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Sommaire
Sommaire .......................................................................................................................................................................... 1
Introduction ..................................................................................................................................................................... 2
1. La société du savoir et la gestion des connaissances ............................................................................. 2
1.1 La société du savoir ............................................................................................................................................. 2
1.2 L’économie du savoir et la gestion des connaissances ............................................................................. 3
2. Qu’est-ce que la gestion des connaissances?.............................................................................................. 4
3. L’organisation apprenante.................................................................................................................................. 6
3.1 Capital de connaissances et de compétences .............................................................................................. 8
3.2 Connaissances explicites et tacites ................................................................................................................. 8
3.3 Les connaissances et les compétences......................................................................................................... 10
4. Objectifs et méthodes de la gestion des connaissances ..................................................................... 12
4.1 Quatre grands objectifs de la gestion des connaissances ...................................................................... 12
4.2 Processus cadre d’implantation de la gestion des connaissances ...................................................... 13
4.3 Méthodes de formalisation de l’expérience, de modélisation et d’aide à la décision ................... 15
4 Outils et technologies ......................................................................................................................................... 17
5.1 Une pyramide technologique orientée vers la GC .................................................................................... 18
5.2 Les technologies sémantiques pour l’intégration des données ........................................................... 19
Conclusion...................................................................................................................................................................... 21
Introduction
Ce texte d’introduction à la gestion des connaissances vise d’abord à situer ce domaine dans
le contexte d’une société et d’une économie du savoir. On met en évidence différents points
de vue sur la gestion des connaissances dans les organisations en lien avec la notion
d’organisation apprenante. Nous terminons par deux sections, l’une sur les objectifs et les
méthodes de la gestion des connaissances et l’autre sur les outils et les technologies.
1
Cette section est une adaptation du chapitre 1 du livre Paquette, G. (2002). L’ingénierie pédagogique – pour
construire l’apprentissage en réseau. Québec, Canada : PUQ.
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et l’accessibilité de celles-ci sur les réseaux d’’Internet, les travailleurs du savoir deviennent
des apprenants, de façon continue, tout au long de leur vie 2.
Ils consomment des informations provenant de moins en moins des réseaux institutionnels
de formation et de plus en plus d’Internet et de la télévision, lesquels convergent de plus en
plus vers un unique hypermédia interactif et communiquant. On demande ainsi à chaque
travailleur du savoir de choisir et d’intégrer des informations de sources diverses en un
ensemble cohérent et utile pour le travail ou la vie en société. En fait, on demande à chacun
de développer, avec un minimum d’aide, des habiletés et des connaissances de plus haut
niveau que par le passé, lesquelles lui permettront de choisir les bonnes informations, puis
de les transformer, de les utiliser et de les communiquer.
Se rend-on vraiment compte des exigences que cela pose? Non seulement la quantité des
informations et des connaissances disponibles croissent-elles très rapidement, mais elles
exigent, pour séparer les connaissances fiables et utiles des autres, l’usage de connaissances
et d’habiletés supérieures auxquelles les méthodes de formation traditionnelles nous ont
peu préparé par le passé. C’est ici qu’interviennent les technologies de l’information et
surtout celles de la connaissance : les technologies sémantiques.
2
Les Anglo-Saxons utilisent le terme life-long learning pour décrire ce phénomène.
3
Voir Drucker, P. F. (1992). Managing for the future : The 1990s and beyond. New York : Truman Talley
Books/Dutton.
4
ForeSight 2020 – Economic, industry and corporate trends (http://www.polia-consulting.com/Foresight-2020.html,
p. 93 et p. 87 citée en partie dans Prax, J.-Y. (2007). Le Manuel du Knowledge Management – mettre en réseau les
hommes et les savoirs pour créer de la valeur (2e éd.). Paris : Dunod, p. 20.
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management) est reconnue comme le défi majeur pour les 15 prochaines années en regard
des tendances lourdes de l’économie mondiale : mondialisation, atomisation des sources
d’information et d’expertise, personnalisation des produits et des services.
Par ailleurs, cette étude montre qu’aux yeux des managers de tous les pays, les rôles les plus
valorisés comme source d’avantage compétitif sont ceux qui requièrent un usage complexe
de connaissances, ouvert sur l’extérieur (62 %) ou l’intérieur (28 %) de l’entreprise, ainsi
que l’usage de compétences et d’habiletés de communication et de jugement.
