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L'architecture

L'architecture est l'art d'imaginer, de concevoir et de réaliser des édifices.


L'architecture a ainsi introduit l'art dans une partie des constructions que l'humanité a
pu réaliser, penser, organiser, qu'elles soient habitables ou utilitaires, monumentales
ou vernaculaires, religieuses ou militaires, etc. L'architecture occidentale actuelle
ajoute à une conception technique de la construction des objectifs esthétiques,
sociaux et environnementaux liés à la fonction du bâtiment et à son intégration dans
son environnement.
L'architecture concerne tant les bâtiments, que les espaces publics, mais aussi
des ponts, des paysages par l'action de l'architecte paysagiste, des navires via
l'architecture navale ou encore desstations spatiales. Cependant l'organisation et la
règlementation générale d'une ville, d'une agglomération ou d'un territoire dépassent
le cadre de l'architecture et peuvent être englobées dans celui de l'urbanisme.
L'architecture est définie à notre époque comme l’art de bâtir qui s'ajoute à la simple
construction des édifices. On utilise l'architecture aussi bien pour la création que pour
la restauration ou la transformation (rénovation) des édifices. Il s'agit parfois
simplement d'une action d'ornementation du bâti et pour des constructions anciennes
de ré-ornementation avec retour à l'aspect initial ou à l'inverse avec ajout de
différences les modernisant. Dans certains cas cela concerne la mise en ensemble des
édifices, par exemple la constitution de cité. L'objet sur lequel se pose l'acte
architectural est quelquefois même la ville prise dans son entier, lorsque par exemple
il s'agit d'une ville nouvelle. Cette caractérisation formelle des édifices fait alors
partie des contraintes d'urbanisme.
Le terme "officiel", employé de nos jours par rapport à n'importe quel phénomène de
l'art, a plutôt un sens péjoratif : engagé dans la vie politique. Une sorte d'arrière-goût
après le totalitarisme. Aujourd'hui, où la culture se présente comme une force
indépendante, comme un business qui rapporte du profit, cette perception est plus
qu'évidente. Or, cet état de choses1n'était pas toujours le même. Autrefois, l'art servait
les intérêts des classes possédantes qui le créaient. Celui qui paie commande la
musique. Rappelons-nous tous ces peintres et compositeurs de la cour qui étaient les
auteurs du soi-disant " art officiel ". Mais comment faire avec l'architecture qui,
inévitablement, exige l'investissement des capitaux ? Donc, il faut différencier les
notions de " l'art officiel " (constructions d'Etat) et de " la commande sociale "
(architecture laïque3), mais on y arrive plus tard.
 En France, c'étaient au premier abord les Romains qui ont apporté en Gaule
différents types de bâtiments sociaux. Il reste un nombre assez grand des
constructions civiles de cette époque : la Porte de France et le Pont du Gard4 à Nîmes,
les arcs triomphaux à Orange, aussi que plusieurs théâtres et amphithéâtres. Il ne reste
presque pas de traces architecturales des deux premières dynasties franques, mais on
est certain que les Mérovingiens et les Capétiens possédaient leurs résidences à
Soissons, Compiègne, Attigny, Nogent.
Aux Xe et XIe siècles, la villa romaine connaît des transformations considérables.
Les châteaux proprement dits n'apparaissent pas avant le Charlemagne. Les serfs sont

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repoussés dehors. Aux XIIe et XIIIe siècles, les grands châteaux étaient en général
encerclés de deux murs concentriques. Au centre se trouvait le donjon, le plus grand
et le plus important bâtiment du château. Le deuxième mur n'était pas renforcé autant
que le premier étant situé plus en bas.
Le propriétaire occupait les chambres d'en haut de la tourelle principale qui étaient
luxueusement ornées. Aux XIVe et XVe siècles, les châteaux perdent peu à peu leur
aspect imprenable. L'ornement architectural ressemble à celui des églises de la même
époque. Les plus beaux exemples sont : l'Hôtel de Bourgtheroulde à Rouen et l'Hôtel
de Cluny à Paris.
La Renaissance Française du XVIe siècle est un mélange réussi de détails antiques
et de formes françaises. Les châteaux de cette époque se classent en deux catégories.
Les uns gardent l'aspect des châteaux féodaux (Vigny, Chambord 7, Pierrefonds), les
autres voient l'élimination consciencieuse des détails rappelant l'époque passée (les
exemples de ces " châteaux de distractions ": Azay-le-Rideau et Chenonceau en
Touraine, Fontaine-Etoupefour et Belleau en Normandie).
 L'amour pour la symétrie apparaît au XVIe siècle où, au lieu de l'uniformité à petite
échelle, s'instaure l'uniformité à grande échelle. Le sommet le plus célèbre de cette
esthétique architecturale est le complexe de Versailles bâti sous Louis XIV par
Hardouin-Mansard.
A l'époque de la Restauration, peu d'architectes suivaient les principes d'éclectisme
(quand tous les styles sont considérés également exemplaires), la plupart s'inclinant
au classicisme ou romantisme. Pas d'esthétique commune, pas de système concret.
C'est surtout manifeste dans les quartiers érigés à ce temps-là derrière les églises de la
Madeleine et Notre-Dame-de-Lorette à Paris. Les rues sont un assemblage chaotique
des esquisses venant de toutes les époques.
La stagnation finit sous Napoléon III qui soutenait largement l'architecture. Les palais
du quartier Saint-Germain égalent les hôtels aristocratiques d'antan en luxe et les
surpassent en confort.
Le XXe siècle est une période critique dans l'histoire de l'art. Plusieurs artistes
voulaient rompre avec les canons classiques. Le style moderniste sert de point de
référence qui ne s'est pourtant pas fixé comme style dominant à cause de l'abondance
de désinvoltures romantiques. Trois courants contestent la dominance: architecture
rationnelle, romantisme national et style néoclassique. Parlant du style néoclassique,
il faut mentionner le Théâtre des Champs-Elysées à Paris (1911-1913, Auguste
Perret), caractérisé par la noblesse des traits.
 Le problème des cités-dortoirs se met en avant dans l'atmosphère tendue d'entre-
deux-guerre. Le rationalisme entre en scène, le leader étant Le Corbusier.
L'introduction de nouveaux matériaux (béton armé et verre), l'élaboration de
nouveaux types d'ossatures et l'usage des murs écran ont permis d'obtenir une plus
libre planification des bâtiments. Grâce à cela, on a éliminé le fossé entre les aspects
décoratifs et pratiques.
Les années cinquante voient la conception des grands ensembles architecturaux. Le
style consécutivement inventé est surnommé " Hard-French ". Néanmoins, en 1968,
les protestations réitérées s'éclatent en France, les gens critiquant le principe
fondamental de la construction de masse, la triade " métro, boulot, dodo ". Sous
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Valéry Giscard d'Estaing, la construction de hauts bâtiments est strictement
réglementée, ce qui stimule la création des formes urbaines harmonisant avec
l'environnement. On voit les résultats positifs de cette politique sous François
Mitterrand : l'Institut du monde arabe à Paris (Jean Nouvel), l'Ecole de Danse de
l'Opéra de Paris à Nanterre (Christian de Portzamparc).
Pendant la dernière décennie du XXe siècle, l'autorité de l'architecture française
agrandit fortement. Ce phénomène est lié en particulier avec la tendance de ne pas
opposer le patrimoine à l'actualité, mais au contraire, de les unir. La reconnaissance
de l'architecture française s'est manifestée en décernement, en 1994, du Pritzker Prize
à Christian de Portzamparc, récompense la plus honorable chez les architectes.
L'érection à Paris de la Cité de la musique, qui lui a pris plus de 10 ans, a raffermi les
positions de Portzamparc. Cette Cité est harmonieusement inscrite dans le contexte
parisien.
   Aussi bâtit-on plusieurs édifices d'enseignement, musées et bibliothèques : Historial
de la Grande Guerre à Péronne (Henri Ciriani, 1990), Musée archéologique à Saint-
Romain-en-Gal (Philippe Chaix et Jean-Paul Morel, 1996), Université des arts et
sciences humaines à Grenoble (Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, 1996)...
 Quoique l'architecture française sorte de sa chrysalide 19 de nouveau et les dernières
décennies en France aient connu un essor dans le domaine social, culturel et
artistique, le but essentiel des architectes d'aujourd'hui est de modifier les quartiers
existants, érigés les derniers 20-30 ans et d'y améliorer les conditions de vie. Il est
évident que la commande officielle vient jouer un grand rôle. Répondant aux besoins
immédiats, l'architecture laïque et officielle reflète les courants sociaux de l'autre côté
que l'architecture religieuse : la vie sociale de l'individu et ses accomplissements
scientifiques.

