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Objectifs d'apprentissage :
42
La méthode des ratios, étudiée dans le chapitre précédent, est basée sur la notion de stocks. En effet,
l'analyse a été menée en metteant en évidence les soldes finaux des différents postes, sans chercher à
connaître les mouvements enregistrés entre deux périodes distinctes.
Si l'on désire diagnostiquer l'évolution d'une entreprise sur une période déterminée, on doit mener une
analyse en termes de flux5. L'analyse des flux a donc pour but de compléter le diagnostic financier
dans une approche plus globale et plus dynamique. Les flux financiers n'apparaissent de façon
explicite ni dans le bilan, ni dans l’état de résultat.
La notion de flux part de l'idée simple que même si le bilan constitue l'un des documents
indispensables de l'analyse financière, dans la mesure où il évalue le patrimoine de l'entreprise à un
moment donné (généralement l'exercice comptable) et décrit comment ces emplois ont été financés, il
ne permet pas de suivre les événements qui se sont produits et les conséquences des actes de gestion
décidés au cours de cet exercice. Une présentation en termes de flux est seule susceptible d'une
lecture directe de telles évolutions. C’est l’objet des tableaux de flux ou tableaux de financement.
Deux générations marquent l’évolution des tableaux de flux. La première génération date de plus de
50 ans a commencé par distinguer les ressources des emplois de fonds (d’où leur intitulé tableau
d’emplois-ressources ou TER). Le TER consiste en une comparaison simple de deux bilans
différentiels en regroupant les augmentations des postes d’actifs et les diminutions des postes de
passif parmi les emplois de fonds et en regroupant les diminutions des postes d’actif et les
augmentations des postes de passif parmi les ressources. Le TER met l’accent sur le haut bilan en
dégageant le fonds de roulement (FDR), qui constitue un matelas de sécurité pour l’entreprise.
L’analyse du bas de bilan a moins d’importance et sert juste à dégager le besoin en fonds de
roulement (BFR). La différence entre le FDR et le BFR nous donne la trésorerie, qui devrait être nulle
dans un monde idéal. La seconde génération des tableaux de flux verra le jour dans les années 1980
avec deux visions : la vision française, qui est basée sur une analyse lecture horizontale du bilan et la
vision américaine, qui est basée sur une lecture fonctionnelle du bilan. La vision française voit le jour
avec le plan comptable de 1982, qui va insister sur l’analyse du haut de bilan (notamment le FDR)
avec l’apparition de nouvelles notions très importantes telles que la capacité d’autofinancement et
5 Les flux correspondent à l'ensemble des mouvements ayant un impact, soit immédiat, soit différé, sur les liquidités de
l'entreprise.
43
l’excédent de trésorerie6. La vision américaine voit le jour en 1987 avec l’adoption par le FASB du
« cash flow statement », qui met l’accent sur l’analyse des flux de trésorerie en les classant en trois
grandes catégories relatives aux trois fonctions principales de l’entreprise : l’investissement, le
financement et l’exploitation7.
L'objet fondamental de la méthode des tableaux de flux de fonds est d'expliquer la variation
enregistrée par la trésorerie de l'entreprise sur une période. Elle met en évidence en premier lieu les
ressources internes dégagées par l'exploitation. En effet, cette méthode néglige les soldes
intermédiaires dégagés par l’état de résultat et privilégie la CAF (capacité d’autofinancement) qui
constitue un facteur essentiel du processus d'investissement de l'entreprise.
Il est à noter, par ailleurs, que la méthode des flux a pour objectif essentiel d'analyser l'équilibre
financier de l'entreprise dans un aspect dynamique. Cependant, cette notion d'équilibre est antérieure à
l'analyse par les flux, et il serait utile d'en rappeler les grandes lignes et les diagnostics possibles.
C’est l’objet de la section 1.
La section 2 sera consacrée à la présentation et l’analyse du tableau de financement selon les deux
visions : l’analyse du FDR et l’analyse de la trésorerie.
L'équilibre financier résulte de la confrontation entre la liquidité des actifs qui détermine le flux des
recettes futures et l'exigibilité du passif qui détermine le flux des dépenses futures. La confrontation
entre les éléments stables de l'actif et du passif du bilan donne ainsi une appréciation fondée sur les
conditions de l'équilibre. Leur stabilité garantit non seulement l'équilibre à un moment donné, mais
l'équilibre à venir.
1 - Définition : Le FDR est un indicateur de l'équilibre financier de l'entreprise. Il constitue une marge
de sécurité qui vient conforter cet équilibre. Son intérêt est d'avoir une signification non pas au
moment de la mesure, mais surtout à l'égard de la solvabilité future.
6 Au fait c’est le plan comptable français de 1982 qui va recommander aux entreprises de présenter le tableau de
financement en insistant sur l’analyse du haut de bilan et notamment la CAF. Néanmoins et depuis la loi n° 84-148 du 1
mars 1984, relative à la présentation et au règlement amiable des difficultés des entreprises, son établissement (et non sa
publication) est devenue obligatoire pour les entreprises dépassant un certain seuil fixé par décret.
7 Cet état a été adopté par l'Ordre des experts comptables français (Ordre des Experts Comptables et Comptables Agréés,
l'OECCA) dans sa recommandation n°1.22 de 1988.
44
2 - Limites de l'analyse en termes de FDR : Malgré ses avantages, l'analyse en termes de FDR
présente certaines limites :
Le FDR est censé financer une partie des besoins d'exploitation de l'entreprise. De ce fait, le FDR ne
fournit pas une marge de sécurité absolue, mais plutôt relative.
En effet, l'étude du bas du bilan permet de déterminer le besoin net d'exploitation : le BFR. Le FDR
n'offre donc une garantie totale que dans la mesure où il couvre le BFR.
1 - Définition du BFR : Le BFR est le résultat de l'analyse du bas du bilan. Il est défini comme
l'excédent des besoins cycliques d'exploitation (stocks et réalisables) sur les ressources cycliques
d'exploitation (dettes à court terme d'exploitation).
