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ECOLE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE

NOTES DE COURS : MACHINES


ELECTRIQUES
CODE ELEMENT DE MODULE : GM47

Capitaine ingénieur Mohamedou MACIRE


2020/2021
I. Construction des machines tournantes
1. Rôle d’une machine électrique
La machine électrique tournante est un dispositif électromagnétique destiné à transformer de
l’énergie mécanique en énergie électrique (fonctionnement en générateur) ou, inversement, à
transformer de l’énergie électrique en énergie mécanique (fonctionnement en moteur). Elle
comprend principalement deux parties mobiles l’une par rapport à l’autre : l’inducteur qui crée
un champ magnétique et l’induit dans lequel ce champ induit crée une force électromotrice ;
ces deux parties sont séparées par un entrefer. Suivant le type de machine considéré, pour des
raisons technologiques, l’inducteur est situé soit au stator, soit au rotor.
Parmi les nombreux avantages des machines électriques, on peut citer :
— La simplicité d’installation et de liaison au réseau ;
— La grande souplesse de fonctionnement ;
— L’excellent rendement ;
— L’entretien réduit.

2. Éléments constitutifs
Une machine électrique est formée d’un stator, d’un rotor et de paliers, l’arbre servant d’organe
de transmission. Le stator comprend une carcasse dans laquelle est monté le circuit magnétique
avec son bobinage.
Circuit magnétique
dont les fonctions principales sont :
• La canalisation des lignes d’induction magnétiques,
• Le maintien des conducteurs,
Il est réalisé en acier moulé ou en acier laminé.
Enroulements
Matériaux conducteurs, dont le rôle principal de conduire et canaliser les courants électriques
à l’intérieur de la machine.
Carcasse
La carcasse sert de support, transmet les efforts à l’assise de la machine, joue le rôle
d’enveloppe, assure la protection contre les agents extérieurs et guide l’air de ventilation.
Les carcasses peuvent être réalisées en métal coulé (fonte, acier ou aluminium) ; c’est le cas
des petites machines, par exemple le moteur asynchrone à ailettes de refroidissement (Figure
1).

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Pour des puissances plus importantes, supérieures à quelques centaines de kilowatts, la
construction mécanosoudée s’impose ; elle est réalisée en tôles d’acier découpées, cintrées et
soudées ( Figure 2).

Figure 1 : Carcasse d'un moteur asynchrone Figure 2 : Carcasse mécanosoudée d'une MCC

Arbre et paliers
L’arbre de la machine électrique est un organe de transmission du mouvement de rotation. Il
comprend :
— une partie centrale qui sert de support au corps du rotor, au circuit magnétique et aux
enroulements tournants ;
— en général, un bout d’arbre sur lequel est fixé le demi-accouplement reliant la machine
électrique à la machine mécanique.
L’arbre est lui-même supporté par un ou plusieurs paliers suivant la configuration de l’ensemble
de la ligne d’arbre.
Dans certains cas, l’arbre sert de soutien au collecteur, aux ventilateurs, aux bagues, au rotor
de la machine d’excitation, ainsi qu’à des accessoires variés.
Les paliers soutiennent le rotor et assurent sa libre rotation.
Des isolants
Les bobinages des machines électriques de faibles et moyennes puissances sont réalisés avec
du fil émaillé constitué d’une âme de cuivre recouverte d’un polymère isolant d’une épaisseur
voisine de 30µm. Le fil émaillé forme des spires adjacentes placées dans des encoches du circuit
magnétique.
Les machines électriques utilisent des isolations à 3 niveaux de leur construction. Tout d’abord,
l’isolation du stator et des bobines au sein du circuit magnétique qui implique une isolation
inter-spires dans la bobine et une isolation spire-masse entre la bobine et le circuit magnétique.
Viennent ensuite, l’isolation du rotor ainsi que l’isolation des tôles du circuit magnétique
statorique ou rotorique
Un système de refroidissement
La transformation de l’énergie mécanique en énergie électrique, ou inversement, ne peut
s’effectuer sans pertes, l’énergie ainsi perdue étant transformée en chaleur. La ventilation a

