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Chapitre V : La rentabilité d’un projet

La plupart des ingénieurs sont impliqués dans des projets de divers ordres et il
est tout à fait opportun pour eux d’avoir un certain nombre d’indicateurs qui
vont guider leurs décisions.
La capitalisation
Au terme de ce cours, l’étudiant doit être capable de :
Actualisation : Valeur présent d'un franc future
● de définir un projet et cerner ses différents contours

● de maîtriser les outils de calcul de rentabilité d’un projet


Cash flow Va = S/i (1 - 1/(1+i)^n) et Va ---> S/i
Dans le projet, nous avons 2 acteurs majeurs : le fiancier (bayeur de fond) et le bénéficier

V.1 Notions Générales sur les projets

V.1.1 Définitions de la notion de projet

Le projet n’a pas une définition universelle. Dans la littérature il est appréhendé
différemment.

Définition 1

C’est une démarche spécifique qui permet de structurer méthodiquement et


progressivement une réalité à venir pour une réponse aux besoins d’un
utilisateur, d’un client ou d’une clientèle et implique un objectif et des actions à
entreprendre avec des ressources données (normex50-105 de AFNOR).

Définition 2

Le projet est- dans un contexte professionnel- une aventure temporaire dans


le but de créer un produit ou un service (encyclopédie wikipedia-GNU FDL)
Définition 3

Un projet est une articulation des ressources humaines, intellectuelles et


matérielles agencée dans une organisation temporaire dans le but d’atteindre
des objectifs de coût, de livraison et de performance (MLLER, D’ARAGON)

De ces trois définitions on peut dégager les mots clés suivants :

- Activités
- Objectifs
- Budget
- Temps
On pourrait proposer la définition suivante du projet :

C’est un ensemble d’activités dépendantes les unes des autres ayant pour but
d’atteindre un ou des objectifs spécifiques avec un budget donné et sous
contraintes de temps.

Il existe dans ces conditions plusieurs types de projets.

V.1.2 Types de projets

On peut les classer selon un certain nombre de critères au rang desquels :

▬ Les Extrants

● Durs (routes, ports)

● Mous (Vaccinations, alphabétisation)

● Doux (Programmes, Logiciels)

▬ L’importance

● Coût

● Durée
● Impact

▬ La complexité

● Multidisciplinarité (champs de compétence divers)

● Interdépendance (relations avec d’autres projets)

▬ Le Secteur

● Agricole

● Industriel

● Commercial

● Social

▬ La Source de Financement

● Locale

● Mixte

● Externe

▬ Le Promoteur

● Public

● Parapublic

● Privé

Quelle que soit l’origine de l’idée, elle ne représente au départ rien de concret.

Pour passer à un projet réaliste, la première chose à faire est de bien la définir
c’est-à dire chercher à la résumer en quelques lignes essentielles. Il faudrait
donc arriver à cerner de cette idée les différents aspects en évoquant :

- Les caractéristiques du produit ou du service envisagé


- Son utilité, son usage, les performances prévues
- Les grands principes de fonctionnement de l’entreprise à créer.
- Ceci passe par l’identification et la sélection des projets

V.2. Étude de Faisabilité

Avant de déterminer les objectifs de l’étude de faisabilité il convient de décrire


brièvement l’étape préparatoire appelée encore phase préparatoire à l’étude
de faisabilité : c’est l’avant projet. Ce terme désigne l’ensemble des étapes
préparatoires nécessaires au lancement du projet.

Il est donc nécessaire de définir avec précision les contours du projet qui vont
sous-tendre l’élaboration des documents contractuels permettant d’engager la
maîtrise d’œuvre et la maîtrise d’ouvrage dans le lancement du projet. Cette
phase marque donc une étape décisive pour le démarrage du projet. Elle vise
essentiellement à démontrer l’opportunité du projet. Dans ce cadre l’avant
projet permet d’étudier la demande de projet et de décider si le concept est
viable. Cette première étape a pour enjeu de valider la demande des utilisateurs
par rapport aux objectifs généraux de l’organisation.

Elle consiste à définir également le périmètre du projet ou contexte du projet


notamment les utilisateurs finaux, c’est-à- dire ceux à qui l’ouvrage est destiné :
on parle de ciblage ou profilage.

A ce stade du projet, il est conseillé d’associer les utilisateurs à la réflexion


globale. Lors de la phase d’opportunité, les besoins généraux de la maîtrise
doivent être identifiés.

