www.esprit-bonsai.

com
rit Bonsaï nº87
Espr
nº87

 Le magazine spécialisé du bon

n aï A r il/Mai - 2017

Avant le
débourrage
p. 28
France METRO : 8,80 € - BEL/LUX/ESP : 9.60 € - Dom : 9.60 € - CH : 14.60 FS -CAN : 16.99 $ cad - MAR : 45 MAD - NCAL/S : 1050 CFP - POL/S : 1200 CFP -

Spécial
Rempotez
une azalée
p. 50
rempotage
Deux grandes expos
KOKUFU-TEN
NOELANDERS
L 12674 - 87 - F: 8,80 € - RD

Fiches d e
l’apprenti Calendrier des travaux : printemps p.31
Nº 87 Sommaire

p. 8 p. 68

p. 50 p. 60

Édito
4 À voir en détail
Deshistoires
Actualités, magazine
L’Esprit du bonsaï 46 Réparer les erreurs

humaines
sur deux multitroncs
7 Tromperie sur les prix…
Dans les expos Du côté des feuillus
J’aime les histoires. Elles nous font
50 Rempotez une
8 Kokufu-ten 2017 azalée pas à pas
rêver, réfléchir, réagir. Elles nous
construisent, nous émeuvent, nous
histoires d’arbres nourrissent et nous font grandir.
et de passionnés Du côté des conifères Derrière chaque arbre, il y a une
16 Noelanders Trophy, Belgique 60 Sept ans de travail sur un if histoire. Celle de l’arbre dans la
capitale du bonsaï nature, que l’on peut imaginer quand
pour un week-end Imaginer un arbre différent on sait d’où il vient, ou simplement
quand on le regarde. À l’observer,
Des hommes et des arbres 66 Un pin noir féminin
on peut sentir le souffle du vent plus
22 Harry Harrington ou moins violent, on peut deviner la
« Un bonsaï doit provoquer une Des pots et des potiers végétation alentour, on peut supposer
réaction chez le spectateur » 68 Daniel Butler les animaux qui le hantaient ou le
À faire ce mois « Il y a toujours de la place taquinaient. Derrière chaque bonsaï,
pour la créativité » il y a aussi une histoire humaine, qui
28 Dernières interventions peut sembler banale parfois, mais qui
avant le débourrage À côté des bonsaïs est toujours une belle aventure pour
Les fiches de l’apprenti celui qui la vit. L’homme et son arbre.
72 Rempotez les hostas L’arbre et l’homme. Une rencontre, un
31 Calendrier des travaux :
cheminement à deux, un pas de deux,
mars, avril (suite) Ikebana
un pas à deux dans lequel le meneur
Pour bien débuter 74 Sogetsu : des principes n’est pas toujours celui que l’on pense.
36 Préparez-vous à rempoter aux sentiments Des histoires d’hommes et d’arbres, il

Les yeux dans les arbres 76 Ohara : les ondoyantes glycines en est qui nous touchent parfois plus
que d’autres. Il en est ainsi pour celle
38 Les mélèzes du nord du Québec Clubs et passionnés de M. Sato, que nous livre Peter Warren
dans son reportage sur la Kokufu-ten.
Shohin : les petits bonsaïs 78 Bonsaï Val de Boutonne Celle d’un homme qui voit les arbres
40 Rempotez un orme « Nous nous considérons
par leur odeur, leur texture, par la
de Chine mature comme une famille »
voix qui raconte et décrit, et qui a la
chance d’avoir eu un arbre sélectionné
dans la plus belle exposition au Japon.
Directeur de la publication : Christian Fournereau – Rédactrice en chef : Michèle Corbihan – Direction artistique : Antoine
Simon – Graphistes : Charlène Destrebecq, Stéphanie Grevet, Benjamin Madelainne. Ont collaboré à ce numéro : Cinthya Arenas, Je vous laisse la découvrir. Peut-être
BonsaiTranslations, Brian Donnelly, Xavier Dreux, Francisco Ferreira, François Jeker, Jérôme Hay, Gilbert Labrid, Soizic Le Franc, Bruno Mazza, vous émouvra-t-elle, vous aussi.
Anne Royer, Marcel Vrignaud, Peter Warren. – Publicité : Manon Foustoul (0297248152) – Revendeurs et professionnels : Magalie Rous
(0297593766) – Comptabilité : Anne Le Crom (0297593761) - Gestion des ventes au numéro : Pagure Presse, tél. : 0144698282 – Bonne lecture!
Photogravure : Antoine Simon – Flashage/Impression : Rectiligne - ISSN : 1761-662X CPPAP : 0618K83283 – “Printed in France/Imprimé en France”.
ESPRIT BONSAI est une publication LR Presse SARL : BP 30104, F-56401 AURAY CEDEX - Siège social : 2, rue de Suède, Auray – SARL au
capital de 84 500 euros – RCS Lorient B.381289719 – Tél. (33) 02 97 24 01 65 – Fax (33) 02 97 24 28 30 – E-mail : info@esprit-bon- Michèle Corbihan
sai.com – Internet : http://www.esprit-bonsai.com – Abonnement : 6 numéros par an – Dépôt légal à la date de parution – Couverture :
Prunus mume, musée du bonsaï d’Alcobendas, photo Willy Evenepoel, Bonsai Association Belgium, conception Antoine Simon.

EspritBonsaï 87 - 3
Actualités,
magazine
Sur le Net Près de Cambrai
Le Zen Bonsaï
Club organise
une exposition
BONSAÏ AU JAPON à Neuville-
https://bonsaiaujapon.wordpress.com/ Saint-Rémy les
Bonsaï au Japon est le blog 22 et 23 avril
de Sébastien Joubert sur son 2017 pour
expérience et son vécu lors son 10e anni-
d’un apprentissage d’un mois versaire et
à Taisho-en, la pépinière de présentera
M. Urushibata. À son retour, il a créé son blog où uniquement
il partage les informations et les enseignements les arbres
qu’il a reçus lors de son stage. On y découvre au de ses
fil des pages la taille des aiguilles des pins noirs et adhérents.
des pins rouges ou encore le travail sur les mame. Il Au programme :
présente également le modèle pédagogique qui est - démonstrations de techniques
proposé aux étudiants étrangers et qui semble bien du bonsaï, par Thierry Tuytens
fonctionner, le tout agrémenté de superbes photos. et André Callaert,
- calligraphie, par Rie Masuda
WORLD BONSAI CONVENTION (Japon) et Ma Xiaoyue (Chine),
http://world-bonsai-saitama.jp/en/index.html - origami, par Maurice-Jean Besnier,
L’exposition de la World Bonsai - ikebana par Martine Monceau
Convention à Saitama sera et les élèves de Dominique Tartar,
assurément l’événement - orchidées.
de l’année pour tous les ¡ Salle Guillaumet
passionnés. Ces grandes 59554 Neuville-Saint-Rémy
expositions organisées périodiquement au Japon, (près de Cambrai)
tout comme la convention Asie Pacifique, sont sans De 10 h à 18 h
commune mesure avec tout ce que l’on peut avoir Entrée gratuite
déjà vu. Les bonsaïka viennent du monde entier et
l’on se retrouve pendant quelques jours à côtoyer Dans le Morbihan
des amateurs des cinq continents. Sur ce site, vous L’association Auprès de mon Arbre
retrouverez toutes les informations importantes organise une grande braderie des
pour accéder aux différents lieux d’exposition clubs de l’Ouest le 21 mai à Saint-
et de visite ainsi qu’un programme détaillé. Jean-la-Poterie, dans le Morbihan.
Vous pourrez vendre ou échanger
BONSAI TONIGHT des arbres (bonsaï, pré-bonsaï
https://bonsaitonight.com/ etc.), de l’outillage, des poteries, des
Jonas Dupuich est un tablettes, du substrat, des livres, etc.
Californien qui parcourt le Installation de 8 h 30 à 9 h 30.
monde pour sa passion du Sandwiches, pâtisseries
bonsaï depuis plus de vingt et boissons sur place.
ans. En 2009, il a créé le blog Entrée libre
Bonsai Tonight pour partager ses expériences et ¡ Salle Polyvalente Pierre Glet,
son travail. Il a étudié avec Boon Manakitivipart, Akio 20, rue des Frères Thébault
Kondo et Daisaku Nomoto. En 2011, il a passé deux 56350 Saint-Jean-la-Poterie.
mois à travailler à Aichi-en, chez Junichiro Tanaka, De 9 h 30 à 18 h
à Nagoya, et a pu, dans cet intervalle, participer Renseignements :
à quelques belles expositions : Gomangoku, président au
Meifu-ten, Taikan-ten et Sakufu-ten. Si vous le 06 71 99 00 68, et président
croisez lors d’une exposition, je vous conseille adjoint au 06 44 28 03 00
de prendre le temps de discuter avec lui, car il Auprès de mon arbre,
fait partie de ces figures très sympathiques du club de bonsaï des
bonsaï que l’on ne regrette pas d’avoir croisé. Pays de Vilaine
56350 Saint-
Par Guillaume Billaud, bonsai-shohin.com
Jean-la-Poterie
4 - EspritBonsaï ‘87’
En Italie, à Milan
Le 6e Satsuki Bonsai Festival organisé
par Crespi Bonsai, ouvrira ses portes
du 12 au 21 mai à Parabiago, près
de Milan. De nombreuses azalées
bonsaïs anciennes seront exposées.
Nombreuses animations autour
des azalées pendant le festival.
¡ Crespi Bonsai
Corso Sempione, 35
20015 Parabiago (Mi)
Tel +39-0331491850
www.crespibonsai.com
info@crespibonsai.com
En Belgique
• À Dinant
L’école Interregio du bonsaï de
Hamois, en Belgique, exposera les
arbres de ses membres les 27 et
28 mai à Dinant. Suiseki, shitakusa,
peintures, photos, sculptures et
poupées japonaises seront aussi
offerts aux regards des visiteurs.
Stand de professionnels.
¡ Salle La Balnéaire
Boulevard des Souverains
5500 Dinant, Belgique
De 10 à 18 h. Entrée gratuite.
Contact : Alain Mascaux :
00 32 (0) 478 784 47
• À Enghien
Pour sa 5e édition les 20 et 21 mai,
le salon du bonsaï d’Enghien, en
Belgique, invite le Britannique
Tony Tickle et le Belge Gunther
Cool à faire des démonstrations.
Animations diverses pendant le
week-end : calligraphie japonaise,
carpes koï, arts martiaux (kyudo,
katori shinto-ryu, kendo, aïkido,
karaté), taiko (tambour japonais).
Le concours du nouveau talent belge
aura lieu le dimanche. Présence
de commerçants (pépiniéristes,
potiers, outillages, peintures, etc.)
¡ Parc Enghien
Avenue Elisabeth,
7850 Enghien,
Belgique
De 10 h à 18 h.
Contact :
josbernard@
skynet.be
 www.esprit-bonsai.com
Retrouvez les infos en temps réel sur notre blog
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RENDEZ-VOUS
Le congrès mondial à Saitama
e 8e congrès mondial du bonsaï, Saitama City
L à Saitama sera l’endroit où il faudra être du 27
au 30 avril 2017. Un événement unique se prépare
Bjorn Bjorholm (États-
Unis d’Amérique), Juan
Andrade (Amérique
depuis des mois sous la houlette de la Nippon Bonsaï centrale et du Sud).
Association en partenariat avec la ville de Saitama, car le À noter que Masahiko
congrès mondial revient au Japon après 28 ans, pays où Kimura fera la dernière
il a été créé. En effet, depuis sa création, le congrès est démonstration en public
organisé tous les quatre ans dans un pays différent. de sa carrière le 27 avril
Le congrès mondial, ce sera bien entendu une de 16h à 18h à l’Omiya
grande exposition de bonsaïs et de suiseki, qui aura Sonic City Large Hall, à
pour ambition d’être la belle et la plus prestigieuse l’issue de la cérémonie
jamais organisée : la Japan Bonsai Suiseki Shiho-ten. d’ouverture du congrès.
L’exposition se tiendra au Saitama Super Arena. Ainsi,
plus de 300 bonsaïs et suiseki du plus haut niveau De multiples lieux
seront présentés à partir du 28 avril jusqu’au 30. Les visiteurs pourront
Les points d’orgue de l’événement seront sans nul doute les s’initier à la culture japonaise dans des
nombreuses démonstrations que feront 13 artistes japonais, ateliers et se déplacer grâce aux navettes prévues à cet effet.
et 8 artistes internationaux non japonais représentants Le congrès occupera plusieurs lieux : Saitama Super
tous les continents : Masahiko Kimura, Hiroshi Takeyama, Arena, Omiya Sonic City et le Palace Hotel Omiya, mais
Kunio Kobayashi, Shinji Suzuki, Minoru Akiyama, Shigeo aussi Musashi Ichinomiya Hikawa Jinja Shrine, le musée
Isobe, Chiharu Imai, Taiga Urushibata, Kenji Oshima, Isao d’art du bonsaï d’Omiya et le village de bonsaï d’Omiya.
Omachi, Takashi Sakurai, Masayuki Fujikawa, Mitsuo Matsuda ; Un grand marché spécialisé comptera plus
Werner M. Busch (Europe), Hannes Fritz (Afrique), Jyoti de 170 stands de professionnels.
& Nikunj Parekh (Inde), Zhao Qingquan (Chine), Michael Rendez-vous à Saitama !
Siow Chee Long (Asie Pacifique), Lindsay Bebb (Australie), ¡ http://world-bonsai-saitama.jp/en

Le congrès de la Fédération française de bonsaï

La Fédération Française de Bonsaï
et le Bonsaï Club de Montpellier
vous invitent au
CONGRÈS NATIONAL
Les 27 et 28 MAI 2017
Halle des sports de Prades-le-Lez (34)
Près de Montpelier
Entrée libre de 10 h à 18 h
Exposition nationale de bonsaï.
25 stands professionnels (arbres, outils, poteries,…)
Ateliers – Démonstrations – Restauration sur place.
Infos : www.bonsaiclubmontpellier.fr
La commune de Prades-le-Lez (34) dans
l’agglomération de Montpellier accueillera
le congrès national de la Fédération
française de bonsaï les 27 et 28 mai
2017, organisé par les deux clubs de la
région – le Bonsaï club de Montpellier
et celui de Saint-Georges-d’Orques.
Les plus beaux bonsaïs français des
membres des clubs adhérents à la
fédération seront exposés selon la
tradition japonaise. Les bonsaïs présentés
lors des congrès de la fédération sont
sélectionnés au cours des expositions
régionales sur tout le territoire français.
Le Britannique Peter Warren sera
l’invité d’honneur du congrès. Il
fera une démonstration le samedi
et animera un atelier le dimanche.
L’Espagnol Jaume Canals animera
de même un atelier le samedi.
De la pédagogie
Des démonstrations de taille et de mise
en forme auront lieu les après-midi.
Jean-Michel Maldès présentera une
exposition sur les arbres de la garrigue.
Un stand pédagogique sera à la
disposition des néophytes pour
découvrir toutes les techniques de mise
en forme et de culture des bonsaïs.
Le concours du nouveau talent fera
concourir tous les nouveaux talents
régionaux pendant 4 heures de taille
et de mise en forme d’un genévrier
de pépinière. Le vainqueur aura le
plaisir de représenter la France lors
du prochain congrès de l’European
Bonsai Association, en Italie en 2018.
De nombreux professionnels seront
présents, dont Esprit Bonsaï, et les
visiteurs pourront s’approvisionner
en matériels, arbres, pots, livres
et magazines spécialisés, etc.
Un espace restauration et une buvette
seront à la disposition des visiteurs.
¡ Halle des Sports, rue du Mas
d’Aussel 34730 Prades-le-Lez
De 10 h à 18 h. Entrée gratuite.
http://bonsaiclubmontpellier.fr

EspritBonsaï ‘87’ - 5
 Actualités,
magazine

ERRATUM
Dans le livre European Bonsai-San Show 2016,
livre de l’exposition ayant eu lieu à Saulieu
en octobre dernier, dans les pages 78 et 79
présentant une forêt d’érables et un Taxodium
distichum, nous avons fait une erreur sur le
prénom de leur propriétaire David Jamet, que
nous avons rebaptisé par erreur Dominique.
Toutes nos excuses à David Jamet.
Exposition et congrès
International XIX Bonsai
Congress Lombardie
Démonstrateurs : Robert Steven
(Indonésie), Su Fang (Chine), Jarek
MILAN, ITALIE 8-9 avril Lenarczyk (Pologne), Xec Fernandez-
(Argentine), et les Italiens Ivo Saporiti,
Nicola Sorressa et Alberto Moro.
Informations au Studio Botanico :
studiobotanicobonsai@gmail.com

Le 8e congrès mondial du bonsaï

27-30 avril
SAITAMA, JAPON – World Bonsai Convention
http://wbff-bonsai.com

Satsuki Flower Trophy

Mini Bonsaï Juniperus rigida Festival d’azalée avec expositions,
Édition Maillot Bonsaï SAINT-GERMAIN
20-21 mai ateliers et démonstrations.
DU PINEL, FRANCE
24 € contact@lejardindulevant.fr
En français www.lejardindulevant.fr
La collection des guides
Chelsea Royal Flower Show,
Mini Bonsaï, édités Royal Hospital Showground
par Maillot Bonsaï, LONDRES, La Fédération britannique de bonsaïs
23-27 mai
s’agrandit d’un huitième ROYAUME-UNI expose avec d’autres exposants.
volume consacré au www.rhs.org.uk/shows-events/
Juniperus rigida. Ces rhs-chelsea-flower-show
guides pour construire
46e festival de satsuki
un shohin ou un Exposition de satsuki
mame sont écrits par Concours de satsuki
Kyôsuke Gun et édités Ventes de satsuki
KANUMA, JAPON 27 mai - 5 juin
au Japon, que traduit Exposition et vente de bonsaïs
d’autres espèces.
l’éditeur français.
Lieu : 2086-1 Moro Kanuma-
Le Juniperus rigida shi, Tochigi 322-0026 Japon
est une espèce
emblématique au Japon. Largement illustrée Festival international de bonsaï
par les dessins de l’auteur, cette monographie et de kusamono, à Hallein,
SALSBOURG,
3-4 juin à côté de Salsbourg.
donne toutes les clés sur l’espèce, pour en AUTRICHE
150 arbres de toute l’Europe.
comprendre le fonctionnement et la conduire www.bonsaisalzburg.net
en petits bonsaïs. Ainsi, le lecteur apprendra
à connaître l’habitat naturel de l’espèce, son Les Jolis Matins de Juin
cycle de croissance, afin de bien comprendre Exposition internationale
les travaux à effectuer pour une culture en MONACO 9-11 juin de bonsaï et de shohin bonsaï,
au jardin exotique de Monaco.
bonsaï. Toutes les techniques sont détaillées :
http://www.lesjolismatinsdejuin.fr/
les pincements, les tailles, les meilleurs
substrats à utiliser, mais aussi les différentes 9-10 Salon national du bonsaï
MAULÉVRIER
façons de multiplier l’espèce, de greffer ou de septembre http://www.parc-oriental.com/
marcotter des racines, des branches. Tous les
styles sont abordés en détail pour en montrer Congrès de shohin et de mame de
SAINT-JEAN- 9-10 la Fédération française de bonsaï
la création. L’auteur va jusqu’à expliquer
D’ANGÉLY, FRANCE septembre Contact : +33 (0) 5 46 32 00 43
toutes les étapes pour créer un bonsaï à www.ffbonsai.com
partir d’un semis, d’une bouture, d’une
marcotte ou bien d’un arbre de pépinière. BURY, GRANDE- Bonsai Europa 2017
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12-14 octobre Congrès du Bonsai Club
Noir et blanc. 132 pages. MULHOUSE, FRANCE
2018 International, le BCI.
Code : MINIBONS8

6 - EspritBonsaï ‘87’

Tromperie sur les prix…
Rares sont les expositions sans prix, et encore plus rares celles
qui ne sont pas sujet de polémique. Mais, un prix pour un bonsaï,
qu’est ce que cela veut dire, finalement ?
Auteur : François Jeker
A
ujourd’hui, chaque organi-
sateur d’événement bonsaï
se croit obligé de décerner
des prix, awards, trophées,
et autres diplômes. Ce qui va faire plaisir
aux heureux élus et flatter leur ego. Mais
quelle est la valeur réelle de ces récom-
penses ?
Tout d’abord, est-ce pertinent de
récompenser une œuvre d’art ? Peut-on
décréter pour les autres, au-delà d’un
choix personnel, que l’œuvre d’un Dürer
ou d’un Goya est supérieure à celle d’un
Velasquez ou d’un Bosch ? Que tel bon-
saï de Kimura est inférieur à celui-ci de
Kobayashi ? Les palmarès des grandes
expositions nous laissent parfois pantois :
les plus beaux arbres ne sont pas récom-
pensés et d’autres, médiocres, ont droit
à tous les honneurs…
Prime à la médiocrité ?
Souvent, le copinage, le nationalisme,
l’appartenance à telle ou telle école, les
intérêts commerciaux prennent le pas sur
la qualité intrinsèque des arbres.
Et que dire du mérite de celui qui a
acheté au Japon un “Kokufu” et qui se
contente de l’exposer immédiatement ?
Et de celui qui a prélevé un yamadori et
le présente après vingt années de soins
attentifs ?
Demander à un jury nombreux et indé-
pendant de faire un choix semble être
une intention louable, mais… Un bel arbre
atypique recevra la meilleure note d’un ou
deux membres du jury, et tous les autres
ignoreront ce bonsaï hors normes. À l’in-
verse, un arbre moyen, bénéficiera d’une
note moyenne de tous les jurés et… au
L’Esprit
du bonsaï
final, arrivera en tête. Ce système risque comme l'eau qui passe, je participe à la
d’être une prime à la médiocrité ! nature et la nature passe à travers moi. »
Faut-il pour autant renoncer à tout Olivier Debré a-t-il jamais su ce qu'était
jugement ? Demander à un expert, un un bonsaï ? En quelques mots fulgurants,
maître japonais par exemple, de choi- il a pourtant tout dit sur notre art. Et sur
sir son arbre préféré peut être intéres- ce qui est vraiment important. 
sant s’il précise que ce n’est qu’un choix
personnel, qu’il récompense un arbre
et non son propriétaire, s’il explique ce
qu’il trouve intéressant
dans cet arbre. Cela
peut devenir un précieux
exercice pédagogique et
donner une motivation
supplémentaire à tous
les amateurs.
Et c’est important
de montrer ses arbres !
Dans le bonsaï, il y a une
part de travail solitaire
et il y a un temps pour
donner l’occasion à nos
arbres d’être admirés.
Eux, pas nous…
Dans un tiroir
à breloques
Alors, avons-nous
besoin de ces médailles
et trophées ? Si nous en
avons reçu, il est sage
de les enfermer dans un
tiroir à breloques et de
les oublier.
Le peintre Olivier Debré Les prix attribués à
écrivait : « Ce qui m'intéresse, c'est que la un bonsaï ont une
part de moi qui peint soit une part d'un valeur, mais laquelle ?
individu sensible et ému. C'est ainsi que je
deviens un élément de la nature. Quand
je suis comme le vent, comme la pluie,
EspritBonsaï ‘87’ - 7
Dans
les expos

La Kokufu-ten s’est déroulée

KOKUFU-TEN 2017
début février à Tokyo,
comme chaque année.
Peu de visiteurs en cette
fin de journée pluvieuse.