Comme le soulignait il y a quelques années le Conseil supérieur de l’éducation du Québec :
« Un accent particulier doit dorénavant être placé sur les capacités cogni tives
supérieures (aptitude au raisonnement, à la résolution de problèmes et à la
planification des actions) et les habiletés sociales (autonomie, capacité de
communication et de collaboration). Ces habiletés vont d’ailleurs dans le sens des
compétences attendues des travailleurs et travailleuses par suite de l’impact des
NTIC sur la nature des emplois. »
C’est au soutien à ces connaissances et à compétences de plus haut niveau que s’adressent
les technologies du web sémantique ou « technologies sémantiques », éléments
incontournables de la gestion des connaissances.
5
Prax, J. Y. (2007). Le Manuel du Knowledge Management – mettre en réseau les hommes et les savoirs pour créer
de la valeur (2e éd.). Paris : Dunod., p. 22-24.
6
Nous traiterons plus à fond cette question dans le texte « Modélisation pour la gestion des connaissances ».
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au-delà du cycle d’accès, de traitement et d’utilisation des informations (en gris sur la
figure 1), présent dans toutes les organisations depuis toujours. Ce cycle de base amène à
enregistrer l’information dans des bases de documents ou de données. La GC y ajoute de
nouveaux processus (en bleu sur la figure 1) par lesquels l’information est transformée en
connaissances, lesquelles sont intégrées par le personnel sous forme de compétences
permettant à l’organisation d’améliorer la qualité de ses produits et de ses services,
augmentant ses avantages concurrentiels sur ses marchés.
On reconnaît que les tâches de production ont comme intrant l’information structurée,
mais, encore plus, les connaissances et des compétences du personnel. Celles-ci peuvent
être emmagasinées dans une base de connaissances (BC) en lien avec les sources
d’information. Pour ce faire, les informations doivent être transformées en connaissances
par les employés, puis représentées dans la BC. Inversement, les connaissances et les
compétences (modélisées ou tacites) sont extraites pour créer de nouvelles informations
qui peuvent être insérées dans les processus productifs.
Ces nouveaux processus « cognitifs » vont bien au-delà de la gestion informatisée des
documents ou des données organisationnelles. Ils visent notamment l’acquisition des
connaissances disponibles dans l’organisation auprès des personnes expertes qui les
possèdent, puis leur formalisation en savoirs disponibles collectivement7 . Ils visent
7
Les termes « savoir » et « connaissance » sont souvent utilisés comme synonymes. En anglais, les deux termes sont
d’ailleurs tous deux traduits par knowledge. Nous ferons cependant une distinction entre ces deux termes comme
entre les notions d’information et de connaissances. À l’instar des informations, mais contrairement aux
connaissances, nous définissons le savoir ou les savoirs comme externes aux individus. Mais contrairement aux
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également la réutilisation du savoir ainsi mis à la disposition du personnel à l’aide de
systèmes d’information, de formation et de soutien à la performance.
Bien que présents de façon informelle depuis toujours, la prise de conscience de
l’importance des processus de gestion des connaissances amène l’organisation à les
formaliser et surtout à les soutenir, notamment par une réingénierie des processus de
travail à l’aide de nouveaux outils technologiques. Le résultat est le développement des
savoirs et des savoir-faire, des principes, des méthodes, des modèles, et des stratégies dont
dispose l’entreprise pour faire face à la compétition.
La gestion des connaissances comporte des opérations au niveau individuel comme au
niveau organisationnel. On peut adopter un point de vue en fonction des documents et des
technologies de l’information, ou encore en fonction des ressources humaines.
Un point de vue « documents » se concentrera au niveau individuel sur les technologies
d’extraction et de mise à disposition des connaissances. Au niveau organisationnel on
misera sur la réingénierie des processus et des systèmes d’information de soutien au
travail.
On peut aussi adopter un point de vue « ressources humaines » en se concentrant sur les
méthodes de formation et de gestion des compétences des individus. Au niveau
organisationnel, on mettra en place des systèmes de communication, de soutien au travail
collaboratif et de communautés de pratique. Un véritable système de gestion des
connaissances englobe ces quatre dimensions.
