plus méri- liette dans les Montaigus et les Capulets.
Pièce pour Piringer WoO61. Beethoven ristiques d’instruments "anciens". Le tants se voient autorisés à composer (Jean-Michel Babin-Goasdoué)
"recycle" divers matériaux, thèmes et soliste est d’autant mieux soutenu que et faire représenter dans le théâtre de
transcriptions comme ces Ländler qui la dynamique des claviers est restreinte. l'établissement un opéra, à l'époque
proviennent de danses pour deux vio- Gottlieb Wallisch et le musicologue du du Carnaval. Ainsi distingué par Nicola
lons et basse. Matthias Kirschnereit les livret décrivent les divers instruments Zingarelli, compositeur directeur de
interprète avec autant de finesse que de l’époque à la disposition de Beetho- l'établissement, le jeune Bellini écrivit
de souplesse. La prise de son charnue ven. Ces commentaires instructifs (en sa toute première œuvre lyrique, Adel-
capte ces atmosphères composites son et Salvini, opéra en trois actes sur
anglais et allemand, hélas) évoquent
restituées sur un Steinway de concert. un livret de Tottola, tiré d'un obscur
l’approche du clavier. Ils justifient une
(Jean Dandrésy) roman (Epreuves du Sentiment, 1772).
conception plutôt chambriste et la
préservation de la clarté et de la défini- Les 8 rôles solistes furent tenus par
tion, qu’il s’agisse des échanges entre des artistes exclusivement masculins, René de Boisdeffre (1834-1906)
le soliste et les pupitres des bois, par tous, élèves de Crescentini, lors de Sonate pour clarinette et piano, op. 12;
exemple, ou bien des cadences. On la création, entre les 10 et 15 Février Prière pour violoncelle et piano, op. 26 n°
apprécie le caractère fruité des pupitres
des vents, la finesse parfois incisive est substitué un extrait d’un poème
des cordes captées dans la profon- Sélection ClicMag ! de Schiller cher à Beethoven qui l’uti-
deur des pupitres. Parmi les versions lisera pour le final d’une certaine sym-
"historiquement informées", celle-ci se phonie chorale. L’Athena qu’incarne
révèle d’une saveur particulière. Notons la jeune actrice Sidonie von Krosigk
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
que le charmant Rondo en si bémol donne le ton, à l’unisson de la ferveur
Les six concertos pour piano; Rondo en si
majeur servit, à l’origine, en tant que qui dynamise toute l’interprétation.
bémol majeur, WoO 6
finale du Concerto pour piano n° 2. Même les tempi rapides, habituelle-
Gottlieb Wallisch, piano-forte (Piano-forte
historiques, Conrad Graf, 1918-1832 et Franz (Jean Dandrésy) ment privilégiés par Marcus Bosch,
Bayer, 1825); Orchester Wiener Akademie; Martin au prix parfois de l’écrasement des
Haselböck, direction nuances, ou le caractère dépouillé de
CPO555329 • 3 CD CPO la sonorité de son actuelle formation,
Ludwig van Beethoven (1770-1827) se révèlent en l’occurrence un atout en
L e "sixième" concerto pour piano n’est
pas l’ajout de la transcription de celui
pour violon, mais il s’agit de l’inclusion
Die Ruinen von Athen, op. 113; Meeress-
tille und glückliche Fahrt, pour chœur
faveur de l’authenticité de ce Festspiel.
De quoi convaincre, au passage, que
mixte à 4 voix et orchestre symphonhique,
du rare Rondo WoO6. Pour autant – et op. 112; Opferlied, pour soprano, chœur et telle marche turque, rondement menée,
le bonus est de taille – le producteur orchestre, op. 121b n’était peut-être que l’arbre cachant
permet d’entendre en vidéo et sur le Valda Wilson, soprano; Simon Bailey, basse; la forêt. Par la qualité qu’y apportent
Web, le concert public du Concerto Sidonie von Krosigk, récitant; Tschechischer encore les interprètes, les deux autres
pour violon dans sa version pour piano, Vincenzo Bellini (1801-1835) Philharmonischer Chor Brünn; Cappella Aquileia; opus sonnent plus comme de profi-
Marcus Bosch, direction tables jalons que comme d’accessoires
couplé avec les Variations op. 12 de Adelson e Salvini, opéra
Czerny. Les versions sur instruments CPO777634 • 1 CD CPO compléments puisque c’est tout le
Donato di Gioia (Adelson); Christian Collia

Œ
anciens sont aujourd’hui assez nom- (Salvini); Luigi Pisapia (Bonifacio); Annapaola uvre de circonstance, voire – à Romantisme qui prend sa source ici.
breuses. Pour sa part, Gottlieb Wallisch Pinna (Nelly); Eleonora Filipponi (Madama Rivers); double titre - de propagande, dans Des points de repère indispensables
a choisi deux Hammerflügel de Conrad Mariangela Marini (Fanny); Shangron Jiang le contexte du "choc des civilisations" tel non seulement dans la production bee-
Graf – l’un de 1818 et l’autre de 1824 (Struley); Antonino Mistretta (Geronio); Orchestra qu’envisagé au 19ème siècle, l’op. 113 thovénienne mais dans l’histoire de la
ainsi qu’un Franz Bayer, également Accademica del Conservatorio Santa Cecilia Roma; est opportunément actualisé dans une musique. Comme toujours, prise de son
de Vienne, daté de 1825. Trois instru- Maurizio Ciampi, direction perspective humaniste et universaliste et exhaustivité du livret incomparables.
ments dont les couleurs et timbres sont LDV14053 • 2 CD Urania puisque à la fin du texte de Kotzebue (Alain Monnier)

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2; Trois Pièces pour clarinette et piano, op. emporte d’un geste la 8e Symphonie est bien en peine de retrouver le style le répertoire postromantique, Bruckner,
20; Berceuse pour violoncelle et piano, op. dans les harmonies autrement sombres du futur symphoniste. L’intérêt de ce mais aussi Wagner et Strauss. Les
34; Trois Pièces pour clarinette et piano, d’un splendide Orchestre Royal du nouveau CD réside dans son exhausti- deux œuvres sont vécues comme de
op. 40; Suite Orientale pour violoncelle et
Danemark qui reflète ses teintes de vité, puisqu’il inclut même des pièces véritables épopées, totalement décon-
piano, op. 42
crépuscule dans le vaste amphithéâtre à quatre mains et treize morceaux nectées de leur dimension spirituelle,
Andrzej Wojciechowski, clarinette; Anna Sawicka,
violoncelle; Anna Mikolon, piano de l’Opéra de Copenhague. Une sym- jusque-là inédits au disque. Défendu notamment pour ce qui concerne la
phonie de la nuit, où rien ne pèse, cette avec conviction par l’excellente Ana- Septième Symphonie. Le matériau est à
AP0464 • 1 CD Acte Préalable
battue verticale s’élevant sans cesse et Marija Markovina bien connue par son l’état brut et le pathos réduit à sa plus

C e n'est qu’à une santé fragile que


René Mouton de Boisdeffre ( !) doit
d'avoir échappé à la tradition militaire
envolant jusqu’à l’Adagio qui déploie
son immense Nachtmusik sans trainer,
intégrale des œuvres pour piano de CPE
Bach, cet ensemble est à recomman-
simple expression. Les rythmes sont
tranchés à la serpe et les tensions cu-
fluide, magique, et sombre mon Dieu ! der en priorité à ceux qui, connaissant mulées donnent une impression de ré-
de sa famille, après son père colonel et Le final rayonne, course sans abîme déjà parfaitement l’œuvre symphonique serve de puissance stupéfiante. Le style
ses grands-pères généraux, et de s'être lancé par la timbale, pas une once de et sacré de Bruckner désirent explorer de Mravinski est inimitable : il laisse la
tourné vers la musique. Né à Vesoul en pathos, pas d’effet, mais un chant infini les marges de la création d’un maître mélodie se développer sans contrainte
1838, le jeune homme, initié à la mu- et preste qui achève de me convaincre décidément à part dans le XIXe siècle. par ses solistes puis reprend subite-
sique par sa mère excellente pianiste et de ce retour à Bruckner. Puisse Hartmut (Richard Wander) ment le contrôle avec la plus grande
chanteuse, se rend à Paris en 1843 et, Haenchen et les Danois poursuivre pour autorité. La conception de Mravinski
en contact avec Lalo, Saint-Saëns, Mas- les micros de Geniun ce que j’espère est celle d’un tragédien. Une fantastique
senet, étudie avec Charles Wagner et être une intégrale des neuf symphonies. expérience de direction d’orchestre.
Auguste Barbereau. Il étudie passionné- (Jean-Charles Hoffelé) (Jean Dandrésy)
ment les œuvres de Gounod, mais aussi
Beethoven, Bach, Mendelssohn, et se
met à composer de la musique sacrée
(Messe de Notre-Dame de Sion, O Salu-
taris, Ave Maria) mais aussi vocale et
instrumentale. La musique de chambre,
avec plus de 60 pièces, constitue la
majorité de son œuvre. Plutôt traditio-
Anton Bruckner (1824-1896)
naliste, de Boisdeffre est avant tout un Symphonies n° 7 et 8
mélodiste. C'est ce que démontrent Leningrad Philharmonic Orchestra; Evgenij
tous les morceaux enregistrés ici, au Mravinsky, direction
caractère très vocal, à l'exception de
Anton Bruckner (1824-1896) WS121378 • 2 CD Urania Aaron Copland (1900-1990)
Kitzler-Studienbuch; Lancier-Quadrille en
À
la sonate pour clarinette et piano, plus ce jour – et sous réserve de la "Appalachian Spring", suite pour 13
do majeur, WAB 120; 3 Pièces pour piano
ambitieuse. Originellement écrite pour découverte de nouvelles archives – instruments; "Quiet City", suite pour cor
à 4 mains, WAB 124; Quadrille pour piano
le violon et dédiée à Delphin Alard Evgeny Mravinski n’a laissé au disque anglais, trompette et orchestre; Concerto
à 4 mains, WAB 121; Pièce pour piano
(célèbre violoniste, auteur de duos pour pour clarinette et orchestre à cordes
en mi bamol majeur, WAB 119; "Stille que trois symphonies de Bruckner : 7e,
violons très virtuoses), elle est publiée Betrachtung an einem Herbstabend", WAB 8e et 9e. Une seule fois les deux pre- Sebastian Manz, clarinette; Wolfgang Bauer,
également dans une version pour clari- 123; "Steiermärker", WAB 122; Fantaisie, trompette; Céline Moinet, cor anglais; Württem-
mières (25 février 1967 pour la 7e et 30
WAB 119; "Erinnerung", WAB 117 bergisches Kammerorchester Heilbronn; Case
nette, qui a été reconstituée pour cet en- juin 1959 pour la 8e) qui nous occupent. Scaglione, direction
registrement, l'édition d'origine s'étant Ana-Marija Markovina, piano; Rudolf Meister, L’œuvre de Bruckner lui était pourtant
perdue. Boisdeffre sera coutumier du piano 0301411BC • 1 CD Berlin Classics
familière en concert. Le label Urania
fait de proposer plusieurs instrumen- HC17054 • 1 CD Hänssler Classic Records a remastérisé les bandes des
L ’œuvre de Copland est autant impré-

S
tations pour ses œuvres, mettant en ymphoniste considérable, organiste deux symphonies bien connues pour gnée de l’histoire américaine et de
vedette notamment l'alto, peu utilisé à improvisateur de génie d’après les avoir été plusieurs fois rééditées. La ses mythes que de ses musiques folk-
cette époque. Cette musique lumineuse témoignages qui nous sont parvenus, sonorité est plus claire, incisive, les loriques et du jazz. Les compositions de
et limpide a gardé tout son charme Bruckner était aussi un excellent pia- dynamiques mieux contrôlées. On reste ce programme en sont un bel exemple.
mélodieux dans la belle interpréta- niste, qui donna surtout au début de sa d’abord frappé par les couleurs du Phil- La suite "Appalachian Spring" (1944),
tion proposée ici par des interprètes carrière des cours de piano pour sub- harmonique de Leningrad : des timbres ici dans sa version originale pour
polonais très impliqués. (Jean-Michel sister. Mais comme compositeur, il ne uniques dans les cuivres, l’impact aussi treize instruments, nous entraîne sur la
Babin-Goasdoué) laisse que des piécettes pour le clavier, des cordes, la profondeur du son. Il y piste des pionniers au sein des grands
valses, marches, danses, études, feuil- a parfois quelques “incidents” pour ce espaces américains alternant évoca-
lets d’album souvent très brefs (plu- qui concerne la justesse ou l’intonation tions pastorales radieuses, rythmes
sieurs ne font même pas une minute), (bois, cors), mais le résultat est saisis- de danses folkloriques et citation d’un
dans lesquels l’oreille la plus exercée sant d’expressivité. Mravinski appréciait hymne de la congrégation des Shakers.

il serait injuste de passer sous silence façon spectaculaire. En restituant un In-


Sélection ClicMag ! le centenaire du décès de Max Bruch, termezzo supprimé après les premières
romantique indéfectiblement attaché exécutions en 1868 comme deuxième
au langage de sa jeunesse (il était né mouvement, il donne à l’œuvre entière
seulement cinq ans après Brahms, mais un autre équilibre proche de la Rhénane
Anton Bruckner (1824-1896)
mourut vingt-trois ans plus tard, alors de Schumann et une inventivité qui fait
Symphonie n° 8 en do mineur que le langage musical avait connu une
The Royal Danish Orchestra; Hartmut Haenchen,
défaut à la version plus classique en
véritable révolution pendant ces vingt- quatre mouvements qu’on connaissait
direction
trois années). CPO a déjà enregistré de jusque-là. Si la troisième, certes pleine
GEN18622 • 1 CD Genuin nombreux inédits du compositeur et
de vie manque toujours un peu de
S es relectures drastiques des opéras
de Wagner et des symphonies de
Mahler, ces dernières trop sous esti- Max Bruch (1838-1920)
nous propose aujourd’hui une vraie réé-
valuation de ses trois symphonies. On
croyait depuis les intégrales de Masur
cette originalité, la découverte de cette
première restaurée n’en est pas moins
majeure. En complément plusieurs pré-
mées, devaient logiquement conduire Symphonies n° 1 à 3, op. 28, 36, 51; et Conlon que la cause était entendue :
Hartmut Haenchen à revenir à l’univers Extraits de l'opéra "Hermione", op. 40 [Pré- l’orageuse et puissante deuxième avec ludes et extraits orchestraux rappellent
Bruckner : un début d’intégrale avec lude; Marche funèbre; Entracte]; Ouverture sa structure en trois mouvements et le goût de Bruch pour les grandes
de l'opéra "Lorelei", op. 16; Prélude de fresques vocales, opéras comme "Her-
le Netherlands Philharmonic entrepris son finale hymnique dominait les deux
l'oratorio "Odysseus", op. 41 mione" et "Loreley" (dont une intégrale
dans les années 90 aura tourné court, autres. Et voici que Trevino à la tête de
Bamberger Symphoniker; Robert Trevino, direction marquante a été gravée récemment par
mais ses lectures cursives des 3e, 7e l’orchestre de Bamberg, une phalange
et 9e Symphonies captées en concert CPO555252 • 2 CD CPO particulièrement adaptée au romantisme Stephan Blunier pour le même éditeur)

L
dans l’acoustique profonde du Concer- e deux cent cinquantième anniver- allemand qui descend de Mendelssohn ou oratorios comme "Odysseus". Un
tgebouw auront alerté les Brucknériens saire de la naissance de Beethoven et Schumann par sa chaude couleur album à marquer d’une pierre blanche.
fervents. Cette fois Hartmut Haenchen fait un peu le vide autour de lui. Pourtant harmonique réévalue la première de (Richard Wander)

