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CHAPITRE III

Similitude des turbomachines


Applications : Critères de choix d’une pompe

AU 2017-2018

III.1. SIMILITUDE - COEFFICIENTS DE RATEAU


Les performances d’une pompe, et plus généralement d’une turbomachine, peuvent être
exprimées en fonction d’autres variables. Dans le cas des pompes rotodynamiques on
s’intéresse à l’énergie par unité de masse, g H. Cette dernière est fonction du débit, de la
vitesse de rotation de l’arbre, du diamètre extérieur des aubes, des propriétés physiques du
fluide et d’autres dimensions de la pompe :

gH = gH(Q, ω, D, ℓ1 , ℓ 2 , ρ, µ,...) ou f(gH,Q, ω, D, ℓ 1 , ℓ 2 , ρ, µ,...) = 0


On peut donc construire des produits sans dimension à partir de ces variables en
choisissant les paramètres de base ρ, ω et D afin de représenter la masse, le temps et une
longueur. Ces produits s’écrivent :
Q ν gH ℓ 1 ℓ 2
, , , , ,...
D3ω D2ω (Dω)² D D
Ce qui donne :
gH Q D 2ω ℓ 1 ℓ 2
= f( 3 , , , ,...)
(Dω)² Dω ν D D
Si on note
Q gH
δ= et µ = ⇒ µ = f (δ,Re,...)

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(Dω)² 42
Les produits sans dimension µ et δ sont appelés respectivement coefficient de hauteur et
coefficient de débit, et rassemblés sous le terme coefficients de Rateau souvent écrits sous
la forme gH Q P
µ= 2 , δ= et π =
u2 2
u 2 r2 2
ρu 3 r22
Avec π : coefficient de puissance.

Si on considère une famille de pompes, c’est à dire des pompes géométriquement


semblables, on peut alors passer d’une pompe à une autre en multipliant toutes les
dimensions par un même facteur appelé coefficient de similitude. Les produits sans
dimension faisant intervenir les dimensions sont constants et peuvent donc être éliminés
de la relation précédente. D’autre part l’expérience montre que pour des nombres de
Reynolds élevés, son influence devient très faible. De ce fait, le nombre de Reynolds est
aussi éliminé de relation précédente.

La courbe µ = f (δ) représente la courbe caractéristique non pas d’une pompe mais d’une
famille de pompes que l’on peut dériver par homothétie quelle que soit la vitesse de
rotation de fonctionnement. 43

La figure ci-contre présente des


résultats expérimentaux
de l’évolution du coefficient de
hauteur pour une pompe, les
hauteurs manométriques ayant
été obtenues initialement à partir
de différentes vitesses de rotation
de la pompe. On note d’après les
auteurs* que dans la gamme
normale d’utilisation de cette
pompe 0.03 < Q/(ωD3) <0.06 les
écarts de coefficients de hauteur
sont faibles. Pour des coefficients
de débit plus importants, les
valeurs atteintes pour la vitesse
de rotation la plus élevée
s’éloignent de la courbe unique
consécutivement à la présence
d’une cavitation dans la pompe.
* S.L. Dixon. Fluid Mechanics and
Thermodynamics of Turbomachinery. 1998.

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La figure suivante montre la relation entre les coefficients µ et δ. Elle a été établie en se
basant sur des statistiques expérimentales dont les résultats sont relativement dispersés et
représentent des valeurs moyennes. Sur ce graphique, on distingue des zones
préférentielles correspondant aux différents types de pompes :
- le domaine des pompes centrifuges s’étend jusqu’à des valeurs de δ égales à 0,3 ;
- les pompes hélicocentrifuges vont de δ= 0,3 à δ= 0,6 ;
- les pompes hélices occupent le domaine qui s’étend au-delà de δ= 0,6.

