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Introduction

Les principaux désordres rencontrés sur les ouvrages de génie civil et dans les bâtiments en béton
peuvent être attribués :
■ au «vieillissement» de la structure en question, mais en réalité ce mot peut cacher,
pudiquement, un sérieux manque d’entretien ;
■ à des causes accidentelles : chocs, incendies, surcharges, etc.
■ à des erreurs de conception, de construction, de réparation…
Cette classification est importante pour instruire le dossier mais, pour traiter les désordres, il est
préférable de classer les causes d’abord selon les mécanismes mis en jeu, c'est-à-dire selon qu’ils sont
la conséquence :
■ d’altérations d’origine physique ;
■ d’altérations d’origine chimique ;
■ de sollicitations mécaniques excessives.
> Il faut préciser, ensuite, si les causes sont :
■ d’origine purement mécanique ;
■ issues d’erreurs de conception, d’exécution ou de gestion (par exemple, insuffisance
d’entretien, erreur commise lors d’une réparation…).

La deuxième étape qui porte sur «l’auscultation – le diagnostic – le pronostic» est essentielle. Elle doit
permettre d’identifier la maladie, d’en estimer l’étendue et d’en identifier les causes. La qualité de ce
diagnostic revêt une grande importance pour la réussite ou l’échec de la réparation, notamment sa
durabilité.
LES MANIFESTATIONS DES DÉSORDRES
En allant du plus bénin au plus grave, il est possible de distinguer :
■ Les défauts sans conséquences importantes, telles que variations de teintes sur un même
parement, efflorescences, taches noires, pommelages, fuites de laitance, bullage, marbrures,
fissures superficielles, ... ;
■ Les défauts indiquant que l’évolution risque de se faire anormalement : carbonatation,
ressuage, nids de cailloux, faïençage,… ;
■ Les défauts indiquant une évolution plus ou moins avancée : écaillage, fissuration,
délamination… ;
■ Les défauts traduisant une modification du fonctionnement de la structure et ayant donc une
incidence structurale : fissuration importante, déformation excessive… ;
■ Les défauts structuraux indiquant la proximité d’un état limite ultime et nécessitant une
restriction de l’usage de l’ouvrage, voire sa mise hors service.

l’influence des défauts de conception et d’exécution et/ou des erreurs de gestion sur les dégradations
du béton
Les défauts de conception et d’exécution sont la cause de nombreux dommages. Leurs
Origines sont diverses :
> Au stade de la conception :
■ la tendance de certains projeteurs à faire travailler le béton au maximum de ses possibilités conduit à
des structures étriquées qui s’avèrent difficiles à réaliser sans défaut et qui sont donc plus sensibles au
vieillissement,
 la non prise en compte de «l’effet d’échelle» par le projeteur, c'est-à-dire, lorsque la
conception de la structure sort du domaine d’emploi visé par les règles de calcul (géométrie
inhabituelle, matériaux nouveaux, armatures de précontrainte de très forte puissance,
phénomènes, habituellement négligeables, mais devenant importants…),
■ une modélisation de structure inadaptée pouvant conduire à sous-estimer l’importance des
sollicitations (par exemple, dans les calculs aux éléments finis),
■ la non-prise en compte des tolérances d’exécution dans le calcul des sollicitations,
■ etc
> Au stade de la réalisation :

■ la mauvaise conception ou réalisation du ferraillage, se traduisant, par exemple, par des


