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2010/2 n° 5 | pages 21 à 33
ISSN 2103-2874
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-developpements-2010-2-page-21.htm
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Valérie BARRAY 1
Étude comparative Ergothérapeute
Anne-Sophie DEBORDE 1
de 3 tests de Psychologue
Résumé Summary
Dans notre pratique d’ergothérapeutes, nous relevons In our occupational therapists practice, we often find
fréquemment des différences notables de résultats d’un important differences of results obtained by the same
même patient à trois tests de copie de figures, utilisées en patient using three different tests of copying geometric
pédiatrie dans le domaine des troubles d’apprentissage. shapes which are used in pediatry in the field of learning
Cette étude compare ces trois épreuves : celle du « Beery- disorders.
Buktenica Developmental Test of Visual-Motor This study compares these three tests : the « Beery-
Integration » 4e version de Beery et Buktenica, 1997 (Beery Buktenica Developmental Test of Visual-Motor
VMI), celle de la « NEPSY, bilan neuropsychologique de Integration » 4th version, Beery et Buktenica, 1997 (Beery
l’enfant » de Korkman, Kirk et Kemp, 2003 (Nepsy) et VMI), the one issued of the “NEPSY a developmental
celle du « Developmental Test of Visual Perception-2 » de neuropsychological assessment” Korkman, Kirk et
Hammill, Pearson et Voress, 1993 (DTVP-2). Leur Kemp, 2003 (Nepsy) and the test of copying of the
présentation détaillée montre des différences : matériels, « Developmental Test of Visual Perception-2 » de
propriétés psychométriques, notations et étalonnages. Hammill, Pearson & Voress, 1993 (DTVP-2). Their
detailed presentation shows some differences : material,
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Mots-clés Keywords
• Copies de figures • Copying tests
• Beery VMI • Beery VMI
• Nepsy • Nepsy
• DTVP-2 • DTVP-2
• Différences culturelles • Cultural differences
Etude comparative de 3 tests de « copie de figures » utilisés chez l’enfant : Beery VMI, NEPSY et DTVP-2
Pour cela, une présentation des tests de « copie de B - Présentation détaillée des 3 tests
figures » étudiés permettra de mettre en évidence
les différences éventuelles concernant le maté- 1. « Copie de figures » de la Nepsy
riel, la passation, la notation, l’interprétation des Il s’agit d’un subtest de base du domaine visuo-spa-
résultats et les propriétés statistiques. Au cours de tial de la Nepsy, destiné à évaluer l’intégration
cette présentation, les avantages et inconvénients visuo-motrice des enfants de 3 ans à 12 ans
propres à chacun des outils seront dégagés. Après 11 mois. Il fait appel aux capacités d’intégration
cette approche qualitative, un protocole de recher- visuo-spatiale et de coordination de l’activité
che sera développé dans lequel les résultats obte- motrice (Korkman et al., 2003).
nus à ces trois tests par une population de 90
enfants seront comparés. La méthode de recher- Passation :
che utilisée et les résultats obtenus seront pré- L’enfant doit reproduire le plus fidèlement possi-
sentés. La discussion évoquera les différentes ble 18 figures géométriques (3 à 4 figures par page
hypothèses expliquant les résultats retrouvés. en format paysage) sans utiliser de gomme. Ce
test comporte peu de figures classiquement pro-
posées (pas de triangle, ni de croix latine ou grec-
que, ni de losange). Différentes situations
I - Présentation des trois tests visuo-spatiales sont abordées : intersection, proxi-
de copie de figures mité, alignement, parallélisme, etc. L’arrêt de la pas-
sation se fait à partir de quatre figures consécutives
A - Présentation succincte et comparative notées 0.
