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Les systèmes de forces

LES SYSTEMES DE FORCES

1. Systèmes de forces concourantes


1.1. Résultante de forces concourantes
La force résultante R d’un système de forces Fi (i = 1, 2, ..., n) est la force équivalente à ce
système de forces :
 
R  Fi  (1)

On appelle forces concourantes des forces dont les lignes d’action ont un point
d’intersection ; leurs lignes d’action ne sont donc pas parallèles. La résultante d’un système
de forces concourantes est appliquée au point d’intersection de leurs lignes d’action et est
égale à leur somme géométrique (voir fig. 1). Le polygone obtenu en faisant la somme
géométrique des forces comme grandeur géométrique est appelé polygone des forces ; ce
polygone construit avec les forces comme côtés peut être fermé ou ouvert (voir fig. 2). On
remarquera que la résultante des forces lie le début du polygone à son extrémité final.

Fig. 1. Résultantes des forces

Fig. 2. Quelques types de polygones des forces.

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On peut remarquer, par exemple :


 que la résultante R, sur la fig. 1, a, est représentée par le côté OB et que la construction
du polygone des forces revient à celle du triangle OAB.
 que le sens de la résultante R suivant le contour du polygone des forces est contraire à
celui des forces composantes suivant le même contour déterminé par la première
force.

Aussi, on peut résoudre le problème inverse, c’est-à-dire décomposer une force P (en la
considérant comme résultante) appliquée en un point O en deux forces composantes Px et Py
dirigées suivant des directions quelconques x et y et appliquées au même point O (voir fig. 1,
c).

La projection sur un axe x de la résultante R d’un système de forces Fi (c’est-à-dire


 
que R   Fi avec, i = 1, 2, ..., n) est égale à la somme des projections Xi (i = 1, 2, ..., n) de
ces forces sur cet axe ; c’est-à-dire que si (voir fig. 4) :
proj(R)x = X (2)
et proj(Fi)x = Xi (3)

alors, on a :
 
X   Xi ; (4)

On peut ainsi écrire que les projections X, Y et Z de la résultante R sur les axes x, y et z sont
telles que :
 
X  Xi ;
 
 (5)
Y   Yi ; (6)
 
Z   Zi , (7)
où, X, Y, Z sont les projections de R sur les axes x, y et z; Xi ; Yi ; Zi - sont les projections
des forces Fi sur les mêmes axes x, y et z.

Le module de la force résultante R est égal à :


R = X 2 Y2  Z2 (8)

Fig. 4.

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Un système de forces est un ensemble de forces. On appelle forces coplanaires des forces
situées sur un même plan ; ce plan est appelé plan d’action des forces. Donc quand
l’ensemble des forces qui constituent le système sont situées sur un même plan, on parle de
système de forces coplanaires. Des forces coplanaires peuvent être concourantes ou
parallèles.

1.2. Conditions d’équilibre


Des forces concourantes s’équilibrent si leur résultante est nulle, c’est-à-dire si le polygone
des forces (polygone construit avec ses forces comme grandeurs vectorielles) est fermé.

Si les forces s’équilibrent, alors la résultante R = 0, donc X 2  Y 2  Z 2 = 0, cela est


possible si et seulement si l’on a :
X =0
Y =0 (9)
Z =0
ou encore
 Xi = 0
Yi = 0 (10)
Zi = 0.
Ce sont ainsi les trois conditions utilisées pour résoudre les problèmes sur l’équilibre des
forces concourantes dans l’espace. Avec ces trois équations, on peut résoudre le problème
sur l’équilibre des forces concourantes si le nombre d’inconnues ne dépasse pas trois (3).
Cette méthode est appelée méthode analytique de résolution des problèmes d’équilibre des
forces concourantes.
Pour les forces concourantes coplanaires, c’est-à-dire des forces situées sur un même plan, on
obtient deux équations d’équilibre seulement :

Xi = 0 (10)
et Yi = 0;

Ces équations permettent de


résoudre les problèmes sur
l’équilibre des forces concourantes
coplanaires quand le nombre
d’inconnues ne dépasse pas deux
(2).

Trois forces dans le plan


s’équilibrent si elles ont un point
d’intersection commun (le polygone
des forces étant ainsi fermé); aussi,
Fig. 5. deux forces s’équilibrent si elles
sont de même direction, de même
intensité et de sens opposés (voir
fig. 5).

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1.3. Plan de résolution des problèmes sur l’équilibre des forces

 Dégager le corps sur lequel est appliqué le système de forces équilibré.


 Montrer toutes les forces actives.
 Remplacer les liaisons par leurs réactions.
 Appliquer les conditions d’équilibre.
 Des conditions d’équilibre, déterminer les inconnues.

Exemple 1. Déterminer la réaction de la surface plane inclinée d’un angle α par rapport à
l’horizontal sur un corps de poids G et la réaction dans le fil sur lequel est suspendu ce poids
et tendu dans la même direction que le plan incliné (voir fig. 6, a).

Solution : Désignons les réactions du plan incliné et du fil respectivement par RN et RT.
Dégageons les liaisons (plan incliné et fil) et remplaçons ces liaisons par leurs réactions (voir
fig. 6, b). Construisons ensuite le polygone des forces exprimant la condition d’équilibre (voir
fig. 6, c ou d). De ce polygone des forces, on a :
cosα = RN / G, d’où RN = G.cosα ; sinα = RT / G , d’où RT = G.sinα.
Ainsi, on obtient pour les réactions :
RN = G.cosα ; RT = G.sinα.

Fig. 6.

Exemple 2. Déterminer les réactions des barres AC et BC sous l’action de la force P (voir fig.
7, a). Les distances a, b1 et b2 sont connues.