2 - La Trésorerie : La différence entre le FDR et le BFR nous donne le besoin ou l'excédent net qui
ressort de l'exploitation. C'est la trésorerie, qui doit, en outre, correspondre à l'avoir en caisse en cas
d'excédent net et aux concours bancaires en cas de déficit net.
- contracter un crédit bancaire à court terme (souvent sous forme d'un découvert bancaire) en cas
de besoin net,
- placer l'excédent en banque ou sur le marché financier en cas d'excédent net.
Dans un tel cas le niveau du FDR croîtra ou décroîtra à moyen terme avec l'activité et par conséquent
en fonction du besoin de financement. Malheureusement ceci n'est pas toujours le cas, ce qui conduit
souvent à intégrer la prise en compte de plusieurs facteurs dans la gestion du FDR.
45
1- Nature de l'activité:
- Le FDR a tendance à être plus élevé dans les entreprises industrielles vu la longueur de leur
cycle d'exploitation.
- Les entreprises saisonnières ont intérêt à recourir à des crédits de compagne à court terme, qui
coûtent moins cher que ceux à long et moyen terme, ce qui réduit leur FDR.
2 - Les conditions de négociation des crédits: les conditions auxquelles l'entreprise accordent ses
crédits-clients ou contractent ses crédits fournisseurs affectent le volume du besoin de financement et
par conséquent le niveau du FDR souhaitable.
3 - La rotation des stocks et les conditions d'approvisionnement : la vitesse à laquelle les stocks de
l'entreprise tournent et les conditions auxquelles elle s'approvisionne affectent aussi le besoin de
financement (par exemple, l'entreprise qui importe ses matières premières a intérêt à acheter en
grande quantité, ce qui nécessiterait un niveau plus important du FDR).
4 - L'instabilité monétaire : l'inflation affecte les coûts d'approvisionnement et des crédits, chose qui
n'est pas sans effet sur le FDR.
Ces différents facteurs introduisent une gestion dynamique du FDR et de la trésorerie, ce qui pose la
question de la recherche d’un niveau optimal pour les deux.
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Ainsi, la rentabilité financière est fonction de la rentabilité économique (représentée par le taux de
rendement interne) et du coût de financement (représenté par le coût moyen pondéré du capital) :
RF = f (RE, K).
Mais étant donné que la rentabilité économique ne dépend pas du FDR, la rentabilité financière sera
fonction seulement du coût du capital, qui dépend à son tour du FDR. La rentabilité financière sera
par conséquent maximisée lorsque le coût du capital sera minimisé. Donc K = f (FDR).
Il est plausible de voir K baisser à mesure le FDR augmente (suite à une réduction du risque de non
paiement à court terme), atteindre un minimum (correspondant au FDR optimal) et remonter lorsque
le niveau d'endettement à moyen et long terme dépasse le seuil critique.
Le niveau optimal du FDR est atteint lorsque la dérivée première de la fonction du coût du capital
s'annule : K 0.
2 - Diagnostic du BFR : Le diagnostic du BFR doit être appréhendé en prenant en considération
deux facteurs essentiels :
- Le facteur temps: les durées d’écoulement.
- le coefficient de pondération: l'importance de chaque charge concernée par rapport au
prix de vente des produits.
Cette notion rejoint donc celle de fonds de roulement normatif.
Exemple 4.1 : une entreprise industrielle a les caractéristiques suivantes concernant son activité :
- Son stock de matières tourne 20 fois dans l'année.
- Son cycle de fabrication dure 30 jours.
- Les produits finis séjournent en stock pendant 12 jours avant d'être vendus.
- Le délai de recouvrement des créances est de 2 mois.
- Le délai de règlement des fournisseurs est de 3 mois.
- Les coûts de matières premières représentent la moitié du prix de vente.
- Les frais de fabrication s'élèvent au 1/3 du prix de vente.
TAF : 1°/ Déterminer le BFR en termes de nombre de jours de ventes.
2°/ Quel serait le coût de financement de ce besoin si le chiffre d'affaires annuel est estimé à
100 000 D et si le coût du capital de cette entreprise est de 10 % ?
Solution 4.1:
1°/ Détermination du BFR en jours de ventes (voir tableau 4.1).
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Tableau 4.1 – Détermination du BFR en jours de ventes
Délai de stockage Part dans le Prix de Délai en jours de
ou de paiement Vente Hors Taxe Chiffre d'affaires
Stock de matières premières 18 j 50 % + 9j
stock de produits en cours 30 j 66,67 % (*) + 20 j
stock de produits finis 12 j 83,33 % (**) + 10 j
encours clients 60 j 100 % + 60 j
encours fournisseurs 90 j 50 % - 45 j
= BFR 54 j
(*) 1 1 1
+ ( x ) = 66,67 %, (sachantque le niveau moyen des produitsen cours représentela moitiédes produitsfinis)
2 3 2
(**) 1 + 1 = 83, 33 % .
2 3
100 000
2/ BFR = 54 j = 15 000 D
360
Coût = 15 000 x 0,10 = 1 500 D.
Section 2 – Les tableaux de financement : Analyse en termes de flux
Objet : Le tableau de financement a pour principal objectif d'expliquer l'évolution du patrimoine et de
la structure financière d'une entreprise au cours d'une période donnée. Il constitue ainsi un document
utile à la gestion de l'entreprise (en montrant comment ont été financés les emplois de fonds) et
indispensable à l'information des tiers (en leur permettant de compléter leur diagnostic par une
approche plus globale et plus dynamique)8.
Cependant, avant de présenter le tableau de financement qui est censé remplir pleinement l'objectif de
la méthode des flux, nous présenterons deux tableaux préliminaires (intermédiaires) basés uniquement
sur les informations disponibles aux bilans. Il s'agit du bilan différentiel et du TER (Tableau des
Emplois et des Ressources).
Sous-section 1 - Le bilan différentiel et le tableau d’emploi et ressources (TER) :
1- Présentation :
Au cours d'un exercice donné, les flux financiers sont enregistrés chronologiquement dans les comptes
de bilan (débit ou crédit) et seuls les soldes finaux des comptes sont conservés pour établir le bilan à
un moment donné.
