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Droit des assurances au Maroc

AL Azrak Zaher Badr


Zaherbadr@gmail.com

2020 - 2021

Introduction
Au Maroc comme dans tous les autres pays du monde, l’assurance s’est développée pour
répondre aux évolutions des besoins des entreprises et des individus. Les entreprises étant les
acteurs centraux de l’activité économique, ils font donc face à tous les aléas qui peuvent
perturber leur existence, ainsi pour se prémunir elles ont dû faire appel aux assureurs pour en
limiter les impacts à travers les sommes importantes qu'il mobilise, le secteur des assurances
joue aussi un rôle important dans la collecte de l'épargne intérieure et dans son acheminement
vers le financement des besoins de l'économie nationale.

La réglementation régissant le secteur des assurances. Avant la rentrée en vigueur du


nouveau code d’assurance marocain, était à la fois éparse et confuse, car elle a connu une
multitude de rajouts et de modifications sur plusieurs décennies, ce qui rendait sa manipulation
difficile et son application imprécise, et la tache des juges plus difficile cette réglementation
était composé essentiellement de plusieurs textes.

La volonté d’harmoniser ces textes épars, d’en combler les insuffisances et de tenir
compte des évolutions récentes dans l’industrie de l’assurance a donc rendu nécessaire
l’élaboration d'un code constituant un cadre institutionnel et technique propre au secteur des
assurances, à même de protéger les assurés et de sauvegarder les acquis du secteur au bénéfice
de l'économie nationale dont il est l'un des éléments moteurs et de fournir au juges un cadre
législatif afin de mieux statuer a niveau d’assurance et apporter des réponses aux insuffisances
que connaissait la réglementation des assurances, en introduisant un certain nombre
d’innovations.

Avant de mettre en lumière les spécificités du cadre juridique d’assurance, il apparaît


nécessaire de faire (ne serait que très brièvement) un aperçu sur le cheminement historique de
la notion d’assurance au Maroc.

Au moyen âge l’assurance était purement maritime, l’évolution du commerce maritime au


bassin méditerranéen était derrière l’apparition d’un certain nombre d’assurance dont la plus
connue était « le prêt à la grosse aventure » « ‫ » القرض من أجل المغامرة الكبرى‬également appelé
nautika ou simplement prêt maritime. Pour armer leurs bateaux, les marchands s'adressaient à
des banquiers qui leur prêtaient les capitaux nécessaires. Si le bateau faisait naufrage,
l'armateur ne remboursait rien au banquier. Par contre, s'il arrivait à bon port, il remboursait le
prêt ainsi qu'une participation très élevée en compensation du risque encouru. L'intérêt du prêt
pouvait atteindre 40%. Hostilité de l’Eglise contre l’intérêt stipulé dans le contrat du prêt à la
grosse, le Pape Grégoire IX interdit en 1234 le prêt à la grosse.

Un nouveau système vit le jour à Florence et à Gênes les armateurs de ces deux villes
mirent au point un contrat par lequel l’armateur payait d’avance une prime à un banquier qui
s’engageait à régler un montant convenu en cas de sinistre. (14ème siècle). L'écrit qui
matérialisait ce contrat portait déjà le nom de " police ". La plus ancienne police de ce type est
conservée dans un musée à Gênes. Elle date de 1347 et couvre la cargaison du " Santa Clara "
pour un voyage de Gênes à Majorque.
Par la suite, apparurent les premières assurances vie, au XVè siècle et surtout XVIè siècle.
L’assurance terrestre « Incendie » n’est apparue qu’avec le 17eme siècle suite au grand
incendie de Londres 1666 causant la destruction de plus de 13.000 maisons.

Au Maroc, l’évolution de l’activité maritime à partir de la seconde moitié du 19eme siècle


était derrière l’apparition des premières formes d’assurance pour protéger les navires, les
commerçants et mêmes les voyageurs des différents aléas maritimes via des compagnies
étrangères. En effet, les étrangers s'assurer auprès des sociétés d'assurances de leurs pays
d'origine. Les premières sociétés d'assurances qui s'installèrent au Maroc étaient toutes
étrangères. Elles exerçaient soit sous forme de délégation, soit sous forme de petites agences.
Les premières sociétés d'assurances maritimes (la Espagnola en 1879, la Centrale et la
Réparation en 1883, The Calpean maritime Insurance Ltd en 1887, la Manheim en 1886 et le
Lioyd Alleman en 1893) ayant couvert des risques au Maroc et sont le fruit du régime des
concessions étrangères en vertu du traité du 9 décembre 1856.

