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A.

les différentes théories du stress au travail

Le stress est une condition sine-qua-non à la survie de l'individu,


ce dernier y est très souvent confronté parfois sans même s'en
rendre compte. Il apparait par contre qu'il peut aussi être dangereux
; nous étudierons donc différentes théories à ce sujet.

1. Le modèle de Selye

Hans Selye est un des pionniers de l'étude du stress, il a élaboré


une théorie sur le syndrome général d'adaptation.

D'après Selye le stress « est la réponse non spécifique de


l'organisme à toute demande qui lui est faite. A cet effet les
réponses physiologiques provoquées par une demande de
l'environnement sont semblables et ce peu importe la nature de la
demande, d'où la notion de réponses non spécifiques » (Aubé
Caroline, Morin Estelle, p.147).

En somme après avoir subi une période de stress notre organisme


va chercher à retrouver un équilibre (ou homéostasie).

a) description du modèle

La théorie de Selye se décompose en trois phases majeures


décrites sur ce graphique : (figure 1)
Phase I : la phase d'alarme : il s'agit de la première phase après le
stress, ce que Selye décrit comme une phase « de mobilisation des
ressources hormonales », on constate durant cette phase que le
niveau de stress descend sous le niveau normal, tout simplement
car l'organisme réagit à l'agent stressant et va préparer une
réponse psychomotrice comme par exemple la fuite ou le combat.
L'agent stressant peut être de tout type (objet, personne animal,
évènement etc...), il va demander à la personne de s'adapter à cet
évènement, ce qui va la fragiliser et la rendre vulnérable.

Durant cette première phase la personne est particulièrement


exposée, mais une réponse de l'organisme va lui permettre de
reprendre le dessus, ce qui nous emmène à la seconde phase.

Phase II : La phase d'adaptation ou de résistance au stress : Durant


cette phase les résistances de la personne vont passer largement
au dessus du seuil normal, c'est un phénomène de compensation.
L'individu résiste à l'agent stressant, cette phase va dépendre de la
durée d'exposition à l'agent stressant ainsi que de la capacité
individuelle de résistance. La personne qui reste dans cette phase
maitrise son sujet mais perd de l'énergie, ce qui contribue à l'usure
de l'organisme.

Phase III : La phase d'épuisement : il s'agit du moment à partir


duquel les ressources biologiques et psychologiques deviennent
insuffisantes. Le niveau de résistance de l'individu tombe
inexorablement sous le seuil normal. Cette phase à lieu lorsque
l'agent stressant persiste par sa durée ainsi que par son intensité et
que la personne s'obstine à y faire face. L'individu doit puiser une
énergie considérable dans ses réserves profondes pour y faire face
et s'en suit des dommages irréparables tel que la dépression ou
différentes maladies psychosomatiques, cette étape peut conduire
jusqu'à la mort à partir du moment ou toutes les réserves sont
épuisées.

b) Conclusion

D'après Selye le stress est toutefois nécessaire il s'agit même d'un


agent capital dans la motivation, le développement ainsi que le
changement. Ce modèle met en évidence les différentes étapes qui
mènent à la situation irréversible, le stress avant d'être une maladie
est une réponse à un stimulus qui permet à l'individu de se
surpasser. Cette analyse à souvent été mal interprétée, tout du
moins déformée, on a eu tendance à penser que le stress est une
condition capitale, que la mise sous tension des salariés est un
facteur de performance économique.

Cette théorie reste critiquable car elle suppose une réponse à un


stimulus précis et ne prend pas en compte les éléments relatifs aux
relations entre les individus eux mêmes. Ce modèle est plus adapté
à une vision du travail dans lequel la souffrance est avant tout
physique. Aujourd'hui les choses ont évolué et nous sommes plus
dans une souffrance psychologique qu'une souffrance physique.

E STRESS : DEFINITIONS ET MESURES

Comment définir le stress ?

o La conception classique physiologique du stress


o La conception actuelle biopsychosociale

Comment mesurer le stress ?

o Les mesures du stress objectif


o Les mesures du stress subjectif

Bien que le terme « stress » soit, sans doute, un des mots les plus employés dans
le monde, ce concept très galvaudé semble assez flou. Sa définition actuelle et
ses méthodes de mesures sont parfois mal connues.