Histoires d’arbres
et de passionnés
La Kokufu-ten offrait quelque
300 arbres aux yeux des visiteurs début
février à Tokyo. Derrière les arbres, des
histoires, parfois émouvantes, que nous
raconte Peter Warren.
Auteur : Peter Warren
Comme d’habitude,
la Kokufu-ten, la plus grande exposition figurant au
calendrier du bonsaï japonais s'est déroulée début
février au Metropolitan Art Museum à Ueno, To-
kyo. Contrairement à 2016, cependant, le nombre
de visiteurs étrangers était très faible, tant chez les
commerçants du Green Club qu'à la Bonsaï Asso-
ciation qui, ensemble, organisaient l’exposition. La
raison en était la proximité du Congrès Mondial
qui se tiendra à Omiya fin avril, ainsi que l’exposi-
tion Noelanders, en Belgique, qui commençait au
même moment. Et effectivement, je n'ai vu que
deux groupes d'Européens, l'un venant d'Espagne
et l'autre mené par le Belge Jean-Paul Polmans et le
Français François Jeker. Quelques visiteurs indivi-
duels étaient là également, mais en nombre extrê-
mement faible comparé aux années précédentes.
Deux expos pour une
Lors de la mise en place de l’exposition et de la
zone de vente, il régnait un sentiment général de
bien-être et de détente. Personne n'était pressé ou
stressé et l'exposition a été montée sans le chaos
d’il y a dix ans. Cela ne veut pas dire que personne
ne s'est rendu compte que les professionnels ont
travaillé tard pour apporter les dernières touches
aux arbres de leurs clients.
Depuis quelques années déjà, l'exposition se di-
vise en deux parties, avec un changement d’arbres
à mi-parcours. Ainsi, plus de 300 arbres peuvent
être exposés sur une période de dix jours, ce qui
est formidable pour les passionnés et permet de
montrer une bien plus grande variété d'arbres, y
compris quelques spécimens particuliers.

8 - EspritBonsaï ‘87’
 On ne peut que s’asseoir et
s’émerveiller de l'excellence
horticole nécessaire pour
produire une récolte aussi
exceptionnelle de fruits
sur cet Ilex serrata. En
Occident, nous avons beau
valoriser l'apport artistique
en matière de bonsaï,
sans le temps consacré à
l'arrosage, la fertilisation, la
© FRANÇOIS JEKER

pollinisation, puis la protection

contre les oiseaux, un tel
spectacle ne serait pas
possible. Pot de Canton.

Puissant Taxus
cuspidata au
tronc épais
dans un vieux
pot Gyouzan.
Un arbre mis
librement en
forme qui dégage
une impression
très naturelle.
L’un des points culminants de la première partie Un détournement
de l'exposition était les Prunus en fleurs. Prunus évident du
qui sont tous sur le point de fleurir au moment de style raffiné des
années 90.
l’exposition et qui, en raison de la chaleur de la salle,
ont presque fini leur floraison au bout de cinq jours.
Le Prunus mume représente l’une des espèces de
bonsaï les plus pures, celle dont vous observerez
L’un de mes arbres favoris de l’exposition : un genévrier
le plus souvent la fidélité à l’esthétique bonsaï et gracieux et élégant au magnifique mouvement du
aux techniques vieilles de plus d'un siècle.  tronc. Une très belle mise en forme du feuillage.

EspritBonsaï ‘87’ - 9
 Dans
les expos
Un pin sylvestre taquin présenté
sur roche. Un arbre inhabituel
pour la Kokufu, bien qu’il soit
de la superbe qualité requise.
10 - EspritBonsaï ‘87’
M. Sato, malvoyant, est un
passionné extraordinaire
dont l’enthousiasme pour
le bonsaï est contagieux.
Prunus mume chuhin,
exposé dans un superbe
pot chinois ancien de
Kinyou. Propriété de
M. Sato. L’arbre a été
travaillé au cours des
cinq dernières années
par Minoru Akiyama.
Des Prunus mume à l'apogée
Dans le monde du bonsaï, nous pensons sou-
vent que nous pouvons réinventer la roue ou déve-
lopper de nouvelles techniques pour surpasser nos
ancêtres et bien souvent, cela est vrai. Pas avec le
Prunus mume. Les arbres les plus beaux sont ceux
qui ont été cultivés lentement et avec soin, avec
un minimum de fil et d’’interventions, respectant
le caractère naturel de l’arbre et le cultivant de
manière à ce qu’il parvienne à son apogée juste
au bon moment, le 5 février.
Un Prunus de ce type, justement, était exposé
par M. Sato, l’un des clients partagés par M.
Akiyama et M. Kobayashi. Nous travaillons avec
lui depuis près de quatre ans maintenant, lui four-
nissant des arbres, des connaissances, des soins
et lui permettant de jouir de la beauté du bonsaï.
Sa première tentative d’exposition à la Kokufu-ten
est le point d’orgue de tout ce travail.
Il y a trois ans, il nous a contactés pour une
requête particulière : un abricotier du Japon fleu-
rissant, un arbre de bonne qualité qui serait assez
petit pour être exposé dans sa petite maison de
Tokyo. M. Akiyama possédait un tel arbre de taille
chuhin dont le niveau atteignait presque celui de
la Kokufu-ten.
Après une petite discussion sur la manière dont
il faudrait soigner et développer l'arbre, ainsi que
sur la logistique, M. Sato acheta l'arbre et le plan
fut mis à exécution. Lorsque l'arbre fut en fleurs,
M. Akiyama le prit chez lui pour en profiter pour
Un vieux Prunus mume au tronc
quelques semaines, ainsi qu'une fois durant l'au- pourri. L’image globale est très
tomne. En dehors de ces périodes, l’arbre était proche du bonsaï et montre
soigné en pépinière. le savoir-faire du créateur.
Une pièce tropicale d’Okinawa, un
Hibiscus syriacus ‘Hamabo’. Chaque
année, un certain nombre d’arbres
arrivent en bateau d’Okinawa pour
la Kokufu, en dépit de l’éloignement
relativement important du continent.

Un vieux genévrier puissant,

issu de prélèvement, mis
en forme avec une liberté

© FRANÇOIS JEKER
naturelle et mature qui
revient à la mode parmi les
meilleurs maîtres bonsaï
et passionnés à maturité.

Préparation d'un Prunus

Durant deux années de suite, il a été défolié au
début de l'été afin d'améliorer la ramification et
de développer des branches délicates. Ceci affecte
l'ampleur de floraison, mais avec de l’engrais puis-
sant administré après la défoliation et l'exposition
en plein soleil, on obtient habituellement tout de
même une pleine récolte de fleurs. La troisième
année, en 2016, l’arbre n’a pas été défolié, juste
taillé afin d’assurer une pleine floraison.
Les préparatifs pour la Kokufu-ten se sont pour-
suivis en décembre : l’arbre a été transplanté dans
le pot d’exposition et un arbre d’accompagnement
a été choisi. M. Sato n'étant pas particulièrement
riche, et il a emprunté ce second arbre, fait assez
inhabituel, mais dans ce cas précis, M. Akiyama
était ravi de recourir à cette solution !
© FRANÇOIS JEKER

L’ajout de mousse et le toilettage finaux ont été

effectués avant la sélection d'admission à la Ko-
kufu-ten en janvier, alors que l'arbre était couvert
de bourgeons floraux. La catégorie taille chuhin est
Pyracantha angustifolia à la ramification magnifique, encore plein de baies
l'une des plus disputées, mais il s'agissait d'un can- plusieurs jours avant l’exposition, lorsque les oiseaux se sont abattus dessus.
didat très prometteur et les juges l'ont accepté. Un Chaque année, il y a de telles histoires que les professionnels peuvent
succès pour M. Sato dès sa première tentative.  relier à leur expérience personnelle. Telle est la nature du bonsaï.

EspritBonsaï ‘87’ - 11
 Dans
les expos

Installer une présentation

La mise en place de l’exposition exige que nous déchargions

sur des chariots, prenions l’ascenseur pour rejoindre le
niveau inférieur, puis allions trouver notre place. Minoru
Akiyama a deux arbres de ses clients sur le chariot.

Ce magnifique genévrier prélevé a été mis en forme les cinq

dernières années par Minoru Akiyama. Il est propriété de Mme
Shizuyo Nakanishi, un phénomène inhabituel dans le monde japonais
du bonsaï puisqu’elle pratique elle-même au plus haut niveau.
Le genévrier de Mme Nakanishi, est ajusté sur la
table. Très peu est fait sur les arbres une fois qu'ils
sont en place, juste pour réparer quelques dégâts
dus au transport et enlever d’éventuels débris.

M. Akiyama réfléchit à l’orientation de la plante

d’accent, regardant la répartition des baies
et quel mouvement elle pourrait avoir.
L’une des quelques
présentations shohin
à la Kokufu, d’un
Toutefois, quand les arbres sont placés dans la
passionné coréen : pin
noir, cognassier du En chambre froide salle d’exposition, ils explosent littéralement en
Japon, jasmin étoilé, Durant la période entre la sélection et l’exposi- fleurs avec une beauté parfumée qui est largement
un kumquat nain, un tion, l’arbre a été maintenu dans l’obscurité et le appréciée de tous. M. Sato, tout particulièrement,
érable trident et un froid afin de retarder la floraison. De la glace était a d’autant plus apprécié ce parfum qu'il est mal-
genévrier de Chine.
occasionnellement placée sous le pot et il était voyant et ne peut même pas voir les arbres, mais
maintenu à une température inférieure à 5 °C dans seulement en savourer l’odeur, le toucher et la
une pièce obscure. description que nous lui en faisons. Avoir été à
Une année, nous avons même dû placer un l'origine ne serait-ce que d'une petite partie de ce
arbre dans la chambre froide d'un boucher afin de pur bonheur qu'il a ressenti était incroyablement
l'empêcher de fleurir, ce qui a si bien fonctionné gratifiant et ce sont des moments comme celui-
qu’une photo de l’arbre est parue dans un journal ci qui donnent un sens à toute l'agitation de la
national apprécié du Prince Héritier. Kokufu-ten en tant que professionnel.

12 - EspritBonsaï ‘87’
 Genévrier chuhin primé, un incroyable érable Shishigashira
l’accompagne. C’est l’une des deux présentations
récompensées du célèbre collectionneur, M. Hasaka.
Des prix “mari et femme”
D’autres moments forts de la première exposi-
tion comprenaient un yamadori de pin sylvestre,
Pinus sylvestris, très bien développé, qui était ex-
posé en tant que “pin rouge européen”. On ne sait
pas comment l'arbre est arrivé au Japon, mais il y
est certainement depuis un certain temps.
Au cours de ces dernières années, les lauréats du
prix de la Kokufu-ten sont tombés dans un schéma
assez prévisible, avec quelques grands collection-
neurs dominant la scène, un signe de l’intérêt décli-
nant pour le bonsaï japonais. Cette année, la ten-
dance était pour mari et femme de gagner un prix :
on comptait trois paires de “mari et femme” dans
les arbres gagnants. En effet, selon les règles de la
Kokufu-ten, un seul arbre par personne peut être
présenté, et les grands collectionneurs désirant en
exposer deux utilisent donc le nom de leur femme.
Six des dix prix de la Kokufu-ten ont donc été attri-
Bien ramifié et bien établi, ce Pinus sylvestris semble être au
bués à trois personnes, avec seulement deux arbres Japon depuis quelques années. Bien que ce soit un très bel
qui étaient de la qualité requise.  arbre, on trouve des spécimens bien meilleurs en Europe.

EspritBonsaï ‘87’ - 13
 Dans
les expos

Un cognassier multi-troncs exceptionnel au prix bien mérité. Incroyablement dense et bien ramifié, cultivé de
manière exceptionnelle et magnifiquement présenté. Le pot ancien chinois Kinyou convient parfaitement à l’arbre.

La plante d’accent du cognassier est dans un superbe

pot, inhabituel en bonsaï, signé Eiraku. Il compte
parmi quelques chefs-d’œuvre bien connus.

À l'image de la beauté de l’arbre, la table

est le fruit d'un travail artisanal d’une qualité
d’exception, réalisé par Adachi Shouzan,
Taxus cuspidata chuhin.
un maître artisan ayant été l’apprenti de
Le tronc creux raconte une
Yuzan. Une de ses plus belles pièces.
histoire de lutte et d’obstacles.
© FRANÇOIS JEKER

La mise en forme du feuillage

laisse un peu à désirer. Il y
a une différence entre libre
et mature et cette photo.

14 - EspritBonsaï ‘87’
 Des arbres
d'Européens
Conformément à la tendance
de ces dernières années, bon
nombre d'Occidentaux ont
participé à l'exposition. L’Italien
Bruno Beltrame et l’Espagnol
Luis Baliño, par exemple, ont tous
deux présenté un arbre à feuilles
caduques dans la première partie
de l'exposition, respectivement un
grenadier au tronc torsadé et un
Styrax japonica.

Un style inhabituel pour un grenadier

à la ramification incroyable. La maturité
est magnifiquement accentuée par
le pot hexagonal peu orthodoxe. Le
propriétaire italien, Bruno Beltrame, expose
à la Kokufu depuis plusieurs années et
a remporté un prix il y a deux ans.

Un cognassier parfait
L'un des gagnants était un cognassier tronc-
multiple du Japon absolument magnifique, un
arbre très célèbre et d'un grand âge. Il a été ap-
porté à l'exposition dans une caisse en bois massif
afin de le protéger durant le transport. Nous avons
regardé les apprentis de M. Shinji Suzuki le sortir
de la boîte pour l'exposer, bien contents de ne pas
avoir à le manipuler.
Pour réaliser une vraie belle présentation sus-
ceptible de remporter un prix à la Kokufu-ten, tous
les éléments de la présentation doivent être de
la meilleure qualité et s'harmoniser parfaitement
ensemble. C’est une vision rare et merveilleuse
quand cela réussit : M. Suzuki mérite nos félicita-
tions pour avoir su guider son client vers une telle
présentation dont la récompense est bien méritée.
La table elle-même, chef-d'œuvre de Shouzan, mé-
ritait à elle seule d'être exposée. La plante d'accent
était plantée dans un pot décoratif peu profond
d’Eiraku, à l'émail pourpre et avec de superbes
détails ; juste parfait.
Malgré le calme inhabituel de l'exposition en Styrax japonica dans un style
raison du nombre plus faible de visiteurs étrangers, très naturel, présenté par
l'évènement n'en fut pas moins réussi et le nombre le célèbre collectionneur et
de participants était sensiblement le même que les passionné espagnol, Luis Baliño.
La structure des branches et
années précédentes. la santé de l’arbre attestent
Prochain rendez-vous : le Congrès mondial en de plusieurs années de soins
avril, à Saitama !  attentifs. Pot ancien chinois.

EspritBonsaï ‘87’ - 15
 Le Noelanders Trophy a

BELGIQUE
attiré les foules le premier
week-end de février
pour son exposition
exceptionnellement
couplée au congrès

Capitale du bonsaï
de l’European Bonsai
Association, à Genk,
en Belgique.

pour un week-end
Le Noelanders Trophy, la plus belle Pour sa 18e édition, le Noelanders Trophy rele-
vait aussi le défi d’organiser le même week-end les
exposition européenne de bonsaïs, se congrès 2017 de l’EBA (European Bonsai Associa-
tion) et de l’ESA (European Suiseki Association).
couplait en 2017 aux congrès de l’European 4300 visiteurs étaient au rendez-vous ! Une belle
Bonsai Association et de l’European Suiseki récompense pour les organisateurs, le Bonsai As-
sociation Belgium, présidé par Marc Noelanders.
Association. Un joli triplé qui a offert aux Le stress est à son comble vendredi soir 3 février
dans l’équipe des organisateurs, à quelques mi-
nombreux visiteurs un événement de nutes de la cérémonie d’ouverture. En effet, l’enjeu
grande envergure. est de taille et tout doit être parfait pour accueillir
les officiels, puis les nombreux visiteurs qui feront
le déplacement durant le week-end. Et tout est su-
Texte : perbement bien organisé ! La cérémonie d’ouver-
Michèle Corbihan ture se déroule donc tambours japonais battants,
Photos : avec son cortège de discours d’usage, clôturée par
Willy Evenepoel, de petits fours et cocktails aux couleurs du Japon.
Bonsai Association Alors qu’à Tokyo commen-
Belgium, sauf çait la plus prestigieuse exposition japonaise – la Deux Espagnols gagnants
mentions contraires Kokufu-ten, en Europe, la Belgique était la capitale Plus de 150 bonsaïs sont exposés dans le grand
du bonsaï le temps d’un week-end, car, au Lim- hall, une salle immense au sol de laquelle se dé-
burghal de Genk, le Noelanders Trophy ouvrait ses roule un tapis rouge. D’un côté l’exposition du
portes en ces 4 et 5 février sur la plus courue des Noelanders Trophy, de l’autre celle de l’EBA, et
expositions du continent. une rangée attribuée aux suiseki de l’ESA, la signa-

16 - EspritBonsaï ‘87’

Noelanders
Trophy, meilleur
bonsaï ex aequo :
Taxus cuspidata,
Musée du bonsaï
d’Alcobendas (ES).
Noelanders Trophy,
meilleur bonsaï ex
aequo et Sonderpreis
Bonsai Museum
Düsseldorf : Juniperus
sabina, Xavier
Massanet (ES).
létique des étiquettes des arbres permet aussi de
se repérer entre les deux expositions de bonsaïs.
Les arbres exposés au Noelanders Trophy ont
été sélectionnés sur photos par les organisateurs.
Le niveau des arbres est un des meilleurs en Eu-
rope, et c’est toujours un grand honneur de pouvoir
Noelanders Trophy. Le prix
exposer ici, une consécration tant pour les ama- du meilleur bonsaï va à deux
teurs que pour les professionnels.  arbres espagnols, ex aequo.
Les prix
Noelanders Trophy
- Meilleur bonsaï
Taxus cuspidata, Musée du bonsai
d’Alcobendas (ES)
Juniperus sabina, Xavier Massanet (ES)
- Meilleur feuillu : Crataegus, Tony Tickle (UK)
- Meilleur shohin : Mark et Ritta Cooper (UK)
- Nominations bonsaï : Larix decidua,
Giacomo Pappalardo (ES)
Olea europaea sylvestris, Pedro Hervás
González (ES)
Picea jezoensis, Luis Baliño (ES)
Pinus mugo, Mauro Stemberger (IT)
- Nomination shohin :
Jose Acuña Cruz (ES)
- Meilleur bonsaï d’un membre du Bonsai
Association Belgium
Juniperus chinensis, Peter Gielen
- Sonderpreis Bonsai Museum Düsseldorf :
Juniperus sabina, Xavier Massanet (ES)
- Prix d’excellence du BCI, Bonsai Club
International :
Olea europaea sylvestris, Pedro Hervás
González (ES)
Prix EBA
Prix du mérite, grande taille :
Juniperus chinensis, Cindy Verstraeten (BE)
Prix du mérite, taille moyenne :
Pinus sylvestris, Mauro Stemberger (IT)
Prix du mérite, shohin : Juniperus chinensis
et Cotoneaster horizontalis, Bruno Wijman
(NL)
Suiseki
- Médaille de l’European suiseki association :
pierre de montagne avec lac,
Enzo Ferrari (CH)
- Prix AIAS : huit pierres de forme animale,
Holger Göbel (DE)
- Prix du BCI : pierre tunnel,
Harald Lehner (DE)
- Deux prix du président de l’ESA : pierre de
forme animale, pierre de forme humaine,
Liselotte Weller (DE)
- Nomination Noelanders Trophy :
pierre montagne, Igor Carino (IT)
Concours Nouveaux talents européens
1er prix : Paul Colaianni (IT)
2e prix : Lianne de Lepper (NL)
3e prix : Marcin Kolasa (PL)
EspritBonsaï ‘87’ - 17
 Dans
les expos

Noelanders Trophy,
meilleur feuillu :
Crataegus, Tony
Tickle (UK).