3. L’organisation apprenante
On peut voir la gestion des connaissances dans les organisations comme un ensemble
d’interactions et d’échanges à l’intérieur de trois systèmes ou entre ces systèmes, soit le
personnel de l’organisation, l’organisation elle-même comme entité collective et
l’environnement externe constitué d’autres organisations et du contexte sociétal en général.
informations, le savoir ou les savoirs spécialisés se composent d’ensemble complexes d’informations triées, mises en
forme, structurées et interprétées, de façon à en obtenir une représentation cohérente et transmissible d’un domaine.
8
Source : Sveiby, K. E. (2001). A knowledge-based theory of the firm to guide in strategy formulation. Journal of
Intellectual Capital, 2(4), 344-358.
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Cette forme d’analyse nous fournit dix grands objectifs et autant de groupes d’activités à
considérer lors de la mise en place d’une stratégie de gestion des connaissances dans une
organisation apprenante. Le tableau 1 les résume.
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Toutes ces activités de transfert se justifient par leur valeur ajoutée pour l’organisation,
pour son personnel et pour l’environnement externe.
Contrairement au transfert de produits, le transfert des connaissances ne produit
aucune perte dans le système.
Au contraire, celui qui transfère des connaissances les conserve, alors que celui qui
les reçoit les gagne; le partage des connaissances double les connaissances dans une
organisation.
Le travail d’équipe amène la cocréation des compétences au bénéfice de l’ensemble
des membres de l’équipe et de l’équipe elle-même.
Le partage des connaissances avec l’environnement externe peut être vu comme une
perte de compétitivité, mais aussi comme un gain de compétitivité et de capacité de
création et d’innovation.
9
Nonaka, I. et Takeuchi, H. (1995). The Knowledge-Creating Company. New York : Oxford University Press.
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Dans ses travaux, Nonaka montre que le développement des savoirs dans l’organisation est
fondé sur une dynamique de transfert entre les différents états de la connaissance. La
connaissance est prise comme unité de base pour expliquer le comportement de
l’organisation, laquelle est vue non pas seulement comme un système de « traitement » de
connaissances, mais aussi de création de connaissances. Le développement des savoirs dans
l’organisation implique des transitions entre les quatre états de la connaissance.
La transition du tacite vers le tacite est appelée socialisation. Elle représente
l’interaction des individus au sein d’un groupe. C’est un processus d’ajustement
mutuel à partir des connaissances tacites de chacun. Le transfert des connaissances
se fait par l’observation, consciente ou inconsciente, par l’imitation, par les échanges
en communautés de pratique par le partage d’expériences, sans le recours à
l’explication des connaissances dans des documents par exemple. On peut parler
aussi d’apprentissage implicite ou informel.
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sont donc difficiles à extraire si on veut les expliciter dans des documents ou une
formation.
La transition de l’explicite vers l’explicite est appelée combinaison. Du collectif à
l’individuel, on peut parler d’appropriation. De l’individuel au collectif on parle
d’extension. La combinaison, par l’intermédiaire d’un langage commun, autorise la
communication des connaissances explicites qui sont combinées, rapprochées pour
produire, par induction, déduction, hybridation, des connaissances nouvelles.
10
LeBoterf, G. (1999). L’ingénierie des compétences (2 e éd.). Paris : Éditions d’organisation, p. 38.
11
Paquette, G. (2002). Modélisation des connaissances et des compétences. Québec, Canada : PUQ, p. 187-188.
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l’exercice d’un rôle ou d’une tâche. Dans un profil de compétences d’une profession
comme celle d’infirmière, il s’agit de connaissances dans le domaine de la santé ou de
l’exercice de la profession. Dans un profil de compétences en réalisation multimédia, il
s’agit de connaissances propres aux techniques, aux intrants et aux produits de la
réalisation de logiciels multimédias. On peut décrire les connaissances d’une domaine
par des modèles de différents types : taxonomies, thésaurus, ontologies, etc.