En comparant deux bilans établis à deux instants consécutifs, il est possible de reconstituer
partiellement les mouvements financiers intervenus entre les deux instants en analysant les variations
8Voir la recommandation n° 1.22, approuvée par le conseil supérieur de l'ordre des experts-comptables et des comptables
agréés de France le 5 octobre 1988.
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des postes d'actif et de passif. L'état financier obtenu par la comparaison de deux bilans est appelé
bilan différentiel.
Exemple 4.2: en partant de deux bilans après affectation des résultats des années N-1 et N, on obtient
le bilan différentiel (voir tableau 4.2)
Tableau 4.2 - Bilan différentiel
Bilans 31 -12 - N-1 31 - 12 - N Variations des postes
Actif
Immobilisations 3 000 3 400 + 400
Stocks 1 600 1 960 + 360
Valeurs Réalisables 1 000 1 200 + 200
Valeurs Disponibles 200 40 - 160
Total 5 800 6 600 + 800
Passif
Capital 2 000 2 000 0
Réserves 500 700 + 200
Dettes commerciales 2 500 2 100 - 400
Autres Dettes d'Exploitation 0 600 + 600
Dettes Financières 800 1 200 + 400
Total 5 800 6 600 + 800
En règle générale, toute augmentation d'un poste d'actif (+ Actif) et toute diminution d'un poste de
passif (- Passif) constitue un emploi. Par contre, toute diminution d'un poste d'actif (- Actif) et
toute augmentation d'un poste de passif (+ Passif) constitue une ressource.
En regroupant tous les emplois d'un côté (+ Actif et Passif) et toutes les ressources de l'autre côté
(- Actif et Passif), on obtient le tableau d'emplois et ressources (TER).
Le TER se présente donc ainsi (tableau 4.3) :
Tableau 4.3 - TER (solution exemple 4.2)
EMPLOIS MONTANT RESSOURCES MONTANT
Augmentation de l'actif : Augmentation du passif :
Immobilisations 400 Réserves 200
Stocks 360 Autres dettes d'exploitation 600
Valeurs Réalisables 200 Dettes Financières 400
Diminution du passif : Diminution de l'actif :
Dettes commerciales 400 Disponibilités 160
Total des emplois 1 360 Total des ressources 1 360
Comme le bilan comptable, qui doit respecter la propriété de l'égalité entre l'ensemble des actifs et
l'ensemble des passifs, le bilan différentiel et le TER doivent respecter cette propriété et être toujours
équilibrés. Ainsi la somme des variations de l'actif doit être égale à la somme des variations du passif
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dans le bilan différentiel et la somme des ressources doit être égale à la somme des emplois dans le
TER.
2 - Limite de l'analyse par comparaison de bilans :
L'analyse du bilan différentiel n'apporte rien de neuf par rapport à la mention des deux bilans relatifs à
la période analysée. En effet, le TER, construit à partir des variations de postes de deux bilans, ne
permet pas de reconstituer les flux financiers "élémentaires" de la période, c.à.d. les flux d'entrée et de
sortie monétaires. En effet, une différence de deux soldes finaux ne constitue qu'une évaluation du
flux net de la période.
Exemple de comparaison : Supposons qu'on ait un réservoir d'eau de pluie. En comparant son niveau
entre deux périodes, on peut savoir la quantité de pluie tombée au cours de la période.
Supposons maintenant que l'eau stockée soit utilisée pendant la période, dans ce cas la comparaison
de niveaux ne donne pas une idée claire ni sur la pluviométrie, ni sur la quantité d'eau utilisée.
Ce raisonnement peut être transposé au cas des flux de fonds. Pour reconstituer les flux financiers de
la période, il faudra utiliser des informations complémentaires contenues dans les annexes (Tableau
de mouvement des immobilisations - Etat des amortissements et provisions - Etat des créances et des
dettes - Affectation de résultat...). La reconstitution des flux financiers de la période est obtenue grâce
à l'établissement du tableau de financement.
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Le tableau de financement est un document qui fournit des informations que ne fournissent pas les
documents classiques (bilan et état de résultat) : l'investissement réalisé, les dettes contractées, la
capacité d'autofinancement ainsi que les dividendes distribués au cours de l'année. Pourtant, ces
informations ont une importance capitale pour faciliter l'analyse des différentes stratégies mises ou à
mettre en oeuvre par l'entreprise : politique de croissance - politique de financement - politique de
distribution - stratégie de recentrage etc... Son rôle consiste donc à reconstituer les flux ayant traversé
l'entreprise pendant une période donnée. Plusieurs modèles de tableaux de financement ont été
proposés.
Nous nous proposons pour notre part de nous limiter aux variantes les plus connues et les plus
utilisées9 :
- La première variante est celle recommandée par le Nouveau Plan Comptable Français de 1982.
- La deuxième variante est celle retenue par l'école américaine et canadienne et adoptée par
l'Ordre des Experts Comptables et des Comptables Agréés de France (OECCA) dans la
recommandation n° 1.22 du 5 octobre 1988.
3. Le premier type de tableaux de financement : le tableau d'analyse de la variation
du fonds de roulement
L'objectif essentiel de cette famille de tableaux de financement est d'expliquer en termes d'emplois-
ressources, l'origine de la variation du fonds de roulement au cours de l'exercice 10.
Plus précisément, cette famille de tableaux de flux de fonds a pour but :
1) de mettre en évidence la CAF, ensemble de ressources internes de l'entreprise.
2) de présenter la manière dont la CAF :
a été complétée par des ressources externes et / ou des cessions d'actifs.
a été utilisée dans les trois fonctions essentielles que constituent l'investissement, les
remboursements d'emprunts et la distribution.
3) d'expliquer l'évolution de la trésorerie à partir de la variation du FDR en tenant compte des
décalages liés au cycle d'exploitation et autres opérations hors trésorerie.
4) Le tableau d'analyse de la variation du fonds de roulement est scindé en deux grandes
parties, la première partie est relative aux ressources et emplois durables et analyse donc le
9 On peut citer deux autres variantes aussi importantes dont l'utilisation n’est plus courante, à savoir :
- Le Tableau des Flux proposé par la Centrale de Bilans de la Banque de France en 1975.
- Le Tableau Pluriannuel des Flux Financiers (TPFF), proposé par De Murard en 1977.