Pendant le protectorat, l’exploitation quasi systématique du Maroc, en tant que source de


matières premières et marché d’articles manufacturés, a abouti à la formation d’un secteur
relativement moderne de l’économie, qui dut avoir recours à l’assurance pour protéger et
sauvegarder ses investissements contre tous les aléas. Cependant, l’évolution économique et
sociale qui se déclencha vers la fin de la deuxième décennie du protectorat devait favoriser la
formation timide d’un marché local de l’assurance.

Avec la première guerre mondiale, on a assisté à la création à Tanger d'une compagnie


d'assurances maritimes et de guerre "le Maroc" en 1916, dissoute quatre années plus tard. Une
des conséquences de la 2ème guerre mondiale a été la naissance de 23 compagnies
d'assurances entre 1941 et 1951 dont le capital était en majorité étranger, exception faite de la
Royale Marocaine d'Assurances, créée en 1950 avec la participation de capitaux marocains.

Malgré cette évolution la notion d’assurance a demeurait loin des préoccupations de


citoyennes marocains pour des considérations culturelles et religieuses, et aussi pour des
considérations liées à l’existence de plusieurs réseaux de solidarités « tribaux, familiaux et
professionnels ». En bref, l’assurance n'a pas été toujours une culture de nos ancêtres, pendant
longtemps, l'opération d'assurance a été considérée comme immorale car elle développait la
négligence et la notion de pari, elle a été rejetée par le système juridique islamique.

Apres l’Independence du Maroc, 315 compagnies dont 25 de nationalité marocaine ( La


création en 1960 de deux compagnies "C.N.I.A." la Compagnie Nord-africaine et
Intercontinentale d'Assurances) et "S.C.R." (Société Centrale de Réassurance) avec la
participation de l'Etat par l'intermédiaire de la Caisse de Dépôt et de Gestion (C.D.G.)) se
partageaient un montant global de primes de l'ordre de 150 M.Dh. Dès 1962 on ne comptait
plus que 219 unités. Ce mouvement s'est trouvé renforcé par l'institution en 1965 d'un plancher
d'encaissement d'un million de dirhams, que les compagnies devaient atteindre, au plus tard en
1968, sous peine de retrait d'agrément. De ce fait, le nombre de compagnies est passé de 130 à
la veille de cette décision à 54 en 1970, 32 sociétés vers la fin de 1973 et à 27 sociétés vers la
fin de 1975.

Les années 90 à leur tour ont connu la liquidation de cinq sociétés d'assurances (Arabia
Insurance Company Morocco S.A., la Compagnie Atlantique d'Assurances, la Réunion
Marocaine d'Assurances et de Réassurances, la Renaissance et la Victoire) en vertu des arrêtés
du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs du 12 septembre 1995. La
liquidation de ces sociétés, fait suite aux mesures de redressement appliquées par les autorités
dans le cadre de la politique d'ajustement structurel entamée depuis 1982, et à la promulgation
de certaines règles de gestion et des indicateurs d'appréciation de la solvabilité globale des
entreprises d'assurances.

En plus de ces mesures, on a assisté dans le cadre de la politique d'assainissement du


secteur des assurances, à la fusion par absorption de la société "l'Entente" par "Al Amane" en
1993, avec l'obligation d'augmenter le capital social à hauteur de 10% au moins de son chiffre
d'affaires. Plus tard, la société "Al Amane" a été autorisée à continuer son activité sous la
nouvelle dénomination sociale "Axa Al Amane".

En 2004, le marché marocain des assurances et de réassurance a été marqué par la


fusion par absorption de la société ALWATANIYA par la Royale Marocaine d'Assurances
(RMA) donnant ainsi naissance à la RMA WATANYA. Le nombre des entreprises s'est
ramené cette année à dix-huit, dont quinze entreprises commerciales et trois mutuelles.

Le cadre réglementaire avant la codification

Le cadre réglementaire et législatif régissant le secteur des assurances avant la codification


était diversifié et éparse, il à été principalement composé de :

- L'arrêté viziriel du 28 novembre 1934 pour la réglementation générale (premier texte


régissant le contrat d'assurance) .

- L'arrêté du "directeur" des finances du 20 mars 1942 relatif aux polices d'assurances
terrestres.

- L'arrêté viziriel du 6 septembre 1941 (modifié par le Dahir du 20 octobre 1969), unifiant
le contrôle de l'Etat sur les entreprises d'assurances, de réassurances et de capitalisation;

- L'arrêté du ministre des Finances du 5 avril 1968 relatif à l'agrément des entreprises
d'assurances, de réassurances et de capitalisation;

- L'arrêté du ministre des Finances du 10 juin 1996 relatif aux garanties financières et aux
documents et comptes-rendus exigibles des entreprises d'assurances, de réassurances et de
capitalisation et l'instruction n°18 du 29 mars 1996 relative aux indicateurs de solvabilité et
aux règles de fonctionnement des entreprises d'assurances.
- Dahir du 20 octobre 1969 relatif à l'assurance obligatoire des véhicules sur route et
l'arrêté du Ministre des Finances et des Investissements Extérieurs du 19 septembre 1996,
relatif à la tarification de l'assurance automobile obligatoire et des garanties complémentaires à
cette assurance.