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pour but d’extraire les pertes internes de leurs différentes sources et d’assurer un
refroidissement aussi homogène que possible des bobinages pour conserver aux matériaux
isolants la longévité que peut attendre l’utilisateur.
Plaque signalétique
Toute machine électrique est munie d’une plaque signalétique qui indique les caractéristiques
nominales électriques de la machine, tous les renseignements utiles y sont répertoriés. Une
plaque signalétique porte généralement les indications suivantes :
• Le nom du constructeur
• La puissance utile délivrée sur l’arbre du moteur
• La tension d’alimentation
• Le rendement
• La vitesse de rotation nominale de l’arbre moteur
• Le poids de la machine
• Différentes normes. IEC, NFC, EN…

Figure 3 : plaques signalétiques de quelques moteurs

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II. Machines à courant continu
1. Fonctionnement et réversibilité.
Un conducteur parcouru par un courant électrique et placé dans un champ magnétique est
soumis à une force électromagnétique qui l’entraine S’il est libre de se déplacer. Il y a travail de
cette force donc apparition de l’énergie mécanique,
C’est la loi de Laplace :
𝐹 = 𝐼. 𝑙. 𝐵
Réciproquement, si on dépense de l’énergie mécanique pour provoquer le déplacement d’un
conducteur, mobile dans un champ magnétique, il y a apparition d’un courant
Induit dans ce conducteur puisqu’il coupe les lignes d’induction magnétique. Il y’aura donc
apparition de force électromotrice aux bornes d’une spire soumise à une induction variable,
C’est la loi de Lenz – Faraday :
𝑑∅
𝐸=− = 𝐵. 𝑙. 𝑣
𝑑𝑡
Ces deux principes sont présents dans une machine à courant continu MCC , qui est donc
réversible. On a deux parties principales, séparées par un entrefer :

– un inducteur qui crée le champ magnétique (excitation);

– un induit dont le but est de produire le courant (génératrice), ou d’alimenter les conducteurs
en courant électrique (fonctionnement en moteur).

2. Constitution
La machine comporte quatre parties principales :
 Une partie fixe : le STATOR qui porte l’inducteur
 Une partie mobile : le ROTOR qui porte l’induit
 Le collecteur
 Les balais (charbons)
On considère le cas d’une machine bipolaire (Figure 4).
– L’inducteur :
Le bobinage inducteur, traversé par le courant inducteur 𝐼𝑒 , produit le flux magnétique
dans la machine. Il est constitué d’un électro-aimant ou d’un aimant permanent qui
engendre la force magnétomotrice (F.M.M.) nécessaire à la production du flux dans le
rotor.
L’électro-aimant constitué de deux bobines en série qui, alimentées en courant continu,
créent un pôle nord et un pôle sud (Figure 5). Le champ magnétique dans l’entrefer est

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maximal dans l’axe des pôles, et nul dans la direction perpendiculaire à cet axe, appelée
ligne neutre.

Figure 4 : MCC bipolaire Figure 5 : Inducteur et lignes de champ

– L’induit :
L’induit est composé d’un ensemble de bobines identiques réparties uniformément
autour d’un noyau cylindrique. Il est monté sur un arbre et tourne entre les pôles de
l’inducteur. L’induit constitue un ensemble de conducteurs qui coupent les lignes de
champ magnétique. Les bobines sont disposées de telle façon que leurs deux côtés
coupent respectivement le flux provenant d’un pôle nord et d’un pôle sud de
l’inducteur.
– Collecteurs et balais :
 Le collecteur est un ensemble cylindrique de lames de cuivre isolées les unes des autres
par des feuilles de mica. Le collecteur est monté sur l’arbre de la machine, mais isolé de
celui-ci. Les deux fils sortant de chaque bobine de l’induit sont successivement et
symétriquement soudés aux lames du collecteur. Il change le sens du courant
(commutation) dans les conducteurs lors du franchissement de la ligne neutre,
permettant ainsi aux forces d’agir dans le même sens.
 Dans une machine bipolaire, deux balais fixes et diamétralement opposés appuient sur
le collecteur. Ainsi, ils assurent le contact électrique entre l’induit et le circuit extérieur.
Les balais permettent l’injection ou la collecte du courant sur le collecteur. Les balais
(aussi appelés « charbon ») sont en carbone. D’une part, ce matériau possède une
bonne conductivité d’autre part, le frottement du couple cuivre/carbone est faible et
ainsi, le collecteur ne s’use pas prématurément.