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C’est une douce lumière nocturne que enfin l'éternité le change", car même est choisi en fonction de la structure
diffuse ensuite "Quiet City" (1940). Sur Sélection ClicMag ! pour ce contemporain du Grand Siècle, dramatique et de l'accroissement de
le velouté âpre des cordes perce la le mot "éternité" est un peu pompeux. la tension", le ton intime et familier de
clarté de la trompette, personnage prin- Le révéler plutôt comme on révèle la confidence est présent jusque dans
cipal auquel répond le cor anglais dans une photographie, avec la fraîcheur et les vivacités et les éclats, les replis et
une atmosphère teintée de mystère. Si la surprise qui saisit quand on la fait les moires d'un pianisme supérieure-
ces œuvres témoignent d’une certaine naître, ou comme le miroir illustrant la ment "dialogique" (comme aurait dit
force émotionnelle, c’est dans le lyrisme notice du CD reflète la paume et la face Bakhtine) : sobre, voire dépouillé et
superbement mélancolique du premier interne des doigts du pianiste, tandis pourtant toujours plein, sous lequel
mouvement du concerto pour clarinette que son corps semble juste s'esquisser,
se décèle secrètement, exquisément,
(1947-49) qu’elle s’exprime pleinement. s'excuser et presque s'absenter. Cette
et comme en filigrane la mémoire du
La clarinette y déploie un charme divin image nette et évanescente, brillante et
clavecin et du luth (quelle poésie dans
posé sur un tapis de cordes auquel Louis Couperin (1626-1661) pourtant emprunte d'une subtile matité
s'ajoute le timbre féerique de la harpe. est la métaphore même de la révélation l'expression sublimée puis sublime de
Danses du Manuscrit Bauyn
Une cadence brillante du soliste prépare sonore qui nous est ici offerte. "L'équi- la mélancolie dans la passacaille en sol
Pavel Kolesnikov, piano
au contraste d'un deuxième mouve- libre délicat entre ce qui vient du passé mineur !). Moires… mémoire. Ombres
CDA68224 • 1 CD Hyperion portées, lumière tendre ou plus vive, se
ment percutant, aux accents urbains, et ce qui vient du présent me semble
modernes et jazzy. Bénéficiant d’une
interprétation dynamique, avec des R évéler Louis Couperin, compositeur
de la 2e génération de la dynastie,
oncle de François "le Grand", et dont
tout à fait essentiel dans la pratique mu-
sicale. Voilà sans doute pourquoi j'en
doublent ou se dédoublent, s'étoffent
réciproquement. Cet enregistrement
récompensé - et déjà salué précédem-
solistes réjouissants et une prise de suis arrivé à enregistrer Louis Couperin
son valorisante, cet album nous fait l'œuvre a été peu enregistrée. Le révé- sur un Yamaha" déclarait l'interprète en ment dans ce magazine est une réussite
apprécier l’univers expressif et imagé ler non tout à fait "tel qu'en lui-même 2018. Dans ces danses dont "l'ordre absolue. (Bertrand Abraham)
de Copland. (Laurent Mineau)
1630) né à Bologne fit toute sa carrière présence d'instruments dans les pas- passant par les plus représentatives : Le
dans cette même ville, d'abord en tant sages solistes (Une basse continue), un Packington's Pound, Sir Fulke Greville's
que membre du Concerto Palatino où style Concertato (Seconde collection) et Pavan, Sir Walter Raleigh's Gaillard, et
il remplaça son père puis de la presti- polychoral (Coro Battente), le dialogue les variations sur Greensleeves. Elles
gieuse Accademia dei filomusi fondée à double chœur qui évoquent l'Italie du montrent une variété de structure et
par Adriano Banchieri et à laquelle Nord et Venise en particulier. Il existe d'ambiances qui traduisent une fraî-
appartiendra Monteverdi. Entre temps il donc une évolution de l'écriture et des cheur d'écriture libre et sans apprêts.
publie trois livres de madrigaux (1583- techniques du compositeur bolonais qui De l'homophonie des gaillardes des
1586) puis de la musique sacrée dont rendent l'écoute de cette somme plus Jig's et des toys sémillants et rustiques
trois collections de Messes (1595- intéressante que prévue. De plus, on aux développement polyphoniques des
Camillo Cortellini (1561-1630) a affaire à des ensembles captés dans Pavanes, plus introspectives, le style de
1627). C'est ce corpus jusque-là inédit
Intégrale des messes au disque qui a été confié à une dizaine leur jus, héritier d'une longue tradition Cutting se révèle assez singulier pour
Choeur polyphonique Histonium «B. Lupacchino d’ensemble vocaux (pas moins !) basés de chant choral. La prise de son assez avoir suscité l'intérêt de l'interprète,
dal Vasto»; Ensemble vocal Super Partes ; Choeur lointaine donne une impression d'in situ offrant des idiomes distincts de ceux
de chambre de Bologne; Choeur de chambre
à Rome et à Bologne que le label Tac-
tus publie aujourd'hui. Si les madri- captivante, mêlant l'architecture des de ses contemporains Holborne en
Eclectica; Choeur de Rome; Vocalia Consort;
Studium Canticum; Choeur Euridice; Cappella gaux de Cortellini renvoient plutôt à la églises à celle de la musique. Une belle premier lieu. Domenico Cerasini les res-
musicale della Basilica di S. Petronio; Ensemble Prima pratica qu'à la secunda codifiée découverte. (Jérôme Angouillant) pecte à la lettre et s'emploie à restituer
«Color Temporis»; Choeur polyphonique de S. par Monteverdi, ses Messes baignent ces partitions avec esprit et doigté. Un
Antonio Abate
encore dans une polyphonie héritée de disque utile. (Jérôme Angouillant)
TC560380 • 3 CD Tactus Palestrina (Première collection) à base

F ils d'un musicien renommé, le com-


positeur Camillo Cortellini (1561-
d'imitations accompagnée à l'orgue
sauf que chez Cortellini on remarque la

manence entre le classicisme formel et


Sélection ClicMag ! un élan postromantique qui est porté
par une prise de son charnue. Mar-
tin Roscoe avait déjà gravé pour ASV, Francis Cutting (1583-1603)
la Suite dans le Style ancien dont on Sir Walter Raleigh's Galliard; The Squir-
peut s'étonner de l’incursion "baroqui- rel's Toy-Cutting's Comfort; Mrs. Anne Anton Eberl (1765-1807)
sante" pour piano seul dans un monde Markham's Pavan; Galliard; Quadro Pavan; Intégrale des sonates pour piano
chambriste post-brahmsien. Il faut My Lord Willoughby's Welcome Home;
Luca Quintavalle, piano-forte (piano-forte P.
imaginer l'expressivité de la musique Galliard; Pavana Bray; Galliard; Almain;
McNulty, 2009, d'après Walter & Sohn, 1805)
baroque telle qu'elle s'imaginait au Pavan Sans Per; Galliard; Greensleeves;
Galliard; Jig-Toy; Walsingham; Galliard; BRIL95929 • 2 CD Brilliant Classics
début du siècle : l'adaptation roman-

U
Sir Fulke Greville's Pavan; Galliard; n énième surgeon repêché de la
tique et virtuose à la fois des principes
Almain; Galliard; Packington's Pound
Ernö von Dohnányi (1877-1960) de successions de danses. Mendels- profuse tradition viennoise baroc-
Domenico Cerasani, luth
Six études de concert, op. 28; Suite dans sohn, Schumann et Brahms résonnent co-classico-préromantique, tendance
dans ces pages. Les Six Pièces datées BRIL96099 • 1 CD Brilliant Classics autour de Stamitz de l'école de Mann-
un style ancien; Six pièces, op. 41; PAssa-
caille, op. 6; Rondo alla Zingarese
Martin Roscoe, piano
de 1945 tentent d’oublier l’évolution
dramatique de l’Histoire et des esthé-
tiques. Rêveuses, bucoliques, humo-
B ien qu'il fût, d'après les documents
de l'époque, un luthiste amateur
et un compositeur marginal Francis
heim (brillante, expressive, surcontras-
tée dans les nuances, sentimentalement
déboutonnée), tel claviériste fonction-
CDA68054 • 1 CD Hyperion
ristiques, elles sont écrites avec une Cutting (1550-1596) reste cependant naire le bâclerait volontiers en préposé

P our son quatrième volume de l’inté-


grale de l’œuvre du musicien hon-
grois (après les deux concertos pour
indicible nostalgie que Martin Roscoe
traduit avec beaucoup d’élégance. Les
une figure majeure de la période Eli-
zabethaine. Auteur d'une cinquantaine
de la poste reconverti aux travaux d'ai-
guilles : ça vous tricote et ça vous expé-
deux partitions qui complètent ce récital de pièces pour luth dont plusieurs die. Mais là, on aurait tort ainsi d'enfi-
piano), Martin Roscoe réunit trois enchantent. Prouesse du contrepoint, figurent dans le fameux "A new book of ler l'Eberl, dont l'intérêt nous éberlue
grands cycles. La virtuosité et la clarté la Passacaille pourrait se transposer tabliture" de l'imprimeur William Barley autant que la conviction du présent
du jeu délié du pianiste mettent en au grand orgue alors que le Rondo alla (1596) qui comprenaient notamment pianofortiste (son instrument n'étant
valeur les Six Etudes de concert dont Zingarese est tout simplement l’arran- les œuvres de Dowland et d'Holborne, pourtant pas de première beauté). A
il s’éloigne avec justesse de la pure gement du finale du Quatuor pour piano Cutting méritait largement une mono- l'époque, notre Anton Franz Josef fut
dimension pédagogique. De fait, cer- n° 1 de Brahms. Une belle intégrale graphie. Le programme du luthiste agrégé à la sainte trinité Haydn-Mozart-
taines tirent leur influence de Brahms qui complète les témoignages que le italien Domenico Cerasani donne ici Beethoven, jusqu'à dérober à ce der-
et d’autres, comme la Troisième, d’un compositeur grava entre 1929 et 1956. un aperçu des pièces du compositeur nier la faveur du public, tandis qu'une
Rachmaninov. L’écriture oscille en per- (Jean Dandrésy) (pavanes, gaillardes, variations...etc) en interaction avec le second est avérée

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(annotations professorales de Mozart d’une époque qui taxait d’obsolètes est atténuée par une dimension “salon- uniment extraverties de Clémenti qui
sur des manuscrits d'Eberl, dont cer- les modèles structurels jusqu’alors narde” et le souci de rester à la portée trouvèrent au XXe siècle un interprète
taines œuvres furent faussement attri- en vogue, entrent en conflit avec son des amateurs de bon niveau. Les Valses aussi éclairé que Vladimir Horowitz,
buées en retour à son maître). Le sang attrait pour la tonalité : la plupart des sont d’une veine plus viennoise ou, plus si ses Concertos furent jugés à l’aune
empoisonné (septicémie), peut-être au pièces écrites dans la première moitié exactement, dans le style Biedermeier. non pas de ceux de Mozart dont ils se
regret lucide que le susdit trio de tête des années 1960 restent ainsi inache- De ce récital, qui réunit pas moins de rapprochent par un faisceau d’affini-
de la gloire ne fût avec lui plausiblement vées, irrésolues. Le Tombeau de Ravel quatre-vingt-une partitions, on retien- tés électives, mais de ceux autrement
quarteron, il mourut dès 42 ans, ce qui est un hommage au maître français, dra, notamment, quelques valses novateurs de Beethoven, le reste de
laisse imaginer ce qu'il aurait pu semer dont il avait visité la demeure, et ses comme celles de l’opus 83, Allotria op. son œuvre tomba dans l’oubli dès le
d'encore plus original aux quatre vents trios, expressifs en même temps que 33 et Thème et Variations op. 13. Elles lendemain de sa mort. Quel choc de
du nouveau tourment romantique. "Bien structurés montrent sa maîtrise de sont jouées avec beaucoup de saveur et redécouvrir dans le fort coffret de 20
qu'il ne fût pas grand, il était bien bâti", l’équilibre émotion/raison. Les œuvres de délicatesse par les deux pianistes. A disques qu’assemble Brilliant ce grand
le croqua physiquement une gazette. chorales témoignent des qualités de noter que sept des treize opus interpré- œuvre couvrant tous les genres, de
On serait tenté d'en dire autant de sa poète d’Escher, qui était aussi critique tés sont enregistrés en première mon- la musique de chambre à la musique
musique, au risque d'en mésestimer et peintre. (Bernard Vincken) diale. (Jean Dandrésy) sacré d’église ou d’oratorio (l’écoute de
quelque hauteur d'inspiration  : plus "Le Passage de la mer rouge" réserve
affirmative qu'éberlificotée, emportée, des surprises), et jusqu’à l’opéra où
assénée, presque violente, d'un drama- Hummel savait briller sans vulga-
tisme abrupt et empesé, pas vraiment le rité, comme l’illustre sa "Mathilde von
tempérament à boire du raplapla. C'est Guise", le plus célèbre de ses vingt-
du brutal, dira le tonton flingueur mélo- deux ouvrages lyriques ( !) plein d’airs
mane. Ce charmant compositeur ayant châtiés et d’ensembles inventifs, aux
eu réputation de ne voir chez quiconque orchestrations surprenantes qui ne sont
que son vrai fond de bonté, ce rentre- pas sans évoquer celles de Mayr. Didier
dedans esthétique n'est pas sans sur- Talpin en dirige une version lyrique à
prendre. Mais après tout, le vent se lève Heinrich Herzogenberg (1843-1900) Johann Nepomuk Hummel (1778-1837) souhait et parfaitement distribuée. La
de tant d'orages désirés, il faut tenter Intégrale des sonates pour piano et autres musique d’église est somptueuse, et
Intégrale de l'œuvre pour piano à 4 mains
d'aimer Eberl ! Surtout la sonate op. et pour 2 pianos œuvres pour piano; Concertos pour piano, à l’instar de celle de Mozart, souvent
39, prophétiquement cyclique (écho du Duo Nadàn [Nadia and Angela Tirino] pour violon, pour basson, pour trompette, touchante, les partitions de chambre
deuxième mouvement dans le finale). pour mandoline...; Musique de chambre; montrent l’invention poétique qui ne le
(Gilles-Daniel Percet) BRIL95647 • 2 CD Brilliant Classics Messes; Oratorio; Mathilde, opéra quittait jamais, les Concertos qui fuient

L ’œuvre romantique d’Herzogenberg –


opéras, musique de chambre, pièces
pour orchestre ou bien pour piano –
Costantino Mastroprimiano, piano; Alessandro
Commellato, piano…; Solamente Naturali; Didier
Talpain, direction…
le style galant pour trouver l’émotion,
et les œuvres de clavier évidemment
restent au cœur de cette langue qui
puise dans l’écriture germanique de BRIL95792 • 20 CD Brilliant Classics
préfère aux formules d’école l’audace

G
son temps, de Schubert à Brahms en amin, Mozart l’admit parmi ses et l’invention. Impossible de détailler
passant par Schumann. Herzogenberg élèves, le logea chez lui. Admirait- les mérites des artisans qui ressus-
fut un proche de Brahms qu’il vénérait. il le génie mélodique qui paraissait dés citent ici un compositeur majeur de son
L’intégrale proposée par le duo com- que le jeune Hummel improvisait sur le temps ; l’injustice réparée fait émerger
posé de Nadia et Angela Tirino permet pianoforte ? Ce sera ce satané piano- Hummel pour ce qu’il fut, un artiste
d’entendre des œuvres datées de 1860 à forte qui fera sa gloire trompeuse : un inspiré qui aura conduit la musique ger-
1897. Les superbes instruments Fazioli virtuose avant d’être un compositeur, manique vers les ténébreux horizons du
Rudolf Escher (1912-1980)
captés dans l’acoustique chaleureuse un adolescent parcourant l’Europe en romantisme, avec élégance et ardeur.
Concerto pour orchestre à cordes; Musique de l’auditorium de la firme à Sacile
pour l'Esprit en Deuil; Le Tombeau de
donnant des concerts brillants, rencon- (Jean-Charles Hoffelé)
Ravel; Trio à cordes; Trio pour clarinette,
soulignent la finesse du cantabile de trant Haydn, travaillant avec Clémenti
alto et piano; Songs of Love and Eternity; ce pages que l’on croit transcrites de à Londres. Mais enfin, Hummel fut un
Poems, first and second series; Le vrai mélodies ou de chœurs (là encore, un compositeur considérable, effectuant
visage de la paix par Picasso et Eluard; lien direct et puissant avec les lieder de comme ses collègues tchèques Dus-
Ciel, ari et vents; 3 Poèmes de W.H. Auden Brahms). Valses, Ländler, chant popu- sek, Benda, Vorisek, la délicate transi-
Jacques Zoon, flûte; Herman de Boer, clarinette; laires lithuaniens Dainu Balsai, Allotria tion entre classicisme et romantisme.
Bart Schneemann, hautbois; Ronald Hoogeveen, (bagatelles), colorent ce récital bâti, Il mit au point un style narratif qui lui
violon; Zoltan Benyacs, alto; Dmitri Ferschtamn, pour l’essentiel, à partir de variations. fut propre et éclate dans ses splendides
violoncelle; Glen Wilson, clavecin; Frank van
Seul le premier cycle op. 13, Thème et Sonates de clavier que Beethoven louait
de Laar, piano; Netherlands Chamber Choir; Ed
Spanjaard, direction; Concertgebouw Orchestra; Variations est destiné aux deux pianos. avec raison et dont les grands canta-
Ricardo Chailly, direction Les danses, précisément, sont d’inspi- biles anticipent sur celles de Weber. Si
ration d’Europe centrale. Toutefois, leur les Sonates connurent une postérité re- David Monrad Johansen (1888-1974)
BRIL95967 • 3 CD Brilliant Classics
origine slave ou balte (Dainu Balsai) lative, mais bien moins que celles plus Concerto pour piano en mi bémol majeur,