- Loi n° 43-94, relative aux obligations comptables des sociétés d'assurances, de


réassurances et de capitalisation ainsi que par l'arrêté du Ministre des Finances et des
Investissements Extérieurs du 8 mai 1996 relatif au plan comptable des assurances.

Il faut noter que ces différents Dahirs, arrêtés, lois et instructions sont en perpétuelle
modification, selon les besoins en réglementation du secteur.

Indemnisation des victimes des accidents de la circulation

Concernant le dispositif d’indemnisation des victimes des accidents de la circulation avant


1984 composé essentiellement de la Jurisprudence non constante causant une disparités dans
l’indemnisation et des Contraintes énormes pour les entreprises d’assurances dans
l’évaluation de leur réserve. Apres 1984 les indemnisations des victimes accidents de la
circulation sont devenu réglementé par de Dahir du 02 octobre 1984 au Maroc.

Le code des assurances

Au Maroc, la libéralisation du secteur d’assurance est venue pour clore plusieurs


années d’agitation. Les entreprises industrielles et les prestataires de services qui opèrent sur
un marché de plus en plus global, sentent le besoin d'être soutenus par leurs assureurs. La
recherche de gains d'efficacité, à travers la diversification des risques, la réduction des coûts, a
poussé le législateur marocain à rassembler les textes existants et les adapter avec le contexte
actuel et aussi apporter des nouveautés afin d’améliorer la réglementation du secteur
d’assurance.

De ce fait la loi n°17-99 portant code des assurances ainsi que son décret d’application
apportent des réponses aux insuffisances que connaissait la réglementation des assurances, en
introduisant un certain nombre d’innovations. Celui-ci donne un cadre très strict de l’exercice
des opérations d’assurance, que ce soit au niveau des compagnies d’assurance que des réseaux
de distribution.

De plus il a développé tout un ensemble d’obligations d’assurance visant à protéger


l’ensemble des tiers des effets dommageables que pourraient produire les personnes soumises
à cette obligation

Ce code a proposé plusieurs nouveautés dans le sens d'une mise à niveau globale des
règles applicables dans le secteur des assurances et ce, en vue de mettre en place un cadre
institutionnel adéquat tendant à favoriser une gestion appropriée d'un secteur dont l'équilibre et
la promotion constituent des facteurs de stabilité et de progrès économique et social. Avec
cinq grands titres et 342 articles, le nouveau code apporte plusieurs innovations dont:

- La réglementation, pour la première fois au Maroc, de la mutualité à travers plus de 50


dispositions concernant les mutuelles d'assurances;

- La réforme du Fonds de Garantie Automobile (FGA) en réduisant les membres


composant son conseil d'administration et en prolongeant la durée du délai de recours pour
indemnisation de 6 mois à 3-5 ans;

- L'officialisation de la bancassurance comme technique assurantielle tout en limitant la


commercialisation des produits d'assurances par les banques aux seuls produits-vie;

- Le code dispose aussi que seules les personnes morales sont habilitées à exercer dans le
métier. Ainsi, les courtiers doivent se constituer en société de courtage avec un capital
minimum de 1 M. Dh, alors que les agents doivent, quant à eux, justifier un capital minimal de
500.000 Dh;

- La réduction de la concentration du capital entre les mains d'un seul ou un groupe


d'actionnaires en limitant à 50% de part pour toute personne physique ou morale,
indépendamment de sa nationalité (marocaine ou étrangère).

- L’extinction de exclusion de l’obligation d’assurance véhicule RC, l’ancien dispositif


excluait: L’Etat, La maison royale et Sa Majesté Le Roi.

Egalement, afin de protéger les assurés et de garantir un maximum de transparence,


l’article 10 du CDA impose à l'assureur, préalablement à la souscription de tout contrat, de
remettre à l'assuré une notice d'information décrivant les garanties assorties des exclusions, la
prime d'assurance ainsi que les obligations de l'assuré. En outre, l’article 97 donne à l’assuré la
possibilité de dénoncer le contrat dans un délai de 15 jours, à compter de la date de sa
souscription.

En ce qui concerne les assurances obligatoires et plus particulièrement l’assurance


automobile, la principale modification proposée en la matière est introduite par l’article 124 du
CDA et porte sur la protection des tiers, dont la notion a été étendue aux membres de la
famille du civilement responsable qui étaient exclus du champ de la garantie.

Pour les entreprises d’assurances et de réassurance, le CDA en son article 168, a limité les
formes desdites entreprises aux seules sociétés anonymes et sociétés d’assurances mutuelles et
à leurs unions.