3. Symbole et schématisation

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4. Schémas équivalents de la machine, fonctionnements en moteur et en
génératrice
La machine est composée, vue de l’induit d’un bobinage comportant sa résistance propre et
son inductance propre. Par ailleurs, lors de la rotation du rotor, l’inducteur étant parcouru par
un courant donné, il se produit aux bornes de la machine une force électromotrice dite « interne
». Cette force électromotrice ne dépend que de la vitesse de rotation et de la valeur du flux
inducteur. Ces caractéristiques sont communes aux fonctionnements moteur et générateur.
En définitive, le schéma équivalent de la machine à courant continu est commun à tous les
régimes de fonctionnement, à la convention de représentation du courant près. On représente
ce schéma, les diverses conventions et les équation caractéristiques de la machine sur la Figure
6. On retiendra tout particulièrement sur cette figure les relations reliant les grandeurs
électriques et mécaniques.
Formule générale de la force électromotrice
𝑬 = 𝒌𝜱(𝑰𝒆)Ω
𝐸 = 𝐹𝑜𝑟𝑐𝑒 é𝑙𝑒𝑐𝑡𝑟𝑜𝑚𝑜𝑡𝑟𝑖𝑐𝑒 𝑖𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡𝑒 (V)

𝑘 = 𝐶𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑚𝑎𝑐ℎ𝑖𝑛𝑒
𝑟𝑑
Ω = 𝑉𝑖𝑡𝑒𝑠𝑠𝑒 𝑑𝑒 𝑟𝑜𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 ( )
𝑠
𝛷(𝐼𝑒) = 𝐹𝑙𝑢𝑥 𝑐𝑟éé 𝑝𝑎𝑟 𝑙 ′ 𝑖𝑛𝑑𝑢𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 (𝑊𝑏)
𝐼𝑒 = 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑖𝑛𝑑𝑢𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟

Expression du couple électromagnétique


Dans le cas de MCC, La puissance transformée est celle qui correspond au couple
électromagnétique :
𝑬
𝑷 = 𝑭. 𝒗 = 𝑩. 𝒍. 𝑰. = 𝑬. 𝑰
𝑩. 𝒍.
𝐼 = 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑖𝑛𝑑𝑢𝑖𝑡

𝑬. 𝑰 représente la puissance qui disparaît de la forme électrique pour réapparaître sous


la forme mécanique. C’est la puissance électromagnétique 𝑷𝒆𝒎 qui présente deux
écritures :
𝑷𝒆𝒎 = 𝑬. 𝑰 = 𝑪𝒆𝒎 . Ω

Soit : 𝑪𝒆𝒎 = 𝑬. 𝑰⁄Ω ou en remplaçant E

𝑪𝒆𝒎 = 𝒌. 𝜱(𝑰𝒆). 𝑰

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Expression de la vitesse
La loi d’Ohm et l’expression de la f.é.m. donnent :
𝑬 𝑼 − 𝑹𝑰
Ω= =
𝒌𝜱(𝑰𝒆) 𝒌𝜱(𝑰𝒆)
Remarque :
𝒓𝒅 𝒕𝒓 𝒕𝒓
Relation entre les vitesses Ω( 𝒔 ) = 𝟐. 𝝅. 𝑵( 𝒔 ) = 𝟐. 𝝅/𝟔𝟎. 𝑽(𝒎𝒊𝒏)

Figure 6 : Schémas équivalents et relations importantes de la machine à courant continu.

5. Bilan énergétique et Rendement


Il est important d’identifier les divers éléments du schéma équivalent en terme de puissance.
Une attention particulière doit être portée à l’expression du rendement de la machine en
fonction de son régime de fonctionnement (moteur ou générateur).

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6. Démarrage d’un moteur à courant continu
Au démarrage 𝑁 = 0  f.é.m. 𝐸 = 0
𝑈
𝐼𝐷 =
𝑅
Ce courant est très supérieur au courant nominal (10 à 50
fois), ce qui entraînerait :
– un échauffement instantané de l’induit ;
– un couple de démarrage lui aussi très supérieur au couple Figure 7 : Cas du moteur
nominal et risquant de rompre l’accouplement.
Solution : Pour limiter le courant d’induit on place, lors du
démarrage, une résistance 𝑅𝐷 en série avec l’induit. Ce
rhéostat de démarrage est court-circuité progressivement
tandis que le moteur prend sa vitesse et que la f.é.m.
augmente.
𝑈
𝐼𝐷 =
𝑅 + 𝑅𝐷
On calcule 𝑅𝐷 afin que 𝐼𝐷 soit de 1 à 2 fois le courant
nominal 𝐼𝑁
Figure 8 : Cas de la génératrice

Remarque :
D’après la formule du courant de démarrage, on peut aussi limiter ce courant en démarrant le
moteur sous tension réduite (grâce à un hacheur ou un redresseur commandé).