L’étude d’opportunité conduit à la rédaction d’un document nommé « note de


cadrage » validé par le comité de pilotage. La note de cadrage est donc le livrable
de l’étude d’opportunité qui officialise l’intention de projet.

Notons que cette phase préparatoire est beaucoup plus la caractéristique des
projets publics qui font intervenir essentiellement deux types d’acteurs : le
maître d’ouvrage et le maître d’œuvre. Mais cette démarche peut également
être valable pour les projets privés s’agissant notamment de la détermination de
l’opportunité et de la définition des contours du projet.

L’étude de faisabilité proprement dite vise à analyser la faisabilité économique,


financière, écologique et technique du projet.
Elle se caractérise en premier lieu par l’analyse des besoins :

A partir de l’analyse sommaire des besoins il convient de faire une estimation


grossière du coût d’investissement et de fonctionnement du projet- en termes
de moyens humains et matériels, des délais envisagés et des éventuels retours
sur investissement.

En second lieu l’étude de faisabilité conduit à envisager plusieurs scenarii.


Chaque scénario envisagé permet d’évaluer les risques pesant sur le projet et
doit s’accompagner d’un bila prévisionnel présentant le coût et les avantages du
scénario. Cette étape fait l’objet d’un livrable : le dossier de faisabilité.

L’étude détaillée interviendra par la suite ; l’avant projet sommaire ayant


simplement porté sur les processus majeurs du projet.

Elle consistera à l’analyse fonctionnelle des besoins permettant ainsi de dégager


les fonctionnalités de l’ouvrage.

L’analyse fonctionnelle aboutit à la mise au point d’un document définissant de


manière fonctionnelle le besoin. Le livrable ici est le « cahier des charges
fonctionnel (cdcf) ou dossier de conception. Il permet à la maîtrise d’ouvrage
d’exprimer son besoin de manière fonctionnelle et de clarifier les contraintes
imposées à la maîtrise d’œuvre.

V.2.1. L’analyse Technique


Elle est la phase d’adaptation de la conception à l’architecture technique
retenue. Le livrable de l’étude technique est le Cahier des Clauses Techniques
Particulières (CCTP) ou cahier des charges détaillé.
De manière générale l’analyse technique vise à identifier et analyser les options
techniques disponibles dans le but de sélectionner les technologies et les
infrastructures les plus appropriées au contexte du projet.

De façon particulière, elle permet de :

- analyser les caractéristiques des options techniques


(capacité de production, procédés de production, sources
d’approvisionnement en intrants, équipement, bâtiments et main-
d’œuvre requis, organisation spatiale de la, production) ;
- analyser le site ;
- analyser les contraintes légales, réglementaires,
environnementales ;
- fournir une estimation des divers coûts
(investissement, coûts d’exploitation, frais de démarrage…) et du
calendrier d’investissement.

V.2.2 Analyse économique

L’analyse économique a pour but de déterminer les avantages du projet pour


la collectivité (nationale régionale locale).

Plus particulièrement elle vise à :

- déterminer la rentabilité économique ;


- déterminer l’option qui minimise le coût total de réalisation ;
- décrire les effets primaires (directs et indirects et secondaires
(induits) ;
- évaluer l’impact du projet sur l’économie nationale (régionale et
nationale) et sur les principaux groupes concernés ;
- estimer l’impact macro-économique sur l’emploi, la production,
les revenus, la consommation etc.
Nous reviendrons au chapitre 3 sur les méthodes d’appréciation des bénéfices
dégagés par un projet public donné sur les populations concernées.

V.2.3 Analyse écologique

Elle vise à déterminer les impacts potentiels du projet sur l’environnement


naturel

De façon spécifique elle permet de:

- décrire l’environnement (physique, biologique, socioculturel) ;


- relever les implications sur le projet des lois et règlements sur
l’environnement ;
- développer un plan de gestion ;
- déterminer les effets du projet sur les différentes composantes de
l’environnement ;
- identifier les organismes spécialisés capables d’exécuter les
recommandations de cette analyse.

V.2.4. Analyse Financière du projet

Elle a pour objectif :

- d’établir la rentabilité financière ;


- d’analyser les perspectives de financement du projet et la situation
de trésorerie
Spécifiquement elle permet de :

- estimer le coût total du projet ;


- faire une sélection des ventes et dépenses d’exploitation ;
- calculer la rentabilité intrinsèque du projet ;
- déterminer les amortissements ;
- choisir un schéma de financement ;
- établir un compte d’exploitation prévisionnel et calculer la
capacité maximale d’autofinancement ;
- établir un tableau prévisionnel ressources-emplois ;
- calculer les divers niveaux de rentabilité (capitaux propres,
ensembles de capitaux investis).