b) D’une habileté générique décrivant les processus cognitifs que l’acteur doit pouvoir
appliquer aux connaissances du domaine d’application pour les percevoir, les
mémoriser, les assimiler, les analyser, les synthétiser, les évaluer, etc. On peut choisir
ces habiletés dans une taxonomie préétablie et en préciser le sens par un graphe
représentant un processus cognitif. Une habileté est décrite généralement par un verbe
d’action. Dans le domaine médical, une habileté pourra être « établir un diagnostic »,
« établir un diagnostic exhaustif », ou « établir un diagnostic dans une situation
d’urgence ». Dans chaque cas, l’habileté générique peut s’appliquer à divers domaines de
connaissances tels que « une fracture du crâne » ou « la naissance d’un enfant ».
c) De critères de performance permettant de préciser les attentes et le contexte quant à
l’application de l’habileté aux connaissances. Dans les exemples qui précèdent, le mot
« exhaustif » est un critère de performance. On peut aussi demander que l’habileté soit
exercée avec supervision ou sans aide, dans des situations connues ou nouvelles, dans
tous les cas ou dans certains cas, etc.
La figure 4 présente une partie d’un profil des compétences visées pour les futurs avocats
qui se préparent à l’examen du Barreau du Québec. Ce profil a été réalisé par une équipe
dirigée par l’auteur sur la base de la définition de la compétence qui précède.
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Les mots en caractère gras représentent la partie « habileté générique » de la compétence;
les mots soulignés représentent la partie « connaissances » du domaine juridique
(sélectionnées dans un modèle de connaissances ou une ontologie) et le reste de la phrase
décrit des critères de performance. Les autres colonnes visent à prioriser les compétences
et à déterminer un écart entre les compétences à l’entrée et les compétences visées. Le but
ici est d’orienter l’élaboration d’un programme de formation en vue de l’examen du
Barreau. Notons qu’un tel profil de compétences peut également être utilisé comme un
élément des processus de gestion des connaissances dans un cabinet juridique.
La notion de compétence présentée ici comporte un certain nombre d’hypothèses sous-
jacentes qui permettent de la situer dans le cadre des théories de l’action 12.
Les personnes dont on se propose de décrire les compétences ne sont pas de simples
opérateurs ou des facteurs à évaluer; ce sont des acteurs définis comme des individus
dotés d’intentions, situés dans un contexte cognitif et social.
Les compétences décrivent des activités spécifiées par une fonction, un rôle ou une
tâche particulière, qualifiées par le niveau d’excellence de la performance observée, et
validées par une sanction sociale.
Au cœur d’une compétence se trouve l’association entre les habiletés, vues comme des
processus cognitifs génériques, et un modèle regroupant des connaissances, évitant
ainsi une dissociation entre savoir et savoir-faire, ainsi que l’atomisation des
compétences.
Les habiletés peuvent alors être interprétées en tant que connaissances sur les
connaissances (ou métaconnaissances) qui permettent d’agir sur celles-ci de différentes
façons. On intègre alors les aspects cognitifs et métacognitifs nécessaires à l’action
humaine réfléchie.
Les compétences peuvent servir à l’évaluation des individus, mais les critères ne se
réduisent plus à des échelles graduées de comportements immédiats juxtaposés. On
peut s’en servir comme objectifs de développement des individus et de l’organisation et
non pas uniquement comme moyen de contrôle de comportements.
12
Bélisle, C. et Linard, M. (1996). Quelles nouvelles compétences des acteurs de la formation dans le contexte des
TIC? Éducation permanente, 127 (2), 19-47. Cet article regroupe sous le terme « théories de l’action », les travaux
en sciences cognitives d’auteurs =comme Vygotsky, Leontiev, Piaget, Searle, Bruner et Schank, pour n’en nommer
que quelques-uns.
13
Prax, J. Y. (2007). Le Manuel du Knowledge Management – mettre en réseau les hommes et les savoirs pour créer
de la valeur. Paris : Dunod, p.151.
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Optimiser les processus. Dans ce premier type d’objectif, on vise à optimiser les
processus d’affaire et de travail par la capitalisation et la réutilisation des savoirs et
des savoir-faire existants, par la diffusion des meilleures pratiques, par la réduction
des erreurs répétitives.
Aide à la décision en environnement complexe. Dans ce deuxième type d’objectif, l’aide
à la décision est soutenue par l’échange de sources multiples d’informations et de
points de vue, par l’écoute du client, par l’anticipation des besoins.
Valoriser le capital de compétences. Dans ce troisième type d’objectif, on valorise le
capital de compétences de l’organisation par la cartographie des experts et des
compétences appliquées à l’action.