Contexte Inclus dans une batterie Inclus dans une batterie Inclus dans une batterie
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Echantillonnage 2 614 enfants américains 1 000 enfants américains 1972 enfants américains
de sujets testés de 2 ans à 18 ans 11 mois 325 enfants français de 4 ans à 10 ans 11 mois
de 3 ans à 12 ans 11 mois
Nombre de figures
24 18 20
à reproduire
Résultats exprimés en Note Standard, percentiles, Note Standard, âge équivalent Note Standard, percentiles,
âge équivalent âge équivalent
Auteurs K. E. Beery & N. A. Buktenica M. Korkman, U. Kirk & S. Kemp D. D. Hammill, N. A. Pearson
& J.K. Voress
de mesures très précises sont nécessaires. Une D’autre part, la rigueur de la notation constitue éga-
étude de comparaison entre les données américai- lement un intérêt. En effet, l’exigence des critères
nes de l’étalonnage et les résultats obtenus dans la de notation assure l’uniformisation des pratiques,
population française a montré qu’en moyenne, et donc limite les différences inter-notateurs. De
les enfants français obtiennent des notes supé- plus, la notation de chaque figure en quatre points
rieures à celles des enfants américains à l’épreuve permet de cerner très précisément la performance
de « copie de figures » de la Nepsy. Cette différence de l’enfant, celui-ci étant évalué sur un total de 72
est de l’ordre de 6 points. Pour pouvoir utiliser les points pour 18 figures. Par ailleurs, l’adaptation
valeurs de référence américaines, les auteurs recom- proposée par les auteurs, avec le retrait de 6 points
mandent donc de retirer 6 points à la note brute de la note brute, permet d’évaluer plus justement
obtenue par les enfants français. Dans le manuel, les performances des enfants français par rapport
des tableaux de conversion des notes brutes en à leurs pairs.
notes standard se répartissent par tranches de 6
mois. Les notes standard vont de 1, pour la note Points faibles :
minimale, à 19, pour la maximale, avec une La nécessité de prises de mesures précises pour la
moyenne à 10. Une équivalence des notes standard notation des figures allonge le temps de correction
en catégories descriptives est proposée. par rapport à d’autres épreuves de copies de figu-
Des données sont également disponibles sur la fré- res dont les critères de notation sont moins pré-
quence dans la population d’étalonnage de compor- cis.
tements moteurs comme des tremblements, des
syncinésies ou une tenue de crayon immature. 2. « Copie » du DTVP-2
Il s’agit d’un des 4 subtests du domaine « inté-
Interprétation (Korkman et al., 2003): gration visuo-motrice » du DTVP-2 administré
Un faible résultat peut être le signe d’une mauvaise aux enfants de 4 ans à 10 ans 11 mois. Les 3 autres
coordination motrice, de capacités visuo-spatia- épreuves de ce domaine sont « Relations spatia-
les insuffisantes, d’un manque d’intégration des les », « Coordination visuo-motrice » et « Vitesse
aptitudes visuo-spatiales avec une activité motrice visuo-motrice ». Le test « Copie » mesure la capa-
coordonnée (intégration visuo-motrice), d’une cité à reconnaître les caractéristiques d’une figure
inexpérience et/ou d’une difficulté à utiliser un et à la copier (Hammill et al., 1993).
outil pour planifier un comportement visuo-
moteur. Les auteurs recommandent de croiser les Passation :
résultats visuo-spatiaux et sensori-moteurs pour Ce test est composé de 20 figures à reproduire
déterminer l’impact de ces deux domaines sur la précisément sans utiliser la gomme (10 figures
performance de l’enfant. par page en format paysage ; 5 dans la moitié supé-
rieure et 5 dans la moitié inférieure). Comme
Propriétés psychométriques (Korkman et al., 2003): dans le test de copie de figures de la Nepsy, diffé-
La validité convergente de l’épreuve a été étudiée rentes situations visuo-spatiales sont abordées
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Etude comparative de 3 tests de « copie de figures » utilisés chez l’enfant : Beery VMI, NEPSY et DTVP-2
Interprétation (Hammill et al., 1993): repères topologiques. Il peut alors devenir difficile
Dans le contexte de l’évaluation avec le DTVP-2, de savoir quelle note attribuer à la production de
donc l’évaluation de la perception visuelle, l’enfant. Ainsi, la notation peut rapidement deve-
« Copie » est interprété comme un test de coor- nir subjective si le dessin de l’enfant ne se rap-
dination visuo-motrice. proche pas des exemples proposés.
Des catégories descriptives sont proposées en cor- De plus, notre expérience clinique montre que
respondance avec les notes standard. Des informa- les résultats à ce test sont rarement révélateurs
tions sont proposées concernant un faible résultat des difficultés rapportées par les parents ou les
au quotient d’intégration visuo-moteur calculé enseignants. Par ailleurs, les données de l’étalon-
à partir des résultats obtenus aux 4 épreuves du nage sont américaines, elles ne sont pas forcé-
domaine « intégration visuo-motrice » : il peut ment représentatives des performances des enfants
être le reflet de difficultés perceptives visuelles, français.
motrices ou de coordination œil-main.