  LE CHATEAU : EVOLUTION AU COURS DES


SIECLES

Un château est à l'origine une construction médiévale destinée à protéger le


seigneur et à symboliser son autorité au sein du fief. Les premiers châteaux étaient
construits en bois souvent sur une élévation de terre (motte castrale ou féodale), puis
en pierre afin de résister aux nouvelles armes de guerre. On les appela les châteaux
forts.
À la Renaissance, les rois de France, bientôt imités par leurs vassaux, décidèrent de
construire ou d'aménager leurs châteaux non plus pour la défense mais pour leur
agrément et leur confort.
Contrairement au palais urbain, le château a la particularité, très tôt, de désigner une
résidence seigneuriale ou princière rurale. Il peut aussi s'agir de l'élément de la
défense d'une ville, résidence seigneuriale ou non. C'est par exemple le cas du
premier château du Louvre, qui devint le Palais du Louvrelorsqu'il devint siège du
pouvoir royal et fut intégré à la ville.

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Le château est le symbole de la puissance des seigneurs. Les premiers châteaux
furent élevés en Europe à la fin du IXe siècle. Leur apparition coïncide avec
l'affaiblissement du pouvoir central et la lutte entre les premiers seigneurs féodaux
pour délimiter leur territoire. Très vite, le château cristallisa autour de sa position
dominante et de ses éléments militaires, effectifs ou purement symboliques, la
puissance du seigneur et son contrôle sur la région environnante et sur ses habitants.
Le château pouvait être un retranchement militaire, en particulier au Moyen Âge,
mais il était surtout un lieu de pouvoir administratif et judiciaire.

UNE FONCTION MILITAIRE ET


ADMINISTRATIVE 
Les premiers châteaux 
Le premier type de château fort qui s'imposa à l'Europe, à partir du Xe siècle, fut la
butte artificielle en terre de forme tronconique : la motte. Celle-ci était conçue pour
supporter une tour défensive et parfois résidentielle, généralement construite en bois ;
certaines, plus importantes, pouvaient accueillir d'autres édifices. La plupart du temps,
la motte était défendue par un fossé et la tour par une enceinte. Lorsqu'elle abritait une
résidence, la motte était accompagnée d'une basse-cour où se trouvaient divers
bâtiments de service, situés en contre-bas et également protégés par une enceinte et par
un fossé. Cette toute première forme de château fort persistera dans certaines contrées
jusqu'au XIIe siècle. Il ne reste malheureusement le plus souvent aucune trace de ces
constructions en bois.

Les châteaux maçonnés 

La fin du XIIe siècle marqua une nouvelle étape dans l'évolution du château. Si, dans
la période antérieure, nombre de tours et d'enceintes pouvaient être en bois, à partir
de cette époque, la tendance fut à l'utilisation de plus en plus fréquente de la
maçonnerie afin de résister au feu (les mâchicoulis remplacent, à cette époque,
les hourds trop vulnérables au feu). L'autre tendance fut celle de la régularisation des
plans des enceintes, constituées de murs crénelés - les courtines - flanqués de tours
circulaires, beaucoup plus hautes. Le logis et les
bâtiments de service s'adossent aux courtines, à l'intérieur. Ces diverses
consolidations serviront essentiellement à mieux protéger le donjon construit à
l'endroit le plus inaccessible, et dernier lieu de repli au sein d'un système de défense
concentrique (à noter que les étages des tours et du donjon ne correspondent que par
des trappes munies d'échelles amovibles). Lorsque plus tard, pour la commodité de la
vie, des escaliers à vis seront installés dans l'épaisseur des murs ou dans les tourelles
d'angle, ils ne relieront que deux étages à la fois, l'accès aux deux étages supérieurs se
faisant par un autre escalier. Si, parfois, la tour maîtresse - le donjon - se trouve au
centre, le plus souvent elle est associée aux courtines. Elle se distingue des autres
tours par une hauteur plus importante. Comme pour les enceintes castrales construites

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en bois, l'ensemble de ce système ne vise encore qu'à décourager l'ennemi par une
multiplication d'obstacles successifs : c'est encore de fait une défense passive. 
Il faut établir une distinction entre l'enceinte à but uniquement défensif et les
bâtiments à usage résidentiel, situés à l'intérieur. Les ouvertures dans les murs,
fenêtres ou fentes de tir, sont rares et étroites, jamais disposées les unes en dessous
des autres afin de conserver aux murs leur résistance ; les vitres n'existant pas, les
fenêtres sont bouchées par du papier huilé, ou simplement obstruées par de gros
volets de bois. Des latrines en encorbellement au-dessus des fossés permettent un
minimum d'hygiène. On ne trouvera pas ici d'oubliettes : un cachot les remplace. En
effet, le prisonnier est une monnaie d'échange que l'on a tout intérêt à conserver en
vie. 
Il n'y a pas de différenciation entre les pièces d'habitation. A l'origine, le solier du
donjon (ou grande salle) sert à tous les usages : chambre, on y couche à plusieurs
dans un immense lit carré à courtines, recouvert de fourrures ; salle à manger, les
tables à tréteaux y sont montées et démontées à chaque repas (le service se fait le plus
souvent par la fenêtre à l'aide de paniers d'osier, les escaliers étant trop étroits) ; salle
de conseil où seuls le seigneur et sa dame ont droit à une chaire, les autres étant assis
par terre sur des carreaux (coussins) ou sur le sol recouvert de fourrures ou de foin
selon la saison (tapis et tapisseries sont accrochés aux murs). Il n'y a pas de cuisine,
les âtres des grandes cheminées des salles en tiennent lieu, mais le pain et les
pâtisseries cuisent dans les fours de la basse cour. On trouve parfois un système
d'écoulement de l'eau du puits vers cette basse cour, qui est le seul élément de confort
de ces demeures. 
Ce système ne fut remis en cause qu'à partir de la seconde moitié du XIVe siècle,
avec l'apparition de nouveaux modèles de châteaux. Lorsque les murs présentent une
assez forte épaisseur, on réserve des bancs en pierre dans les ébrasements, à l'intérieur
des fenêtres. Placé dans l'intérieur de la baie, le meneau peut séparer ce banc en deux
stalles et se terminer en accoudoir. Les personnes assises tournent alors le dos au
jour. Quand les murs sont très épais, comme par exemple dans les châteaux fortifiés,
les bancs sont disposés perpendiculairement au jour, lelong des deux ébrasements si
la fenêtre est large, ou d'un seul côté si la fenêtre est étroite. Une grande salle,
décorée de statues de preux ou de preuses, fait office de salle de réunion. Lesrepas y
sont animés du spectacle des ménestrels, et l'on y danse presque tous les soirs. Seul le
service de Dieu, célébré tous les matins, a requis dès le début un lieu spécial et la
chapelle est un élément obligé du château. 
Quelle que soit leur importance, les châteaux du Moyen-Age peuvent être divisés
en deux catégories : les châteaux de hauteur surplombant le village et surveillant
l'horizon qui décourageaient l'escalade par leur position dominante et leurs murs
élevés ; et les châteaux de plaine protégés par leurs douves pleines d'eau. Dans tous
les cas, l'entrée dans le château se faisait par un pont-levis. Les plus archaïques
étaient relevés par des chaînes qui sortaient directement du mur par des fentes
pratiquées dans la façade. Ce modèle d'un maniement pénible fut très vite remplacé
par le dispositif à bascule dans lequel les bras viennent s'encastrer dans des cavités
verticales ménagées à cet effet dans le mur extérieur, tandis que le contrepoids

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intérieur s'équilibre avec le poids du pont et en rend l'utilisation aisée. 

UNE RESIDENCE NOBILIAIRE 

Les premières résidences de prestige 


À la fin du XVe siècle, le château perdit sa fonction militaire pour n'être plus
qu'une résidence noble. Les causes en furent le renforcement du pouvoir central,
reprenant en main les affaires militaires, mais également le perfectionnement de
l'artillerie et l'invention du boulet métallique, auquel les défenses traditionnelles ne
pouvaient plus résister efficacement. La défense fut alors confiée aux places fortes,
contrôlées par le pouvoir central. Aussi, le château se transforma-t-il en une luxueuse
résidence nobiliaire, conçue suivant les courants stylistiques successifs, mais
conservant parfois, de façon symbolique, certains éléments de l'ancien château fort
médiéval, comme les tours et les fossés. 