Solution : Désignons les réactions des barres AC et BC respectivement par RAC et RBC.
Dégageons les liaisons (barres AC et BC) et remplaçons ces liaisons par leurs réactions RAC et
RBC (voir fig. 7, b). Construisons ensuite le polygone des forces exprimant la condition
d’équilibre (voir fig. 7, c). De ce polygone des forces, on obtient par application de la règle
des triangles semblables :
RAC RBC P
 
AC BC AB
AC b BC b
d’où RAC = P.  P. 1 ; RBC = P.  P. 2 .
AB a AB a

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Fig. 7.

2. Systèmes de forces parallèles


2.1. Addition de deux forces parallèles
2.1.1. Deux forces parallèles de même sens

La résultante R de deux forces parallèles F1 et F2 de même sens est une force de même sens
et dont le module est égal à la somme des modules des deux forces ; son point d’application C
est tel que la distance de ce point aux points d’application des forces est inversement
proportionnelle aux modules des forces et est situé sur le segment reliant ces deux points (voir
fig. 8). Ainsi, en vecteur, on a :
R = F1 + F2 ; (11)
en module (module de R), on a :
R = F1 + F 2 . (12)
Le point d’application est tel que :
AC F2
 (13)
BC F1
ou encore

Fig. 8. AC BC AB
  (14)
F2 F1 R

2.1.2. Deux forces parallèles de sens opposés

La résultante R de deux forces parallèles F1 et F2 de sens opposés est une force qui a le sens
de la force qui a la plus grande intensité (module) et dont le module est égal à la différence
des modules des deux forces ; son point d’application C est situé sur le prolongement du
segment reliant les deux points d’application derrière le point d’application de la plus grande
force à une distance inversement proportionnelle aux modules des forces (voir fig. 9). Ainsi,
en vecteur, on a :
R = F1 + F2 ; (15)

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en module (module de R), on a :


R = F1 - F2 . (16)
Le point d’application est tel que :
AC F2
 (17)
BC F1
ou encore

Fig. 9. AC BC AB
  (18)
F2 F1 R

2.2. Couple de forces. Moment du couple de forces


Un coupe de forces est un système de
deux forces parallèles F1 et F2 de même
intensité (F1 et F2 ont même module) et
de sens opposés (sens de F1 et de F2
sont opposés) (voir fig. 10). Soit d la
distance entre les lignes d’action de ces
deux forces ; cette distance d et appelée
bras du levier du couple de forces.

Le couple de forces n’a pas de force


résultante (R = F1 – F2 = 0), mais les
forces du couple ne s’équilibrent pas,
car leurs lignes d’action ne sont pas
Fig. 10. confondues (elles sont seulement
parallèles) ; en effet ces forces ne sont
pas situées sur une même droite, donc
ne peuvent pas être équilibrées par une force résultante. L’action du couple de forces tend à
produire une rotation du corps solide sur lequel il est appliqué ; cette action dépend :
 du module des forces ;
 de la valeur du bras de levier ;
 du sens de la rotation ;
 de la position du plan d’action du couple.

L’action du couple de forces est caractérisée par son moment M qui est égal au produit du
module d’une des forces du couple (F1 ou F2, car F1 = F2) par le bras du levier (d) :
M = F1 d (19)

Le vecteur moment M du couple de forces est dirigé perpendiculairement au plan d’action du
couple dans le sens tel que si l’on regarde à la rencontre de ce vecteur, on voit le couple de
forces tourner son plan d’action dans le sens contraire des aiguilles d’une montre (voir fig. 11,
a). En confondant le plan d’action du couple avec celui du dessin, on aura dans ce cas, le

vecteur M dirigé perpendiculairement au plan du dessin dans le sens vers nous (fig. 11, b) ou
bien dans le sens partant de nous (fig. 11, c).

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Fig. 11.


Généralement à la place du vecteur moment M du couple, on montre seulement le sens de la
rotation, c’est-à-dire le sens dans lequel le couple de forces tend à faire tourner son plan
d’action. Dans ce cas,
le moment M du
couple est compté
positif si les forces
tendent à tourner leur
plan d’action dans
le sens contraire
des aiguilles d’une
montre (voir fig.
12). Il est négatif dans Fig. 12.
le cas contraire.

Des couples de forces situés sur un même plan sont équivalents si leurs moments sont
numériquement égaux et ont même signe.

Sans changer l’action d’un couple de forces sur un corps solide, on peut le transporter en un
endroit quelconque du plan d’action, tourner son bras de levier d’un angle  quelconque, de
même que changer
le bras de levier et
les modules des
forces, sans
changer les valeurs
de leurs moments et
le sens de la
rotation (voir fig.
13).
Fig. 13.

L’action d’un couple ne change pas si l’on transporte ce couple du plan donné P1 dans un
autre plan P2 parallèle au premier plan P1 (voir fig. 14).

Dans l’espace, des couples de forces sont équivalentes si leurs moments sont
géométriquement égaux.

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Un système de couples coplanaires Mi (i = 1,


2, ..., n) est équivalent à un seul couple M
disposé dans le même plan du système et a
un moment égal à la somme algébrique des
moments des couples composants :
M = Mi = Fi di = F d (20)
M – est le couple résultant tel que M = Fd ;
Mi – les moments composants tels que Mi =
Fidi.

Fig. 14. Cela est aussi valable pour un système de


couples disposés dans l’espace.