Innover. Dans ce quatrième type d’objectif, l’innovation est stimulée par la création
d’un environnement qui favorise l’émergence d’idées nouvelles, leur capture, leur
validation, et leur transformation en projet industriel.
Par rapport au modèle de la firme et aux exemples de la section précédente, le premier et le
quatrième objectif concernent surtout à l’organisation interne de l’entreprise. Le second
objectif vise à optimiser les relations de l’organisation avec son environnement externe. Le
troisième objectif vise l’augmentation des savoirs, des knowledge assets de l’entreprise et
leur valorisation.
Pour atteindre ces objectifs, il faut gérer le capital de connaissances et les processus de
transition qui le font évoluer. Ce capital regroupe les connaissances sur le marché, les
produits, les méthodologies, les technologies. Ces actifs intangibles et leurs processus de
traitement doivent être identifiés, structurés, formalisés. On doit planifier et superviser les
actions qui permettront de développer ces actifs en fonction des objectifs poursuivis par
l’organisation.
14
Van der Spek, R. et de Hoog, R. (1995). A framework for a knowledge management methodology. Dans K. Wiig
(dir.), Knowledge management methods. Practical approaches to managing knowledge (p. 379-393). Arlington, TX :
Schema Press.
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La première étape, l’identification, vise à repérer, cartographier, les actifs intangibles de
l’organisation. Que contiennent-ils? Sous quelle forme? Quels sont leurs usages
possibles? Sont-ils accessibles? Avec quel degré d’effort?
La seconde étape, l’analyse, consiste à retracer des usages futurs de ces actifs
intangibles. Où peut-on les utiliser? Quels seraient les impacts de leur utilisation? Quelle
valeur ajoutée pour l’entreprise? Quels sont les obstacles actuels à leur utilisation?
La troisième étape, la planification, vise à établir un plan d’action pour l’utilisation des
actifs intangibles en les priorisant. Comment mettre en place un plan d’action? Comment
le superviser pour qu’il donne des résultats?
La dernière étape, la maintenance, consiste à évaluer si le plan d’action a produit les
résultats souhaités. Si oui, comment assurer la continuité et l’évolution des actifs
intangibles?
T. H Davenport15 propose un ensemble de principes et d’actions qui peuvent être intégrés
dans une telle démarche cadre, en fonction des objectifs poursuivis. Il souligne que si la
gestion des connaissances a un coût, l’ignorance coûte encore plus cher. Il met en évidence
quelques actions critiques telles que la capture des connaissances, leur sélection et leur
organisation, leur catégorisation à l’aide d’ontologies, l’adaptation des technologies de
l’information et de la communication pour la diffusion des connaissances, la formation des
employés à la création, au partage et à l’utilisation des connaissances. Il identifie quatre
grands principes qui peuvent guider la planification des initiatives de gestion des
connaissances.
1. La gestion des connaissances requiert une hybridation des personnes et de la technologie
Nous disposons d’ordinateurs de plus en plus en plus « intelligents », mais lorsque les
tâches deviennent complexes, la capacité des systèmes TI diminue et l’automatisation
demande plus d’efforts et requiert des coûts croissants. Les technologies libèrent les
personnes des tâches les plus automatiques, mais la solution de problèmes complexes
demande la mise en tandem des personnes et des outils logiciels.
2. La gestion des connaissances doit tenir compte des facteurs politiques
La connaissance est source de pouvoir et d’argent. Ce fait peut être un frein au partage
des connaissances, un frein qu’il faut surmonter par différents moyens : développer une
culture de partage, créer des communautés de pratique, récompenser le partage des
connaissances, se donner un politique claire au regard de la propriété intellectuelle.
3. La gestion des connaissances requiert des gestionnaires de la connaissance
L’organisation a besoin d’un groupe de personnes pour colliger, catégoriser, valoriser
les actifs intangibles et pour soutenir et superviser les processus de gestion des
connaissances. Dans certaines compagnies, on crée un poste exécutif de chief knowledge
officer sur le même pied que celui d’un chief financial officer. Dans d’autres, on
décentralise cette responsabilité dans des unités plus petites.
15
Davenport, T. H. et Prusak, L. (1998). Working knowledge : How organizations manage what they know. Boston,
MA : Harvard Business School Press.