Les châteaux de la Renaissance 


À l'avènement de François 1er, en 1515, l'Italie influença fortement le parti des
résidences nobles, notamment les châteaux royaux entrepris dans la vallée de la
Loire, notamment celui de Chambord ci-dessous.
Bien que la profusion du décor et la confrontation de deux styles donnent au château
de la Renaissance un aspect hétéroclite, son plan est pourtant régulier : on retrouve le
quadrilatère, flanqué de tours, des châteaux forts de plaine du Moyen Âge. L'un des
côtés a été abattu sur la perspective d'un jardin. Percées dans les murs, les fenêtres
sont plus larges et plus nombreuses ; leur ornementation, héritée encore du Moyen
Âge, est particulièrement riche. La grosse tour, symbole toujours vivant de la
noblesse du lieu, est conservée. Le maître de maison n'est plus uniquement homme de
guerre. S'il aime encore la chasse et les jeux du corps, il est aussi philosophe, poète et
collectionneur. Une galerie abrite les sculptures antiques que l'on a fait venir à grand
prix d'Italie. Etroite et longue, établie au-dessus des arcades aux arc surbaissés, elle
est éclairée par des fenêtres à meneaux de pierre, munies de petits carreaux ou,
mieux, de vitraux historiés. Une cheminée monumentale au manteau enrichi de
sculptures et de cartouches peints en occupe le fond. Des tapisseries ou des fresques
décorent les longs murs aveugles. Cette galerie est une nouveauté dont la mode est
venue d'Italie à la fin du 15ème siècle. On y donne des fêtes somptueuses ; on y
écoute de la musique polyphonique de plus en plus sophistiquée. Lanuit peut se
terminer à la lueur des torches dans les jardins animés de statues à la mode italienne,
colorés de parterres taillés à la française et qui sont, désormais, le prolongement de
l'architecture. Le nymphée, sorte de grotte artificielle incrustée de coquillages vrais
ou faux, décorée de figures sculptées ambigües, est un lieu de rêve, de dépaysement,
et aussi de débauches. 
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Mais derrière toutes ces fêtes gronde la guerre civile. Les luttes religieuses,
fanatiques, meurtrières, iconoclastes, déchirent la France. On affiche un catholicisme
qui n'est pas toujours sincère, mais la chapelle reste un élément constant des grandes
demeures. Son architecture n'a guère changé depuis trois siècles. Le gothique est
devenu plus flamboyant. Il proclame, dans une époque en pleine mutation, la
continuité de la foi tandis que se tiennent parfois d'étranges "messes noires" dans les
souterrains des châteaux. 
Au cours du 16ème siècle, l'architecture nouvelle va chercher un équilibre, une
symétrie, une noblesse des formes capables de rassurer cette inquiétude des âmes.
L'emploi des ordres antiques, le calcul mathématique d'une juste proportion
annoncent ce que sera le classicisme. L'escalier monumental à rampes droites, voûté
de caissons de pierre, axé au centre de la façade remplace la tourelle en hors-d'oeuvre
qui, au Moyen Âge, abritait l'escalier à vis. Il dessert les appartements à droite et à
gauche de ses larges paliers. Mais ces appartements sont encore incommodes : des
pièces petites, encombrées de meubles peu variés, immenses, lourds (coffres et
crédences hérités du Moyen Âge mais décorés au goût italien, lits à courtines). Il
n'existe encore ni armoires, ni commodes. Les chambres sont souvent précédées de
petits cabinets qui servent d'antichambres où dorment par terre, sur des paillasses que
l'on replie chaque matin, les domestiques particuliers. Les autres, très nombreux,
couchent dans les soupentes ou les écuries. Les latrines du Moyen Âge sont oubliées :
des chaises percées les remplacent. Il n'y a pas de salle à manger : les repas sont pris
presque toujours dans les chambres sur les nouvelles tables à rallonges venues
d'Italie. Par contre, il existe une cuisine, très vaste, mais les instruments culinaires,
eux, n'ont guère changé depuis le Moyen Âge. 

Les châteaux de plaisance et d'agrément 


Durant les XVIe et XVIIe siècles, on assiste également à la multiplication des
châteaux d'agrément, simplement utilisés lors des chasses. C'est le cas du petit
château édifié à Versailles pour Louis XIII en 1624. Le château de cette époque est
totalement ouvert sur l'extérieur et se compose d'un corps principal, entre cour et
jardin, flanqué de pavillons aux extrémités. Au milieu du XVIIe siècle, le château,
répondant à un souci de prestige, se fit de plus en plus somptueux. 
Au XVIIIe siècle, de nombreux châteaux furent conçus comme des pavillons au
plan relativement simple et dont les formes sont empreintes d'un certain classicisme. 
L'intérieur montre un souci nouveau de confort et d'intimité. Le vestibule d'entrée est
débarrassé de l'escalier central qui est rejeté sur le côté ce qui permet une meilleure
distribution des pièces et la mise en valeur du salon qui n'est plus la pièce
monumentale du siècle précédent, uniquement réservée aux réceptions. C'est plutôt
un salon "de compagnie" où il fait bon causer. De forme ovale, il est décoré de
lambris, éclairé de hautes baies donnant sur un parc anglais, de grands miroirs. Une
pièce spéciale est maintenant réservée aux repas : la salle à manger est née chauffée
par des poêles defaïence dont la mode est venue d'Allemagne. La cuisine est située au
sous-sol et, si tous les châteaux ne sont pas équipés de systèmes mécaniques pour
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faire monter les tables servies au milieu de la salle à manger, les plats arrivent plus
chauds. Le grand escalier orné de sa rampe en fer forgé mène à l'étage (celui de la
réception en ville, et celui réservé aux chambres à la campagne). Les pièces sont en
enfilade. Elles sont souvent très petites : des oratoires remplacent la chapelle
d'autrefois ; des boudoirs, enrichis de laques venues à grand prix d'Orient ou,
simplement, imitées par les Frères Martin, sont le refuge des femmes ; des garde-
robes rendues nécessaires par l'ampleur des costumes ouvrent sur les chambres. Les
balustres qui isolaient le lit au 17ème siècle ont disparu, sauf à la Cour, et le lit trouve
sa place dans le renfoncement d'une alcôve. Les murs sont lambrissés mais parfois
aussi tendus d'un tissu à motif de perse fabriqué depuis peu à Jouy. Les meubles sont
légers, colorés et pratiques ; certains sont tout à fait nouveaux comme le chiffonnier
qui sert à ranger les nombreux rubans et "chiffons" des élégants, ou les coiffeuses
dont l'usage n'est pas exclusivement féminin. C'est aussi la naissance du "cabinet de
toilette". On s'y maquille plus qu'on ne s'y lave, le mobilier n'y étant pas fonctionnel
(seuls quelques châteaux princiers possèdent des baignoires). Les dépendances sont
maintenant un peu éloignées du château.
Les derniers châteaux 
Après la Révolution française, le château perdit complètement son statut de centre
de pouvoir seigneurial, notion déjà passablement mise à mal à la fin de l'Ancien
Régime, pour n'être plus qu'une grande et riche demeure rurale. Parfois, le château
reprit l'aspect des forteresses du Moyen Âge avec la mode du néogothique dans la
seconde moitié du XIXe siècle. Toutefois, le terme de château est impropre à
qualifier les vastes demeures construites par les riches industriels du XIX-e siècle. 

Histoire du Château de Versailles


Versailles avant le Roi Soleil

Le nom « Versailles » apparaît pour la 1ère fois en 1038 dans une charte de l’abbaye
St Père de Chartes. Hugo de Versaillis est l’un des signataires. A la fin dela Guerre de
Cent Ans, le petit bourg est dans un triste état : les maisons sont dévastées,
abandonnées, le château en ruine.
Le nom d’un petit bourg : Versailles-aux-bourgs-de-Galie apparait en 1472. Puis en 
1475, Gilles de Versailles, seigneur de Versailles cède ses droits de Trianon à l’abbé
de Saint Germain. C’est la 1ère fois que Trianon est mentionné. C’était un petit village
acheté puis détruit par Louis XI qui voulait construire sur ces terres un domaine royal
avec maison de détente. Le roi voulait fuir Paris et profiter de ce lieu loin de
l’étiquette : ce fut le Premier Caprice Royal de Versailles.
Versailles est la 1ère étape entre Paris et la Bretagne. Mais les terrains sont occupés
par des champs non cultivés, entourés de marais. Il y fait froid, tout est sombre et
sauvage. Le lieu est malsain (du à l’humidité constante), des épidémies de fièvres
font que la population diminue considérablement, de sorte que les animaux sont
bientôt plus nombreux que les humains.

