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CLAIR-OBSCUR DE L’OBLIGATION

PRECONTRACTUELLE D’INFORMATION
Article 1112-1 du Code civil s’ouvre par un premier alinéa qui énonce que « celle des parties
qui connaît une information dont l’importance est déterminante pour le consentement de
l’autre doit l’en informer dès lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information
ou fait confiance à son cocontractant

Mais qu’est-ce qu’une information dont l’importance est déterminante pour le


consentement de l’autre partie ?

De manière négative, le devoir d’information ne porte pas sur l’estimation de la valeur de


la prestation. Chacun doit ainsi se renseigner sur la valeur du bien ou du service objet du
contrat. Autrement dit, ceux qui négocient n’ont pas à s’informer mutuellement d’un éventuel
déséquilibre économique du contrat. Par exemple, un acheteur n’a pas à informer le vendeur
sur la valeur du bien vendu (Cass. Civ. 1ère, 3 mai 2000, Baldus ; Cass. Civ. 3 ème, 17 janv.
2007, n° 06-10.442). Ainsi, si une personne vous propose de vous vendre son smartphone à
200 euros, vous n’êtes pas obligé de lui dire que son modèle de smartphone se vend
actuellement trois fois plus cher sur Internet. C’est au contraire à elle de se renseigner sur ce
point.

De manière positive, le devoir d’information concerne les informations dont la


connaissance par l’autre partie est de nature à conduire celle-ci à modifier son
comportement, soit qu’elle renonce à son intention de conclure le contrat, soit qu’elle
souhaite en modifier les conditions. L’article 1112-1 alinéa 3 du Code civil dispose ainsi
qu’“ont une importance déterminante les informations qui ont un lien direct et nécessaire
avec le contenu du contrat ou la qualité des parties“.

Mais pour que le devoir d’information s’applique, il faut que l’autre partie ignore
légitimement l’information en question, ou fasse légitimement confiance à son cocontractant
(article 1112-1 alinéa 1 du Code civil). On comprend donc que dans certains cas, l’ignorance
du contractant sera illégitime : cela vise les hypothèses où il doit lui-même se renseigner, sans
attendre que son cocontractant lui révèle des informations qu’il était coupable d’ignorer. Au
contraire, l’ignorance sera légitime lorsque le contractant avait de sérieuses difficultés pour
découvrir par lui-même l’information en question alors que l’autre partie y avait accès.

A noter que l’obligation d’information dans la phase précontractuelle est d’ordre public : les
parties ne peuvent ni limiter, ni exclure ce devoir (article 1112-1 alinéa 5 du Code civil).

En ce qui concerne la preuve du manquement à l’obligation d’information, c’est à celui qui


prétend qu’une information lui était due de le prouver, à charge pour le débiteur de
l’obligation d’information de prouver qu’il l’a fournie (article 1112-1 alinéa 4 du Code
civil). Ainsi, si celui qui prétend qu’une information lui était due parvient à rapporter la
preuve que l’autre partie la lui devait, alors, à ce moment-là, le débiteur de l’obligation
d’information pourra se libérer / s’exonérer en prouvant qu’il a bien fourni l’information en
question.

Enfin, les sanctions d’un manquement à l’obligation précontractuelle d’information sont les
suivantes :
 la mise en jeu de la responsabilité du débiteur de l’obligation d’information,
permettant à l’autre partie d’obtenir des dommages et intérêts
 l’annulation du contrat (sur le fondement de l’erreur ou du dol) si l’absence
d’information a eu pour effet de vicier le consentement du contractant

L’alinéa 1er poursuit en indiquant à quelle condition on est en droit d’attendre d’une
partie qu’elle exécute son obligation d’information. En instaurant une obligation
d’information, le législateur ne dispense pas « de faire usage de notre propre raison »
(Portalis). C’est à la condition « que, légitimement, (l’autre partie) ignore cette information ou
fait confiance à son cocontractant ». L’ignorance légitime ou faire « confiance à son
contractant » constituent de nouveau des notions à contenu variable laissant une marge de
manœuvre importante à l’interprétation des juges. L’ignorance légitime n’est pas surprenante.
Elle rappelle, ce qui n’a pas toujours été très clair dans la jurisprudence, que le futur
cocontractant a aussi l’obligation de se renseigner 5. Il doit faire preuve, comme cela est
souvent évoqué en matière d’acquisition de biens immobiliers, d’une diligence raisonnable
(due diligence 6). La première question consistera à déterminer si l’appréciation devra se faire
in abstracto ou in concreto. Si la seconde méthode in concreto a la faveur de la majorité des
auteurs, la jurisprudence est plus nuancée 7. Ensuite, quelle peut être la source de cette
ignorance légitime ?

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