Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
2 BASIC DHS
BASIC DHS
Prise en charge des patients en
état critique dans les systèmes
de santé à ressources limitées
Auteurs
Charles Gomersall, Gavin Joynt, James Derrick, Claudia Cheng,
Kate Rotheray, Winnie Wan, Candy Chiu
Service d’anesthésie et de soins intensifs
Université Chinoise de Hong Kong
Colin Graham
Médecine d’urgence universitaire
Université chinoise de Hong Kong
Illustrateurs
Janet Fong, Chan Wing Chee, Kwok Wan Hei, Sally Fong
Service d’anesthésie et de soins intensifs
Université Chinoise de Hong Kong
Rédacteur
Angie Mak
Service d’anesthésie et de réanimation
Université Chinoise de Hong Kong
Mars 2014
3
Document publié par le service d’Anesthésie et de Réanimation de l’Université
Chinoise de Hong Kong, Shatin, Hong Kong.
Avertissement
Les stratégies de prise en charge décrites dans ce manuel représentent le point
de vue des contributeurs. Elles ne constituent en aucun cas les seuls moyens de
prise en charge des patients dans un état sévère et peuvent ne pas être les options
thérapeutiques les mieux adaptées. Bien que les informations fournies dans ce
manuel soient considérées comme exactes, les contributeurs et les institutions
dont ils dépendent déclinent toute responsabilité relative à la survenue de tout
événement indésirable résultant de l’utilisation de ce manuel ou à la qualité des
formations dispensées par des tiers. Les lecteurs sont invités à vérifier les doses
d’administration en consultant les notices des fabricants respectifs.
Remerciements
Les contenus pédiatriques figurant ici sont en grande partie extraits du manuel
de formation BASIC Peads, rédigé par Andrew Argent, Elena Cavazzoni, Cheung
Kam Lau, Kelly Dilworth, Fenella Gill, Charles Gomersall, Mark Hayden, Niranjan
Kissoon, Peggy Li, Bruce Lister, Adrian Mattke, Mona Singal et Peter Skippen.
Les auteurs souhaitent remercier Neill Adhikari, Frédéric Baud, Philippe Blasco,
Pierre Boyer, Juliette Cantrel, Cristina Cirella, Anne-Sophie Coutin, Hélène Dauffy,
Martin Dunser, Marie-Louise Felten, Katrine Finsnes, Olivier Ganansia, Aurélie
Godard, Monique Gueguen, Randeep Jawa, Diana Kingston, Nurhayati Lubis,
Srinivas Murthy, Nicolas Peyraud, Jacobus Preller, Myrto Schaefer, Miguel Trelles,
Clara Van Gulik et Rémy Zilliox pour leurs commentaires utiles sur le manuscrit.
4 BASIC DHS
TABLE DES MATIÈRES
I. PRINCIPES DE PRISE EN CHARGE DES PATIENTS EN ETAT CRITIQUE
Évaluation du patient en état critique 9
V. URGENCES MÉDICALES
Anaphylaxie 191
Méningite bactérienne communautaire 195
Paludisme sévère 201
Tétanos 203
Asthme aigu grave 207
Pneumonie 213
Insuffisance cardiaque aiguë sévère 217
Hypertension artérielle sévère 219
Prise en charge des morsures de serpent 223
Intoxication aiguë 229
ANNEXE I
Procédures 285
ANNEXE II
Échographie thoraco-abdominale (FAST) 295
ANNEXE III
Schémas posologiques dans la prééclampsie
299
ANNEXE IV
Antalgiques 301
ANNEXE V
Traitement de l’hémorragie post-partum 303
ANNEXE VI
Surface corporelle 305
5
6 BASIC DHS
I. PRINCIPES DE PRISE EN CHARGE DES
PATIENTS EN ETAT CRITIQUE
Bien que ces deux aspects soient essentiels, ce cours porte principalement
sur le second.
• Le temps est un facteur clé dans la prise en charge des patients en état
critique, car un grand nombre de ces patients sont agonisants. Il est
important de les réanimer rapidement en utilisant le traitement approprié.
Lorsque le temps est compté, il faut se limiter aux gestes qui permettront
de maintenir le patient en vie. Toutes les autres tâches moins urgentes
doivent être reportées.
• Ne retardez pas l’évaluation d’un patient potentiellement instable.
• Ne laissez pas un patient instable sans surveillance.
Homéostasie
L’organisme essaie de lui-même de maintenir les constantes du
milieu intérieur. Si, par exemple, la pression artérielle (PA) chute,
les vaisseaux sanguins se contractent immédiatement, et la
fréquence cardiaque augmente pour ramener la PA dans les limites
de la normale. Dans les cas très sévères, lorsque l’organisme est
incapable de compenser, la pression artérielle chute. La capacité de
l’organisme à compenser les anomalies fournit un indice précieux
quant à la sévérité de l’état pathologique.
Facteur temps
Les patients en état critique requièrent généralement un traitement
d’urgence pour prévenir le décès. Vous n’aurez pas toujours le
temps d’effectuer un bilan complet avant de démarrer le traitement.
La conduite à tenir est la suivante :
• Vous devez toujours penser au temps dont vous disposez avant
de démarrer le traitement.
• Observez le patient (Figure 1), car son apparence générale
fournit un bon indice.
Évaluation du patient en état critique 9
Figure 1. L’apparence générale du patient peut être une indication utile de la gravité
de son état. Le patient de gauche est visiblement dans un état plus grave que celui
de droite. Il semble inconscient, il transpire, et aucune condensation n’est visible
dans son masque à oxygène, ce qui suggère un éventuel arrêt respiratoire ou une
obstruction des voies aériennes.
10 BASIC DHS
Signe Alerte Anormal Normal Anormal Alerte
Tableau 1. Signes évocateurs d’un état critique chez l’adulte. Reproduit avec
l’aimable autorisation du groupe de travail Global Intensive Care de la European
Society of Intensive Care Medicine.
Voies aériennes
La première étape consiste à observer, écouter et sentir pour
s’assurer que le patient respire (Figure 2).
12 BASIC DHS
Figure 4. Signes de détresse respiratoire : utilisation des muscles accessoires,
battement des ailes du nez et tirage (dépression du thorax lors de l’inspiration)
Respiration
Evaluer les éléments suivants :
• Fréquence respiratoire
• Une élévation indique un problème d’intensité croissante
jusqu’à l’agonie, stade auquel la fréquence respiratoire
ralentit.
• Une élévation de la fréquence respiratoire peut également
être due à une pathologie non respiratoire sévère, telle que
l’acidose métabolique sévère ou le sepsis. Une fréquence
respiratoire élevée est toujours préoccupante.
• Une fréquence respiratoire basse (Tableau 1) est tout aussi
préoccupante. Elle peut correspondre au stade final d’un état
critique et être un signe de mort imminente, ou être due à une
dépression des centres respiratoires.
• Le battement des ailes du nez, l’utilisation des muscles
accessoires, le tirage et l’incapacité à terminer une phrase
Circulation
• Une chute de la pression artérielle ne survient que lorsque
l’homéostasie ne permet pas de la maintenir dans la plage
normale. Une pression artérielle faible est généralement un signe
d’une insuffisance circulatoire déjà très sévère.