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4. La gestion des connaissances implique d’améliorer les processus de travail en y intégrant
la gestion des connaissances
Prioriser d’abord les processus de travail à haute teneur cognitive, qui nécessite nt un
usage intensif des actifs intangibles, des connaissances les plus critiques de
l’organisation. Assurer la coordination entre les initiatives descendantes (top-down)
initiées par la direction, et celles initiées de la base de l’organisation.
16
Prax, J. Y. (2007). Le Manuel du Knowledge Management– mettre en réseau les hommes et les savoirs pour créer
de la valeur. Paris : Dunod, p.220.
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Prax classifie les méthodes de formalisation des connaissances en six catégories 17.
1. Méthodes visant à partager une connaissance tacite ou implicite contenue dans une
situation vécue ou dans l’exécution d’une action
Ces méthodes utilisent divers moyens : récits de situations vécues, socialisation dans
des communautés de pratique, jeux d’animation de groupe tels que le remue-
méninges (brainstorming), la carte cognitive (mindmapping), les jeux de rôles et
d’imitation, l’usage de métaphores. À titre d’exemple, une équipe du Centre LICEF de
la TÉLUQ a utilisé le logiciel de modélisation MOT pour l’explication des
connaissances tacites d’un expert (producteur). Celui-ci et un utilisateur (novice) ont
pour tâche de construire un modèle des connaissances de l’expert. Le processus de
construction implique l’extraction des connaissances de l’expert et un apprentissage
de la part du novice par le dialogue avec l’expert et la modélisation graphique des
connaissances.
2. Méthodes visant à créer une méta-mémoire ou une mémoire de la mémoire de
l’organisation
Ces méthodes ne capitalisent pas la mémoire elle-même, mais son repérage
« cartographique » par des métadonnées ou en utilisant une ontologie d’un domaine.
À titre d’exemple, un autre projet du Centre LICEF a consisté à construire une
ontologie des concepts (métiers, centrales, appareils, guides techniques, bons de
travail) traités dans les processus de travail d’une grande entreprise d’électricité. Ce
modèle des connaissances a ensuite été utilisé pour indexer les bases de données et
de documents de l’entreprise, fournissant ainsi un moyen d’interrogation intégrée
des informations, selon les termes de l’ontologie.
Une autre méthode consiste à construire un réseau social et cognitif, un réseau
sémantique dont les nœuds sont des personnes associées entre elles par des
relations (qui connaît qui) et aussi associées à un répertoire de compétences (qui
connaît quoi, qui peut faire quoi). Ce type de réseau peut être réalisé à l’aide des
technologies du web de données.
3. Typologie et structure des mémoires d’entreprise
Il s’agit ici de catégoriser et d’établir des associations avec les connaissances de
l’entreprise dans une mémoire à base de cas, ou dans une mémoire de projet, ou qui
regroupent les brevets de l’entreprise. On peut structurer la mémoire d’une
entreprise en neuf composantes en combinant le type de connaissances (déclarative,
procédurale, principes) et le niveau de traitement (individuel, collectif décentralisé,
collectif centralisé). Par rapport à cette typologie ou à une autre, sont référencés les
cas d’application, les documents de projet ou les brevets relatifs aux technologies de
l’entreprise.
17
La description détaillée de ces méthodes déborde du cadre de ce texte. Le lecteur est invité à consulter Prax, J. Y.
(2007). Le Manuel du Knowledge Management – mettre en réseau les hommes et les savoirs pour créer de la valeur.
Paris : Dunod, chapitre 9.
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4. Méthodes de capitalisation des retours d’expérience
Des méthodes telles que REX, MEREX, CYSMA, l’étalonnage (benchmarking),
l‘information mapping 18 partent de l’expérience terrain et remontent le cycle
d’abstraction présenté à la figure 6. Elles permettent une capitalisation ponctuelle
des connaissances d’un expert et l’échange des bonnes pratiques. À titre d’exemple,
la méthode REX est matérialisée par onze procédures détaillées soutenues par un
atelier de génie logiciel. Elle couvre toutes les étapes du cycle de la capitalisation de
l’expérience, depuis la capture (ou explicitation) des connaissances jusqu’à la mise à
disposition.
