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CONGO d'après...

Le
CHANGEONS DE
PARADIGME
Note de réflexion sur la situation en République démocratique du Congo
60 ans après l'indépendance, et 60 propositions pour un avenir meilleur...

SYNTHESE
Juin 2020

Congo World Foundation www.congoworldfoundation.org


PREAMBULE

Notre planète se trouve confrontée à une crise sanitaire inédite par son envergure et par ses impacts négatifs,
notamment sur le plan socioéconomique à la suite de la pandémie de Covid-19 venue contribuer au bouleverse-
ment, déjà bien entamé, des équilibres mondiaux. À l’instar d’autres pays, la République Démocratique du Congo
(RDC) s’attelle tant bien que mal à y faire face. C’est dans ce contexte si particulier que notre pays commémore ce
mardi 30 juin 2020, soixante ans d’accession à la souveraineté nationale et internationale.

Depuis plusieurs semaines, des multiples réflexions, publiées ou non, foisonnent dans tous les milieux sur la situation
du pays. Force est de constater que lorsqu’arrive le temps de faire un bilan de ces six décennies d’indépendance, les
avis recueillis auprès de toutes les couches de la société congolaise, tant au niveau du pays qu’au sein de la diaspora,
semblent clairement converger vers le sentiment dominant qui est celui d’un « immense gâchis ». Reconnaissons-le
avec la gravité requise et sans détour ni faux-fuyants, nous avons échoué à faire progresser notre pays.

Citons quelques exemples pour illustrer ce sentiment collectif :

1. Notre pays a été récemment honoré par le premier 6. Jusque dans les années 1980, « Kin la belle » était
Prix Nobel de son histoire, moment de fierté, grâce au considérée comme l’une des villes les plus modernes
travail remarquable de l’un de ses dignes fils, en la per- et attractives du continent Africain. Aujourd’hui, notre
sonne du Docteur Denis MUKWEGE. Toutefois, n’ou- pays n’est même plus capable de fournir une desserte
blions pas que cette reconnaissance mondiale est liée en eau et en électricité de manière fiable dans la fa-
à l’une des pires barbaries que l’humanité puisse en- meuse commune dite « huppée » de la Gombe, la zone
core vivre en ce second millénaire, celle des violences administrative et des affaires de la capitale du grand
sexuelles utilisées comme arme de guerre. Ce Prix a été Congo.
décerné à ce vaillant docteur qui se bat pour sauver des
vies, notamment les nombreuses femmes victimes des
crimes sexuels qui sont perpétrés sur notre sol sans dis- Nous pourrions continuer à citer plusieurs exemples,
continuer depuis plus de 20 ans par une constellation tant la liste témoignant de la déliquescence généra-
de forces malveillantes souvent venues ou instrumenta- lisée de notre pays, dans presque tous les secteurs,
lisées depuis l’étranger. La RDC a même été affublée du semble infinie.
titre peu enviable de « capitale mondiale du viol ! » ; Au niveau de Congo World Foundation, nous
avons résolument levé l’option de nous positionner
2. Notre PIB par habitant figurait parmi les pays les plus au-delà des constats et des complaintes en vue de
riches d’Afrique, comparable à celui de certains pays in- nous inscrire dans la quête des solutions.
dustrialisés, au moins jusqu’au milieu des années 1970.
Sous le prisme implacable de cet indicateur impartial, Comment mettre fin à ce grand destin contrarié et
nous figurons malheureusement désormais dans le « inscrire ENFIN la RDC sur le chemin du rendez-vous
Top 10 » des pays les plus pauvres de la planète ; avec sa destinée, telle que longtemps rêvée par les
pères de l’indépendance et par toute l’Afrique ?
3. Alors que le gouvernement s’attelle à mettre en place Comment mobiliser ces près de 100 millions
convenablement la gratuité de l’éducation de base, d’hommes et de femmes, présents sur le territoire
42% des enfants congolais souffrent d’un retard de national ou à l’étranger, chacun dans sa sphère des
croissance dû la plupart du temps à la malnutrition, soit possibilités mais, en vue de tous les engager dans
six millions d’enfants au total ! Et loin de diminuer, ce une cause commune de transformation positive et
chiffre augmente chaque année selon des données des radicale de la RDC dès à présent ?
Nations Unies, entrainant des conséquences négatives Les quelques propositions présentées dans les
évidentes sur les capacités cognitives et la formation lignes qui suivent se veulent pragmatiques et por-
de notre capital humain, pourtant première ressource teuses des germes du changement aux effets rapi-
d’une nation moderne ; dement perceptibles.