L a musique de Rudolf Escher (1912-


1980) se positionne, dans la lignée
de Ravel et Debussy, comme essentiel- Solistenensemble Ex Tempore [Viola blache; Franz Venise, peut-être par l’intermédiaire
lement tonale. En mai 1940, Rotterdam, Sélection ClicMag ! Vitzthum; Daniel Schreiber; Dominik Wörner];
Barockorchester Mannheimer Hofkapelle; Florian
de Schelle, maître de Graupner et lui-
où vit alors Escher, est copieusement même disciple de Schütz. La seconde
Heyerick, direction
bombardée : la plupart de ses partitions partie du cd ne viendra pas contredire
disparaissent sous les décombres. Dès CPO555348 • 1 CD CPO
ce côté suave, à connotation piétiste,
l’année suivante l’homme travaille à
Musique Pour L’Esprit En Deuil (1941-
1943), dont l’humeur pesante, terrible-
B eaucoup a déjà été dit quant à
ces cantates de la Passion et leur
opportune publication par CPO. On a
présentant des chorals extraits d’autres
cantates, même si l’on peut imaginer
que cela nous prive d’autres belles arias.
ment maussade, résonne des échos de pu à juste titre souligner leur qualité
Par l’inventivité même du compositeur,
la guerre, ses exactions, ses morts et d’écriture et d’exécution, et, moyennant
brodant sur des mélodies connues, la
ses deuils. Concerto Pour Orchestre A quelques réserves, un réel sens des
palette raffinée de couleurs instrumen-
Cordes (1947-1948), écrit au sortir du nuances dans l’un et l’autre contextes.
conflit, contraste par son alternance de Christoph Graupner (1767-1836) Cette quatrième livraison propose une tales, l’expressivité des chœurs ou de
moments exaltés et sereins - John Cage Cantates de la Pssion, vol. 4. Cantate "Das œuvre mettant en scène Jésus devant solistes comme Viola Blache ou Franz
admirait le Concerto, à la stupéfaction Leiden Jesu vor dem Geist und weltli- ses juges, composée pour le 4ème Vitzhum, toute cette cohérence souligne
d’Escher, qui détruisit la partition en chen Gericht"; Cantate "Die Gewaltigen dimanche de l’Avent (Freudensonntag) l’urgence d’une redécouverte qui s’im-
raten nach ihrem Mutwillen"; Cantates pose. La qualité de l’enregistrement et
1960 (une copie sur microfilm a sur- "Betrachtungen über die Hauptumstände
1741. Le caractère austère en est effi-
vécu). Ses expérimentations (électro- des Grossen Versöhnungsleiden unseres cacement adouci par l’exquise délica- du livret (allemand-anglais) se révèle à
nique et sérialisme), à la fin des années Erlösers", GWV 1132/41; 13 cantates, tesse de magnifiques arias qui ne sont la hauteur de l’enjeu et vient couronner
1950, des préceptes avant-gardistes extraits des Cantates de la Passion pas sans rappeler Haendel ou évoquer l’ensemble. (Alain Monnier)

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op. 29; Pan, op. 22; Épigrammes sur des Ivo Kahanek, piano Emma Parmigiani; Walter Pezzali; Luca Reverberi;
motifs norvégiens, op. 31; Variations SU4259 • 2 CD Supraphon Enrica Savigni; Alberta Stefani; Erik Storari; Marco
symphoniques et fugue, op. 23 Toscani; Davide Tortorelli; Giovanni Veneri; Andrea
Oliver Triendl, piano; Kristiansand Symphony
Orchestra; Eivind Aadland, direction
L e piano tchèque après Janácek
risquait d’être une gageure, peu
l’osèrent, sinon Bohuslav Martinu pour
Zanichelli; Ensemble da Camera e Orchestra del
Conservatorio "Arrigo Boito" di Parma
TC901390 • 2 CD Tactus
CPO555246 • 1 CD CPO qui cet instrument était vital jusqu’au

L a vie musicale norvégienne des an-


nées trente peinait à départager les
sein de l’orchestre, et comme Janácek
il y cultiva un univers poétique intime
A u sein de ce XXe siècle, qui vit la
musique évoluer des derniers feux
du romantisme jusqu’aux expérimen-
deux héros de sa modernité, Ketil Sae- mâtiné de thèmes et de rythmes popu-
Bozidar Kunc (1903-1964) tations les plus avant-gardistes, Franco
laires. Viktor Kalabis prit le contrepied,
verud et David Monrad Johansen. Au B. Kunc : Quatuor à cordes en fa majeur, Margola (1908-1992) choisit la voie
inscrivant ses trois Sonates dans le
premier la nostalgie incurable et poé- op. 14 / F. Lhotka : Elégie et Scherzo pour d’un modernisme modéré. Son style,
grand concert européen d’après guerre,
tique qui en faisait l’héritier naturel de quatuor à cordes / J. S. Slavenski : Quatuor fait de clarté lumineuse dans l’expres-
du moins les deux premières où passent
Grieg, au second les audaces relatives à cordes n° 4 sion, de solidité dans les structures
les ombres d’Hindemith et de Bartók.
d’un composteur qui avait fait son miel Sebastian String Quartet formelles et de souci d’aller à l’essentiel
Ivo Kahanek qui avait déjà mis son pia-
CPO555297 • 1 CD CPO dans le discours, laisse souvent paraître
des vies musicales parisiennes et berli- nisme anguleux à quelques sonates de
une forme d’optimisme et d’énergie très
noises et qui professait une admiration
sans faille pour Stravinski. La Seconde I l semble assez logique que la musique
de compositeurs originaires de Slo-
vénie, de Serbie et de Croatie, toutes
chambre du même compositeur, affute
son clavier, les joue sec, âpre, droit
quitte à tendre vers un certain classi-
éloignés des tourments dans lesquels la
modernité s’est parfois un peu complue.
Guerre Mondiale allait les départager, le Comme le montre le mouvement lent de
premier choisissant le camp des Résis- trois Enclavées entre l’Autriche, l’Ita- cisme qui les dépouille de leur urgence
son Concerto pour piano op. 30 (dont la
lie et la Hongrie, porte les stigmates dramatique. Mais lorsque les pages les
tants, le second adhérent au Parti Nazi. 1ère mondiale fut jouée en 1944 par son
d'un Beethoven, d'un Bartok, voire un plus lyriques paraissent, ce clavier clair
La libération venue l’œuvre de Saeverud ami Arturo Benedetti Michelangeli), ses
Boccherini ; cela serait cependant bien soigne les atmosphères : écoutez seule-
fut encensée, alors que David Monrad affinités se situent manifestement du
raccourci de la réduire à cette analyse. ment le Prélude de la Troisième Sonate
Johansen était condamné à quelques côté de Ravel et de Bach. Mais Margola
Et pour cause, les œuvres pour quatuor écrit trente quatre ans après la Deu-
n’a pas craint pour autant d’envelopper
années de travaux forcés. L’anthologie à cordes de Bozidar Kunc, Fran Lhotka xième. Le second disque regroupe les
cette sensibilité néoclassique dans un
orchestrale que réunit Edvind Aadland et Josip Stolcer Slavenski rassemblées pièces brèves, Polkas stylisées, études
langage moderne allant parfois jusqu’à
dresse le portrait du compositeur du- ici ne manquent pas de caractère ni de masquées sous le titre d’Accents,
une franche atonalité. L’anthologie
rant l’occupation et après la libération. singularité, au contraire même. C’est Enigmes claires, le chef d’œuvre étant
proposée ici comporte des pièces très
Le sombre Pan de 1939 serait-il un aussi un disque qui permettra de redé- la suite de 1975, Entrata, Aria e Toccata,
diverses toutes enregistrées pour la
montrer l’infinie inventivité que porte et qui nous rappelle que Victor Kalabis fut
hommage à Sibelius ? Monrad Johan- 1ère fois – mélodies pour voix, musique
portera toujours la formule du quatuor à la ville l’époux de Zuzana Ruzickova,
sen y raffine un orchestre évocateur de chambre dans plusieurs configura-
à cordes, véritable énergie renouve- légendaire claveciniste qui dévoua son
pénétré d’un certain impressionnisme tions très différentes, concertos variés
lable du répertoire. Enfin, il va sans dire existence à l’œuvre de Johan Sebastian
debussyste comme le furent Les Océa- (pour piano, clavecin, basson, trom-
que le travail réalisé ici par le quatuor Bach dont elle grava tout l’œuvre de cla-
nides. Les Epigrammes sur des motifs pette et cordes) – et nous permet de
Sebastian ouvre un immense champ vecin. (Jean-Charles Hoffelé)
découvrir avec plaisir une voix originale.
norvégiens sont autant de délicates des possibles qui pourrait germer de (Emmanuel Lacoue-Labarthe)
vêtures de thèmes populaires, avec un ces œuvres si peu jouées, aux horizons
violoneux qui y contrechante, l’heu- d’interprétation prometteurs, tellement
reuse modestie du propos étonne, à les ressources utilisées font appel à une
cent lieux des tentations modernistes large palette technique. Mais les modes
qui pimentent l’œuvre majeure de l’al- et la pression des ventes, c’est une
autre histoire. (Jérôme Leclair)
bum, le Concerto pour piano de 1955
avec son orchestre bruitiste, ses har-
monies pimentées, Olivier Triendl l’enle-
vant avec virtuosité. Quel contraste avec
Franco Margola (1908-1992)
les œuvres de la décennie précédente,
Musique de chambre; Concertos Henri Marteau (1874-1934)
qui s’entend encore dans les Variations
Ivano Ascari; Michele Ballarini; Carlo
symphoniques que le compositeur Quatuor à cordes n° 1, op. 5; Quintette
Baroni; Giulio Alessandro Bocchi; Francesco
pour clarinette, op. 13 n° 1
révisa en 1959 et encore en 1964, en Buccarella; Roberto Cappello; Raffaele Cortesi;
Enrico Contini; Massimo Ferraguti; Franco Fusi; Jean-Michel Charlier, clarinette; Quatuor Isasi
éclairant les arcanes regeriennes. Et
maintenant, si Eivind Aadland et ses
Carlotta Gambarelli; Laura Ghisotti; Massimo CPO555129 • 1 CD CPO
Guitetti -Eiko Koizumi; Evelina Le Rose; Anna
Viktor Kalabis
D écidément, en choisissant d’explo-
(1923-2006)
Kristiniens se lançaient dans une inté- Mancini; Pierpaolo Maurizzi; Luigi Mazza; Gabriele
grale Saeverud ? (Jean-Charles Hoffelé) L'Œuvre pour piano Mendolicchio; Giordano Olivieri; Fabrizio Oriani; rer la production de Henri Marteau,
violoniste et compositeur français né à
Reims mais qui fit l’essentiel de sa car-
nie déguisée. Geneviève Laurenceau, cipe cyclique de Franck pour écrire une rière en Suisse puis en Allemagne où il
Sélection ClicMag ! Maximilian Hornung et Oliver Triendl vaste fresque narrative. Ces deux opus devint l’ami et l’interprète de prédilec-
l’ont bien compris, qui le jouent avec veulent d’abord un pianiste de première tion de Max Reger, CPO a eu une fois
une puissance toute orchestrale, et de plus la main heureuse. Ce deuxième
force : c’est lui qui règle le discours et
lui donnent un élan, pour la tempête volume d’oeuvres pour ou avec quatuor
du premier mouvement où les danses crée le paysage. Oliver Triendl est exem- à cordes associe le premier quatuor de
populaires du finale, que l’œuvre atten- plaire, virtuose consommé et cham- 1900 dans lequel s’affirme le style de
dait. Ainsi transporté, il devient le chef briste qui doit faire tenir un orchestre l’auteur, plus marqué par les derniers
d’œuvre parmi les trios romantiques de dans son clavier. Mais pour la Sonate, quatuors de Beethoven que par ses
l’école française, à égalité avec celui de propres contemporains comme Reger
impossible de ne pas saluer l’ardeur
Guillaume Lekeu, antérieur de quinze à la complexité harmonique plus affir-
ans. Fauré, puis Ravel ouvriront ensuite qu’y met Geneviève Laurenceau, archet mée. On salue la prestation du quatuor
Albéric Magnard (1865-1914) de nouveaux horizons. Le couplage torrentiel, touche d’une justesse impec- Isasi dans cette page très exigeante et
Trio pour violon, violoncelle et piano, op. avec la tout aussi vaste Sonate pour cable, elle en signe simplement la ver- jusque là inédite au disque mais dont
18; Sonate pour violon et piano, op. 13 violon et piano écrite en 1901 pour sion de référence et je lui abandonne les la construction très subtile requiert une
Geneviève Laurenceau, violon; Maximilian
Ysaye dont elle est le portrait musical lectures pionnières de Gérard Poulet, de concentration poussée des interprètes
Hornung, violoncelle; Oliver Triendl, piano – les traits rapsodique qui ouvrent le comme des auditeurs. Le couplage pro-
Robert Zimanski et de Régis Pasquier,
premier mouvement, c’est la fougue du pose la partition la plus connue (tout
CPO777765 • 1 CD CPO virtuose belge incarnée ! – est logique. affaire de timbre, affaire surtout de fer- est relatif) de Marteau, son quintette

L e vaste Trio qu’Alberich Magnard Et là encore, l’imagination de Magnard veur. Et quel cantabile dans le second avec clarinette écrit pour le célèbre
acheva en 1905 est une sympho- parait sans borne, abandonnant le prin- mouvement ! (Jean-Charles Hoffelé) Richard Mühlfeld, le clarinettiste qui