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En 1561, le domaine est vendu au secrétaire des finances de Charles IX, Martial de
Loménie, domaine qui atteindra150 hectares. Mais en 1572, Loménie est tué lors
de la Saint Barthélémy et la rumeur dit : « Catherine de Médicis fit étrangler
Loménie dans l’intérêt du comte de Retz pour lui faire avoir le château de
Versailles » …
L’année suivante, Albert de Gondi, comte de Retz devient propriétaire du château et
du domaine de Versailles en rachetant l’ensemble pour 35 000 livres.
A partir de cette date, on peut dire que Versailles commence à être réellement connu
et apprécié par les futurs rois : en 1578 Henri de Navarre y séjourne du 7 au 9 juillet,
il y retourne en 1604 et 1609. Le dauphin futur Louis XIII y fait sa 1 èrechasse en 1607
(il n’a que 6 ans), puis en 1616 Albert de Gondi cède la seigneurie à son fils Jean
François.
Un peu plus tard, au retour des parties de chasse, Louis XIII s’arrêtait avec ses amis
dans le manoir presque abandonné par la famille Gondi. Las de dormir de manière
inconfortable, il décida en 1623 de faire construire au milieu des forêts et au sommet
d’une butte entourée de marais, un petit logis en brique, pierre et ardoise. Il fit de
cette construction rustique son rendez-vous de chasse favori. Louis XIII acheta les
terrains aux alentours afin d’obtenir un domaine de 40 hectares.
Son petit château s’élevait au fond de l’actuelle Cour de Marbre, le corps de logis
mesurait 24m de long sur 6m de profondeur, avec de chaque côté 2 ailes basses. Le
tout ne dépassait pas 25m x 27m. L’appartement du roi était composé d’une petite
galerie, puis 4 pièces aux murs couverts de tapisserie, la chambre du roi au centre,
plus tard cet emplacement sera le lit de Louis XIV. Ce fut un immense plaisir pour le
roi de coucher la première fois à Versailles en mars 1624, au milieu de ses gens. Il
était lui-même, cette maison était son refuge.
Louis XIII rajoutera à son habitation un court de jeu de paume : Philibert Leroy,
architecte fera un grand bâtiment rectangulaire de 33m sur 14m, murs latéraux
de 1.30 m d’épaisseur, les trois galeries indiquent que c’est un jeu en dedans, le sol
revêtu de carreaux en pierre de taille. Ces éléments ont été découvert par une équipe
de l’Inrap, lors de fouilles faites dans la cour du Grand Commun, la maison du
paumier (celui qui gère et entretien la salle) a aussi été retrouvée.
Louis XIII rachetait le domaine de Versailles à Jean François de Gondi, oncle du
cardinal de Retz en avril 1632. Voici un extrait du contrat de vente, de Architexture
françoise, par Blondel :
« le 8 avril 1632, fut présent l’illustrissime et révérendissime Jean-François de
Gondi, archevêque de paris, seigneur de Versailles, reconnaît avoir vendu, cédé et
transporté…à Louis XIII, acceptant pour Sa Majesté, messire Charles de
l’Aubespine, garde des sceaux et chancelier des ordres du roi, et messire Antoine
Rusé, marquis d’Effiat, surintendant des finances, etc.., la terre et seigneurie de
Versailles, consistant en vieil château en ruine et une ferme de plusieurs édifices ;
consistant ladite ferme en terres labourables, en prés, bois, châtaigneraies, étangs et
autres dépendances ; haute, moyenne et basse justice…avec l’annexe de la grange
Lessart, appartenances et dépendances d’icelle, sans aucune chose excepter, retenir,
ni réserver par ledit sieur archevêque, de ce qu’il a possédé audit lieu de Versailles,
et annexe de la grange Lessart, jouir par Sa dite Majesté et ses successeurs rois,
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comme de choses appartenantes. Cette vente, cession et transports faits, aux charges
et devoirs féodaux seulement, moyennant la somme de soixante-mille livres tournois,
que ledit sieur archevêque reconnoît avoir reçues de Sa dite Majesté, par les mains
de…, en pièces de seize sous, de laquelle somme il se tient content, en quitte Sa dite
majesté et tout autre, etc.»
La tradition veut qu’au somment du plateau de Versailles, à la place même du
château actuel, se dressait un moulin à vent et l’on racontait : « un meunier régnait
où Louis XIV régna ».
Le roi fit l’acquisition de ce château pour le démolir et étendre le domaine de la
résidence royale. Il acheta de nouveaux terrains et agrandit ses terres de chasses. Le
premier pavillon devenait trop petit et en mai 1631, les travaux débutèrent sous la
direction de Philibert Le Roy, ils furent achevés en 1634. Louis XIII entrait dans ses
nouveaux appartements. A partir de 1636, le roi y séjourna souvent, profita du
confort de sa nouvelle maison ainsi que des jardins, agencés à la Française, décorés
d’arabesques et d’entrelacs.
Les premières traces des jardins apparaissent dans les années 1630, à l’ouest du
château. Autour d’un petit bassin circulaire, un parterre de broderie de buis était
divisé en compartiments. En 1639, l’équipe traça une allée centrale de la terrasse du
château vers l’ouest au creux d’un vallon, sur une pièce d’eau qui deviendra le bassin
d’Apollon sous Louis XIV. Ce jardin était simple et charmant, suivant la pente
naturelle du terrain. Ces jardins sont presque restés intacts jusqu’aux transformations
commandées par Louis XIV, en particulier les axes principaux qui forment les lignes 
essentielles des jardins.
Petit extrait de Louis XIII de Philippe ERLANGER, nous décrivant le Versailles de
Louis XIII :
« Evoquons, pour qu’il y surgisse, le paysage triste et doux, les vignes parsemées de
rares chaumières, les étangs et leurs vapeurs montant parmi les brumes d’automne,
l’infini des forêts fécondes en gibier, le petit château de cartes, de la construction
duquel un simple gentilhomme ne voudrait pas prendre vanité. C’est là que le Roi
s’évade, qu’il fuit la Cour et ses intrigues, le pouvoir et ses servitudes, les hommes et
les vilénies. C’est là que, veneur forcené, il poursuit les bêtes au point de s’oublier
lui-même. Et c’est là aussi qu’il se retrouve, que, dans la crise décisive, il assure le
triomphe de Richelieu. C’est là qu’il rêve une fois – une seule – de connaître près de
Louise de Lafayette le péché d’amour. C’est là que, se résignant aux paradoxes de sa
destinée, il accepte de découvrir tant de misères parmi tant de splendeurs ».
En 1643, Louis XIII déclarait : « si Dieu me rend la santé, sitôt mon dauphin en âge
de monter à cheval et en âge de majorité je le mettrai à ma place, et me retirerai à
Versailles avec quatre de nos pères pour m’entretenir de choses divines ». Il sentait
la mort approcher. Le 14 mai, il rendit l’âme. Versailles cesse alors d’être une
résidence royale pendant presque 18 ans.