4. Moins de 20% de la population active congolaise est


détentrice d’un emploi dans le secteur formel ;

5. Selon le célèbre classement Shanghai qui répertorie


les meilleurs établissements d’enseignement supérieur
du monde et sert de référence mondiale en la matière,
aucune université congolaise ne figure aujourd’hui dans
la liste des «1000 meilleures universités au monde » ;

1
Santé & Social

1. Utiliser la crise sanitaire actuelle causée par la pan- die universelle (CMU). Impliquer le secteur des assu-
démie de Covid-19 comme une opportunité afin de rances dans cette démarche.
renforcer l’efficience de notre système de santé ac-
tuellement très défaillant. À ce sujet, agir rapidement 4. S’inspirer des performances des pays tels que Cuba
afin que chaque Centre de Santé (CS) et Hôpital Gé- ou la Turquie en matière de santé et d’éducation.
néral de Référence (HGR) dans les Zones de Santé
(ZS) sur l’ensemble du territoire national, puisse être 5. Promouvoir la pratique et la recherche dans le
équipé selon les normes recommandées par l’OMS, domaine de la médecine naturelle ou alternative, en
en impliquant, si besoin, la diaspora congolaise via y associant le vaste réservoir de notre pharmacopée
notamment des mécanismes de levées de fonds coo- traditionnelle dans une démarche de formalisation
pératifs. respectant les bases des protocoles scientifiques.

2. Inscrire comme priorité nationale la lutte contre 6. Initier des « États généraux de la coopération et
la malnutrition, particulièrement celle touchant nos de l’aide humanitaire en RDC » afin de faire le point
enfants, qui sont la sève de la survie et du progrès de notamment sur les activités de la multitude d’ONGs
la Nation. étrangères actives sur le territoire national et de s’as-
surer de l’arrimage de leurs interventions et projets
3. Améliorer le système de pension et tenir compte avec les priorités de développement durable du pays.
des besoins des travailleurs du secteur informel Accorder une année pour s’ajuster en cas de défail-
dans l’établissement d’un filet de protection sociale lance, au risque de se voir retirer le droit de fonction-
minimale pour tout citoyen congolais, dans une ap- ner en RDC. Effectuer une rigoureuse revue pério-
proche holistique intégrant le projet envisagé par les dique avec publication d’un rapport sur le sujet.
autorités de mise en place d’une couverture mala-

2
Culture ( Valeurs - Traditions – Identité )

7. Favoriser l’enseignement des langues et cou- 11. Initier un projet de création à Kinshasa ou à l’in-
tumes nationales. Former la jeunesse, dès le bas âge, térieur du pays (ex : à Kananga, au centre du terri-
à comprendre que l’appartenance ethnique est une toire national) d’un musée qui récupérerait le patri-
richesse pour la diversité de la RDC et non un vec- moine congolais actuellement présent au Musée de
teur d’exclusion, de condescendance ou d’oppres- Tervuren, en Belgique, et ailleurs dans le monde. Un
sion de l’autre. Promouvoir la fierté d’être congolais, projet cogéré par la RDC et la Belgique (plus d’autres
une Nation en construction, qui apprend à faire de partenaires intéressés) dans un élan de «nouveau dé-
sa grande diversité une véritable force de progrès part d’une relation inscrite dans l’optique d’un parte-
multidimensionnel. nariat mature et décomplexé».

8. Encourager les campagnes d’appropriation de la 12. Établir une stratégie de « Nation branding »
contribution remarquable des congolais, au pays et (image de marque nationale) afin de véhiculer au
dans la diaspora, aujourd’hui et tout au long de l’his- pays et sur le plan international, un «nouveau nar-
toire, dans divers domaines, afin de collectivement ratif congolais» plus positif, qui ne soit point subi
célébrer les meilleurs des nôtres, susciter des voca- mais choisi. Aujourd’hui, le narratif sur notre pays est
tions et créer une émulation générale bénéfique caractérisé essentiellement par un chapelet de mal-
pour le progrès de la Nation. heurs (conflits armés, viols et massacres de masse ré-
currents, mauvaise gouvernance systémique, etc.) et
9. Promouvoir la création d’une véritable industrie des rendez-vous manqués avec la destinée logique
culturelle : notre #CongoWood de ce grand pays au cœur de l’Afrique. Promouvoir
désormais le meilleur de la RDC dans l’histoire, au-
10. Bannir les publicités en faveur des produits éclair- jourd’hui et demain, tout ceci à travers un fil conduc-
cissants et toute autre promotion dégradante pour la teur attractif et pour une consommation nationale,
dignité de la congolaise et du congolais et promou- africaine et mondiale.
voir, à leur place, les publicités relatives aux change-
ments de comportement, de bonne vie et mœurs.