• Un choc (apport insuffisant de sang aux organes) peut survenir
sans baisse de la pression artérielle.
• Certaines personnes ont une pression artérielle habituellement
faible, mais les patientes non enceintes ayant une pression
artérielle systolique inférieure à 90 doivent être évaluées très
attentivement pour déceler tout signe de choc (voir le chapitre
Choc).
• Une pression artérielle située dans la plage normale peut être
faible comparé à la pression artérielle habituelle du patient.
• Les signes d’un apport insuffisant de sang aux différents organes
sont les suivants :
• diminution de l’état de conscience,
• Marbrures (Figure 5) et cyanose périphérique,
14 BASIC DHS
Figure 6. Un temps de recoloration cutané élevé (> 3 secondes) indique un apport
sanguin insuffisant chez l’enfant et le jeune adulte. Chez le patient âgé, le temps de
remplissage capillaire peut prendre jusqu’à 4,5 secondes. Pour le mesurer, appuyez
pendant deux secondes avant de relâcher la pression.
Affections neurologiques
• Une altération de l’état de conscience peut être un signe de
maladie neurologique, mais doit faire penser également à une
pathologie systémique sévère (sepsis sévère, choc, etc.).
• La méthode EPDA (Figure 7) est une méthode utile pour évaluer
rapidement l’état de conscience, bien que l’échelle de coma
de Glasgow (voir le chapitre Urgences neurologiques) soit
probablement plus utile pour évaluer les patients présentant des
troubles neurologiques.
Investigations
Hémoglobine
• Il est important de comprendre que c’est la concentration en
hémoglobine que l’on mesure, et non la quantité. Par conséquent,
tout changement de la concentration en hémoglobine peut être dû Concentration d’hémoglobine
Une hyperleucocytose peut indiquer une infection, mais peut
à un changement de la quantité d’hémoglobine circulante ou à un
aussi être due à n’importe quelle pathologie grave.
changement du volume circulant.
• En cas de saignement aigu, on observe une perte d’hémoglobine
et de volume sanguin dans les mêmes proportions. Il n’y a
donc pas de changement immédiat de la concentration en
hémoglobine. Par la suite, les liquides présents dans les tissus
sont absorbés dans la circulation générale, rétablissant le volume
sanguin, mais non la quantité d’hémoglobine, ce qui entraîne une
chute de la concentration en hémoglobine.
• De la même façon, lorsqu’un liquide ne contenant pas
d’hémoglobine est administré en réponse à un saignement, la
concentration en hémoglobine baisse.
• Une diminution du volume circulant sans perte d’hémoglobine
(déshydratation, brûlures, etc.) entraîne une hausse de la
concentration en hémoglobine.
• Envisagez une transfusion sanguine chez les patients anémiques
(voir le chapitre Transfusion sanguine), et recherchez l’étiologie
de l’anémie.
• L’anémie sévère peut provoquer une pâleur des conjonctives
palpébrales, mais ce symptôme n’est pas très fiable. Examinez
également les gencives et la paume des mains. La pâleur
conjonctivale peut également être un signe d’hypovolémie ou de
choc, sans anomalie du taux d’hémoglobine.
Glucose
• Des valeurs glycémiques élevées ou faibles sont fréquentes
chez les patients en état critique. La glycémie doit être
systématiquement contrôlée.
16 BASIC DHS
• Recherchez TOUJOURS une hypoglycémie chez les patients
présentant des troubles de la conscience ou des convulsions.
• Une hausse de la glycémie peut simplement être une
manifestation de la réponse de l’organisme au stress,
mais l’hypothèse d’un diabète, plus particulièrement d’une
complication du diabète (acidocétose ou coma notamment), est à
envisager.
Évaluation complémentaire
Tout ou partie de cette évaluation est effectuée avant l’instauration
d’un traitement chez les patients dont l’état est moins sévère.
Antécédents
• B
ien souvent, il est impossible d’obtenir du patient une
anamnèse complète. D’autres sources d’informations s’avèrent
alors cruciales :
• Personnel médical, infirmier et ambulancier
• Famille
• Dossier du patient : Observation médicale et notes
d’évolution: outre les antécédents, les notes cliniques
peuvent donner des informations précieuses sur le rythme
de détérioration. Chez les patients opérés, les notes sur
l’intervention chirurgicale, le dossier d’anesthésie, la feuille
de surveillance per-opératoire et de surveillance post-
interventionnelle peuvent être particulièrement utiles.
• Les antécédents révèlent si le patient appartient à un groupe
potentiellement difficile à évaluer, notamment les enfants,
les jeunes adultes, les personnes âgées, les personnes
immunodéprimées ou les traumatisés (Tableau 2).
Groupe Difficulté
Jeunes adultes L’homéostasie tend à masquer
une pathologie sévère dont les
signes ne se manifestent qu’à un
stade très avancé. Des anomalies
physiologiques importantes chez ces
patients indiquent un état très critique.
Réponse inflammatoire Patients âgés ou Une diminution de la réponse
Réponse à une agression ou à une infection qui peut
provoquer fièvre, vasodilatation, fuite liquidienne des
immunodéprimés inflammatoire peut masquer les signes
vaisseaux sanguins (causant des oedèmes), tachycardie et d’une pathologie sévère.
tachypnée. En outre, la réserve physiologique de
ces patients est souvent sévèrement
altérée.
Examen clinique
Bien que l’examen initial ait pour objectif de déceler les anomalies
potentiellement menaçantes et de déterminer la technique de
réanimation appropriée, l’examen ultérieur doit être axé sur
l’identification de la maladie sous-jacente afin que celle-ci puisse
être traitée. En effet, le traitement de la maladie sous-jacente est
vital. L’examen doit être répété fréquemment pour évaluer la réponse
thérapeutique et modifier le traitement en fonction de l’évolution de
l’état du patient. Veillez à exposer entièrement le corps du patient
pour rechercher les blessures, saignements, sources manifestes de
sepsis, etc.
Ré-évaluation
• Après l’évaluation principale initiale, l’instauration du traitement
d’urgence et l’évaluation complémentaire, établissez un
diagnostic préliminaire de la maladie sous-jacente.
• Considérez les problèmes susceptibles de se développer
ultérieurement, sur la base de vos connaissances sur cette
maladie.
• Élaborez un plan de prise en charge ultérieure du patient. Il doit
inclure :
• une revue fréquente de la réponse thérapeutique. Si le patient
ne répond pas comme prévu, recherchez les raisons.
• la recherche du service le mieux adapté pour accueillir le
patient, éventuellement l’unité de soins intensifs.
• une anticipation des problèmes pouvant survenir.
Pédiatrie
Cette rubrique doit être lue en conjonction avec le reste du
chapitre. Les aspects de la prise en charge des patients
adultes et qui s’appliquent également aux enfants ne sont
pas répétés ici.
Voies aériennes
• Le diamètre absolu des voies aériennes étant inférieur, leur
obstruction peut progresser très rapidement. Par conséquent, il
faut s’inquiéter lorsque l’enfant présente des signes d’obstruction
des voies aériennes (stridor notamment).