Versailles pendant le règne de Louis XIV

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Louis XIV, méfiant dans la capitale suite à l’épisode de la Fronde,  veut s’installer à
l’écart de Paris. Il cherche donc un vaste espace pour construire un château. Il
effectua sa 1ère visite à Versailles en 1651 et eut un véritable coup de foudre. Fâché
par sa visite du château de Vaux-le-Vicomte en 1659 avant son achèvement, Louis
XIV n’a qu’une idée : construire un château n’ayant pas de comparaison possible
dans le royaume, ni même en Europe, un bâtiment consacrant la grandeur du roi et de
son règne.
Le plan du château est étudié pour mettre en valeur le souverain, la chambre royale se
situe au centre du palais et sur un grand axe qui part de la statue du roi dans la cour
d’entrée et qui se prolonge par le Tapis vert et le Grand Canal.
Ce château ne sert  au départ que pour protéger les amours du roi, la première
maitresse à visiter les lieux fut Louise de La Vallière. « Le Château de Carte
deviendra la Garçonnière Royale ».
Ce n’est qu’en 1660 que Louis XIV y conduit sa nouvelle épouse la reine Marie
Thérèse. A partir de 1661, débutent les agrandissements de Versailles. De 1661 à
1662, le roi dépense un million cent mille livres. Il décida de construire, en lieu et
place du pavillon de chasse de son père, l’un des plus merveilleux palais de l’Europe,
ce qui déclencha les critiques des courtisans.
Etabli sur une terre inhospitalière, le sol présentait des dénivelés, sableux,
marécageux. Il faut assécher le terrain, l’aplanir, raser le village de Trianon. Saint
Simon disait : « Versailles, lieu ingrat, triste, sans vue, sans bois, sans eaux, sans
terre, parce que tout est sable mouvant et marécage, sans air, par conséquent qui
n’est pas bon ».
Louis XIV engagea les meilleurs architectes, décorateurs, jardiniers, fontainiers pour
transformer les bâtiments. Louis Le Vau fut chargé de reconstruire les Communs,
Charles Errard et Noël Coypel commencèrent les travaux de décoration des
appartements avec beaucoup de luxe, en reprenant le thème du soleil, omniprésent à
Versailles, Le Nôtre créa l’Orangerie et la Ménagerie. Les jardins augmentèrent en
taille et furent ornés de sculptures de Girardon et Le Hongre. Versailles n’était alors
qu’une résidence d’agrément avec des fêtes données dans les jardins.
Fier  de sa demeure personnelle, Louis voulait combler ses hôtes. Les appartements
de ses invités étaient meublés, ce qui était jugé exceptionnel. Colbert disait : « Sa
Majesté fait donner à manger à tout le monde et fait fournir jusqu’au bois et aux
bougies dans toutes les chambres, ce qui n’a jamais été pratiqué dans les maisons
royales ».
Rappelons la lettre célèbre de Colbert : « pendant le temps que Votre Majesté a
dépensé de si grandes sommes en cette maison, elle a négligé le Louvre, qui est
assurément le plus superbe palais qu’il y ait au monde. O quelle pitié que le plus
grand roi fût mesurée à l’aune de Versailles ! »
En mai 1664, les premières festivités furent données au château : « les Plaisirs de
l’Isle Enchantée » : 8 jours de fête, secrètement offertes à Mademoiselle de La
Vallière. Puis entre 1664 et 1666, Louis XIV fit aménager Versailles afin qu’il puisse
passer plusieurs jours avec son Conseil. Il garda le château initial bâti par Louis XIII.
Le Vau tripla la superficie du château. En 1665, la grotte de Thétis fut construite,
mais ne résista pas au temps, de même la première Orangerie et la Ménagerie.
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Deux ans plus tard, les travaux du Grand Canal débutent. Le Nôtre conçoit
l’élargissement de l’allée centrale, s’occupe également des jardins et des
aménagements extérieurs. Il fait appel à la famille des Francine, fils d’ingénieurs
italiens, très au courant des installations hydrauliques.
En juillet 1668, « le Grand Divertissement Royal de Versailles» sera la deuxième fête
donnée. C’est au cours de ces fêtes que les courtisans mesurèrent l’inconfort du petit
château, beaucoup ne trouvèrent pas de place pour dormir. Le Vau proposa alors 2
projets d’agrandissement du château : le premier prévoyait la destruction du château
primitif et le deuxième qui fut retenu : agrandissement côté jardin, par une enveloppe
de pierre, dont la construction se réalisa entre 1668 et 1670 : c’est en fait un second
bâtiment encerclant le premier château. De chaque côté de l’ancien château furent
construits le Grand Appartement du Roi au nord, celui de la Reine au sud. Entre les
deux, une vaste terrasse fut installée face aux jardins. Les façades furent ornées de
colonnes de marbre de Rance, de balcons en fer forgé doré, de bustes posés sur les
balustrades. La cour fut dallée de marbre. Les Communs furent élevés, reçurent un
péristyle de colonnes surmonté de statues et reliées au château Louis XIII par une
suite de pavillons, la Cour royale fut fermée par une grille dorée. La superficie du
domaine triplait ainsi.
Pour effectuer tous ces nouveaux travaux de l’Enveloppe, citons un passage du
rapport de Colbert : « nous avons 566 ouvriers qui travaillent ici, les dépenses de
maçonnerie sont les suivantes : 335 000 livres en 1669, 586 000 en 1670, 428 500
en 1671 l’année où le gros œuvre fut achevé ».
En octobre 1670, François d’Orbay poursuit les travaux de Le Vau qui vient de
mourir. Louis XIV avait réussi à conserver le château de son père intact coté ville,
mais côté jardin, il disparaissait, caché par de nouveaux bâtiments. Désormais, on fit
la distinction entre le Château Vieux : celui de Louis XIII et le Château Neuf : celui
de Louis XIV.
Le Château Neuf fut de conception italienne : tout en pierre, les longues façades
ponctuées par des avant-corps, une grande terrasse fut installée entre les 2
appartements royaux. Afin d’accéder au grand Appartement, il fallait un accès
majestueux : le Grand Degré du roi ou Escalier des Ambassadeurs. Six années furent
nécessaires et des sommes considérables pour créer l’entrée la plus somptueuse du
château. Cet escalier ne fut utilisé que 70 ans, il fut détruit sous le règne de Louis XV
en 1752.
Malgré la conception italienne de base, l’esprit français dominait par l’existence des
fenêtres cintrées au rez-de-chaussée, l’étage est pourvu de colonnes ioniques, de
niches, de hautes fenêtres rectangulaires (cintrées par Mansart en 1669), des statues
sont placées dans les niches, apparition de bas-relief surmontant les fenêtres, le
second étage eut une décoration de style corinthien, et fut surmonté d’une balustrade
où reposaient des trophées.
En 1670 fut construit le Trianon de Porcelaine. A la même période, les courtisans
commençaient à bâtir leurs résidences à proximité du château : en 2 ans, 14 grands
hôtels sont construits dans la ville de Versailles (dont les hôtels de Luxembourg,
Noailles, Guise, Bouillon, Gesvres).

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Louis XIV avait réalisé son rêve : construire un palais qui marquerait son époque. Le
roi souhaitait regrouper auprès de lui les ministres et leurs services. Il désirait ainsi
fixer sa résidence à Versailles. Mansart dut élaborer des projets pour l’installation
de la Cour. Versailles fut perçu comme symbole de centralisme.
Entre 1678 et 1684, sur l’ancienne terrasse du château neuf, fut crée la Galerie des
Glaces. Louis XIV avait apprécié les longues galeries des Tuileries, du Louvre ou de
Fontainebleau qui sont des lieux de passage, des moyens de communication entre
appartements. La décoration fut confiée à Le Brun. Limitée au nord par le Salon de la
Guerre et au sud par celui de la Paix, la Galerie a 73m de long et va avoir une grande
conséquence : l’appartement du roi sera déporté dans le château Vieux, l’appartement
du Soleil deviendra le Grand Appartement et sera utilisé pour les réceptions.
En 1678, les premières pierres de l’aile du Midi destinée à loger les courtisans sont
posées. Dans le Cabinet des Bains, des cuves allongées en marbre blanc sont
rajoutées, on assiste au début des travaux de la pièce d’eau des Suisses et du bassin de
Neptune ainsi qu’au terrassement du parterre du Midi et de la nouvelle Orangerie.
En 1679, la Galerie des Glaces, le Salon de la Guerre et celui de la Paix remplacent la
terrasse et les cabinets du roi et de la reine. Le bâtiment central, côté Cour de marbre
est surmonté d’un étage. Une horloge y est placée. Un deuxième escalier est créé :
l’escalier de la Reine, faisant le pendant à l’escalier des Ambassadeurs. Seuls existent
encore les deux portes ouvrant dans le Grand Appartement, le buste de Louis XIV.
Après l’achèvement des ailes des Ministres, on commença la construction des
Grandes et des Petites Ecuries.
En 1681, la décoration des grands Appartements est achevée.La Machine de Marly
commence à pomper l’eau de la Seine. Onprocède à l’excavation du Grand Canal et
de la pièce d’eau des Suisses et on constate la multiplication des bosquets et des
fontaines dans les jardins : c’est ainsi que naissaient les Jardins à la Française,
décorés de statues de marbre et de bronze.
Le 6 mai 1682, Louis XIV ne peut plus attendre : il quitte Saint Cloud et s’installe
définitivement à Versailles, qui devient la Résidence Officielle du Roi de France.
Voici la description de l’installation, racontée par un contemporain : « le sixième de
mai le Roi quitta Saint Cloud pour venir s’installer à Versailles, où il souhaitait être
depuis longtemps, quoiqu’il fut rempli de maçons, dans le dessein d’y demeurer
jusqu’après les couches de Madame La Dauphine, qui fut obligée de changer
d’appartement le second jour qu’elle fut arrivée, parce que le bruit l’empêchait de
dormir ». Le Roi s’installa dans une demeure en chantier, la Galerie des Glaces était
encombrée d’échafaudages, pour la traverser il fallait passer sur des poutrelles. Louis
XIV avait 44 ans. Il rompt avec la tradition itinérante des rois de France qui allaient
de château en château.
En 1683, dans un appartement interdit à toute personne non autorisée, les architectes
aménagèrent des salons et cabinets destinés aux chefs d’œuvres et collections du roi.
Dans le Cabinet aux Tableaux, le Cabinet aux Coquilles, le Cabinet des Médailles
(éclairé par des lustres de cristal de roche), toutes sortes de riches curiosités furent
exposées, les murs portaient des tableaux des collections royales. Parmi les
« curiosités », il y avait des vases garnis d’or et de diamants, des bustes et figures
antiques, une grande nef d’or garnie de diamants et de rubis, des porcelaines de Chine
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et du Japon, des vases d’agate, d’émeraude, de turquoise, de jade, de jaspe, de pierre
d’étoile, une grande quantité de vases de conques de perles, des statues d’animaux
antiques, un grand vase de jaspe qui servit au baptême de Charles Quint.
En 1684, l’appartement des Collectionneurs s’agrandit en annexant l’ancien
appartement de la Montespan, transformé en petite galerie, dont le plafond fut peint
par Mignard, sur le thème d’Apollon et de Minerve, le sol était en parquet de bois
précieux, les murs tendus d’étoffes somptueuses. Dans cette pièce, Louis XIV exposa
les pièces importantes de sa collection de tableaux, dont la Joconde.
Entre 1685 et 1689, plusieurs bâtiments furent construits : à l’Orangerie qui
remplaça celle de Le Vau en fournissant 3000 arbustes et 150 000 plantes chaque
année, aux écuries, au Grand Commun, à l’aile nord des courtisans. En 1686, Le Brun
termine la décoration de la galerie des Glaces. En 1687, Louis XIV fait ériger un petit
palais de marbre et de porphyre avec jardins, sur l’emplacement du Trianon de
porcelaine : ce sera le Grand Trianon.
La construction des ailes Nord et  Sud prolongea le développement des façades. Ces
deux nouveaux bâtiments abritaient les Princes et les courtisans, les écuries, les
carrosses, les services généraux et les domestiques. La façade avait à cette époque
une longueur de 670 m.
La construction de la Chapelle, dédiée à Saint Louis, débute en 1689, interrompue par
la guerre, reprise en 1699 par Mansart, et fut achevée en 1710. L’architecture est
basée sur les architectures palatines, à deux étages : l’un réservé au Roi, l’autre en bas
à la Cour : le roi assistait à la messe du haut de la tribune et la Cour tournant le dos à
l’autel, la face élevée, regardait son monarque. Le style est corinthien à colonnes.
Bernin y laissera son influence italienne. On n’y trouve pas le faste des marbres
multicolores des Appartements du Roi, c’est la pierre nue, le sol porte le dessin des
armes royales au centre de la nef et le chiffre du Roi « L » enlacé, couronné devant
les marches de l’autel. La voûte est peinte et représente une iconographie qui oppose
l’Ancien et le Nouveau Testament. L’orgue est placé au dessus de l’autel.
Le Vestibule haut de la chapelle, occupe l’emplacement de la première grotte de
Thétis, édifiée en 1665 et détruite en 1685. Il prolonge le décor de la Chapelle, pierre
blanche, colonnes et pilastres surmontés de chapiteaux corinthiens, plafond orné de
médaillons en stuc représentant les quatre parties du monde, portes et fenêtres
surmontées d’arcades sculptées de figures des Vertus. Ce vestibule faisait la jonction
entre les Grands Appartements et la Chapelle et permettait le passage vers les
appartements de l’Aile Nord jusqu’au théâtre.
En 1689, l’accès aux appartements de la Reine se faisait par l’escalier de la Reine, sur
le palier 2 salles des Gardes du Corps, puis l’Antichambre, le Grand Cabinet et la
Chambre qui donnait dans le Salon de la Paix. Cette enfilade se trouvait sur la façade
sud de l’enveloppe de Le Vau. Les nouveaux appartements du roi se développaient
autour de la Cour de Marbre. Ils étaient composés de 7 pièces. Au centre du château
fut installé le salon du Roi (future chambre de Louis XIV), l’appartement se terminait
par le cabinet du Conseil et le cabinet des Termes ou des Perruques. Pendant cette
période, 22 000 à 36 000 ouvriers ainsi que 6 000 chevaux s’affairaient sur les
différents chantiers.