Noelanders Trophy,
meilleur shohin : Mark et
Ritta Cooper (UK). Pinus
parviflora,Trachelospermum
asiaticum 'Nana', Pyracantha
angustifolia, Acer palmatum,
Zelkova serrata, Juniperus
chinensis 'Itoigawa'.

Noelanders Trophy,
bonsaï nominé, et
prix d’excellence
du BCI, Bonsai Club
International : Olea
 Les arbres de l’EBA ont été sélectionnés la scène européenne du bonsaï. Comme en 2016,
europaea sylvestris,
dans les pays respectifs lors d’expositions qui ont ce sont à nouveau deux arbres, et deux Espagnols
Pedro Hervás eu lieu durant l’année précédant le congrès. cette fois, qui arrivent ex aequo pour le prix du
González (ES). Les conifères montrent encore ici une écrasante meilleur bonsaï : le Taxus cuspidata du musée du
majorité dans les deux expositions. Côté Noelanders bonsaï d’Alcobendas et le Juniperus sabina de Xa-
Trophy, les arbres des Espagnols et des Italiens sont vier Massanet. À noter que le musée d’Alcobendas,
nombreux, et illustrent le talent des artistes de ces près de Madrid, est dirigé par Luis Vallejo, lauréat
deux pays qui tendent à dominer de plus en plus du premier prix ex aequo l’an dernier.

18 - EspritBonsaï ‘87’
© MICHELE CORBIHAN

© MICHELE CORBIHAN
Mitsuo Matsuda a fait une démonstration Daisaku Nomoto a travaillé un pin sylvestre.
époustouflante sur un pin sylvestre.
© MICHELE CORBIHAN

© MICHELE CORBIHAN

Un pin
sylvestre aussi
pour David
Benavente.
Salvatore Liporace, assisté de Luigi Maggione et de Rui Ferreira
a œuvré sur un pin mugo les deux jours de démonstrations.

Noelanders Trophy, shohin

nominé : Jose Acuña Cruz (ES).
Pinus thunbergii, Ligustrum
obtusifolium, Premna
angustifolia, Elaeagnus
pungens, Juniperus
chinensis 'Itoigawa'.

Une salle comble

Les prix sont attribués par les invités d’honneur
et démonstrateurs : les Japonais Mitsuo Matsuda
et Daisaku Nomoto, l’Italien Salvatore Liporace et
l’Espagnol David Benavente.
Quant à l’EBA, trois prix sont remis par les ins-
tances dirigeantes de la fédération européenne,
qui récompensent l’Italien Mauro Stemberger, la
Belge Cindy Verstraeten et le Néerlandais Bruno
Wijman, un mélange d’amateurs et de profession-
nel dû à la différence de fonctionnement des fédé-
rations européennes : seule la Fédération française
de bonsaï ne permet pas aux amateurs profession-
nels de concourir.
Les quatre démonstrateurs internationaux font
montre de leurs talents les samedi et dimanche
après-midi devant une salle comble qui ne désem-
plit pas jusqu’à la touche finale donnée aux arbres. Noelanders
Trophy, bonsaï
Il faut alors jouer des coudes pour pouvoir pho-
nominé : Picea
tographier les maîtres et leur sujet tant la foule se jezoensis, Luis
presse au pied de l’estrade.  Baliño (ES).

EspritBonsaï ‘87’ - 19
 Dans
les expos

Noelanders Trophy,
meilleur bonsaï d’un
membre du Bonsai
Association Belgium :
Juniperus chinensis,
Peter Gielen.

EBA prix du mérite, shohin : Juniperus chinensis

et Cotoneaster horizontalis, Bruno Wijman (NL).

EBA, prix du mérite, taille moyenne :

Pinus sylvestris, Mauro Stemberger (IT).

Noelanders Trophy, Prunus mume,

musée du bonsaï d’Alcobendas (ES).
© MICHELE CORBIHAN

EBA, prix du
mérite, grande
taille : Juniperus
chinensis, Cindy L’Italien Paul Colaianni a gagné le
Verstraeten (BE). concours du nouveau talent européen.

20 - EspritBonsaï ‘87’
 Noelanders Trophy,
bonsaï nominé Larix
decidua, Giacomo
Pappalardo (ES).

Médaille de l’European suiseki association : pierre

de montagne avec lac, Enzo Ferrari (CH).

Les nouveaux talents

Le congrès de l’EBA a cette particularité d’orga-
niser le concours des nouveaux talents européens,
réunissant les 19 candidats des fédérations euro-
péennes élus l’année précédant le congrès. Les
concurrents travaillent chacun un petit genévrier
de pépinière en un temps donné et sont donc ju-
gés sur la technique, la cohérence du projet et la
pérennité de la plante. L’Italien Paul Colaianni est
arrivé en première place, suivi de la Néerlandaise
Lianne de Lepper, puis du Polonais Marcin Kolasa.
Le Noelanders Trophy, c’est aussi le plus grand
marché des professionnels, et cette année encore, pas
moins de 80 stands proposaient aux visiteurs pots,
outils, kakemono, bonsaïs, prébonsaïs et yamadori,
plantes d’accents, livres spécialisés et magazines, etc.
Noelanders
Trophy, Buxus
sempervirens,
Jorge Campos
(ES).
Ainsi, le Noelanders Trophy est le rendez-vous
des passionnés, un lieu où l’on admire les arbres,
où l’on se rencontre. Rendez-vous en 2018, en fé-
vrier à Genk pour la 19e édition, et à Arco, en Italie,
pour les prochains congrès de l’EBA et de l’ESA. 

EspritBonsaï ‘87’ - 21
Des hommes
et des arbres
Harry
Harrington
« Un bonsaï doit provoquer une
réaction chez le spectateur »
Ancien jardinier reconverti dans
le bonsaï, Harry Harrington, 46 ans,
vit près des collines de Chiltern,
dans le sud-est de l’Angleterre.
22 - EspritBonsaï ‘87’
Le Britannique Harry
Harrington cultive
ses bonsaïs et l’art de
l’émotion. Cet orme
montre un tronc
imposant de 43 cm
de largeur. Hauteur :
89 cm. Pot : Victor
Harris, Erin Pottery.
Texte : Anne Royer
Photos : Harry Harrington
Esprit Bonsaï – Comment êtes-vous devenu
passionné de bonsaï ?
Harry Harrington – J’ai découvert le bonsaï en
1995, quand j’étais jardinier. Je travaillais dans le
jardin d’une dame qui avait une modeste collection
d’arbres. J’ai adoré cette idée de garder des arbres
en pot. C’était des bonsaïs importés de mauvaise
qualité, mais ils ont déclenché un intérêt qui dure
depuis plus de vingt ans. Parfois, ça vaut la peine
Dans le jardin de Harry Harrington, à l’ombre des collines de Chiltern,
s’épanouit sa collection privée de bonsaïs, ici, en mai 2016.
Orme de Sibérie, Ulmus pumila, en hiver.
Hauteur : 52 cm. Pot : Victor Harris, Erin Pottery.
de se rappeler que des bonsaïs de tous niveaux
peuvent laisser une forte impression.
En 2000, une blessure au dos m’a empêché de
travailler pendant trois ans. Ça m’a laissé le temps
de m’investir dans l’apprentissage du bonsaï, en
appliquant mes connaissances des plantes et des
arbres. J’ai commencé à écrire sur mon site… Et
comme le nombre de visiteurs a augmenté, jusqu’à
largement dépasser deux millions par an, et que
mes activités dans le bonsaï se sont développées,
je suis devenu professionnel vers 2007.
EB – Avez-vous appris l’art du bonsaï seul ou
auprès d’un professeur ?
H. H. – Je suis autodidacte. J’ai appris en lisant tout
ce que je pouvais trouver dans les livres et, plus
récemment, sur Internet. Ces dernières années, j’ai
Orme champêtre,
Ulmus minor, à
l’automne, collecté
surtout appris de mes propres expérimentations. en 2004. Hauteur :
Je n’ai eu ni mentor, ni professeur… Mais si je devais 66 cm. Pot : Victor
nommer deux artistes dont le travail et les écrits Harris, Erin Pottery.
m’ont influencé pendant toutes ces années, ce
serait Nick Lenz et Walter Pall.
EB – Vous partagez énormément sur votre site
web : est-il important pour vous de transmettre
vos connaissances ?
H. H. – J’ai toujours aimé partager : mon plaisir
d’apprendre, de nouvelles compétences ou tech-
niques, ou une nouvelle compréhension de la mise
en forme du bonsaï. Depuis plus de quinze ans, j’ai la
chance de pouvoir transmettre ces connaissances
via l’enseignement et via mon site web. 
EspritBonsaï ‘87’ - 23
 Des hommes
et des arbres

En hiver, le troène se dépouille de ses feuilles et laisse observer

son étrange silhouette. Pot : Victor Harris, Erin Pottery.

quelles j’ai facilement accès. Comme le troène, une

espèce facile à trouver au Royaume-Uni, qui est
très forte et supporte bien les techniques de mise
en forme. L’aubépine ou l’orme champêtre sont
Troène de Californie,
également des espèces indigènes, très communes
Ligustrum et accessibles. De manière générale, je préfère les
ovalifolium, EB – Quelles sont selon vous les qualités essen- feuillus aux conifères, pour la splendeur de ces
développé à partir tielles pour devenir un bonsaïka talentueux ? arbres pendant la dormance.
d’une vieille haie H. H. – D’abord, il est essentiel d’apprendre à fond
collectée en 2004.
Hauteur : 37 cm.
les techniques du bonsaï : comment utiliser des EB - Vous travaillez beaucoup avec des yama-
terres de qualité, créer un environnement pro- dori : pourquoi ce choix ?
pice à la croissance, acquérir les bonnes pratiques H. H. – J’ai pris beaucoup de plaisir à m’occuper de
d’arrosage… Il faut aussi apprendre à tailler et liga- nombreux arbres depuis le très jeune âge, jusqu’à
turer les arbres, en suivant le bon calendrier. C’est en faire des bonsaïs de qualité. Mais c’est un pro-
important de comprendre les bases de la mise en cessus long, dont beaucoup de débutants enthou-
forme, de savoir comment manipuler la croissance
grâce aux techniques de taille, de ligature et de
sculpture, pour reproduire l’arbre sauvage tel qu’on
le trouve dans la nature.
Mais pour repousser ses limites et devenir un
artiste de talent, il est essentiel de désapprendre un
certain nombre de règles et de recommandations
inutiles de l’apprentissage traditionnel du bonsaï.
Comme pour de nombreuses formes d’art… Il faut
atteindre ce point où la mise en forme et le design
deviennent une seconde nature, se pratiquent
sans même y réfléchir ou le comprendre. Tout au
long de ce processus de “désapprentissage”, le
passionné défriche de nouveaux territoires, sort
des sentiers battus, défie la norme tout en créant
des œuvres d’une beauté authentique. Pour moi,
c’est une qualité essentielle qu’il faut acquérir pour
devenir un véritable artiste, que ce soit dans le
bonsaï ou la céramique.

EB – Quelles essences d’arbres préférez-vous

travailler ?
H. H. – Avec le temps, je m’attache de moins en
moins à une essence particulière, je regarde sim-
plement la forme et la beauté des espèces aux-
Harry Harrington travaille en majorité des espèces
indigènes, qu’il peut trouver dans sa région. Il choisit
parfois des conifères (ici, un pin) mais sa préférence
va aux feuillus. Pot : Victor Harris, Erin Pottery.

24 - EspritBonsaï ‘87’
 Hêtre, Fagus sylvatica,
collecté par Craig Coussins
et Peter Adams, deux
légendes du bonsaï, à la fin
des années 1970. L’arbre
faisait partie d’une forêt
avant d’être acheté, seul et
presque mort, par Harry
en 2001. Hauteur : 55 cm.

siastes évaluent mal la durée. La grande majorité

de mes arbres d’exposition sont des yamadori col-
lectés dans la nature, ou des arbres âgés récupérés
dans les jardins. Car cultiver ses propres arbres
demande un temps incroyable.
De plus, les arbres de culture ont tendance à être
exempts de défauts, sans intérêt, réguliers et
ordinaires. Il leur manque le caractère aléatoire
que peut avoir l’arbre sauvage, ou bien celui qui
a été régulièrement endommagé ou élagué par
l’homme.

EB - Où trouvez-vous ces arbres et comment

les choisissez-vous ?
H. H. – J’ai la chance de vivre à proximité des col-
lines de Chiltern et d’avoir accès à des yamadori
directement issus de la nature. J’aime sortir et
marcher en pleine nature. Et je suis plutôt doué
pour implanter les arbres après la collecte, ce qui
n’est pas toujours un processus facile. Malgré tout,
je continue d’acheter des yamadori de certaines
espèces que je ne trouve pas au Royaume-Uni,
Le même arbre
comme l’olivier, le genévrier ou le pin. en été. Pot : Victor
J’aime le défi : travailler un arbre laid et a priori pas besoin d’être beau. Mais il doit provoquer une réac- Harris, Erin Pottery.
adapté au bonsaï, mais dont un trait de carac- tion chez le spectateur, même si ça le rend mal à
tère peut être transformé en objet de beauté… Ou l’aise. De tels arbres, qu’ils soient beaux ou non,
un sujet capable d’émouvoir le spectateur. Selon sont tout sauf standardisés. Ce sont des individus
moi, un bonsaï de qualité n’a pas nécessairement uniques. 

EspritBonsaï ‘87’ - 25
 Ce genévrier, Juniperus chinensis ‘Itoïgawa’, moribond deux ans auparavant, a retrouvé
une seconde vie entre les mains de Harry Harrington. Hauteur : 26 cm. Pot : Bryan Albright.

Harry travaille cet if imposant, Taxus baccata, depuis

mai 2013. La base du tronc atteint 30 cm de largeur.
Hauteur : 61 cm. Pot : Victor Harris, Erin Pottery.

 Je pense que c’est une chance d’avoir appris

à travailler sur des matériaux plutôt basiques et
bas de gamme. Cela m’a forcé à apprendre com-
ment créer de l’enthousiasme à partir d’arbres très
ordinaires. Aujourd’hui, j’ai la chance de toujours
travailler avec du matériau de bonne qualité, c’est
plus facile d’en tirer le meilleur parti !

EB – Quel processus créatif guide la mise en

forme de vos arbres ?
H. H. – Par chance, j’ai une très bonne mémoire
visuelle. J’arrive presque toujours à visualiser le
design dès le début et à m’en souvenir, pendant
des années si nécessaire. Un temps, j’ai dessiné
Orme champêtre, créé
des croquis pour des amateurs du monde entier. à partir d’une marcotte
Mais je trouve trop restrictif de proposer un design EB – Pensez-vous qu’un arbre puisse être un en 2004. Hauteur :
terminé, cela empêche les gens de s’adapter à la jour complètement abouti ? 42 cm. Pot : Victor
façon dont l’arbre se transforme au fil de la mise H. H. – C’est impossible de terminer un bonsaï, d’at- Harris, Erin Pottery.
en forme. Quand je m’attaque à un arbre vraiment teindre ce point où il ne pourrait plus être amélioré.
complexe, ou pour enseigner à mes étudiants, j’uti- Le plus souvent avec les arbres à feuilles caduques,
lise aussi des méthodes qui permettent de décom- ce sont les ramifications et, plus important encore,
poser le processus de mise en forme en plusieurs la conicité des branches que l’on peut toujours
étapes, pour trouver des solutions. peaufiner.

26 - EspritBonsaï ‘87’
 Enpratique
Harry Harrington
Courriel :
Harry@bonsai4me.co.uk
Site web :
bonsai4me.com

Cet élégant troène de

Californie, créé à partir d’une
ancienne haie collectée
en 2004, fait la fierté de
son propriétaire. Hauteur :
48 cm. Pot : Thor Holvila.

EB – Comment définiriez-vous votre style ?

H. H. – Mon “style” me semble davantage venir
de l’imitation des arbres que je vois autour de
moi plutôt que d’un besoin d’imiter le style japo-
nais. Comme beaucoup de gens, j’exprime aussi
diverses influences culturelles et artistiques à tra-
vers mon travail. J’adore ce processus créatif.
Mais je suis aussi mon plus grand critique. Heureu-
sement, je suis rarement content de mon travail
plus de quelques jours après l’avoir terminé. Très
vite, je me dis que j’aurais pu mieux façonner l’arbre
ou mieux sculpter le bois mort. Et cela me donne
envie de retourner dans mon jardin pour continuer
à apprendre et m’améliorer. Je redoute le jour où
je saurai ne pas pouvoir faire mieux.

EB – Quels rêves ou projets aimeriez-vous

accomplir dans les années à venir ?
H. H. – À moyen terme, écrire le troisième livre
de ma série Inspirations Bonsaï. Écrire un livre sur
Genévrier de Chine San Jose, mis en forme
le design du bonsaï, aussi. À long terme, j’espère pour le compte d’un client. Hauteur :
simplement continuer à partager mes créations, et 42 cm. Pot : Victor Harris, Erin Pottery.
que les gens prennent autant de plaisir à observer
ce processus. 

EspritBonsaï ‘87’ - 27
À faire
ce mois

Dernières
interventions
avant le
débourrage
En ce début de printemps,
c’est le moment des dernières 1 Mars-avril est le moment de faire les dernières interventions au

retouches sur les arbres avant
de faire les derniers rempotages.
Auteur : Gilbert Labrid
sortir de l’hiver. Au-dessous d’une plaie mal protégée par de la pâte à
cicatriser, les craquelures visibles sur une écorce devenant sombre
indiquent une lésion corticale bien avancée. Supprimer toute la partie
atteinte et appliquer un mastic fongicide.

L ’observation attentive des bonsaïs au sortir

de l’hiver peut nous indiquer, avant leur
effet visible, les dégâts causés par le gel, l’excès
d’eau ou une mauvaise cicatrisation des plaies. 2 Deux racines sont
Le grand démarrage de la végétation au printemps passées par-dessus la
commence en mars (selon les régions) et il est base de l’arbre,
encore temps d’intervenir sur les arbres qui à l’arrière d’un groupe
n’ont pas été rempotés pour corriger quelques en cépée. Les sillons
visibles indiquent
défauts visibles. C’est l’ultime opportunité pour
qu’il n’y a pas eu de
agir sur les arbres caducs avant que les feuilles soudure avec les
ne masquent les troncs et les branches, tout en troncs. Avec le temps,
faisant attention aux bourgeons prêts à éclore. ces boursouflures
Avant la remise en place des pots sur les étagères, grossiront et seront
de plus en plus
il est tout indiqué de s’assurer du bon état des
difficiles à masquer.
arbres et de les traiter contre le pourrissement
du bois si nécessaire. Dans les régions de
grand vent, il vaut mieux vérifier les écrans ou
les réinstaller, les ombrières peuvent attendre
le mois de juin pour être mises en place.
Selon le niveau de maturité atteint par les différents
bonsaïs d’une collection, les arrosages et les apports
d’engrais varient fortement. S’il s’agit par exemple
d’un arbre ancien, cultivé en pot depuis longtemps
et pourvu d’une ramification fine et dense, il
faudra éviter de le bousculer pour conserver une
apparence qui fut longue à obtenir. Un arrosage trop
abondant au printemps favorise l’allongement des
pousses et la perte d’homogénéité de la couronne.
De même, éviter de donner de l’engrais en mars-
avril. Mieux vaut attendre mai-juin et recommencer 3 Avec une gouge, on élimine les bourrelets en creusant pour trouver
en septembre-octobre, sans craindre une la jonction avec la base, signalée par la disparition du filet noir encore
prolifération désordonnée des pousses.  visible à droite.