10  ClicMag juillet/août 2020  www.clicmusique.com


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CPO555296 • 1 CD CPO envoutant de poésie, comme l’Elégie l’origine pour saxophone mais trans-
Sélection ClicMag !
M ilan Mihajlovic aura remis au-de- pour cordes aux glissandos et aux por- crit par l’interprète de ce disque, parent
vant de la scène la musique sa- tamentos venus d’un autre temps, alors du compositeur, pour violoncelle et le
vante serbe, la sauvant du conformisme que les Bagatelles abondent en cita- concerto pour piano, deux pages de la
folklorisant qui l’avait étouffée durant tions bartokiennes savamment voilées. fin des années trente dont la concision
l’ère de Tito. Son gout pour l’orchestre à Le disque se referme sur les mystères (le concerto pour piano dure 9 minutes)
cordes, pour les formations réduites où envoutant du Memento où Mihajlovic montre combien Van Der Pals s’était
vient chanter un instrument soliste, le explorent dans la magie des timbres éloigné du post-romantisme généreux
ton volontiers mystérieux de ses œuvres d’un grand orchestre utilisés en touches de ses débuts pour une forme de néo-
où s’évoquent tour à tour Bartók, Baird, chambristes un monde de songes classicisme teinté d’un peu de roman-
Panufnik – une certaine filiation avec la sonores envoutant. C’est le sommet tisme. Enfin, une suite d’orchestre tirée
nouvelle musique polonaise des années de Mönch Wanderer, une vaste com-
Milan Mihajlovic (1945-) du disque qu’il nomme avec raison.
cinquante/soixante s’affirme dans son position scénique dont le texte est du
"Bageteles" pour violon, cordes et clavecin; Lectures parfaites, millimétrées, trans-
écriture nette jusque dans l’étrange - les compositeur et qui l’occupa une dizaine
"Melancholy" pour hautbois, cordes et discrètes évocations filigranées à un parentes, d’un orchestre somnambule
piano; "Fa-mi(ly)", pour cordes et piano;
d’années de 1921 à 1931 montre que
folklore imaginaire, le rendent immé- mené avec lyrisme par Howard Griffiths
Elégie pour cordes; "Memento", pour Van Der Pals avait aussi des ambitions
diatement reconnaissable. Merveille, qui nous doit une suite : Silenzio, Sha-
orchestre créatrices quasiment scriabiniennes
Mélancolie pour hautbois, cordes et dows of Dreams and the Sea, les Méta-
Yoriko Ikeya, clavecin; Jan Mracek, violon; dans ses opéras et partitions scéniques.
piano – l’omniprésence du piano dans morphoses symphoniques, le Concerto
Juliana Koch, hautbois; Robert Starke, piano; Bran- Grâce à des interprètes peu connus
denburgisches Staatsorchester Frankfurt; Howard l’ensemble instrumental est comme pour piano attendent leurs premières au mais très investis dans leur mission, ce
Griffiths, direction un hommage constant à Martinu –, disque. (Jean-Charles Hoffelé) nouveau jalon dans la redécouverte de
ce personnage singulier suscite notre
inspira à Brahms ses propres œuvres, ou quatuor) pour reprendre à sa ma- si à leur manière une suite de vignettes intérêt et nous laisse espérer que CPO
les deux sonates, le trio et surtout le nière quelques fugues du Cantor tirés que Simon Callaghan joue avec plus de gravera ensuite les autres symphonies
quintette avec clarinette opus 115. Si du Clavier bien tempéré et de l'Art de poésie que de brio. À la fin de l’album du compositeur dont l’ambitieuse deu-
Mühlfeld mourut juste avant la création la fugue ainsi qu'une fugue de Wilhelm parait un cahier merveilleux, comme xième souvent présentée comme son
de l’œuvre de Marteau en 1908, celle- Friedemann, autre grand contrapun- hors du temps, d’une délicatesse infinie chef d’œuvre. (Richard Wander)
ci n’en demeure pas moins un jalon tiste. Mozart introduit chaque fugue par que le pianiste pare de teintes choi-
important entre l’opus 115 de Brahms des préludes de son invention (notés sies, caresse d’un toucher adamantin.
et l’opus 146 de Reger, d’une dizaine Adagio et Largo) quant aux fugues Ce Liebesleben est évidemment aussi
d’années postérieure. Mais Marteau elles sont simplement transcrites pour schumanien, mais plus subtilement dé-
trace son propre sillon, crée un rap- les cordes. Le trio Mosca / De Rosa / taché de son modèle, le piano y chante
port très original entre l’instrument à Scandelli propose donc une lecture de comme une cantatrice ce que Nicodé
vent et le quatuor et se démarque avec ces partitions en trio. Choix légitime qui indique comme des "Poësieen" et là le
beaucoup d’originalité de Brahms tan- nous fait distinguer chaque voix avec toucher subtil de Simon Callaghan fait
dis que Reger se situera, certes avec une précision calligraphique et le rôle de mouche, rendant justice à ce talent dis-
génie, dans la descendance de son chaque instrument dans la progression cret. (Jean-Charles Hoffelé)
grand aîné. Le clarinettiste belge Jean- polyphonique. On regrettera parfois un Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Michel Charlier rend tout son lyrisme à jeu en accordéon, une instabilité dyna-
Fantaisie-tableaux pour 2 pianos; Suite n°
cette page d’une puissante originalité. mique qui nuit à la fluidité du contre- 2 pour 2 pianos, op. 17; Six Morceaux pour
Superbe disque à découvrir pour réha- point (La fugue du premier numéro piano à 4 mains, op. 11
biliter la musique d’un musicien rejeté semble se dégonfler au bout d'une ving- Charles Owen, piano; Katya Apekisheva, piano
pendant la première guerre mondiale taine de mesures) et quelques afféteries
par les deux camps, coupable d’avoir AVIE2381 • 1 CD AVIE Records
du violon. L'ensemble s'écoute cepen-
été un français vivant à Berlin (il avait
succédé à Joachim comme professeur
au conservatoire) et considéré de ce
dant avec plaisir et relève d'un niveau la
discographie de ces œuvres peu jouées. U n premier disque Stravinsky ("Pe-
trouchka", "Le Sacre") chez Quartz,
dont je ne sais rien, a enthousiasmé
(Jérôme Angouillant)
fait comme un traître de chaque côté du la presse britannique, et pour ma part
Rhin… (Richard Wander) Leopold van der Pals (1884-1966) tous les disques de Charles Owen au-
Pièce concertante pour violon et orchestre, ront retenu en bien mon attention, son
op. 10; Concertino pour violoncelle et
album Poulenc (les plus belles "Soirées
orchestre, op. 108; Concerto pour piano &
orchestre, op. 100; Sphären-Musik zu dem de Nazelle") et ses "Barcarolles" de Fauré
dramatischen Gedicht Mönch Wanderer, en premiers. L’accord poétique qui le
op. 84 réuni avec Katya Apekisheva parait dès
Gordan Trajkovic, violon; Otbias van der Pals, vio- la "Barcarolle" des magiques "Fantaisies-
loncelle; Marianna Shirinyan, piano; Helsingborg tableaux", tiendrais-je ici une nouvelle
Symphony Orchestra; Fredrik Burstedt, direction version majeure de ce cycle ? Lorsque
Jean Louis Nicodé (1853-1919) CPO555316 • 1 CD CPO les Rossignols de "La Nuit", "l’Amour"

D
6 Fantaisies, op. 6 "Andenken an Robert euxième volume de la série que résonnent, j’en suis certain. Et pourtant
W. Amadeus Mozart (1756-1791) Schumann"; Variations et Fugue sur un CPO consacre à Leopold van der les Suites de Rachmaninov, si courues
Adagios et fugues n° 1, 2, 3, 4 et 6; Largo thème original, op. 18; 10 Poésies, op. 22 Pals, musicien né à Saint Pétersbourg au disque, auront suscité depuis les
et fugue n° 5 "Ein Liebesleben" d’une famille d’origine hollandaise. Petit albums princeps de Vronsky-Babin et
Liana Mosca, violon; Gianni de Rosa, alto; Simon Callaghan, piano fils du directeur du conservatoire, Leo- du génial duo d’occasion mariant Gri-
Marcello Scandelli, violoncelle CDA68269 • 1 CD Hyperion pold baigna dans la musique dès son gori Ginzburg et Alexander Goldenwei-

O
STR37044 • 1 CD Stradivarius n ne sait plus rien de Jean Louis enfance et fréquenta les compositeurs ser quantité d’enregistrements magni-

E n retraçant toute l'historique et la Nicodé, patronyme à consonance russes connus de son époque. Sur la fiques. Owen et Apekisheva ajoutent
découverte des partitions de ces française d’un compositeur absolument recommandation de Rachmaninov il leurs interprétations fluides, cherchant
Préludes et Fugues K404 de ( ?) Mozart allemand, sinon qu’il dérangea plus alla ensuite en 1907 étudier à Berlin la nuance piano, se défiant de toute
(via Wilhelm Rust, Nepomuk David, qu’il n’arrangea l’Allegro de concert de avec Glière. C’est de cette époque que brutalité – ce qui fait la Deuxième Suite
Alfred Einstein, et Adolf Hoffman) il en Chopin. Ses œuvres pianistiques valent date le morceau de concert pour violon plus lyrique qu’à l’habitude –, chantant
ressort in fine une attribution incertaine. mieux que cette tambouille, même si le et orchestre qui ouvre le CD, une belle dans la profondeur des claviers. A ce jeu
Cela dit, Mozart était sensible au contre- premier opus de cet album, les "Anden- page dans le style de son maître orches- si mesuré, si pensé, l’opus 11 déroule
point de l’œuvre de Bach. Il maîtrisait ken an Robert Schumann", sacralise un trée avec maestria, créée en 1911 et ses morceaux de fantaisie comme au-
cette technique parfaitement et n'hési- modèle. Les harmonies de Nicodé sont dont la forme rhapsodique explique le tant de précipités poétiques, musiques
tait pas à s'en servir dans ses œuvres souvent émouvantes, il est plus à l’aise choix du titre plutôt que celui de concer- d’un autre temps que je savoure sans
vocales et instrumentales. Il choisit ici dans le bref que dans la grande forme et to. D’une tout autre esthétique relèvent pouvoir m’en déprendre. Puisse ce duo
néanmoins un effectif réduit (duo, trio d’ailleurs les Variations op. 18 sont aus- le concertino pour violoncelle, écrit à persévérer. (Jean-Charles Hoffelé)

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fois. Fritz Wullmer avait pourtant crée le la manière que Richard Strauss mit à
Sélection ClicMag ! 5 novembre 1895 la fantaisie hilarante sa Burlesque. Baroque aussi le "Praelu-
du bavarois,mais Emil Nikolaus von dium und Fugue", mais on croirait que
Reznicek ne résista pas à la tentation. Busoni y a glissé sa plume faustienne.
Pour fêter le XXe Siècle l’enfant terrible Là encore, quel art de l’orchestre. Le
de Vienne brossa les aventures de Till disque se referme sur une merveille,
dans un poème symphonique tout aussi un "Nachtstück" où le violon nacré de
étourdissant qui n’aura pas mérité de Sophie Jaffé, l’héroïne du Concerto, re-
demeurer si longtemps dans l’ombre vient chanter dans un paysage de pure
Sergei Rachmaninov (1873-1943) de son ainé de cinq ans. L’excellent magie : des cors, une harpe, les cordes,
Concerto pour piano n° 1; Préludes pour Markus Bosch vous le fait virevolter, et ce violon qui chante comme la scène
piano, op. 23 n° 1, 2, 5, 12; Rhapsodie sur comme d’ailleurs tout le reste de ce pro- finale d’un opéra de Strauss, de Korn-
un thème de Paganini Emil Nikolaus Reznicek (1860-1945) gramme d’œuvres courtes qui constitue gold ? Plutôt Capriccio. Mais même si
Anna Fedorova, piano; Sinofonieorchester St. Ouverture Idyllique "Goldpirol"; Wie Till le 9e volume de l’édition courageuse et Reznicek est conscient des maitres qu’il
Gallen; Modestas Pitrenas, direction eulenspiegel lebte; Pièce de concert pour nécessaire que consacre CPO à cette vénère, sa création, sa créature, n’est
CCS42620 • 1 CD Channel Classics violon et orchestre; Prélude et fugue; figure majeure de la Vienne post-ro- qu’à lui. Quel compositeur !, qui enfin
Nachstück pour violon, cors, harpe et mantique. Au centre une merveille, un rejoint le concert de Vienne, celui de
" Rachma" n’a plus aujourd’hui à se jus-
tifier d’avoir souhaité s’inscrire dans
la tradition romantique de la virtuosité,
orchestre à cordes
Sophie Jaffé, violon; Orchestre Symphonique de la
Concerto pour violon plein d’humour,
tout enrubanné de baroqueries, une
Mahler, de Strauss, de Berg, de Weigel,
de Wellesz, de Schmidt, où il retrouve
radio de Berlin; Marcus Bosch, direction
de l’harmonie et de la forme. La puis- œuvre pour sourire, irrésistible pastiche enfin sa place. CPO annonce un pro-
CPO777983 • 1 CD CPO qui accompagnerait à la perfection un chain volume, rien moins que son opéra
sance que dégage sa musique est restée
intacte et s’affirme comme de plus en
plus intemporelle. Le chef Pitranas et "Till eulenspiegel", poème sympho-
nique de Richard Strauss ? Pas cette
film de Lubitsch. Quelle imagination
débordante, qui n’est pas sans rappeler
de 1929, "Benzin". Je vais guetter ça !
(Jean-Charles Hoffelé)
la pianiste Anna Fedorova, portés par
une prise de son chirurgicale, délivrent à l’extrême limite de l’écriture vien- CPO n’avait pas entrepris l’exhumation de toutes les tentations modernistes.
une interprétation pleine d'autorité et noise romantique. La partition apparaît sonore de son catalogue, celui-ci serait Tout gamin qu’il fut il ne put échapper
de précision du premier concerto et comme une sorte de nuit étoilée, dans toujours lettre morte. Mais la perfec-
de la rhapsodie sur un thème de Paga- à l’agitation artistique qui irriguait la
le scintillement délicat des timbres tion de l’écriture, l’invention poétique,
nini. Cette avalanche de virtuosité, qui capitale viennoise, quelque chose de
qui ont fusionné. Le Sextuor à cordes l’omniprésence d’une certaine distan-
ne supporte pas la moindre inertie, est d’une ampleur plus symphonique. ciation ironique, et puis à compter du cette tension créatrice subsiste dans
ni la moindre seconde d'inattention, Terminée en 1910, la partition joue de dytique du 5e Quatuor cette angoisse le grand Quinette pour piano et cordes
tant les lignes mélodiques virevoltent contrastes extrêmes notamment dans qui déclenche des lacis aux harmonies qu’il acheva en 1918. L’emprise de
dans un dialogue acéré et très soutenu les dynamiques. Les timbres, parfois, troubles où semble se mirer Janacek la guerre y est omniprésente, tout le
peut même friser avec un hermétisme font songer à la Nuit Transfigurée de sans que jamais pourtant les écueils, les
démonstratif. C’est de cet écueil que premier mouvement se déploie sur un
Schoenberg, voir au Bruckner des vertiges du langage beethovénien soient rythme de valse ralentie, voluptueux
l’explosivité, la limpidité de l’articulation scherzos de symphonies dans le vivace oubliées, témoignent de l’essence
et la luminosité du jeu d’Anna Fedorova et mortifère, immense palette de gris
lorsque Reger emploie des éléments même d’un art parfait dans son inalté-
nous préserve. (Jérôme Leclair) rythmiques issus de ländler. Le plus colorés avec ça et là quelques touches
rable singularité. Six opus majeurs ré-
beau mouvement reste indubitablement vélés par des instrumentistes inspirés, d’or, un Whistler en musique. Le thème
le largo con gran espressivo, véritable la Grand Livre du Quatuor s’augmente. et variations qui forme le larghetto est
poème symphonique au caractère (Jean-Charles Hoffelé) prodigieux d’invention, souvent en
déjà expressionniste. Un beau disque. sourdine, alors que dans le final, une
(Jean Dandrésy)
danse populaire descendue des Tatras
donne soudain une teinte moderniste
qui achève de rendre cette partition
fascinante. Le piano n’y est jamais em-
ployé à des fins virtuoses, il apporte une
Max Reger (1873-1916) dimension poétique supplémentaire, ce
Quintette pour clarinette en la majeur, que Jonathan Plowright a bien com-
op. 146; Sextuor à cordes en fa majeur,
op. 118 pris, jouant de tous les timbres de ses
Thorsten Johanns, clarinette; Roland Glassl, alto;
Ludomir Rózycki (1884-1953) registres, se mirant dans les sombres
Wen-Sinn Yang, violoncelle; Quatuor Diogenes Quintette pour piano, op. 35 / I. Friedman : couleurs du Quatuor Szymanowski. Si
Emil Nikolaus Reznicek (1860-1945) Quintette pour piano en do mineur
CPO555340 • 1 CD CPO Ignaz Friedman ne fraya jamais avec
Quatuors à cordes n° 1, 3, 4, 5 et 6 Jonathan Plowright, piano; Quatuor Szymanowski

D isciple spirituel de Brahms, Reger a


composé une musique de chambre
Quatuor Minguet CDA68124 • 1 CD Hyperion
les musiciens qui formèrent le groupe
"Jeune Pologne" alors même que son

I
CPO555002 • 2 CD CPO gnaz Friedman, poussé vers la carrière
qui oscille entre l’impressionnisme et Quintette aurait suffit à lui assurer un
les recherches harmoniques, aux fron-
tières de l’atonalité. L’univers complexe V oilà, il faudra ajouter à l’histoire du
Quatuor viennois cinq nouveaux
opus laissés de coté par une certaine
de pianiste par son père, lequel espé-
rait qu’il aurait eu vie plus sereine, plus
heureuse que la sienne, se rêva compo-
place d’honneur, Ludomir Rozycki l’ini-
tia en compagnie de Szeluto, Fitelberg
du musicien utilise tous les matériaux
à sa disposition et les genres musicaux lecture historicisante qui n’aura voulu siteur, mais secrètement. Une kyrielle et Szymanowski. En 1913 il osait écrire
les plus divers de la fin du 19e siècle, considérer personne dans ce pré carré d’œuvres pour son instrument où se un Quinette pour piano et cordes après
à l’exception toutefois de l’opéra. Son entre Brahms et Schoenberg. Mais, mêlent partitions originales et trans- le chef d’œuvre que Juliusz Zarebski
immense catalogue référencé sous impertinemment iconoclaste comme il criptions pleines d’esprit (parfois mar- avait achevé quelques mois avant sa
150 opus (dont certains renferment le fut toujours, Nikolaus von Reznicek qué au sceau du génie comme sa ver-
mort en 1885. D’ailleurs il se délivre
plusieurs partitions), réserve une part dans ses vingt ans des années 1880 file sion pianistique du Tempo di Minuetto
une gifle à Beethoven dès son Premier de la 2e Symphonie de Gustav Mahler) de cet embarrassant modèle en coulant
importante à la musique de chambre.
A l’évidence, on songe en écoutant le Quatuor, alternant furiosos drastiques masquent quatre œuvres de musique son œuvre dans une veine plutôt fran-
Quintette pour clarinette, à celui de qui singent le Quartetto Serioso et pure de chambre de première force : trois çaise. La partition est belle, impeccable-
Brahms. Achevée en 1916, l’œuvre charme fripon, tout cela dans le même quatuors à cordes, et ce Quintette énig- ment réalisée, mais reste loin derrière
assez bien présente au disque appa- tempo, sinon ce ne serait pas drôle. Je matique, fascinant, où passe l’ombre de les pouvoirs évocateur du Quintette de
raît d’une grande finesse d’écriture, me suis toujours demandé comment un son professeur de composition à Berlin,
Friedman, malgré tout les soins que lui
voire d’un certain pointillisme à l’instar talent aussi éclatant que celui de Rezni- Ferruccio Busoni. Polonais absolument,
prodiguent Plowright et ses amis. Et
du mouvement vivace. La clarinette cek aura pu demeurer si méconnu, au et juif tout autant, alors enfant prodige
de Thorsten Johanns se fond dans le point que seul le strepitoso de l’Ouver- dans une Cracovie sous gouvernance maintenant, que les Szymanowski nous
quatuor et l’ensemble baigne dans une ture de Donna Diana en fut longtemps autrichienne, Friedman étudia dés 1904 enregistrent les trois Quatuors d’Ignaz
douce lumière. Nous sommes alors au disque le seul écho. D’ailleurs si avec Leschetizky à Vienne, centre alors Friedman ! (Jean-Charles Hoffelé)