18 BASIC DHS
Respiration
• La tachypnée demeure un signe important (quelle qu’en soit la
cause). Une baisse de la fréquence respiratoire ou une apnée
indiquent habituellement un épuisement extrême.
• Les fréquences respiratoires sont plus élevées chez le
nourrisson, mais peuvent également varier en fonction de
l’activité (voir Tableau 3).
• Recherchez les signes spécifiques d’une détresse respiratoire
: battement des ailes du nez, tirage intercostal et sous-costal
(Figure 8).
Système cardiovasculaire
• L’hypotension est une manifestation tardive d’un trouble
cardiovasculaire. Une perfusion inadéquate des tissus
périphériques (extrémités froides, temps de remplissage
capillaire > 3 s), un état de conscience altéré ou une oligurie
indiquent une pathologie sévère chez le nourrisson ou l’enfant,
et ce, même en l’absence d’hypotension. La tachycardie indique
généralement une tentative pour compenser la diminution du
débit cardiaque, quelle qu’en soit la cause. Le nourrisson de
moins de trois mois présentant un débit cardiaque faible tend à
développer rapidement une tachycardie prononcée en raison de
VES (volume d’éjection systolique) sa capacité limitée à accroître le VES.
Le VES est le volume de sang éjecté par le cœur à chaque
battement
• En règle générale, tout enfant âgé de plus d’un an dont la
pression artérielle systolique est inférieure à 70 + (2 x âge en
années) se situe au-dessous du 5e centile pour son âge (voir
Tableau 3 pour plus de détails).
Autres
• Des lésions cutanées purpuriques ne s’effaçant pas à la pression
(Figure 9) accompagnées de fièvre ou des éruptions cutanées
bulleuses étendues (Figure 10) sont préoccupantes et peuvent
être un signe de sepsis sévère ou de méningite.
Figure 9. Purpura. ©2010 Dr. méd. James Heilman. Reproduit selon les termes de la
licence Attribution 3.0 Unported de Creative Commons.
20 BASIC DHS
1. Voies aériennes menacées
2. Hypoxémie SpO2
Physiologie respiratoire
La fonction principale des poumons est d’oxygéner le sang afin
d’assurer un apport d’oxygène suffisant aux tissus et d’éliminer le
dioxyde de carbone du sang. Ce processus intervient uniquement
dans les poumons.
Échanges gazeux
Dans un mélange gazeux comme l’air, chaque gaz contribue à la
pression totale exercée par le gaz. Cette contribution correspond à
la « pression partielle ». La pression partielle exercée par un gaz est
proportionnelle à la concentration de ce gaz dans le mélange. Ainsi,
la concentration en oxygène de l’air est de 21 %. La pression de l’air
au niveau de la mer étant d’environ 100 kPa, la pression partielle de
l’oxygène dans l’air est de 21 kPa.
Physiologie respiratoire 23
Figure 2. Transfert du dioxyde de carbone et de l’oxygène dans une alvéole saine
Figure 3. Si les alvéoles ne sont plus ventilées (si elles sont remplies de pus comme
dans ce cas), l’oxygénation du sang est interrompue.
24 BASIC DHS
dans les alvéoles à un faible niveau, le gaz alvéolaire doit être
continuellement renouvelé grâce à la ventilation. Ainsi, la pression
partielle en dioxyde de carbone du sang est fonction de l’amplitude
et de la fréquence respiratoire du patient.
Ventilation
LCR • La ventilation est contrôlée par les centres respiratoires situés
Liquide céphalo-rachidien, qui entoure le cerveau et la dans le tronc cérébral.
moëlle épinière • Elle varie en fonction des changements de pH du liquide
céphalorachidien (LCR).
↓pH ⇒↑ ventilation
↑pH ⇒↓ ventilation
• Résultat :
Acidose métabolique et/ou ↑PaCO2 ⇒↑ventilation
Physiologie respiratoire 25
Figure 4. Sites anatomiques dont l’atteinte pathologique peut entraîner des troubles
respiratoires
Chez l’enfant
Des différences anatomiques et physiologiques existent entre les
adultes et les enfants au niveau de tous ces sites. Ces différences
expliquent la susceptibilité accrue des enfants à l’insuffisance
respiratoire.
Inspiration
26 BASIC DHS
Figure 5b. Cela entraîne une pression intrapleurale négative à l’origine de la
dilatation des poumons.
Figure 5c. L’air est ainsi aspiré par la bouche et le nez dans les voies aériennes
supérieures et inférieures jusqu’aux alvéoles.
Physiologie respiratoire 27
• Le volume d’air inspiré et expiré pendant une respiration normale
et calme est appelé « volume courant (Vt) ».
• Le volume d’air inspiré et expiré en une minute pendant une
respiration normale et calme est appelé « volume minute » ou
« ventilation minute » (Ve).
Pédiatrie
En quoi les enfants sont-ils différents des
adultes ?
Voies aériennes
• Les nourrissons de moins de 6 mois ont des voies nasales
étroites et respirent de préférence par le nez plutôt que par la
bouche. L’obstruction nasale (sécrétions, œdème, etc.) peut
entraîner une détresse respiratoire importante, en particulier
pendant la prise alimentaire et le sommeil.
• Les jeunes enfants ont une langue volumineuse et un oropharynx
relativement petit. Chez l’enfant de deux à trois ans, les
végétations et les amygdales peuvent être hypertrophiées et
contribuer à l’obstruction des voies aériennes supérieures. Des
anomalies congénitales peuvent survenir à tout âge, mais sont
plus probablement présentes dès les premières années de vie.
• Les voies aériennes inférieures sont étroites et ont un support
cartilagineux relativement faible chez les enfants en bas âge.
Une légère diminution du rayon (due à un œdème ou à des
sécrétions) se traduit par une forte augmentation de la résistance.
Si le rayon est divisé par deux, la résistance est multipliée par 16.
Cet effet est cliniquement significatif chez l’enfant jusqu’à l’âge de
8 ans.
28 BASIC DHS
Zone d’échange
• Les nourrissons et les jeunes enfants ont une zone d’échange
gazeux relativement restreinte, car les alvéoles et les bronchioles
distales ne sont pas complètement développées.
• Le shunt physiologique est plus important chez le jeune enfant.
• Chez l’enfant jusqu’à 8 ans, les volumes pulmonaires normaux
sont proches du volume de fermeture à la fin de l’expiration.
Le volume de fermeture étant le volume pulmonaire auquel les
bronchioles terminales commencent à s’affaisser, le risque de
déséquilibre ventilation-perfusion et d’atélectasie (collapsus
pulmonaire) est plus élevé dans ce groupe d’âge.
Pompe mécanique
• Chez le jeune enfant, la paroi thoracique est plus compliante
que chez le grand enfant et l’adulte en raison de l’ossification
immature des côtes et de la faible masse musculaire du thorax.
Cela se traduit par une opposition réduite à la tendance naturelle
des poumons à la déflation : le poumon n’a donc qu’une faible
réserve fonctionnelle. En outre, une récession importante de la
paroi thoracique peut être observée. Le risque de surinflation des
poumons par la ventilation manuelle est donc élevé.