28 - EspritBonsaï ‘87’
 Àfaireaussi
- Faire des traitements de printemps
antifongiques (bouillie bordelaise).
- Sortir les arbres des abris hors gel.
- Rechercher les emplacements au
soleil pour stimuler les bourgeons.
- Ne pas trop arroser.
- Vérifier le stockage de l’eau de
pluie et constituer des réserves.

4 Sans avoir à
désorganiser l’ensemble
des racines, il est possible
d’intervenir sur des
racines de surface qui ont
pris trop de force. On peut
les affaiblir en sectionnant
au-dessous d’une
ramification.

5 Section de branche mal préparée et mal 6 Avec un outil très affûté, on supprime 7 Une fois la plaie parée et la continuité du
protégée. Le mastic a sauté depuis longtemps, toute la partie en excroissance. rameau retrouvée, on replace du mastic en
le bourrelet cicatriciel ne s‘est pas développé, débordant largement sur la coupe.
le bois interne commence à se creuser. Il est
important d’agir si l’on souhaite éviter les
complications.

8 Cette racine a déjà été réduite, mais elle 9 Avec un ciseau à bois, on crée 10 On maintient l’écart entre les deux
reste encore large et imposante. Le mieux délicatement une fente, en testant au fur et nouvelles racines par une petite pierre et on
serait de la diviser en deux parties. à mesure la résistance du bois. place du mastic à l’intérieur de la plaie.

EspritBonsaï ‘87’ - 29
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30 - EspritBonsaï ‘87’
 Les fiches
de l'apprenti

Calendrier des travaux

Mars, avril (suite)
Auteur : Bruno Mazza

Érable : pour
contenir la
longueur des
Intterventions
entre-nœuds Au moment où les bourgeons
A
et produire de commencent à gonfler, les inter-
petites feuilles, ventions doivent se restreindre
il faut intervenir à aux seuls pincements, pour ne pas
peine les petites
feuilles sorties
stresser inutilement ou mettre en
de leur gaine. péril la vie des plantes. Rempotages,
mises en forme, pliages, ligatures
etc. doivent être suspendus.
Suivant les espèces, les interven-
tions sont différentes et se font à
des périodes variables.
parues 4 à 6 feuilles. Ensuite, on
• Érables taille après la deuxième feuille. L’in-
Lorsque les bourgeons com- tervention doit être répétée quand
mencent à se développer, ils la plante aura émis une deuxième
doivent être pincés tous les jours pousse. Ces espèces ont besoin
en laissant seulement les deux que les nouvelles pousses aient
premières petites feuilles, jusqu’à grandi un peu avant une interven-
ce qu’ils soient tous ouverts et tion, sinon elles souffrent si la taille
développés. Cette intervention doit est faite trop tôt.
être faite pour créer ou sauvegarder
la caractéristique particulière des • Hêtre
érables, c’est-à-dire la finesse et À la différence de presque toutes
l’élégance des petits rameaux ter- les autres espèces de feuillus, qui
Ormes et charmes : minaux et les dimensions réduites produisent et développent des bour-
tailler après la des feuilles. geons pendant toute la durée de la
deuxième feuille, saison végétative, les hêtres pro-
une fois que
l'allongement des
• Ormes, charmes, etc. duisent une seule pousse de bour-
pousses a produit Il faut laisser se développer les geons dans la saison, qui s’allonge
5 à 7 feuilles. bourgeons jusqu’à ce que soient jusqu’à porter 5 à 7 feuilles. 

EspritBonsaï ‘87’ - 31
 Les fiches
de l'apprenti

B Les deux premières feuilles

des bourgeons s’ouvrent.

A Hêtre : les
premières
feuilles
apparaissent.

C Pincer ces deux premières feuilles avec les doigts. D Il reste les feuilles suivantes.

 La technique prévoit le pin-

cement du bourgeon par le bout des
doigts, lorsque s’ouvrent les deux
premières petites feuilles. Cette
technique permet de conserver une
dimension réduite des feuilles, crée
une ramification fine et stimule l’ac-
tivation des bourgeons dormants
sur la ramification interne.

• Prunus, et plantes à fleurs

Les Prunus fleurissent du mois
de février au mois de mars. Une fois
la floraison terminée, on effectue la
première taille des rameaux et des
bourgeons qui ont fleuri. À la fin du
mois de juillet, on fait une deuxième Prunus : après la floraison, tailler les rameaux et les bourgeons ayant fleuri.
taille des pousses qui se sont déve-
loppées par la suite. Après la taille, Le forsythia, l’hamamélis, le On ôte toutes les fleurs flétries et
les rameaux, qui repoussent vite et Chaenomeles etc. sont des espèces celles qui sont encore en bouton, on
avec vigueur, doivent être contrôlés qui fleurissent facilement. La meil- taille les pousses après la deuxième
pour ne pas trop grandir et ligaturés leure période pour les former en feuille et, si nécessaire, on ligature.
si besoin. bonsaï se situe après la floraison. En été, il est possible de raccourcir

32 - EspritBonsaï ‘87’
 Les fiches
de l'apprenti
Pincement du genévrier de Chine, Juniperus chinensis.
les pousses trop développées, et
en automne de sélectionner et de
réduire la quantité des bourgeons à
fleurs pour distribuer la floraison de
façon homogène sur toute la plante.
• Pins
On intervient sur les pins lorsque
les bourgeons sont en train de s’al-
longer, en pinçant les chandelles
LES PINS : PINCEMENT DES CHANDELLES
A B
A : ne pas pincer, la B : pincer la moitié
chandelle est faible. de la longueur.
du bout des doigts – sont appelés
chandelles, les bourgeons dans leur
phase d’allongement. L’interven-
tion se fait lorsque les chandelles
atteignent à peu près 3 cm de lon-
gueur, et doit être répétée pendant
quelques jours, jusqu’au moment
où toutes les chandelles se sont
développées. Le pincement a ici
pour objectif de réduire toutes les
C – pincer une fois par mois, pour
C : pincer le quart
de la longueur
Pincement
de l’épicéa,
Picea abies.
Pincement
du Juniperus
communis,
genévrier
commun.
chandelles à la même longueur –
1 cm à peu près – pour équilibrer la
vigueur entre toutes les parties de
la plante. Il ne faut pas intervenir sur
les chandelles faibles.
• Genévriers
Le pincement des genévriers a
pour but de densifier la végétation
des plateaux. Elle se fait avec le
bout des doigts, et non aux ciseaux
car dans ce cas, les parties taillées
deviendraient marron. On distingue
deux possibilités d’intervention :
– pincer à chaque fois que des
pousses sortent du profil du pla-
teau,
ramener le profil du plateau à sa
forme d’origine.
• Épicéas
Les épicéas sont à pincer avec le
bout des doigts quand les pousses
atteignent 2 à 2,5 cm de longueur,
de façon à les réduire à 1 cm. 
EspritBonsaï ‘87’ - 33
 Les fiches
de l'apprenti
Multiplication
Le début du printemps est une
période idéale pour reproduire
bien des espèces aptes à faire des
bonsaïs, pour faire des greffes des-
tinées à remédier à des défauts de la
plante, pour semer des graines – qui,
toutefois, demandent un temps très
long avant de produire des plantes
aux dimensions utilisables pour faire
un bonsaï, mais aussi pour faire des
marcottes et des boutures qui per-
mettent d’avoir bien vite à disposi-
tion des sujets aux dimensions déjà
conséquentes.
• Marcottes
Marcotter veut dire faire pous-
ser des racines dans un endroit
de l’arbre (généralement un tronc)
pour obtenir un autre sujet ou pour
améliorer l’esthétique d’une plante.
Pour marcotter, il faut :
- écorcer le tronc pour exposer
une partie du cambium ;
- garantir, au point d’écorçage, le
maintien de conditions d’humidité
qui favorisent l’émission de racines ;
- attendre la formation d’une
quantité de racines suffisante pour
garantir l’apport de nourriture à la
végétation ;
- séparer les deux parties de
l’arbre ;
34 - EspritBonsaï ‘87’
Greffe sur un
genévrier de
Chine, Juniperus
chinensis. La
greffe permet
de créer une
branche dans
un point précis
qui en manque.
- empoter la plante avec les nou- On peut faire des greffes :
velles racines. – de bourgeons, pour faire face à
Certaines espèces émettent un manque de rameaux, pour ren-
de nouvelles racines facilement et forcer des rameaux faibles (Prunus,
rapidement – telles que les gené- etc.),
vriers, les érables, etc., d’autres ont – de rameaux, pour faire face à
besoin de plus de temps – telles un manque de branches, ou pour
que les hêtres, etc., d’autres encore suppléer une végétation peu inté-
n’émettent pas de racines par la ressante (sur les genévriers par
technique du marcottage, telles exemple) par une plus fine, et qui
que les pins. s’épaissit rapidement,
– de racines, pour améliorer l’as-
• Boutures pect du nebari. 
Les boutures se font pour une
raison bien précise : conserver les
caractéristiques de la plante.
Les boutures peuvent se faire à
la fin de l'hiver, c’est le cas des Pru-
nus par exemple, en taillant avant
que ne s’épanouissent les fleurs et
durant toute la saison végétative –
forsythia, cotonéaster, pyracanthe
etc., ou en été pour la plupart des
espèces (genévriers, érables, etc.).
On obtiendra un enracinement
satisfaisant en utilisant des bou-
tures vigoureuses, un substrat sté-
rile et en veillant à ce que les bou-
tures ne sèchent pas. Boutures de trois ans de forsythia : les
boutures de l’espèce se font durant
• Greffes toute la période végétative.
La greffe est une technique sou-
vent utilisée pour améliorer des
plantes comportant des défauts.
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EspritBonsaï ‘87’ - 35
Pour bien
débuteer

Préparez-vous
à rempoter Pour être prêt à rempoter les arbres, le matériel
nécessaire doit être préparé en amont. Le nettoyage
La période des rempotages des outils est fréquent. La sève séchée noircit les lames
et les rend moins affûtées, ce qui entraîne des coupes
est souvent très occupée. moins fines. Une gomme abrasive décollera toutes
les matières : la lame basse a été nettoyée ainsi.
Mieux vaut se préparer pour
ne pas perdre de temps et
risquer de faire des erreurs
au moment crucial.
Auteur : Gilbert Labrid
Une fois les lames bien décrassées, on peut utiliser une
pierre à aiguiser pour les affûter. Cette pierre japonaise
est employée après avoir été imbibée d’eau. La partie
claire est la plus tendre, donc la plus abrasive. La partie
Quand le moment du rem- noire, plus dure, affine la qualité du fil de coupe.

potage est arrivé, en général au printemps, il est préfé-

rable d’avoir organisé l’atelier et préparé les instruments
nécessaires et les substrats pour ne pas perdre de
temps au moment de l’action cruciale. De même, la
préparation du pot au moment du rempotage.
Plusieurs raisons importantes imposent des trans-
plantations périodiques pour mener à bien la culture
des bonsaïs :
- tout le pot est occupé par les racines, Tous les outils
de taille sont
- l’eau ne s’écoule pas uniformément, désinfectés
- après la coupe de vieilles branches, pour revitaliser avec un alcool
l’arbre, dénaturé avant
- après une modification de la face, de la hauteur, de le travail, et aussi
la forme, lors de chaque
changement
- après un changement d’angle de plantation, de sujet.
- après une taille drastique des branches,
- pour éliminer l’ancienne terre de culture. racines. Il faut consacrer au moins une paire à chaque
usage et les maintenir en permanence propres et tran-
1 Préparer les outils chants.
Divers outils et accessoires, certains essentiels, sont Une section mal réalisée, cassée, déchiquetée ou
disponibles pour faciliter les opérations à entreprendre. non parée sera une source de problèmes autant sur
Une fois les instruments les plus utiles sélectionnés, il les rameaux que sur les racines. Les ciseaux pour les
faut les préparer sans attendre, pour les avoir sous la racines s’abîment plus vite que ceux pour les branches,
main dès qu’une action est envisagée. Parmi les plus car les lames sont très vite usées par les grains durs
importants, les ciseaux tiennent la première place, des mélanges, et donc nécessitent des affûtages plus
car ce sont les plus employés pour tailler branches et fréquents.

36 - EspritBonsaï ‘87’
 1 2 3 4
Labonnepériode
L’époque de la transplan-
5 6 7 8 tation varie selon le climat
local, les espèces et la
maturité de l’arbre. Trois
périodes sont considérées
comme les plus favorables :
avant le printemps (février-
9 10 11 12
mars), au printemps ou
avant la floraison (mars-
avril), après la floraison (mai
- juin). D’un point de vue
Les différents composants des substrats : 1 keto, 2 sphaigne, horticole, la période de dor-
3 terreau, 4 zéolithe, 5 pierre ponce, 6 kanuma, 7 akadama gros mance est celle qui causera
grains, 8 akadama petits grains, 9 sable de rivière lavé, 10 sable le moins de stress à l’arbre,
de carrière lavé, 11 pouzzolane rouge, 12 pouzzolane noire.
mais cela impose une
protection jusqu’à la reprise.
Cependant, il faut s’adap-
ter : personnellement je ne
rempote jamais les azalées,
les pommiers et autres
fruitiers après la floraison.
Tout simplement parce que
dans le Sud, où je réside, le
printemps est court, l’été
commence dès juin avec
de grosses chaleurs et la
reprise est difficile si l'on
agit trop tard.

Les poteries possèdent un ou plusieurs Quand le pot n’a qu’un seul trou, on On aménage certains plats pour forêts avec des baguettes
trous de drainage. On utilise ces orifices enroule un fil en double sur une tige pour offrir plusieurs points d'ancrage. Les groupes
pour fixer l’arbre solidement dans le pot, rigide qui maintiendra une liaison solide. sont plus faciles à fixer et à maintenir en place.
un détail important pour la suite.

Plusieurs solutions sont Protéger les racines de surface des blessures

possibles pour passer les fils. en plaçant des cales entre fil et racine.
2 Préparer substrats et pots
Il en va de même avec les divers substrats, employés
en mélange ou seuls : il est indispensable de calibrer,
tamiser et rassembler tous les composants dans des
récipients séparés. En fonction de la variété et de l’âge
de l’arbre et du but recherché, on pourra composer
immédiatement le support le mieux adapté pour une
culture réussie.
La mise en pot doit être suffisamment rapide pour
ne pas perturber la reprise de l’arbre. Pour cela, il vaut
Une baguette bien
immobilisée sur la
surface est efficace
et sans danger
pour maintenir le
mieux préparer la poterie avant de trancher dans la bloc racinaire.
motte des racines. Il faut bien évaluer la taille, la couleur
et la forme du pot en fonction de l’équilibre général,
de façon à réduire le nombre d’essais. La fixation de
l’arbre dans son nouveau pot est le petit détail qui a
une grande influence sur la suite des événements.
Plusieurs solutions sont possibles, mais l’essentiel est
la pérennité de cet ancrage pendant les premiers mois
de croissance des racines. 

EspritBonsaï ‘87’ - 37
Les yeux
dans les arbres

Les mélèzes du nord du Québec

Dans la Côte-Nord, au Québec, le
mélèze d’Amérique, Larix laricina,
prend des formes naines et
tourmentées et arbore une belle
couleur jaune à l’automne.
Le golfe du Saint-
Auteur : Brian Donelly Laurent offre une
beauté sauvage
dans la Côte-Nord.

L 'été s'achève. L'excitation nous gagne. La fin

septembre arrive… Voyage de pêche? Voyage
de chasse? Non. C'est le voyage annuel de six mor-
bouteilles de vin. Mais le but premier du voyage :
la découverte de superbes spécimens de Larix
laricina.
dus de la Côte-Nord, au Québec, au pays des vieux
Aguanish sur
le bord du golfe mélèzes, Larix laricina. Dans les tourbières
du Saint-Laurent, Québec, 5 h 30 le matin, nous nous retrou- Pourquoi aller si loin, alors que des mélèzes de 15
la Côte-Nord, au vons devant chez moi. On réveille probablement à 20 mètres de haut s'élèvent en quantité excessive
Québec, au lever du quelques voisins par notre excitation. Treize heures autour de la ville de Québec ou de Montréal ? C'est
jour. Ici, les mélèzes, de route devant nous. Une petite maison nous que sur le bord du golfe du Saint-Laurent, des crans
centenaires, ont
des formes et attend à Aguanish, près de Natashquan. Nous rocheux perpendiculaires à la mer sont balayés par
des couleurs hors transportons ce qu'il faut pour plusieurs soirées des coulées de vent constant. En conséquence, le
du commun. gastronomiques, et évidemment de nombreuses roc est à nu, le couvert organique réduit au mini-

38 - EspritBonsaï ‘87’
Des crans rocheux balayés par des coulées de vent. Le mélèze Larix laricina a une prédilection pour les tourbières.

mum et des arbres centenaires de moins d'un

mètre de haut sont en abondance.
Le mélèze laricin s'adapte à une variété de
milieux différents. Cependant, il n'aime pas pousser
à l'ombre des autres arbres. C'est pourquoi il a une
prédilection pour les tourbières où les concurrents
moins acidophiles sont absents. Nous explore-
rons les milieux granitiques lors de notre séjour. Ce
résineux est encore nommé “épinette rouge” par
certains Québécois. Le nom “épinette” fut attribué
par nos ancêtres français à certains conifères plus Ici, la roche est à nu, le couvert
ou moins connus à l'époque. organique réduit au minimum.
La forêt laurentienne est reconnue pour la
richesse du coloris de ses érables à sucre, Acer
saccharum. Des dizaines de bateaux de croisière
étrangers viennent sillonner le fleuve Saint-Laurent
à l'automne pour les admirer. Pendant ce temps, on
semble ignorer la magnifique palette de couleurs
de la Côte-Nord : le doré de nos mélèzes, le rouge
vif des Éricacées, l'argenté des lichens et le vert
intense des mousses. Simplement jouir de cette
beauté sauvage vaut le déplacement.

Une écorce argentée

Le mélèze “de la Côte-Nord” est un des arbres L'écorce du mélèze porte de Palette de couleurs de la Côte-Nord.
belles écailles argentées. Le mélèze laricin apporte la touche jaune.
les plus appréciés dans nos collections de bonsaïs
et fait souvent figure de vedette dans les exposi-
tions annuelles du Québec. Son tronc aux formes
multiples, son écorce écailleuse aux feuillets argen-
tés, ses courtes aiguilles vertes et sa ramification
exceptionnellement rapide à former constituent
les éléments clés de sa popularité et en font un
favori des amateurs du Québec. Sa réputation
s'étend même jusqu'à l'exposition de l’U.S. Natio-
nal Arboretum, à Washington DC.
Si vous venez nous visiter, aller admirer quelques
mélèzes laricins de la superbe collection de bonsaïs
du Jardin Botanique de Montréal ou faites-vous
inviter chez des amis bonsaïstes du Québec.
Entre-temps, mes amis et moi avons déjà com-
mencé à rêver à notre prochaine expédition dans
le Nord. 

Source : Flore Laurentienne, Gaëtan Morin Édi-

teur, Frère Marie-Victorin. Les troncs du laricin sont de formes multiples.

