Chapitre I :
INFILTRATION DES EAUX A TRAVERS LES FONDATIONS ET PAR
CONTOURNEMENT DES OUVRAGES HYDROTECHNIQUES
I.1-Infiltration à travers des fondations non rocheuses des ouvrages hydrotechniques
I.1.1-Définitions :
On comprend par infiltration le déplacement d’un liquide ou un gaz dans un milieu poreux
ou fissurés (rocheux). Le milieu occupé par le courant d’infiltration est appelé zone
d’infiltration.
Selon le caractère de l’écoulement l’infiltration peut être permanent ou non permanent.
Dans notre cas nous considérons uniquement l’écoulement souterrain permanent non
uniforme.
L’écoulement souterrain prend naissance d’une différence d’énergie entre deux sections
contigües
La caractéristique essentielle des milieux non rocheux c’est la perméabilité. Elle constitue
une grandeur intrinsèque au milieu. L’indice de perméabilité ou coefficient de perméabilité
K dépend de paramètres physiques tels que (température, pression…..etc.). On appelle ce
terme comme la conductivité hydraulique du milieu qui représente le rapport entre la
perméabilité du milieu et la viscosité du fluide (l’eau).
k
K (II.1)
Avec = , :poids volumique du fluide , : viscosité du fluide dans les pores , k :
perméabilité intrinsèque ,
L’écoulement souterrain est en charge étant donné que la surface libre de la nappe n’existe
pas (voir figure I.3).
Légende :
La théorie de calcul des problèmes d’infiltration est basée sur la détermination des paramètres
suivants :
a) Direction de l’écoulement
b) Vitesse de l’écoulement
c) Pression de l’écoulement
d) Gradient de pression (hydraulique)
Les paramètres d’infiltration sont déterminés facilement si on possède une information sur le
réseau hydrodynamique. Pour cela, il existe des méthodes : analytiques, numérique, graphiques
ou bien combinées pour la détermination des paramètres d’infiltration.
Hypothèse N°3 : L’écoulement permanent en régime laminaire régie par la loi de DARCY
(1856) :
V= -K .I (II.6)
autrement dit :
V Kgrad (II.7)
: Potentiel hydraulique ( = z+ P/)
Hypothèse N°4 : L’écoulement est plan défini dans un repère XOY . La loi de Darcy s’écrit
sous sa forme différentielle comme suit :
h h
Vx K et Vy K (II.8)
x y
Vx Vy
Condition de continuité : 0 (II.9)
x y
2h 2h
0 (II.10)
x 2 y 2
Autrement dit :
div(V) 0 div(Kgrad) =0 (II.11)
I.7.1- Méthode d’analogie électrique : C’est une méthode qui permet de résoudre le problème
d’infiltration en domaine bidimensionnel (2D) ou tridimensionnel (3D). Le principe repose sur
l’analogie électrique { savoir le courant électrique et l’infiltration de l’eau dans milieu poreux
(voir tableau). Parmi les méthodes les plus utilisés est la méthode d’analogie électrique dont le
principe est basé sur le pont de WHEATSTONE (1843) : Le pont est composé de R1 et R2
résistance connues, R3 d’une résistance variable avec précision, Rx résistance inconnue et d’un
galvanomètre (appareil mesurant l’intensité des courants). Selon le théorème de MILLMAN (loi
des nœuds), en équilibrage du Pont :
a) Pression de l’eau
b) Gradient hydraulique
c) Vitesse d’infiltration
d) Débit d’infiltration
D’après Bligh considère que la ligne d’écoulement souterrain préférentielle correspond à la ligne
de contact terrain-maçonnerie et terrain-parafouille ou palplanche. Il définit une longueur réelles
déployée pour laquelle il n’y ait pas d’affouillement { condition que :
L r L c.d (II.12)
Remarque :
A partir d’une analyse sur deux cents ouvrages, E.W LANE(1935) estime qu’il ne faut pas
accorder la même importance aux cheminements horizontaux LH et verticaux Lv d’infiltration. Il
considère alors, qu’un chemin vertical offre plus de résistance qu’un chemin horizontal.