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Économie - Commerce - Finance - Infrastructures

13. Favoriser par différentes mesures incitatives ainsi que par d’autres moyens tels que l’octroi des
l’émergence d’un « Capitalisme congolais » dans tous titres fonciers au pays comme compensation en cas
les secteurs, notamment bancaire, télécoms, agro-in- de perte de l’investissement.
dustriel, minier, etc. Oser « innover » dans le contexte
congolais, bousculer les politiques manifestement ti-
morées, inefficaces et trop liées aux « diktats » de cer- 14. Selon plusieurs estimations, dont celles de la
tains de nos partenaires internationaux traditionnels. Banque Mondiale (Revue de l’urbanisation : Des
Dans ce cadre : villes productives et inclusives pour l’émergence de la
République démocratique du Congo. 2018), Kinsha-
- Mettre en place rapidement un Fonds de garantie sa sera probablement en 2030, soit après demain,
avec le soutien des partenaires bi et multilatéraux in- la ville africaine la plus peuplée, devant Lagos et le
téressés, afin d’offrir des possibilités plus grandes de Caire. Notre capitale est malheureusement une mé-
développement de l’entreprenariat congolais (dont gapole dont le développement urbain est totalement
celui de la diaspora souhaitant investir davantage anarchique. 80% de la ville étant encore vide à ce
au pays) et booster ainsi plus fortement la croissance jour (Maluku), mettre en place une « Société de déve-
économique (objectif deux chiffres dans trois ans). loppement de la nouvelle ville de Kinshasa » vers Ma-
luku, dans le cadre d’un Partenariat Public Privé (PPP)
- Établir l’obligation légale pour l’État d’octroyer impliquant plusieurs parties prenantes dont la Dias-
au moins 40% des marchés publics aux opérateurs pora. Ce projet va judicieusement compléter ceux
congolais. déjà en cours dans les environs, soit la ZES (Zone éco-
nomique spéciale de Maluku) et le projet d’extension
- Donner la possibilité aux entrepreneurs congolais de l’aéroport de N’djili.
de signer des ententes avec les autorités municipales
pour la réhabilitation ou la construction des routes 15. Inscrire parmi les projets structurants et transfor-
secondaires, même dans les grandes agglomérations mationnels prioritaires du pays, le projet d’extension
telle que Kinshasa, avec la mise en place d’un sys- de Kinshasa d’ici 2030 afin d’avoir bientôt une « vieille
tème de «Contribution volontaire» des principaux bé- ville» (qui sera en voie de réhabilitation autour de cer-
néficiaires (riverains par exemples) et l’appui de l’État taines communes encore «récupérables») et surtout,
via notamment le fonds de garantie qui permettra de une «nouvelle ville», symbole de la « renaissance » de
plus aisément combler l’éventuel gap financier lors la RDC, qui sera bâtie selon les normes de dévelop-
du montage du projet. pement urbain durable. Octroyer avantageusement
aux pays amis et aux organisations internationales
- Encourager la participation de la diaspora congo- établies au pays, des terrains appropriés dans le terri-
laise dans la réalisation des grands projets structu- toire de la future « nouvelle ville » afin d’y construire
rants tels que le « Grand Inga » à travers des sous- leurs futurs bâtiments de représentation. En vue
criptions (actions, obligations, autres) aux conditions d’accélérer la construction de cette extension de
avantageuses et garanties par le Fonds mis en place Kinshasa (New Kin), favoriser des ententes avec des