EspritBonsaï ‘87’ - 39
Shohin:
les petits bonsaïs
Rempotez un orme
de Chine mature
Rempoter un arbre mature est
quelque peu différent du travail
sur un arbre jeune. Exemple avec
un orme de Chine, qui regagnera le
même pot après le travail.
Auteur : BonsaiTranslations
40 - EspritBonsaï ‘87’
Cet orme de Chine,
Ulmus parviflora, peut
être rempoté, pour
être replacé ensuite
dans le même pot.
Il est encore temps
de sortir outils et substrat pour le rempotage
printanier des shohin, notamment pour
ce magnifique orme de Chine, Ulmus
parviflora, issu d’une marcotte. Les petits
bonsaïs vivent dans un espace très restreint.
Le rempotage est donc le travail le plus
important de l’année pour leur survie.
Les bonsaïs ont deux périodes de vie. La première
est celle de la croissance, pendant laquelle
ils sont dans un pot de culture. Leurs racines
peuvent devenir longues afin de faire grandir
 1 L’arbre devrait être fixé au pot à l’aide de fils de cuivre,
qui devraient être ancrés à une racine ou au nebari.
3 On peut déloger l’extrémité des racines en utilisant un
couteau à bout rond ou une faucille, en faisant bien attention
de ne pas couper la longueur des racines pour le moment.
l’arbre. Dans cette phase, le rempotage a pour
objet de raccourcir les racines et d’éliminer les
racines pivotantes. Il est préférable de procéder
au rempotage chaque année, mais ce n’est pas
trop délicat. La deuxième période de la vie d’un
bonsaï se passe dans un pot d’exposition – ou la
copie d’un pot d’exposition, voir encadré – dans
lequel l’espace pour les racines est très restreint.
Le rempotage annuel devient alors délicat.
Les bourgeons gonflent
L’orme de Chine – “Nirekeyaki” en japonais –
possède des feuilles très petites, c’est donc
une espèce idéale pour le bonsaï shohin.
Les bourgeons de l’orme deviennent rouges :
le moment est venu de rempoter.
2 Redresser les bouts des fils sous le pot, le cas
échéant, et les enlever en tirant par le dessus.
4 Inspecter la motte pour repérer
moisissures ou parasites.
Cet arbre provient d’un marcottage aérien.
Il était beaucoup plus grand par le passé :
lorsque le tronc a atteint l’épaisseur désirée
et qu’une base pour les branches était
prête, on a marcotté le haut de l’arbre.
D’un pot
Choisir le bon moment pour le rempotage
est très important. Traiter les racines trop tôt
et celles-ci risquent d’être victimes du gel.
Le faire après que les feuilles soient sorties à l’autre
risque d’affaiblir l’arbre. Puisque le moment du Les pots d’exposition
rempotage change en fonction des régions, peuvent être très
on observe plutôt les bourgeons. Lorsque les dispendieux. Afin de ne
bourgeons gonflent, il est temps de rempoter. pas les endommager, on
peut laisser les bonsaïs
Démêler les racines dans des copies moins
Avant de commencer, assurez-vous précieuses au quotidien,
que le substrat est sec : il est préférable et changer de pot avant
de rempoter à sec, car déloger le une exposition. Certains
substrat est alors bien plus facile. préfèrent faire vieillir
Lorsque les racines sont très bien fixées leurs pots en les utilisant
au pot, l’arbre peut être difficile à extraire. quotidiennement.
Les pots convexes sont particulièrement
difficiles à enlever. L’important est de ne
pas forcer sur un arbre en le sortant.
Lorsque arbre et pot sont séparés, inspectez la
motte de racines. À cette étape, on cherche à voir
si les racines comportent des moisissures ou des
parasites. Les moisissures sont détectables 
EspritBonsaï ‘87’ - 41
 Shohin:
les petits bonsaïs

6 Tout le substrat a été

enlevé et quelques
5 À l’aide de pinces, dénouer les racines en grattant de racines ont été brisées
l’intérieur vers l’extérieur, sans les briser. Parfois les racines dans le processus. Ce
sont très emmêlées et nécessitent un peu plus de vigueur, n’est pas souhaitable,
allez-y tout de même avec douceur. mais presque inévitable.

 par l’odeur ou par le noircissement des

racines. Quant aux parasites, cherchez des
œufs ou du mouvement dans les racines.
Si vous trouvez des moisissures, traitez
avec un fongicide pour racines, après avoir
délogé celles-ci, et contre les parasites,
traitez avec un pesticide au besoin.
En démêlant les racines, enlevez tout le
substrat. Il est primordial de ne pas laisser du 8 L’écorce a été enlevée par mégarde quand
vieux substrat, car avec le temps, il se délitera on a enlevé la mousse. Ce n’est pas fatal pour
pour donner de la poudre. Cette poudre peut l’arbre, puisque la couche superficielle de l’écorce
7 Enlever toutes les mousses n’est plus vivante, mais ce n’est pas esthétique.
ensuite causer des problèmes de drainage,
à l’aide de pinces.
moisir et noircir. S’il y a beaucoup de terre noire
à la base du tronc, c’est que tout le substrat
n’a pas été enlevé les années précédentes.

Enlever les mousses

Les mousses, bien que prisées en
exposition pour le contraste de
couleurs qu’elles génèrent, invitent
parasites et moisissures. Il est donc
utile de les enlever plusieurs fois par
an et le rempotage est une occasion
idéale de le faire. Les mousses sont 10 Quelques
plus faciles à retirer lorsqu’elles sont petites racines
mouillées, en utilisant un vaporisateur 9 Bien que l’arbre soit issu d’une latérales
par exemple. En enlevant des mousses marcotte, ces racines se croisent. Il aurait réussissent à
grossir chaque
sur les vieux arbres à l’écorce rugueuse été préférable qu’elles aient été mieux année, et sont
tels que les pins ou cet orme, il faut placées plus tôt après le marcottage.
faciles à détecter.
faire attention de ne pas briser
l’écorce. Une écorce rugueuse, avec plusieurs
couches, est très prisée en bonsaï et la formation
d’une belle écorce prend beaucoup d’années.
En examinant le nebari de cet arbre, on note que 11 Les
s’il y a bel et bien des racines tout autour du tronc, racines
latérales sont
leur densité n’est pas homogène en tous points.
beiges, plus
On procède à la taille des racines. Cet épaisses. Elles
arbre est mature, la motte de racines sont coupées
absorbantes est bien développée.  à la base.

42 - EspritBonsaï ‘87’
Marcotter pour le nebari
Tailler les racines est très important. À
chaque rempotage, tous les ans sur un
arbre en formation, on doit sélectionner
les racines à enlever et celles à tailler.
On distingue deux types de racines :
les absorbantes et les pivotantes.
Les racines absorbantes puisent les
nutriments et l’eau dans le sol. Les
racines pivotantes sont utiles pour
créer le nebari. Typiquement, un
arbre issu d’une graine possède une
seule racine pivotante, qui descend.
En coupant la racine pivotante
chaque année, on stimule l’émission
de petites racines latérales sur son
pourtour, jusqu’à obtenir, en quelques
années, un volume de racines
équivalent à celui de la végétation.
La position des racines est très
importante pour créer la base du tronc,
aussi appelé nebari, car on cherche
à obtenir des racines implantées
tout autour du tronc afin de créer un
nebari qui se développe dans toutes
les directions. Par cette méthode, il est
difficile d’obtenir des racines implantées
également à la base du tronc.
Le marcottage aérien offre la
possibilité d’obtenir des racines bien
placées pour créer un beau nebari.

• Méthode classique

Le tracé vert est celui du nebari

idéal. Malheureusement, avec
Le développement De petites racines Le volume de racines cette méthode classique, les
classique des latérales poussent sur augmente au fur racines ne se développent pas
racines. On coupe le pourtour du pivot, et à mesure des à la base du tronc pour former
la racine pivot. et sont coupées. tailles de racines. un beau nebari bien large.

• Marcottage

Avec le temps, ces racines

épaissiront et deviendront
une extension du tronc en
se soudant à leur base.

… la base du tronc sera de plus en plus

large. À souligner qu’au fil des ans,
l’arbre sera installé progressivement
de plus en plus haut dans le substrat.

Si le marcottage aérien est bien

fait, les racines devraient sortir
également autour de la base,
sur la partie supérieure de la Si ces racines sont coupées
décortication annulaire. correctement chaque année…

EspritBonsaï ‘87’ - 43
 Shohin:
les petits bonsaïs

12 Nettoyer le pot avec une brosse.

13 Couper du grillage
en plastique, et des fils
de cuivre pour ancrer le
grillage et l’arbre au pot.
Choisir une maille d’une
grandeur appropriée
aux grains du substrat.

14 Installer le
grillage et les fils de
cuivre sur le pot.

15 Le substrat japonais contient ici, de

gauche à droite, du Kiryuzuna, de l’Akadama
et du Fujizuna.

Préparer pot et substrat

On replacera l’orme dans le même pot, car
il n’est plus en phase de croissance : il faut
donc utiliser un pot de mêmes dimensions
afin que l’arbre ne grossisse pas. Changer de
pot peut servir à changer d’atmosphère, mais
ce n’est pas nécessaire chaque année.
On prépare de petits morceaux de
charbon de bois, le mélange de substrat
– Kiryuzuna, Akadama et Fujizuna – en
petite et moyenne granulométrie.

16 Placer le substrat de
granulométrie moyenne dans le
fond, puis des morceaux de
charbon de bois, et terminer par
le substrat de petite
granulométrie en ménageant
une petite colline au centre.

44 - EspritBonsaï ‘87’

17 Recourber le fil autour d’une grosse racine 18 Avec une petite pince ou une baguette
du nebari et attacher solidement l’arbre. en bois, insérer le substrat avec soin.
20 Arroser abondamment pour
vérifier le pouvoir drainant du substrat.
Face arrière.
Un substrat bien drainant
Attacher l’arbre au pot avec les fils. Ensuite,
placer du substrat de petite granulométrie
autour de l’arbre. S’assurer qu’il n’y a pas de
poches d’air est crucial, car celles-ci pourraient
inviter parasites et maladies de tous genres.
Vérifier que le substrat est bien drainant. Pour
cela, arroser abondamment, jusqu’à ce que
l’eau sorte claire sous le pot. Si l’eau ne sort
19 Après que le substrat ait été bien comprimé,
sans avoir été brisé, quelques racines pourraient
être ressorties durant le processus. Il est préférable
de les couper, car elles sécheront de toute façon.
Après les travaux,
l’arbre doit être mis
à l’abri du gel et de
la sécheresse.
Remerciement spécial
pas, on doit recommencer le rempotage. Il au propriétaire
est possible que les trous soient bouchés de l’arbre pour le
ou que du substrat ait été broyé quand il a travail effectué.
été comprimé. Si le substrat s’effondre par
endroits, vérifier qu’il soit bien compact.
Après avoir changé le substrat, les racines sont
affaiblies. Dans un premier temps, il est donc
important de protéger l’arbre contre le gel et la
sécheresse une fois le rempotage terminé. 
EspritBonsaï ‘87’ - 45
À voir
en détail

Réparer
les erreurs
sur deux
multitroncs
Deux multitroncs d’érables en
formation ont subi des erreurs
et des négligences dans les
soins, notamment lors de Ce groupe d’érables est très abîmé. C’est le résultat
d’une année de négligence, avec attaque fongique
transplantations. Le printemps sur le tronc et perte de branches intéressantes.

est la bonne époque pour

tenter de remédier aux défauts
apparus.
Auteur : Gilbert Labrid

Deux groupes d’érables en 1

Il est cultivé
en pot de
cépée sont à des niveaux différents de formation.
culture pour
Les étapes précédentes ont été plus ou moins améliorer sa
bien réussies, avec l’apparition dans le temps de vigueur et traiter
quelques problèmes importants, maintenant plus les deux plaies
difficiles à corriger. Au cours des rempotages, il importantes
(flèches) ainsi que
faut reconsidérer la face, le nebari et l’équilibre
la partie frontale
des racines. détruite par une
lésion corticale
La qualité des interventions sérieuse (cercle).
Le printemps est une période toujours impor-
tante, car non seulement la végétation redémarre, ment l’ancienne terre et de raccourcir fortement
mais c’est aussi le moment de transformer dura- les racines. Après cela, il suffit de placer l’arbre à
blement les arbres en modifiant le point de vue. l’abri, de mouiller le tronc et les branches fréquem-
Avec la taille de formation, la transplantation est ment – plusieurs fois par jour – et d’arroser le sol
un des moyens de préparer une autre vision de modérément, en rapport avec sa consommation
l’arbre pour les années futures. Les étapes pour d’eau.
réaliser un travail de ce type dépendent du stade
de préparation de l’arbre et de la qualité des inter- Forcer l’activité de l’arbre
ventions précédentes. Le problème est qu’en général, même si la trans-
Lorsqu’on rempote des feuillus, il est nécessaire, plantation n’est pas très bien faite, l’énergie vitale
dans presque tous les cas, de remplacer totale- de l’arbre l’aide à s’en remettre et à survivre 

46 - EspritBonsaï ‘87’
 On sélectionne une
3
nouvelle face avec
l’objectif de replacer
l’arbre principal au centre
de la composition, et un
meilleur arrangement
des troncs secondaires.
Vue de côté, l’ensemble des troncs n’est Une taille sévère des
2 branches prépare une
pas très homogène avec le jeune tronc
arrière placé dans une position trop inclinée. forte taille des racines.

Les troncs sont implantés assez haut sur L’arbre est sorti du pot, les racines sont raccourcies
4 5 grossièrement avant un nettoyage à l’eau. Le socle
le socle des racines, dont la base n’est
pas très large. Ceci indique un traitement des racinaire est épais, beaucoup de racines naissent sous
racines assez approximatif au fil du temps. les troncs et prennent le dessus sur les latérales.

Replacé
7
dans le pot
de culture après
le traitement des
plaies recouvertes
de mastic, le groupe
doit reconstituer
une ramification
organisée avec
soin et un socle
6 Il faut réduire le volume des
racines en supprimant tout ce racinaire moins
qui est situé sous les troncs. haut et plus stable.

EspritBonsaï ‘87’ - 47
 À voir
en détail

Ce groupe d’érables du Japon est resté pendant trois ans dans ce Sans feuilles, le groupe semble
pot. Il est grand temps de rempoter. La masse de terre, déplacée par désorganisé, les troncs partent dans
la poussée racinaire, commence à s’élever au-dessus des bords du pot. tous les sens, sans cohérence véritable.
Il faut sélectionner une autre face.

Vu du côté gauche, l’arbre
principal est encore plus détaché
du groupe secondaire qui semble,
lui, plus ordonné sous cet angle.
Vue du côté droit. Même cause, même
conséquence ! L’arbre principal est
trop isolé et le groupe n’est pas attractif.
Pour masquer l’écart entre les arbres,
il faut trouver un compromis. Une
face observée depuis un angle, avec un
décalage qui recentre le tronc principal au
milieu des autres sujets semble adaptée.

 sans complications visibles. Mais les quelques

Deux
points négligés ou ignorés prennent une grande le bonsaï repartir ou de le voir manquer de vitalité
importance avec le temps et finissent par mettre après le rempotage.
l’équilibre de l’arbre en péril.
La différence entre un rempotage sérieux et un
Le fait qu’un arbre manque de force dans son
développement dépend autant d’une mauvaise précautions
approximatif réside dans la méthode. Aucun détail transplantation que d’un entretien négligé. Enle- Si l’on rempote sans
ne peut être négligé tout au long de la procédure, ver 99 % de l’ancienne terre et couper les racines désinfecter les outils
qui doit suivre une voie invariable, quelle que soit le plus court possible force le métabolisme de et sans sélectionner
la dimension du bonsaï, les seules limites étant le l’arbre à redoubler d’activité pour reconstituer de le substrat, il y a toujours
niveau de construction atteint par le sujet à traiter nouvelles racines. En laissant beaucoup d’espace des problèmes par
et la qualité de l’enracinement. L’obstacle à un tra- dans le nouveau substrat, le développement des la suite.
vail correct est généralement la peur de ne pas voir racines est amélioré. 

48 - EspritBonsaï ‘87’
 Avant le travail, vue de l’ancrage Après avoir dégagé la terre fine en
depuis la nouvelle face. surface, on constate un tapis de
racines très dense, à nettoyer. Un problème
bien visible est à traiter : à gauche, une
racine ancrée derrière le tronc s’enroule
autour de la base et revient vers l’avant.
Lavé à grande eau pour éliminer la
terre, l’ensemble apparaît. Après avoir
raccourci la couronne des racines et nettoyé
tout le dessous, on peut régénérer les racines
de surface en supprimant toutes les autres. Il
peut sembler dangereux de couper autant de
racines, mais pour développer la base du nebari,
il faut conserver un ensemble de racines situées
sur le même plan, ni trop haut ni trop bas. (A
droite, la racine tournante est supprimée.)

Toutes les
racines
latérales sont
supprimées
jusqu’à la limite
possible. Les
plus grosses
coupes sont
mastiquées.
Avec une vision claire de la surface, on peut supprimer
les racines trop hautes (A) qui croisent (B), réduire les
plus fortes (C) et arranger celles qui sont encore souples.

Après la
transplantation,
on peut placer de
la sphaigne sur les
racines de surface
découvertes, le temps
qu’elles s’ancrent
dans le sol. Sans
être esthétique,
la sphaigne est
très efficace, et
Le groupe est replacé dans la même peut toujours être
poterie, mais on a gagné un espace enlevée au bout de
important pour les nouvelles racines. quelques mois.

EspritBonsaï ‘87’ - 49
Du côté
des feuillus

Rempotez
une satsuki
pas à pas
Les azalées japonaises, ou
satsuki, ont des racines très fines
et superficielles. Le rempotage
est ici une opération délicate,
lors de laquelle il faut protéger
le cœur du pain racinaire.
Auteur : Peter Warren

Après une première

mise en forme en
juin 2016, cette
azalée satsuki, variété
Osakazuki, est prête
pour un rempotage,
les soins effectués Cultiver et travailler
n’ayant entraîné aucune des azalées satsuki présente des similarités, mais
mauvaise réaction. aussi de subtiles différences par rapport à toutes
les espèces utilisées dans le bonsaï. Tout comme
les érables sont différents des pins et les pins des
genévriers, il existe quelques concepts et tech-
niques très spécifiques qui doivent être appliqués
aux satsuki. Nous allons ici nous intéresser à la
transplantation de cette satsuki variété Osakazuki
décrit dans Esprit Bonsaï 83 paru en août 2016.
Des racines superficielles
Après sa mise en forme de juin, puis la sup-
pression des fils de ligature et la taille en octobre,
l’arbre est toujours vigoureux et donc prêt à être
transplanté. La meilleure saison pour ce faire est
le printemps, mais ce peut être à n’importe quel
moment de fin janvier à début avril, selon le climat.
En moyenne, les satsuki devraient être trans-
plantées tous les trois ou quatre ans, selon leur
développement, leur variété, la qualité du sol et
la fertilisation. Ceci est dû à la structure de leurs
racines fines et superficielles, qui poussent dans
la partie supérieure du pot : il n’y a pratiquement
pas de racines dans le fond. Cela signifie que si la
couche supérieure du sol devient compacte et
que la pénétration de l’eau devient difficile, plus
particulièrement vers le cœur de la motte racinaire,
sous le tronc, il y aura une baisse immédiate et
presque toujours irréversible de la vigueur. Quand
les satsukis commencent à dépérir, il peut être dif-
ficile de les récupérer, mais avec des soins et une
technique appropriés, elles peuvent vivre jusqu’à
400 ans.

50 - EspritBonsaï ‘87’
1 On commence par préparer de la
2 À la Kanuma de granulométrie moyenne, 3 Le mélange de granulométrie moyenne se
Kanuma de granulométrie fine et de
j'ajoute 10 % de pierre ponce de même compose de 85% de Kanuma, 10% de pierre
moyenne.
granulométrie pour faciliter l'aération du substrat ponce et de 5% de charbon de bois horticole.
et le prochain rempotage.

4 Éliminer la poussière de la Kanuma de fine 5 La quantité de poussière récupérée est

granulométrie est essentiel. considérable. Si on ne l'enlève pas, elle 6 Même opération pour la pierre ponce
comblera les espaces entre les particules dans pour obtenir une même granulométrie.
le pot, entravant le développement des racines
et le passage de l'eau et de l'air.

7 Le mélange de granulométrie fine se

compose de 90% de Kanuma, 5% de pierre
ponce et de charbon de bois à préparer...

A Le charbon de bois horticole est B … à la force brute...

Tamiser encore et toujours à réduire au bon calibre…
Comme pour tout rempotage, une préparation
minutieuse est essentielle avant de toucher l’arbre.
Le substrat doit être préparé très attentivement.
Mon mélange favori en Grande-Bretagne est de
la Kanuma avec un faible pourcentage de pierre
ponce et de charbon. Importée du Japon, la Kanu-
ma provient de la région de Kanuma, Tochigi, centre
à la fois spirituel et de production des satsukis.
On calibre le substrat en granulométrie fine et
moyenne directement à partir du sac, en retirant
autant de poussière que possible. C L’utilisation d’un seau et de D Éliminer la poussière E Vérifier la taille
À la Kanuma, j’ajoute 5 à 10 % de pierre ponce deux tamis permet d’accélérer de charbon est, là encore, des particules de
de même granulométrie, pour améliorer l’aération la séparation des particules. essentiel. charbon avant de
du sol et la percolation de l’eau. Mon climat n’est l’ajouter au mélange.
pas extrêmement chaud, et il peut y avoir parfois
des pluies très abondantes, ce mélange est sans Le charbon de bois horticole aide à purifier le
impact sur la rétention d’eau l’été. substrat et crée un environnement propice aux
Dans les climats plus chauds, la pierre ponce micro-organismes bénéfiques : un avantage cer-
peut être une mauvaise idée. Certains produc- tain. Le mélange prêt, il faut trouver le pot adéquat
teurs japonais ajoutent 5 % de mousse de sphaigne et disposer tous les outils à portée de main. On
hachée pour augmenter la rétention d’eau. peut alors travailler l’arbre. 

EspritBonsaï ‘87’ - 51
 Du côté
des feuillus

1 Comparer pierre
ponce, Akadama et
Kanuma (de gauche
à droite) est
intéressant. Essayez
d’écraser chaque
particule et sentez
l'effort requis. 2 Une légère pression et... 3 … la Kanuma est réduite en poussière.
Gardez cela en tête pour la suite.