Les éléments ci-après sont les plus déterminants dans la décision finale. Selon
les objectifs du projet, les indices correspondants sont pour :

- le Recouvrement du projet (cash- flow) ;


- le Financement du projet (valeur actualisée nette) ;
- la Solvabilité (délai de récupération)
- la Profitabilité (taux de rendement interne)

Les résultats de l’analyse guideront le promoteur du projet dans la prise de


décision finale en ce qui concerne la réalisation ou non de son projet, sur la
base de son analyse de risque.
V.3. Critères de choix des projets en prévision parfaite et utilisation des
outils mathématiques

Dans le cadre d’investissement en avenir certain, seront considérés comme


connus avec certitude en premier lieu le coût de réalisation de l’investissement
(avec son échéancier, les recettes et les charges d’exploitation) résultant de
l’opération (dans leur montant et suivant leur date de survenance) et en second
lieu la durée de vie de l’investissement réalisé et l’éventuelle valeur résiduelle
des matériels et équipements.

Même sous ces hypothèses simplificatrices, le calcul du bénéfice actualisé et le


taux de rendement interne pour ne citer que ces deux indices , sont souvent
sources de beaucoup d’incompréhensions entraînant des erreurs dans la
conduite des opérations ou de mauvaises interprétations des résultats ainsi
obtenus.

V.3.1 Les phénomènes d’actualisation et de capitalisation

V.3.1.1. La capitalisation

Ainsi, à supposer que le taux i soit constant dans le temps :

À supposer que le taux i soit constant dans le temps. L’équivalence ci-


dessus qui correspond à l’opération dite de capitalisation permet de
déterminer la valeur future F d’une valeur présente P, compte tenu du
loyer de l’argent.
Exemple :

Soit 50 000 fcfa de prêt octroyé par une banque à un taux de 10% par an

Après un an on aura :

50000*(1+i) = 50 000*1+50000*0.1= 55000 fcfa

Année 2

50000* (1+i)2 = 60 500 fcfa

‫׀‬

‫׀‬

Année n

50 000*(1+i)n

V.3.1.2. L’actualisation

La pratique des prêts et emprunts bancaires montre qu’un capital fructifie avec
le temps et que deux sommes délivrées à deux dates différentes n’ont pas –
indépendamment de toute dépréciation monétaire une même valeur pour un
individu.

Si en effet on admet qu’il n’existe qu’un seul taux d’intérêt pour toutes les
opérations et tous les individus, 1 franc placé à ce taux 𝒊 pendant un an produit
𝑖 × 1 fr. et la valeur de ce capital au bout d’un an sera :

1(1+i) = 1+i

Il est donc équivalent pour un individu de posséder 1 franc aujourd’hui ou 1 + i


franc dans un an.

Mais si cet individu désire avoir avec certitude 1 franc dans un an, deux
possibilités s’offrent à lui :

Soit garder cet argent par devers lui ; ce qui ne lui procure aucune satisfaction ;
Soit placer au taux i une somme telle qu’en lui ajoutant son intérêt elle atteigne
1 franc dans un an.

Cette valeur v est la valeur actuelle de 1 franc dans un an.


1
Elle est égale à franc puisque après un an elle sera devenue
(1+𝑖)

1
+ (1 + 𝑖) = 1
1+𝑖

i = taux d’actualisation

Si le placement fonctionne à intérêts composés 1 franc placé aujourd’hui


deviendra :

- 1+i dans un an
- (1+i) (1 +i ) = (1+i) 2 dans 2 ans
- (1+i) (1+i) (1+i) = (1+i) 3 dans 3ans
- (1+i) (1+ i) (1+ i) …… (1+ i)p = (1+i)n dans n ans
La valeur actuelle de 1 franc dans 2ans est :

1
𝑉=
(1 + 𝑖)2

Celle de 1 francs dans n ans est égale à :


1
𝑉=
(1 + 𝑖)𝑛

La valeur actuelleS0 d’une somme Sn dans n années est aujourd’hui égale à

𝑆𝑛
𝑆0 =
(1 + 𝑖)𝑛
L’actualisation permet de ramener à une seule valeur une suite de revenus S1, S2,
S3 …Sp …Sn délivrés respectivement aux périodes 1, 2, 3, …p…n, la valeur
actuelle de tous les revenus Sp

𝑆𝑝
∑𝑛𝑝=1 ,
(1+𝑖)𝑝

𝑆𝑝
ce qui signifie somme de tous les lorsque p prend toutes les valeurs
(1+𝑖)𝑝
entières comprises entre 1 et n .