• Chez le nourrisson, l’inspiration est assurée principalement par
le diaphragme en raison de l’horizontalité relative des côtes
et de la faiblesse des muscles intercostaux. C’est pourquoi,
toute pathologie affectant le fonctionnement du diaphragme
(hyperinflation pulmonaire, distension abdominale) peut
rapidement provoquer une détresse respiratoire sévère.
• Les muscles respiratoires peuvent fatiguer rapidement chez
l’enfant. Plus l’enfant est jeune, plus la fatigue musculaire est
importante.
Physiologie respiratoire 29
Atélectasie
Zone de parenchyme pulmonaire non ventilée
30 BASIC DHS
Physiologie cardiovasculaire appliquée
Pression artérielle
La pression artérielle est un déterminant important du flux de sang
vers les organes. Chez le sujet sain, le flux sanguin vers les organes
est autorégulé. Le débit est constant dans une plage bien définie
de pression artérielle, en dépit des variations de celle-ci. En dehors
de cette plage, le débit sanguin dépend de la pression artérielle
(Figure 1).
Figure 1. Autorégulation
Précharge
• La précharge est la tension des fibres cardiaques juste avant la
contraction.
• Elle est donc étroitement liée au volume du ventricule à la fin de
la diastole.
• La précharge est augmentée par l’accroissement du retour
veineux au cœur.
• ↑ précharge ⇒ ↑ volume d’éjection systolique ⇒ ↑ débit cardiaque
• L’administration de solutés de remplissage augmente initialement
la précharge. Néanmoins, si le ventricule droit est trop distendu,
le septum interventriculaire se déplace vers la gauche (Figure 2).
⇒ ↓ précharge du ventricule gauche
⇒ ↓ débit cardiaque
Contractilité
• La contractilité myocardique est augmentée par la stimulation
sympathique et l’adrénaline circulante.
• De nombreuses drogues, l’hypoxie, l’acidose et des maladies
Myocardite comme l’infarctus du myocarde, la myocardite ou le sepsis
Inflammation du muscle cardiaque, due habituellement à une contribuent à réduire la contractilité.
infection virale.
Sepsis
Réaction inflammatoire à l’infection (voir le chapitre Sepsis Postcharge
sévère et choc septique).
• Elle correspond à la tension de la paroi ventriculaire au pic de la
contraction.
• La vasoconstriction artérielle accroît la pression ventriculaire,
ce qui accroît la postcharge. La vasodilatation diminue la
postcharge.
Chez l’enfant
• Si les nourrissons et les enfants présentent une hypervolémie
(relative), la volémie ABSOLUE est en réalité faible.
• Les nourrissons de moins de 6 mois ont une compliance
myocardique réduite (le cœur est en effet plus « rigide ») et une
contractilité myocardique limitée. Le cœur a généralement moins
de réserve pour affronter les augmentations de précharge ou de
postcharge.
• La dépendance interventriculaire est plus marquée chez le jeune
enfant : le déplacement du septum interventriculaire dû à la
surdistension de l’un des ventricules survient rapidement, ce qui
entraîne un dysfonctionnement de l’autre ventricule.
Chez l’enfant
• L’augmentation du débit cardiaque survient essentiellement à la suite
d’une hausse de la fréquence cardiaque.
• La bradycardie et autres brady-arythmies sont mal tolérées par les
nourrissons et les jeunes enfants.
34 BASIC DHS
Réponse à l’hypovolémie
• Dans des circonstances normales, une partie importante du
Vaisseaux de capacitance veineuse volume sanguin circulant est situé dans les vaisseaux de
Veines et veinules contenant une grande proportion du capacitance veineuse. Dans l’hypovolémie légère à modérée,
volume sanguine circulant.
l’organisme peut compenser par la contraction des vaisseaux
de capacitance veineuse pour maintenir la précharge. Cela
n’entraîne aucune variation de la pression artérielle ou du pouls,
mais la pression veineuse jugulaire peut chuter.
• Dans les cas plus sévères :
• ↓ précharge ⇒ ↓ volume d’éjection systolique
• Pour maintenir la pression artérielle, l’organisme augmente la
fréquence cardiaque et les résistances périphériques totales.
• Dans les cas très sévères, cette compensation n’est pas
suffisante, et la pression artérielle chute.
Secteurs liquidiens 37
Figure 2. L’eau est expulsée des cellules pour pallier une hausse de la concentration
extracellulaire en sodium.
38 BASIC DHS
de l’administration d’un bolus intraveineux de liquide hypo-
Hypo-osmolaire osmolaire, tel que de l’eau pure).
Solution avec une concentration totale en solutés moindre
qu’une autre (à la fois en solutés capables de passer au travers
• Le glucose est rapidement métabolisé, et il ne reste que l’eau.
des membranes cellulaires et en ceux qui ne le sont pas). • L’administration d’eau (dans une solution glucosée) accroît la
pression hydrostatique et diminue la pression oncotique, de sorte
que l’eau tend à migrer du compartiment intravasculaire vers
le compartiment interstitiel, où elle réduit la concentration en
sodium. Résultat : l’eau passe également dans le compartiment
intracellulaire pour maintenir les concentrations relatives en
sodium à l’intérieur et à l’extérieur des cellules.
Crystalloïdes
Isotonique • Ils peuvent avoir des propriétés isotoniques (chlorure de sodium
Deux solutions avec une concentration égale de solutés qui à 0,9 %, lactate de Ringer), hypotoniques (chlorure de sodium
ne sont pas capables de passer au travers des membranes
cellulaires. à 0,45 % avec glucose à 2,5 %) ou hypertoniques (chlorure de
sodium à 1,8 %).
• Ces solutions ne contiennent pas de protéines, de sorte que la
concentration en protéines plasmatiques et la pression oncotique
sont réduites. Cela entraîne un mouvement net de liquide du
compartiment intravasculaire vers le compartiment interstitiel.
• Les solutions isotoniques ont une teneur en sodium comparable
à celle du liquide extracellulaire et ne modifie donc pas la
concentration extracellulaire en sodium. Elles n’entraînent pas de
mouvement d’eau net vers les cellules.
• Ainsi, les cristalloïdes accroissent principalement le volume du
compartiment extracellulaire.
Colloïdes
• Ils contiennent de grosses molecules qui sont retenues dans la
circulation (pendant un temps variable)
• Exemples : l’albumine et les colloïdes de synthèse (gélatine,
amidon ou dextran).
• En raison de la présence de ces grosses molécules qui exercent
un effet oncotique, il n’y a pas de réduction de la pression
oncotique et donc aucun mouvement net de liquide hors de la
circulation.
• Par conséquent, les colloïdes accroissent principalement le
volume du compartiment intravasculaire.
• À long terme, cependant, les grosses molécules à l’origine de
l’effet oncotique peuvent être métabolisées, ce qui entraîne une
redistribution du liquide dans le compartiment extracellulaire.
Les solutions colloïdales contiennent également un soluté
électrolytique isotonique pour éviter que le liquide ne soit
redistribué vers le compartiment intracellulaire.
• Chez les patients présentant une fuite capillaire (en état de choc
septique notamment), les molécules colloïdales peuvent filtrer
dans le compartiment interstitiel, si bien que le liquide n’est pas
retenu dans le secteur intravasculaire.