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III.2. VITESSE ET DIAMETRE SPECIFIQUES


Une distinction possible entre tous les types de pompe repose sur la trajectoire du fluide
lors de son passage à travers les aubes mobiles. La vitesse spécifique répond à cette
problématique et est généralement utilisée par les dessinateurs d’aubes pour décrire la
géométrie des aubes. A cette quantité, on ajoute le diamètre spécifique.

Les paramètres spécifiques sont calculés à partir d’un point placé proche du rendement
maximum. Considérons le fonctionnement d’une pompe sur un réseau donné. Celle-ci est
caractérisée par un diamètre de roue (D2), une vitesse de rotation (ω), un débit (Q) et une
hauteur manométrique (H). La vitesse d’entrainement et le rayon périphérique sont donnés
à partir des coefficients de Rateau :

gH Q Q µ
u2 = r22 = =
µ u 2 δ δ gH
Les valeurs de D(= 2r2) et N (avec u2=2π r2N/60 ) sont alors :

30 δ1/ 2 (gH)3/ 4  30 δ1/ 2 g 3 / 4  H 3 / 4


N= =  Q1/ 2
π µ 3 / 4 Q1/ 2  πµ
3/ 4

2µ1/ 4 Q1/ 2  2µ1/ 4  Q1/ 2
D= =
δ1/ 2 (gH)1/ 4  g1/ 4 δ1/ 2  H1/ 4
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On voit à l’examen des équations précédentes, que les valeurs de D, et de N dépendent à la
fois de δ et de µ, c’est-à-dire du type de machine que l’on aura choisi pour réaliser le projet.
Ces équations font apparaître la possibilité d’adopter d’autres coefficients de similitude pour
caractériser une pompe. Ces coefficients sont une combinaison de δ et µ; ils s’expriment par :
Vitesse spécifique :
30 δ g 1/ 2 3 / 4
Q 1/ 2

Ns = ⇒ N = N
π µ 3/ 4
s
H 3/ 4
Diamètre spécifique :
2µ1/ 4 H1/ 4
D s = 1/ 2 1/ 4 ⇒ Ds = D 1/ 2
δ g Q
avec N exprimée en tr/min, H en m, D en m et Q en m3/s.
On notera que les dimensions de la vitesse spécifique ne sont pas celles d’une vitesse de
rotation. De même, celles du diamètre ne sont pas celles d’une longueur.
Exemple : pour une pompe tournant à N = 1 500 tr/min, fournissant une hauteur H = 80 m et
délivrant un débit Q = 0,25 m3/s, on a : Ns = 28. Si cette même pompe a un diamètre de roue
D = 0,5 m : Ds = 3.
Les coefficients Ns et Ds ont un sens physique concret : à l’intérieur d’une famille de pompes
donnée, qui dérivent les unes des autres par homothétie, Ns et Ds représentent la vitesse de
rotation et le diamètre de la pompe qui fournit une hauteur de 1 m et délivre un débit de 1
m3/s. Il est possible d’établir une correspondance entre Ns et Ds en la déduisant de la
relation entre δ et µ (voir diapo suivant). On constate à l’examen de la figure que Ds varie
extrêmement vite dans le domaine des faibles Ns. Il en est de même du diamètre réel D qui
lui est proportionnel. Le choix de Ns va donc jouer un rôle déterminant sur les dimensions de
la pompe. 47

Relation entre le diamètre spécifique Ds et la vitesse spécifique Ns

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III.3. UTILISATION DE LA VITESSE SPÉCIFIQUE
Au-delà d’une classification, les paramètres spécifiques sont déterminants dans
l’adéquation entre le design d’une pompe et sa configuration d’utilisation (N, Q et H). En
effet, un type de pompe employé dans une configuration qui n’est pas la sienne génère des
charges hydrauliques importantes. Il faut dès lors bien veiller à ce que le domaine
d’utilisation d’une pompe corresponde au design de celle-ci.
Les formes de roues selon la vitesse spécifique sont données sur la figure suivante