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Louvois, surintendant des Bâtiments, pressait entrepreneurs, ouvriers, artistes, et
menaçait de prison les moins zélés. Rançon des rudes conditions de travail, les
accidents blessaient, estropiaient, tuaient. Les dédommagements suivants furent
prévus : 30 à 40 livres pour un bras ou une jambe cassée, 60 livres pour un œil crevé,
60 à 100 livres pour la veuve.
Des mouvements de grève, que l’on nommait séditions, agitèrent parfois le chantier.
Afin d’amenuiser ces actions, Louvois précisa les salaires versés aux tailleurs de
pierre : « pour chaque toise de pierre de Saint Cloud, sur 2 pieds de haut, polie : il
leur revenait 50 sols ; pour celles de 20 à 21 pouces : 45 sols ». Pendant cette même
période, une forêt entière fut plantée. Jules Hardouin Mansart fut responsable de ce
grand chantier. La facture s’élevait dans ces temps là à 80 millions de livres.
Le village de Versailles se transforma en véritable ville, construite dans l’axe du
château. Les courtisans logés au château érigeaient des hôtels pour loger leurs
serviteurs, des tavernes contribuaient à l’animation de la ville, les habitants de la ville
de Versailles atteindront le nombre de 70 000 à la veille de la révolution.
En 1701, la chambre du roi se place au centre du château. La chambre de 1689 et
l’antichambre des Bassan sont réunies pour former la Chambre à l’œil-de-bœuf.
Remarque de Saint Simon : « on ne finirait point sur les défauts monstrueux d’un
palais si immense, et si immensément cher, avec ses accompagnements qui le sont
encore davantage : orangerie, potagers, chenils, grande et petite écuries pareilles,
communs prodigieux ; enfin une ville entière… Encore ce Versailles de Louis XIV, ce
chef-d’œuvre si ruineux et de si mauvais goût…n’a-t-il pu être achevé. »
Les jardins sous Louis XIV
En 1662, après la disgrâce de Fouquet, Louis XIV se concentre sur Versailles. Il
utilisera l’équipe ayant crée Vaux le Vicomte : Le Vau, Le Brun et Le Nôtre pour
entamer un programme d’embellissement et d’expansion de Versailles. A partir de
cette date, les agrandissements du château s’appliquèrent aussi aux jardins. Des
bosquets et des parterres furent agrandis et des nouveaux créés. A cette époque furent
construits l’Orangerie et la Grotte de Thétis. L’Orangerie est le chef d’œuvre de Le
Vau, située au sud du château profitant de la pente de la colline. Là étaient entreposés
les orangers en hiver. Les premiers orangers et petits arbustes furent ceux confisqués
à Vaux le Vicomte.
La grotte de Thétis, au nord du château, constituait une partie symbolique du château
et des jardins qui alignait le Roi Soleil avec la métaphore solaire. La grotte fut
achevée en 1670. Elle faisait allusion au mythe d’Apollon. L’intérieur est décoré de
motifs en coquillage, avec des statues représentant le dieu soleil soigné par des
Néréides. La grotte joua un rôle crucial dans le système hydraulique qui fournissait
l’eau aux jardins : le toit soutenait un réservoir qui  gardait l’eau pompée de l’étang
de Clagny pour alimenter les fontaines des jardins.
En 1664, les jardins furent inaugurés lors de la fête galante : les plaisirs de l’Ile
Enchantée, officiellement en l’honneur d’Anne d’Autriche et de Marie Thérèse
d’Autriche, mais en réalité en l’honneur de Louise de La Vallière. De 1665 à 1668, il
y eut un regain d’activité dans les jardins, avec l’installation des fontaines et de
nouveaux bosquets, avec une symbolique consacrée aux thèmes solaires et
apolloniens. Les premiers réseaux topographiques furent créés, avec achèvement du
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bassin de Latone et du bassin d’Apollon, le Labyrinthe, au sud du parterre de Latone
et près de l’Orangerie, composé d’un réseau de chemins simple, le bassin de Latone,
sur l’axe est-ouest, conçu par Le Nôtre, représentait un épisode tiré des
Métamorphoses d’Ovide, en référence aux révolutions de la Fronde que Louis XIV a
gardé en mémoire. Citons un passage de La Fontaine :
Latone et ses gémeaux
De gens durs et grossiers font de vils animaux,
Les changent avec l’eau que sur eux ils répandent…
La scène est un bassin d’une vaste étendue ;
Sur les bords, cette engeance, insecte devenue,
Tâche de lancer l’eau contre les déïtés.
Le bassin d’Apollon, sur le même axe, occupe l’ancien emplacement du bassin des
Cygnes du temps de Louis XIII. Il formait un point de convergence dans les jardins et
servait de transition entre les jardins et le Grand Canal. Ce Grand Canal qui fut
construit entre 1668 et 1671 avec les dimensions de 1 500 m de longueur et 62 m de
large, 23 hectares de superficie, prolonge l’axe est-ouest. Sous l’Ancien Régime, il
fut utilisé pour des divertissements en bateaux. Une Petite Venise fut installée pour
abriter les caravelles et les yachts reçus des Pays Bas, les gondoles reçues par le doge
de Venise. Le Grand Canal recevait l’eau qui s’écoulait des fontaines dans les jardins
en amont. Cette eau était pompée grâce à des moulins à vent et des moulins à cheval,
puis renvoyée au réservoir placé sur la grotte de Thétis afin d’alimenter les fontaines.
Ce système fonctionnait en circuit fermé.
Des fleurs furent rapportées des pays exotiques : jasmins d’Espagne, jacinthes et
narcisses de Constantinople, il fallait les fleurs les plus odorantes.
De 1672 à 1677, le Labyrinthe fut remanié pour servir à l’éducation du dauphin, des
nouvelles fontaines furent installées représentant les fables d’Esope, des plaques
furent gravées : c’est ainsi que le fils de Louis XIV apprit à lire. A la fin, le
Labyrinthe comprenait 39 fontaines avec 333 sculptures animalières en plomb.
Au dessus de la fontaine de Latone, se trouvait la terrasse du château, dit le Parterre
d’Eau, lieu où la symbolique des grands appartements se synthétisait avec celui des
jardins.
Le Parterre d’Eau fut décoré avec 24 statues représentant  les 4 éléments : terre, air,
eau, feu ; les 4 saisons : printemps, été, automne, hiver ; les 4 parties du monde :
Europe, Afrique, Asie, Amérique ;  les 4 poèmes : pastoral, satyrique, héroïque,
lyrique ; les 4 heures du jour : point du jour, heure du midi, le soir, la nuit ; les 4
enlèvements : Borée enlevant Orithye, Saturne enlevant Cybèle, Pluton enlevant
Proserpine, Neptune enlevant Coronis.
En 1676, le bassin des Sapins au nord du château, est conçu sur l’axe nord-sud, et en
1678 la Pièce d’Eau des Suisses, dans une région marécageuse au sud du château,
d’une superficie de15 hectares, la plus vaste après le Grand Canal.
Les Bosquets sous Louis XIV
Pour agrandir les jardins, Le Nôtre ajouta ou agrandit 10 bosquets : en 1670 : bosquet
du Marais, bassin rectangulaire, roseau en métal sur les bords, cygne à chaque coin,
un arbre en fer au centre ; 1671 : bosquet du Théâtre d’Eau, ile du Roi et Miroir
d’Eau, bosquet des Trois-Fontaines ; 1672 : bosquet de l’Arc de Triomphe remanié
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en 1676 avec un décor rappelant les victoires militaires ; 1675 : bosquet de la
Renommée ou des Dômes, bosquet de l’Encelade (un Titan condamné à vivre sous
l’Etna) ; 1678 : bosquet des Sources ; 1680 : nouveau bosquet : la Galerie des
Antiques : galerie à ciel ouvert, avec des statues antiques, 20 statues sur socles,
chacune séparée par 3 jets d’eau ;  1681 – 1683 : la Salle de Bal : construite dans une
partie isolée des jardins, avec cascade ; et enfin 1684 – 1685 : la Colonnade fut
installée sur l’ancien Bosquet des Sources : péristyle de 32 arcs avec 28 fontaines,
statue actuelle Enlèvement de Proserpine.
Louis XIV demanda également de nouveaux aménagements concernant les
bosquets : 1680 : Tapis Vert : pelouse entre le bassin de Latone et le bassin
d’Apollon ; 1684 : le Parterre d’Eau est remanié, avec des statues de bronze
représentant les fleuves de France ; 1684 : l’Orangerie de Le Vau est détruite
remplacée par la configuration actuelle : Orangerie, Escalier de Cent Marches et
Pièce d’Eau des Suisses, Parterre du Midi ; 1685 – 1686 : le Parterre du Nord est
remanié, de nouveaux réservoirs plus grands sont installés vers le nord de l’Aile des
Nobles ; entre 1704 et 1709 : des bosquets furent remaniés, renommés, suggérant
l’austérité qui marqua les dernières années du règne de Louis XIV, tel le bosquet du
Marais, du Théâtre d’Eau remanié en l’Ile aux Enfants.