Pour qu’un système de couples (coplanaires ou dans l’espace) soit en équilibre, il faut et il
suffit que la somme algébrique des moments de ces couples soit égale à zéro, c’est-à-dire que
le couple résultant est nul :
M = Mi = Fi di = F d = 0 (21)

2.3. Moment d’une force


2.3.1. Moment d’une force par rapport à un point

Le moment MO d’une force F par rapport à un point O est



un vecteur M O appliqué en ce point et dirigé

perpendiculairement au plan contenant la force F et le
point O (plan OAB, voir fig. 15) de telle façon qu’en
regardant à la rencontre de ce vecteur, on voit la force F
produire une rotation de ce plan dans le sens contraire des
aiguilles d’une montre. Le module M de ce vecteur est égal
au produit de l’intensité F de la force par la distance d (le

Fig. 15. bras de levier d) entre le point O et la force F :
MO = F d (22)

Ainsi, le module du moment est égal à deux (2) fois la surface du triangle OAB. Si d = 0,
alors M = 0, cela veut dire que la ligne d’action de la force F contient le point O.

Le moment MO est compté positif si par rapport au point O la rotation se produit dans le sens
contraire des aiguilles d’une montre, c’est-à-dire que par rapport au point O la force F tourne
dans le sens contraire des aiguilles d’une montre (voir fig. 16, a) ; il est négatif dans le cas
contraire (voir fig. 16, b).

2.3.2. Moment d’une force par rapport à un axe



Le moment Mx d’une force F par rapport à un axe x est le produit de la projection F1 de la

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force F sur le plan P1 perpendiculaire à cet
axe par la distance (bras du levier) d1 de cette
projection au point d’intersection O de l’axe
x et du plan P1 (voir fig. 17) :
Mx = F1 d1 (23)
où, F1 - est la projection de F sur le plan P1
perpendiculaire à l’axe x ; d1 - est la distance
de F1 au point O d’intersection de l’axe x et
du plan P1.

Fig. 16. Fig. 17.



Le vecteur moment M x est dirigé tel qu’en regardant à la rencontre de ce vecteur, on voit la
force F1 tourner le plan P1 dans le sens contraire des aiguilles d’une montre par rapport à l’axe
x. Donc le moment Mx est positif si la projection F1 tourne dans le sens contraire des aiguilles
d’une montre par rapport au point O et est négatif dans le cas contraire (voir fig. 18)

Fig. 18.

  
La projection M Ox du moment M O d’une force F par rapport à un point O sur l’axe x

passant par ce point est égale au moment M x de la force par rapport à cet axe (voir fig. 19) :
 
M Ox = M x (24)

On appelle moment principal MO d’un système de forces par rapport à un point O le


moment égale à la somme des moments de toutes les forces du système par rapport à ce
point :
n
MO = M
i 1
iO (25)

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On appelle moment principal Mx


d’un système de forces par rapport
à un axe x le moment égale à la
somme des moments de toutes les
forces du système par rapport à cet
axe :
n
Mx = M
i 1
ix (26)

2.4. Conditions d’équilibre


d’un système de forces
2.4.1. Translation d’une force
par rapport à un point

Fig. 19. On ne change pas l’action d’une


force F sur un corps solide en
déplaçant cette force de son point
d’application A parallèlement à elle même en un point quelconque C du corps à condition
d’ajouter un couple dont le moment est égal au moment de la force par rapport au point en
lequel on désire la déplacer (voir fig. 20).

Fig. 20.

2.4.2. Réduction d’un système de forces à un centre donné



Soient Fi (i = 1, 2, …, n) un système de forces et O un point quelconque qu’on appellera

centre de réduction. En translatant les forces Fi au point de réduction O, on aura les forces
  
Fi ' ( Fi = - Fi ' ) et les moments correspondants seront :
Mio = Fi di (27)

où, di – les distances de Fi au point O.
 
La résultante des forces Fi appliquée au point O est notée R et est appelé vecteur principal

du système des forces ; il est la somme géométrique de toutes les forces Fi appliquées au
corps :
 n 
R =  Fi (28)
i 1

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De même, tous les couples peuvent être remplacés par un seul couple dont le moment MO est
égal à la somme des moments de toutes les forces par rapport au point O ; le moment Mo est
appelé moment principal du système des forces par rapport au point O :
n
MO = M
i 1
iO (29)

En définitive, on peut dire que tout système de forces agissant sur un corps solide peut être

remplacé par une force résultante R égale au vecteur principal du système appliqué à un
centre de réduction O et par un couple dont le moment MO égal au moment principal du
système par rapport à ce centre O.

2.4.3. Théorème de Varignon

Le moment Mx(R) de la résultante d’un système de forces par rapport à un axe quelconque x est
égal à la somme algébrique des moments des forces composantes par rapport à ce même axe
et le moment MO(R) de la résultante des forces par rapport à un centre quelconque O est égal à
la somme géométrique des moments des forces composantes par rapport à ce centre :
n
Mx(R) = M
i 1
iO (30)
n
MO(R) = M
i 1
iO (31)

2.4.4. Conditions d’équilibre

Pour qu’un système de forces disposées arbitrairement dans l’espace s’auto équilibrent, il
faut et il suffit que le vecteur principal R et le moment principal soient tous deux nuls, c’est-à-
dire que les deux conditions suivantes doivent être remplies simultanément:
R = X 2  Y2  Z2 = 0 (32)
et M = Mx  M y  Mz = 0
2 2 2
(33)

Cela est possible si et seulement si l’on a simultanément :


X = Xi = 0 ; (34)
Y = Yi = 0 ; (35)
Z = Zi = 0. ; (36)
et
Mx = Mix = 0 (37)
My = Miy = 0 (38)
Mz = Miz = 0 (39)

Par ces équations, les projections des forces dans les différentes directions (axes de
coordonnées x, y et z) sont nulles (il s’agit des trois premières équations (34), (35) et (36) qui
excluent ainsi tout déplacement le long des axes de coordonnées), de même les moments par
rapport à ces axes sont nuls (il s’agit ici des trois dernières équations (37), (38) et (39) qui
excluent ainsi toute rotation autour des axes de coordonnées); autrement dit, les
déplacements suivant les différentes directions sont nulles, de même les rotations autour de
ces axes sont nulles, par conséquent le corps solide est en état d’équilibre : il ne bouge pas.