A chaque Ns correspond une forme de roue particulière, indépendante de la taille de cette


roue. On note par exemple, qu’à valeurs égales de débit et de vitesse de rotation, les
pompes de grande vitesse spécifique fonctionnent avec une hauteur d’élévation faible (i.e.
les pompes axiales). Il existe une progression continue entre la pompe centrifuge pure
radiale jusqu’à l’hélice de type axial. La forme n’est ni un avantage, ni un inconvénient en
soi pour l’utilisateur ou le constructeur. 49

Relation entre les différents types de machines et les coefficients de similitude


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Rendements hydraulique et global de pompes centrifuges et hélicocentrifuges
en fonction de la vitesse spécifique 51

III.4. EXEMPLES: CHOIX HORS DES PROBLEMES DE CAVITATION


Nous supposons que la pompe à choisir, ou à dimensionner, possède une charge à
l’aspiration ou un (NPSH) tel que la cavitation n’intervienne pas sur le dimensionnement. La
cavitation peut modifier, éventuellement, les choix que nous aurons à faire.
Premier exemple
Soit à déterminer une pompe, dont la vitesse de rotation n’est pas imposée, mais dont
l’entraînement se fera par un moteur électrique utilisant un réseau à 50 Hz. Le fluide
véhiculé est de l’eau froide, la hauteur d’élévation H = 60 m, le débit Q = 0,36 m3/s. Pour
chaque vitesse N de rotation possible (tableau 1), on peut déterminer le coefficient Ns, puis
Ds à partir de la figure Ds=f(Ns), puis le diamètre de la roue D, puis le rendement
hydraulique ηh et le rendement global approché ηg à partir de la figure ηg=f(Ns), enfin la
puissance absorbée
Pa = ρQgH/ ηg.

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On voit, à l’examen du tableau que les solutions C, D, E, correspondant aux trois vitesses les
plus lentes, sont à éliminer par suite de la puissance importante qu’elles demandent. On
constate entre la pompe la plus rapide (A) et la plus lente (E) un écart de 78 kW, entraînant
pour un fonctionnement continu, une surconsommation importante. Les solutions C, D, E
conduisent non seulement à des surconsommations très importantes, mais aussi à des
pompes de plus grandes dimensions. La solution E, par exemple, conduit à une roue ayant
un diamètre de 1,06 m contre 0,3 m pour la solution A. Si l’on admet que la masse de la
pompe varie comme la puissance 2,5 des dimensions, cela veut dire que la masse de la
pompe D sera 23 fois celle de la pompe A. Le choix est moins facile entre les solutions A et
B. En effet, la différence de puissance au niveau de l’accouplement n’est que de 5 kW et la
différence de puissance électrique peut être légèrement atténuée par la différence de
rendement du moteur. Une enquête économique est souhaitable. Des informations
complémentaires sont à rechercher, en particulier dans le domaine du bruit où la solution B
sera sans doute plus discrète que la solution A.

Deuxième exemple: Pompe multi-étages


Soit à déterminer une pompe dont la vitesse de rotation est imposée et égale à 1 460
tr/min. Le fluide véhiculé est de l’eau froide, la hauteur d’élévation H= 40 m, le débit Q=
0,012 m3/s. On procède comme dans l’exemple précédent et les résultats sont donnés par
le tableau suivant :

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- La solution monocellulaire est évidemment possible, mais peu favorable : le rendement


est médiocre et la roue relativement grande. Une solution multicellulaire est à envisager.
- La seule condition qui soit modifiée en variante trois étages est la hauteur qui devient
H/étage = 13,3 m. L’intérêt de cette solution est évident : la puissance est réduite de
presque la moitié, avec un gain de 5,4 kW et une économie annuelle de 47 MWh. La pompe
ne sera pas plus lourde, sera moins encombrante et son niveau de bruit sera inférieur.
- Une solution à quatre étages serait également possible avec un nouveau gain de
rendement d’environ 4 points. Une étude économique est à faire entre les deux solutions en
consultant les constructeurs.

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