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de deux d'entre eux sur ce disque. musical de son temps, noircissant à
On comprend cependant aisément la foison du papier à musique, construi-
plainte de ce malheureux héros tel- sant trois vastes cycles - Concertos
lement dès les premières mesures la pour violon (18), Symphonies (10),
tâche semble à la hauteur de sa réputa-
Quatuors (34) – sans renoncer au lieder
tion : rapidité, lyrisme, exploitation sans
ou à l’opéra ! Son Faust créé à Prague
compromis des aigus de l’instrument…
Porté par un orchestre bien homogène, en 1815 fit sensation, ouvrant la voie
et des cordes qui déplairont à ceux qui à onze autres ouvrages lyriques. Les
Clara Schumann (1819-1896) les aiment bien lissées, c’est aussi la Symphonies montrent son art à son Jan P. Sweelinck (1562-1621)
Concerto pour piano, op. 7 / F. Hiller : musique d'un compositeur intéressant plus divers, qui marie l’invention mélo- Intégrale de la musique pour orgue et
Pièce de concert, op. 113 / H. Herz : Rondo et qui compta en son temps. Contrebas- dique de Weber avec la conscience d’un clavecin
de concert, op. 27 / F. Kalkbrenner : Le siste virtuose et compositeur (voilà qui temps musical long hérité de Schubert. Daniele Boccaccio, orgue, clavecin
Rêve, op. 113 n’est en somme pas commun), il semble Musique pure souvent, mais aussi BRIL95643 • 6 CD Brilliant Classics
Sue-Ellen Paulsen, violoncelle; Tasmanian Sym- que sa virtuosité ait fasciné Vienne en
comme le voulait l’usage du temps, par-
P
phony Orchestra; Howard Shelley, piano, direction son temps, de plus contemporain d’un our enregistrer l’intégrale pour cla-
fois descriptive telle la 9e qui fait défiler
CDA68240 • 1 CD Hyperion Mozart et d’un Beethoven, excusez du vier du grand compositeur néerlan-
les saisons, ou philosophique comme
L e 78e volume de la collection "The peu. Il composa aussi presque une cin- dais Sweelinck (1562-1621), le choix
quantaine de symphonie, dont la tren- la 7e Symphonie qui cherche l’essence des instruments est primordial, aussi
Romantic Piano Concerto" propose
trois partitions rares aux côtés du tième fait partie du programme proposé divine dans les nuées mais aussi sur la bien sur le plan de l’historicité que sur
Concerto pour piano de Clara Schu- ici. Une vraie saveur de salon Viennois, terre. Si l’on accepte d’abandonner tout celui de la variété sonore : en l’occur-
mann. Ce concerto dont la composition dans un temps qui faisait de la musique ce que l’on sait de l’évolution de la sym- rence, il s’agit de trois orgues histo-
débuta alors que la jeune Clara Wieck purement instrumentale une grande phonie à l’ère romantique, le cycle de riques allemands, respectivement de
était âgée de 14 ans est d’une fraîcheur reine. (Jérôme Leclair) Spohr est en soi une merveille par son 1550, 1612 et 1678, bien restaurés et,
d’écriture magnifique et d’une grande esthétique hors du temps historique, ce qui ne gâte rien, très bien enregis-
virtuosité qui se révèle dans le finale. mais qui y participe au premier chef par trés, ainsi qu’un clavecin copié d’après
Passionné par les répertoires rares, sa syntaxe, son vocabulaire. On n’est un original de1679. L’interprète, quant
Howard Shelley dirige avec une extrême
parfois pas si loin des audaces mala- à lui, est des plus estimables (ancien
clarté. La finesse de son toucher illu-
droites de Schumann (sans les mala- élève d’H. Vogel, Radulescu et G. Mur-
mine l’œuvre dans son époque, celle du
dresses) et toujours dans un rapport ray). Tout cela est donc une garantie
premier Chopin des années 1830. Le ca-
ractère chambriste est magnifiquement assez fascinant avec Weber qui restera de qualité. Par ailleurs, les intégrales
restitué dans le mouvement lent. Le dia- son grand modèle. Patiemment enre- Sweelinck se font des plus rares, sur
logue avec le violoncelle solo (Sue-Ellen gistrées de 2006 à 2012, l’intégrale em- le marché. On aurait pu craindre une
Paulsen) mérite tous les éloges. Proche Louis Spohr (1784-1859) menée avec art par Howard Griffiths est certaine lassitude à l’écoute de plus de
de tous les grands compositeurs de son un document aussi inspiré qu’utile, qui 6 heures et demie de musique. Mais il
Symphonies n° 1-10
temps, Ferdinand Hiller écrit un Kon- n’en n’est rien : l’ensemble fourmille de
Orchestre Philharmonique de la radio de Hanovre; illustre le cœur battant du romantisme
zertstück d’un seul tenant, joué allegro Howard Griffiths, direction bonnes surprises, au niveau des regis-
allemand comme l’entendait le public et
energico e con fuoco. A la multiplication trations (beaux pleins-jeux, délicieux
CPO555105 • 5 SACD CPO non comme le pensait les compositeurs
des idées musicales au piano répond jeux de détail) et de la "déclamation",
une solide orchestration. Après avoir
gravé les huit concertos pour piano de S pohr est un mollusque, mais un
noble mollusque" raillait Schumann,
portrait du compositeur autant que
démiurgiques qui allaient en incarner la
finalité. Il faut une connaissance très fine
jamais métronomique, et l’intérêt est
sans cesse renouvelé. Un seul petit
Herz, Shelley et sa formation nous pro- des styles alors en vogue pour rendre regret personnel : l’interprète nous dit
posent le Rondo de concert. La richesse de sa musique. Un autre jugement ? justice à ces musiques subtiles dont le
Beethoven trouvait l’harmonie de ses qu’il n’a pas enregistré le fameux Ballo
des ornements fait songer aux mouve- discours peut paraître fuyant, mais qui
symphonies trop encombrée de chro- del Granduca, suite au doute de cer-
ments lents des concertos de Chopin. dans leur lyrisme entêtant distillent bien
matismes. Injustices ! Si Spohr resta tains musicologues quant à son attri-
La vélocité prend bientôt le dessus, des beautés que l’Orchestre de la NDR
jusqu'en ses ultimes opus un classique bution incontestable : dommage ! Mais
rythmée par des danses imaginaires.
vivifié par le premier romantisme, celui expose sans rien alourdir, conscient ne boudons pas notre plaisir : le reste
Le Rêve de Kalkbrenner date de 1833.
Cette pièce concertante de dix minutes de Weber, il n’en demeure pas moins de dévoiler ici un trésor oublié. est déjà suffisamment remarquable.
regorge de trouvailles. La virtuosité la un des acteurs essentiels du renouveau (Jean-Charles Hoffelé) (Jean-Paul Lécot)
plus débridée de Shelley est enserrée
dans une écriture symphonique. C’est,
essayèrent de varier la forme malgré le tard avec une partition tout aussi éton-
avec le Concerto de Clara Schumann,
la partition la plus intéressante de cet
Sélection ClicMag ! moule, finalement Chausson et Dukas nante. La Symphonie en la mineur réa-
prirent deux directions opposées, le lise la quadrature du cercle : cette fois
album. (Jean Dandrésy)
premier faisant entrer l’orchestre de la forme est parfaite et n’empêche par
Debussy dans le creuset de Franck, une haute inspiration mélodique, un or-
le second se réclamant de Beetho- chestre subtilement coloré, qui tout au
ven. Saint-Saëns ne se posa jamais long de l’œuvre font tendre l’oreille. Le
la question Franck. Versé comme il Prestissimo final, avec son giocoso irré-
l’était dans l’héritage symphonique des sistible, se souvient de celui de la Qua-
romantiques allemands, son inspiration trième Symphonie de Beethoven et s’en
ne connaissait pas les limites hexago-
démarque par un rythme de tarentelle
nales. Parmi ses essais de jeunesse,
Camille Saint-Saëns (1835-1921) baigné d’un soleil capricieux. Entre les
"Urbs Roma" est l’œuvre d’un Saint-
Symphonies n° 2 et "Urbs Roma"; Danse
deux œuvres, "Urbs Roma" si sombre, la
Saëns de 21 ans, envoyée au jury de
Johann Mathias Sperger (1750-1812) macabre, op. 40 2e Symphonie si lumineuse, Thierry Fi-
l’Académie Sainte Cécile de Bordeaux
Madeline Adkins, violon; Utah Symphony; Thierry scher intercale la "Danse macabre", his-
Concertos pour contrebasse n° 2 et 15; anonymement  : partition stupéfiante,
Sinfonia en sol majeur n° 30 Fischer, direction
d’une grandeur implacable, d’une mai- toire de rappeler à quel degré de liberté,
Roman Patkolo, contrebasse; Kurpfälzisches CDA68212 • 1 CD Hyperion trise orchestrale sidérante, dont le ton à quel orchestre virtuose capable de tout
décrire, était parvenu Saint-Saëns dans
L
Kammerorchester Mannheim; Johannes Schlaefli, tragique s’épanche au long de la vaste
a Symphonie en France après César
direction les années 1870 : le violon impeccable
Franck fut le lieu de tous les conflits marche funèbre de l’Adagio, et qui n’au-
CPO555101 • 1 CD CPO et celui d’une interrogation majeure : rait pour modèle que l’Eroïca de Beetho- de Madeline Adkins conduit ce bal de

N 'en déplaise au héros de la contre- comment survivre à ce model radical ? ven et pour sœur de sang la torrentielle spectre avec une élégance folle, se gar-
basse de Patrick Süskind, il semble Bizet et Gounod regardaient absolument Symphonie d’Edouard Lalo, deux réfé- dant des effets auxquels Thierry Fischer
que les concertos pour contrebasse ailleurs, se souvenant de Mendelssohn rences que Thierry Fischer exalte par sa préfère un ternaire de pur ballet, et c’est
de Johann Matthias Sperger soient et même de Mozart, Berlioz créait sa direction éloquente. Saint-Saëns clôt sa merveille de l’entendre si classique.
jouables, la preuve par l’interprétation propre révolution, D’Indy, Magnard séquence symphonique trois ans plus (Jean-Charles Hoffelé)

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Alphabétique / Récitals
zertmeisterin Alfa Bakieva ont large-
Sélection ClicMag ! ment démontré antérieurement). Mais
pas pour autant formé de débutants :
à bien y regarder, on reconnaîtra des
piliers des orchestres d’O. Dantone, A.
Marcon ou A. Curtis… entre autres !
Leur programme est réjouissant  :
quelques symphonies des fils de Bach
entre "Empfindsamkeit" et "Sturm un
Giovanni Battista Viotti (1755-1824) The Fitzwilliam Virginal Book, Drang", dans ce style si particulier mê-
Quatuors pour flûte, op. 22 vol. 7 lant brusques embardées, changements
Quatuor Viotti [Stefano Parrino, flûte; Francesco G. Farnaby : Alman; Grounde; Bony d’affects inattendus et fins suspendues.
sweet Robin; A Gigge; Fantasia; Prélude;
Les Fils Bach L’ensemble a choisi une géométrie
Parrino, violon; Luca Ranieri, alto; Maria Cecilia
Berioli, violoncelle] Fantaisie; The flatt Pavan; Fantaisie; The J.C. Bach : Sinfonia en sol mineur, pour 2 d’époque (recommandée par Quantz) :
L. Zouches Maske; Fantaisie; Tower Hill; hautbois, 2 cors, cordes et basse continue, un seul alto pour 6 violons, et des haut-
BRIL95645 • 1 CD Brilliant Classics Fantaisie "Ay me; Daphne; Fantaisie; op. 6 n° 6 / J.C.F. Bach : Sinfonia en ré boïstes jouant également les flûtes :

S
Rosseters Galliard; Walter Erle's Paven; mineur, pour cordes et basse continue,
i Viotti fut reconnu en Europe comme c’est un régal dans la symphonie Fk 64
Spagnioletta; Up tails all; Put up thy WFV I : 3 / W.F. Bach : Sinfonia en ré
un violoniste virtuose et un initiateur majeur, pour 2 hautbois, 2 cors, basson, de Wilhelm Friedemann, faux "concerto
Dagger; Why aske you; Nobodyes Gigge;
de la technique moderne de cet instru- Hanskin; Fayne would I wedd; Galiarda; cordes et basse continue, Fk 64 / C.P.E. per molti stromenti" et vraie ouverture
ment, il ne rechercha pas particulière- Miserere a3; Miserere a4; Callino Castu- Bach : Sinfonia en mi mineur, pour cordes (de cantate) à l’origine, qui illumine le
ment la gloire. Il fréquenta certes la rame; The Earl of Oxford's Marche; Pavane et basse continue, Wq 177; Sinfonia en fa disque. Le reste est plus traditionnel
"Bray"; Gaillarde; Fortune; Alman; Alman; majeur, pour 2 hautbois, 2 cors, cordes et et un peu uniforme du fait de l’unité
cour de Louis XVI, se lia au futur Louis basse continue, Wq 181
Gaillarde; Monsieur's Alman; Monsieur's stylistique, même si Johann Christian
XVIII, avec qui il entreprit de créer des Controcorrente Orchestra
Alman Variatio; Alman; A GIgg; Pavane; Ut; se distingue par sa manière d’opposer
établissements d'opéra, mais quitta la Wolsey's Wilde; Prélude; Alman; Corranto; PAS1074 • 1 CD Passacaille deux blocs (aigus contre graves) et Carl
France à cause de la Révolution, pour Pescodd Time; The Ghost; O Mistris myune;
mener en Angleterre une carrière assez
éclectique d'imprésario, d'organisateur
Sir John Gray's Galliard; Gipseis Round;
Malt's come down; Corranto Lady Riche;
Heaven and Earth; Prélude; A Toye; Why
V oir naître un nouvel ensemble
est toujours un évènement : voici
Controcorrente, orchestre classique sur
Philipp Emmanuel par ses composi-
tions moins orthodoxes. Un très beau
disque qui signe l’arrivée d’un ensemble
de concerts de ses œuvres, et même de audiblement heureux d’éprouver sa
aske you; Allmanda; Prélude; Corranto instruments anciens ou copies, jouant
négociant en vins. Il partagea ensuite sa Pieter-Jan Belder, clavecin sans chef et revendiquant autogestion, liberté, un peu échevelé pour l’instant,
vie entre Paris et Londres. À sa mort, il liberté et responsabilité individuelle (ce mais dont il faudra suivre l’évolution.
BRIL95648 • 3 CD Brilliant Classics
était oublié. Ses concertos pour violon que certains membres comme la Kon- (Olivier Eterradossi)
— le 22e remporta un succès consi-
dérable, et est toujours interprété —
L e Fitzwilliam Virginal Book est le plus
important recueil de musique pour le
virginal ou le clavecin en Angleterre, de
intéressèrent Beethoven puis Brahms. un musicien complet, néerlandais, élève Mauro Righini, violon II, alto; Matteo Cicchitti,
l’époque élisabéthaine (fin du XVI° s., de Bob van Asperen. A l’écoute du pré- violone, direction]
Les quatuors de ce CD sont les seules début du XVII° s.), qu’on a appelé "l’âge sent enregistrement, on est frappé par BRIL96127 • 2 CD Brilliant Classics
pièces qu'il consacra à la flûte. Encore d’or" du clavier. Il comporte 297 pièces sa liberté expressive, toujours de bon
que le violon pouvait remplacer l'ins-
trument à vent —auquel les tonalités
de compositeurs pour la plupart anglais,
ou plus rarement italiens ou néerlandais,
aloi et sa fine réalisation des ornements.
(Jean-Paul Lécot)
A musante et intéressante, la notice
explique que vers 1780 "Divertimen-
et même l'écriture, ne semblent d'ail- 44 restant anonymes, le tout consti- to" était une appellation fourre-tout pour
leurs pas toujours si spécifiquement tuant un recueil riche d’invention et de la musique "pas trop élaborée" destinée
adaptées. On notera le contraste entre contrastes. Pieter-Jan Belder a choisi de à meubler le silence des palais (une
les premiers mouvements développés, regrouper dans le présent volume des sorte de musique d’ascenseur, donc ?)
variés, et non dépourvus d'inventivité œuvres de Farnaby (père et fils), Byrd et ou à permettre à des instrumentistes
mélodique et les deux autres — enchaî- quelques anonymes. Farnaby se carac- bourgeois de socialiser… L’op. 1 de
nés dans le 3e quatuor — beaucoup térise souvent par des pièces courtes Carl Ditters pas encore "von Dittersdorf"
plus brefs : le second n'est dans deux et dansantes, dont certaines destinées (le copiste de la partition le désigne
à accompagner des maskes théâtraux.
des œuvres qu'une simple transition comme "Ditters Tedesco", l’Allemand)
Byrd, lui, est un compositeur raffiné,
vers le troisième qui est une danse. est tout à fait conforme à cette définition
auteur de Variations très imaginatives
Des pages faciles, divertissantes, d'un Divertimenti pour cordes espiègle. La naïveté et les maladresses
et parfois d’œuvres évoquant la liturgie
charme un peu convenu. Cette musique (Miserere…) et qui pourraient se jouer K. Ditters von Dittersdorf : Six Trios à de composition font même douter plus
de chambre d'un classicisme sans au- cordes pour 2 violons et violone / J.K. d’une fois de la justesse de ce qu’on
à l’orgue. Dans le CD 3, on entend un Vanhal : Divertimento en sol majeur pour
dace et aux parfums de pastorale pour instrument rare : le muselaar, sorte entend. Mais voici le second disque : les
violon, alto et violone / J.M. Haydn :
salon dans le dernier quatuor, se laisse d’épinette au son rond et doux se rap- Divertimento en do majeur pour violon, œuvres de Vanhal (si je ne m’abuse son
écouter et est, ma foi, fort bien interpré- prochant de celui du luth, reposant de la alto et violone Divertimento en Sol n’a été retrouvé que
tée. (Bertrand Abraham) rutilance des clavecins. L’interprète est Musica Elegentia [Gian Andrea Guerra, violon I; vers 1980) et surtout Michael Haydn
sont d’une autre trempe et le second
violon y est remplacé par un alto : là
Sélection ClicMag ! A quarante ans tout juste, retrouvant
goût à la vie après des passes ter-
ribles, Mieczyslaw Weinberg (Wajn-
ses citations de la Badinerie de Bach et
de la Ronde des esprits bienheureux de
l’Orfeo de Gluck, ne vous quitte plus
où ceux de Dittersdorf évoquaient des
duos accompagnés, on a maintenant
berg) écrivit à la suggestion de Rudolf une fois que vous l’avez entendue. Il la sensation auditive de "vrais" trios.
Barshaï pour Alexander Korneiev un me semble qu’Antonina Styczen va plus Mais là encore, l’impression est sou-
concerto mutin, enjoué, dont j’ado- loin dans cette œuvre de quasi magie vent dérangeante. Parce que je ne peux
rais – j’adore toujours- l’enregistre- noire que ne le faisait Kathryn Chris- imaginer que de tels interprètes aient
ment qu’en ont laissé les créateurs. tians dans le seul autre enregistrement soudain des soucis d’intonation, je ne
Mais l’allégresse un peu plus légère, le que j’en connaisse. En postlude du trouve qu’une seule explication : nous
tempo un peu plus enlevé, la petite note disque, une merveille, le Trio pour flûte, sommes tellement habitués à recher-
d’humour dans le giocoso et l’ombre à alto et harpe que Weinberg écrivit en
cher à la basse les fondements de l’har-
peine portée dans le Largo par Antonina 1979, reprenant les trois instruments
Mieczyslaw Weinberg (1919-1996) monie qu’on est déstabilisé par le son
Styczen et la preste baguette de Woj- choisis par Debussy pour sa Sonate,
incroyable, parfois proche d’un bruit,
Concertos pour flûte et orchestre n° 1 et 2; ciech Rajski quelle merveille ! Le disque voyage au pays des ombres, musique
12 miniatures pour flûte et orchestre; Trio enferme tout ce que Weinberg aura quasi spectrale qui n’évoque Claude de la double basse de viole jouée par
pour flûte, alto et harpe composé pour la flûte, des délicieuses de France qu’en ses ultimes mesures, Matteo Cicchitti. A entendre donc pour
Antonina Styczen, flûte; Orchestre Philharmonique Miniatures qui font les ingénues, au centre de gravité sombre d’un album assouvir sa curiosité et pour tester son
de chambre de Sopot; Wojciech Rajski, direction deuxième Concerto, ballade lyrique essentiel à tout amoureux de Weinberg. oreille, mais attention : redoutable exer-
TACET232 • 1 CD Tacet dont la poésie entre chien et loup, avec (Jean-Charles Hoffelé) cice d’écoute ! (Olivier Eterradossi)