10 Il est à préciser que ce type de tableaux de financement a été fondé initialement sur l'approche patrimoniale, qui scinde le
bilan en deux parties : le long terme représenté par le haut du bilan et le court terme représenté par le bas du bilan.
51
haut du bilan. La deuxième partie est relative aux ressources et emplois à court terme et
analyse le bas du bilan.
A. La première partie du tableau : Haut du Bilan
Cette partie fait apparaître les ressources durables et les emplois stables de l'exercice et permet de
dégager la variation annuelle du Fonds de Roulement (FDR).
a) Les ressources durables ou permanentes :
1. La capacité d'autofinancement (CAF):
Cette notion, qui était ambiguë pendant longtemps (ce qui a poussé certains à dire qu'il existe autant
de définitions que d'auteurs) a été précisée par le Nouveau Plan Comptable Français. Deux méthodes
de calcul sont possibles : la méthode soustractive et la méthode additive.
La Méthode Soustractive :
Le tableau 4.4 reporte les deux présentations (plan comptable français de 1982 et la recommandation
n° 1.22 du 5 octobre 1988) de la méthode soustractive du tableau de financement.
Tableau 4.4 – Calcul de la CAF selon la méthode soustractive
Nouveau plan comptable français de 1982 Recommandation 1.22 de 1988
Excédent Brut d'Exploitation Excédent Brut d'Exploitation
+ Transferts de charges (d’exploitation) + Transferts de charges (d’exploitation)
+ Autres Produits (d'exploitation) + Autres Produits (d'exploitation)
- Autres charges (d'exploitation) - Autres charges (d'exploitation)
+ Reprises sur provisions pour dépréciation de l'actif
circulant et dettes provisionnées11
- Dotations aux provisions sur actif circulant et dettes
provisionnées 12
+ Quotes-parts du résultat sur opérations faites en + Quotes-parts du résultat sur opérations faites en
commun commun
+ Produits Financiers + Produits Financiers
- Charges Financières - Charges Financières
+ Produits exceptionnels + Produits exceptionnels
- Charges exceptionnelles - Charges exceptionnelles
- Participation des salariés aux fruits de l'expansion - Participation des salariés aux fruits de l'expansion
- Impôt sur le Bénéfice - Impôt sur le Bénéfice
11 Les dettes provisionnées correspondent à la part des provisions pour risques et charges dont le paiement est certain et à
court terme.
12 Voir note précédente.
52
La Méthode additive :
Le tableau 4.5 reporte les deux présentations (plan comptable français de 1982 et la recommandation
n° 1.22 du 5 octobre 1988) de la méthode additive du tableau de financement.
Tableau 4.5 – Calcul de la CAF selon la méthode additive
Nouveau plan comptable français de 1982 Recommandation 1.22 de 1988
Exercice : Vous disposez des bilans résumés des années N -1 et N (tableau 4.6).
Tableau 4.6 - Bilans après affectation des résultats
ACTIF N-1 N PASSIF N-1 N
Terrains 1 000 1 300 Capital 1 800 1 800
Matériels 1 500 1 420 Réserves 400 550
(Amortissements) (300) (350) Dettes à MLT 300 400
_____ _____ Dettes Fournisseurs 100 570
Matériel Net 1 200 1 070
Stocks 300 900
Disponibilités 100 50
Total actif 2 600 3 320 Total passif 2 600 3 320
Informations complémentaires:
1) L'entreprise a pratiqué en N, une dotation annuelle aux comptes d'amortissement de
100.
2) Elle a acquis un terrain et une machine neuve. Un matériel ancien a été vendu pour sa
valeur nette comptable : 150.
3) Les constructions et bâtiments sont en leasing.
4) L'entreprise distribue 40% de son bénéfice net.
5) En N, la société SOLAL a contracté un nouvel emprunt à long terme de 150.
53
Questions :
1) Quel est le montant de la marge brute d'autofinancement de l'exercice N et des dividendes qui
seront mis en distribution?
2) Est-il possible d'évaluer l'investissement brut de la période ?
3) Présenter le tableau de financement.
Solution (question 1) :
Bénéfice net (à évaluer)
+ Dotations annuelles : 100
+ (VCN - produit de cession de l'actif cédé) : 0
- Reprises : 0
__________________________________________________________
CAF = Bénéfice Net + 100
Bénéfice Net :
Bénéfice réinvesti = Réserves.
= 550 - 400 = 150.
Sachant que le taux de distribution est égal à 40% le taux de rétention des bénéfices est égal à
60%.
150
D'où le Bénéfice Net = = 250 .
0,6
CAF = 250 +100 = 350.
2. Les cessions d'actif immobilisé : Prix Ces
Les actifs immobilisés sont enregistrés à leur prix de cession (y compris la plus ou moins value de
cession). Cette rubrique inclut aussi les remboursements de prêts ou de dépôts & cautionnements, qui
sont assimilés à des immobilisations financières.
3. Les augmentations de capital : K
Il s'agit des apports nouveaux (en espèces ou en nature). Cette rubrique peut enregistrer aussi les
augmentations de capital résultant d'une conversion des obligations en actions. Le montant à faire
figurer comprend aussi bien le capital social que la prime d'émission résultant (prix d'émission
supérieur à la valeur nominale). Les subventions d'investissement reçues par l'entreprise constituent
une augmentation des autres capitaux propres et sont à inscrire dans cette rubrique. Cependant,
l'augmentation de capital par incorporation de réserves ne constitue pas une ressource et ne doit pas
être prise en compte.
4. Les emprunts nouveaux à moyen et long terme: NDMLT
Il s'agit des emprunts à moyen et long terme contractés au cours de l'exercice. En cas d'émission
d'emprunts obligataires, le montant à retenir est celui du prix d'émission multiplié par le nombre
d'obligations.
54
b) Les emplois stables ou permanents :
Ces emplois se rapportent à des sorties d'argent relatives soit à des investissements (en actif
immobilisé), soit à des remboursements d'emprunts soit à des distributions de dividendes.