5. Méthodes de modélisation de l’entreprise partant d’une analyse systémique ou d’un flux
de connaissances appliquées au processus
Des méthodes comme MKSM, KADS et CommonKADS, KOD ou KALAM fournissent
des processus et des principes pour la modélisation des connaissances d’une
entreprise. À titre d’exemple, la méthode CommonKADS se présente sous la forme
d’un outil qui permet de construire cinq modèles : le modèle d’expertise par lequel
un expert trouve une solution à un problème (concepts du domaine, structure
d’inférences, modèle des tâches, stratégie de résolution); le modèle de l’organisation
dans laquelle le système sera utilisé; le modèle agent qui attribue l’exécution des
tâches à divers agents, le modèle communication qui décrit les interactions entre
agents; et le modèle de conception de l’implémentation informatique.
6. Méthodes d’aide à la décision basées sur des modèles logiques ou probabilistes
Ces méthodes codifient l’expertise d’un secteur de l’entreprise sous forme de
système à base de règles logiques ou de réseaux bayésiens, auxquels on fournit une
description factuelle d’une situation pour en déduire des recommandations pour la
prise de décision à l’aide d’un moteur d’inférence logique ou probabiliste.
4 Outils et technologies
Dans le domaine de l’informatique, les premiers systèmes traitaient uniquement les
données numériques. Ensuite, une seconde vague de systèmes s’est intéressée aux banques
d’informations permettant de mémoriser des faits et des associations entre ces faits. Au
cours des trois dernières décennies, une nouvelle vague de systèmes informatiques en sont
arrivé à traiter des connaissances de plus haut niveau : des principes et des règles de
décisions, des taxonomies, des théories, des processus et des méthodes mémorisés dans
l’ordinateur, aidant le travailleur du savoir à accomplir des tâches de façons plus
intelligentes.
Internet a subi une évolution parallèle. La première génération du web mettait à la
disposition des utilisateurs de l’information sous forme de données et d’information. La
seconde génération, celle du web social, multiplie les échanges entre personnes et
18
Pour une introduction à cette technique : Horn, R. (1974). Information mapping. Training in Business and
Industry, 11(3), 27-32. Consulté le 1er octobre 2013 :
http://www.stanford.edu/~rhorn/a/topic/stwrtng_infomap/artclInfoMappingTraining.pdf
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organisations, créant une masse d’informations encore plus importante que par le passé. La
troisième génération, celle du web sémantique sera l’objet principal de ce cours, elle
concerne directement la représentation, le traitement et la gestion des connaissances.
Sur un autre plan, l’écart dans les organisations entre le consommateur et le producteur de
connaissances s’amenuise. Tous sont un peu producteur et un peu utilisateur, ou plutôt, les
deux à la fois. La réduction du coût des appareils et des connexions en réseau, la
disponibilité d’outils logiciels plus faciles d’utilisation et plus puissants que par le passé font
que l’utilisateur prend part, d’une manière sans cesse plus active, au processus de
production. Les connaissances de l’utilisateur-producteur, ses idées et l’information dont il
dispose imprègnent toujours davantage les produits informationnels qu’il utilise et qu’il
peut rendre disponibles à d’autres personnes. La communication du savoir est immédiate et
sans frontières. Il est donc possible d’obtenir presque immédiatement des informations, des
opinions, des solutions sur une foule de sujets. Les nouvelles technologies du savoir ont
donc un effet de démocratisation intrinsèque. La difficulté consiste à choisir ce qui est
vraiment utile dans la masse des informations disponible.
C’est à cet objectif que s’adressent les outils et les infrastructures de soutien à la gestion des
connaissances.
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Sur cette base technologique reposent les bases de données, de documents
(regroupant les informations) et de connaissances. La présence d’une base de
connaissances caractérise les systèmes de gestion des connaissances. Elle sera en
général interfacée avec les autres bases pour assurer ce qu’on appelle le
« référencement sémantique » des données et des documents. L’ensemble de ces
bases de données, de documents et de connaissances constituent la « mémoire de
l’organisation ».
Les couches suivantes regroupent une variété d’outils qui alimentent la mémoire de
l’organisation ou qui l’exploitent pour la réutilisation des informations et des
connaissances. Les outils de modélisation servent à formaliser les connaissances de
l’organisation sous la forme de typologies, de thésaurus, d’ontologies ou de scénarios
de travail ou de formation, créant ainsi une base des connaissances de l’organisation.