La terre de Kanuma
Toutes les azalées bonsaïs
devraient être plantées
dans de la Kanuma. En
partie à cause du pH.
Ce substrat légèrement
plus acide que les autres,
n’est pas si différent
de l’Akadama, souvent
prélevé dans la même
région. Ce qui le rend si
bon pour les azalées est
sa microstructure, faite
de trous minuscules et
très meuble, de sorte
que les fines racines de
l’azalée, semblables à
des cheveux, peuvent
pénétrer et s’accrocher
sur les particules de terre.
Celles-ci sont aussi très
absorbantes, et donc
idéales pour les variétés
aimant l’eau et les milieux
acides. L’inconvénient
de cette terre est qu’elle
est très molle et se tasse
facilement. Transporter
et manipuler ce substrat
suffit à l’émietter, et le
sac peut être rempli de
poussière. Il faut alors
tamiser pour éliminer
Tous les outils sont à portée de main. Toute absence prolongée pour
cette poussière, sinon chercher quelque chose ou prendre un café en laissant les délicates
on perd son temps. racines à l’air doit être évitée. C’est une opération à cœur ouvert !

A Utiliser un pistolet à eau pour nettoyer

le tronc est judicieux tant que cela n’abîme
pas la peau délicate de l’azalée. Je ne la B C … et frotté avec une brosse en nylon,
Le tronc est nettoyé...
dirais pas écorce, tant elle est fine. Si elle
pour en préserver la beauté. Il est conseillé
est blessée : le jet est trop fort.
de le faire au moins une fois par an.

Nettoyer les racines

D Enlever le pot de culture en plastique.
Une fois les fils coupés, ça glisse tout seul.
E Il y a du substrat intact dans le fond
du pot, la partie inférieure de la motte
racinaire présente peu de racines.
En retirant la satsuki de son pot, on voit tout
de suite que la partie inférieure de la motte raci-
naire possède très peu de racines, quelles qu’elles
soient. Pourquoi alors planter les azalées dans un
pot aussi profond et pourquoi sont-elles générale-
ment dans des pots plus profonds que les autres
bonsaïs ? La partie inférieure du pot agit comme
un réservoir d’eau et un dissipateur thermique. Les

52 - EspritBonsaï ‘87’
 F Travailler la base de la motte racinaire
avec précaution. On s’arrête à
l’apparition des premières racines. Seul G Le tiers inférieur du pot était H On travaille soigneusement la surface avec une
le substrat meuble est retiré. Répéter la juste un puits d’eau et de chaleur. griffe, en faisant attention de ne pas tirer trop fort,
devise : « Nettoie la surface, ne touche pour enlever le substrat et préserver les racines.
pas au cœur. »

I La zone autour et à J La base de la motte racinaire doit être

l’intérieur du nebari est plate et aussi intacte que possible. On ne K Les racines fibreuses sont légèrement
cruciale. L’eau doit pouvoir touche pas au cœur. raccourcies sur le dessus...
pénétrer au cœur de la motte
racinaire, sous le tronc, et c’est L … et
dans ces zones que la au-dessous…
pénétration se fait. Créer un
trou s’avère souvent judicieux.
La devise est : L’arbre quitte
un grand pot
“Nettoie la surface, de culture
pour un pot à
ne touche pas bonsaï plus
petit. Il faut

au cœur.” donc réduire,

tout en
préservant le
plus possible
la masse
racinaire.
petits pots peu profonds gardent très peu d’eau et
chauffent vite en été, abîmant les racines délicates
des azalées. C’est pourquoi, il est assez inhabituel
de voir des pots peu profonds ou des plantations
sur roches avec des azalées. Certaines variétés
comme les Osakazuki sont plus tolérantes, mais
d’autres dépériront en quelques mois. Une zone sensible
La devise pour le travail sur les racines est « Net- Une zone près de la surface montre
toie la surface, ne touche pas au cœur. » Répé- de légers dégâts, à l’endroit où de
tez : « Nettoie la surface, ne touche pas au cœur. » l’engrais solide avait été placé. Les
Le travail commence en brisant délicatement la racines s’étaient alors mêlées à
surface du fond pour voir la quantité de racines. l’engrais, créant un milieu anaérobie
Je retire très peu de substrat avant de porter mon où ni eau ni oxygène ne pouvaient
attention à la surface. À l’aide d’une baguette ou pénétrer, situation dont ont souffert
Il y a une petite zone noire : les racines
d’une griffe à deux pointes en métal, le substrat est les racines. Je nettoie cette zone et
se sont compactées près d’une ancienne
soigneusement enlevé du haut de la motte raci- coupe les racines fines exposées boulette d’engrais. Pas d’odeur, donc
naire, dans et autour du nebari, en évitant d’agres- au cœur de la motte racinaire. pas de putréfaction, mais les racines
ser la plante.  auraient dépéri sans rempotage.

EspritBonsaï ‘87’ - 53
 Du côté
des feuillus

1 Une sélection de pots à essayer. 3 Le pot le plus profond et le plus

2 La motte racinaire a encore besoin d'être réduite,
mais cette réduction dépend du pot choisi. grand : idéal pour la culture, pas très
original et un peu trop masculin.

4 Pas tout à
fait assez 6 Profond,
profond, car mais étroit.
l'arbre est haut Un manque
dans le pot, d’espace entre
mais la forme le nebari et la
est très paroi du pot
féminine et n'est jamais
l'émail bleu se bon pour les
mariera bien 5 Pas assez profond, la motte racinaire azalées. Les
avec les fleurs devrait être trop réduite : elle y survivra racines risquent
roses. peut-être, mais ne se développera pas. de cuire.

A Cette racine de surface flottante doit B On coupe la pointe et les racines C La souche est ensuite
encore être réduite, jusqu'au tronc ou de qui y sont attachées. soigneusement taillée...
moitié au niveau de la racine secondaire.

Le choix du pot
Différents pots ont été préparés et la satsuki est
placée dans chacun d’eux afin de choisir le plus
adapté. Mon choix se porte sur un pot de Toko-
name bleu émaillé, de Reihou, bien que limite quant
à sa profondeur : il me faudra être très prudent sur
la quantité de racines du fond à ôter. Le manque
de profondeur relatif de ce pot n’affectera pas
l’arbre, car la variété Osakazuki est l’une des plus
D … puis nettoyée
anciennes et des plus résistantes.
avec un scalpel. En plus de la motte racinaire, je rectifie le nebari,
relativement bon. Seuls quelques endroits néces-
E La blessure est traitée sitent un peu d’attention. Les racines peuvent alors
avec un onguent liquide. être lavées.

54 - EspritBonsaï ‘87’
 1 La motte racinaire est lavée à 2 On procède de même sur l’extérieur 3 Dernière
l’eau et le substrat est retiré, en du fond, en épargnant le cœur. réduction des racines
préservant les racines. fines exposées. Il ne
faut pas trop couper,
la motte racinaire ne
doit pas affleurer,
mais les racines trop
fibreuses peuvent
être supprimées.

6 On place l’arbre
délicatement dans le
pot pour visualiser
4 Vérification de la motte racinaire afin 5 … ce qui est corrigé en l’ensemble…
de voir si elle se pose bien à plat. Elle supprimant la partie bombée. légèrement trop haut…
penche légèrement d’un côté…

Laver à l’eau
Pour les espèces aux racines fines – érables,
azalées – l’utilisation d’eau pour enlever le substrat
désagrégé de la motte racinaire est une technique
essentielle. Cela n’abîme pas les racines, comme
les outils métalliques, et maintient humides les
racines fines qui sécheraient en vingt minutes
d’exposition, même par une journée froide.
Avec le pistolet à eau, je me concentre surtout 7 Cette zone de racines principalement

sur la zone autour du tronc, en dégageant un peu fibreuses sort du pot.

le nebari, m’assurant de retirer le substrat altéré de 8 On peut

la surface, créant ainsi un environnement sain pour enlever la surface

sans souci. Il
la future croissance des racines. Même chose sur s'agit de racines
le fond de la motte racinaire, et essentiellement fibreuses et de
sur les bords, plutôt que de focaliser sur le cœur. quelques racines
Très peu de racines poussent dans et sous la base plus épaisses de
du tronc, mais celles qui s’y trouvent sont essen- moins de 5 mm
de diamètre.
tielles. Elles nourrissent véritablement la cime de
l’arbre : si elles sont maltraitées, la cime de l’arbre
s’affaiblira, puis mourra. Le cœur est manipulé le
moins possible, avec grande prudence.
Les racines exposées sont réduites à la motte
racinaire. Je vérifie que la base est plate, que la
satsuki s’oriente naturellement et correctement,
et qu’elle entre dans le pot. L’idée générale est de
9 La motte racinaire est prête. La partie centrale,
préserver la masse racinaire autant que possible, juste au-dessous du tronc, est laissée intacte. En la
mais également de s’assurer qu’il y ait de l’espace manipulant un peu, elle se détache facilement : ne
autour pour du substrat frais, car la comprimer jamais faire cela, à moins de souhaiter un arbre en
entraînerait des problèmes.  mauvaise santé avec une cime faible.

EspritBonsaï ‘87’ - 55
 Du côté
des feuillus

Le pot est prêt

Je prépare le pot. Du fil d’acier gainé de plastique
pour attacher les arbres est moins cher et plus
résistant que le fil d’aluminium, le second meilleur
choix pour moi. Pré-plier les fils pour qu’ils tiennent
1 Préparation bien au fond du pot et qu’ils se placent sur le bord
du pot, des mailles intérieur du trou de drainage.
de plastique...

2 … mises en place avec des agrafes 3 Le fil d'acier gainé de plastique est pré-plié
en fil d’acier. aux dimensions exactes entre les trous…

4 … puis enfilé à l'intérieur du trou de drainage, 5 On vérifie le pot, à la fois pour déceler

serré contre les bords. d’éventuels dégâts et pour choisir le côté 6 Vérification de l'arbre, du mélange
où l’émail est le plus beau. de substrat, du pot…

Des grains moyens au fond

Une couche très fine du substrat de moyen
calibre est tamisée, puis répartie au fond du pot.
L’arbre étant déjà assez haut dans le pot, il faut
aussi peu de substrat que possible, mais suffisam-
ment pour permettre aux racines de se dévelop-
per et créer une couche d’aération. La base de la
motte racinaire est plate : nul besoin de créer une
énorme montagne au milieu du pot.
A On tamise le mélange de granulométrie B … on verse une fine couche de substrat
moyenne afin d’éliminer la poussière… au fond du pot.

D … puis une
fine couche
est ajoutée
C Le mélange de granulométrie plus fine par-dessus.
est tamisé afin d’éliminer la poussière…

56 - EspritBonsaï ‘87’
 L’arbre est attaché
L’arbre est placé dans le pot ; position,
angle et hauteur sont vérifiés. Puis, je l’at-
tache en utilisant des baguettes de bam-
bou comme points d’ancrage.
1 L’arbre est placé dans le pot afin d’évaluer
position, hauteur et angle d’inclinaison. L’arbre est
assez droit, sans direction prononcée, donc assez 2 À l’aide de solides baguettes de bambou pour
central. Je le place légèrement sur la gauche. points d'ancrage, le fil est attaché au centre...

4 … avant d’attacher l’autre côté vers le bas. 5 Le fil est alors resserré du côté gauche,
3 … pour commencer, il n’est pas très serré… J’utilise ici une seule baguette de bambou, le fil puis coupé…
ne touche même pas la motte racinaire.

6 … avant de resserrer le côté droit. Tirer le fil 7 Vérification pour voir si ça bouge : 8 En position finale, vérification de la hauteur
tendu, arrêter de tirer, puis tordre pour serrer. solide comme un roc. et de l'angle, vue de face et de côté.

Combler les vides

Pour la prochaine étape,
« ça passe ou ça casse » ; le
succès de l’opération dépend
ici de l’attention portée au
détail. On verse le substrat
plus fin – tamisé pour enle-
ver la poussière – et on l’insère
dans les espaces autour de la
A On verse le mélange de substrat B Délicatement, sans trop forcer, on C À la moindre résistance, on
motte racinaire. 
de fine granulométrie, tamisé. insère le substrat dans les espaces. cesse de presser, ou l’on risque
de faire de la poussière.

Insérer le substrat
Introduire les particules de substrat dans les espaces de la
motte racinaire est une opération délicate : appuyez trop avec
la baguette, et le substrat se transforme en poussière. On garde
une image mentale de tous les espaces dans la motte racinaire
et on essaie de les remplir ; quand on sent une résistance, on
arrête. En effet, on peut continuer encore et encore, transformer
D On complète avec du substrat, tout le substrat en poussière et ruiner tout le travail effectué.
et on recommence. De même si les trous ne sont pas remplis de substrat, la santé
E L’excédent de substrat de l’arbre en pâtira. La clé du succès : l’expérience jumelée
est enlevé à la brosse… à la réflexion et à la compréhension de ce que l’on fait.

EspritBonsaï ‘87’ - 57
 Du côté
des feuillus

Sphaigne et mousses
en surface
Après avoir consciencieusement arrosé les
racines pour enlever la poussière résiduelle et
favoriser la pénétration du substrat dans les
1 Dès que possible, arroser
consciencieusement. La pression de l’eau
doit être assez forte pour tasser les 2 Tasser prudemment le sol afin

espaces, on recouvre la surface de sphaigne particules, sans les éjecter. d’accueillir un peu de sphaigne.
râpée, tamisée et mélangée à de la mousse verte
– 4 ou 5 variétés différentes. À court terme, cela
évitera le dessèchement ; à plus long terme, l’une
ou l’autre variété de mousse se développera si
les conditions sont correctes, créant ainsi une
jolie surface qui, de surcroît, améliorera la réten-
tion de l’eau.

3 Prélever au moins cinq variétés de mousse

différentes… des espèces compactes qui 4 Enlever mauvaises herbes,

poussent dans le jardin et sur les arbres. particules de substrat, boue…

5 Ajouter une quantité équivalente de 6 Le mélange à peu près égal en 7 … doit être tamisé pour être 8 On répartit délicatement le
sphaigne. J’utilise un mixeur de cuisine bon mousse et en sphaigne… débarrassé de la poussière : mélange à la surface du substrat.
marché à la lame émoussée, mais on peut un véritable refrain. Ce mélange garde l’humidité et
tout aussi bien utiliser un tamis à substrat. favorise la croissance de la mousse.

Deux étapes majeures

Le premier soin d’après travail consiste à ne pas
laisser l’arbre se dessécher, ni à trop l’arroser, et à le
maintenir à l’abri de conditions extrêmes telles que
vent, froid ou soleil. Au printemps, dès les premiers
signes de croissance, il peut être placé à l’extérieur.
En moins d’un an, ce matériau brut semi-mis
en forme a franchi deux étapes majeures pour
devenir un arbre d’exposition de qualité. Au cours
de l’année à venir, le travail se focalisera sur la rami-
fication et l’amélioration de la cime. 

Vue de côté. Dimensions :

61 x 58 cm.

La satsuki, terminée et
magnifique dans son nouveau
pot. Sans doute plantée un peu
trop haut, ce qui aidera le nebari
Le nebari, correct, mais loin d’être parfait, requerra à se développer aussi longtemps
sans doute un peu d'attention dans le futur. que l'arrosage sera irréprochable.

58 - EspritBonsaï ‘87’
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nº86

#86
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Esp rit Bon sai

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 Le magazine

Hardy kiwi
p. 43

Le kiwai
p. 43

Repotting
a maple
p. 48

Rempotage
d’un érable
p. 48

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EspritBonsaï ‘84’ - 15
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Du côté
des conifères

Seulement sept ans séparent les

deux clichés de cet if. Bois morts,
racines et branches ont été travaillés
avec des techniques simples ou
complexes – comme le sablage
ou la greffe, mais toujours en
gardant comme fil conducteur la
vitalité de l’arbre. Hauteur : 65 cm
avant travail, 90 cm après.

Sept ans de
travail sur un if
Sept ans, l’âge de raison : un temps
nécessaire pour mener un bel if vers une
première maturité. L’auteur nous propose,
non un suivi chronologique, mais un détail
de l’évolution des différentes parties :
racines, ramures et bois morts.
Auteur : Francisco Ferreira
60 - EspritBonsaï ‘87’
Il aura fallu sept
années de travaux et de soins
pour donner une belle maturité
et un aspect naturel à cet if.
Après son prélèvement, l’if, Taxus
baccata passe trois années dans un
premier pot de culture. Au terme de ce
laps de temps, il est rempoté dans un
pot en grès. Il aurait pu rester encore
quelques années dans ce même pot de
culture, mais il est préférable de cultiver
dans une céramique. En effet, les pots
en céramique absorbent la chaleur et
la gardent plus longtemps que ceux en

1 2007. L’arbre n’est qu’à la fin de sa première saison
de croissance. Les pousses sont encore assez faibles : les
branches, ‘’molles’’, ont tendance à tomber.
4 Le rempotage commence toujours par retirer l’arbre
de son pot : ici, c’est plutôt un “démontage’’ du pot.
plastique, ce qui permet une croissance
plus rapide des racines. Et si les racines
poussent, les branches suivent.
Du côté des racines
Au début du printemps 2010, quelques
changements sont déjà visibles sur
l’arbre. Les bois morts ont été travaillés
et on commence à voir la montée en
vigueur de ce futur bonsaï. Les branches,
plus fortes, poussent vers le haut.
Avant de procéder au rempotage, il
s’agit de choisir le pot qui convient.
De par la grande taille de l’arbre, le
choix du pot reste difficile ici : un pot
de Yixing fera l’affaire en attendant de
trouver un pot de meilleure qualité.
On fait un test pour vérifier que le
pot est bien adapté à l’arbre.
En dépotant l’arbre, on constate
la bonne santé des racines. C’est
le moment de faire un point sur la
2 Début 2010. L’arbre est vigoureux :
on peut procéder au rempotage.
5 Courtes et bien divisées, les racines sont en bonne
santé, du fait du substrat, de la pouzzolane, qui se
compose de parties dures et anguleuses.
partie cachée, car ce n’est que lors
du rempotage que l’on peut voir
l’impact des années de travail sur les
racines. Pour les ifs, j’utilise toujours
trois éléments dans le substrat : une
partie pour ses caractéristiques
mécaniques (pouzzolane, pumice ou
gravier), les deux autres (akadama et
écorces de pin compostées) servent à
faire fonctionner le substrat. L’akadama
facilite les échanges d’éléments
nutritifs, les écorces de pin facilitent
l’installation d’organismes vivants
(insectes, bactéries, mycélium) qui sont
essentiels à la bonne santé des arbres.
L’if aurait pu rester plus longtemps dans
cette caisse, mais la priorité du moment
étant la création rapide des branches,
il est indispensable de stimuler les
racines en le plaçant dans un pot en
céramique. Une caisse en polystyrène
peut également convenir ici, car elle
3 On fait un test avec un pot Yixing – dimensions
68 x 52 x 17 cm – pour vérifier qu’il convient à l’arbre.
Pour ce faire, on crée un effet d’optique en posant le
pot sur un support, devant l’arbre, et de sorte que le
haut du pot se trouve à la hauteur du substrat. Puis,
on recule de 5 mètres pour visualiser l’ensemble.
6 On démêle les racines
avec des baguettes en bambou.
Des détails à suivre
Le travail effectué sur chaque partie
de l’if (racines, bois morts, branches)
sera développé dans de prochaines
éditions.
conserve bien la chaleur. Bien souvent
blanches, elles sont recouvertes de PVC
noir afin de mieux capter la chaleur.
Pour démêler les racines, j’utilise
toujours des baguettes en bambou,
car elles abîment moins les racines
que les outils en acier, en particulier les
“griffes’’ ou fourchettes recourbées qui
arrachent beaucoup de radicelles.
Il est important de toujours attacher
l’arbre au pot, car un arbre correctement
attaché pousse environ 30 % plus 
EspritBonsaï ‘87’ - 61
 Du côté
des conifères

8 Voici
l’arbre installé
7 Des fils de ligature passent par les trous de drainage pour dans son pot
attacher l’arbre au pot. Un morceau du bois mort, à gauche, après le
sera coupé pour que la motte des racines entre dans le pot. premier
rempotage.