1
Lr L v LH C'H (II14)
3
C’: coefficient de LANE qui dépend de la nature du sol de fondation
Dans cette méthode, il est primordial alors de distinguer les problèmes d’infiltration
suivants :
T'ac Tr T'c = Tr
I: (II.15)
T'ac Tr T'c = T'ac
Le calcul du gradient de sortie : T’’ac = 2T’ac (II.16)
T''ac Tr T''c = Tr
II : (II.17)
T''ac Tr T''c = T''ac
On considère dans le calcul des débits, que la profondeur de calcul T’’’C correspond à la
profondeur réelle Tr. Les pertes de charge hi sont réparties entres les éléments du contour
souterrain proportionnellement égales à la valeur des coefficients de résistances i . L’ensemble
des résistances sont calculées par l’abaque de Chugaev (annexe).
H
hi .ip (II.18)
i
H
Icont Iadm (II.19)
.T 'c
Selon Noumerov, le gradient maximal de sortie peut être exprimé par l’expression :
H 1
Ismax . (II.20)
T"1 . "
où :
2
T"
1 2 (Pour s=0) (II.21)
T"1
H
q K.
''' (II.22)
C’est une méthode de Bligh améliorée par Chugaev qui permet de construire l’épure des
sous pressions sur chaque fragment du contour souterrain : entrée, sortie et sur la longueur du
contour souterrain.
La sous pression est calculé selon la profondeur T’C en utilisant la notion de longueur
virtuelle déterminée par la relation (figure) :
2. e
he = (II.24)
e s L rd
2. s
hs = (II.25)
e s L rd
Remarque :
Pour plus de précision, les pertes de charge à l’entrée et à la sortie peuvent être corrigé par
un coefficient de correction comme suit :
A l’entrée :
h’e = e . he (II.26)
1/ 2
3 s T
avec : e sin( (4 1 2 )
4 T1
A la sortie :
h’s = s . hs (II.27)
1/ 2
3 s T
avec : s sin( (4 1 2 )
4 T1
Figure I.7 : Principe de détermination de l’épure des sous pressions par la méthode du contour allongé
(combinée).
Dans cette méthode on ne tient compte que des pertes de charges { l’entrée et à la sortie du
radier (figure). La longueur minimale admissible du contour est égale :
H
min
Ladm 0,88T 'moy (II.28)
Iadm
Le calcul pour ce type de sol est basé sur un procédé artificiel qui consiste à substituer le
problème d’un sol homogène anisotrope par un sol homogène isotrope équivalent, en
introduisant le coefficient d’altération définie par :
KV KV
a avec la condition que : 0,1< 1 (II.29)
KH KH
Le calcul dans ce cas est basé sur l’obtention d’un schéma équivalent qui repose sur deux
principes fondamentaux de conservation de masse permettant de déterminer la perméabilité
effective :
d’où :
n
Ce système est basé sur le principe de calcul d’une situation analogue à un sol anisotrope
caractérisé par deux composantes de perméabilité KH et KV. Par la suite, le calcul est effectué
conformément { la méthodologie d’infiltration dans un sol homogène anisotrope.
Composante verticale :
n
K1K 2 di
i 1
KV= (II.35)
d 2 K1 d1K 2 d 3K1....................... d n K n
Composante horizontale :
d 2 K1 d1K 2 d3K1....................... d n K n
KH= (II.36)
d 2 d1 d3....................... d n
II.11. Déformation des fondations sous l’action de l’écoulement des eaux d’infiltrations
I.11 .1- Détermination des déformations du sol sous l’action d’un écoulement souterrain
a) Erosion mécanique
Le gradient admissible aux sols de non affouillements (non affouiables) (I)adm dépend
essentiellement du coefficient d’homogénéité (d’uniformité ou coefficient de HAZEN ) défini par
le rapport :
d 60
= . (II.37)
d10
dy: diamètre des particules, de masse inférieure de y % par rapport à la masse totale du sol
de l’échantillon étudié.
Les sols sujets d’affouillement sont protégés contre l’érosion mécanique par des filtres
inversés qui permettent d’avoir la condition d’un gradient de sortie est inferieur au gradient
admissible :
(I s) < (I r)adm (II.38)
L’absence d’un affouillement dans un sol est conditionnée par le critère ci-après:
où :
do max : diamètre maximum du conduit d’infiltration (c'est-à-dire diamètre des pores) dans le sol.
n
avec : do max = 0,445 6 ( 1+ 0,05 ) ( ) d17 (II.40)
1 n
d17 : diamètre des particules, inférieures aux quelles forment respectivement 17% de la masse du
sol.