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promoteurs privés contre dation en paiement afin de impliqués dans les transactions à l’export afin de sti-
doter rapidement l’État congolais d’un patrimoine muler une activité cruciale pour la diversification et le
immobilier moderne, qui sera affecté notamment au développement économique.
logement des agents de l’Etat dans la nouvelle ville.
18. En vue d’augmenter l’assiette fiscale, via notam-
16. Créer une Banque de l’Habitat dans la foulée du ment une meilleure prise en compte du secteur infor-
projet d’extension de la Capitale et développer à l’in- mel, conclure des ententes avec les entreprises des
térieur du pays, plusieurs projets de développement télécoms afin de permettre le paiement de certaines
urbain durable, générateurs d’emplois de masse, taxes via « Mobile money » et des ponctions du crédit
structurants et transformationnels pour les provinces téléphonique prépayé si nécessaire (en cas d’amende
par exemple).
17. Créer un label de qualité (règlementé selon
une procédure crédible et acceptable au niveau in-
ternational) pour la reconnaissance des produits et
services de la RDC. Diminuer le nombre de services

Politique - Institutions - Administration

19. Exiger des tests de compétences de base pour 21. À l’instar de la limitation en vigueur au niveau pro-
toute personne devant travailler au sein des cabinets vincial, encadrer légalement le nombre des membres
ministériels et réglementer davantage les possibilités du gouvernement national, de la Présidence de la Ré-
d’employer un membre de famille dans un cabinet publique, etc. Dans le cas du gouvernement central,
politique. une limitation par exemple à 45 membres maximum,
Premier Ministre compris, serait un bon signal.
20. Interdire la concurrence simultanée de postes
dans l’exécutif, même pour des postes dits « passifs 22. Revoir le barème de rémunérations des fonc-
». De manière générale, mieux règlementer le cu- tionnaires et autres salariés de l’État - Fixer un salaire
mul des postes et mandats dans l’appareil d’État. décent pour redonner la dignité et réduire le risque
En cette période de crise multidimensionnelle, aux de corruption des serviteurs de l’État. De manière gé-
graves conséquences socioéconomiques, réduire de nérale, la « tension salariale », hors avantages, ne doit
50% l’ensemble des rémunérations des plus hauts plus dépasser un écart de 1 à 100, du moins rému-
cadres de l’État (et assimilés), en commençant par les néré par l’État congolais au mieux rémunéré, toutes
responsables politiques les mieux pris en charge ac- fonctions confondues. Accélérer la digitalisation des
tuellement par les maigres ressources nationales. Ce services publics. Exiger notamment l’utilisation des
serait un message fort de la part de notre classe di- e-mails officiels (ex : gouv.cd) pour les hauts fonction-
rigeante, beaucoup plus impactant que les discours naires et responsables d’État dans l’exercice de leur
moralisateurs. fonction.

5
23. Faire du premier recensement de la population 24. Modifier la Loi sur la nationalité de telle sorte
depuis bientôt quarante ans, une véritable cause na- que désormais, toute personne ayant la nationalité
tionale et accélérer sa réalisation via notamment les congolaise d’origine ne puisse plus la perdre. Facili-
technologies disponibles et autres procédés ayant ter l’octroi de la double nationalité, prioritairement
fait leurs preuves dans des projets similaires. Les ré- pour les descendants des congolais d’origine. L’accès
sultats de ce recensement devront notamment per- à une liste restreinte de hautes fonctions d’État sera
mettre de mieux affiner la stratégie de développe- réservé aux seuls citoyens détenant exclusivement la
ment global du pays et d’exploiter à meilleur escient nationalité congolaise.
notre potentiel démographique en vue d’en faire
une réelle source de dividende tel que vu ailleurs
dans le monde. Utiliser « l’intelligentsia congolaise »
au pays et dans la diaspora, pour relever ce défi du
recensement dans un délai le plus court possible et à
moindres coûts.