Versailles après la mort de Louis XIV


En 1715, à la mort de Louis XIV, le nouveau roi n’est qu’un enfant, son tuteur
Philippe d’Orléans quitte Versailles le 9 septembre pour s’installer dans sa résidence
du Palais Royal. Pendant cette régence, le duc de Noailles proposa de raser le
château ! Mais bien heureusement, il n’eut pas d’appuis suffisants…
En 1717, Pierre le Grand, tsar de Russie, visite Versailles et réside au Grand Trianon.
Quelques années plus tard, en 1722, Louis XV, 22 ans, se réinstalle à Versailles dans
les appartements de Louis XIV. Il est soucieux de faire respecter les traditions de
l’époque, mais le château ne retrouva plus le lustre des années Louis XIV. Louis XV
n’affectionnant pas particulièrement Versailles, lorsqu’il y était, il se réfugiait dans
les Petits Appartements, ou au Trianon, à Marly, Compiègne ou Fontainebleau.
Il fit quand même quelques transformations : démolition de l’appartement des Bains
et l’escalier des Ambassadeurs ; construction du salon d’Hercule, de l’opéra et du
Petit Trianon ;  transformation des appartements du Roi, de la Reineet des princes,
afin que cela soit plus conforme aux goûts de l’époque et plus confortables, (travaux
faits par Gabriel) ; décoration de la grande salle ou salon d’Hercule, avec les parois
recouvertes de marbres choisis par Louis XIV, la nouveauté résidait dans le plafond
compartimenté d’aucun cadre sculpté. Le salon d’Hercule reliait les appartements du
Roi au vestibule de la chapelle.
En 1729, début des travaux de renouvellement du décor de la chambre de la Reine,
qui se termineront en 1735. Le salon d’Hercule fut en travaux de 1729 à 1736. Il se
trouve à l’emplacement de l’ancienne chapelle. La décoration du plafond représente
l’Apothéose d’Hercule, le mur du fond décoré par une immense toile de Véronèse
offerte à Louis XIV en 1664. L’inauguration eut lieu en 1739 lors d’un bal donné à
l’occasion de la fille aînée de Louis XV. Ce salon servit aux grandes occasions :
mariage du duc de Chartres en 1769, naissance du Dauphin en 1782.
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De 1738 à 1760, l’appartement des Collectionneurs de Louis XIV furent
constamment remanié. Puis le Bassin de Neptune fut achevé en 1741. En 1750, Louis
XV introduisit un nouveau type de pièces : la salle à manger des retours de chasse, et
la même année dans le secteur qu’occupe actuellement le Hameau de la Reine, Louis
XV fit construire et entretenir des jardins botaniques.
En 1752, le roi fait procéder à la destruction de l’escalier des Ambassadeurs, de la
Petite Galerie et du cabinet des Médailles. Ces deux « témoins » de Louis XIV furent
détruits pour la création de l’appartement destiné à l’ainée des Filles de France :
Madame Adélaïde. Louis XV entama ensuite en 1755 la seconde transformation des
lieux : l’ancien Cabinet du Roi ou du Conseil et le Cabinet des Thermes ou des
Perruques furent réunis pour créer le Grand Salon du Conseil. Au second étage, se
développaient les cabinets intérieurs du roi. Dans cette partie du château, aucune
dorure ne colorait les boiseries. Des couleurs vives et variées égayaient les statues.
L’élément essentiel de cet appartement était une petite galerie éclairée sur la cour de
marbre.
De 1758 à 1770, il y eut la construction de l’Opéra Royal, à l’extrémité de l’Aile
Nord du château. La première salle de spectacle crée fut rapidement trop petite,
Madame de Pompadour faisant partie d’une troupe de comédiens, les petits théâtres
étaient insuffisant pour les spectateurs. L’Opéra Royal fut donc inauguré lors du
mariage de son petit fils avec l’archiduchesse Marie Antoinette en mai 1770.
Gabriel effectua de multiples travaux afin de loger toutes les princesses, car au fil des
années toutes ces dames changeaient d’appartements, passant de l’Aile du Midi à
l’Aile du Nord, au rez-de-chaussée du Corps central, ainsi l’Appartement des Bains,
l’Escalier des Ambassadeurs et le cloisonnement de la Galerie Basse ont disparu.
Louis Philippe détruira ces appartements, mais quelques boiseries restent et
témoignent du luxe de l’époque.
Selon la tradition instaurée par Louis XIV, le dauphin et son épouse entrent en
possession des 2 appartements du rez-de-chaussée, situés sous l’appartement de la
Reine et sous une partie de la Galerie des Glaces. Au 19è siècle, tout fut ravagé,
seules la chambre du dauphin et la bibliothèque furent conservées.
De 1761 à 1769, le petit Trianon est construit par Gabriel ; la même année la
princesse Adélaïde déménage et son appartement est réuni à celui de Louis XV, les
deux pièces principales formant la Chambre du Roi.
En 1772, Gabriel débuta les travaux de son « Grand Projet » : reconstruction des
façades côté ville, les travaux ne furent jamais achevés, seule l’Aile Louis XV fut
terminée. A l’intérieur, les travaux sur le « Grand Degré » seront achevés en 1785.
A la fin de l’ancien Régime, le palais sera la résidence royale la plus luxueuse de
toute l’Europe.
Sous Louis XVI, la vie à Versailles déclinait de jours en jours, la famille royale et les
courtisans fuyaient. Le château se révéla être un gouffre financier. Une rénovation
profonde des bâtiments devenait urgente en raison de l’absence de commodités : salle
de bains, chauffage dans les appartements. Le projet fut ajourné jusqu’à la
Révolution. MarieAntoinette imposa d’importantes dépenses pour l’aménagement du
Petit Trianon. Les grandes fêtes à Versailles n’eurent plus lieu, sauf celle de
l’Assomption le 15 août où tous les courtisans devaient être présents ; c’est au cours
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de la cérémonie de 1785, que le roi fit arrêter le Cardinal de Rohan, compromis dans
l’affaire du Collier de la Reine.
En 1774 et 1775, inspiré par les Philosophes, Louis XVI fit replanter totalement les
jardins, des arbres et arbustes datant de Louis XIV furent abattus pour transformer les
jardins français de Le Nôtre en jardins à l’Anglaise. Mais la topologie du domaine ne
favorisait pas les jardins à l’Anglaise : ces jardins sont caractérisés par des formes
irrégulières. Les jardins furent donc replantés à la Française. LouisXVI fit supprimer
les palissades formant des murs pour les remplacer par des tilleuls ou des
marronniers. Il fit construire la grotte des Bains d’Apollon, grotte en rocaille.
En 1778, Louis XVI ordonna la destruction du Labyrinthe de Louis XIV. A la place,
fut crée un arboretum avec des exemplaires exotiques. Ce sera dans cette partie de
jardin qu’aura lieu l’épisode du Collier de la Reine, compromettant Marie Antoinette.
Lors de son avènement, Louis XVI fit construire et aménagée une pièce pour lui : la
Bibliothèque. La décoration est confiée à Gabriel, les sculptures à Rousseau, deux
globes terrestre et céleste complètent le décor en 1777. C’est dans cette bibliothèque
que Louis XVI décide l’arrestation du grand aumônier, après avoir été conseillé par le
baron de Breteuil et le Garde des Sceaux Miromesnil. En 1783, le Cabinet doré
reprend sa première destination : Louis XIV y abritait ses collections, Louis XV y
exposait sa vaisselle en or, mais Madame Adélaïde rattacha cette pièce à ses
appartements et en fit son cabinet de Musique. Louis XVI y exposa à nouveau ses
collections, ce cabinet deviendra le Cabinet des Papillons.
Versailles a vu l’apogée des Bourbons, mais aussi la chute : les Etats Généraux de
1789 se tinrent à Versailles.
En octobre 1789, le peuple de Paris, conduit par les femmes, marche sur Versailles,
les grilles du château sont fermées, une fusillade éclate, le peuple pénètre malgré tout
dans le château et ramène la famille royale à Paris. Le château ne retrouvera jamais
ses fastes. La ville de Versailles se dépeuple : de 51 000 habitants, elle passera à
39 000 en 1791. Le mobilier du château est transporté dans des gardes meubles. Le
magnifique bureau de Louis XV sera affecté au Ministère de la Marine.
Début 1791, les tableaux, les glaces et les emblèmes royaux sont décrochés des murs,
les œuvres d’art envoyées au Louvre, devenu Musée Central des Arts en 1792 :
« Versailles fut déroyalisé », la bâtisse échappa à une vulgaire démolition. Les livres
et les médailles allèrent à la Bibliothèque municipale de la ville de Versailles.
Puis en 1792, sur ordre de la Convention, certains arbres furent abattus, certaines
parties du Grand Parc vendues. Le Directeur des Jardins Botaniques fit pression sur le
gouvernement révolutionnaire afin de sauvegarder les jardins. Il y réussit à condition
que les parterres puissent être plantés de potagers et les vergers transformés en
espaces publics. Ces plans ne virent jamais le jour, mais les jardins furent ouverts à
tous, il n’était pas rare de voir des gens occupés à faire leur lessive dans les fontaines
et étaler le linge sur les arbustes. La résidence royale fut transformée en cité des arts :
l’appartement de Mesdames, au  rez-de-chaussée de l’aile nord se transforma en
Musée d’histoire Naturelle, l’aile des Ministres accueillit l’Ecole Centrale de Seine et
Oise, le salon d’Hercule fut transformé en école du modèle vivant, future école des
Beaux Arts, la salle de l’Opéra en conservatoire de musique.