Si les revenus des différentes périodes sont constants et égaux à S, cette


expression devient :

𝑛
𝑆
𝑉=∑
(1 + 𝑖)𝑝
𝑝=1

Cette formule peut être transformée en :


𝑆 1 1 1
𝑉= + [1 + + + ⋯ + ]
1+𝑖 1 + 𝑖 (1 + 𝑖)2 (1 + 𝑖)𝑛−1

On sait que la formule de progression géométrique de raison r permet d’écrire :

2 𝑛−1
1 − 𝑟𝑛
1+𝑟 + 𝑟 +⋯+ 𝑟 =
1−𝑟
V devient alors :

1 𝑛
𝑆 1−( )
𝑉= × 1 + 𝑖
1+𝑖 1
1−
1+𝑖

Après simplification V devient :


𝑆 1
𝑉 = [1 − ]
𝑖 (1 + 𝑖)𝑛

1
Si n 
 ∞, ( )𝑛 
 0 et V 
 S
i
1+𝑖

La valeur actuelle d’une suite infinie de revenus annuels égaux à S est


donc Si

V.4. Calcul du bénéfice actualisé et exercices d’application

V.4.1 Méthode des cash flows


L’actualisation permet de calculer le bénéfice actualisé d’un investissement en
comparant le coût de l’investissement à la valeur actuelle de la succession de
revenus par période.

Si :

𝑅1 − 𝐷1 𝑅2 − 𝐷2 𝑅3 − 𝐷3 𝑅𝑛 − 𝐷𝑛
𝐵𝑎 = −𝐼 + + + + ⋯ +
1+𝑖 (1 + 𝑖)2 (1 + 𝑖)3 (1 + 𝑖)𝑛

Si les revenus par période sont égaux à S

𝑝=𝑛
𝑆 𝑆 1 𝑛
𝐵𝑎 = −𝐼 + ∑ = −𝐼 + [1 − ( ) ]
(1 + 𝑖)𝑝 𝑖 1+𝑖
𝑝=1

Exemple :
Quel est le bénéfice actualisé d’un investissement de 1000000 FCFA dégageant
pendant 15 ans un revenu annuel de 150000 FCFA avec un taux d’actualisation
de 8% ?

Cet exemple illustre l’action déformante de l’actualisation sur la somme


arithmétique des revenus de chaque période : le bénéfice non actualisé de cet
investissement est en effet :

150000 x 15 -1000000 = 1250000 FCFA.

Plus le taux d’actualisation est élevé, plus le bénéfice actualisé d’un projet
donné est faible, car les revenus lointains (en année p) sont dépréciés puisque
divisés par (1+i)p.

A un certain taux, le bénéfice devient négatif.

Dans l’exemple proposé pour i =10% Ba = ?

i = 15% Ba = ?

Quelle est la signification du bénéfice actualisé ?

Il traduit le bénéfice que réaliserait l’investisseur en empruntant au taux i, les


capitaux nécessaires au financement de l’investissement.

Si le bénéfice actualisé est positif, l’entrepreneur sans capitaux a intérêt, s’il le


peut, à emprunter I au taux i et à réaliser l’investissement. Si le bénéfice actualisé
est négatif, l’entreprise qui dispose de capitaux et envisage investir, doit rejeter
l’investissement et prêter ses disponibilités au taux i.

Le placement est alors préférable à l’investissement.

Nous avons envisagé dans le cas traité que les revenus étaient égaux et
constants d’une période à une autre pendant toute la durée de vie de
l’investissement.

Or il peut arriver et c’est l’hypothèse la plus plausible que les cashs flows varient
d’année en année.
Méthode des cash flow

Le bénéfice actualisé dans ces conditions sera alors de :

𝑡=𝑛
𝐶𝑡 𝑉𝑟
𝐵𝑎 = ∑ 𝑡
+ − 𝐼 >0
(1 + 𝑖) (1 + 𝑖)𝑛
𝑡=1

Ct est le cash flow de l’année t (recettes moins dépenses d’exploitation)

n est la durée de l’investissement.