Capital humain & Économie du savoir


25. Accélérer la réforme en cours du système édu- 28. Développer les filières de formation dans le sec-
catif national, dans sa globalité. Intensifier la priorisa- teur du tourisme au sens large et mettre un accent
tion de l’enseignement des STEM (Sciences, Techno- particulier sur la formation de qualité en matière de «
logie, Ingénierie et Mathématiques), de l’histoire du service à la clientèle ».
pays, de l’éducation à la citoyenneté, ainsi que des
langues nationales, dès l’école primaire. Accroître la 29. En partenariat avec différents acteurs nationaux,
qualité de la formation ainsi que le nombre de nos créer un programme « Retour aux sources / Décou-
Universités et Instituts supérieurs, faciliter notam- verte des racines » pour les jeunes d’origine congo-
ment des PPP novateurs en la matière, impliquant la laise nés à l’étranger afin de renforcer le sentiment
diaspora et le secteur privé. d’appartenance et/ou d’attachement à la Nation
congolaise et susciter un intérêt plus grand à contri-
26. Octroyer davantage de bourses de formation buer demain au progrès du pays.
aux étudiants congolais dans des domaines per-
tinents pour le développement durable du pays, 30. Concevoir une véritable stratégie congolaise de
promotion de l’économie du savoir, avec des plans
évaluer systématiquement les performances acadé-
de mise en œuvre quinquennaux, afin de devenir
miques et veiller à leur implication pertinente dans le
d’ici le centenaire de notre indépendance, en 2060,
développement du pays, après les études
leader africain en la matière. À titre d’illustration, il
s’agira par exemple de positionner notre pays parmi
27. Favoriser les formations techniques (métiers)
le trio de tête des pays africains dans le domaine du
dans des domaines essentiels pour le développe-
dépôt de brevets sur le plan international.
ment durable du pays et générateurs de nombreux
emplois tels que la construction, l’architecture, l’agro-
nomie, les métiers du recyclage, les technologies, les
métiers de la santé, les transports, etc.

6
Défense & Sécurité
31. Imposer un « Service paramilitaire » obliga- 34. Offrir des bourses de recherche en matière d’in-
toire de 6 à 12 mois pour tout congolais âgé de 18 novations pour la sécurité nationale, adaptées à nos
à 30ans. Cette formation, encadrée par le « Service réalités.
National » revisité, permettra de raffermir les liens
entre les jeunes congolais de différentes origines, de 35. Multiplier les Forces spéciales entrainées et équi-
développer l’esprit de solidarité et le sens de l’inté- pées pour mener à bien des opérations de guerre
rêt collectif. De plus, le pays aura dorénavant une « asymétrique afin de rapidement les déployer dans les
réserve nationale », des hommes et des femmes mi- zones d’insécurité sur le territoire national. Signer des
nimalement aptes à mener des activités militaires ou accords de coopération militaire avec les pays amis,
de protection civile. ayant des armées aguerries dans ce domaine pour
former et conseiller nos troupes dans le cadre d’une
32. Eu égard au caractère stratégique de ce secteur stratégie miliaire de sécurisation et de pacification du
pour la survie de la Nation, mettre en place graduel- territoire national, indepéndamment de l’apport de
lement une industrie militaire congolaise pour en la Monusco.
faire un véritable vecteur de croissance économique
et de développement du pays, les nombreuses dé- 36. Accélérer la modernisation des écoles militaires
penses dans ce domaine deviendraient alors davan- et en créer des nouvelles.
tage des investissements pour l’économie nationale.
Pour ce faire, favoriser notamment dans les appels
d’offres pour équiper l’armée et la Police Nationale,
les sociétés congolaises produisant localement une
partie de la commande. Et, lorsqu’il s’agit d’un four-
nisseur totalement étranger, favoriser les entreprises
disposées à effectuer un transfert minimal de techno-
logie et/ou à ouvrir une filiale en RDC.

33. Mettre à contribution « l’intelligentsia scientifique


congolaise », notamment nos ingénieurs, au pays et
dans la diaspora, afin de développer des technolo-
gies, des systèmes et des équipements typiquement
congolais ou bénéficier des transferts de technolo-
gies en étant en mesure de les adapter à nos besoins
particuliers, par nos propres soins.

7
Mines & Agriculture

37. Subventionner les petites exploitations agricoles


(1/2 ha ou plus de terres exploitées par exemple) par
des établissements de microfinances agricole congo-
laises afin d’atteindre rapidement l’autosuffisance
alimentaire et de devenir à terme le premier expor-
tateur africain de plusieurs produits agricoles dont le
maïs et le manioc. Développer les systèmes de po-
tagers collectifs et communautaires dans toutes les
grandes agglomérations du pays.