1. Les dividendes : DIVn-1
Du moment que le bénéfice est intégralement intégré dans la CAF, les dividendes distribués (bénéfice
N-1) au cours de l'exercice N apparaissent en emplois. Ce procédé constitue une nouveauté par
rapport au tableau de financement traditionnel qui était basé sur des bilans après répartition. En effet,
dans les tableaux de financement traditionnels, seul l'autofinancement net apparaît parmi les
ressources.
2. Les acquisitions d'immobilisations : AQ
Cet emploi inclut l'ensemble des acquisitions effectuées au cours de l'exercice au titre des valeurs
immobilisées (aussi bien incorporelles, corporelles que financières)13.
3. Les réductions des capitaux propres : K
Cette rubrique inclut les remboursements de capital aux associés et actionnaires en espèces
(amortissements du capital - rachat de titres par la société). Toutefois, les réductions du capital en
épongeant des pertes ne sont pas à considérer.
4. Le remboursement des dettes financières (à MLT) : DMLT dc
Il s'agit des remboursements d'emprunts effectués au cours de l'exercice.
Le solde de la première partie du tableau de financement nous donne la variation du Fonds de
Roulement ( FDR).
Emplois 1ère partie du Tableau de Financement Ressources
immob incorporelles CAF
AQ immob corporelles
immob financières Prix Ces
DIV n-1 NDMLT
DMLTdc
FDR FDR
TOTAL EMPLOIS EMPLOIS TOTAL RESSOURCES RESSOURCES
Remarque 1 : Le tableau de financement ainsi établi inclut dans la CAF la totalité des bénéfices et se
base donc sur le bilan avant répartition. Si l'on connaît la répartition du résultat, on pourrait établir le
tableau de financement traditionnel qui ne tient compte que de l'autofinancement net (dans les
13Les prêts à long terme accordés ou les dépôts & cautionnements par l'entreprise au cours de l'exercice sont à inscrire
parmi les augmentations des immobilisations financières.
55
ressources) et néglige le dividende dans les emplois (manuels avant l'apparition du nouveau plan
comptable français de 1982). Le Tableau de Financement se présente ainsi dans ce cas :
Remarque 2 : Il est à noter que l'inclusion des dotations aux provisions pour dépréciation dans le
calcul de la CAF fait que la variation du FDR obtenu du tableau de financement ne correspond pas à
celle qu'on obtiendrait du bilan différentiel.
Cependant, cette différence est contrebalancée par la variation du BFR, ce qui n'aura pas d'effet sur la
variation de la trésorerie, qui sera la même que celle obtenue par comparaison de bilans.
Solution (Question 2) : Oui il est possible d'évaluer l'investissement brut de la période parce que l'on
connaît le prix de cession et la valeur comptable nette du matériel cédé au cours de l'exercice.
Investissement en terrain : comme il n'y a pas de cession de terrain, la variation du poste terrain
correspond à l'achat du terrain neuf :
terrain : 1300 - 1000 = 300.
Acquisition du matériel :
immob net = AQ - Dot - VCN des actifs cédés
1070 - 1200 = AQ - 100 - 150.
AQ = 100 + 150 - 130 = 120.
Par conséquent, l'investissement brut est égal à la somme des deux :
Investissement Brut = 300 + 120 = 420.
c) Articulation du Tableau de Financement et lien avec le Tableau de Financement
traditionnel :
Essayons de partir d'un bilan différentiel après répartition :
Actif Bilan différentiel Passif
K
Réserves
Immob Net PRC
DMLT
FDR
Actif Passif
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En représentant cette égalité sous forme d'équations, on a :
(1) IMM
NET
+ FDR
= K
+
RVES PRC
+DMLT
EMPLOIS PERMANENTS RESSOURCES PERMANENTES
Essayons maintenant de décomposer chacune des grandeurs :
IMM NET : En prenant les bilans à la fin des années N -1 et N, on peut écrire :
IMM NETN = IMM NETN -1 + AQ - DOT - VCN (des actifs cédés)14.
(2) IMM NET = AQ - DOT - VCN
DMLT : En suivant le même raisonnement :
DMLTN = DMLTN-1 + NDMLT - DMLTdc
(3) DMLT = NDMLT - DMLTdc
En remplaçant les expressions (2) et (3) dans l'expression (1) et en regroupant les termes de même
signe ensemble on obtient15 :
(4) FDR AQ DMLTdc = K NDMLT VCN ( RVES PRC + DOT
Autofinancement dans le TF traditionnel
Pour retrouver le tableau de financement moderne, nous devons raisonner à partir des bilans avant
répartition. Ceci revient à ajouter au membre de droite de l'égalité la variation du bénéfice : BEN
FDR + AQ + DMLTdc = K + NDMLT + VCN + RVES + PRC + DOT + BEN + RN
(égalité devant prévaloir avant la répartition du bénéfice).
Sachant que : RVES = RVES N - RVES N-1
BEN = BENN - BEN N-1
RN = RNN - RN N-1
et : RVESN = RVESN-1 + (BENN-1 + RNN-1 - DIVN-1 - RNN).
En remplaçant dans la RVES le terme RVESN par ses composantes, on aura :
RVES = RVES N-1 + BEN N-1 + RNN-1 - DIVN-1 - RNN - RVESN-1.
Ainsi la grandeur (RVES + BEN + RN) sera :
RVES + BEN + RN = BEN - DIV . N N-1
14On rappelle ici que l'actif immobilisé se compose de trois éléments : les immobilisations incorporelles, les
immobilisations corporelles et les immobilisations financières. Les AQ s'évaluent ainsi pour chacun des éléments :
Immob Net + Dot Amort ; pour les éléments amortissables.
- Immob incorporelles =
Immob Net + Dot Prov - Reprises ; pour les éléments non amortissables.
- Immob corporelles = Immob Net + Dot Amort + VCN des éléments cédés.
Immob Net + (Dot Prov - Reprises) VCN; pour les titre de participation.
- Immob financières =
Immob Net + PLTdc ; pour les prêts à long terme.
15
AQ - DOT - VCN + FDR = K + RVES + PRC + NDMLT - DMLT
dc
AQ + DMLTdc + FDR = K + RVES + PRC + DOT + VCN + NDMLT
57
En reprenant l'égalité (4) entre les emplois et les ressources et en ajoutant et retranchant le terme Prix
Ces, on peut obtenir 16:
FDR + AQ + DMLTdc = K + NDMLT + VCN + Prix Ces - Prix Ces
+ (BENN - DIVN-1) + PRC + DOT .