Greffedebranche
Il arrive que les branches ne a laissé pousser plus longue.
poussent pas aux endroits Je ligature toujours la branche
voulus pour le projet. Il greffée, car le fil soutient la
manque des branches sur une greffe et évite que les points de
partie du grand tronc de cet contact entre les cambiums ne
if. En 2009, on fait donc deux bougent de trop. Ainsi, la greffe
greffes par approche pour prend mieux et les bourrelets
résoudre le problème. cicatriciels sont moins visibles.
Ce genre de greffe est assez
facile à effectuer. Le greffon
restant toujours alimenté, on
obtient un taux de réussite
avoisinant les 100 %. Le greffon
est soit un jeune plant, soit,
9 Un deuxième rempotage est fait en 2016.
comme dans le cas présent,
Le pot était rempli de radicelles, signe d’une
bonne culture. une branche que l’on
Deux greffes par approche, des
autogreffes ici, permettent de
pallier un manque de branches.

 vite. Toute technique de fixation L’évolution des branches

est bonne : il faut pouvoir soulever
l’ensemble en le tenant par l’arbre
sans que celui-ci ne bouge dans le
pot. Si tel est le cas, on peut ajouter
le substrat en prenant soin de bien
le faire entrer dans toutes les cavités
de la motte à l’aide des baguettes.
Ce premier travail sur les racines
n’a pas été trop important : pas de
grosses racines à tailler ni à plier pour
qu’elles entrent dans le pot. L’arbre
continuera à se développer dans
ce pot pendant cinq ou six ans.
Au cours de ces sept années de travail,
l’objectif, pour construire la ramification,
était de donner beaucoup de vigueur
à l’if, car il ne possédait que quelques
pousses faibles et aucune branche
principale. C’est un travail assez difficile,
car il faut réussir à obtenir des branches
suffisamment grosses, d’une bonne
longueur sans qu’elles soient trop
tubulaires, avec une belle conicité et des
changements de rythme. Pour cela, un
bon programme d’engrais et une gestion
de la taille ont fait que l’arbre a toujours
été travaillé en gagnant de la vigueur.
Après avoir cultivé l’arbre pour qu’il
produise de fortes pousses et pouvoir
créer les branches, l’étape suivante est
de revenir à des pousses plus petites et
délicates. Cela s’obtient essentiellement
par une sélection des bourgeons – on
supprime les bourgeons forts – et une
taille en vert des jeunes pousses.
Désaiguillage, sélection des bourgeons et
pincement (mekiri) sont les trois 

62 - EspritBonsaï ‘87’
A La végétation en 2008.
Mars 2012. Nouvelle mise en forme
pour que l’arbre continue à pousser
correctement et pour bien positionner
les branches. En effet, l’arbre étant
vigoureux, les branches tendent à
pousser vers le haut. La cime de
l’arbre n’est pas encore travaillée.
Octobre 2012. L’arbre a récupéré
le volume de feuillage enlevé
au printemps. La croissance
est si forte qu’il faut retirer la
ligature, car elle commence
à marquer les branches.
B 2009. L’arbre commence à prendre de la puissance.
On supprime les branches ne
poussant pas au bon endroit
et on désaiguille pour que l’if
émette beaucoup de nouveaux
bourgeons arrière, ce qui facilitera
le travail de ramification.
C 2012, la masse foliaire augmente et les branches poussent avec
vigueur. À ce stade, il est urgent d’aérer la végétation par une taille et
des ligatures, sinon l’arbre perdrait ses bourgeons intérieurs.
Contrôler la vigueur
de l’arbre dans les
années à venir est
très important, car
si la pousse est trop
forte, les branches
deviendront trop
grosses. Si tel était
Pour que les branches gardent une le cas, il faudrait
position correcte, on pose de nouvelles les couper et en
ligatures. En automne, il convient recommencer la
de ne pas couper trop de branches, construction.
car cela affaiblirait l’arbre pour le
démarrage au printemps suivant.
EspritBonsaï ‘87’ - 63
 Du côté
des conifères
1 2008. Le bois mort à gauche
doit être travaillé.
4 Création d’un jin : juste … et un an après.
avant sa création en 2008…
6 2009. Vient le moment du sablage :
il convient de protéger le feuillage lors de
cette étape.
 techniques principales pour
contrôler la croissance de l’arbre. Bien
entendu, la bonne gestion de l’engrais et
de l’arrosage est également nécessaire.
Le travail du bois mort
Les bois morts sont travaillés de sorte
qu’ils évolueront au fil du temps. Le bois
doit pouvoir se fissurer et blanchir sous
l’action du soleil, les insectes xylophages
nous aideront également à faire
évoluer ces bois. Pour ces raisons, il est
préférable de ne pas utiliser de liquide
à jin, voire d’attendre quelques années
avant d’en mettre sur des bois qui se
64 - EspritBonsaï ‘87’
3 On passe une brosse électrique
en nylon pour lisser les fibres du bois.
2 On dégrossit
au ciseau à bois.
5 Création d’un jin : juste avant … et un an après.
sa création en 2008…
dégraderaient trop vite. Pour
cet if, au bois très dur, il n’est
pas nécessaire d’utiliser du
liquide à jin, car le bois devient
très vite gris argenté, ce qui lui
donne un aspect très naturel.
L’objectif est que les parties
de bois morts travaillées se
confondent par leur aspect,
texture et couleur avec
les parties de bois morts
déjà existantes, sans que
l’on puisse voir les traces
des interventions. Tous les
bois sont travaillés avec
seulement un maillet et un 7 Octobre 2013. L’if est exposé pour la
vieux ciseau à bois, mal affûté, car première fois, seulement sept ans après le
début du travail, accompagné d’un bois mort
ainsi il ne laissera pas de traces de provenant du même arbre. Hauteur : 90 cm.
coupes. Puis, on passe une brosse
métallique et une brosse en nylon
électriques avec de l’eau afin de lisser
un peu les fibres du bois qui auraient pu L’arbre est exposé pour la première
ressortir sous l’effet du ciseau à bois. fois en 2013. Il reste cependant encore
Pour finir, un sablage nettoie les jolies beaucoup de travail pour qu’il puisse
parties existantes sans les dégrader, exprimer toute la puissance (tronc,
mais également creuse et use un peu bois) et la délicatesse (ramification,
les parties fraîchement travaillées. feuillage) propres à l’espèce. 
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EspritBonsaï ‘87’ - 65
Imaginer
un arbre différent

Un pin noir féminin

© MICHÈLE CORBIHAN

Le pin noir de Mario Komsta affiche une belle élégance féminine, inattendue pour l’espèce.

66 - EspritBonsaï ‘87’
Imaginer un arbre différent
L’objet de cette rubrique est d’analyser les choix faits par l’artiste
en essayant d’autres options. De démontrer la pertinence des
choix faits et d’apprendre à admirer…
Ce pin noir est original par son élégance
très féminine et le mouvement
dynamique donné par son placement
de branches.
Auteur : François Jeker
C e Pinus thunbergii est une
création de Mario Komsta, et
c’est Cindy Verstraeten qui en prend
soin aujourd’hui, avec l’aide éclairée
de Jean-Paul Polmans. Ce pin allie
élégance et énergie ; il contraste avec
les formes très machos généralement
données à cette espèce.
Un dynamisme inspiré
Le regard est d’abord attiré par la
base : bel enracinement, vieux bois
mort discret épousant la forme du
tronc, fort mouvement d’abord vers
la gauche, puis vers le haut après
une puissante rupture graphique.
Tout cela a été rendu parfaitement
lisible grâce au grand espace vide
créé à droite. Mario a fait le choix de
l’équilibre dynamique : le tronc étant
dirigé vers la gauche, il a positionné
une forte première branche du même
côté, tout en plaçant sa branche
d’équilibre très haut à droite.
À remarquer aussi la densité de la
végétation à droite et une silhouette
en dent de scie à gauche, avec des
espaces vides séparant nettement
les différentes branches.
À noter, enfin, la discrète, mais
fondamentale branche de
profondeur à l’arrière du tronc, dont
la frêle silhouette se découpe dans
l’espace vide principal à droite.
© MICHÈLE CORBIHAN
Option 1 : 1 En plaçant la première branche
à droite, l’arbre devient trop stable.
première branche
à droite
En positionnant la première branche
à droite pour contrebalancer le
mouvement du tronc, l’arbre devient
statique, son dynamisme et son
élégance sont annihilés. Cette
branche à droite fait disparaître le bel
espace vide initial et vient parasiter
visuellement la base du tronc.
Option 2 :
sans les espaces vides
© MICHÈLE CORBIHAN
En comblant les espaces vides, l’arbre
commence à ressembler au design dans
lequel on confine souvent le pin noir,
une forme plus puissante et dense.
Les espaces vides de gauche 2 La féminité du pin s’estompe
accentuaient le mouvement sans les espaces vides.
du tronc, et en leur absence, la
silhouette de l’arbre s’en trouve
alourdie. Le contraste marqué entre
la silhouette à droite et celle de
gauche a complètement disparu.
Option 3 :
sans la branche
de profondeur
La toute petite branche de profondeur
montre ici son importance : l’arbre
est plat et l’espace vide de droite
devient trop prééminent et brise
© MICHÈLE CORBIHAN
l’harmonie générale de ce bonsaï. 
3 L’arbre devient plat sans
la branche de profondeur.
EspritBonsaï ‘87’ - 67
Des pots
et des potiers
Le céramiste gallois
Daniel Butler produit
une grande variété
de pots et de styles :
« J'adore modeler à
la main, de manière
organique, mais j’aime
aussi le challenge
des pots délicats et
raffinés », confie-t-il.

Daniel Butler
“Il y a toujours de la
place pour la créativité”
Daniel Butler, 35 ans, vit et travaille à Swansea,
au sud du Pays de Galles. Passionné de
bonsaï, ce brillant céramiste façonne des pots
résolument modernes, aux lignes souvent
épurées, toujours élégantes, et aux couleurs
parfois excentriques.
Propos recueillis par Anne Royer
Photos : Daniel Butler
Esprit Bonsaï - Comment êtes-vous
devenu spécialiste de pots à bonsaïs?
Daniel Butler - J’ai toujours été fasciné
par l’horticulture et plus particulièrement
la culture des arbres, que j’ai pratiquée avec
passion dès le plus jeune âge. J’ai commen-
cé le bonsaï parce que nombre de mes
arbres grandissaient ! Je m’intéressais aussi
à l’art : je faisais beaucoup de sculpture et de
tournage sur bois. Le bonsaï semblait réunir
toutes mes passions.

68 - EspritBonsaï ‘87’
 Daniel a utilisé du verre pour donner sa texture à cette
pièce excentrique, et des oxydes pour obtenir ces
couleurs explosives. Dimensions : 23 x 10 x 2,5 cm.

Ce paysage de montagne, appliqué à la main, est

devenu l’un des motifs préférés de Daniel. « Chaque
pot est différent, dit-il. C’est encore une opportunité
pour être créatif. » Dimensions : 18 x 18 x 12,5 cm.

Pot cannelé pour

plantes d’accent,
modelé à la main
et agrémenté d’un
émail à base de Plusieurs couches d’émaux ont été
baryum. Dimensions : nécessaires pour obtenir ce joli mélange mat
7,5 x 7,5 x 4 cm. de brun et de bleu. Dimensions : 8 x 8 x 5 cm.

Mon parcours de céramiste a commencé
très exactement en 2001, lorsque j’ai com-
mencé un cursus de beaux-arts et céra-
mique à l’Université du Pays de Galles Tri-
nity Saint David. J’ai beaucoup appris sur la
fabrication des moules, la coulée en barbo-
tine, les formules de terre et d’émaux ou les
diverses techniques de cuisson, qui me sont
d’un grand secours à chaque fois que je
développe un nouveau travail. Les Beaux-
Arts m’ont permis d’acquérir d’autres
compétences, en plus de la céramique,
que j’ai d’abord utilisées pour des sculp-
tures et des installations.
J’ai aussi commencé à fabriquer des pots
montés à la plaque. Mes premiers pots à
bonsaï étaient bien sûr bourrés de défauts,
à bien des égards. Le moment où j’ai rejoint
un groupe local de bonsaï, Dragon Bonsai,
basé à Ammanford, à une demi-heure de
Swansea, a marqué un tournant décisif. Le
regard des membres sur ce qui marche ou
pas, sur le drainage, les trous pour les fils,
les couleurs des émaux ou le design des
pots a été et reste une inépuisable source
d’orientation et d’analyse critique.
Au final, la céramique pour bonsaï sem-
blait m’offrir la voie tant recherchée, celle
qui me permet de produire des objets
avec une raison d’être. On collabore très
souvent avec d’autres et il y a toujours de
la place pour la créativité. Et je travaille sur
une gamme qui va de la taille d’un grain de
riz à des pots de près de deux mètres, pour
les plantations de forêts. Cela rend certaine-
ment les choses très intéressantes.
E. B. - Comment créez-vous un nou-
veau design?
D. B. - La façon dont je travaille varie telle-
ment, ça dépend de nombreux facteurs.
Je suis toujours en train de développer de
nouvelles idées, ou de peaufiner d’anciens
modèles. Ces dernières années, j’ai déve-
loppé quelques formes qui sont devenues
des standards. Ces modèles sont souvent
fabriqués au tour de potier, et dès que j’ai
un jour devant moi, j’essaie de fabriquer
toute une fournée d’un même design.
J’utilise aussi beaucoup les techniques
basiques de fabrication à la main. Je
fabrique de nombreux pots pour plantes
d’accent simplement avec la technique du
bol pincé. C’est la façon la plus élémentaire
de modeler un pot ou un récipient, mais elle
offre en même temps une telle marge de
manœuvre, avec vos mains pour seul outil…
Le design tend plus vers un processus orga-
nique, qui opère au fil du travail. La plupart du
temps, j’ai fait un croquis ou un dessin, des
mois, voire des années avant de finalement
le fabriquer en argile. Je vais continuer à le
transformer et à le retravailler, en le peau-
finant à chaque fois, jusqu’à ce que je sois
content de la forme. Enfin, je peux appliquer
un ou deux émaux et terminer la pièce. 

EspritBonsaï ‘87’ - 69
 Des pots
et des potiers
Ce pot peu profond est un autre classique de la production de Daniel :
« J'ai tendance à vernir les plus petits avec des émaux satinés ou
craquelés, tandis que j’applique sur les plus grands des oxydes ou
des formules d’émaux très secs. » Dimensions : 24 x 24 x 6 cm.
E. B. - À l’inverse, en quoi est-ce intéres-
sant de répondre à des commandes ?
D. B. - Les commandes sont un peu plus
difficiles, car les clients dirigent votre tra-
vail, le plus souvent. Ils ont leurs attentes,
leurs idées, et vous devez comprendre leur
vision. D’un autre côté, les commandes me
poussent aussi à imaginer des émaux et des
formes auxquelles je n’aurais peut-être pas
pensé. Elles sont un bon catalyseur créatif,
qui se nourrit souvent du travail que je déve-
loppe par ailleurs.
E. B. - Quelles sont vos sources d’ins-
piration ?
D. B. - Je trouve toujours des choses inté-
ressantes, naturelles ou fabriquées par
l’homme, je suis toujours en train de ramas-
ser des pierres, des morceaux de métal
rouillé ou des bouts de bois. Le paysage
gallois est étonnamment varié et accidenté,
avec une histoire riche et une géologie inté-
ressante. Difficile de ne pas être influencé…
Les formations rocheuses en bord de mer,
par exemple, sont tout à fait spectaculaires
et ont influencé les pots sculptés que j’ai
créés l’année dernière. La texture et la cou-
leur patinée des pierres dans les vallées
et les carrières, les petites mares d’eau de
pluie accumulée dans les rochers, les cou-
leurs vibrantes des mousses et des petites
plantes qui s’installent dans de minuscules
fissures, contrastant avec la surface rude
70 - EspritBonsaï ‘87’
Un émail discret
noir s’écoule
sur un émail
crémeux semi-
Daniel travaille chez lui, dans un petit abri
mat. Dimensions :
de jardin. Il dispose également d’un vaste
28 x 28 x 8 cm.
atelier pour fabriquer les grands pots, sécher
les pièces et stocker l’argile et les pots.
et maussade… Ces images, je les porte en peut fabriquer un pot pour plante d’ac-
moi, elles influencent ma céramique et les cent sans aucun outil et dans un temps
émaux que j’utilise. relativement court. Comme je travaille en
Une autre grande influence, ce sont bien journée à l’université – je m’occupe de la
sûr les arbres que nous utilisons localement découpe au laser et au jet d’eau abrasif –
pour le bonsaï. Nous avons beaucoup de ma production de céramique se concentre
mélèzes, de prunelliers, d’aubépines, de surtout sur les soirées et les week-ends.
chênes et de bouleaux. Ces arbres, et l’his- Si je suis libre pendant tout un week-end et
toire qu’ils racontent en tant que bonsaï, que la météo est de mon côté, je vais plutôt
influencent mes idées pour la céramique. utiliser le tour de potier. Je peux tenir un bon
Beaucoup d’artistes du bonsaï adhèrent à rythme et produire une grande quantité de
cette envie de créer des images alterna- travail le samedi. Le dimanche, je retourne
tives en termes de style et dans la manière les pots, j’ajoute les pieds et je fais les trous
d’exposer, ce qui permet pour le drainage et les
aux potiers de saupoudrer fils. Si je dispose de
quelques grains de folie. quelques soirées dans
Bien sûr, il y a toujours de la la semaine, je roule et
place pour les formes clas- coupe des plaques un
siques et les émaux raffinés, soir, je les assemble un
que j’aime aussi travailler et autre soir. Je peaufine
développer. En fonction et j’ajoute les pieds un
de mon humeur, je peux peu plus tard encore.
ainsi m’intéresser aux deux À chaque étape, j’enve-
extrémités du spectre. loppe le pot dans un sac,
pour qu’il sèche lente-
E. B. - Quelles techniques ment entre les étapes.
préférez-vous utiliser ? Dans tous les cas, le
D. B. - Cela dépend en géné- séchage lent et soigné
ral du temps dont je dis- est un must pour les
pose. Préparer, construire grosses pièces, et il me
Ligne volcanique pour ce
et sécher un grand pot pot pour plantes d'accent permet aussi de pro-
monté par plaques demande à l’émail noir pierreux. duire entre les moments
du temps, tandis qu’on Dimensions : 4 x 4 x 7,5 cm. en famille.

« Je teste beaucoup les émaux, les nouvelles couleurs et les finitions de surface.
J’essaie aussi de combiner chaque nouvel émail avec celui que je possède déjà.
Bien souvent, les surfaces les plus enthousiasmantes sont celles qui comptent
plusieurs couches et combinent différents émaux», observe Daniel.
E. B. - Pourquoi aimez-vous tant tra-
vailler sur les pots pour plantes d’ac-
cent ?
D. B. - On peut s’amuser avec eux et tes-
ter des choses en miniature. Vous pouvez
vouslâcheretvousensortiravecdesmotifs
et des couleurs qui ne seraient pas accep-
tables pour un pot à bonsaï. C’est une res-
piration agréable dans la fabrication de pots
auxstylesplusformelsetstructurés.J’utilise
aussicespotscommedeuxièmeétapepour
tester les émaux. J’ai souvent une sélection
de pièces prêtes pour le vernissage, dans
une large gamme d’argiles. Elles me per-
mettent de voir comment l’émail réagit sur
les différentes terres, sur les formes et les
textures, avant de l’appliquer sur de grands
pots.
E. B. - Qu’aimez-vous le plus dans la
céramique ?
D. B. - Travailler sur une pièce et la voir deve-
nir ce que vous aviez imaginé… C’est une
expérience formidable. Prendre un mor-
ceau d’argile pour lui donner une forme et
un volume m’inspire toujours autant. Mais
ce moment où l’on ouvre le four rempli de
pièces vernies, ce moment pour lequel tous
les potiers vivent… Des mois de dur labeur
L'aspect entaillé et
la combinaison de
couleurs sable et
cuivre donnent un
style primitif à ce
pot. Dimensions :
12,5 x 11,5 x 4 cm.
Volcanique émail noir sur un vernis
rouge brillant pour ce pot d'accent.
Dimensions : 10 x 8 x 6,5 cm.
En pratique
Daniel Butler
E-mail : danielbutler@mail.com
Page Facebook :
www.facebook.com/woodandclaybonsai
dans la balance, et tout dépend de cette
dernière étape. Quelques degrés de plus
ou de moins peuvent faire la différence
entre la perfection et la catastrophe. Nous
sommes tous à la recherche de cette cuis-
son parfaite. Tous les efforts du céramiste
se retrouvent dans ce moment qui nous fait
envie - la forme, l’émail et la cuisson.
E. B. - Quel est votre prochain projet
ou rêve de potier ?
D. B. - J’ai toujours beaucoup de projets
et de rêves. Je prépare une série de pots
massifs, que j’aimerais présenter pendant
l’exposition Bonsai Europa (NDLR : à Bury,
près de Manchester) à la fin de l’année, par
exemple. Des choses m’ont échappé dans le
Étonnant pot cascade jaune, avec ses
passé – cet insaisissable émail qui me hante, pieds sculptés et son émail craquelé
j’y suis presque, mais il me glisse des doigts à semi-mat. Dimensions : 23 x 23 x 30,5 cm.
chaque essai. Il y a toujours des améliora-
tions et des découvertes à faire, toujours
des choses à apprendre et des objectifs à vais aussi peaufiner mes formes classiques,
atteindre. Bien souvent, c’est seulement les rectangles et les ovales en particulier,
en fabriquant et en testant qu’on comprend car j’ai quelques émaux qui fonctionnent
quel sera le prochain grand projet. vraiment bien sur les grandes surfaces. Si
Cette année, je vais me concentrer sur ces je trouve le temps, un ou deux moulages
grands pots sculpturaux qui combinent de shohin seraient la cerise sur le gâteau.
céramique et fer forgé, et que j’ai relégués À long terme, bien sûr, j’adorerais pouvoir
au second plan depuis un certain temps. Je vivre ma passion à temps plein. 
EspritBonsaï ‘87’ - 71
À côté
des bonsaïs

Rempotez
les hostas
Seul ou dans une
composition, l’hosta
reste beau toute la saison
végétative et offre une
large diversité de feuillage.
Rempotez-le au printemps,
pour le multiplier ou lui
faire de la place.
Auteur : Xavier Dreux

mauves ou violettes, assez pérennes et

parfois parfumées.
Grand classique des plantes d’accent
ou des kusamono, l’hosta se maintient très
Les hostas sont bien en pot. Plante d’ombre par excellence,
à rempoter au certains hostas se plaisent néanmoins au

L
printemps, tel que cet
Hosta sp. ‘Lakeside
Baby Face’, cultivar
hosta, plante vivace, occupe
de petite taille aux une place de choix dans les
feuilles panachées. jardins, mais aussi dans les
collections des amateurs de
bonsaïs et de kusamono. Au fil du temps,
de nombreuses variétés et cultivars sont
apparus, offrant une grande diversité dans
les tailles et les couleurs. Le rempotage a
pour objet de tailler les racines, changer
de substrat, multiplier la plante, créer un
nouveau groupe de plants…
Les feuilles des hostas peuvent être
très grandes à minuscules. Les couleurs
varient du vert profond au blanc, en pas-
sant par toutes les combinaisons possibles
de panachés : vert, blanc pur, crème, jaune
et même bleu. La dernière tendance est
le rouge, que l’on retrouve de façon plus
ou moins prononcée au niveau des tiges.
La floraison apporte des grappes de
fleurs en trompettes blanches, parmes,
soleil. Attention tout de même, en été, à
l’arrosage, mais aussi aux brûlures du feuil-
lage, en particulier sur les feuilles les plus
claires.
Le substrat doit être frais et drainant :
un mélange akadama, vermiculite, pouzzo-
lane, terreau grossier et écorce compostée
convient bien. L’arrosage doit être impor-
tant, et même quotidien en été. Résistant
très bien au gel, même en pot, l’hosta est
facile à hiverner.
Pour bien rempoter
Le rempotage des hostas est simple, et
sans danger pour ces plantes résistantes. Il
peut se pratiquer au moment où les yeux
commencent à pousser, au début du prin-
temps. Il est également encore possible de
tailler les racines lorsque les feuilles ont
commencé à bien pousser, mais il ne fau-
dra pas manquer l’arrosage et mettre la
plante à l’ombre. 