COMMENT DEFINIR LE STRESS ?

Dérivé du latin « stringere » (étreindre, serrer) ce mot anglo-saxon utilisé en


physique pour désigner une contrainte, est surtout employé en physiologie, en
médecine, en psychologie de la santé : il définit ici un état d’émotion, d’anxiété
et de détresse éprouvé dans des situations de tension, d’incertitude, d’événement
inattendu.

Nous retiendrons ici les deux conceptions essentielles du stress utilisées en


psychologie de la santé : la conception physiologique et la conception
biopsychosociale.
La conception classique physiologique du stress

En 1927, W.B Cannon développe la première théorie du stress qu’il définit


comme une réaction physiologique liée aux émotions et visant à rétablir
l’homéostasie. Pour lui, la réponse au stress fait partie d’un système unifié
corps/esprit dans lequel l’excitation physiologique et l’expérience émotionnelle
sont concomitantes , donnant lieu à un modèle de réaction comportementale
appelé « fight or flight » (fuir ou combattre).

Dès 1946, Hans Selye, à l’université Mac Gill de Montréal, va faire du stress un
concept majeur à la fois en médecine et en psychologie. Il décrit une série de
réactions biologiques et physiologiques survenant sous l’effet de divers facteurs
de stress : mise en jeu de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien entraînant la
sécrétion de cortisol, stimulation de la médullosurrénale responsable d’une
sécrétion d’adrénaline, activation du système nerveux sympathique entraînant de
multiples réactions viscérales.

H. Selye conclut alors que toutes ces manifestations hormonales et


neurologiques sont des indices objectifs de la réponse du corps au stress et il
définit le stress comme « la réponse non spécifique de l’organisme à toute
demande d’adaptation qui lui est faite ».

En 1956, Selye désigne cette réponse globale sous le terme de « syndrome


général d’adaptation » dont il distingue trois phases : la phase d’alarme ou
phase de choc, la phase de résistance et la phase d’épuisement.

En 1974, afin de ne pas donner au stress un sens univoque, Selye distingue


« l’eustress », qui s’accompagne d’agrément et de bien-être, et le « distress »,
désagréable, insupportable et qui se traduit souvent par un sentiment de détresse.
La psychologie de la santé s’intéresse essentiellement au « distress » qui, par ses
effets négatifs, a des répercussions sur la santé en particulier par l’intermédiaire
des facteurs de risque.

Cette théorie du stress met ainsi l’accent sur le caractère non spécifique de la
réaction exercée sur l’organisme, indépendante de l’agent stresseur. Il s’agit
d’un modèle biologique fondé sur le schéma stimulus-réponse.

La conception actuelle biopsychosociale

Dès la fin des années 70, Les travaux développés en psychobiologie et en


psychologie de la santé ont abandonné le modèle physiologique dans sa
conception linéaire et uniciste.
Dans un premier temps, des travaux ont montré que les réactions au stress sont
modulées selon l’importance des facteurs émotionnels ; c’est ainsi que le stress
a été envisagé comme un processus multifactoriel définissant un système
d’interdépendance entre des composantes affectives, cognitives, sensorielles,
endocriniennes, comportementales et sociales. Au modèle biologique linéaire se
substitue donc un modèle plus complexe et dynamique qui privilégie le rôle des
interactions entre une multiplicité de facteurs pour expliquer l’impact d’un
événement stressant sur l’organisme.

Dans cette perspective, le stress a été défini, en 1984 par Lazarus et


Folkman comme « une transaction entre la personne et l’environnement dans
laquelle la situation est évaluée comme débordant les ressources d’un individu et
pouvant mettre en danger son bien-être » L’individu est donc considéré comme
un acteur qui peut moduler l’impact des agents-stresseurs par des stratégies
cognitives, émotionnelles et comportementales.