Fonds de garantie des accidents de la circulation (FGAC)


Le Fonds de garantie des accidents de la circulation constitue la continuité de l’organisme
créé par le dahir du 22 février 1955, Il est chargé, selon l’article 134 de la loi n° 17-99 portant
code des assurances, d’assurer la réparation totale ou partielle des dommages corporels causés
par un véhicule terrestre à moteur, dans le cas où les personnes responsables de ces accidents
sont inconnues ou non assurées et incapables d’en dédommager les victimes en raison de leur
insolvabilité, Il est alimenté principalement par une contribution des entreprises d’assurances
(10% des charges du fonds) et une contribution des assurés (1,5% de la prime d’assurance
automobile.

Les opérateurs de l’assurance au Maroc


Les entreprises d’assurance et de réassurance

D’un point de vue général, les entreprises d’assurance et de réassurance se sont des
sociétés à but lucratif qui pratiquent les opérations d’assurance portant sur la couverture de
risque concernant une personne, un bien, ou une responsabilité, elles peuvent pratiquer toutes
les branches d'assurance, n'ont pas de limitation territoriale au Maroc et travaillent avec des
intermédiaires (agents généraux et courtiers). Lesdites sociétés obéissent quant à leur
constitution aux dispositions de la loi 17-99 portant code des assurances et par dérogation aux
dispositions de l’article 6 de la loi N 17-95 relative au SA (art 171) ; les entreprises
d’assurance et de réassurance doivent justifier d’un capital social d’au moins de 50.000.000 de
dirhams libéré en numéraire. Cependant, l’administration peut exiger un capital supérieur à ce
minimum en considération des opérations que l’entreprise d’assurance veut pratiquer et des
prévisions de ses engagements.

Ces entreprises ne peuvent présenter des opérations d’assurance maritime au public


qu’après obtention de l’agrément auprès du ministère de finance. Cet agrément n’est accordé
qu’après déposition d’une demande par les entreprises ayant un siège social au Maroc et régies
par le droit Marocain et après avis du comité consultatif des assurances.

Les sociétés d’assurances mutuelles

La mutualité d’assurance suppose un ensemble de personnes qui, à la fois assurés et


assureurs, s’engagent à s’indemniser réciproquement des dommages qu’elles peuvent éprouver
par suite de l’avènement de certains risques similaires

Les sociétés d'assurances mutuelles sont des sociétés à but non lucratif qui garantissent
au profit de leurs membres, personnes physiques ou morales, appelés sociétaires, moyennant le
versement d'une cotisation fixe ou variable, le règlement intégral de leurs engagements, en cas
de réalisation des risques dont elles ont pris la charge. La constitution des sociétés mutuelle est
conditionnée par le respect des règles prévues par la loi 17-99 sur les S.A et qui visent des
conditions de fond et de forme.Au Maroc, le nombre des entreprises s'est ramené à dix-huit
dont quinze entreprises commerciales et trois mutuelles. Sur ce total, neuf pratiquent aussi
bien les opérations d'assurances non vie que les assurances vie et capitalisation, trois se
limitent aux opérations d'assurances non-vie, une pratique exclusivement les opérations
d'assurances vie et capitalisation, trois pratiquent les opérations d'assistance, une pratique
exclusivement l'assurance-crédit, et une entreprise est spécialisée dans la réassurance.

Organismes à caractère social

On peut relever dans le secteur des assurances l'existence d'autres organismes à caractère
social comme la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale), la CIMR (Caisse
Interprofessionnelle Marocaine de Retraite), la CMIM (Caisse Mutuelle Interprofessionnelle
Marocaine), la CNOPS (Caisse Nationale des Organismes de Prévoyance Sociale), le RCAR
(Régime Collectif d'Assurance et de Retraite) et la CMR (Caisse Marocaine de Retraite).

Assurance Takaful

Il s’agit d’un contrat d’assurance compatible avec les principes de la finance participative.
Dans le cadre de ce contrat, les souscripteurs « participants » payent des cotisations sous
forme de dons, qui sont déposées dans un Fonds Takaful avec les primes d’autres
souscripteurs. En cas de survenance d’un évènement couvert, c’est ce Fonds qui vient
indemniser les victimes. Ce mécanisme sera géré par une compagnie Takaful. L'assurance
"Takaful" est régie par la loi n°17-99 portant code des assurances (telle que modifiée et
complétée par la loi n°59-13 et la loi n°87-18).