14  ClicMag juillet/août 2020  www.clicmusique.com


Récitals
Enrico Onofri, violon; Ensemble Imaginarium un CD couronné par un Diapason d’Or,
Sélection ClicMag ! [Simone Vallerotonda, archiluth, théorbe;
Alesandro Palmeri, violoncelle; Federica Bianchi,
qui, outre les 4 Saisons de Vivaldi,
présentait des pièces de compositeurs
clavecin, orgue]
représentatifs de ce style, E. Onofri et
PAS1070 • 1 CD Passacaille son ensemble nous offrent ici un pano-

D ans le sillage de l’innovation ma-


jeure introduite dans la musique
vocale par Monteverdi sous le nom de
rama embrassant une grande partie du
siècle. Cette interprétation, admirable et
passionnante, révèle par sa richesse de
"seconda practica", un "stilo moderno" couleurs, sa mise en perspective, toutes
Cello Sonatas Editions se développa au XVIIe siècle dans le les facettes du kaléidoscope musical
Sonates pour violoncelle choisies de Alkan, domaine instrumental, et surtout dans qu’est chacune de ces pièces — ainsi
Beethoven, Boccherini, Brahms, Britten, l’écriture pour le violon, lequel connais- la seule œuvre pour solo (de Virgiliano)
Casella, Castelnuovo-Tedesco, Caporale, Seicento ! sait un prodigieux essor : il s’agissait de ce CD parvient à donner à l’auditeur
Chopin, Cilea, Debussy, Fauré, Franck, G.G. Kapsberger : Sinfonia Decimaterza d’exploiter toutes les possibilités de l’impression d’un dialogue permanent
Grieg, Handel, Hummel, D. Gabrielli, à un canto / B. Marini : Sonata terza per il l’instrument qui, "dans un si petit corps et de reprises en échos entre plusieurs
Jacchini, Kaoustin, Kodály, Lanzetti,
violino solo Variata; Sonata quarta per il et avec si peu de cordes contient une instruments, du fait de la capacité
Martucci, Mendelssohn, Moeran, Pericoli,
Pilati, Pizzetti, Platti, Poulenc, Prokofiev,
Violino Per sonar con due corde / A. Vir- [si] grande diversité de sons, d’har- incroyable de l’interprète à donner à
giliano : Ricercata per flauto et ogni altro monies et d’ornements mélodiques et son violon une diversité de voix et de
Saint-Saëns, Scarlatti, Schnittke, Schu-
/ B. de Selma y Salaverde : Canzon Terza exprime à merveille la voix humaine non timbres. Il excelle à rendre le caractère
bert, Shostakovich, Strauss, Rachmani-
nov, Ries, Rubbra, Tchaikovsky, Thuille, Soprano, solo / G.B. Fontana : Sonata 6. à seulement dans le chant, mais dans la hérissé, sombre, voire inquiétant par
Vivaldi, Zuccari... Violino Solo / M. Uccellini : Sonata Quarta
prononciation même". Outre l’imitation leurs audaces chromatiques, des pages
a violino solo detta la Hortensia virtuosa;
Stefano Veggetti, violoncelle; Francesco Galli- de la voix humaine, ce style moderne qui relèvent déjà du "style fantastique"
Sonata Terza a violino solo / F.R. Taeggio :
gioni, violoncelle; Renato Criscuolo, violoncelle; mettait en valeur l’improvisation, l’orne- cher à Kircher. Un art de l’ornemen-
Adriano Maria Fazio, violoncelle; Jaap ter Linden, Io son ferito hai lasso del Palestrina /
G.A. Pandolfi Mealli : Sonata Prima La mentation, et l’expression d’une riche tation étonnamment inventif et varié,
violoncelle; Federico Bracalente, violoncelle;
Bernabea Mealli / B. Montalbano : Sinfonia gamme d’affects, mettant à profit tout sans esbroufe aucune. C’est d’un bout à
Luigi Puceddu, violoncelle; Timora Rosler,
violoncelle; Marco Testori, violoncelle; Geatano Quarta Geloso a Violino solo / A. Stradella : l’ambitus de l’instrument. Poursuivant l’autre exaltant et prodigieux. Indispen-
Nasillo, violoncelle; Luca Fiorentini, violoncelle; Sonata a violino solo, violone e basso une exploration déjà entreprise dans sable. (Bertrand Abraham)
Maria Kliegel, violoncelle; Herre-Jan Stegenga,
violoncelle; Roberto Trainini, violoncelle; Luca
Magariello, violoncelle; István Várdai, violoncelle;
Amedeo Cicchese, violoncelle; Alexander Russa-
kovsky, violoncelle
Forqueray, puis les Italiens prirent le
pas avec ce diable de violon, Jean-Ma-
loncelle, lui-même nourrissant toute
une famille plus ou moins piccolo.
Vivaldi, et après lui les vénitiens et les
A près deux CD consacrés à la mu-
sique des XXe et XXIe siècles, (il
rie Leclair y convertissant même le Ver- est dédicataire de plusieurs œuvres
BRIL96012 • 33 CD Brilliant Classics sailles de Louis XV. Les dés en étaient- bolognais, savaient que ce grand violon contemporaines), le nouveau génie de
de gambe n’était pas de la famille du
D u destin des instruments ! Long- ils si bien jetés pour le destin des la trompette, 25 ans, qui a déjà de très
temps la viole de gambe, cette autre grandes caisses aux timbres humains ? diable que Tartini triturait, cousin très
éloigné, la viole de gambe était dans les nombreux concerts avec les orchestres
voix humaine, régna sur l’univers des Non. Le violon si fécond enfanta une
mémoires, voir sous les doigts, dans la les plus prestigieux à son actif, "revient",
cordes, atteignant son paroxysme au famille, déclinant de sa chanterelle un
Grand Siècle français avec Marais et demi frère, l’alto, et un cousin, le vio- Venise du XVIIIe Siècle et c’est Vivaldi avec son enthousiasme spontané, aux
lui-même qui écrira pour ce sombre "fondamentaux" de la littérature pour
violone parmi ses plus beaux (et plus trompette qu’il n’avait pas encore enre-
geois virevoltant furent alors sans secrets) concertos, mais aussi un re-
Sélection ClicMag ! équivalent (et malgré les impertinences cueil de Sonates, l’opus 14, qui forme
gistrés : les concertos de Haydn et de
Hummel, composés après l’invention
de leurs élans, savaient qu’avant eux, le quasi incipit de la passionnante tonne
Karl Richter avait existé), leurs Ouver- – 33 disques- que Brilliant consacre à de l’instrument à clefs par Weidinger.
tures déliées, solaires, se rapprochaient la partie chambriste du répertoire de Plus le concerto d’A. Arutjunjan et la
plus de celles de Gardiner que de cet instrument que le romantisme aura pièce "Quiet City" d’A. Copland. "Je vou-
celles de leurs confrères germaniques. porté au pinacle. Impossible de détailler, lais que ce soit simple car je me soucie
Année après année, l’ensemble aborda mais on va de Venise à Moscou, tous
autant de ces œuvres que de tout le
jusqu’au Classicisme, avec un tropisme les recueils célèbres y sont (et parfois
dans des interprétations à la fois peu reste" […] "[Elles] sont tout simple-
pour le rare, une dilection particulière
courues et splendides, écoutez les Bee- ment brillantes par leur simplicité" "Ce
pour les œuvres qui méritaient d’être
révélées : les si singulières Symphonies thoven de Thomas Rössler et de Klara qui se passe en moi en les enregis-
Concerto Köln Edition Wurtz, les Brahms de Stengenga et trant, c’est l’amour pur et simple de la
d’Henri Joseph Riegel en sont l’exemple
Œuvres choisies de Vivaldi, Galuppi, d’Entremont, les Saint-Saëns de Kliegel musique" déclare-t-il. Tout est super-
le plus éloquent dans la période Berlin
Albinoni, Avison, Scarlatti, Bach, Haydn, et Thiollier, les Kodaly de Vardai, et une
Salomon, Charpentier, Stamitz, Haendel,
Classics. Mais leur Vivaldi relu drasti- lativement prodigieux ici : une aisance
flopée de raretés. Allez, une seule pour
Corelli… quement, joué dans de vastes vêtures de jeu époustouflante, une légèreté
l’exemple, la Sonate de Cilea. Ensemble
Concerto Köln; Midori Seiler, violon, direction; de couleurs, aux harmonies alla Gior-
formidable, qui règle la question. et une brillance incroyable, et surtout
Markus Hoffmann, direction; Anton Steck, direction gione sont fabuleux – en particulier le
(Jean-Charles Hoffelé) une palette de sonorités d’une beauté
0301408BC • 12 CD Berlin Classics double album de La Venezia di Anna
Maria où s’invite le violon de Midori et d’une variété à couper le souffle : le

E n 1985 la fine fleur des instrumen-


tistes historiquement informés de
Cologne y faisait bégayer l’histoire :
Seiler – la subtilité de touche, la fan-
taisie de traits des Sonates Scarlatti
lyrisme du 2e mouvement de Hummel,
l’entrain du joyeux archiconnu dernier
colorées en Concerti Grossi par Avison, mouvement de Haydn et de l’allegro
l’aventure du Musica Antiqua Köln de
Reinhardt Goebel ne serait plus le seul le faste solaire, les éclatants panaches final de Hummel sont une vraie fête.
héros du Bach des Ouvertures ou des d’une des plus poétiques Wasser Musik
Höfele donne au Quiet City de Copland
Concertos Brandebourgeois, la relève de Haendel, sont tout aussi saisissants.
une rare densité d'émotion concentrée,
était assurée. Toute cette jeunesse Pourtant, commencez par le Premier
Brandebourgeois, où tout rayonne dans servie notamment par la beauté des
ardente proposa au disque, à compter
des années quatre vingt-dix, quantité un mouvement irrépressible. Berlin timbres sombres qu’il tire du grave de
Classics a bien eu raison d’assem-
Concertos pour trompette l’instrument. Dans Arutjunjan l’aspect
d’albums qui firent mouche, attendant
bler les disques que l’Ensemble aura J.N. Hummel : Concerto pour trompette en
le nouveau siècle pour graver son Bach jazzy et le côté "filmique" sont traduits
mi bémol majeur, S 49 / J. Haydn : Concer-
plein, ample, à grand orchestre, somp- gravé pour eux, vous chercherez les avec une justesse qui ne verse jamais
to pour trompette en mi bémol majeur,
tueux, chamarré, dansant, gorgé de autres chez Cappricio, et il ajoute en Hob VIIe : 1 / A. Copland : Quiet City / A. dans l’abandon facile, et le lyrisme avec
timbres, et à cent lieux des expériences DVD un concert Vivaldi magique dont Arutiunian : Concerto pour trompette
une nostalgie dosée, et pourtant d’un
radicales que les ensembles italiens le bis, aveux imparable, fait retour Simon Höfele, trompette; BBC Scottish Symphony
y avaient mis. Entre temps ils avaient chez Bach, pour un magique Largo Orchestra; BBC National Orchestra of Wales; naturel déconcertant. L’osmose avec
changé d’éditeur, passant de Capriccio du Concerto pour violon BWV 1056R. Duncan Ward, direction l’orchestre dirigé par D. Ward est par-
à Berlin Classics. Leurs Brandebour- (Jean-Charles Hoffelé) 0301314BC • 1 CD Berlin Classics faite. Superbe. (Bertrand Abraham)