Vr est la valeur résiduelle disponible en année n.

I est le coût global en capital.

i est le taux d’actualisation retenue.

V.4.2. Méthode des bénéfices comptables


La méthode des bénéfices comptables conduit aux mêmes résultats ceux de la
méthode des cash flows à condition qu’un certain nombre d’hypothèses soit
respecté à savoir :

- que les amortissements portent sur l’ensemble des dépenses en


capital relatives à l’opération d’investissement.
Notons que les modalités d’amortissement ne sont pas prises ici en
considération : l’amortissement pourra être linéaire, dégressif, progressif.

- que les charges d’intérêt portent sur le total des dépenses en capital
liées à l’investissement.
- que le taux d’intérêt et le taux d’actualisation utilisés soient les
mêmes comme dans l’hypothèse d’un marché unique des capitaux
de concurrence pure.
Au regard de ces hypothèses, la méthode utilisée pour aboutir aux résultats
obtenus par les cash flows comporte deux phases :
La première consiste au calcul des bénéfices comptables c’est- à dire avant
impôt.

La deuxième consiste à l’actualisation de ces bénéfices supposés réalisés en fin


de période concernée.

L’identité des résultats auxquels nous parvenons est d’àprès André


BABEAU dans « Calcul économique appliqué » montrée de façon plus générale
en observant que I le coût en capital peut être mis sous la forme :

𝑛
(𝐴𝑡 + 𝑖. 𝐽𝑡 )
𝐼=∑
(1 + 𝑖)𝑡
𝑡=1

At est l’annuité d’amortissement à la fin de l’année t ;

Jt est la valeur non amortie du capital en début d’année t ;

I est à la fois le taux d’intérêt et le taux d’actualisation.

En effet en posant I =J1, J1 ≠ 0 on peut écrire :

𝐼 + 𝑖. 𝐼 = 𝐼 + 𝑖. 𝐽1 = (𝐴1 + 𝐽2) + 𝑖. 𝐽1

D’où:

𝐴1 + 𝑖. 𝐽1 𝐽2
𝐼= +
1+𝑖 1+𝑖
De même:
𝐽2 + 𝑖. 𝐽2 = (𝐴2 + 𝐽3 ) + 𝑖. 𝐽2

D’où :

𝐴2 + 𝑖. 𝐽2 𝐽3
𝐽2 = +
1+𝑖 1+𝑖

En remplaçant J2 dans l’expression de I ci-dessus, il vient :

𝐴1 + 𝑖. 𝐽1 𝐴2 + 𝑖. 𝐽2 𝐽3
𝐼= + +
1+𝑖 1+𝑖 1+𝑖

On voit qu’en calculant de la même manière J 3 , J4 , …Jn, et en remplaçant par


leur valeur dans la formule ci-dessous, on obtient finalement :

𝐼 = ∑(𝐴𝑡 + 𝑖. 𝐽𝑡 )(1 + 𝑖)−𝑡


𝑡=1

En remplaçant ainsi I par sa valeur dans la relation suivante :


𝑛
𝐶𝑡 𝑉𝑟
𝐵𝑎 = ∑ + −𝐼
(1 + 𝑖)𝑡 (1 + 𝑖)𝑛
𝑡=1

Il vient :

𝑛
𝑉𝑟
𝐵𝑎 = ∑(𝐶𝑡 − 𝐴𝑡 − 𝑖. 𝐽𝑡 )(1 + 𝑖)−𝑡 +
(1 + 𝑖)𝑛
𝑡=1

V.4.3. Le bénéfice actualisé maximum

Il est possible de comparer les échéanciers de différentes variantes d’un


investissement en ramenant cette comparaison à celle de leur bénéfice
actualisé.

Le critère permet de classer les projets par valeurs décroissantes des bénéfices
actualisés. L’application du critère au choix conduit à préférer celui qui présente
le bénéfice actualisé maximum.

Période 0 1 2 3 4 5 Bénéfice Classement


actualisé
variante

A -1000 300 500 500 400 400 +584 3è

B -1000 300 500 500 400 500 +788 2è

C -1000 200 300 300 1000 1000 +955 1er


La variante C est donc préférable.

Ce critère constitue au plan théorique l’outil le plus satisfaisant.

En premier lieu, il est cohérent avec la maximisation à long terme ; la


comparaison des variantes se ramenant en dernière analyse à celle des profits à
long terme.