3. « Copie de figures » du Beery VMI
Propriétés psychométriques : Ce test s’adresse à des enfants de 2 ans à 17 ans 11
Les propriétés psychométriques du DTVP-2 sont mois et aide à identifier des difficultés significa-
satisfaisantes : pour l’épreuve de copie, le coeffi- tives d’intégration ou de coordination des capaci-
cient de fidélité est de .80, la fidélité inter-notateurs tés visuo-perceptives et motrices (Beery &
est de .92 (Hammill et al., 1993) et la validité Burktenica, 1997).
convergente avec le Beery VMI est de .87 (Albaret
et al., 2005). Passation :
L’enfant copie 24 figures (3 par feuille sur un for-
Points forts : mat paysage) le plus précisément possible, avec un
Sa passation est rapide et peu impressionnante, le crayon et sans utiliser la gomme. Les figures à
matériel du test ne comportant que deux feuilles recopier vont de dessins simples (lignes) à des
A4, présentant des dessins de petite taille. Sa nota- figures plus complexes représentant un objet en
tion est également rapide. 3 dimensions (cube). Pour les enfants les plus
Par ailleurs, certaines figures, analysées indivi- jeunes, les 3 premiers modèles sont d’abord pro-
duellement, sont particulièrement intéressantes posés en imitation, l’enfant regarde l’examinateur
pour observer la procédure constructive qu’uti- dessiner le modèle puis l’imite. L’épreuve s’arrête
lise l’enfant (mode d’appréhension de la figure, après trois figures notées 0 consécutives.
stratégies utilisées, etc.).
Notation :
Points faibles : Les productions de l’enfant sont notées selon des cri-
Les inconvénients sont nombreux. Le premier est tères stricts : respect des proportions et des liens
lié au matériel du test : les emplacements pour spatiaux entre les différents éléments, déviations
reproduire les modèles nous semblent très petits d’angles… Le correcteur attribue 1 à chaque forme
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Etude comparative de 3 tests de « copie de figures » utilisés chez l’enfant : Beery VMI, NEPSY et DTVP-2
Graphique 1 : Moyenne des notes brutes normalisées de chaque test par âge.
Etude comparative de 3 tests de « copie de figures » utilisés chez l’enfant : Beery VMI, NEPSY et DTVP-2
La suite de la discussion cherchera tout d’abord à sont identiques (trait vertical, trait horizontal,
expliquer ces différences de résultats, puis à déter- cercle et carré), même si leur ordre de présenta-
miner quel outil, parmi les trois utilisés dans cette tion diffère. Mais au-delà des premiers items, les
étude, il vaut mieux utiliser pour évaluer le plus modèles diffèrent. Même si certaines notions spa-
exactement la performance de nos patients. tiales sollicitées, comme l’inclusion d’une figure
dans une autre ou l’intersection de figures entre
elles, sont retrouvées dans les trois tests de notre
B - Proposition d’explications étude, il reste que la complexité des figures sem-
des différences de résultats constatées ble différente. Par exemple, des items de la Nepsy
et du Beery VMI présentent un modèle de trois cer-
Pour comparer ces trois tests de copies de figures, cles entremêlés, mais pour la Nepsy, ces cercles sont
nous avons constitué un groupe de 90 enfants disposés les uns en dessous des autres alors que
dont la plupart présentait des troubles d’appren- dans le Beery VMI, les trois cercles sont aussi
tissage. Nous leur avons proposé la passation des entrelacés comme les anneaux olympiques mais
trois tests sur lesquels portait notre travail. Le fait deux d’entre eux sont situés côte à côte alors que
que ces enfants soient porteurs de troubles d’ap- le troisième est en dessous des deux autres. Ainsi
prentissage ne nous a pas semblé pouvoir influer dans le premier cas, avant de tracer un cercle, le
sur la comparaison des moyennes de résultats sujet doit respecter l’emplacement de celui-ci par
puisque chaque enfant était amené à passer les rapport à un seul autre cercle (généralement le
trois tests. En effet, nous n’avons pas comparé cercle tracé précédemment), alors que dans le
leurs résultats par rapport à une moyenne mais les second cas, pour tracer le cercle situé sous les
résultats entre eux, ce qui devrait limiter l’impact deux autres, le sujet doit tenir compte de la posi-
de la pathologie. tion de ces deux autres cercles, ce qui complique
L’ordre de présentation des 3 épreuves nous a sérieusement sa tâche. Les compétences impli-
paru, par contre, capital puisqu’il était probable que quées dans la copie d’une figure illustrant une