38.. Réhabiliter et moderniser l’Institut Facultaire 41. En concertation avec la société civile et le secteur
Agronomique de Yangambi dans le cadre d’un PPP privé, mettre en place des mécanismes et structures
avec des acteurs du secteur privé congolais et afri- adaptés, incluant l’intégration du secteur informel,
cains exclusivement. De manière générale, encou- dans le but de maximiser l’exploitation et la transfor-
rager la création des centres de formation et de re- mation locale des matières premières dont le Coltan,
cherche agronomiques dans chaque province. le Cobalt et le Lithium, qui constituent des minerais
hautement stratégiques au centre de la 4ème révolu-
39. Rendre effective la loi sur la Sous-traitance en fa- tion industrielle et dont la RDC et son peuple doivent
cilitant, notamment via un Fonds de garantie et des en tirer un profit de manière durable. De manière gé-
prêts à taux réduits par le canal du Fond pour la Pro- nérale, assurer le développement d’une chaine de va-
motion de l’Industrie (FPI) par exemple, la création leur des produits miniers afin de stopper l’exportation
d’entreprises congolaises en mesure de répondre des matières premières brutes.
aux exigences du secteur minier.
42. Créer un palmarès annuel d’évaluation consen-
40. Appliquer une politique agressive afin d’attirer suelle des entreprises minières en rapport avec le Res-
des opérateurs privés internationaux crédibles dans pect du nouveau Code minier et notamment le volet
le secteur agroindustriel et qui s’engagent à mener de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE), en
un projet intégré, incluant un travail de structuration collaboration avec des structures crédibles nationales
d’une chaine de valeur impliquant de la sous-trai- et internationales.
tance congolaise.

8
Le Congo dans le monde
43. Définir clairement les intérêts stratégiques de 47. Vu la persistance des conflits et zones de ten-
notre pays dans ses interactions avec le reste du sion partout autour de notre pays, considérant l’inef-
monde. Effectuer un travail préalable de concerta- ficacité des plans de paix signés à date, proposer un
tion nationale en la matière. Procéder à un « toilet- plan de paix et de sécurité régional intégré et concer-
tage » sur la question et notamment, revoir la per- té avec divers acteurs, selon un schéma pensé par la
tinence de certaines relations actuelles à l’aune de RDC mais dans l’intérêt de la stabilité continentale,
leur impact réel pour la stabilité et le développement une sorte de « Pax Congo », notre pays étant le plus
durable de notre pays. concerné par ces crises à répétition qui déstabilisent
le cœur du continent Africain.
44. Accélérer le travail de rationalisation de notre
présence diplomatique internationale et doter nos 48. Mettre en place une « Agence Congolaise de
représentations diplomatiques des moyens de fonc- Coopération Internationale » qui pourrait apporter
tionnement dignes et modernes. Faire un lobbying au reste du continent et du monde, une expertise
fort afin d’assurer stratégiquement la présence des congolaise et une assistance diversifiée en fonction
congolais à des postes clés dans les institutions inter- de nos possibilités et selon nos intérêts stratégiques
nationales. Favoriser la création de « Centre Culturel (nous avons vu récemment par exemple des experts
Congolais » dans les pays de forte concentration de congolais dans le secteur de la santé, porter assistan-
notre diaspora, en collaboration avec les commu- ce à des pays frères dans la crise de la Covid-19).
nautés congolaises locales et le secteur privé (PPP).

45. Entamer un processus responsable de règle-


ment définitif du « contentieux belgo-congolais »
dans toutes ses dimensions pertinentes.

46. Solder définitivement les aspects non réglés de


la « fameuse Zaïrianisation ». Envisager, par exemple,
d’accorder des compensations sous forme de titres
fonciers, de l’octroi de la nationalité congolaise à titre
exceptionnel ou autres gestes forts, à toute personne
lésée n’ayant pas obtenue un règlement minimale-
ment équitable afin d’éliminer ce stigmate qui conti-
nue à nuire à la crédibilité de notre pays.

9
Environnement & Tourisme

49. En vue de soutenir le secteur d’activités « HORE-


CA » (Hôtellerie, Restauration Café) durement touché
par la crise de Covid-19, appliquer une « TVA spéciale
» de 5% pour les activités dans ce secteur au cours
des deux prochaines années.

50.. Créer un « Visa touristique » de 15 ou 30 jours


maximum délivrable à tout voyageur étranger muni
d’un passeport valide directement à certains postes
frontaliers de la RDC (qui seront dotés des équipe-
ments appropriés, notamment en matière de sécuri-
té nationale). Un pré-enregistrement en ligne sera re-
quis. De manière générale, réduire les prix des Visas
et assainir la grille des tarifs appliqués actuellement
de manière « anarchique » par nos ambassades.

51. Affecter automatiquement au fonds pour la pro-


motion du Tourisme (FPT) un pourcentage des reve-
nus issus des taxes et autres redevances perçues par
l’Etat dans la structure de prix des carburants. Exo-
nération totale pour les importations (liste à définir)
dans le cadre d’un projet de développement touris-
tique générateur direct d’au moins 50 emplois.

