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C’est le mois le plus beau !

Dominique Rézeau - L’Île d’Yeu, 2 mai 2021 n°16

« C’EST LE MOIS DE MARIE, C’EST LE MOIS LE PLUS BEAU »

Annonciation - Arcabas XXe siècle

ET LE VOILÀ LE JOLI MAI, "tapis de fleurs sur le gazon" et tant de souvenirs, d'images
et de refrains dans nos mémoires: les défilés du 1er mai, le muguet, l'arbre de mai dans
certaines régions, le mois de Marie pour les catholiques. L’extrême beauté de la nature,
les tout petits enfants à peine sortis du nid maternel, l’air que nous respirons à pleins
poumons, subtil parfum d’iode, de sel, de fleurs sauvages…tout cela nous tourne
presque la tête. Nous n’avons qu’une envie, jeter les masques (pas encore !) et nos
vieux habits, laisser le vent courir sur la peau et le regard se porter très loin à l’horizon,
là-bas où l’infini de l’Océan nous invite au voyage.

Le premier Mai c'est pas gai,


Je trime, a dit le muguet,
Dix fois plus que d'habitude,
Regrettable servitude.
Muguet, sois pas chicaneur,
Car tu donnes du bonheur,
Pas cher à tout un chacun.
Brin d'muguet, tu es quelqu'un.
(Brassens)
https://www.youtube.com/watch?v=OVzHIMeIdKE
Muguet, travail et Marie
La tradition du muguet odorant du 1er mai
remonterait à la Renaissance. Le roi Charles
IX ayant reçu lors d’un voyage en province
un brin de muguet, décida galamment d’en
offrir à chaque printemps aux dames de sa
cour. Tradition perpétuée par les présidents
de la République qui offrent le muguet, jadis
apporté à l’Élysée par les forts des halles, aux
dames de leur Palais !
Palais de l'Élysée 1er mai

Quant à la fête du travail elle connut une


histoire mouvementée. Dès la fin du XIXe
siècle en Europe et aux États-Unis la date du
1 mai devient un symbole de lutte et de célébration des combats des salariés. Elle est
er

l’occasion d’importantes manifestations du mouvement ouvrier, non sans épisodes de


violence qui entachent ce qui voulait être une journée pacifique de fête du travail et
des travailleurs, tout en contenant leurs revendications. En France, c’est sous le régime
de Vichy que le 1er mai est institué comme jour férié, « fête du travail et de la concorde
sociale », par la loi du 12 avril 1941. Supprimée puis re-instituée, cette journée
devient en 1947 la fête du travail. La nouvelle loi est approuvée à l’unanimité par
l’assemblée nationale, le parti communiste précise toutefois : Tant que la classe
ouvrière ne participera pas sur le plan gouvernemental aux destinées du pays, le 1er
mai gardera son caractère revendicatif.

Nous, Maréchal de France, chef de l’État français,


le conseil des ministres entendu, décrétons:
Art.1 — Le 1° mai est jour férié.
Art. 2. — Ce jour sera chômé comme fête du
travail et de la concorde sociale sans qu’il en
résulte une réduction de salaire pour les
travailleurs.

De nombreuses encycliques des papes ont abordé la question du travail et de la


justice sociale, en insistant toujours sur la centralité de la personne humaine et sur son
épanouissement dans le travail, en même temps qu’elle contribue à l’œuvre de la
création. À noter : nos panneaux de signalisation sur la voie publique indiquent:
ATTENTION TRAVAUX ; dans le monde anglo-saxon ils mentionnent «ceux qui
travaillent » !

«A la sueur de ton front tu mangeras ton pain». Ces paroles se réfèrent


à la fatigue parfois pesante qui depuis lors accompagne le travail humain;
Ils le savent bien, ceux qui accomplissent un travail physique dans des
conditions parfois exceptionnellement
pénibles. Ils le savent bien les agricul-
teurs qui, en de longues journées,
s'usent à cultiver une terre qui, parfois,
«produit des ronces et des épines», et
aussi les mineurs dans les mines ou les
carrières de pierre, les travailleurs de la
sidérurgie auprès des hauts-fourneaux,
les hommes qui travaillent dans les
chantiers de construction et dans le sec-
teur du bâtiment, alors qu'ils risquent
fréquemment leur vie ou l'invalidité. Ils
le savent bien également, les hommes
attachés au chantier du travail intellec-
tuel, ils le savent bien les hommes de
Ouvrière d'une usine d'aviation – Fort Worth, Texas, 1942 science, ils le savent bien, les hommes
qui ont sur leurs épaules la grave responsabilité de décisions destinées à avoir une vaste réso-
nance sur le plan social. Ils le savent bien les médecins et les infirmiers, qui veillent jour et nuit
auprès des malades. Oui, ils le savent bien, tous les travailleurs et, puisque le travail est vrai-
ment une vocation universelle, on peut même dire: tous les hommes.
(Jean-Paul II - Laborem exercens, 1981)