En arrangeant l'égalité ci-dessus, on obtient le tableau de financement moderne :
FDR + AQ + DMLTdc + DIVN-1 = K + NDMLT + Prix Ces
16 La variable Prix Ces se rapporte aux cessions effectuées en cours d'année, qui apparaissent à leur valeur de cession. Cette
variable englobe aussi les remboursements de prêts effectués au cours de l'année
17 Cette définition de la CAF donne le même montant de la FDR que le bilan différentiel. Toutefois, cette définition est
légèrement différente que celle préconisée par le NPC français du fait qu'elle néglige les reprises sur provisions pour
dépréciation. Voir remarque 2 de cette section.
18 Il est à préciser que ce sont les variations des montants bruts qui sont à retenir, c.à.d. avant déduction de toute provision
pour dépréciation.
58
- de faire apparaître enfin la variation de la trésorerie : TRE. Cette trésorerie devrait
correspondre d'une part à la somme de la variation des disponibilités et des dettes à court terme
bancaires, et d'autre part au solde des variations du FDR et du BFR, c.à.d.
Interprétation : Nous aurons une variation négative de la trésorerie, lorsque l'augmentation du FDR
ne suffit pas à compenser l'augmentation du BFR. Dans ce cas, on devra recourir à des DCT b pour
financer le déficit. Dans le cas contraire (c.à.d. si l'augmentation du FDR > à l'augmentation du BFR),
on remboursera des DCTb (si elles existent), ce qui se traduit par (- DCTb), ou bien on aura une
augmentation de l'argent en caisse, ce qui se traduit par (+ Encaisse)
FDR FDR
---------------- ---------------------
Stocks (avant provisions) - Fournisseurs & EAP
Clients & EAR (avant prov) Autres dettes d'exploit
Autres créances d'exploit
BFR e BFR e
---------------------
créances hors exploitation : Dettes Hors Exploitation :
Débiteurs divers créditeurs divers
Impôt sur le bénéfice Impôt sur le bénéfice
Dividendes Dividendes
Autres (VMP) Autres
BFRhe BFRhe
---------------- ---------------------
Encaisse DCTb
+
TRE - TRE
TOTAL EMPLOIS EMPLOIS TOTAL RESSOURCES RESSOURCES
19 Au plan conceptuel, la trésorerie d'une entreprise représente la différence entre les actifs et dettes dont la liquidité et
l'exigibilité sont immédiates. La recommandation de 1988 affine la définition de la TRE en assimilant :
- aux actifs liquides les valeurs mobilières de placement non soumises à restriction et les comptes courants débiteurs
dont la liquidité n'est pas soumise à restriction.
- aux concours bancaires courants : les obligations cautionnées, les effets escomptés non échus et les comptes
courants créditeurs dont l'exigibilité est immédiate.
59
Pour les éléments de l'actif pouvant faire l'objet de provision pour dépréciation, il faudra en tenir
compte dans l'évaluation des variations enregistrées d'une année à l'autre.
Remarque : La notion de trésorerie a été définie pour connaître la position nette de l'entreprise
concernant ses actifs et passifs de trésorerie. C'est ainsi que la trésorerie est généralement obtenue par
la différence entre l'encaisse et les concours bancaires courants. Toutefois, certaines précisions
doivent être apportées :
1 - Les VMP sont considérées dans le tableau de financement du Nouveau Plan Comptable
Français comme des créances hors exploitation. Cette classification est contestée par certains auteurs,
qui les considèrent comme de véritables placements de trésorerie 20. D'ailleurs, la recommandation
1.22 de l'OECCA a réintégré les VMP non soumises à restriction parmi les emplois de trésorerie 21.
2 - Certains crédits mobilisables (crédits mobilisables de créances commerciales - effets de
mobilisation des créances commerciales - obligations cautionnées - effets escomptés non échus) ne
sont pas considérés comme des concours bancaires courants. La recommandation 1.22 de l'OECCA a
corrigé cette insuffisance en les intégrant parmi les concours bancaires courants 22.
Solution (Question 3) :
Haut du Bilan :
AQ = 300 +120 = 420
DMLT = NDMLT - DMLT
dc
400 - 300 = 150 - DMLTdc DMLTdc= 150 - 100 = 50
CAF = 350
DIV = 100
Bas du Bilan :
Stocks = 900 - 300 = 600
Fournisseurs = 570 - 100 = 470.
EMPLOIS TABLEAU DE FINANCEMENT : HAUT BILAN RESSOURCES
AQ 420 CAF 350
Div 100 Prix Ces 150
DMLTdc 50 K 0
NDMLT 150
+ FDR 80
TOTAL EMPLOIS A LT 650 TOTAL RESSOURCES A LT 650
60
Stocks 600 Fournisseurs 470
BFR 130
TOTAL EMPLOIS D'EXPLOIT 600 TOTAL RESSOURCES D'EXPLOIT 600
Vérification :
TRE = - FDR - BFR = - 80 - (-130) = + 50.
encaisse = disponibilités = + 50.
Le tableau d'analyse de la variation de trésorerie se base sur le bilan fonctionnel et sur une notion de
trésorerie, qui est rattachée à l'une des fonctions essentielles de l'entreprise.
a) Le bilan fonctionnel :
La présentation fonctionnelle du bilan de synthèse a été préconisée par le Plan Comptable Français de
1982. Ce bilan est dit fonctionnel parce que le classement des divers postes est fait d'après la fonction
à laquelle ils se rapportent. Ainsi, la vie de l'entreprise est scindée en trois fonctions essentielles :
- La fonction financement, qui regroupe toutes les ressources extérieures sous forme de
capitaux propres (y compris les primes d'émission et les subventions d'investissement non
remboursables) ou bien de dettes financières quelque soit leur échéance) ainsi que les amortissements
et provisions.
- La fonction investissement, qui concerne tous les éléments immobilisés (immobilisations
incorporelles, corporelles et financières quelque soit leur durée).