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Ainsi, ces équations expriment les conditions d’équilibre d’un système de forces disposées
arbitrairement dans l’espace. Ces équations sont appelées équations d’équilibre de la
statique.

Pour un système de forces coplanaires, les équations d’équilibre se réduisent à trois et se


présentent comme suit :
Xi = 0 ; Yi = 0 ; Mio = 0 ; (40)

Ce qui signifie que : les sommes des projections de toutes les forces sur les axes orthogonaux
x et y doivent être nulles et la somme des moments de toutes les forces par rapport à un centre
de réduction quelconque O doit être nulle. Ainsi pour un corps soumis à un système de forces
coplanaires, les inconnues, c’est-à-dire les réactions des liaisons ne doivent pas dépasser
trois pour que le problème puisse être résolu par les seules équations de la statique.

Les équations (2.40) sont la première forme des conditions d’équilibre. La deuxième forme
des conditions d’équilibre se présente de la façon suivante :
MiA = 0 ; MiB = 0 ; Xi = 0 ; (41)
où, A et B sont deux centres quelconques ; l’axe x ne doit pas être perpendiculaire à la droite
(AB), car si cette condition n’est pas vérifiée, l’équation de la projection des forces sur l’axe x
serait une conséquence des deux autres équations des moments et le système d’équations
obtenu ne permettra de déterminer que deux inconnues seulement. Ces trois conditions (41)
sont nécessaires et suffisantes pour que le corps soit en équilibre.

Une troisième forme des conditions d’équilibre se présente comme suit :


MiA = 0 ; MiB = 0 ; MiC = 0 ; (42)
où, A, B et C sont trois centres quelconques non alignés. Ces trois conditions (42) sont
nécessaires et suffisantes pour l’équilibre du système des forces coplanaires.

Ainsi, dans tous les cas, on a trois équations exprimant les conditions d’équilibre et
permettant de déterminer les inconnues qui ne doivent pas dépasser trois.

Pour un système de forces coplanaires parallèles, les conditions d’équilibre ont les formes
suivantes :
1ère forme:
Yi = 0 ; Mio = 0; (43)
où, l’axe y est parallèle aux forces.

2ème forme:
MiA = 0 ; MiB = 0 ; (44)
la droite (AB) ne doit pas être parallèle aux forces.

3. Forces réparties
Dans la vie pratique, on rencontre souvent les forces réparties ; elles sont réparties selon telle
ou telle loi, soit sur une surface donnée, soit le long d’un segment. Ces forces réparties sont
caractérisées par leur intensité notée q ou p qui est la grandeur de la force appliquée à

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l’unité de surface ou de longueur. Quand elles sont appliquées sur une surface, on les appelle
couramment pression dont les valeurs numériques sont les forces rapportées à l’unité de
surface, par exemple en daN/m2. Pour les forces réparties sur une longueur, les valeurs
numériques de l’intensité sont les forces rapportées à l’unité de longueur, par exemple en
daN/m. On distingue :
 les forces uniformément réparties ;
 les forces linéairement réparties ;
 les forces réparties selon une loi quelconque.

Les forces uniformément réparties sont des forces dont les intensités q sont constantes sur
toute la surface ou la longueur chargées (voir fig. 21). Dans les calculs, l’intensité q peut être
remplacée par la résultante Q appliquée au centre de gravité de la figure :
 dans le cas d’une surface rectangulaire chargée axb (fig. 21, a), on a :
Q = qab (45) ;
Q est appliquée au centre de gravité du rectangle axb ;

 dans le cas d’une longueur chargée l = a (fig. 21, b), on a :


Q = qa (46) ;
Q est appliquée au milieu du segment.

Fig. 21.

Les forces linéairement réparties sont des forces dont les intensités q sont réparties selon
une loi linéaire. Comme exemples, on peut citer la pression hydrostatique sur des parois
verticales des ouvrages (digues, barrages, réservoirs), la pression des terres sur les murs de
soutènement. Ces forces aussi peuvent être remplacées par leurs résultantes Q appliquées aux
centres de gravité des figures :
 dans le cas d’une surface rectangulaire chargée axb (fig. 22, a), on a :
1
Q = qab (47) ;
2
Q est appliquée le long de la ligne médiane de la surface chargée axb à 1/3 de la base
(ordonnée maximale) et à 2/3 du sommet (ordonnée nulle) ;

 dans le cas d’une longueur chargée l = a (fig. 22, b), on a :


1
qa Q= (48) ;
2
Q est appliquée le long du segment à 1/3 de la base (ordonnée maximale) et à 2/3 du
sommet (ordonnée nulle).

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Fig. 22.

Les forces réparties selon une loi quelconque ont celles dont la répartition des intensités q
est très complexe (voir fig. 23) ; la résultante Q est déterminée en utilisant différentes
méthodes mathématiques.

Fig. 23.

4. Applications des conditions d’équilibre


4.1. Détermination des réactions des liaisons
Exemple 3. Déterminer les réactions des liaisons aux points A et B appliquées à la barre AB
sollicitée par les forces P1 et P2 (voir fig. 24, a).