La femme dans la grâce enfin restituée


LA CRÉATURE DANS SON HONNEUR PREMIER
ET DANS SON ÉPANOUISSEMENT FINAL,
TELLE QU'ELLE EST SORTIE DE DIEU AU MATIN
DE SA SPLENDEUR ORIGINALE
(P. Claudel)
C’est à Rome, à la fin du 16e
siècle, qu’est née la coutume
de consacrer les 31 jours du mois de mai à la prière mariale.
Saint Philippe Néri par exemple rassemble les enfants autour
de l’autel de la Sainte Vierge et leur demande d’offrir à la Mère
de Dieu des fleurs du printemps. Le pape Pie VII, après ses
années d’exil en France par Napoléon, étant rentré à Rome au
mois de mai 1815, demande que l’on fasse chaque jour, pen-
dant ce mois, quelque prière publique ou particulière, en l’hon-
neur de la Très Sainte Vierge (et sous-entendu pour la con-
version de son impérial geôlier). Cette dévotion se répandit
rapidement dans les états pontificaux et dans toutes les par-
ties du monde. Les plus anciens se souviennent de ces
humbles « mois de Marie » installés dans les maisons, par-
fois derrière une fenêtre, devant lequel on priait avec ferveur
le soir après le souper. Certains se retrouvaient entre habi-
tants du même quartier dans une maison ou une chapelle.
ND du Port à l'Île d'Yeu
Durant ce mois de mai nous prierons chaque mardi à la cha-
pelle Notre-Dame de la Paix, chapelet à 17h30 puis messe à 18h00, au chant des
oiseaux qui enchantent ce frais vallon !
Récente bénédiction d’une
statue de la Vierge Marie au
collège Notre-Dame du Port,
« Stella Maris ». Elle prend
place dans la multitude de
chapelles et statues dédiés à
Marie sur notre Île d’Yeu… peu
fréquentées hélas ni
entretenues par ceux qui
pourtant les édifièrent jadis
avec foi et amour. Voici la
prière lue à l’occasion de cette
bénédiction :

Stella Maris - Collège ND du Port, 2021

Autrefois les marins de l’île d’Yeu comme tous les navigateurs, se guidaient la nuit
grâce aux étoiles du ciel. L’une d’entre elles portait le nom de Stella maris,
Etoile de la Mer.
Aujourd’hui, Marie est toujours là sur nos chemins à travers l’île.
Notre-Dame du Port pour notre église, ou, tout près de nous, Notre-Dame de Bon-Secours
sur les hauteurs du port, Notre-Dame de La Paix dans le vallon de Saint-Hilaire
ou Notre-Dame des Bossilles, non loin de la côte.
Sur la route de Saint-Sauveur, la chapelle Notre-Dame du Calvaire, autrefois, près de l’église,
Notre-Dame La Blanche, en allant vers le Sud, Notre-Dame des Martinières
et enfin dominant le port de la Meule, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.
Comme Marie qui, autrefois, conduisait les marins dans la nuit,
Marie nous guide aujourd’hui sur les chemins de nos vies…
Comme les navires autrefois, la mère du Seigneur nous guidera vers Jésus notre Sauveur.
(J.F. Henry)

Un souvenir « marial » : 5 mai 2013 à Tripoli


(Libye), je rends visite à Sœur Pascale, petite sœur
du Père de Foucauld qui a échappé au terrible « ac-
cident » tuant trois religieuses, dont je suis allé re-
connaitre les corps à la morgue. Un container a lit-
téralement écrasé leur voiture ; qui, comment,
pourquoi, je n’ai jamais su. Colonne vertébrale bri-
sée, plongée dans le coma, je chantonne près de
son oreille ce vieux cantique : C’est le mois de Ma-
rie, c’est le mois le plus beau, À la Vierge chérie
Disons un chant nouveau. Ses yeux s’entrouvrent,
elle sourit un instant, puis repart dans son monde
intérieur. Très émues, les infirmières se deman-
dent par quel miracle quelques notes à peine mur-
Bannière de Notre-Dame de la Meule
murées ont pu éveiller la conscience de leur pa-
tiente. Le sourire de Marie !
https://www.youtube.com/watch?v=OAb85E_4UDY

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