• Les colloïdes sont associés à certaines complications, dont
les réactions allergiques (3 %), l’atteinte rénale aiguë et
l’hypocoagulabilité. Des données récentes suggèrent que
l’utilisation en réanimation de colloïdes formés à partir d’extraits
d’amidon peut entraîner une aggravation de l’état du patient. Par
conséquent, ces liquides sont à éviter.
40 BASIC DHS
Volémie
Volume intravasculaire Volume extravasculaire
Secteurs liquidiens 41
5. Les pulsations de la veine jugulaire se distinguent des pulsations
de l’artère carotide par les éléments suivants :
• Les pulsations de la veine jugulaire interne ne sont
habituellement pas palpables.
• L’endroit du cou où la pulsation est visible varie en fonction :
- - du degré d’inclinaison du patient,
- - de la respiration,
- - de la compression de la région hépatique : la pression
veineuse augmente en cas de compression du quadrant
supérieur droit de l’abdomen.
Interprétation
• La plage normale est de 0 à 3 cm au-dessus de l’angle sternal.
• Si la pulsation veineuse n’est visible que lorsque le patient est en
décubitus dorsal et ne peut être vue en position assise, le patient
est probablement hypovolémique.
• La pression veineuse jugulaire est affectée par le fonctionnement
du cœur, ainsi que par le volume intravasculaire. En
conséquence, certains patients hypovolémiques peuvent avoir
une PVJ normale.
Volume extravasculaire
Les signes d’une diminution du volume extravasculaire sont :
• une sécheresse des muqueuses,
• un enfoncement des globes oculaires,
• une diminution du pli cutané.
Pédiatrie
En quoi les enfants sont-ils différents des
adultes ?
• Les enfants ont des besoins liquidiens plus importants (ml/kg/jour)
que les adultes en raison d’une surface corporelle par kg plus
large, d’un taux métabolique plus élevé et d’un renouvellement
liquidien plus important.
• La distribution des liquides biologiques est relativement différente
chez les nourrissons.
• Les liquides représentent 70 à 80 % de la masse corporelle
totale (contre 60 à 65 % chez l’adulte).
• Le liquide extracellulaire représente environ 50 % des liquides
corporels totaux (contre 33 % chez l’adulte).
• Le liquide interstitiel représente environ 75 % du liquide
extracellulaire (contre 66 % chez l’adulte).
• Les enfants (en particulier les nourrissons) présentent donc un
risque de déshydratation plus élevé que les adultes.
• Les enfants (notamment les nourrissons et les enfants malades)
ont des réserves énergétiques relativement plus faibles, ce qui
les rend dépendants de l’administration de glucose.
• L’évaluation clinique du niveau d’hydratation est difficile et peu
fiable, en particulier chez les enfants dans un état critique, car le
liquide intravasculaire peut ne pas être représentatif du volume
liquidien global.
42 BASIC DHS
• Bien que la voie entérale soit la méthode idéale pour
l’administration de liquides et d’aliments, la réhydratation par voie
intraveineuse est le principal traitement adapté au choc ou chez
les enfants qui ne tolèrent pas la nutrition entérale.
• Tout enfant malade est à risque d’hyponatrémie en raison
d’une élévation des taux d’ADH (hormone antidiurétique).
Or, les solutions hypotoniques accroissent ce risque et sont
à éviter, sauf dans des cas particuliers. La surveillance de
l’équilibre liquidien (et des électrolytes sériques si possible)
est indispensable pour prévenir et identifier les éventuelles
complications.
• Il convient d’être extrêmement prudent lors de toute
administration de liquide, en particulier par voie intraveineuse
et chez les nourrissons très petits, car la surcharge liquidienne
peut s’installer rapidement et ses conséquences sont difficiles à
traiter.
Secteurs liquidiens 43
Besoins de base en glucose par heure (enfants en
bonne santé)
Volémie
44 BASIC DHS
Déshydratation chez l’enfant
Degré Signes cliniques
Secteurs liquidiens 45
46 BASIC DHS
III. PRISE EN CHARGE ET PRÉVENTION DES
DEFAILLANCES D’ORGANE
Figure 1. Tournez vers l’extérieur le bras situé de votre côté de manière à ce qu’il
forme un angle de 90 º, coude fléchi, paume de la main vers le haut.
Figure 4. Tirez sur la jambe pour faire basculer le patient vers vous tout en
maintenant la main du patient contre sa joue.
48 BASIC DHS
Figure 5. Ajustez la jambe de manière à ce que la hanche et le genou soient fléchis
à 90 º.
Figure 6. Inclinez la tête vers l’arrière pour maintenir l’ouverture des voies aériennes,
ajustez la position de la main sous la joue pour garder la tête inclinée. Continuez de
contrôler la respiration du patient.
Pédiatrie
Si la taille et le poids corporel inférieurs des patients
pédiatriques facilitent leur mise en PLS, la tête et la
colonne cervicale doivent cependant être stabilisées
(comme pour les adultes) pendant et après le retournement.
Les nourrissons et les enfants en bas âge dont les membres sont
relativement courts ont tendance à basculer vers l’arrière ou l’avant
au lieu de rester en PLS. Un petit oreiller ou une petite couverture
roulée calée sous le dos peut permettre de les stabiliser dans la
position correcte. Il ne doit y avoir aucune pression sur la poitrine ou
l’abdomen susceptible de gêner la respiration.
50 BASIC DHS
• La subluxation mandibulaire exclut l’inclinaison de la tête et est
utile en cas de suspicion d’une instabilité cervicale (Figure 8).
Aspiration orotrachéale
L’aspiration peut être utile pour éliminer les sécrétions ou retirer de
petits corps étrangers des voies aériennes supérieures. Elle doit
être effectuée avec prudence chez les patients conscients, car elle
peut induire des vomissements. Chez l’enfant, elle peut précipiter un
laryngospasme ou un épisode d’apnée.
52 BASIC DHS
Figure 10. Insertion d’une canule oropharyngée
Chez l’enfant
La canule de Guedel (oropharyngée) peut être introduite en
suivant la courbure du palais ou inversée, puis retournée
doucement comme chez l’adulte. Le plus important est
d’utiliser la méthode la moins traumatique et la plus efficace chez le
patient concerné.
54 BASIC DHS
Figure 12. Positionnement correct de la canule : placez la canule oropharyngée au
coin de la bouche. L’extrémité doit être légèrement céphalique par rapport à l’angle
de la mandibule. Une canule trop grande risque d’entraîner une obstruction des voies
aériennes et éventuellement un laryngospasme. Une canule trop petite risque d’être
obstruée par la langue.
56 BASIC DHS
• Facilement entraîner un piégeage des gaz dans les poumons.
Une distension et des pressions intra thoraciques élevées
peuvent entraîner une instabilité hémodynamique importante.
Utilisez des volumes courants de 300 à 500 ml seulement, à des
fréquences respiratoires de 10 à 16/min.