Cette conception a dégagé la notion de stress perçu. Alors que le


stress objectif est considéré à partir des stresseurs externes, définis comme des
facteurs déclenchants, le stress perçu est lié à l’évaluation qu’en fait chacun en
tant que menace ou défi pour lui- même. Ce qui est stressant, c’est « la
discordance ressentie entre les ressources existantes et perçues comme
insuffisantes et les contraintes de la situation ».

Le stress perçu est influencé par deux types de facteurs :

1. des facteurs personnels qui peuvent être cognitifs, motivationnels ou


dispositionnels (affectivité positive, internalité, anxiété, dépression)
2. des facteurs situationnels (imprévisibilité, ambiguïté, incontrôlabilité)

Les sources du stress sont multiples : individuelles (maladie, handicap),


familiales, professionnelles (relations hiérarchiques, type de profession),
sociales (conditions de vie, niveau socioéconomique, ethnie)

En dégageant les diverses composantes cognitives et émotionnelles du stress,


l’approche biopsychosociale met l’accent sur le fait que l’évaluation
subjective est plus importante que les faits objectifs.

COMMENT MESURER LE STRESS ?

En parallèle à l’évolution de la définition du stress qui est passé d’un modèle


biologique uniciste à un modèle biopsychosocial holistique, les mesures du
stress ont progressivement évolué d’échelles objectives vers des échelles
subjectives.

Les mesures du stress objectif

Elles s’intéressent à trois situations :

1) Les événements de vie majeurs:

La première échelle de mesure et la plus connue, très utilisée car d’application


facile, est celle de Holmes et Rahe, fondée sur une liste des 43 événements de
vie les plus fréquemment rencontrés. Il en existe d’autres, telle celle de
« l’Inventaire des expériences de vie » de Cochrane et Robertson, qui auto-
évalue 55 événements de gravité standard.

Face aux problèmes méthodologiques rencontrés par ces différentes méthodes


de mesure, d’autres échelles ont été construites pour mesurer le stress lié aux
événements mineurs et celui lié au rôle social de l’individu.

2) Les événements mineurs liés aux soucis de la vie quotidienne:

Lazarus et Folkman ont montré que les soucis ou tracas de la vie quotidienne
sont source de stress par la nécessité de transactions permanentes de l’individu
avec son environnement. Partant de cette constatation, en 1981, Kanner a mis
au point « l’échelle des soucis quotidiens » après avoir montré une corrélation
forte entre tracas de la vie quotidienne et symptômes psychologiques. Cette
échelle a par ailleurs une meilleure valeur prédictive sur la santé que celles
utilisant les événements de vie majeurs.

3) Les tensions liées aux rôles sociaux des individus:

L’échelle construite par Pearlin et Lieberman en 1979 repose sur l’hypothèse


que la plupart des difficultés rencontrées par les individus sont avant tout liées à
quatre rôles sociaux, sources de stress chronique : le rôle de conjoint, le rôle de
parent, le rôle de gestionnaire, le rôle social. Selon ces auteurs le score total de
tension a un caractère prédictif de la survenue de divers symptômes
psychologiques et somatiques ultérieurs.

Ces mesures quantifient un stress objectif qui ne tient pas compte du


retentissement particulier d’un événement sur une personne donnée. C’est ainsi
que sont nées d’autres échelles mesurant l’impact subjectif des événements de
vie.
Les mesures du stress subjectif

Elles reposent sur l’idée que dans une situation stressante, l’évaluation qu’on en
fait, la manière de la ressentir, sont plus importantes que l’événement lui-
même.Ces mesures sont centrées sur la notion de stress perçu.

Ces échelles qui portent sur diverses situations stressantes de la


vie (hospitalisation, traitements de pathologies graves, contrainte liées aux
taches professionnelles) ont permis ainsi de montrer que c’est le stress perçu
qui constitue un élément prédictif de soucis de santé, ce d’autant qu’il existe
un faible soutien social et un faible contrôle perçu. Dans ce sens, le stress perçu
est un facteur plus prédictif que le stress « réel ».

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