72 - EspritBonsaï ‘87’
 3 Les racines,
blanches et charnues,
sont entremêlées et
peuvent se laver au
jet ou dans une
bassine d’eau. Chaque
œil à ses propres
racines, et les yeux
peuvent être
indépendants ou
1 Sortez la motte du pot de culture. 2 Enlevez le substrat de culture connectés entre eux
à l’aide d’un crochet. par un rhizome.

4 Une fois les racines bien dégagées, il est plus
facile de séparer les yeux en tirant délicatement sur
la pousse. Au besoin, on peut démêler les racines à
l’aide d’une baguette ou d’un crochet. Chaque
bourgeon peut donner une nouvelle plante.
5 Dans un but de multiplication, rempotez 6 Raccourcissez les racines avant de placer les
chaque œil dans un godet de 9 cm de profondeur plants dans le pot. Pour créer un kusamono, il est
au minimum. intéressant de grouper plusieurs plants.

7 Ce pot de Horst Heinzlreiter est assez grand et 8 Installez les plants d’hostas et ajoutez le substrat 9 Le rempotage terminé, il reste à arroser. Pour un
profond pour permettre un bon développement des préparé. Il ne doit pas y avoir de poche d’air : à l’aide kusamono plus présentable, ajoutez de la mousse
plants. Au fond du pot, une couche de drainage, et d’une baguette, introduisez les grains de substrats fine à la surface du substrat. Pensez à étiqueter le pot
des fils de ligature pour attacher les plants. entre les racines. du nom de la variété de l’hosta.

Astuces
Pour obtenir un kusamono plus mature, gardez une motte plus
compacte en supprimant seulement quelques yeux sur le pourtour.
La motte peut également être attachée au pot avec un fil de
ligature, comme pour les bonsaïs : maintien en place et meilleur
enracinement.
Un peu de sphaigne
hachée en surface et
une belle mousse pour
une finition parfaite.

Un peu de
mousse en
surface pour
10 Après deux ans de culture dans le pot, les yeux se sont bien l’esthétique.
multipliés : l’hosta prend de la maturité et les feuilles se nanifient.

EspritBonsaï ‘87’ - 73
Ikebana
Sogetsu

 « En vertu des grands principes et des grands sentiments ! »

écrivait Guy Béart. L’ikebana s’appuie sur des principes, auxquels
se mêle l’émotion de celui qui crée la composition.

Des principes
aux sentiments Auteur :
Soazic Le Franc

 Charme n° 1
Deux pique-fleurs pour ces lignes plongeantes, avec un
effet de surlignage encadrant le réseau de branchettes.
Triomphe des narcisses alignés en opposition à l’entrelacs
du bois. Composition de Catherine Mercier, Asphodelinh.
 Charme n° 2
Interprétation plus classique sur un seul pique -fleurs pour un
faisceau de charme et point focal des jolies tulipes bicolores.
Composition d’Anne-Marie Samuel, Asphodelinh.

L’art de l’ikebana comporte de
grands principes que l’on s’efforcera de respecter
dans leur ensemble : les principes des écoles, édic-
tés par leur Iemoto, sont complétés par les maîtres
qui distillent leur savoir-faire et leurs émotions en
vertu des grands sentiments.
L’école Sogetsu a deux pôles de référence : le Ka-
densho de Sofu Teshigahara, le fondateur de l’école,
qui renferme là son testament floral en cinquante
règles intellectuelles et techniques – « C’est avec un
esprit calme et pur que l’on fait un bon arrangement
(…) On doit respecter les fleurs sans hésiter à en éli-
miner » – et le manuel des cours de son fils Hiroshi,
beaucoup plus technique et qui est régulièrement
actualisé. Chaque maître Sogetsu se doit de posséder
ces manuels (traduits en français) et d’en faire ses
livres de chevet !
De grands sentiments
En étudiant de près les principes de Sofu, on se
rend compte qu’ils sont universels et inhérents à toute
pratique de l’art dont découleront les techniques ap-
pliquées que nous nous efforcerons de respecter pour
montrer notre appartenance à l’école.

74 - EspritBonsaï ‘87’
 Ligne brisée-lignes courbes n° 3
Alliance d’un rosier en fruits avec le pliage des rubans de cannes des anges
(Dierama). Ces dernières sont bien intégrées à la branche, c’est une réussite en
rouge très agréable à regarder. Composition de Béatrice Piot, Asphodelinh.

Des sujets de cours  Lignes brisées-lignes courbes n° 4

• Charme
Le but de ce cours était de
travailler le bois de charme
vivant et sans feuilles, en lignes
tendant vers l’horizontalité,
allié aux fleurs de la saison.
• Ligne brisée, lignes courbes
Association de lignes brisées
non réalistes avec des lignes
courbes naturelles. L’opposition
est un principe de l’ikebana,
mais cette opposition, lignes
brisées - lignes courbes, est
difficile, car les végétaux en
présence doivent s’interpénétrer
sans multiplication d’effets.
On peut espérer l’obtenir
par l’observation et le choix
minutieux des éléments.
Courbes naturelles des agapanthes
défleuries associées aux lignes brisées des
papyrus. Cette composition est très, ou
trop, graphique. Toutefois, la similitude des
lignes à plumets et des deux chrysanthèmes
d’or atténue la multiplication des effets de
cette composition moderne. Composition
de Michèle Robert, Asphodelinh

Toute symbolique étant écartée de ces grands prin-
cipes, en dehors de la trilogie ciel-homme-terre, et
puisquenousappartenonsaumondeoccidental,c’est
en vertu des grands sentiments que nous jouerons
avec les saisons, les matières, les végétaux, notre
vécu, notre histoire, notre humeur du moment pour
nous exprimer à travers nos bouquets.
Dans mes choix de cours, je présente toujours les
grandes lignes de la composition, d’ailleurs l’emploi
d’un titre facilite la compréhension du sujet. Les vé-
gétaux ne sont pas toujours fournis : chacun doit
les choisir en fonction de ce qu’il a perçu du cours.
Certains excellent à ce jeu, pour d’autres, c’est plus
difficile, alors le sujet sera calqué sur celui du maître,
au grand bonheur de celui qui le reproduit !
La liberté de créer
Lorsque les végétaux sont fournis, et afin de laisser
à chacun la possibilité d’exercer sa créativité, je cache
parfois le sujet, déclenchant aussitôt une certaine in-
quiétude auprès de ceux qui pensent avoir moins de
créativité. C’est, en quelque sorte, les pousser dans
leurs retranchements. Si leur porte s’ouvre, arrive
la liberté de créer et le gain est total pour l’élève et
le maître.
Notre vie, florale en particulier, ne se suffit pas des
grands principes que nous devons respecter pour une
harmonisation globale. Nous, Occidentaux, Latins
qui plus est, nous nourrissons volontiers de grands
sentiments : c’est par eux que nous affinons notre
démarche artistique. Une activité comme l’ikebana
sera soit un rendez-vous plaisant, soit une passion,
selon ses possibilités. 

EspritBonsaï ‘87’ - 75
Ikebana
Ohara

 Dans le jardin, la glycine séduit par ses belles grappes de

fleurs généreuses et son parfum enivrant. Dans les compositions
d’ikebana, la glycine s’avère tout aussi charmante.

 Féerie de

Les ondoyantes
glycines blanches
à Madère.

glycines
Auteur : Marcel Vrignaud
Originaire de Chine ou du
Japon, la glycine, magnifique plante grimpante, est
appréciée pour ses belles grappes de fleurs et son
odeur enivrante. L’ikebana s’en est emparé pour ses
compositions.
Le nom de genre de la glycine, Wisteria, est un
hommage au Docteur Gaspar Wistar (1761-1818), un
anatomiste de l’Université de Pennsylvanie.
Les glycines proviennent aujourd’hui des États-
Unis, du Japon et de Chine, où on leur voue une
attention toute particulière.
En Chine, un certain nombre de plantes, dont la
glycine, sont placées de façon à recevoir un maximum
d’éclairement lunaire, car ce rayonnement est réputé
soigner, guérir et protéger.
Wisteria sinensis, l’espèce la plus connue, est la
glycine de Chine, largement diffusée en Europe oc-
cidentale. Wisteria floribunda, ou glycine horticole,
est également très fréquente. Les grappes des fleurs
peuvent être roses, blanches, mauves, violettes ou
bleutées, permettant de créer des harmonies de cou-
leurs très douces.
Les glycines ont une croissance vigoureuse. Ainsi,
un jeune sujet peut voir sa croissance annuelle dé-

76 - EspritBonsaï ‘87’
  Amour
passion
Camélia
et piéris.

passer le mètre dans des conditions optimales. De

même, il est courant d’apercevoir dans les jardins
des temples japonais des sujets âgés atteignant des
 Salutations
volumesimpressionnants.Certainssujetscentenaires
Lis et fougère.
sont mentionnés en Angleterre et en Chine.

Une exigence amoureuse

Dans son livre Légendes des fleurs – Éditions du
Mont, 2006 – Michel Lis, qui fut le jardinier des ondes
sur France Inter, raconte avec truculence les légendes
de trente-trois fleurs, dont celle de la glycine.
« Sa force est incroyable – ses lianes peuvent tordre
des grilles de fer et abattre des piliers de pierre – les
amoureux s’en sont vite emparés. La glycine est de-
venue le symbole d’une « exigence » : « Je réclame
ton amour ».
Son nom est tiré d’un mot grec qui évoque la sua-  Rencontre
vité de son parfum. La glycine peut aussi délivrer un printanière
message plus cruel du genre « Tu me céderas, de gré Azalée
ou de force ». Pour ce faire, on utilise uniquement la japonaise,
variétéàfleursviolettes,lesbranchesétantréservéesà fleurs et
feuilles d'iris
l’expression d’une amitié exclusive. Le peintre Claude panaché.
Monet et le poète Edmond Rostand ont contribué
à rendre la glycine très populaire dans nos jardins.
Le Nôtre, le jardinier du Roi Soleil, dont les armoi- le langage des fleurs, la glycine s’offre au cœur d’une
riesarboraientfièrement« troislimaçons »,introduisit personne que l’on souhaite conquérir. Forte de ses
quelques pieds de glycine à Versailles, rapportés de lianes qui s’entrelacent, elle réclame une étreinte éro-
Chine lors d’une expédition en 1687. Il faudra cepen- tique, un amour intense.
dant attendre Colette qui parle du « Lac Mauve » et Le parfum de la fleur de glycine est puissant et sa
Paul Claudel qui écrit « Les cent lianes d’une glycine fragrance est très utilisée en parfumerie. Elle intègre
extravagante se lacent, s’entremêlent, se nouent » la composition d’un grand nombre de parfums, toutes
pour qu’elle apparaisse dans la littérature. marques confondues.
Le nom chinois de la glycine est "zi tang", la plante
rampante couleur de lilas. Jadis, on se servait de ses « Par la haute porte-fenêtre,
graines pour empêcher le vin de se gâter, mais aussi Mystérieusement, alors
pour le rendre meilleur. » Une des branches du dehors,
Comme un geste vivant pénètre. (…)
Des lianes puissantes Un divin poison m’assassine !
La glycine est ainsi symbole de la tendresse et de Et je doute, en le chérissant,
l’amitié. Avec ses lianes puissantes, elle est associée Si de ma glycine il descend
à la confiance. Les Grecs et les Romains croyaient Ou s’il monte de mon Racine. »
que la glycine protégeait le bonheur conjugal. Dans Edmond Rostand, extraits de La Glycine, 

EspritBonsaï ‘87’ - 77
Club et
passionnés
Bonsaï Val de Boutonne
est un de ces petits
clubs où il fait bon faire
du bonsaï. L’ambiance
familiale qui y règne
tient sans doute au
couple à l’origine du
club, il y a dix-huit ans.
Texte : Cinthya Arenas
Photos : Françoise et Gérard Arnault
Parmi les clubs
atypiques, celui de Saint-Jean-d’An-
gély (17), Bonsaï Val de Boutonne,
est mené par un couple fusionnel.
Nous ne pouvions donc que les
rencontrer… à deux ! Mariés depuis
52 ans, Françoise et Gérard Arnault
ont créé ce club en 1999 et l’ont bap-
tisé du nom de la rivière qui arrose
78 - EspritBonsaï ‘87’
 Association de Saint-Jean-d’Angély, le Bonsaï Val de Boutonne est un petit club très
actif. Il organise un festival d’azalées tous les trois ans, à l’Abbaye royale en 2015.
BONSAÏ VAL DE BOUTONNE
“Nous nous considérons
comme une famille”
les berges de la commune. Gérard
en est le président et Françoise la
secrétaire.
L’histoire du club est aussi une
histoire d’amitié, et celle d’un groupe
de personnes amoureuses de la
nature à la recherche d’une struc-
ture qui leur correspondrait. Il n’y a
pas de hasard dans la vie, mais des

L’ambiance rendez-vous dit-on…
familiale est Ces amoureux de la nature le
un fil rouge de sont des arbres, mais également des
l’association,
et se retrouve
oiseaux. C’est ce qui réunissait les
dans les trois membres qui ont lancé le club :
journées de Gérard et Françoise Arnault ainsi
formation. que Jean-Jacques Goineau. « Notre
vétéran est en maison de retraite
aujourd’hui » regrette le couple.
Gérard Arnault, président de
l’association depuis sa création,
explique : « Après être resté deux
ans au club de Saintes, nous n’y
avons pas trouvé ce que nous cher-
chions. Connaissant bien le monde
associatif, nous avons décidé de for-
mer ce club. Nous avons été suivis
par la Mairie qui nous a attribué un
local, où nous nous réunissons une
fois par mois et dans lequel nous
avons tout notre matériel et une
bibliothèque ».
Puis, d’autres membres sont
venus les rejoindre.
Un esprit de famille
Aujourd’hui, Bonsaï Val de Bou-
tonne compte une douzaine de
personnes, de trente à soixante-
quinze ans, contre une vingtaine
de membres il y a peu, avec autant
d’hommes que de femmes. Gérard
Arnault déplore cette baisse de l’ef-
fectif depuis deux ans. Perdre des
adhérents est le lot de tous les clubs
et les raisons sont diverses. Dans
une petite ville comme Saint-Jean-
d’Angély, les raisons de santé et de
travail prédominent : « Ce que nous
regrettons le plus, c’est de ne pas
pouvoir garder les jeunes et ados,
nous sommes dans une petite ville
et beaucoup partent pour travailler
ou étudier. »
Pourtant, les jeunes sont entou-
rés et choyés au sein du club. Les
étudiants ont la première cotisa-

 Exposition régionale de la Fédération française de
bonsaï à l’Abbaye royale de Saint-Jean-d’Angély en
2014, avec des passages de niveaux de la fédération.
tion gratuite, des arbres peuvent
leur être donnés par des membres
passionnés qui placent le partage
avant tout.
Qu’est-ce que ce club a de par-
ticulier ? « Nous nous considérons
comme une famille. Nous fêtons
les anniversaires et les fêtes, les
galettes des rois… », répond Fran-
çoise Arnault.
Égalité pour tous
Gérard Arnault est N1 (niveau
de formation de la Fédération fran-
çaise de bonsaï) et forme les autres
membres à l’art du bonsaï. Néan-
moins, tout le monde au sein du
club est à égalité et a son mot à dire :
« Nous participons à toutes les for-
mations possibles, selon la région et
le budget… », nous explique la secré-
taire. « Nous faisons venir des forma-
teurs de la Fédération française de
bonsaï. Nous participons aux sélec-
tions tous les ans et au congrès natio-
nal, ce qui nous permet de voir des
professionnels. »
Concernant les réunions ? « Elles
se passent toujours de la même
façon : les membres apportent leurs
arbres selon la saison, nous prenons
place autour de la table et pendant
un quart d’heure nous partageons
les nouvelles. Puis, chacun donne
son avis sur les sorties ou les expos
prévues, et nous programmons qui
fait quoi. Ensuite, explique le pré-
sident, nous travaillons le temps qu’il
faut. Nous avons tout notre temps
puisque le local est à notre seule dis-
position ! Le bonsaï pour nous est
un état d’esprit et un moment de
détente et de découverte. La nature
est bien faite. »
Bonsaï Val de
Boutonne accueillait
le congrès de la
Fédération française
de bonsaï en
2007 à l’Abbaye
royale de Saint-
Jean-d’Angély.

Le congrès des
mame et shohin
Chaque membre du club
a ses préférences quant aux
essences d’arbres. Gérard
Arnault préfère les résineux,
les ormes, les érables et fait
des prélèvements dans les
vignes qu’il cultive : « Elles
donnent de bons résultats
avec de la patience. »
Françoise, quant à elle,
montre une préférence
pour les azalées  : «  J’ai
quand même des érables,
des genévriers. Pour des
raisons de transport, nous
nous mettons à faire des
mame et des shohin. » Les autres
membres du club ont plus de coni- En pratique
fères, mais aussi quelques feuillus Bonsaï du Val de Boutonne
comme les érables, les oliviers, les Adresse postale :
ormes… Gérard Arnault, président
« Nous avons déjà organisé une 18 Avenue Pasteur 17400 Saint Jean d’Angély
expo avec Walter Pall, explique Fran- Réunion : 1er samedi du mois en hiver. Puis
çoise Arnault, de même, le Congrès plusieurs fois par mois lors des travaux à
de la Fédération française de bonsaï effectuer sur les arbres, le samedi après midi.
en 2007, avec maître Hideo Suzuki. Rue de la biscuiterie ou parking Brossard
Nous avons fait plusieurs exposi- 17400 Saint-Jean-d’Angély.
tions régionales et les expositions Courriel : francoise.arnault3@orange.fr
spéciales azalées tous les trois ans
environ, plus les sélections pour les
congrès de la FFB. »
Le président parle de l’avenir :
« En 2017, nous organisons l’expo-
sition nationale des mame et shohin
de la FFB, les 9 et 10 septembre
dans les locaux historiques de l’Ab-
baye Royale. Un bien joli lieu pour
une telle exposition. Rendez-vous
les 9 et 10 pour le plaisir des yeux
et aussi pour aller à la rencontre de
 La venue de Hidéo Suzuki, entouré de Gérard Arnault,
cette belle famille de passionnés. président-fondateur du Bonsaï Val de Boutonne, à droite et Michel
Entre beauté et simplicité…  Augeix, a été un moment fort du congrès 2007 de la FFB.
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