- La fonction exploitation, qui est entendue au sens large et reçoit tous les autres éléments.
Ce bilan fonctionnel peut être schématisé ainsi (figure 4.1):
23 Recommandation n° 1.22 du 5 oct 1988 de l'ordre des experts comptables et des comptables agréés français.
61
. Capitaux propres
Fonction
Actif Immobilisé
. Amortissements Fonction
investissement
brut et provisions
financement
. Dettes financières
. Actif circulant
d'exploitation brut
. Dettes d'exploitation
. Actif circulant
Fonction
hors exploitation Fonction
. Dettes hors
exploitation brut
exploitation explotation
. Actif de trésorerie
Ainsi, comme le bilan patrimonial, le bilan fonctionnel exprime la situation patrimoniale d'une
entreprise à une date donnée. Cependant, les fonctions essentielles de l'entreprise sont bien
distinguées, chose que ne fait pas le bilan patrimonial, qui axe le classement des postes selon les
principes de liquidité et d'exigibilité croissantes.
b) Les flux de trésorerie dans l'entreprise :
Les opérations réalisées par l'entreprise avec son environnement (ensemble des partenaires) doivent
se traduire immédiatement ou dans le futur par des flux de trésorerie. Ainsi, c'est la notion de cash-
flows au sens large qui est retenue, c.à.d.
Encaissements - Décaissements
La différence ci-dessus représente l'excédent (ou déficit) global de trésorerie. Cet excédent est donc la
variation de la trésorerie, qui doit être la même que celle dégagée par le tableau de la variation du
FDR, à savoir :
62
B. Le tableau d’analyse de la variation de la trésorerie ou tableau des flux de trésorerie:
La généralisation des tableaux de financement à l’échelle internationale a conduit à l’adoption d’un
tableau de financement plus cohérent avec les objectifs poursuivis par les analystes, à savoir la
classification des différents flux selon les fonctions principales de l’entreprise. Le modèle
recommandé réalise un découpage de la vie de l'entreprise par fonction, qui se prête mieux à l'analyse
financière. La vie de l'entreprise est découpée en trois grandes fonctions :
- La fonction exploitation.
- La fonction investissement.
- La fonction financement.
L'objectif de ce tableau est de faire apparaître la contribution de chaque fonction à la variation de la
trésorerie24. Les deux fonctions investissement et financement sont d'abord définies, puis le contenu
de la fonction exploitation est déterminé par la différence entre les deux autres.
1 - La fonction investissement : Cette fonction s'étend à toutes les opérations d'investissement
(acquisitions) et de désinvestissement (cessions) que l'entreprise est conduite à réaliser pour assurer
son développement, qu'il s'agisse d'éléments incorporels, corporels ou financiers. Toutefois, deux
éléments doivent être exclus :
- Les frais d'établissement car ils correspondent à des non valeurs.
- Les acquisitions d'immobilisations financées par des subventions investissement.
2 - La fonction financement : Cette fonction recense toutes les ressources extérieures, telles que
les mouvements de dettes (émission et remboursement de dettes), les mouvements de capitaux
(augmentations et réductions) ainsi que les mouvements des avances à caractère financier reçues des
tiers. Ainsi, les charges et produits financiers sont exclus de la fonction financement au profit de la
fonction exploitation. Les concours bancaires courants sont également exclus de la fonction
exploitation et sont assimilés à des opérations de trésorerie.
3 - La fonction exploitation : Cette fonction couvre toutes les opérations que l'entreprise réalise
dans le cadre se son activité et qui ne figurent pas dans les deux autres fonctions. La recommandation
n° 1.22 préconise la conception étendue de l'exploitation incluant les frais financiers, l'impôt sur les
sociétés et la participation des salariés dans cette fonction.
Un diagnostic financier à partir du tableau des flux de trésorerie est aujourd’hui couramment utilisé
par les analystes et les évaluateurs car elle permet de réconcilier analyse stratégique et analyse
financière.
63
a) Présentation générale du tableau de flux
Le principal apport du tableau des flux de trésorerie est de faire le pont entre les deux états financiers
principaux de l’entreprise (l’état de résultat et le tableau de financement traditionnel) non pas au
niveau de l’autofinancement mais au niveau de l’excédent brut d’exploitation.
Les praticiens et les gestionnaires d’entreprises savent qu’il y a un décalage entre la réalité
économique et la réalité comptable (la durée de vie comptable des actifs est en général inférieure à la
durée de vie réelle)25. D’autre part, on ne remplace jamais un bien à l’identique lorsque l’évolution
technologique est rapide. Ainsi, il est plus réaliste de raisonner (en matière d’investissement) en
termes de flux réel annuel que l’entreprise réinjecte dans son outil de production plutôt qu’en fonction
de la dotation aux amortissements26. La dynamique des flux relate en fait l’histoire de l’ère
industrielle, en montrant que les entreprises qui ont survécus sont celles qui ont réinvestis presque
intégralement leur EBE.
Rappelons du chapitre 1 que l’excédent brut d’exploitation (EBE) est obtenu en déduisant de la
valeur ajoutée les charges de personnel et les impôts et taxes (diminués éventuellement des
subventions accordées à l’entreprise). En d’autres termes, l’EBE est ce qui reste de la valeur ajoutée
une fois payé l’ensemble des charges de personnel et des prélèvements obligatoires. Cette ressource
qui sera affectée au facteur capital, est celle qui sera nécessaire à ce dernier pour se renouveler et se
développer.
L’EBE va être le point de départ pour marquer une différence fondamentale entre l’analyse classique
et l’analyse par les flux de trésorerie. En effet, dans l’analyse classique, l’EBE est le point de départ
du calcul de la CAF (EBE – charges de financement + produits financiers - impôts). Dans le tableau
des flux de trésorerie, la CAF n’apparait pas car la logique veut que le capital investi dans
l’exploitation reçoive une rémunération, l’EBE, qui va être réinvestie dans l’exploitation. En
conséquence, l’EBE va servir à financer la croissance des capitaux investis (BFR et investissement).