L’actualisation permet de se dégager du calcul des amortissements puisque les


revenus sont opposés au coût d’investissement.

Le maniement de la notion d’actualisation ne va cependant pas sans soulever


un certain nombre de problèmes qu’il convient

V.5. Le critère du taux de rendement interne

La construction du taux de rendement interne d’un investissement dérive de


celle du bénéfice actualisé. Pour un projet donné, la valeur de celui-ci dépend
fortement du taux d’actualisation retenu : plus ce taux est élevé, plus le bénéfice
actualisé est faible et après une certaine valeur du taux, le bénéfice actualisé
devient négatif

(voir exercices précédents ).

En raison de la complexité de l’équation, ce taux est le plus souvent calculé par


approximation, en procédant par approches successives.

Quelle est la signification de ce taux ?

Il s’agit du taux maximum auquel est possible l’emprunt du capital nécessaire au


financement de l’investissement pour que l’opération On appelle taux de
rendement interne le taux r qui rend nul le bénéfice actualisé. Généralement
unique, ce taux r est la solution de l’équation :
𝑛
𝐶𝑡 𝑉𝑟
0 = −𝐼 + ∑ +
(1 + 𝑟)𝑡 (1 + 𝑟)𝑛
𝑡=1

Aussi le projet est-il dit rentable si le taux d’emprunt est inférieur au taux de
rendement interne.

Sa résolution peut faire appel à la méthode d’approche dichotomique.

V.6. Le Délai de récupération

Le temps de récupération du capital investi ou délai nécessaire au recouvrement


du coût initial de l’investissement est, en raison de son extrême simplicité l’un
des critères les plus couramment utilisés pour classer les variantes d’un
investissement.

Le temps de récupération (Pay out ou Pay off period)

La connaissance de l’échéancier des dépenses et recettes permet de dégager le


revenu net par période et ceci pour la durée de vie de l’investissement.

Soient deux variables d’un investissement I et le revenu annuel S que nous


supposons constant pour chacune des variantes pour chaque période.

Variante 1 Variante2

I = 1000 I = 1000

S = 200 S = 250

Le temps nécessaire au recouvrement du capital investi est de :

1000
200 = 5ans dans la première variante
1000
250 = 4 ans dans le second cas.

Le délai de recouvrement préoccupe l’entrepreneur désireux de rentres


rapidement dans ses fonds et de connaître l’horizon jusqu’auquel sa prévision
doit être absolument parfaite, faute de quoi il s’exposerait au risque d’une faible
rentabilité, voire à la non récupération de son capital.

La notion de période de remboursement est incontestablement un instrument


d’analyse utile à l’investisseur et permet notamment aux petites entreprises
d’élaborer les règles de conduite relatives aux différents types d’équipement.

La notion de période de remboursement est incontestablement un instrument


d’analyse utile à l’investisseur et permet notamment aux petites entreprises
d’élaborer les règles de conduite relatives aux différents types d’équipement.

Temps de récupération comme critère d’investissement


L’emploi de la notion de temps de récupération comme critère d’investissement
consiste à considérer comme préférable celle des variantes qui permet la plus
courte période de recouvrement du capital investi.

Soient trois variantes d’un investissement permettant d’atteindre un objectif


fixé :

Variante Investissement Revenu net par Temps de


période récupération

1 1000 200 5ans

2 1000 250 4ans

3 3000 600 5ans


L’utilisation du temps minimum de remboursement comme critère du choix
conduira à préférer ici la variante2.

V.7. Exercices d’application


Exercice I

Un entrepreneur envisage l’achat d’une nouvelle machine de 35000FCFA dont le


coût d’installation s’élèverait à 5000FCFA et dont le fonctionnement
nécessiterait un capital circulant supplémentaire de 8000FCFA (liquidités,
clients, stocks…).

Les cash-flows, avant impôt, attendus au cours des prochaines années, sont :
I = 35 000 + 5 000 + 8 000 = 48 000 FCFA

2006 : 10400

2007 : 13400

2008 : 14600

2009 : 17000

La valeur résiduelle de la machine est supposée nulle à la fin de la quatrième


année et les cash-flows sont perçus en fin d’année.

Travail à Faire :

1 Calculez la valeur du bénéfice actualisé par la méthode des cash -


flows pour un taux d’actualisation de 10%
2 Calculez la valeur du bénéfice actualisé par la méthode des bénéfices
comptables.
L’amortissement est supposé linéaire et effectué sur la totalité des
dépenses en capital engagées dans l’opération.