• L’insufflation gastrique est fréquente et accroît le risque de
vomissement et d’inhalation. Une distension intra-abdominale
sévère peut provoquer des troubles cardiovasculaires. La mise
en place d’une sonde naso-gastrique peut être une solution
pour décomprimer l’estomac, mais une vidange complète du
contenu gastrique n’est pas garantie, et la mise en place de la
sonde peut provoquer un vomissement. L’introduction d’une
sonde, qui requiert un certain temps, interrompt la ventilation
et l’oxygénation. Chez le patient à l’estomac plein en situation
d’urgence, la ventilation au BAVU avec l’assistance d’une autre
personne appliquant une pression sur le cartilage cricoïde peut
être nécessaire jusqu’au rétablissement de la perméabilité des
voies aériennes (Figure 15).
Chez l’enfant
• S électionnez un masque d’une taille et d’une forme appropriées
pour obtenir une bonne étanchéité de l’interface masque-visage.
Le masque doit recouvrir la bouche et le nez sans toutefois les
comprimer, mais pas les yeux (Figure 15). Si l’enfant est entre
deux tailles, la plus grande est généralement préférable.
• Choisissez la taille du ballon en fonction du poids :
• < 10 kg : nouveau-né (volume de 200 à 250 ml)
• 10 à 30 kg : pédiatrique (volume de 600 à 700 ml)
• > 30 kg : adulte (volume de 1500 à 2000 ml)
• Les ballons pédiatriques ou adultes peuvent être utilisés pour
la plupart des patients à condition de veiller à administrer un
volume courant adéquat et de choisir un masque de la taille
appropriée.
58 BASIC DHS
• diaphragme et inhibe toute ventilation efficace ultérieure.
• Une expansion thoracique adéquate sans insufflation gastrique
majeure est le signe d’une ventilation au BAVU efficace. Utilisez
des pressions d’insufflation basses si possible ; un mouvement
thoracique tout juste visible est généralement adéquat.
• Les BAVU ne doivent pas être utilisés pour administrer de
l’oxygène à des enfants dont les efforts respiratoires spontanés
sont suffisants, car ils ne peuvent pas déclencher l’ouverture de
la valve sans l’assistance de la ventilation manuelle.
Intubation endotrachéale
• I l s’agit d’une méthode permettant la protection des voies
aériennes de façon définitive et qui requiert un haut niveau
de compétences techniques. Si l’intubation est nécessaire, un
anesthésiste doit être appelé.
60 BASIC DHS
Figure 18. Dans tous les cas, l’obstruction extra thoracique est aggravée à
l’inspiration. Les localisations courantes de l’obstruction sont illustrées ci-dessus. Les
corps étrangers peuvent se loger à n’importe quel niveau
Définitions
L’insuffisance respiratoire aiguë survient lorsque l’appareil
respiratoire ne permet plus de satisfaire les besoins métaboliques
de l’organisme. Les poumons ont deux fonctions majeures :
l’oxygénation du sang et l’élimination du dioxyde de carbone
(CO2). Selon l’étiologie, l’insuffisance respiratoire peut donc être
hypoxémique ou hypercapnique.
Physiopathologie de l’insuffisance
respiratoire aiguë
La compréhension de la physiopathologie facilite le classement
logique des multiples causes et états pathologiques. Elle
permet également d’identifier des stratégies de prise en charge
appropriées. L’appareil respiratoire est conçu pour transférer
l’oxygène de l’air ambiant dans le sang, qui assure ensuite sa
libération dans les tissus. Le CO2 est éliminé au cours de ce
processus. L’oxygène pénètre dans les poumons par le biais de la
ventilation et rejoint la circulation sanguine par diffusion à travers la
membrane alvéolaire. Les principales causes physiopathologiques
de l’insuffisance respiratoire sont répertoriées ci-après.
Hypoventilation
Lorsqu’il y a incapacité du poumon à faire entrer et sortir l’air, on
observe une hausse des concentrations alvéolo-capillaires de
CO2 (le CO2 qui est produit n’est pas éliminé), ainsi qu’une baisse
des concentrations alvéolo-capillaires d’O2, car l’oxygène absorbé
n’est pas remplacé. L’insuffisance respiratoire secondaire à une
hypoventilation sera donc compliquée d’une hypercapnie et d’une
hypoxie.
Myasthénie
C’est une maladie qui altère la transmission de l’influx
nerveux du nerf vers le muscle, provoquant une faiblesse
motrice. Les symptômes peuvent être améliorés par des
médicaments.
Cypho-scoliose
C’est une courbure anormale du rachis qui donne un dos
bossu et une déformation thoracique.
Spondylarthrite ankylosante
C’est une maladie qui entraîne une perte de souplesse et
une immobilité du rachis, accompagnée d’une fibrose du
poumon, résultant en une restriction de la ventilation.
Figure 2. Sites anatomiques dont l’atteinte pathologique peut entraîner des troubles
respiratoires
Déséquilibre ventilation/perfusion
Dans le poumon sain, la ventilation et la perfusion sont équilibrées.
Si les échanges gazeux alvéolo-capillaires sont réduits (alvéoles
collabées ou remplies de pus, de sang, ou d’œdème par exemple),
les alvéoles sont alors mieux perfusées que ventilées, et le sang
les traverse sans avoir eu le temps d’être oxygéné. En quittant ces
alvéoles, le sang faiblement oxygéné réduit la saturation globale en
oxygène dans la veine pulmonaire (Figure 3). Il s’agit de la cause
physiopathologique la plus fréquente de l’insuffisance respiratoire
hypoxémique. On parle généralement d’effet shunt.
64 BASIC DHS
Figure 3. Représentation schématique montrant une baisse de la saturation en
oxygène secondaire à un shunt. L’alvéole de droite est remplie de pus et n’est donc
pas ventilée. Résultat : le sang capillaire n’est pas oxygéné. Le sang désoxygéné
se mélange au sang qui a perfusé les alvéoles normalement ventilées et est donc
saturé à 100 %, ce qui réduit la saturation dans la veine pulmonaire. Peu à peu, la
vasoconstriction pulmonaire hypoxique réduit la proportion de sang perfusant les
unités pulmonaires non ventilées, ce qui minimise l’effet shunt. L’accroissement de
la FiO est relativement peu efficace, car le sang quittant les unités correctement
ventilées est déjà saturé à 100 %, et l’oxygène n’atteint pas le sang perfusant les
unités pulmonaires non ventilées.
Chez l’enfant
Les enfants ont des réserves ventilatoires moins
importantes et une consommation d’oxygène accrue. Leur
état se détériore donc plus rapidement. Plus l’enfant est
jeune, plus cela est vrai. Par conséquent, il est primordial que la
réanimation de l’enfant soit rapide et efficace.
Sévérité
Celle-ci peut être déterminée en évaluant le degré d’hypoxie
tissulaire et la réponse compensatoire (effort respiratoire et réponse
sympathique accrus).
• Hypoxie tissulaire : état neurologique altéré se traduisant par
une agitation, un coma ou des convulsions ; cyanose (notez que
la cyanose est difficile à détecter chez les patients à la peau
foncée).
• Efforts respiratoires accrus : tachypnée, utilisation des muscles
respiratoires accessoires, battements des ailes du nez, tirage
intercostal/suprasternal/ supraclaviculaire (Figure 4), ou
respiration paradoxale ou dyskinétique (balancenement thoraco-
abdominal).