Solution : Ici, la liaison A est un appui double, donc sa réaction RA a une composante
horizontale HA et une composante verticale VA ; la liaison B est un appui simple, donc sa
réaction RB n’a qu’une seule composante verticale VB (voir fig. 24, b). En remplaçant les
liaisons par leurs réactions (fig. 24, c), les équations d’équilibre seront :
 X i = 0 ;  Yi = 0 ;  M iA = 0 ou  M iB = 0
On a ici quatre équations, mais en fait, on n’a que trois équations indépendantes seulement,
car la quatrième équation est une combinaison linéaire des autres, elle sert à la vérification des
résultats. Ainsi, on obtient :

X i = HA – P2cosα = 0, d’où HA = P2cosα ;

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Y i = VA – P1 - P2sinα + VB = 0 ;

M iA = VB.3a – P2sinα.2a - P1.a + VA.0 + HA.0


=0;

La résolution du système des deux dernières


équations donne :
VB = 2 P2 . sin   P1  ;
1
3
VA = 2 P1  P2 . sin   .
1
3
Vérification :
 M iB = -VA.3a+P1.2a +P2sinα.a +VB.0 +HA.0
=-
1
2 P1  P2 . sin   .3a+P1.2a+P2.sinα.a =0.
3
Donc, les inconnues (réactions des liaisons) sont
déterminées sans erreurs.
Fig. 24.

Exemple 4. Déterminer les réactions de la liaison pour la


barre AB encastrée à son extrémité A et sollicitée par la forces
P (voir fig. 25, a).
Solution : La liaison A est un encastrement qui n’admet ni
déplacements linéaires, ni rotation ; donc trois réactions
apparaissent : La force réactive RA avec sa composante
horizontale HA et sa composante verticale VA et le moment
réactif MA (voir fig. 25, b). En remplaçant les liaisons par
leurs réactions (fig. 25, c), les équations d’équilibre seront :
 X i = HA = 0 ;
Y i = VA – P = 0, d’où VA = P ;

Fig. 25.
M iA = – P.a - MA = 0, d’où MA = Pa

Exemple 5. Déterminer les réactions des appuis A et B pour la barre AB sollicitée par la force
P et le couple M (voir fig. 26, a).

Solution : En remplaçant les liaisons par leurs réactions (fig. 2.26, b), les équations
d’équilibre s’écrivent :
 X i = HA = 0 ;  Yi = VA – P + VB = 0 ;  M iA = VB.4a – M - P.a + VA.0 + HA.0 = 0 ;
Des deux dernières équations, on obtient :
VB =
1
M  Pa ; VA = 1 3Pa  M  .
4a 4a

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Les systèmes de forces

Vérification :
 M iB = -VA.4a+P.3a - M +VB.0 =
-
1
3Pa  M  .4a + P.3a – M = 0.
4a

Donc, les inconnues (réactions des liaisons) sont


déterminées sans erreurs.

Exemple 6. Déterminer les réactions des liaisons


appliquées au portique plan représenté sur la fig.
27, a et sollicité par les forces P1 et P2 et le
couple M.

Fig. 26. Solution : Remplaçons les liaisons par leurs


réactions (fig. 27, b) et écrivons les équations
d’équilibre :

Fig. 27.

X i = HA – P2 = 0, d’où HA = P2 ;

M iB = - VA.2a – P1.a + P2.2h - M + VB.0 + HB.0 = 0, d’où VA =


1
P1a  2P2 h  M  ;
2a

Y i = VA – P1 + VB = 0, d’où VB =
1
P1a  M  2P2 h .
2a
Vérification :
M iA = - P1.a – M + HB.2h + VB.2a + VA.0 = - P1.a – M + HB.2h +
1
P1a  M  2P2 h = 0.
2a.
2a
Donc, les réactions des liaisons sont déterminées sans erreurs.

Exemple 7. : Déterminer les réactions des appuis A et B pour la barre AB sollicitée par la
charge répartie q (voir fig. 28, a).

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 25
Les systèmes de forces

Solution : En remplaçant les liaisons par leurs


réactions (fig. 28, b), les équations d’équilibre
s’écrivent :
 X i = HA = 0 ;
M iA = VB.3a – qa.(a + a/2) + VA.0 + HA.0 = 0,
1
d’où VB =qa ;
2
 M iB = -VA.3a+HA.0 + qa.(a + a/2) +VB.0 = 0,
1
d’où VA = qa .
2
Vérification :

Fig. 28.
Y
1 1
i = VA – qa + VB = qa - qa + qa = 0.
2 2

Donc, les réactions des liaisons sont déterminées sans erreurs.

Exemple 8. Déterminer les réactions de la liaison A pour le


système représenté sur la fig. 29, a et sollicitée par la charge
linéairement répartie q.
Solution : Remplaçons la liaison par ses réaction et écrivons
les équations d’équilibre (voir fig. 29, b) :
 X i = HA = 0 ;
Y
1 1
i = VA – qa = 0, d’où VA = qa ;
2 2
M
1 1
iA = – qa .(a/3) + MA = 0, d’où MA = qa2.
2 6

Fig. 29.

4.2. Application au calcul des fermes


Une ferme (ou treillis) est
une structure constituée de
barres rigides réunies par
des articulations (voir fig.
39). Les barres horizontales
situées en partie inférieure
Fig. 39. constituent la membrure
1 – membrure inférieure (entrait) ; 2 – membrure inférieure (barres de la
supérieure (arbalétrier) ; 3 – montants intermédiaires ; 4 - membrure inférieure). Les
montants d’appuis ; 5 – diagonales. barres horizontales situées en
partie supérieure constituent
la membrure supérieure

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 26
Les systèmes de forces

(barres de la membrure supérieure). Les barres inclinées sont les diagonales ; les barres
verticales sont appelées montants.

