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DU X I I I e AU XV e SIÈCLE
P a r P I E R R E MICHAUD-QUANTIN
1
Ed. J. Longère: Dans: Analecta mediaevalia namurcensia 17—18. Louvain-Paris
1963. L'oeuvre de Maurice de Sully est restée inédite ; cf. Lecoy de la Marche : La Chaire
française au Moyen-âge. 2 e éd. Paris. 1886. p. 320 et ff.
2
Cf. voir plus loin note 5.
Les méthodes de la pastorèlle du XIII e au XV e siècle 79
5
F. M. Powicke, C. R. Cheney: Councils and Synods with other documents relating
to English Church, t. II 1205—1313. Oxford 1964; Une introduction à ces textes par
C. R. Cheney: English Synodalia of the 13 th Century a été réimprimée en 1968; A. Ar-
tonne, L. Guizard, O. Pontal: Répertoire des statuts synodaux de l'ancienne France.
Paris 1963; O. Pontal: Les plus anciens statuts synodaux de l'église d'Angers et leur
expansion dans les diocèses de l'Ouest de la France. Dans : Revue d'Histoire de l'Eglise
de France 46 (1960) 54—66.
Les méthodes de la pastorale du XIII e au XV e siècle 81
7
Restés pour la plus part inédits. Sacramentels et manuels de confession sont
souvent mentionnés par J. F. Schulte : Die Geschichte der Quellen und Literatur des Ca-
nonischen Rechts. 3 Bde. Straßburg 1876, t. II; P. Michaud-Quantin: Sommes de casui-
stique et manuels de confession au Moyen-âge. Dans: Analecta mediaevalia namur-
censia 13. Louvain-Lille-Montréal 1962; La Summa confessorum de Thomas de Chob-
ham qui vient d'être éditée par F. Bloomfield (dans : Analecta mediaevalia namurcensia
26. Louvain-Paris 1968) est un type très précoce (1216) de sacramentel, environ 1/6 de
l'ouvrage est consacré aux six autres sacrements; il connut une importante diffusion en
Angleterre et en Europe centrale jusqu'au X V e siècle, souvent sous le nom du «pape
Innocent».
8
A. Madre: Nikolaus von Dinkelsbühl, Leben und Schriften. In: Beiträge zur Ge-
schichte der Philos, und Theol. des Mittelalters. XL, 4. Münster 1966.
Les méthodes de la pastorale du XIII e au XV e siècle 83
6·
84 Pierre M i c h a u d - Q u a n t i n
11
R. Foreville : op. cit. (note 3), p. 304.
Les méthodes de la pastorale du XIII e au XV e siècle 87
humaine, c'est la théorie des tempéraments «complexiones» élaborée par les médecins
et reçue par les moralistes. Des catégories sociales élémentaires comme la classe d'âge
sont interprétées en fonction d'elle, l'enfance est de «complexio» «humide et chaude»;
lorsque le pasteur se préoccupe d'elle (sermons «ad pueros et puellas», questionnaires
sur les «puerilia»), elle est considérée comme un statut ayant ses devoirs propres et ses
dangers particuliers mais ses membres restent des «hommes», comme le montre J. Le
Goff: La civilisation de l'Occident médiéval. Paris 1964. p. 356 et ff.
90 Pierre M i c h a u d - Q u a n t i n
se posent sont ceux du respect des règles canoniques qui doivent présider
à cette administration.
L'instruction religieuse se donne essentiellement du haut de la chaire
et, nous y reviendrons, à l'occasion du sacrement de Pénitence. En
outre le curé compte sur les parents pour apprendre à leurs enfants les
prières essentielles et la pratique des vertus, parfois sur les maîtres ou
patrons pour remplir un office analogue adapté aux circonstances
auprès de leurs subordonnés ou dépendants. Chacun est tenu selon
ses possibilités intellectuelles de perfectionner ses connaissances
religieuses, mais on ne rencontre pas d'indications précises sur la
manière de le faire, tout au plus des conseils assez vagues, «lire la
vie des saints» par exemple, et leur réalisation ne semble pas être
une tâche ou une préoccupation qui rentre dans l'exercice du
ministère.
Reste le problème très complexe de la Pénitence. Très complexe
parce que ce sacrement représente le seul cas où la pastorale du moyen-
âge suppose expressément des rapports interpersonnels entre le pasteur
et le fidèle. Tout manuel un peu étendu commence pax un dialogue
d'accueil où ils font connaissance l'un avec l'autre ; notons au passage
que ce fait en dit long sur le reste de leurs relations, même si l'un est
le paroissien de l'autre. Pour définir ce rapport entre eux, les auteurs
emploient la métaphore du «médecin des âmes», qui doit connaître
son malade et lui inspirer confiance, celle du juge spirituel est parfois
utilisée mais beaucoup plus rare. La méthode pastorale exige ici du
ministre un ensemble de qualités humaines, énumérées dans de nom-
breuses formules versifiées, dont la principale est d'être «discretus»;
cet adjectif vise à la fois les connaissances théoriques qu'il possède
pour reconnaître le péché et l'art pratique d'en apprécier la gravité
et la nature précise en fonction du contexte dans lequel il a été commis,
ainsi que pour prescrire la satisfaction nécessaire et les précautions à
prendre afin d'éviter les rechutes. Cette qualité est si indispensable
que son absence chez la «proprius sacerdos» est une raison suffisante
pour déroger à la loi de la territorialité. De même le pénitent n'est
pas un homme quelconque mais cet homme, bien individualisé par
son caractère, parfois sa santé, son passé, ses cadres sociaux. Ce
personnalisme de la confession est accentué par le fait que le prêtre
doit atteindre son interlocuteur sur le plan affectif et même psycho-
physiologique : il doit obtenir une contrition profonde et si possible
des larmes. En plus de l'administration du sacrement, le confesseur
profite de ce contact individuel pour vérifier l'instruction religieuse du
pénitent et, s'il en a le temps, la compléter en cas de déficience, toutes
les formules d'accueil le prévoient; on trouve aussi, vers la fin de la
confession, des données qui paraissent plus destinées à parfaire les
connaissances chrétiennes qu'à obtenir l'aveu du péché. On est ainsi
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