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Récitals / DVD
avait gravé des Schumann magnifiques pianistes lettrés, voir même composi-
Sélection ClicMag ! pour un label qui disparu aussitôt. Orfeo teur : Aribert Reinmann l’inspire pour
avait déjà des chefs, Sawallisch, Kube- les dix-neuf Lieder de Zelter, mais ce
lik, et sortait à foison des concerts his- sera la harpe de Maria Graf qui sertira
toriques où tout un Gotha fleurissait à ses déclamations pour de merveilleux
nouveau. DFD aura quelques occasions, Reichardt, perles comme venues d’une
un concert Brahms avec Konstantin Lif-
époque absolument perdue. Quel art
schitz notamment, mais il fut aussi re-
pour deviner tout cela ! Les Spohr sont
pris par le démon du Lied, sachant qu’il
magiques, avec Varady ou sans elle,
Raretés pour flûte et violoncelle n’avait pas tout dit malgré les antholo-
gies infinies dispersées entre Deutsche poèmes où s’invitent clarinette et violon
H. Villa-Lobos : Bachianas Brasileiras n° 6,
W 392 / E. Bozza : Contrastes I; Image pour Grammophon et EMI (et même CBS, alors que le Lied ouvrait sur des pay-
flûte seul, op. 38 / S. Karg-Elert : Chaconne Dietrich Fischer-Dieskau Lied Schoeck et Barber avec les Juilliard, sages sonores qu’il abandonnera hélas.
pour flûte seul d'après l'op. 107 / G.P. Edition, vol. 1 Mahler avec Bernstein au piano). Donc, Pourtant, les sillons les plus émouvants
Telemann : Sonate canonique en ré majeur, il ouvrit à nouveau son grand livre du sont ceux de l’album Pfitzner, qu’il her-
Lieder choisis de K.F. Zelter, J.F. Rei-
TWV 40 : 119 / M. Tokuyama : La Vie du
chardt, L. Spohr et H. Wolf Lied jamais achevé, objet de ce premier borise en dehors des Eichendorff, cher-
Papillon, pour flûte seul; Atsumori, pour
flûte seul; Nocturne, pour flûte seul / L. van Dietrich Fischer-Dieskau, baryton; Irmgard volume où Orfeo assemble quelques al- chant comme toujours alors le moins
Beethoven : Allegro, extrait de "Eyeglass Seefried, soprano; Julia Varady, soprano; Dmitry bums des raretés qu’il allait débusquer couru : écoutez An der Mond, Ah !
Duet", WoO 32 Sitkovetsky, violon; Hans Schöneberger, clarinette; avec les gourmandises d’un diseur ; la
Aribert Reimann, piano-forte; Maria Graf, harpe;
l’entendre savourer son Goethe ! A peu
Atsuko Koga, flûte; Georgiy Lomakov, violoncelle voix n’était plus dans sa plénitude, mais, près à la même époque, et sous la ba-
Harmut Höll, piano; Erik Werba, piano
GEN20700 • 1 CD Genuin bonheur !, du moins à mes oreilles, elle guette de Sawallisch, il gravait tout un
C992205 • 5 CD Orfeo ne donnait plus de ces éclats, de ces
LP de Lieder avec orchestre de Pfitzner
L orsque Dietrich Fischer-Dieskau
signa un contrat avec une nouvelle
firme de disque qui entendait faire
duretés, qui pouvaient la rendre, dans
son zénith, pour tout dire assommante
et un rien doctorale. Comme les chefs
que Warner a oublié dans ses archives,
vergogna ! Orfeo ne manque pas d’à
rayonner la vie musicale munichoise, d’œuvre ne réclamaient plus son magis- propos, qui glisse au milieu de tout cela
le bien nommé Orfeo, il passait déjà ter, DFD retrouva alors la veine poétique le fameux Italienisches Liederbuch de
le plus clair de sa carrière de musi- que jadis Gerald Moore avait su si bien Salzbourg 1958 avec Seefried et Werba,
cien à la baguette : il s’était voulu chef lui suggérer pour ses débuts au disque. histoire de créer une perspective. Vite,
d’orchestre depuis longtemps déjà, D’ailleurs il y fut aidé ici encore par des le volume II ! (Jean-Charles Hoffelé)

Fading de vibrations, tant le son de l'ensemble l’exemple de sa musique pour guitare


T. Tallis : Te lucis ante terminum I / C. s'étend verticalement comme une onde et chœur, associée ici à deux composi-
Gesualdo : Illumina faciem tuam / J. sublime, nous installant dans un état de teurs contemporains qui ont écrit pour
Seers : Look down, O Lord / O. Park : Phos lévitation extatique et de relaxation qui
hilaron / J. Marsh : Extraits de "Arabesque" illustre l'esprit mystique des œuvres cette formation plutôt inédite car si la
[n° 3, Fading; n° 4, Seeds in flight] / W. sans en faire extruder le sens et l'ex- guitare est naturellement un instrument
Byrd : Berceuse "My sweet little baby" /
pressivité (Marenzio et Gesualdo). Le d’accompagnement, c'est généralement
V. Tormis : Extraits de "Quatre berceuses
estoniennes" [Laulan lapsele; Marjal aega langoureux et sublime Média Vita de pour une ou deux voix (Giuliani, Sor et
magada; Lase kiik käia !; Äiutus] / N. Nicolas Gombert y échappe par magie. Berlioz). Ici, les trois œuvres de ce pro-
Gombert : Media vita / C. Tye : Ad te clama- Owain signe lui-même un Phos Hila- Ludwig van Beethoven (1770-1827)
mus "Salve regina" / A. Lobo : Versa est in rion d'une hypnotique fadeur. Quelques gramme conçu par le guitariste Nicola
Beethoven's Ninth, Symphony for the
luctum / L. Marenzio : Potro viver io più se pièces contemporaines heureusement Spera parviennent à créer un dialogue World : Un film documentaire de Christian
senza luce / H. von Bingen : O Ecclesia / S. réclament davantage de dynamiques et équilibré entre l'opulence du chœur et Berger sur la plus célèbre symphonie
Rimkus : My heart is like a singing bird / G. et l'une des œuvres musicales les plus
Blok-Wilson : O little rose, O dark rose
de contrastes et nous font redescendre les dix cordes de son instrument. "Nulla
sur le plancher des vaches. S'opposent populaires jamais composée. Il part à la
The Gesualdo Six; Owain Park, direction Sors Longa Est" de Nicola Jappelli (né rencontre de musiciens amateurs ou de
ainsi la fluide homophonie des mélo- personnalités musicales d'envergure et
CDA68285 • 1 CD Hyperion dies ludiques de Tormis (Four Esto- en 1975) est une méditation sur des
les suit dans leur approche de la célèbre

L e "Fading" indiqué sur la sobre nian lullabies) et des songs de Gerda textes de Sénèque en forme d'élégie. oeuvre de Beethoven
pochette de ce disque du Gesualdo Blok Wilson et de Sarah Rimkus ; et la Récitatifs de guitare et chœur en tutti Teodor Currentzis; Tan Dun; Gabriel Prokofiev;
Six signifie un évanouissement, une polyphonie déstructurée des pièces de introduisent un sentiment d'intimité et Yutaka Sado; Armand Diangienda; Paul Whittaker;
diminution progressive du son ou de Joanna Marsh et de Jonathan Seers. Isaac Karabtchevsky
de réflexion assez prégnant. "Materna
la lumière. Owain Park, directeur de Une réalisation passionnante qui com- CM756408 • 1 DVD C Major
cet ensemble fondé en 2014, toujours plète un parcours sans faute (Les deux de Nivola Campogrande" est un hymne
soucieux de relier ses programmes à albums précédents d'Owain Park que à la maternité. S'inspirant de la pein-
des thématiques précises, a basé ce nous avons salué dans ces colonnes). ture (Nativités de Piero della Francesca,
nouvel album sur ce passage douce- (Jérôme Angouillant) Caravaggio, Bernardo Luini et Andréa
reux du couchant du soleil à la clarté
lunaire où la nuit se dévoile. L'office Solari) et de la beauté des paysages
des Complies du soir, dernière prière de Lombardie, région natale du com-
de la journée, qui depuis le quatorzième positeur, ce dernier établit un vrai dia-
siècle a inspiré bien des compositeurs. logue entre voix et chœur, qui faute de
Le choix des œuvres est ici intelligem-
contrastes et pâtissant d'une écriture
ment diversifié, allant de la Renaissance
Européenne (Byrd, Talllis, Tye, Maren- assez pauvre, s'abîme dans une cer- Thomas Larcher (1963-)
zio, Gesualdo, Lobo) à un répertoire taine monotonie. De plus, on entend un Dac Jagdegewehr, opéra en 3 actes
contemporain plutôt Anglo-saxon (à chœur pris continuellement en défaut (d'après le roman de Yasushi Inoue)
part l'estonien Veljo Tormis, bien repré- Sarah Aristidou (Shako); Giulia Peri (Midori);
Musique pour guitare et chœur de justesse. Bien plus de coloris et Olivia Vermeulen (Saiko); Robin Tristschler (The
senté). Gesualdo Six peut compter sur
N. Jappelli : Nulla Sors Longa Est / N. d'invention dans la "Romance Gitane" Poet); Andrè Schuen (Josuke Misugi); Schola
un équilibre rigoureux des voix, deux
Campogrande : Materna / M. Castelnuovo- (op.152) de Castelnuovo-Tedesco, la Heidelberg; Walter Nussbaum, direction; Ensemble
contre-ténors, deux basses, un baryton, Modern; Michael Boder, direction; Karl Markovics,
Tedesco : Romancero Gitano, op. 152
un ténor. Les pièces, plain chant et poly- guitare enfin s'égaye et les voix so- mise en scène
Nicolo Spera, guitare; St. Martin's Chamber Choir;
phonie, de Tallis, de Byrd, de Lobo sont listes jouissent d'une liberté d'expres-
Timothy J. Krueger, direction CM754208 • 1 DVD C Major
ainsi restituées avec une délectable sen- sion retrouvée. On regrette l'absence
sualité (Ah ces phrasés languides !) que BRIL96085 • 1 CD Brilliant Classics CM754304 • 1 BLU-RAY C Major
des textes (Sénèque, Federico Garcia
rehausse encore une prise de son au
cordeau. On regretterait presque l'ab-
sence de son vibré, de tremblements,
O n découvre sur ce disque un aspect
moins connu de l’œuvre de Mario
Castelnuovo-Tedesco (1895-1968), à
Lorca, Marco Vachetti) dans la notice.
(Jérôme Angouillant)
T rois voix féminines - sa femme Mi-
dori, son amante Saiko et Shoko, la
fille de celle-ci - s’adressent à Misugi,

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DVD et Blu-ray
un chasseur : au long de chacune de CM802608 • 2 DVD C Major lumière un orchestre qu’il emporte
leurs lettres, l’amour tu et défendu CM802704 • 1 BLU-RAY C Major Sélection ClicMag ! dans des tempêtes prodigieuses, et
(ainsi que ses conséquences psycholo- des chœurs de marin qu’il mène au
giques) révèle une de ses facettes, la vie
de l’homme (ses détours et circonvolu-
P assons sur les gros sabots dont
Krigenburg embarrasse la scène
du Festpielhaus, tweets en chaines,
bord du précipice. Quelle direction
âpre, fulgurante, qui suffirait à imposer
tions) se dévoile. La nouvelle du Japo- cette version, mais ce n’est pas tout,
nais Yasushi Inoue, Le Fusil de Chasse tout le monde en costumes de bureau,
à l’exception d’un Pilote en vibrato, le
(1949), qui l’a fait connaître en dehors action aujourd’hui – et même dans un
plateau excelle : Hollandais maudit au
de son pays, inspire à l’Autrichien aujourd’hui Orwellien, qui veut sou-
timbre amer d’un incroyable Thomas
Thomas Larcher (1963-) son premier ligner jusqu’à crever les yeux que
Gazheli, et quel acteur ! Daland moins
opéra, une histoire d’amour et d’adul- oui, le sujet de Simon Boccanegra est
basse, plus jeune et aussi plus âpre
tère, de mensonges au long cours, de politique et qu’il s’adresse à nous plus
au gain selon Mikhail Petrenko (qui
tromperie et de déloyauté, une histoire encore qu’à ceux d’hier, ce que Verdi, Richard Wagner (1813-1883)
pourrai être lui aussi un Hollandais, le
qui pointe la solitude de la condition reprenant l’ouvrage au soir de sa vie, Le Vaisseau fantôme, opéra en 3 actes
jeu de miroir est assez fascinant), Erik
humaine. C’est le poète qui raconte, lui savait déjà mieux que Krigenburg en Thomas Gazheli (The Dutchman); Marjorie Owens
vaillant (Bernhard Bertchtold, à suivre),
qui a reçu de Misugi ces trois lettres le montrant universel et intemporel (Senta); Mikhail Petrenko (Daland); Bernhard
Berchtold (Erik); Annette Jahns (Mary); Timothy Mary formidable de présence et surtout
de femmes. Avare en grands effets et et pour cela ancré dans le temps et le
gestes théâtraux, Karl Markovics, acteur Oliver (Daland's Steerman); Coro Ars Lyrica; une Senta miraculeuse, et inconnue de
lieu historique de l’action de la pièce de
et réalisateur au cinéma, signe, pour Marco Bargagna, direction; Orchestra e Coro moi, à l’aigu dardé, aux phrasés amples,
Guttiérrez. Mais Verdi savait aussi qu’à del Maggio Musicale Fiorentino; Fabio Luisi,
cette première expérience à l’opéra, une Marjorie Owens, retenez bien ce nom,
l’égal de Rigoletto, il écrivait d’abord ici direction; Paul Curran, mise en scène
mise en scène caractérisée par de fré- sa Ballade est un modèle. Comme la
l’opéra d’un père et de sa fille. Malgré CM753808 • 2 DVD C Major
quents sauts dans le temps : sans excès mise en scène subtile dePaul Curran ne
cette lessiveuse moderne de pacotille,
dramatiques, même si "cela bouillonne CM753904 • 1 BLU-RAY C Major batifole pas à coté de l’action comme
chaque chanteur s’empare de son per-

A
sous la surface calme et froide comme ussitôt nommé à la direction du des personnages – sa translation au
sonnage et une fois passé les préven-
un volcan sous l’océan Arctique". Maggio Musicale Fiorentino, Fabio début du XXe Siècle (les fileuses sont
tions le spectacle se regarde, le sex-
(Bernard Vincken) Luisi décida d’inscrire pour l’ouverture sur machines Singer) est indolore -
appeal du Gabriele Adorno de Charles
de sa saison inaugurale ce Vaisseau on se laisse emporter dans cette bal-
Castronuovo n’y est pas pour peu. Sans
fantôme. Dès l’ouverture filante, vive, lade, océan immense que les vidéos
avoir l’autorité d’un Gobbi ou l’humanité
tonnante à la façon de Weber, je sais cousent mal à la scène mais qui a coup
de Cappucilli, Luca Salsi a du moins la
qu’il a quelque chose à y dire, remet- sur, aidé par un orchestre formidable,
voix idéale pour Boccanegra, et jusqu’à
tant le théâtre du jeune Wagner dans engloutissent les corps et les âmes.
l’allégement lorsqu’il évoque à l’agonie
le premier romantisme, sculptant en (Jean-Charles Hoffelé)
la mer ou le venin lorsqu’il condamne
Paolo (un stupéfiant André Heyboer) à
la scène du Conseil. René Pape savoure pherd); Gianfranco Montresor (A Steersman);
sa vengeance mortifère, Fiesco stylé au Rainer Trost (A voice of a young sailor); Orchestra
possible, Marina Rebeka à l’exact format and Choir of Teatro Opera of Rome; Daniel Gatti,
Giuseppe Verdi (1813-1901)
vocal d’Amelia et y met un feu certain. direction; Pierre Audi, mise en scène
Simon Boccanegra, opéra en 1 prologue Sur toute cette distribution assez exem-
et 3 actes CM752208 • 3 DVD C Major
plaire, Valery Gergiev, que je n’attendais
Luca Salsi (Simon Boccanegra); Marina Rebeka
pas ici, sculpte et caresse l’un des plus CM752304 • 1 BLU-RAY C Major
(Amelia Grimaldi); René Pape (Jacopo Fiesco);
beaux orchestre que Verdi ait écrit, les
P
Charles Castronovo (Gabriele Adorno); André
Wiener Philharmoniker s’enivrant avec aris avait vu ce spectacle encombré
Heyboer (Paolo Albiani); Antonio Di Matteo
Richard Wagner (1813-1883) par le noir et blanc cruel des décors
(Pietro); Long Long (Captain); Marianne Sattmann une pointe de narcissisme sous une di-
(Amelia's Maid); Konzertvereinigung Wiener rection si consciente de l’importance de Tristan et Isolde, opéra en 3 actes de Christof Hetzer, qui aura dispensé
Staasopernchor; Enrnst Raffelsberger, direction;
l’ouvrage, rappelant qu’Abbado l’avait Andreas Schager (Tristan); Rachel Nicholls Pierre Audi d’un vrai geste de drama-
Wiener Philharmoniker; Valery Gergiev, direction;
Andreas Kriegenburg, mise en scène; Harald B. ressuscité dans des termes pas si éloi- (Isolde); Michelle Breedt (Brangäne); Brett turge. La production, reprise au Teatro
Thor, scénographie; Tanja Hofmann, costumes; gnés que cela. Je ne m’en plaindrais pas. Polegato (Kurwenal); John Relyea (King Marke);
Costantino de Rome, filmée platement
Tiziano Mancini, réalisation (Jean-Charles Hoffelé) Andrew Rees (Melot); Gregory Bonfatti (Ashe-
par Annalisa Butto expose la froideur
de l’ensemble, Audi gardant les amants
née, car il avait renoncé d’emblée et présent sur les scènes : à Salzbourg,
Sélection ClicMag ! avec un certain bon sens à toute idée Boccanegra lui allait mieux de voix et
de se toucher, paradoxe assez intenable
de mise en scène qui ne soit pas autre de caractère, et même si Zajick chante tout au long de l’acte II. On regarde
chose qu’une mise en espace, ce que probablement sa dernière Azucena, éli- et on s’ennuie, mais alors autant seu-
les vastitudes des Arènes de Vérone mée de voix, mais quel personnage ! lement entendre, non l’orchestre de
commandent. A chacun de dessiner Restent les amoureux. Yusiif Eyvazov Daniele Gatti, aminci, asséché par
son personnage, bon sens là encore, ne manque ni de souffle ni de métal,
et chacun s’y emploie. Pour le reste, l’acoustique et un rien oublié par la
même s’il ne chante pas son Di quella
les caméras de Tiziano Mancini suivent Pira dans la tonalité originale (mais qui prise de son, non l’Isolde dépassée de
l’action et l’émotion des personnages, le fit vraiment depuis Lauri-Volpi et Ber- Rachel Nicholls, mais du moins son
montrant de près ce que le spectacle gonzi ?). Mais il y a un miracle qui rend
de Zefirelli voulait montrer même de Tristan, Andreas Schager, même et peut
à lui seul la soirée essentielle : Netrebko,
Giuseppe Verdi (1813-1901) loin : les costumes outrageusement être parce que de voix déjà consumé,
qui flirte avec le spinto verdien depuis
Le Trouvère, opéra en 4 actes et 1 ballet somptueux que Raimonda Gaetani aura usé, mais humain et artiste à vous
sa légendaire Traviata de Salzbourg, et
Luca Salsi (Count di Luna); Anna Netrebko revisités pour cette reprise et les décors faire pleurer et transformant au III ses
l’atteint ici dans une plénitude sciante.
(Leonora); Yusif Eyvazov (Manrico); Dolora Zajick spectaculaires, hérités de la production
Pour elle, pour son Tacae la notte pla- manquements en qualité. Le reste du
(Azucena); Riccardo Fassi (Ferrando); Elisabetta originale, que Zefirelli dessina avec un
Zizzo (Ines); Carlo Bosi (Ruiz); Dario Giorgelè soin tout particulier et qui n’ont rien cida venu d’un autre monde, pour son plateau ne démérite pas, la Brangaêne
(An old gypsy); Antonello Ceron (A messenger); perdu de leur puissance de suggestion. D’amor sull’ali rose où quelque chose
immense de Michelle Breedt (qui pour-
Orchestra, Chrous, Ballet & Technicians of the
Direction efficace, sans plus, de Pier de Ponselle parait, pour l’élan héroïque
Arena Di Verona; Pier Giorgio Morandi, direction; de Tu vedrai che amore in terra, il faut rait être une Isolde, qu’attend-t-elle ?),
Giorgio Morandi, mais experte pour
Franco Zeffirelli, mise en scène; Raimonda Gaetani, l’entendre, et la voir, et comparer ce le Kurwenal ému et émouvant de B rett
costumes; Lucia Real, chorégraphie; Michele soutenir, et accompagner les chanteurs
qui face aux exploits vocaux que Verdi qu’en scène elle délivre avec les extraits Polegato, modèle de style, le Roi Marke
Olcese, réalisation
leur demande dans son plus indistri- qu’elle grava jadis pour Deutsche Gram- dangereux, amer, sombre comme les
CM754608 • 2 DVD C Major
buable opéra, s’honorent ici, même mophon, et prendre conscience du che-
CM754704 • 1 BLU-RAY C Major enfers de John Reylee. Alors oui, la
si le Conte de Luna demande plus de min parcouru. Maintenant, qu’elle ose