entassements d’armatures et donc des difficultés de mise en œuvre du béton, des recouvrements de
barres situés tous dans la même section et très souvent des insuffisances d’enrobage,
■ la mauvaise formulation du béton, qui engendre une porosité et une perméabilité trop élevée
facilitant ainsi la pénétration des agents agressifs,
■ la mise en œuvre de matériaux, dont les caractéristiques mécaniques diffèrent de celles prise en
compte dans la note de calculs (par exemple, pour un béton un coefficient de fluage nettement
supérieur à la normale),
■ la mauvaise réalisation des coffrages, qui entraîne des fuites de laitance (nids de cailloux), des
déplacements des armatures (insuffisances d’enrobage), des hors-profils et divers autres défauts ou des
blocages s’opposant aux premiers retraits,
■ les mauvaises conditions de transport du béton frais, en particulier par temps chaud, qui favorise,
notamment, la ségrégation et le raidissement précoce,
■ la mauvaise mise en œuvre du béton, qui peut provoquer des défauts d’homogénéité, une
ségrégation et des défauts de bétonnage,
■ le décoffrage sans précaution et/ou mauvaise manutention d’éléments de béton, qui peut entraîner
des épaufrures, des fissures et des ruptures,
■ la mauvaise réalisation de la couche d’étanchéité, qui favorise la pénétration des agents agressifs
puis l’apparition d’efflorescences, de stalactites et enfin la corrosion des armatures,
■ etc.
Au stade de la gestion :
■ l’absence de surveillance et d’entretien, en particulier de tous les éléments qui permettent de
maîtriser l’action des eaux sur les structures (chape d’étanchéité, systèmes de drainage…),
■ l’augmentation des charges permanentes (par exemple, sur un pont, le rechargement de la couche de
roulement sans un rabotage préalable),
■ les charges d’exploitation qui augmentent et deviennent de réelles surcharges,
■ etc
> Causes
Bien que la plupart des ouvrages de mauvaise conception aient naturellement disparus sous les actions
climatiques, les crues…, il existe encore des ouvrages qui, pour des raisons d’économie, de rapidité
d’exécution ou de facilité de construction présentent des anomalies : briques ou pierres de mauvaise
qualité et sensibles au gel, maçonnerie de remplissage hourdée par des mélanges de chaux et de terre,
absence de chape d’étanchéité, remblai argileux, fondations affouillables, des déformations et des
fissures dues au tassements non maîtrisés du cintre ou des fondations mal fondées…
> Investigations
La surveillance continue et/ou périodique permet de constater la présence des désordres.
Ensuite, en fonction des désordres constatés, il faut effectuer les investigations adaptées pour
en déterminer les causes. Se reporter aux différents articles ci-après du présent paragraphe.
Exemples
1. La tour penchée de Pise, Pise
Nous allons lancer notre liste de défaillances architecturales avec probablement la plus célèbre. La
tour de Pise, si vous ne le savez pas déjà, est un clocher indépendant associé à la cathédrale de Pise.
Célèbre pour son aspect bancal, c'est une destination favorite pour les touristes ainsi qu'une
opportunité de selfie drôle "à faire". Situé derrière la cathédrale, c'est la troisième structure la plus
ancienne de la place de la cathédrale de la ville.
Pendant la construction, la tour a commencé à s'incliner. Une combinaison de fondations inadéquates
et de terrains inadaptés a finalement conduit à la forme unique de la tour. L'inclinaison s'est
progressivement aggravée pendant la construction et les constructeurs ont tenté de corriger le
problème. Le plus observateur d'entre vous aura remarqué qu'il est en fait incurvé! Un peu comme une
banane en pierre! Mais ce n'était pas suffisant. Au cours des siècles suivants, la tour a continué de
couler à environ 1 mm par an. Des poids lourds ont été ajoutés à un côté de la tour à la fin des années
1990 pour tenter de sauver le bâtiment.

CNA Center, Chicago


Ouvert en 1972, le CNA Center est un immeuble de grande hauteur de 44 étages à Chicago. Le
bâtiment a été conçu par Graham Anderson, Probst & White et peint en rouge vif. Vous ne pouvez pas
vraiment le manquer! En 1999, un gros morceau de fenêtre s'est détaché et a chuté du 29e étage.
Malheureusement, la fenêtre a causé un seul décès! Une enquête a révélé que la dilatation thermique
en était la cause. Cela a déclenché un règlement de 18 millions de dollars et une remise à neuf
ultérieure de toutes les fenêtres du bâtiment! Les fenêtres sont toujours surveillées mensuellement à ce
jour!

Sur une note plus lumineuse, le Centre CNA est également célèbre pour ses écrans d'éclairage, allant
du soutien aux équipes sportives à la célébration des fêtes nationales. Ceci est réalisé en utilisant une
combinaison de lumières, de stores et même de découpes en panneaux de mousse!

https://www.chicagotribune.com/news/ct-xpm-2002-02-14-0202140305-story.html

Ray et Maria Stata Center, MIT


Conçu par l'architecte primé Frank Gehry, le Ray and Maria Stata Center a été ouvert en 2004. Il abrite
les laboratoires d'informatique et d'intelligence artificielle du MIT, le département de linguistique et de
philosophie et le laboratoire des systèmes d'information et de décision. À la fin, il a été célébré pour sa
conception angulaire audacieuse qui, dit-on, contestait les lois de la physique.
En 2007, le MIT a déposé une plainte pour négligence contre Gehry après que des défauts de
conception et des problèmes structurels majeurs ont été identifiés. Des problèmes de drainage ont
provoqué la fissuration des murs, des glaçons massifs suspendus de façon précaire pendant les mois
d'hiver et même des moisissures ont poussé sur les murs extérieurs. Les travaux de réparation et de
modification ont coûté à l'école plus de 1,5 million de dollars ! L'entreprise de construction, Skanska
USA Building, a affirmé avoir averti l'architecte des problèmes de conception à de nombreuses
reprises. Apparemment, cela est tombé dans l'oreille d'un sourd et "on leur a dit de procéder aux
dessins originaux". Le porte-parole de la société a ajouté: "Il était difficile de faire fonctionner la
conception d'origine".
Walkie-Talkie Centre, Londres
Le Walkie-Talkie Centre est un immeuble de bureaux primé dans le centre de Londres. Sa conception
concave a été saluée comme un triomphe architectural, mais elle entraîne également de graves
problèmes de santé et de sécurité. Peu de temps après son achèvement, des plaintes ont commencé à
affluer concernant sa concentration de la lumière du soleil sur les rues locales. Un exemple notable a
même blâmé la conception du bâtiment pour endommager les voitures en stationnement et rendre
généralement les piétons assez mal à l'aise. Il peut faire tellement chaud que certains sont même
capables de faire cuire des œufs dans la rue ! Incroyable !

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