3 Calculez le taux de rendement interne (tri) de ce projet.

appliqué » Bordas 1975

Exercice 2

La Société Atangana a le choix entre deux projets d’investissement


mutuellement exclusifs dont le coût immédiat de réalisation est identique et
égal à 10000 FCFA. Les deux projets sont supposés s’amortir de façon linéaire et
ne pas comporter de valeur résiduelle. Le taux de l’impôt sur les bénéfices des
sociétés est de 50% et le taux de rendement requis par la société est de 10%.

Les dépenses d’exploitation prévues pour chaque année sont les mêmes pour
les deux projets, soit 1000FCFA. Les recettes d’exploitation ont été prévues de la
façon suivante :

Année A B

1 4000 4000

2 4000 4000

3 5000 3000

4 5000 3000

5 _ 3000
Travail à Faire

1 Calculez le bénéfice moyen par franc engagé pour A et B ;

2 Calculez le délai de récupération pour les deux projets ;

3 Calculez le bénéfice actualisé de A et de B par deux méthodes différentes ;

4 Calculez l’indice de profitabilité de chaque projet qui correspond au rapport de


leur capital- valeur K à leur coût initial ;

5 Quel projet conseillez-vous à cette société de retenir et pourquoi ?

N.B. les données sont en 106.Ces exercices sont tirés du livre de André Babeau
« Calcul

Economique

V.8. Analyse économique des projets publics

L’analyse des projets dans le secteur privé a pour objectif :

- la maximisation du rendement de l’investissement


- la maximisation des bénéfices
- minimisation des coûts

L’analyse des projets publics vise :

- la procuration d’un ou des bénéfices sociaux.

Schématiquement, les différences entre les deux concepts peuvent se résumer


sur le tableau ci-
PRIVE PUBLIC

But Fournir un produit ou Protection, de la santé, la


des services en faisant vie, la propriété, fournir
un profit , fournir d e des services sans profit,
l’emploi, améliorer la et des emplois.
technologie et le niveau
de vie.
Sources de capitaux Investissement et Taxes et Prêteurs privés
prêteurs privés
Méthode de Propriétés privées, Paiement direct des
financement associations et taxes.
corporations.
Prêts sans ou à faible taux
d’intérêt, obligations,
subventions indirectes ou
des prêts privés garantis.
Buts multiples. Mod2ré. Commun, tels énergie, le
contrôle des eaux, la
récréation et l’éducation.
Durée de vie des projets Normalement courte(5à Normalement longue (20
individuels. 20 ans). à 60 ans)
Relation entre le Directe Indirecte ou aucune.
fournisseur de capitaux
et le projet
Conflits de buts Modéré. Régulièrement (exp. de
barrage pour le contrôle
des eaux et
l’environnement)
Conflit d’intérêt Modéré . Très souvent (entre les
agences
gouvernementales).
Effet de la politique Peu Facteurs très fréquents.
Court terme des
décideurs.

Groupe de pression.

Restrictions financières
et résidentielles.
Mesure d’efficacité Taux de retour sur le Très difficile : pas de
capital comparaison avec les
projets privés.

En ce qui concerne le choix du taux d’intérêt deux approches sont envisageables

● Si le projet ne fait pas appel au financement privé : Le taux d’escompte social


doit refléter les coûts d’emprunt du gouvernement.

● Si le projet fait appel à un financement partiel privé : Le taux d’escompte


social doit refléter le taux qu’aurait rapporté les fonds investis dans le secteur
privé. La documentation fait souvent référence à des taux variant entre 0 et 15
% et exceptionnellement pouvant dépasser 25%.

Les principes de base d’une étude économique ne diffèrent pas de ceux relatifs
à un projet privé et les projets publics ne génèrent presque jamais de profits mais
peuvent avoir des bénéfices multiples dont certains monétaires dont
l’évaluation constitue l’une des difficultés majeures.

Le rapport bénéfice – coût vise trois objectifs :

- la maximisation des bénéfices pour un coût donné


- la maximisation des bénéfices nets lorsque les coûts et les bénéfices
varient
- la minimisation des coûts pour atteindre un niveau donné des
bénéfices.