l’investissement des enfants risquait de varier en situation spatiale donnée, même si celle-ci semble
fonction de l’ordre de présentation des épreuves. similaire d’un test à l’autre, pourront être sollici-
C’est pourquoi nous avons pris soin de proposer tées de manière inégale : ainsi la planification,
les épreuves dans les six ordres possibles de l’analyse visuo-spatiale et la coordination visuo-
manière équitable dans chaque groupe d’âge. motrice nécessaires à la réussite de la reproduction
Ainsi, chaque tranche d’âge a été divisée en six seront mises en jeu de manière plus ou moins
groupes de trois enfants, et l’ordre de présentation importante en fonction du type de situation spa-
des tests était différent pour chaque groupe. Cela tiale présentée et de la complexité du modèle. On
nous a semblé le meilleur moyen de limiter l’im- peut alors supposer que certains modèles d’un
pact de la lassitude, et donc d’un désinvestissement test présentent moins ou plus de difficultés que
inhérent à la répétition des épreuves. ceux d’un autre test. Une étude complémentaire
Pour éliminer l’impact possible de l’étalonnage permettrait d’évaluer et de comparer plus précisé-
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– DTVP-2 : trait vertical, trait horizontal, obli- réalise la figure, puis l’incite à l’imiter. Trois des
que, cercle, croix grecque enfants de notre population ont bénéficié de cette
– Berry VMI : trait vertical, trait horizontal, cer- passation avec imitation, ce qui semble toutefois
cle, croix latine, trait oblique peu pour modifier la moyenne au Beery VMI par
– Nepsy : trait vertical, trait horizontal, cercle, rapport à celles des deux autres tests.
carré, trait vertical auquel est accolé un trait
horizontal. Dans la description détaillée des tests, les règles de
notation ont déjà été décrites, mais il peut sembler
La surface allouée à la reproduction est elle aussi utile de les rappeler. Ainsi, la Nepsy est le test qui
très différente d’un test à l’autre : de 66 cm2 à propose, selon nous, les critères les plus précis,
88 cm2 selon les modèles de la Nepsy, 68 cm2 réduisant le risque de notation subjective. Le
pour le Beery VMI, 19 cm2 pour le DTVP-2. Au- Beery VMI propose aussi des critères stricts de
delà du fait déjà signalé que l’espace réduit proposé notation, mais parfois difficiles à appliquer compte
dans le DTVP-2 peut gêner l’observation clini- tenu des différences d’unités de mesure entre les
que de difficultés motrices, cette différence des Etats-Unis et la France. Cela demande aux correc-
surfaces de copie d’un test à l’autre peut s’avérer teurs une conversion dans notre système métrique
facilitatrice ou au contraire pénalisante. Disposer qui reste approximative. Le DTVP-2 reste un test
d’un espace de copie moindre semble introduire tout à fait subjectif dans sa notation, par manque
une contrainte supplémentaire car l’enfant va de critères précis.
chercher à faire « tenir » sa production dans le De plus, chaque figure est notée selon un barème
cadre, ce qui peut l’obliger à réduire certains de ses différent d’un test à l’autre :
traits par rapport à son projet initial et entraîner – 4 critères par figure entraînant l’attribution
une distorsion de la figure. Le DTVP-2 est le seul d’un point par critère, soit de 0 à 4 points par
outil qui pénalise systématiquement toute pro- figure pour la Nepsy.
duction correcte dépassant des limites du cadre par – Un nombre de critères variant selon les items
le retrait d’un point : une figure correcte est nor- mais un seul point accordé pour le respect de
malement notée 2 points, mais quand cette figure tous les critères par figure, soit un point par
est partiellement hors cadre, elle sera donc crédi- figure au Beery-VMI.
tée d’un seul point. Un enfant peut être donc péna- – De 0 à 2 points par figure au DTVP-2.
lisé à deux reprises : au cours de sa copie, pour La différence du nombre de points accordés par
respecter les limites, il peut décider de modifier la figure nous semble avoir un impact direct sur la
forme globale de la figure (respect des propor- capacité de ces tests à différencier les sujets entre
tions), mais s’il décide de ne pas tenir compte du eux. Si la « Copie de figures » de la Nepsy s’avé-
cadre, il le sera au moment de la notation. rait à même de discriminer des performances
considérées comme similaires au DTVP-2 ou au
Peu de différences en rapport avec la passation Beery VMI, cela pourrait expliquer au moins une
des tests nous ont paru susceptibles d’avoir un partie des différences retrouvées dans notre étude.