Dans l'assurance "Takaful", il faut distinguer deux activités: une activité dédiée à la
couverture des risques et une activité dédiée à l'investissement des capitaux des participants.
Les comptes servant pour couvrir les risques sont alimentés par les contributions des
participants, qu'ils versent sur la base du principe de l'engagement de donation (‫)االلتزام بالتبرع‬.
Ce principe de donation ne s'applique pas pour les comptes dédiés à l'investissement des
capitaux. Dans l'exercice de ses activités, l'opérateur "Takaful" doit se conformer aux avis
conformes du Conseil Supérieur des Oulémas (CSO) dans toutes les transactions relatives au
fonds ou relatives à ses propres comptes. En cas de réalisation d'excédent technique et
financier, l'opérateur "Takaful" est tenu de restituer aux participants cet excèdent,
conformément aux modalités prévues au règlement de gestion. En cas de déficit de couverture
des engagements, l'opérateur est dans l'obligation de combler ce déficit par des Avances
Takaful (prêts sans intérêts) conformément à la Charia. Ces avances seront remboursables
après rétablissement de la situation de couverture du fonds.

Les intermédiaires d'assurances


Le secteur des assurances, dans son ensemble, n'est pas seulement constitué de
sociétés et de mutuelles, mais également d'intermédiaires d'assurances.

L'intermédiaire en assurance est la personne à qui revient le mérite de créer la relation


contractuelle entre l'entreprise d'assurance et le client-assuré. Et pour atteindre les gens afin
d'offrir ses garanties, l'entreprise doit recouvrir aux intermédiaires d'assurances. Leur rôle
acquiert une importance accrue pour certaines branches d'assurance-vie. En général, on peut
dire que le développement de l'entreprise et de la bonne circulation de ses produits dépendent
essentiellement de l'efficacité des intermédiaires et de leur compétence professionnelle.

Les agents généraux d'assurances : L'agent général d'assurances est une personne
physique mandataire d'une seule société d'assurances qu'il représente dans une région
déterminée en vertu d'un traité de nomination. L'agent général n'est pas un commerçant. Il
exerce une profession libérale et est rémunéré par des commissions. Le portefeuille de l'agent
général appartient à sa société mandante à qui il doit l'exclusivité de sa production sauf pour
les risques qu'elle ne pratique pas ou qu'elle refuse.

Les courtiers : Le courtier est le mandataire de l'assuré. Il n'est lié à aucune société
d'assurances. Il place les contrats de ses clients auprès des sociétés de son choix. Il est
rémunéré par des commissions de courtage qui varient selon les branches. La profession de
courtier est réglementée (idem pour les agents généraux) par des conditions de capacité
professionnelle prescrites par la réglementation en vigueur.

Les institutions de la régulation du secteur

Plusieurs institutions exercent dans le secteur des assurances au Maroc comme


instances de régulation ou de promotion.

ACAPS : La plus importante de ces institutions est sans aucun doute la Direction des
Assurances et de la Prévoyance Sociale (D.A.P.S.), relevant du Ministère de l'Economie et des
Finances, qui a été remplacé par l’ACAPS qui est devenue l’Autorité compétente pour le
contrôle des entreprises d’assurances et de réassurance, des intermédiaires d’assurances ainsi
que des organismes de prévoyance sociale (caisses de retraites, mutuelles de prévoyance
sociale et organismes gestionnaires de l’Assurance Maladie Obligatoire). L’Autorité dispose
de larges compétences en matière de régulation et de supervision des secteurs qui lui sont
assujettis, et ce dans l’intérêt des assurés, affiliés et bénéficiaires de droits. Elle est ainsi en
charge :

• De la régulation et de la normalisation à travers l’octroi des agréments ou autorisations


et la mise en place des règles et normes de fonctionnement du marché .

• Du contrôle de la solvabilité des Entreprises d’Assurances et de Réassurance et de la


pérennité financière des régimes et organismes de prévoyance sociale .
• De la veille au respect des règles applicables à chaque secteur par les opérateurs soumis
à son contrôle.

• De la protection des assurés, affiliés, adhérents et bénéficiaires de droits.

• Du suivi des pratiques commerciales et l’instruction de toutes les réclamations relatives


aux opérations pratiquées par les entités soumises à son contrôle.

C.C.A.P. : Le Comité Consultatif des Assurances Privées est un organisme chargé de


donner les conseils et les propositions sur l'évolution du secteur, il est composé de
représentants des compagnies, et des intermédiaires en plus de la présence des autorités de
tutelle.

B.C.M. : Le Bureau Central Marocain est une association de droit privé, créée le 20
février 1969, suite à l'adhésion du Maroc à la convention type inter-bureaux "convention de
Londres". Il est l'émanation de toutes les compagnies d'assurances pratiquant l'assurance
automobile. Le B.C.M. a pour missions: la gestion et le règlement des sinistres survenus sur le
territoire marocain et causés par des véhicules immatriculés à l'étranger ou des sinistres
survenus à l'étranger et causés par des véhicules immatriculés au Maroc ainsi que l'émission de
la carte verte ou la carte internationale d'assurance automobile, qui est un document délivré par
l'assureur automobile à son assuré et qui a valeur, à l'étranger, de contrat d'assurance de
responsabilité civile automobile, dans la limite des garanties qu'il énonce.