Si toutes les barres de la ferme sont situées sur un même plan, la ferme est dite plane. Les
points de convergence où se joignent les barres sont appelés nœuds de la ferme. Les nœuds
servant d’appuis pour la ferme sont appelés nœuds d’appuis. Toutes les forces extérieures sont
supposées appliquées aux nœuds. Le frottement au niveau des nœuds et le poids des barres
sont négligés dans le calcul. Dans ces conditions, les barres ne subissent que des efforts
longitudinaux, c’est-à-dire des efforts dirigés le long de l’axe de la barre ; ces efforts sont des
efforts intérieurs appelés efforts longitudinaux (par ce qu’ils sont dirigés suivant les axes
longitudinaux des barres) ou efforts normaux (par ce qu’ils sont perpendiculaires aux
sections transversales des barres) ; ils sont généralement notés N. Par leur nature, ces efforts
peuvent être de deux types : efforts de traction ou efforts de compression. Il y a traction
quand l’effort tend à augmenter la longueur de la barre ; dans le cas contraire, quand l’effort
tend à diminuer la longueur de la barre, l’effort est dit de compression (voir fig. 40).

Fig. 40.

Les fermes sont des structures géométriquement invariables, c’est-à-dire que sous l’action des
forces, elles ne doivent pas changer de forme géométrique. Pour cela, il faut que le treillis soit
triangulaire ; autrement dit les figures formées par les barres doivent être triangulaires. Si b
est le nombre de barres dans une ferme et n le nombre de nœuds, on doit avoir la condition
suivante :
b  2n - 3, (49)
avec, b - le nombre de barres et n - le nombre de nœuds.

En effet, un triangle est une figure géométriquement invariable qui est formé de 3 barres
(côtés) et il y a aussi trois nœuds (sommets). L’adjonction de chaque nœud suivant nécessitera
2 barres ; donc les (n-3) autres nœuds qui restent nécessiteront 2(n-3) barres. Le nombre total
de barres b sera donc égal à : b = 3 + 2(n-3) = 3 + 2n – 6 = 2n – 3.
Si b<2n-3, le système sera variable : le nombre de barres est insuffisant pour maintenir
l’invariabilité géométrique de la ferme.

N.B. : Les critères d’invariabilité géométriques des structures planes, formées de barres et
assimilables aux fermes, sont les suivantes :
- une ferme est géométriquement invariable si elle est composée d’éléments
triangulaires;
- une ferme est géométriquement invariable si chaque nœud qui suit est relié aux
précédents par deux barres dont les lignes axiales ne sont pas situées sur une
même droite.

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 27
Les systèmes de forces

Le calcul des fermes, c’est-à-dire la détermination des réactions d’appuis et des efforts
internes dans les différentes barres de la ferme peut se faire par l’une des deux méthodes
analytiques suivantes :
 la méthode de découpage des nœuds ;
 la méthode des points opposés.

La détermination des réactions des liaisons se fait comme pour les autres systèmes de barres
(poutres, portiques) en utilisant les équations d’équilibre de la statique.
∑Xi = 0 ; ∑MA = 0 ; ∑MB = 0 ou ∑Yi = 0.

a) La méthode de découpage des nœuds


La méthode de découpage des nœuds ou méthode des nœuds, ou encore méthodes des
projections (car les équations d’équilibre utilisées sont des équations de projection des forces
sur les axes) est utilisée pour déterminer les efforts dans les barres coupées de la ferme. Par
cette méthode, on découpe un nœud et on lui applique toutes les forces (forces actives
agissantes et forces inconnues constituées par les réactions des barres ou efforts dans les
barres) et on considère l’équilibre du nœud en écrivant pour cela les équations d’équilibre
correspondantes. Les réactions des barres constituent ainsi les efforts dans les différentes
barres. Comme les réactions des liaisons sont déjà déterminées, les inconnues sont constituées
par les seuls efforts inconnus dans les barres coupées ; ces inconnues sont ainsi déterminées
en considérant l’équilibre des forces :
∑Xi = 0 ; ∑Yi = 0.

Dans l’utilisation des équations d’équilibre, on suppose au préalable que toutes les barres
sont tendues, c’est-à-dire qu’elles sont soumises à des efforts de traction, autrement dit, les
efforts dans les barres coupées partent des nœuds. Si dans le calcul, une force inconnue est
obtenue avec le signe « - », cela montre que le sens réel de cette force (effort) est contraire au
sens donné, donc, dans ce cas, on est en présence d’un effort de compression, on dit que la
barre est comprimée.

Au niveau de chaque nœud choisi, le nombre d’efforts inconnus ne doit pas dépasser deux
comme on ne dispose que de deux équations de projection : projections des forces sur les axes
x et y.

b) La méthode des points opposés

Le calcul des fermes peut se faire aussi par la méthode des points opposés ou méthode de
Ritter ou encore méthode des moments (car les équations d’équilibre utilisées sont des
équations de moment des forces par rapport à un point opposé à une barre dont l’effort
interne est à déterminer). Par cette méthode, on fait une section coupant en général trois
barres et on prend la somme des moments de toutes les forces situées d’un seul coté de la dite
section par rapport au point d’intersection k de deux barres ; ce point k est appelé point
opposé pour la troisième barre :
∑Mk = 0.

L’équation ainsi obtenue ne contient qu’une seule inconnue qui est l’effort dans la troisième
barre ; on peut ainsi déterminer cet effort. On procède de la même façon pour déterminer les

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 28
Les systèmes de forces

efforts dans les autres barres. Pour les fermes à membrures parallèles, on combine cette
méthode avec la méthode des projections.

5. Eléments de statique graphique


5.1. Polygones dynamiques et funiculaires. Réduction d’un système de
forces coplanaires à deux forces

5.1.1. Polygones dynamiques

On peut résoudre des problèmes de statique pour un système de forces coplanaires


graphiquement en construisant pour cela des polygones particuliers issus de ces forces. On
peut voir comment cela se fait sur l’exemple d’un corps solide soumis à l’action de trois
  
forces FA , FB et FC ayant respectivement comme points d’application les points A, B et C
du corps solide (voir fig. 41, a). Chacune de ces forces, en plus du point d’application, est

caractérisée par son sens et son module. Représentons maintenant la force FA avec point
d’application au point a (voir fig. 41, b) sur une échelle donnée appelée échelle des forces. A
 
l’extrémité de FA , c’est-à-dire au point b, représentons à la même échelle la force FB à

l’extrémité de laquelle (c’est-à-dire au point c) on représentera à l’échelle la force FC dont
l’extrémité sera au point d. Le polygone obtenu « abcd » est appelé polygone des forces.