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Etude comparative de 3 tests de « copie de figures » utilisés chez l’enfant : Beery VMI, NEPSY et DTVP-2
important sur les plus âgés. Selon les âges et selon n’a bénéficié d’un nouvel étalonnage auprès d’en-
les tests, les enfants se trouveraient donc dans des fants français. Mais dans le cas de la Nepsy, une
situations plus pénalisantes ou plus facilitatrices, étude de comparaison des résultats entre enfants
ce qui expliquerait le fait que les moyennes des américains (étalonnage d’origine) et français a
tests évoluent différemment en fonction de l’âge. montré une différence plus que notable. Les
La petite taille des cases du DTVP-2 pénaliserait enfants français ont été évalués comme significa-
certainement les sujets les moins matures sur le tivement plus performants à ce test que leurs
plan de la coordination oculo-manuelle et, donc homologues américains. En effet, après avoir pré-
les plus jeunes aussi. senté ce test à 325 enfants français, les auteurs
L’impact de l’ordre de présentation des items ne ont relevé une discordance importante entre les
peut être raisonnablement envisagé que sur les résultats de ces enfants français et des enfants
premiers items, il est peut-être présent dans la américains qui constituent le groupe d’étalon-
poursuite du test mais impossible à repérer sans nage. De ce fait, ils indiquent qu’il est nécessaire
étude complémentaire. Il a paru intéressant de de retrancher 6 points à la note brute obtenue au
comparer le nombre de traits obliques à repro- test par un enfant français afin de pouvoir utiliser
duire dans les cinq premiers items de chaque test, les tableaux d’étalonnage américains.
car ils sont plus difficiles à reproduire que les Selon Grégoire (2006), tester, c’est toujours com-
traits verticaux ou horizontaux. Dans le DTVP-2, parer. Les résultats d’un sujet ne prennent sens
la présence d’obliques est repérée à trois reprises qu’en référence à ceux d’autres sujets. Sans les
dans les cinq premiers modèles. Un seul trait obli- valeurs d’un groupe de référence, un test est
que est demandé dans le Beery-VMI, et aucun comme un thermomètre sans graduation. Un test
dans la Nepsy. La présence d’obliques pourrait doit donc être normé. Pour cela, il doit être passé
pénaliser les enfants les plus jeunes dès les pre- par un échantillon de sujets représentatif de la
miers items du DTVP-2. population dans laquelle il va être utilisé. Un pro-
L’impact de la complexité des figures sur la plani- blème apparaît quand le sujet testé n’appartient pas
fication, l’analyse visuo-spatiale et la coordina- à la population dans laquelle le test a été normé.
tion visuo-motrice nécessaires à la réussite de la Grégoire ajoute qu’il est simpliste de penser que
reproduction serait plutôt retrouvé chez les sujets seules les connaissances verbales sont culturel-
les plus âgés, puisque ce sont les seuls à qui les les, les connaissances non verbales, comme les
figures les plus complexes sont proposées. formes géométriques, sont tout autant culturelles.
Beery et al. (2004) nous mettent aussi en garde :
En conclusion, des différences d’un test à l’autre dans l’idéal, chaque test devrait être normé loca-
dans le matériel, la passation et la cotation ont lement à partir de chaque population pour
été inventoriées comme causes possibles des dif- laquelle il va être utilisé. Ils ajoutent que comme
férences retrouvées dans les résultats entre les cela n’est pas possible, la meilleure population
trois tests. Pour certaines d’entre elles, l’impact normative est celle qui est aussi représentative que
sur les productions d’un enfant semble bien dépen- possible de la population du pays dans lequel le
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non verbales. Eviatar, en 2000, affirme que la cul- nettement les performances des enfants que nous
ture est une variable, comme l’âge ou le sexe, qui peut évaluons. Puisqu’il ne nous paraît pas traduire le
être capitale pour déterminer la manière dont des niveau réel de l’enfant, son utilisation ne nous
processus cognitifs de haut niveau s’intègrent dans semble pas souhaitable.
l’organisation cérébrale.
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