L'objet de cours sera limité essentiellement à l’étude cadre juridique règlementant le


secteur des assurances, la formation et l’anéantissement du contrat d’assurance et l’assurance
maritime, notamment l’assurance faculté, corps et les P.I clubs. .

Pour ce faire nous allons tout d’abord traiter la Formation et le déroulement des contrats
d’assurance.
Caractéristiques Juridiques des contrats d’assurance
Le contrat d’assurance se définit comme une convention par laquelle une personne
(l’assureur) s’engage en contre partie d’une rémunération (prime), à verser une indemnité soit
pour la personne assurée qui a souscrite la police, soit aux tiers désignés par elle dans le cas où
un événement futur et éventuel, qualifié « risque » se réalisait.

Contrat aléatoire :
L’assuré contracte une assurance pour se protéger contre le risque. Par conséquent, la
réalisation du risque objet de la garantie prévu par le contrat est la conséquence du hasard et
non celle de la volonté de l’assuré.
Contrat synallagmatique :
Il met en présence au moins deux personnes qui s’obligent l’une envers l’autre.
L’obligation de l’assureur consiste dans le règlement de l’indemnité au moment de la
réalisation du risque. L’obligation de l’assuré consiste dans le paiement de la prime ou de la
cotisation.

Contrat d’adhésion :
Le contrat d’assurance est en général élaboré, rédigé et imprimé par l’assureur. L’assuré ne
fait qu’adhérer à un contrat préétabli qui ne se discute même pas. C’est pour ces raisons que le
législateur est intervenu pour réglementer le contrat d’assurance et même imposer des polices
types dans certaines catégories d’assurance (contrat d’assurance auto, incendie….).

Contrat onéreux :
D’un côté, il y a le paiement d’une prime ou cotisation. De l’autre, la contre partie de
l’assureur consiste dans le versement de la prestation au moment de la réalisation du risque ou
à la date fixée au contrat.

Les parties au contrat 

L’assureur est celui qui moyennant le paiement d’une prime ou d’une cotisation, s’engage
vis-à-vis de l’assuré à lui verser une prestation en cas de survenance d’un événement garanti
par la police.

L’assuré est la personne qui bénéficie de la prestation d’assurance. Il est souvent le


preneur d’assurance, c'est-à-dire le souscripteur. Mais parfois, ça peut être une autre personne,
c’est le cas de l’assurance pour son compte. Il arrive parfois que l’assuré n’est pas bénéficiaire
de la prestation, c’est l’hypothèse qu’offre la stipulation pour autrui.

L’assurance pour son compte 


Quand le contrat d’assurance est souscrit par une personne en son nom propre pour le
compte d’un tiers, il y’a assurance pour compte, et les conséquences juridique sont les mêmes
que celles du mandat ou de la gestion d’affaire. L’assurance pour compte est utilisée aussi bien
pour l’assurance de choses que celle de responsabilité. C’est dans l’assurance automobile
qu’on trouve la meilleure illustration de l’application de l’assurance pour compte.

La souscription pour le compte d’autrui 

La stipulation pour autrui trouve son épanouissement dans le domaine de l’assurance vie.
C’est généralement le cas dans lequel la personne qui signe le contrat déclare agir pour elle-
même et pour une autre personne. L’exemple le plus significatif à ce propos est celui de
l’assurance en cas de décès.

Formation et prise d’effet et durée du contrat


Formation par simple échange des consentements
La demande d’assurance est généralement exprimée au moyen d’une proposition souscrite
par l’assuré sur un imprimé mis à sa disposition par l’assureur. L’acceptation de l’assuré en
présence d’une sollicitation (offre) complète et précise et caractérisé par un écrit et confirmé
par simple lettre.

Formation subordonnée à l’accomplissement des formalités


C’est la signature de la police par le souscripteur, l’envoi d’un document à l’assureur ou le
paiement de la prime.

La prise d’effet du contrat


La détermination de la date prise d’effet peut être directe, indirecte ou mixte.
 Fixation directe : Quand le contrat indique une date ferme.
 Fixation indirecte : Quand la prise d’effet du contrat est subordonnée à la
réalisation d’une formalité. (Le paiement de la première prime).
 Fixation mixte : Quand les deux méthodes indiquées ci-dessus sont
combinées, on prévoit que le contrat ne pourra prendre effet qu’à la plus récente des
deux dates prévues, c'est-à-dire la date ferme et l’accomplissement d’une formalité.

La durée du contrat 

L’article 6 du code, prescrit que la durée du contrat doit être fixée dans la police. Elle doit
être quand elle est supérieure à un an mentionner un caractère très apparent dans la police. A
défaut de fixation de durée ou si celle-ci est imprévue, la durée peut être déterminée ou
indéterminée.