Quand l’extrémité de la dernière force (le point d dans ce cas) coïncide avec l’origine de la
première force (le point a ici, c’est-à-dire qu’on a : a ≡ d), le polygone est dit fermé ; dans le
cas contraire (comme c’est le cas présent), le polygone est dit ouvert.

Fig. 41.

Prenons dans le plan du polygone un point quelconque O appelé pôle ; ce pôle ne doit pas
être situé sur les côtés du polygone, ni sur leurs prolongements. Relions ce point O aux
différents sommets du polygone des forces, c’est-à-dire aux points a, b, c et d. On aura ainsi
les segments Oa, Ob, Oc et Od qui constituent les rayons polaires du polygone des forces

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 29
Les systèmes de forces

abcd. Le contour polygonal abcd décrit par les vecteurs-forces est désigné le plus souvent en
statique graphique par le terme « le polygone dynamique » ou tout simplement « le
dynamique ».

5.1.2. Polygones funiculaires


Prenons maintenant un autre point O1 sur le dessin principal (fig. 41, a) et menons la parallèle
au rayon polaire Oa jusqu’à la rencontre avec la ligne d’action de FA , on obtient le point A1.
Du point A1 on mène la parallèle au rayon polaire Ob et on obtient le pont B1 sur la ligne
d’action de FB et ainsi de suite, on obtient le point C1 sur la ligne d’action de FC en menant la
parallèle au rayon polaire Oc et le point O2 est pris sur la parallèle au dernier rayon polaire
Od. Le polygone obtenu O1A1B1C1O2 est appelé ligne des pressions ou polygone funiculaire
ou encore le funiculaire. En effet, si l’on fixe une corde (un câble) aux points O1 et O2 et que
  
l’on applique à cette corde les forces FA , FB et FC aux points A1, B1 et C1, la corde aura, à
l’équilibre, la forme de la ligne brisée O1A1B1C1O2 comme un câble funiculaire.

Quand les côtés extrêmes du funiculaire (O1A1 et C1O2) sont confondus, le polygone
funiculaire est dit fermé ; dans le cas contraire (comme c’est le cas présent), le polygone est
dit ouvert.

5.1.3. Réduction d’un système de forces coplanaires à deux forces


Sur le polygone dynamique, on peut remarquer que :
  
FA = aO + Ob ; FB = bO + Oc ; FC = cO + Od . (50)
  
En remplaçant les forces FA , FB et FC par leurs nouvelles valeurs et en appliquant ces
dernières aux points A1, B1 et C1 (voir fig. 41, c), car on peut les appliquer à n’importe quels
points sur leurs lignes d’action, on remarquera que les forces Ob et bO , de même que cO
et cO s’équilibrent : en effet, elles ont mêmes modules, dirigés suivant les mêmes lignes et
sont de sens opposés. Ainsi, ces forces peuvent être enlevées. En définitive, le système de
  
forces FA , FB et FC est remplacé par deux forces seulement qui sont aO et Od et qui sont
dirigées suivant les côtés extrêmes O1A1 et C1O2 du polygone funiculaire :
  
FA + FB + FC = aO + Ob + bO + Oc + cO + Od = aO + Od (51)

On obtient le même résultat avec n’importe quel nombre de forces coplanaires. Ainsi, tout
système de forces (quel que soit le nombre de forces) coplanaires peut être réduit à deux
forces dirigées suivant les côtés extrêmes du funiculaire. En effet, sur la fig. 42 on peut
constater que :
   
FA = aO + Ob ; FB = bO + Oc ; FC = cO + Od ; FD = dO + Oe ;
donc
   
FA + FB + FC + FD = aO + Ob + bO + Oc + cO + Od + dO + Oe = aO + Oe

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 30
Les systèmes de forces

Fig. 42.

5.2. Détermination graphique de la force résultante et du moment


résultant

Fig. 43.

Quand le polygone des forces est ouvert, cela conduit à une force résultante R qui peut être
  
déterminée graphiquement. Soit le système de forces FA , FB et FC appliquées sur un corps
solide (voir fig. 43, a) ; le polygone des forces est construit sur la fig. 43, b. La résultante R
sur le polygone des forces est représentée par le côté ad (voir fig. 1, b). On a vu également
  
que le système de forces FA , FB et FC peut être remplacé par deux forces aO et Od dirigées
suivant les lignes O1A1 et C1O2 sur le polygone funiculaire ; donc, la résultante R doit passer
par le point d’intersection O3 des lignes d’action de ces deux forces. Ainsi, du point O3,
menons la parallèle à « ad » sur le polygone des forces ; cette droite parallèle à « ad »
constitue la ligne d’action de la résultante R et cette dernière peut être appliquée à n’importe
quel point de cette droite. On conclut donc que la résultante est dirigée suivant une droite
passant par le point d’intersection des prolongements des deux côtés extrêmes du
funiculaire.

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 31
Les systèmes de forces

Quand le polygone dynamique est fermé et que le funiculaire ne l’est pas, alors le système des
forces se réduit à un moment résultant M. Dans ce cas, les côtés extrêmes du polygone
funiculaire seront parallèles : en effet, si le polygone des forces est fermé, les premier et
dernier rayons polaires se trouvent confondus. La distance d entre ces deux droites parallèles
suivant lesquelles sont dirigées les deux forces auxquelles est réduit le système de forces
coplanaires constitue le bras de levier (distance mesurée à l’échelle des longueurs). Le
moment résultant sera le produit de la force mesurée à l’échelle des forces par le bras de
levier mesuré sur l’échelle des longueurs choisie pour le dessin principal :
M = Fd (52)
Pour des forces parallèles, la construction est analogue.