Cet apport est fondamental car la CAF n’est pas une grandeur concrète, puisqu’elle n’est pas
réellement liquide. En revanche, le tableau des flux de trésorerie va précisément consister à rendre
“liquide” l’EBE en passant par le concept d’excédent de trésorerie d’exploitation (ETE).
64
b) L'excédent (ou flux) de trésorerie d'exploitation
L'excédent de trésorerie d'exploitation est la trésorerie générée (ou consommée) au cours de l'exercice
par les seules opérations d'exploitation. Ainsi, au cours d'un exercice donné, le flux de trésorerie
d'exploitation est obtenu en déduisant les décaissements lies à l’exploitation des encaissements
provenant de l’exploitation (tout en tenant compte de la TVA qui reste à régler).
La recommandation 1.22 fournit deux options pour le calcul du flux de trésorerie provenant des (ou
affecté aux) opérations d'exploitation :
- Soit à partir du résultat net, en éliminant de celui-ci les charges et produits sans incidence sur
la trésorerie et en tenant compte de la variation des décalages de trésorerie sur opérations
d'exploitation : option 1.
- Soit à partir de l'excédent brut d'exploitation (hors variation des stocks) en tenant compte de la
variation des décalages de trésorerie sur opérations d'exploitation et des autres charges et produits liés
à l'exploitation et susceptibles d'entraîner une variation de la trésorerie : option 2.
65
Option 1 ou méthode indirecte : Calcul de l'ETE à partir du Résultat Net
Résultat Net
+ Dotations aux amortissem ents et provisions de toute nature (Elimination
- Reprises sur provisions de toute nature des éléments
- Augmentation des frais d' établissem ent sans incidence
- Tranferts de charges au compte de charges à répartir sur la trésorerie
- Quote - part des subvention s d' investissement virée au résultat ou non liés
- (+) Plus (moins) values de cession à l' exploitation)
- Variations des stocks (valeurs brutes)
Variations des créances clients et des autres (Incidence de la variation
créances d' exploitation (valeurs brutes)
+ Variations des dettes fournisseurs
des décalages de trésorerie
sur opérations d' exploitation)
et des autres dettes d' exploitation
= Flux de trésorerie provenant de l'exploitation
66
c) L'Excédent de Trésorerie sur opérations d'investissement et de financement :
Le document qui se prête le mieux à la détermination de cet excédent de trésorerie est la première
partie du tableau de financement (analysant la FDR). Ainsi, cet excédent est donné par la différence
entre les ressources durables générant un encaissement (c.à.d. toutes les ressources du TF excepté la
CAF) et les emplois stables générant un décaissement (donc tous les emplois du TF). Le tableau ci-
dessous reprend la méthode de calcul de ce flux selon la recommandation n° 1.22.
CALCUL DE L'EXCEDENT DE TRESORERIE D'INVESTISSEMENT
ET DE FINANCEMENT
OPERATIONS D'INVESTISSEMENT :
OPERATIONS DE FINANCEMENT :
+ Augmentation de capital
- Réduction du capital
- Dividendes versés ( Incidence de la variationdes décalages
+ Augmentation des dettes financières de trésorerie sur opérations de financement )
- Remboursement des dettes financières
+ Avances reçues des tiers
- Avances remboursées aux tiers
- Variation du capital souscrit non appelé
- Variation du capital souscrit, appelé, non versé
= Flux de trésorerie provenant des (ou affecté) aux opérations
de financement
67
C. Comparaison entre tableau de financement et tableau (ou état) des flux de trésorerie:
Il y a deux différences fondamentales entre les deux tableaux. La première différence fondamentale
est que le tableau de financement raisonne en flux de fonds alors que le tableau des flux de trésorerie
raisonne en flux de trésorerie. En effet, dans le premier cas on prend en compte le flux potentiel
(qu’il ait donné lieu ou non à un encaissement ou décaissement), alors que dans le second cas on
prend en compte uniquement les flux encaissés ou décaissés effectivement. La seconde différence est
que le tableau de financement se base sur une acception patrimoniale du bilan (donc de l’entreprise),
alors que le tableau des flux de trésorerie s’appuie sur une acception fonctionnelle du bilan. L'intérêt
de la trésorerie réside dans son caractère relativement objectif par rapport opposition au concept de
fonds de roulement dont la mesure est parfois entachée de conventions comptables. En effet, la
trésorerie est un élément vital dans la vie de l'entreprise parce que cette dernière finance son activité et
assure sa pérennité. Elle constitue donc l'indicateur clé pour la gestion et l'analyse financière, tant à
court terme (solvabilité) qu'à long terme (besoin de financement).
Un autre avantage du tableau des flux de trésorerie réside dans sa capacité à véhiculer une information
pertinente. En effet, de nombreuses études ont montré l'intérêt de la trésorerie en matière de prédiction
des difficultés. En plus, les modèles de signalisation ont montré que les variables liées à la trésorerie
véhiculent plus d'information que les résultats comptables en matière de formation des cours en
bourse. Par ailleurs, ce tableau renferme une aptitude aux prévisions car il raisonne en termes
d'encaissements-décaissements regroupés par fonction, qui se prête mieux à la présentation de
données prévisionnelles (plan de financement) et s'inscrit naturellement dans le cadre d'une démarche
budgétaire. Il peut même servir d'instrument de contrôle du plan de financement.
On peut relever une autre divergence avec l’analyse classique où l’autofinancement est un flux
résiduel qui couvre une partie ou la totalité des investissements, alors dans le tableau des flux de
trésorerie le cash-flow d’exploitation doit couvrir les investissements. Une fois le flux
d’investissement soustrait, le tableau (ou état) des flux de trésorerie fait apparaître un flux résiduel qui
va clôturer la vie économique de l’entreprise et aboutir à cette notion centrale en finance 27: le free
cash-flow.
Dans le chapitre 5 suivant, on essaie de faire le lien entre les tableaux de flux, l’analyse stratégique et
l’analyse financière. On aura ainsi une approche plus globale et complète du diagnostic financier.
27 Au fait, il faudra déduire encore l’impôt sur les bénéfices pour obtenir le free cash-flow. Ce free cash-flow ainsi calculé
va constituer la performance économique de l’entreprise, qui d’un point de vue théorique pourra être reversé aux
actionnaires.
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