52. Rendre immédiatement effective l’incorporation


de la redevance aéroportuaire dite « Go-Pass » dans
le prix du billet d’avion et affecter au fond pour la
promotion du Tourisme (FPT) un pourcentage des
revenus issus de cette taxe.

53. Promouvoir les attraits touristiques de manière plus systématique et dans le cadre d’un plan de commu-
nication bien conçu. Lancer un concours réservé aux nationaux (individus ou structures) dans ce sens. Mettre
un accent particulier sur l’écotourisme. Lancer un site internet payant pour faire découvrir les merveilles et
curiosités de la RDC (comme alternative ou « avant-goût » d’un voyage touristique classique). De manière gé-
nérale, développer le tourisme virtuel en mettant à profit les technologies disponibles telles que les drones et la
digitalisation.

54. Favoriser l’économie verte à travers une stratégie nationale appropriée qui sera matérialisée sur le terrain
par des projets concrets à court, moyen et long terme. Le but ici étant de positionner la RDC comme un pays
leader en la matière et futur premier pays africain à réussir son industrialisation en phase avec les exigences du
développement durable.

10
Justice & Éthique
55. Assurer et renforcer l’indépendance du pouvoir 59. Faciliter l’application des peines alternatives à
judiciaire ainsi que le devoir de redevabilité des ma- l’incarcération telles que des travaux d’intérêt
gistrats. Élargir par des mécanismes appropriés, en public (participation au nettoyage des hôpitaux,
s’inspirant notamment des meilleures pratiques sous à des activités maraichères destinées à nourrir les
d’autres cieux, la possibilité d’enclencher une en- soldats, obligation d’écrire ses mémoires, etc.).
quête sur des possibles agissements illégaux des ma-
gistrats, au-delà de l’appréciation faite par les pairs. 60. Pénaliser le discours sur la « balkanisation » du
pays et établir une peine d’indignité nationale pour
56. En plus des obligations légales actuelles (voir l’ar- tout citoyen dans une activité, même intellectuelle,
ticle 99 de la Constitution), rendre plus accessible le de « valorisation » d’une thèse tendant à encourager
contenu de la déclaration de patrimoine en créant la division du pays. Élargir à d’autres responsables
un « comité de vérification du patrimoine des hauts d’État et à d’autres types d’agissements contre les
responsables d’État » qui sera composé notamment intérêts supérieurs de la Nation, les cas de poursuite
de citoyens tirés au sort dans la base de données des pour « Haute trahison » prévus actuellement par la
contribuables en règle au niveau fiscal et jouissant Loi.
de tous leurs droits civiques. Élargir la liste des res-
ponsables publiques tenus de produire cette décla-
ration à leur entrée en fonction et à l’expiration de
celle-ci.

57. Rendre effective les sanctions pénales en cas


de violation grave de la Loi relative aux Finances Pu-
bliques.

58. Mettre en place une Commission Vérité, Jus-


tice et Réconciliation Nationale chargée de traiter,
en concomitance avec les instances judiciaires ou
de manière exclusive, des cas spécifiques de respon-
sables de crimes politiques et économiques graves
depuis l’indépendance du pays et qui mériteraient
un traitement exemplaire.