La durée indéterminée mais déterminable : Peut se présenter sous des formes diverses.
Exemple : Assurance pour la durée d’un voyage ou la durée d’une manifestation. Elle vaut
chaque fois pour une période d’un an ou plus, renouvelable indéfiniment tant que les parties
n’y mettent pas fin.

La preuve du contrat

La police d’assurance 

C’est le document qui constate l’existence et les conditions du contrat d’assurance et


qui constitue l’élément de preuve. La police est un imprimé établi par les sociétés d’assurance
dont la forme et conditions sont fixées par le nouveau code.

La police comprend des clauses communes à tous les contrats d’une même catégorie
d’assurance appelées : Conditions générales et conditions particulières, qui manuscrites,
permettent d’individualiser le contrat. En vertu de l’article 12 du code, ces conditions
particulières doivent obligatoirement indiquer par exemple : Les noms et domicile des parties
– La nature des risques assurés – Le montant de la garantie.

L’avenant 

C’est la preuve écrite de modification apportée au contrat d’assurance en cours


d’exécution. L’avenant fait corps avec la police, il est soumis aux mêmes règles que celle ci.
L’avenant n’est pas la seule preuve de modification du contrat, celui-ci exige une lettre
recommandée. Le silence de l’assureur pendant 10 jours à une proposition de modification de
l’assuré, entraîne la modification du contrat.

La résiliation du contrat

Les différentes formes de résiliation 

L’assuré a la faculté de demander la résiliation soi par une déclaration contre récépissé au
siège social ou chez le représentant de l’assureur, soi par lettre recommandée soi par tout
autre moyen indiqué dans la police (article 8). La résiliation ne prend effet qu’après un
préavis fixé par le législateur entre 1 et 6 mois.

Résiliation à la suite du retrait d’agrément de la société :

Selon le code, les contrats d’assurance terrestres doivent comporter une clause spécifiant
qu’en cas de retrait d’agrément accordé à la société ou à l’assureur, le contrat sera résilié.

Résiliation pour non paiement de prime :


En vertu de l’article 21, si l’assuré ne paie pas à son échéance une prime exigible,
l’assureur peut lui adresser par lettre recommandée une mise en demeure qui fait courir un
délai de 20 jours. Si à l’expiration de ce délai l’assuré n’a pas payé le prix, la garantie peut être
suspendue et commence à courir un second délai de 2 jours seulement à l’expiration duquel
l’assureur peut résilier le contrat.

Résiliation en cas d’omission ou d’inexactitude dans la déclaration du


risque à la souscription ou au cours du contrat :

Quand la déclaration du risque est défectueuse, l’assuré est exposé aux sanctions
prévues aux articles 24 et suivants du code. En effet, quand le souscripteur connaît les
circonstances à déclarer et que de bonne foie il ne les déclare pas ou les déclare mal, la
sanction est la proposition d’un nouveau taux de prime ou la résiliation du contrat 10 jours
après notification à l’assuré par lettre recommandée. Si c’est de mauvaise foie qu’il ne les
déclare pas, la sanction est la nullité du contrat avec le remboursement de la portion de prime
afférente à la période pendant laquelle le risque n’a pas couru.

Résiliation en cas de sinistre :

En vertu de l’article 26 du code, le contrat d’assurance peut prévoir la résiliation


après sinistre. Toutefois, cette résiliation ne peut prendre effet que dans le délai d’un
mois à dater de la réception de la notification par l’assuré.

Cas de résiliation pouvant être invoqué par l’assuré :

1 – Faculté de résiliation dans un délai de 20 jours : En cas de refus de l’assureur


de réduire la prime d’assurance suite à la disparition des circonstances d’aggravation des
risques (article 25).

2 – Faculté de résiliation faisant suite à la résiliation par l’assureur d’un autre


contrat après le sinistre : D’après l’article 26 alinéa 3, si la police prévoit que l’assuré a le
droit à un mois après la prise d’effet de résilier la police sinistrée et les autres contrats
d’assurance qu’elle peut avoir souscrite à la société. Cette résiliation prend effet un mois
à dater de la réception de la modification par la société.

Les éléments constitutifs du contrat

La prime
La prime d’assurance étant un élément fondamental, elle est régie par le principe de la
proportionnalité du risque. C’est la rémunération que l’assuré s’engage à verser d’avance à
l’assureur en contrepartie du risque pris en charge pas ce dernier.
Les composantes de la prime :
La prime pure est le prix du risque, elle est en fonction de :
 La probabilité de fréquence et de l’intensité du risque calculé généralement à
partir des statistiques définissants des pourcentages des risques en fin d’une
période annuelle.
 La somme assurée.
 La durée de la période à laquelle correspond la prime.
 Les changements : Le changement contractuel qui s’ajoute à la prime représente
le coût de fonctionnement de l’opération d’assurance. Il correspond aux frais
d’acquisition (commission versée aux intermédiaires qui apportent des affaires
nouvelles aux assureurs) et aux frais de gestion ou d’administration proprement
dit.
 Impôts et taxes :
 Les impôts et taxes qui s’ajoutent à la prime brute comprennent la taxe unique
sur les contrats d’assurance et certaines taxes parafiscales destinées à alimenter
certains fonds (fond de garantie automobile…).