L e spectacle d’abord. La production noirceur que ne peut lui en donner Luca l’Elena des Vespri Siciliani, elle le peut. soirée s’écoute, se savoure même.
de Zefirelli n’a pas été abandon- Salsi, nouveau baryton Verdi omni- (Jean-Charles Hoffelé) (Jean-Charles Hoffelé)

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Sélection Brilliant Classics

Adolphe Adam : Giselle, ballet J.S. Bach : concertos pour violon J.S. Bach : Cantates choisies Beethoven : Sonates piano n° 8, 14, L. van Beethoven : Intégrale des A. Borodine : Symphonies n° 1-3;
(extraits) BWV 1041-42, 1052 et 1056 Holland Boys Choir; Netherlands Bach 15, 17, 21, 23, 26 et 29 sonates pour violon Dans les steppes
Academy of St Martin in the Fields; Sir T. Zehetmair, violon; Amsterdam Bach Collegium; Pieter Jan Leusnik, direction Alfred Brendel, piano Klára Würtz, piano; Kristóf Baráti, violon OS du Bolshoi; Mark Ermler
Neville Marriner, direction Soloists
BRIL94354 - 1 CD Brilliant BRIL94666 - 1 CD Brilliant BRIL94947 - 5 CD Brilliant BRIL94272 - 3 CD Brilliant BRIL94310 - 4 CD Brilliant BRIL94453 - 2 CD Brilliant

J. Brahms : Trios pour piano n° 1-3 J. Brahms : Sérénades, Ouvertures, Cristian Carrara : Magnificat; F. Chopin : Intégrale des études F. Chopin : Les Valses. Deljavan. Duparc : Lamento, intégrale des
Trio Gutman Variations Haydn Ondanomala; Suite pour piano Alessandro Deljavan, piano mélodies
R. Frühbeck de Burgos; G. Herbig; H. Orchestre Symphonique et Lyrique de Alessandro Deljavan, piano Andrea Mastroni, basse; Mattia Ometto,
Bongartz Nancy; Flavio Emilio Scogna, direction piano
BRIL94474 - 1 CD Brilliant BRIL95073 - 2 CD Brilliant BRIL95213 - 1 CD Brilliant BRIL95207 - 1 CD Brilliant BRIL95208 - 1 CD Brilliant BRIL95299 - 1 CD Brilliant

António Fragoso : Intégrale de la G. Frescobaldi : Il Secondo Libro Frescobaldi, Gesualdo, Solbiati : Hummel, Dussek, Onslow : Quin- Nicola Jappelli : Musique pour Andreas Lidl : Divertissements pour
musique de chambre pour violon di Toccate (Frescobaldi Edition; Transcriptions pour accordéon tettes pour piano guitare trio avec baryton à cordes n° 1-6
C. Damas, violon; J. Hong, violoncelle; J. volume 5) Francesco Gesualdi, accordéon Nepomuk Fortepiano Quintet Andrea Dieci, guitare Trio Esterházy
Lawson, piano Roberto Loreggian
BRIL94158 - 1 CD Brilliant BRIL93794 - 2 CD Brilliant BRIL94972 - 1 CD Brilliant BRIL93203 - 1 CD Brilliant BRIL9435 - 1 CD Brilliant BRIL94162 - 1 CD Brilliant

F. Liszt : Concertos pour piano n° F. Liszt : Chefs-d'œuvres tardifs Erik Lotichius : Symfonietta; Mozart : Cosi fan tutte, opéra en Mozart : Musique de chambre pour Max Reger  : Fantaisie et fugue sur
1 et 2 Michele Campanella, piano Concerto pour piano n° 2; Mélodies 2 actes cordes B-A-C-H, op. 46; Sonate n° 1-2
Nelson Freire, piano; Dresdner PO; Michel Eliane Rodrigues; Michelle Mallinger; Isokoski; Groop; Argenta; Schäffer; La Quatuors Sonare, Sharon, Schubert, Adriano Falcioni, orgue
Plasson Prima La Musica; Dirk Vermeulen Petite Bande; Sigiswald Kuijken Chilingirian, Orlando…
BRIL93846 - 1 CD Brilliant BRIL94148 - 1 CD Brilliant BRIL9158 - 1 CD Brilliant BRIL93925 - 3 CD Brilliant BRIL94370 - 12 CD Brilliant BRIL95075 - 1 CD Brilliant

O. Respighi : Antiche danze; Rossi- Filippo Ruge : Concertos, Sinfonias, E. Satie : Intégrale de l'œuvre pour F. Schubert : Intégrale des mélodies R. Schumann : Quatuor à cordes n° K. Szymanowski, C. Debussy :
niana; Concerto in modo misolidio; Arias et musique de chambre piano à 4 mains R. Holl; E. van Lier; N. Grubert; D. Lutz; 3; Quintette pour piano Quatuors à cordes
Metamorphosen modi XII Cecchi Fedi; Vaccari; Ciociola; Enrico Sandra et Jeroen van Veen piano K. Richter Klara Würtz, piano; Quatuor Daniel Quatuor Prometeo
OS de Rome; Francesco La Vecchia Casularo, direction, flûte Ensemble, piano à 4 mains
BRIL94395 - 2 CD Brilliant BRIL95495 - 1 CD Brilliant BRIL9129 - 1 CD Brilliant BRIL95111 - 6 CD Brilliant BRIL95014 - 1 CD Brilliant BRIL94744 - 1 CD Brilliant

P.I. Tchaikovski : Variations Rococo; Telemann : 12 fantaisies pour A. Vivaldi : Les Quatre saisons A. Vivaldi : Gloria; Magnificat Ave Verum : Célèbres chœurs sacrés Vea yo los ojos bellos : Musique au
Œuvres pour violoncelle et orch. violon seul Enrico Casazza, violon; La Magnifica Ihle; Wilke; Markert; Ludwig Güttler, de Haydn, Fauré, Wesley, Brahms, temps de Cervantes
I. Vardai, violoncelle; Pannon Philharmo- Federico Guglielmo, violon Comunità direction Mozart, Boyle, Elgar, Bruckner… Victor Sordo Vicente, ténor; Luz y Norte
nic; T. Boganyi Choir of St John’s College; C. Robinson
BRIL94876 - 1 CD Brilliant BRIL94616 - 1 CD Brilliant BRIL93314 - 1 CD Brilliant BRIL95022 - 1 CD Brilliant BRIL9148 - 1 CD Brilliant BRIL95457 - 1 CD Brilliant

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Leopold van der Pals : Concertos pour violon, piano e... CPO555316 15,36 € p. 11 r Martinu : Madrigaux. Martinu Voices, Vasilek. SU4237 13,92 € p. 2 r
Rachmaninov : Œuvres pour deux pianos. Owen, Apekishe... AVIE2381 13,92 € p. 11 r Musique à Prague au 18e siècle : De Vienne à Prague, ... SU4231 13,92 € p. 2 r
Rachmaninov : Concerto pour piano n° 1 - Rhapsodie Pa... CCS42620 14,64 € p. 12 r Tatiana Nikolayeva : Les enregistrements à Prague, Le... SU4216 14,64 € p. 2 r
Reger : Musique de chambre. Johanns, Glassl, Yang, Qu... CPO555340 10,32 € p. 12 r Ravel, Debussy, Sluka : Impressions, œuvres pour harp... SU4212 13,92 € p. 2 r
Emil Nikolaus von Reznicek : Œuvres symphoniques. Jaf... CPO777983 15,36 € p. 12 r Antonio Pedrotti à Prague. SU4199 19,68 € p. 2 r
Emil Nikolaus von Reznicek : Quatuors à cordes. Quatu... CPO555002 21,12 € p. 12 r Richter : Requiem. Válek. SU4177 13,92 € p. 2 r
Friedman, Rozycki : Quintettes pour piano. Plowright,... CDA68124 15,36 € p. 12 r Franz Xaver Richter : La deposizione dalla croce di G... SU4204 17,52 € p. 2 r
Saint-Saëns : Symphonies n° 2 et Urbs Roma - Danse ma... CDA68212 15,36 € p. 13 r Jean-Pierre Rampal à Prague : Les enregistrements Sup... SU4217 14,64 € p. 2 r
Clara Schumann : Concerto pour piano. Shelley. CDA68240 15,36 € p. 13 r Franz Xaver Richter : Te Deum 1781. Haugk, Valek. SU4240 13,92 € p. 2 r

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Bon de commande n° 84 / Juillet/Août 2020
Smetana : Quatuors à cordes n° 1 et 2. Quatuor Pavel ... SU4172 13,92 € p. 2 r Hummel, Dussek, Onslow : Quintettes pour piano. Nepom... BRIL93203 6,72 € p. 18 r
Jirí Belohlávek Recollection. SU4250 39,36 € p. 2 r Nicola Jappelli : Musique pour guitare. Dieci. BRIL9435 6,72 € p. 18 r
Taneiev : Intégrale des quintettes. Vinokur, Hosprova... SU4176 19,68 € p. 2 r Andreas Lidl : Divertissements pour trio avec baryton... BRIL94162 6,72 € p. 18 r
Jan Vaclav Tomasek : Sonates pour piano-forte. Matejo... SU4223 13,92 € p. 2 r Liszt : Concertos pour piano n° 1 et 2 - Totentanz. F... BRIL93846 6,72 € p. 18 r
Kurt Weill : Wanted, Mélodies. Peckova, Hajek, Kucera. SU4226 13,92 € p. 2 r Liszt : Chefs-d'œuvres tardifs. Campanella. BRIL94148 6,72 € p. 18 r
Pavel Sporcl & Romano Stilo : Gipsy way. SU3951 13,92 € p. 2 r Erik Lotichius : Symfonietta - Concerto pour piano n°... BRIL9158 6,72 € p. 18 r
Jan Zach : Œuvres vocales sacrées. Srumova, Cmugrova,... SU4209 13,92 € p. 2 r Mozart : Cosi fan Tutte, opéra. Isokoski, Groop, Arge... BRIL93925 9,60 € p. 18 r
Zelenka : Sonates en trio, ZWV 181. Ensemble Berlin P... SU4239 18,24 € p. 2 r Mozart : Intégrale de la musique de chambre pour cord... BRIL94370 36,48 € p. 18 r
Sélection Brilliant Classics Max Reger : Sonates pour orgue. Falcioni. BRIL95075 6,72 € p. 18 r
Adolphe Adam : Giselle (Meilleurs moments). Marriner. BRIL94354 6,72 € p. 18 r Ottorino Respighi : Intégrale de l'œuvre orchestrale,... BRIL94395 8,16 € p. 18 r
Bach : Concertos pour violon. Zehetmair. BRIL94666 6,72 € p. 18 r Filippo Ruge : Concertos, Sinfonias, Arias et musique... BRIL95495 6,72 € p. 18 r
Bach : Cantates choisies. Leusink. BRIL94947 16,08 € p. 18 r Satie : Intégrale de l'œuvre pour piano à 4 mains. Sa... BRIL9129 6,72 € p. 18 r
Beethoven : Sonates favorites pour piano. Brendel. BRIL94272 9,60 € p. 18 r Schubert : Intégrale des mélodies. Holl, Van Lier, Gr... BRIL95111 19,68 € p. 18 r
Beethoven : Intégrale des sonates pour violon. Barati... BRIL94310 13,20 € p. 18 r Schumann : Musique de chambre. Würtz, Quatuor Daniel. BRIL95014 6,72 € p. 18 r
Alexandre Borodin : Symhonies n° 1-3 - Dans les stepp... BRIL94453 8,16 € p. 18 r Szymanowski, Debussy : Quatuors à cordes. Quatuor Pro... BRIL94744 6,72 € p. 18 r
Brahms : Trios pour piano n° 1 et 3. Trio Gutman. BRIL94474 6,72 € p. 18 r Tchaikovski : Variations Rococo - Œuvres pour violonc... BRIL94876 6,72 € p. 18 r
Brahms : Sérénades, Ouvertures, Variations Haydn. Frü... BRIL95073 8,16 € p. 18 r Telemann : Douze fantaisies pour violon seul. Gugliel... BRIL94616 6,72 € p. 18 r
Cristian Carrara : Magnificat - Ondanomala - Suite. G... BRIL95213 6,72 € p. 18 r Vivaldi : Les Quatre Saisons et autres œuvres concert... BRIL93314 6,72 € p. 18 r
Chopin : Intégrale des études pour piano. Deljavan. BRIL95207 6,72 € p. 18 r Vivaldi : Œuvres sacrées. Ihle, Wilke, Markert, Güttl... BRIL95022 6,72 € p. 18 r
Chopin : Les Valses. Deljavan. BRIL95208 6,72 € p. 18 r Ave Verum : Célèbres Chœurs Sacrés. Choir of St John'... BRIL9148 6,72 € p. 18 r
Duparc : Lamento, intégrale des mélodies. Mastroni, O... BRIL95299 6,72 € p. 18 r Vea yo los ojos bellos : Musique au temps de Cervante... BRIL95457 6,72 € p. 18 r
António Fragoso : Intégrale de la musique de chambre ... BRIL94158 6,72 € p. 18 r
Girolamo Frescobaldi : Il Secondo Libro di Toccate (F... BRIL93794 8,16 € p. 18 r
Frescobaldi, Gesualdo, Solbiati : Transcriptions pour... BRIL94972 6,72 € p. 18 r TOTAL A €

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