11
CONCLUSION

Ces 60 propositions constituent des pistes de solu- domaines, afin de le hisser à moyen terme, au diapa-
tion concrètes, dont la mise en œuvre est à la portée son des puissances africaines.
de notre classe dirigeante, si l’intérêt supérieur de
la Nation prédomine. Mais, ne nous voilons pas la Concomitamment, le sens des responsabilités doit
face, il demeure que la réalité de la gouvernance gé- pousser l’ensemble de l’élite nationale à s’interroger
nérale de notre pays étant notoirement déficiente, sur la meilleure manière de rendre effective l’appli-
voire nuisible au progrès collectif, peut-on raisonna- cation de notre constitution, dans sa plénitude. Et
blement espérer un changement qualitatif face à la éventuellement, tirant les leçons des insuffisances
réalité d’une mégestion devenue systémique ? constatées, notamment les viols répétitifs de cette
matrice juridique, socle de la gestion de la Nation,
C’est ici que se pose fondamentalement la question envisager avec courage de cheminer vers une 4e
du « Pacte social congolais ». En effet, après soixante République. Celle-ci serait alors caractérisée par une
ans de balbutiements, que voulons-nous faire du « constitution de la maturité », plus lisible, assumant
Congo désormais ? Quel serait ce plus petit dénomi- notamment un système fédéral clair et adapté à nos
nateur commun qui pourrait nous unir tous comme réalités, incluant de nombreux garde-fous pour em-
un seul être fait Pays-Nation, afin d’œuvrer, chacun pêcher toutes tentatives de dérives.
selon ses possibilités, à l’émergence d’un « Congo
fonctionnel », pacifié, prospère et catalyseur de dé- De tout ce qui précède, il apparait plus qu’impérieux
veloppement pour l’ensemble du continent Africain de mobiliser toutes les bonnes volontés nationales
? Ces questions sont au cœur des enjeux de notre disponibles afin d’œuvrer, focalisés sur l’essentiel,
vie nationale devant le spectacle affligeant de la des- pour le bien de la Nation à un moment si critique de
tinée trop longtemps contrariée de notre pays bien l’histoire de notre pays, jumelé à une crise mondiale
aimé. d’envergure. Osons enfin le pari de plus d’équité et
de justice !. Ne ratons pas cette occasion de nous
Oui, le sort nous a unis et l’effort pour l’indépen- unir pour survivre et demain, mieux vivre.
dance, les épreuves de notre histoire contempo-
raine, ces moments de joie et de peine collectives Que vive la RDC unie, aux multiples potentiels pro-
ont réussi à forger en nous cet attachement viscéral gressivement transformés en sources palpables de
à ce territoire de 2 345 409 km², cette indéfectible so- prospérité partagée ! Que vive notre beau et grand
lidarité, cet inébranlable sentiment national qui doit pays qui bientôt saura jouer pleinement un rôle lea-
demeurer dans notre ADN comme peuple. Mais, il der dans la construction d’une Afrique plus belle
est temps maintenant d’aller au-delà du simple stade et dignement positionnée à une place de choix au
d’un « commun vouloir vivre ensemble » afin de bâ- banquet de l’humanité ! Ceci est notre destin natu-
tir un projet de vie harmonieux, à la hauteur de nos rel, assumons-le avec les sacrifices que cela impose.
potentiels.

C’était le défi assigné depuis 2006 à notre constitu- Il est venu le temps de changer de
tion actuelle. Cependant, force est de constater que paradigme et, tout deviendra alors
depuis sa promulgation, tel qu’illustré à travers les possible...
trois échéances électorales ou encore en matière
d’application de la décentralisation et du respect
général des prescrits de notre Loi fondamentale, les
Bonne fête de l’indépendance
résultats sont peu probants. à toutes et à tous !
Ces 60 mesures que nous proposons, couvrant la
plupart des secteurs de la vie nationale, sont appli-
cables au cours des trois prochaines années. Elles de-
vraient contribuer sensiblement à revivifier au sein
de la majorité de notre population, la confiance en
des lendemains meilleurs, la conviction qu’un rêve
congolais possible est enfin « en cours de télécharge-
ment ». Il s’agit en l’occurrence de créer, via la mise
en œuvre de ces propositions, ce déclic propulseur
d’un décollage définitif de notre pays dans tous les L’équipe de Congo World Foundation

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À propos de nous

Congo World Foundation (www.congoworldfoundation.org) est une organisation non gouvernemen-


tale de droit congolais, active en RDC et à l’international. À travers notamment son Think Tank et son Fonds
d’Investissement pour le développement durable, CWF veut servir de catalyseur d’idées et d’initiatives, de struc-
ture de référence dans l’analyse perspective et prospective sur les enjeux cruciaux pour l’avenir de la République
Démocratique du Congo (RDC). Grâce à ses experts provenant de tous les horizons, ses membres dynamiques
et son réseau de partenaires en constant développement, Congo World Foundation constitue un « hub » de
choix stimulant judicieusement la force de la réflexion collective pour des actions stratégiques.

Cette « Note synthétique » résume le contenu de plusieurs réflexions et études menées au sein de notre orga-
nisation, souvent jusqu’à un niveau de conceptualisation d’une mise en œuvre pragmatique. Certaines de ces
réflexions ont dejà abouti à des initiatives concrètes en cours de réalisation telles que #CleanCobalt ( Clean
Cobalt from Congo ou 3C initiative) (www.cleancobalt.org) et #TelemaSalisa (www.telemasalisa.
org). Des publications plus détaillées ainsi que d’autres projets sont en préparation.

#Atandele
#Ekosimba
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