• Remarque : Les signes cliniques mentionnés ci-dessus
peuvent disparaître si le patient est épuisé, très faible ou atteint
d’une maladie du système nerveux central qui est l’origine de
l’insuffisance respiratoire.
• Stimulation sympathique : sueurs, tachycardie, hypertension
(l’hypotension et la bradycardie sont des signes tardifs).
66 BASIC DHS
Figure 5. Signes d’insuffisance respiratoire sévère
Chez l’enfant
• La tachypnée est un signe d’insuffisance respiratoire
extrêmement important mais INSUFFISAMENT UTILISE :
reportez-vous toujours aux fréquences respiratoires normales
pour l’âge lors de l’évaluation d’un enfant malade.
• La tachypnée au repos en l’absence de douleur, l’anxiété et la
fièvre sont des signes très importants d’insuffisance respiratoire.
• Le battement des ailes du nez est un autre signe particulièrement
utile dans la mesure où il est corrélé à la demande respiratoire
maximale et demeure présent même chez les enfants dans un
état d’épuisement extrême.
Oxymétrie de pouls
L’oxymètre de pouls est un dispositif de surveillance très important,
voire le dispositif essentiel pour mesurer la saturation en oxygène
du sang artériel. Le lien entre la saturation et la PaO2 est décrit par
la courbe de dissociation de l’oxyhémoglobine (Figure 6).
Bien que les variations de la saturation soient dues à des variations
de la PaO2, la saturation constitue le déterminant majeur de la
concentration en oxygène et de sa libération dans les tissus.
Il est peu probable qu’un patient présentant une SaO2 > 95 % en air
ambiant soit atteint d’une pathologie pulmonaire grave.
Chez l’enfant
Les artefacts techniques et de mouvement sont fréquents.
Veillez à ce que le capteur de saturation soit correctement
appliqué de manière à ce que la lumière infrarouge émise
traverse effectivement les tissus.
Traitement
L’hypoxémie endommage les tissus et met en jeu le pronostic
vital si elle n’est pas corrigée. Une correction rapide de
l’hypoxémie est évidemment essentielle. L’hypoxémie doit être
traitée par oxygénothérapie et dans le même temps la cause
physiopathologique doit être déterminée et un traitement spécifique
débuté.
68 BASIC DHS
Posture
En général, l’équilibre ventilation/perfusion et la ventilation alvéolaire
sont meilleurs en position assise qu’en position couchée. Par
conséquent, le simple fait d’asseoir le patient peut entraîner une
amélioration considérable.
Chez l’enfant
La plupart du temps, les enfants trouvent spontanément
la meilleure position pour respirer. À moins qu’ils ne soient
complètement épuisés ou qu’ils soient trop jeunes pour
s’asseoir, les enfants présentant une détresse respiratoire se mettent
généralement en position assise et se penchent en avant pour
améliorer l’utilisation des muscles accessoires et faciliter le travail du
diaphragme. Ne les forcez pas à changer de position sauf indication
clinique contraire.
Oxygènothérapie
Oxygénothérapie
Rappellez vous que la pression alvéolaire en oxygène est Diverses méthodes ont été mises au point pour délivrer de
le facteur déterminant du transfert d’O2 vers le sang. Elle l’oxygène. La capacité de ces dispositifs à atteindre le débit
dépend essentiellement de la concentration d’O2 dans l’air
que respire le patient. Cette concentration sera modifiée inspiratoire spontané des patients détermine la portion d’air ambiant
par le débit d’O2 et le mode d’administration (lunettes, qui sera entraînée par le patient durant chaque cycle respiratoire.
masques…).
Chez l’enfant
Les enfants ont un débit inspiratoire inférieur. Par
conséquent, quel que soit le débit administré, la
concentration en oxygène inspiré est plus élevée que
chez l’adulte. Au lieu de se soucier de la concentration délivrée,
réglez initialement le dispositif sur le débit maximal, puis réduisez le
débit jusqu’à atteindre le seuil le plus bas permettant d’obtenir une
concentration en oxygène > 90 %.
Sonde nasale
La FiO2 trachéale maximale atteinte par une sonde nasale dépasse
rarement 0,4 chez l’adulte et est nettement plus faible chez les
Sonde nasale
FiO2 = fraction inspirée d’oxygène. C’est la même chose
patients qui respirent par la bouche. Des débits supérieurs ont un
que la concentration d’oxygène, sinon qu’elle est donnée effet déshydratant et irritant sur la muqueuse nasale. La sonde
par un chiffre entre à,21 et 1 (au lieu de 21% à 100%). Pour nasale est confortable et bien tolérée à des débits faibles, mais ne
convertir une FiO2 en concentration d’O2, multipliez par
100.
permet pas un contrôle précis de la FiO2.
Chez l’enfant
Chez le jeune enfant, les sondes nasales peuvent délivrer
des concentrations élevées en oxygène. Il faut utiliser
de l’oxygène humidifié en cas d’oxygénothérapie prolongée.
Tableau 1. FiO2 approximative délivrée par des masques faciaux simples chez l’adulte
Chez l’enfant
Les masques à haute concentration sont disponibles
dans différentes tailles et ont une efficacité optimale
lorsqu’ils sont parfaitement adaptés au visage de l’enfant.
Une étanchéité en serrant le masque sur le visage accroît la FiO2
administrée, mais il faut mettre cela en balance avec le risque
d’augmentation de la détresse respiratoire et du travail respiratoire.
70 BASIC DHS
Figure 8. BAVU avec ballon-réserve
Chez l’enfant
Les BAVU ne doivent pas être utilisés pour administrer
de l’oxygène à haut débit à des nourrissons qui respirent
spontanément (< 1 an). Les enfants de ce groupe d’âge
n’ont pas les muscles respiratoires suffisamment puissants pour
déclencher l’ouverture de la valve sans assistance (compression
manuelle du ballon-réserve).
Chez l’enfant
Les deux principales causes sont la bronchiolite (enfants
< 2 ans) et la pneumonie (tous âges).
72 BASIC DHS
Elle affecte essentiellement les enfants de moins de deux ans. Elle
est particulièrement sévère chez les nourrissons de moins de six
mois en raison de l’étroitesse de leurs voies aériennes qui sont
plus facilement obstruées et de leur capacité réduite à éliminer les
sécrétions.
Signes cliniques
• Souvent précédée d’un bref épisode d’infection des voies
respiratoires supérieures.
• Les signes d’atteinte des voies respiratoires inférieures incluent
la toux, la dyspnée, des sibilants et des difficultés d’alimentation.
La fièvre peut ne pas être présente (< 38,5 °C en général).
Des épisodes apnéiques peuvent également survenir chez le
nourrisson.
• Aggravation fréquente au cours des 3 à 5 premiers jours, avant
la survenue d’une amélioration. La toux et les sibilants peuvent
persister pendant plus d’une semaine.
• L’examen physique révèle souvent une détresse respiratoire, des
crépitants et des sibilants fins et diffus. Une otite moyenne peut
se développer en concomitance. La déshydratation est parfois
présente en raison de l’augmentation des besoins hydriques et
de la diminution de la prise de boissons.