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En 1793, la Convention vend à l’encan le mobilier du château : 17 180 lots étalés sur
les années 1793 à 1796, les plus belles pièces partent en Angleterre, meublant le
Palais de Buckingham ou le Château de Windsor.
Napoléon songea un temps à transformer le château et en faire son palais impérial. Il
disait : « ce qui est grand est beau », il estimait pourtant Versailles trop petit, il ne
s’y sent pas à l’aise. Il déclara un jour à l’architecte Fontaine : « pourquoi la
Révolution qui a tant détruit, n’a-t-elle pas démoli le château de Versailles ! je
n’aurais pas aujourd’hui un tort de Louis XIV sur les bras, un vieux château mal fait,
un favori sans mérite à rendre supportable ». Il refusa Versailles en tant que Palais
Impérial, et évita les dépenses supplémentaires, en ne faisant que les restaurations
nécessaires. Trianon le séduisait davantage, il y fit quelques travaux et le remeubla
dès 1805. Mais il procéda à l’abattage catastrophique des arbres du bosquet de l’Arc
de Triomphe et celui des Trois-Fontaines. Suite à l’érosion de la terre, il a fallu
replanter de nouveaux arbres.
En 1815, Philippe Antoine de Noailles, prince de Poix devient gouverneur de la
Maison Royale de Versailles et de Trianon.
Louis XVIII songea à réinvestir Versailles. Mais devant l’aspect financier et moral
(un retour de la royauté à Versailles serait considéré comme une provocation) il
abandonna ce projet. En 1817, il marqua  « son passage » en ordonnant  la
transformation des deux bosquets : celui de l’ile du Roi et le Miroir d’eau en jardin à
l’Anglaise pour former le Jardin du Roi.
Ce n’est que grâce à Louis Philippe 1 er, roi des Français, que Versailles sera
définitivement sauver de la ruine et de toutes autres menaces possibles. Il décide donc
de l’offrir aux français. En 1833, il décrète la transformation du château en musée en
confiant cette tâche à son ministre le comte de Montalivet. Le musée célèbrera les
conquêtes militaires depuis Clovis à l’Ancien Régime, de la Révolution Française à
l’Empire et à la Restauration. Les travaux de restauration seront payés sur la cassette
personnelle du roi et s’élèveront à plus de 23 millions de Francs. Il fit également
restaurer le Grand Trianon pour son usage personnel. La Galerie des Batailles a été
spécialement conçue pour Louis Philippe : 120 m de long sur 13 m de large, dans
l’Aile du Midi, ornée de 32 tableaux célébrant les batailles militaires glorieuses, de la
Bataille de Tolbiac à celle de Wagram.
L’inauguration du Musée dont la dédicace est : « à toutes les gloires de la France » a
lieu en juin 1837. Ce sera la principale source de l’histoire de France avec plus de
6 000 peintures et 3 000 sculptures. Le roi des français avait érigé l’unité de la nation
en programme politique. L’Histoire était convoquée pour en faire la constante
démonstration.
Lors de l’inauguration, un banquet de 1 500 couverts fut préparé dans la galerie des
Glaces et les salons des grands appartements, puis fut joué le Misanthrope, enfin une
promenade aux flambeaux divertit les visiteurs jusqu’à 2 heures du matin.
Citons les mots de Victor Hugo à cette occasion : « ce que le roi Louis Philippe a fait
à Versailles est bien. Avoir accompli cette œuvre, c’est avoir été grand comme roi et
impartial comme philosophe, c’est avoir fait un monument national d’un monument
monarchique, c’est avoir mis une idée immense dans un immense édifice, c’est avoir
installé le présent dans le passé, 1789 vis – vis de 1688, l’empereur chez le roi,
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napoléon chez Louis XIV, en un mot c’est avoir donné à ce livre magnifique qu’on
appelle l’histoire de France cette magnifique reliure qu’on appelle Versailles ».
En 1860, une bonne partie des vieux arbres de l’époque de Louis XVI fut abattue et
remplacée. La replantation ne commença qu’en 1883 pour cause de guerre franco-
allemande et chute du Second Empire.
Napoléon III fit quelques travaux, mais se garda de reprendre  les projets
extravagants de son oncle. Lors de l’exposition Universelle de 1867, des meubles
prestigieux furent réintégrés dans le Patrimoine du château, grâce à l’impératrice
Eugénie qui vouait un culte à Marie Antoinette.
Pendant la guerre de 1870, lors du siège de Paris, le château devient le quartier
général de l’armée prussienne. L’empire Allemand fut proclamé dans la Galerie des
Glaces en janvier 1871. Durant la Commune, Thiers et son gouvernement s’y
réfugièrent et y restèrent jusqu’en 1879. Versailles retrouvait son rôle de place de
gouvernement, la population qui était de 40 000 habitants passa à 150 000.
Le château servit également pour l’élection des présidents de la IIIe et de la IVe
République. Le traité de paix, dit Traité de Versailles mettant fin à la Première
Guerre Mondiale y fut signé en juin 1919.
De nos jours, Versailles est un palais national à la disposition de la Présidence de la
République, accueillant les chefs d’Etats Etrangers, lieu de réunion du Congrès du
Parlement.

Bibliographie :
1.Littérature francophone, Antologie, Paris, 1992 .
2.La France d’aujourd’hui, Civilisation, Clé International,
1991.
3.Atlas de la France, Hachette livre, 1997.
4.A la découverte de la France, Москва, 1992.
5.Histoire du Versailles de Jean François Solnon.Tempus
2003

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6.C’était Versailles d’Alain Decaux.Tempus 2007
7.Louis XIV et sa cour de Saint Simon. Editions Complexe,
2005
8.L’Amour à Versailles d’Alain Baraton
9.Le Jardinier de Versailles d’Alain Baraton

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