Si domax > d min, le sol est considéré affouillable cela signifie que l’écoulement souterrain
entraîne toutes les particules de diamètre domax et la vitesse d écoulement est supérieure à la
vitesse critique. Cette dernière est donnée par l’expression de Patrachev ,
.g
Vcr = o dc ( ) K (II.41)
où :
s
o = 0,6 ( - 1) * Sin ( 30° + ) avec * = 0,82 - 0,18 n + 0,0062 ( - 5)
w 8
(II.40).
s : Poids volumique du sol tf/m3, γ w : Poids de l’eau tf/m3 ;dc : diamètre des grains entraînés (
cm) ; g: accélération de la pesanteur (cm/s2).
b) Soulèvement hydraulique :
cr w - s ) >0
WF = (Ish (II.43)
Sachant que :
d
h d (1 ) et s (II.44)
(1 n)
Le gradient peut être exprimé par :
h
cr
Ish (1 n) (II.45)
w
Pour des sables fins de diamètre médian d50 des particules varie de 0,07- 0,2. Le gradient prend
l’expression suivante :
h
cr .[
Ish (1 n)] (II.46)
w
: coefficient de correction variant de 0,90 à 0,95.
h : poids volumique du sol humide (kgf/m3)
w : poids volumique de l’eau (kgf/m3)
Ishcr
adm
Le gradient admissible peut être estimé à : Ish (II.47)
n sh
nsh : coefficient de sécurité dépendant de la durabilité de l’ouvrage. Le soulèvement a non lieu si la
condition suivante est satisfaite :
m Iadm
Ish (II.48)
sh
I sh
m : gradient moyen de l’écoulement souterrain sur la voie verticale d’infiltration égal { :
hp '
Ishm (II.49)
s'
h’p : sous pression d’infiltration { la pointe du rideau de la palplanche ou le mur de parafouille.
S’ : profondeur du rideau de palplanche ou de parafouille
Il s’agit d’envisager des mesures constructives afin de réduire les risques de formation d’un
renard notamment par la réduction des valeurs du gradient hydraulique en donnant des fiches
suffisantes dans le sol aux plaplanches, ou bien par la protection du bief amont par un avant
radier imperméable.
Au bief aval, il est indispensable de prévoir des filtres aux endroits d’émergence avec une
granulométrie des matériaux judicieusement choisis. Les filtres sont constitués de couches
successives de matériaux perméables, de granulométries de plus en plus fines (inversement pour
le filtre inversé).
Lorsque le filtre est entouré d’un drain perforé (collecteur), les trous de ce drain ne doivent pas
dépasser une dimension limite donnée par la relation :
d85 Filtre
dmax (drain) = (II.52)
2
Le drainage c’est un dispositif qui permet le captage et l’évacuation des eaux d’infiltration
ce qui permet la diminution et l’atténuation des effets des sous pressions dans les limites
de la partie imperméable du radier.
Pour la construction du drainage, on utilise les sables grossiers, les galets et leurs mélanges
et aussi le béton poreux et parfois les matériaux fibreux.
Dans le cas de la (Figure I.11 a), le dispositif de drainage sous la risberme permet
l’émergence sans danger du courant d’infiltration en aval.
Drainage
Le drainage sous le bassin de dissipation (Figure I.11 b) permet outre l’évacuation partielle
des eaux d’infiltration la diminution des sous pression sous cet élément.
Le drainage disposé sous le radier du barrage (Figure I.11. c) remplit les mêmes fonctions que
celui du bassin de dissipation.
Il est possible de disposer une galerie de drainage en fin d’avant radier (Figure I.11. d).
I.11.3 Palplanches
Conclusion
Les drainages disposés sous les parties imperméables du radier doivent être reliés entre
eux et l’évacuation des eaux d’infiltration doit s’effectuer sans obstacle.
L’introduction des rideaux de palplanches dans un contour souterrain aboutit à
l’augmentation du chemin d’infiltration et par conséquent { diminution du gradient hydraulique.
La résistance du sol { l’infiltration augmente et les sous pressions après les palplanches
diminuent. (C’est-à-dire sous les parties imperméables)
Un contour souterrain peut contenir un, deux ou plusieurs rideaux de palplanches. Deux ou
plusieurs rideaux de palplanches sont prévus seulement dans des cas exceptionnels et pour des
fondations convenables.
Il existe trois (03) schémas de dispositions de rideaux de palplanches : au début et à la fin
de l’avant radier { la fin du radier. Le schéma avec rideau de palplanches en fin du radier n’est pas
recommander. Le schéma optimal est celui de la disposition de rideau de palplanche à la fin de
l’avant radier (début du radier)