Bonification et majoration de la prime 

Les contrats d’assurance peuvent stipuler l’octroi d’une bonification (diminution de


prime) soi en raison de l’ancienneté du contrat (bonification par ancienneté), soi parce
que l’assuré n’a pas eu de sinistre durant une certaine période (bonification pour non
sinistre). L’octroi de la bonification peut se concevoir selon deux méthodes distinctes :

- Celle de la ristourne (le fait de donner à l’assuré une récompense) d’une partie de
la prime correspondante à toute ou une partie de la période de référence de la
bonification.
- Celle de la réduction de la prime. La bonification ne doit pas dépasser 10% de la
prime.

Le taux de prime est majoré quand le risque se trouve aggravé par suite de
sinistralité. Exemple : En assurance automobile, la prime est majorée pour risque aggravé
(15, 20, 25, 30 %).

Le sinistre
Le sinistre est un fait dommageable qui porte préjudice soi à l’assuré soi à autrui
et qui est de nature à entraîner la garantie de l’assureur. Il faut cependant préciser que le
sinistre est un événement consécutif à la réalisation du risque prévu par le contrat
d’assurance qui astreint l’assureur à aborder la prestation engendrant sa garantie.

La déclaration du sinistre

Conditions de fond : D’après le code, l’assuré est obligé de donner avis à l’assureur dès
qu’il en a eu connaissance et au plus tôt dans les 5 jours de tout sinistre de nature à
entraîner la garantie de l’assureur. L’obligation de déclaration peut être étendue à une
situation préalable à l’avènement du sinistre. C’est ainsi que l’assurance contre la
mortalité du bétail, les assureurs exigent des assurés la déclaration de toute maladie de
quelle gravité qu’elle soit. En assurance de mortalité de bétail, un délai de 24 H est
exigé. En assurance grêle, la déclaration doit être faite dans 4 jours de l’avènement du
sinistre.

Conditions de forme : La déclaration doit être faite par écrit ou verbalement contre
récépissé. La lettre recommandée peut également être utilisée. L’assuré doit fournir toute
pièce permettant à l’assureur d’évaluer le montant du sinistre avant de procéder au
règlement.

La sanction du défaut de déclaration

En cas de défaut ou retard dans la déclaration du sinistre, l’assuré peut perdre le


droit à la garantie. La sanction de l’inobservation du délai de 5 jours peut également être
la déchéance, mais celle-ci ne peut être opposée à l’assuré que si l’assureur a apporté la
preuve de la mauvaise foie de l’assuré ou son intention dolosive. Il faut que cette
hypothèse soit insérée dans une clause de police.

Le règlement du sinistre

L’indemnité du sinistre : La prestation peut être versée soi au souscripteur s’il se trouve
en même temps assuré et bénéficiaire, soi à l’assuré qui n’a pas souscrit un contrat mais
qui se trouve bénéficiaire de la prestation, lorsque l’assurance a été contractée pour le
compte d’autrui.

La détermination de l’indemnité : La détermination de la prestation est en fonction de


la nature du contrat. Dans les assurances, des personnes, sa détermination dépend de la
volonté des parties. Elle est fixée par conséquent dans les contrats. Dans les assurances
de dommage, elle est la fonction de la somme assurée et du préjudice effectivement subi
par l’assuré.

Les modalités de règlement : Le règlement se fait à la demande de l’assuré ou de toute


personne ayant droit à l’indemnité. Il résulte d’une expertise amiable (cas des assurances
de dommage) ou d’une action judiciaire (les assurances de responsabilité). L’assureur
dispose d’un délai d’un mois en principe pour régler l’indemnité de l’assurance (à
compter de l’accord amiable ou de la décision judiciaire définitive). L’indemnité est
souvent versée au siège de la société ou bien à l’agence dont dépend le contrat.

Les dommages intérêts : Si l’assureur n’a pas payé l’indemnité due au bénéficiaire
dans le délai prévu, il engage sa responsabilité contractuelle et même délictuelle. Le
retard dans l’exécution ou l’inexécution de l’indemnité après la mise en demeure,
entraîne automatiquement le paiement des dommages intérêts. La mise en demeure peut
prendre plusieurs formes (un écrit – un télégramme – une citation en justice).

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