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7. Caractéristiques
Caractéristique à vide de la machine : Courbe expérimentale donnant, à vitesse constante 𝑁0 ,
la f.é.m. E en fonction du courant d’excitation 𝐼𝑒

Figure 9 : Caractéristique à vide de la MCC

Pour les faibles valeurs de 𝐼𝑒 , le fonctionnement est à peu près linéaire et on peut poser : 𝐸 =
𝑘′𝑁0 𝐼𝑒 . Lorsque 𝐼𝑒 augmente, le circuit magnétique se sature et la f.é.m. augmente moins
fortement. Enfin, l’hystérésis introduit un dédoublement des courbes, fonction des cycles
effectués. Il subsiste généralement une f.é.m. rémanente 𝐸𝑟 en l’absence du courant
d’excitation 𝐼𝑒 .
C’est la courbe d’aimantation du circuit magnétique. Le point de fonctionnement P se situe
dans le coude de saturation.
Caractéristique mécanique : L’utilisateur d’un moteur s’intéresse en premier lieu à la
caractéristique mécanique 𝐶𝑒 = 𝑓(𝑁) qui donne le couple produit en fonction de la
vitesse
Caractéristique électromécanique 𝐶𝑒 = 𝑓(𝐼)
On utilise aussi la Caractéristique de vitesse 𝑁 = 𝑓(𝐼)

8. Moteur à excitation indépendante ou séparée


Ce mode d’excitation nécessite deux sources d’alimentations distinctes (voir Figure 10). On
change le sens de rotation en permutant les bornes de l’induit ou de l’inducteur.

Figure 10 : Moteur à excitation indépendante

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Réglage de la vitesse
On peut régler la vitesse en agissant sur 𝜱, donc sur l’excitation, ou sur la tension U
(alimentation de l’induit) :
– L’action sur l’excitation, avec un rhéostat de champ ou une tension Ue réglable, n’offre qu’une
variation limitée, et n’est pas possible si l’inducteur est à aimants permanents.
– L’action sur la tension d’induit résout le problème du démarrage.
En conclusion, la souplesse de ces deux réglages indépendants confère à ce moteur une grande
précision.
Risque d’emballement
Si l’excitation s’annule alors que l’induit est encore alimenté, le moteur s’emballe et peut
détruire l’induit. En conséquences :
– Il ne faut jamais couper le circuit d’excitation.
– Pour arrêter le moteur, il faut couper l’induit avant l’inducteur.

9. Moteur à excitation série


L’inducteur est en série avec l’induit : une seule source d’alimentation suffit.
On change le sens de rotation en permutant les connexions de l’induit et de
l’inducteur.
Loi d’Ohm : 𝑼 = 𝑬 + (𝑹𝒆 + 𝑹)𝑰 𝑰 = 𝑰𝒆
f.é.m., couple et vitesse.
Deux cas se présentent : Figure 11 : moteur
à excitation série
– La machine est saturée, le flux est sensiblement constant et on retrouve le
cas d’une machine à excitation constante.
– La machine n’est pas saturée et le flux est proportionnel au courant. La f.é.m. et le moment
du couple deviennent :
𝑼 − (𝑹𝒆 + 𝑹)𝑰
𝑬 = 𝒌′ 𝑰Ω 𝑪𝒆𝒎 = 𝒌′ . 𝑰𝟐 Ω=
𝒌′ . 𝑰
Conditions de démarrage
– Le courant de démarrage doit être limité comme dans l’excitation séparée.
– On ne doit jamais démarrer à vide sous tension nominale car sinon, le moteur s’emballe et
l’induit peut être détruit.
Ce moteur possède un fort couple au démarrage, supérieur au moteur précédent, mais
s’emballe à vide. Il est utilisé pour des couples élevés à basse vitesse : traction ferroviaire,
démarreur de voitures, etc.

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10. Moteur à excitation shunt ou parallèle
On alimente en parallèle sous la tension continue U l’induit et l’inducteur

Figure 12 : moteur shunt

11. Moteur à excitation composée (compound)


On utilise un moteur comportant sur les pôles deux inducteurs :
— L’un dérivé, branché en parallèle et parcouru par le courant 𝐼𝑒
— L’autre en série, branché en série et parcours par le courant 𝐼

Figure 13 : moteur compound

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