5.3. Conditions graphiques d’équilibre d’un système de forces coplanaires


Pour qu’un système de forces coplanaires soit en équilibre, il faut et il suffit que les
polygones dynamique et funiculaire soient tous deux fermés. Dans ce cas, la force résultante R
est nulle car le polygone des forces est fermé et le moment résultant M est nul car le polygone
funiculaire est fermé. L’application de cette condition permet :
- de déterminer les réactions des liaisons en considérant l’équilibre du corps entier ;
- de calculer les fermes en considérant l’équilibre de chaque nœud de la ferme.

5.4. Applications
Détermination des réactions d’appuis

Les réactions d’appuis peuvent être déterminées graphiquement en construisant pour cela le
dynamique et le funiculaire qui doivent être tous deux fermés en tenant compte des forces
actives données (agissantes) et des réactions des liaisons. Pour cela, on doit représenter le
corps solide à une échelle de longueur déterminée et construire le dynamique à une échelle de
forces appropriée (par exemple, pour les longueurs : « 1 cm pour 1 m » et pour les forces : « 1
cm pour 10 kN »).

Détermination des efforts dans les barres en considérant nœud par nœud

On peut calculer les fermes, c’est-à-dire déterminer les efforts dans les différentes barres
d’une ferme plane graphiquement. Pour cela, on calcule d’abord les réactions d’appuis, soit
analytiquement à partir des équations d’équilibre de la statique, soit graphiquement en
construisant les polygones dynamique et funiculaires. Après cela, on examine l’équilibre de
chaque nœud comme la première fois en commençant par les nœuds où le nombre
d’inconnues ne dépasse pas deux. On isolera ce nœud de la ferme et remplacera l’action de la
partie rejetée par les efforts dans les barres (réactions des barres). Les forces agissant sur le
nœud sont représentées sur une échelle donnée ; des extrémités de des forces, on mènera les
parallèles aux barres jusqu’au point de leur intersection. On trouve ainsi un polygone de
forces fermé dont les côtés nouvellement formés représentent les efforts dans les barres
considérées. On procède ainsi pour tous les nœuds pour déterminer les efforts dans toutes les
barres de la ferme.

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 32
Les systèmes de forces

Dans la détermination du sens (traction ou compression) des efforts trouvés par rapport au
nœud considéré, on tiendra compte du fait que, dans la représentation graphique, l’extrémité
d’un vecteur-force doit toujours être à l’origine (le début) de l’autre vecteur, autrement dit le
point de rencontre des directions de deux vecteurs-forces est toujours l’extrémité (la fin) d’un
vecteur-force et l’origine (le début) de l’autre vecteur-force.

Détermination des efforts dans les barres en construisant le diagramme de Cremona

Le calcul graphique d’une ferme plane peut être effectué plus rapidement avec des résultats
sous une forme beaucoup plus compacte si l’on regroupe tous les polygones de forces
construits pour tous les nœuds en un seul diagramme appelé diagramme de Maxwell-
Cremona ou tout simplement le diagramme de Cremona. Ce diagramme permet de
déterminer les valeurs et la nature (traction ou compression) des efforts dans chaque barre de
la ferme. Pour construire un tel diagramme, on détermine d’abord les réactions d’appuis
comme d’habitude, puis on considère un polygone des forces avec toutes les forces
extérieures agissant sur la ferme (forces données et réactions de liaisons) ; un tel polygone
doit être fermé (condition d’équilibre). Pour cela, on fera de manière que toutes les forces
extérieures soient représentées en dehors du contour de la ferme et on désignera par des
symboles les zones entre les forces extérieures et le contour de la ferme. La désignation de ces
zones se fera de façon à contourner la ferme dans le sens des aiguilles d’une montre. Puis, par
d’autres symboles, on désignera les différentes zones intérieures de la ferme délimitées par les
différentes barres. Les différents nœuds sont désignés par d’autres symboles. Ainsi, l’origine
et l’extrémité de chaque force extérieure et de chaque effort seront désignées par les symboles
correspondant aux dénominations des zones :
 pour les forces extérieures, ce sont les zones situées à gauche et à droite lorsqu’on
décrit le contour de la ferme dans le sens des aiguilles d’une montre ;
 pour les efforts dans les barres, ce sont les zones rencontrées lorsqu’on fait le tour du
nœud considéré dans le sens des aiguilles d’une montre.

En bref, on peut récapituler ainsi les étapes de calculs :


- déterminer les réactions des appuis ;
- diviser la zone extérieure en différentes zones séparées par les forces extérieures
(forces données et réactions d’appuis) ; soit à désigner par I, II, III, IV, V, etc… ;
- diviser intérieurement la ferme en différentes zones séparées par les barres
constituant la ferme ; soit à désigner par a, b, c, d, e, f, etc… ;
- désigner les différents nœuds de la ferme : soit à désigner par A, B, C, D, E, etc… ;
- construire le polygone des forces extérieures en menant les parallèles aux
différentes forces : ce polygone doit être fermé ;
- construire ensuite les diagrammes des efforts internes en menant les parallèles aux
forces et aux différentes barres à partir des différents sommets des polygones des
forces ;
- la nature des efforts dans les différentes barres se détermine par simple lecture du
sens de l’effort par rapport au nœud considéré.

Cours de Mécanique rationnelle, par H.A. DICKO, Ph.D (ENI-ABT de Bamako, Mali) 33

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