Les outils de forage de données et les outils d’analyse de documents ont pour but
d’extraire automatiquement des concepts et des données liées qui pourront servir à
la modélisation des connaissances.
Les outils de formation et d’aide à la collaboration ont pour but de soutenir les
individus, les groupes et les communautés de pratique dans l’acquisition des
connaissances et des compétences, ainsi que les échanges de connaissances au
moyen de la socialisation. On y retrouve notamment les outils de collaboration du
web 2.0 et les outils de formation en ligne.
Les outils d’aide à la décision ont pour but de rendre disponible la mémoire de
l’organisation aux personnes et aux groupes dans la réalisation de leurs tâches
professionnelles.
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Plusieurs solutions ont été proposées ou appliquées ces dernières années avec des succès
divers pour répondre en partie à ce besoin, tels que les portails « d’intelligence d’affaires »,
le MDM (master data management), le big data et les architectures orientées services. Ces
dernières en particulier ont permis de comprendre que l’intégration des sources
d’information devrait se faire au niveau des données elles-mêmes et non de l’échange de
services entre les applications. Pour vraiment décloisonner les données, il faut une nouvelle
façon de les traiter par les technologies sémantiques (TS), notamment par la construction
d’ontologies et de réseaux de données liées qui sont à la base du web sémantique.
Une de ces technologies sémantiques (figure 8) consiste à construire une ontologie qui
regroupe les principales connaissances d’une organisation et à les mettre en relation avec
une ou plusieurs des banques d’information de l’entreprise sans modifier ces dernières. On
peut alors interroger les sources d’information par l’ontologie, à l’aide du SGIO (système de
gestion de l’information par ontologie), comme s’il s’agissait d’une seule source
d’information intégrée.
Une autre technologie sémantique est le linked enterprise data où ce sont les données elles-
mêmes qui sont mises en réseau au moyen de la technologie RDF (Resource Description
Framework). À titre d’exemple, l’entreprise française Antidot a enrichi une base de données
de 43 720 monuments historiques en France au moyen de six sources de données ouvertes :
la liste des 3065 gares ferroviaires de France, celle des 301 stations du métro parisien, les
données du code officiel géographique de l’INSEE, une banque de 122 828 photos de
monuments, les descriptions des monuments dans Wikipedia (intégrées dans DBpedia) et
le service de géolocalisation Yahoo! PlaceFinder qui permet d’afficher les lieux sur un carte
géographique. Ces données, autrefois en silo, sont maintenant reliées entre elles par des
liens RDF. Ces sept sources d’information forment maintenant une seule base de
connaissances sous la forme d’un graphe RDF qui peut être interrogé de façon intégrée à
partir d’un portail Web.
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Conclusion
Les processus à haute teneur cognitive et collaborative impliquent la gestion de sources
d’information hétérogènes comme celles présentées plus haut. Pour les traiter à un plus
haut niveau, il faut intégrer des outils performants et conviviaux de modélisation des
connaissances, d’annotation sémantique, de recherche d’information et d’assistance aux
acteurs d’un processus, fondés sur des modèles des connaissance, décrivant le contenu d’un
domaine d’application et faisant le pont avec les sources d’information d’une organisation.
Ces processus sont au cœur de la gouvernance d’une organisation. Celle-ci se définit par une
suite de processus dont il faut vérifier automatiquement ou semi-automatiquement la
conformité (tâches exécutées, documents générés, règles appliquées, points de contrôle
mesurés). Un autre élément important auquel peuvent contribuer les technologies
sémantiques est une suite d’outils de conception, de modélisation de suivi et de mesure des
processus organisationnels.
Sur un autre plan, quand 90 % de l’information utilisée dans une organisation reste tacite
ou non structurée, il devient pratiquement impossible de traiter informatiquement le
contenu et les liens entre les concepts et d'en faire une analyse signifiante. Le résultat est
que l’organisation ignore ce qu’elle sait, réinvente la roue ou reproduit les mêmes erreurs!
Il est donc essentiel soutenir l’extraction des connaissances et leur structuration en
ontologies ou en réseaux sémantiques. Cela constitue le cœur des opérations de gestion des
connaissances.
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