Bénéfice – coût de projets mutuellement exclusifs

La méthodologie consiste à :
- déterminer un taux d’intérêt pertinent pour escompter les
bénéfices et les coûts ainsi que la durée de vie l’étude
- calculer la valeur présente ou la valeur annuelle ou la valeur future
des bénéfices et des coûts
- calculer le rapport bénéfice –coût de chaque projet et éliminer ceux
qui ont un rapport inférieur à 1,0
- classer les projets par ordre croissant des coûts
- calculer la différence de bénéfices (  B ) et la différence de coûts (
 C ) pour les deux premiers projets dans la liste
- calculer le rapport B / C : si ce rapport est supérieur à 1.0
conserver le deuxième projet sinon l’éliminer
- procéder de la même façon jusqu’au dernier projet dans la liste et
le projet retenu de la dernière paire deviendra celui qui sera
recommandé.

Exemple 1

La communauté Urbaine de Yaoundé désire faire construire une cascade


pouvant être équipée de service sanitaire et d’un vestiaire ventilé.

Elle reçoit de deux entrepreneurs les propositions suivantes :

■ Le premier projet coûterait en investissement immédiat 50000fcfa et


entraînerait des bénéfices nets dont la valeur présente est estimée à 70000fcfa.

■ Le deuxième projet proposé nécessiterait un investissement immédiat de


60000fcfa et la valeur présente des bénéfices nets serait de 83000 FCFA.

Comme la communauté urbaine juge que les deux projets ont des bénéfices non
monétaires équivalents, elle désire choisir le projet le plus rentable en utilisant
la méthode bénéfice-coût.

Notons que les montants ci- dessus sont évalués en 103.

Exemple 2

Une municipalité désire construire un parc d’amusement dans un quartier


défavorisé. L’ingénieur responsable pour l’étude du projet a évalué qu’il en
coûterait à la municipalité l’équivalent de 100000x10 3 FCFA par année.
Il évalue que la population défavorisée en tirera un bénéfice évalué à
200000x103fcfa par année.

Ce projet entraînerait une perte de bénéfice pour certains commerçants évalués


à 50000x103 FCFA par année.

Le secrétaire municipal estime que cette perte de bénéfice correspond en fait à


une diminution équivalente dans les revenus de la municipalité.

Le montant de 50000x103 FCFA par année pourrait être interprété comme un


coût supplémentaire pour la municipalité si le projet est entrepris.

Si la municipalité utilise la méthode du rapport bénéfice- coût pour justifier la


sélection de ses projets, pourrait-elle construire ce parc ?

Analyse efficacité- coût

Exemple 3

Une société considère l’achat d’un système de propulsion. Le coût total d’achat
et d’utilisation du système durant sa durée de vie ne doit excéder 2400000fcfa.

Elle utilise la fiabilité comme mesure d’évaluation qui est définie comme la
probabilité que le système de propulsion fonctionne correctement sans panne
sous les conditions prévues résumées ci- dessous

Système Coût Fiabilité

1 2.4 0.99

2 2.4 0.98

3 2.0 0.98
4 2.0 0.97

Les données sont en 103fcfa

Exercice

Une société considère l’achat d’un système de propulsion. Le cout total de


l’achat et d’utilisation du système durant sa durée de vie utile ne doit pas
excéder 2400000 dollar. Elle utilise la fiabilité comme mesure d’évaluation qui
est défini comme la probabilité que le système de propulsion fonctionne
correctement sans panne sur les conditions prévues pour la période de temps
prévue. Quatre firmes soumettent les propositions si dessous :

Système Coût Fiabilité


1 2,4 0,99
2 2,4 0,98
3 2,0 0,98
4 2,0 0,97

Solution

Le système 3 fonctionne mieux que tous les autres systèmes.

Résumé

Le projet peut être défini comme un ensemble d’activités dépendantes les unes
des autres ayant pour but d’atteindre un ou des objectifs spécifiques avec un
budget donné et sous contraintes de temps. Il y a plusieurs types de projets
définis en fonction d’un certain nombre de critères.

L’étude de faisabilité nécessaire pour la réalisation d’un projet se fait sur


plusieurs aspects : technique, économique, écologique et financière.

Nous avons mis l’accent sur la rentabilité financière en présentant les méthodes
généralement utilisées pour évaluer la rentabilité d’un projet sous forme de
quatre équations fondamentales selon que les cash flows restent constants
d’année en année ou varient selon les années.
Les exercices d’application permettront aux étudiants de mieux s’approprier ces
outils.

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