• Cas sévères : détresse respiratoire persistante, hypoxémie,
apnée, obnubilation ou insuffisance respiratoire aiguë
• Une co-infection bactérienne est peu fréquente dans les cas
peu sévères (incidence < 2 %). Les enfants en état critique
présentent un risque accru (jusqu’à 9 %) de développer une
pneumonie bactérienne secondaire.
Investigations
• Les radiographies du thorax ne sont pas systématiquement
indiquées. Parmi les indications figurent entre autres : fièvre
chez le nourrisson de moins de 3 mois, détresse respiratoire
prononcée, foyer infectieux constaté à l’examen et nécessité
d’exclure d’autres diagnostics. Les signes radiologiques sont non
spécifiques et peuvent inclure une hyperinflation, des infiltrats
lobaires et/ou une atélectasie. La radiographie du thorax peut
être normale.
Diagnostic différentiel
• Sibilants induits par une infection virale ou asthme (enfant plus
âgé)
• Pneumonie
• Inhalation de corps étranger
• Aspiration broncho-pulmonaire
• Insuffisance cardiaque
Traitement
• Oxygénothérapie pour maintenir une saturation de 90 à 94 %
• Allaitement avec la tête relevée à 30 º
• Manipulation minimale de l’enfant
• Essayez les bronchodilatateurs inhalés en cas de détresse
respiratoire modérée à sévère : poursuivez ce traitement
uniquement en cas d’amélioration clinique objective (évaluée sur
FR, SpO2, sibilants et effort respiratoire).
• Essayez le salbutamol nébulisé 0,15 mg/kg (max. 5 mg) ou
inhalé par chambre d’inhalation et masque.
• Répétez 4 à 6 fois par heure en cas d’amélioration pendant la
première heure.
74 BASIC DHS
Choc
Le choc est un état dans lequel le débit sanguin vers les tissus
est insuffisant pour répondre aux besoins. Bien que le choc
soit souvent associé à une hypotension, celle-ci n’est pas
nécessairement présente, et une pression artérielle normale
n’exclut pas le diagnostic de choc.
Bradycardie
sévère ou
tachycardie
dans le choc
induit par une
arythmie
Hypovolémique Tachycardie Basse Froides, capillaire
modérée remplissage lent capillaire rapide
Distributif Tachycardie Basse Chaudes,
modérée remplissage
Obstructif* Tachycardie Très élevée Froides,
(obstacle au modérée remplissage
remplissage ou capillaire lent
à la vidange
cardiaque)
Choc 75
Chez l’enfant
• Les jeunes enfants ont une capacité limitée d’augmenter leur
volume d’éjection systolique.
• Le débit cardiaque et la pression artérielle moyenne sont
préservés dans les premières phases du choc grâce à une
augmentation de la fréquence cardiaque et des résistances
vasculaires systémiques.
• La tachycardie est un bon indicateur de la sévérité du choc et est
généralement plus prononcée que chez l’adulte.
• Les signes d’altération de la perfusion périphérique et de
vasoconstriction compensatoire (extrémités plus froides,
allongement du temps de remplissage capillaire) sont évocateurs
de choc chez l’enfant.
• Le choc septique « chaud » observé chez l’adulte est souvent
de courte durée ou absent chez l’enfant, en particulier chez le
nourrisson de moins de 6 mois. Les enfants en état de choc
septique peuvent présenter une vasodilatation périphérique, mais
une vasoconstriction périphérique et des extrémités froides sont
plus probables.
• Les deux causes les plus fréquentes de choc chez les patients
en état critique sont le choc distributif (lié à un sepsis) et le choc
hypovolémique.
Choc hypovolémique
Le choc hypovolémique est dû à une déplétion du volume
intravasculaire. Les causes les plus fréquentes chez l’adulte sont
répertoriées dans le Tableau 2. Les causes liées à la grossesse
doivent toujours être envisagées chez les femmes en âge de
procréer.
76 BASIC DHS
Physiopathologie Cause Eléménts diagnostiques
Choc 77
Chez l’enfant
Les causes les plus fréquentes du choc hypovolémique sont
répertoriées ci-après.
• Déshydratation
• La GASTRO-ENTÉRITE est la cause la plus importante.
• Apport liquidien oral insuffisant
• Acidocétose diabétique
• Séquestration liquidienne dans un troisième secteur (péritonite,
occlusion intestinale)
• Pertes sanguines liée à un traumatisme
Chez l’enfant
Des mécanismes compensatoires initialement
puissants (tachycardie, vasoconstriction intense) et
l’absence de signes d’hypoperfusion viscérale jusqu’à la survenue
d’une hypovolémie significative peuvent retarder le diagnostic de
choc hypovolémique chez l’enfant. En outre, les changements de
l’état neurologique associés à des degrés d’hypovolémie plus faibles
sont subtils et non spécifiques (angoisse, légère agitation), ce qui
complique leur détection.
78 BASIC DHS
Ce sont des symptômes tardifs et critiques qui peuvent évoluer
rapidement vers collapsus cardiovasculaire brutal.
Chez l’enfant
• Un abord vasculaire doit être obtenu rapidement : optez sans
tarder
• pour la perfusion intra-osseuse si l’abord IV n’est pas obtenu en
• quelques minutes (ou après trois tentatives de pose d’une voie
veineuse).
• La réanimation volémique débute par l’administration en
bolus rapide de 20 ml/kg de Ringer’s lactate ou de sérum
physiologique. Le même bolus peut être répété deux fois (60 ml/
kg au total) en l’absence de réponse ET de signe de surcharge
volémique.
• Signes d’amélioration :
• Diminution de la tachycardie
• Amélioration de la perfusion périphérique
• Absence de signes de choc sévère
• La réanimation volémique chez l’enfant souffrant de malnutrition
sévère avec choc hypovolémique doit être plus prudente :
administrez des petits bolus (15 ml/kg) sur une plus longue
Choc 79
période (1 heure). Dose
Diluer dans du sérum physiologique 0.01 mg/kg d’adrénaline
• Comme chez l’adulte, les bolus d’épinéphrine (= adrénaline) (0.1 ml/kg d’une solution d’adrénaline 1:10 000) pour obtenir
peuvent s’avérer nécessaires pour stabiliser les fonctions vitales un volume total de 10 ml. Administrer par bolus de 1 ml en 1
tout en corrigeant l’hypovolémie. fois (=0.001 mg/kg), suivi d’un rinçage de la tubulure et d’une
ré-évaluation.
Choc distributif
Le choc distributif survient lorsque la vasodilatation périphérique
provoque une chute des résistances périphériques. La cause la
plus fréquente du choc distributif est le choc septique. D’autres
causes moins fréquentes sont le choc anaphylactique, l’insuffisance
surrénalienne aiguë et le choc neurogène. Avant la réanimation,
les patients en état de choc septique présentent une perte de
liquide intravasculaire provenant des capillaires. Le débit cardiaque
est généralement accru, mais la perfusion de nombreux organes
vitaux est altérée en raison d’une pression sanguine trop basse
et de l’incapacité de l’organisme à répartir le sang dans le corps.
Le tableau clinique inclut des extrémités chaudes et un pouls
bondissant associés à des signes d’hypoperfusion tissulaire au
niveau d’autres organes, tels que l’altération de l’état neurologique et
l’oligurie.
Choc cardiogénique
Le choc cardiogénique est dû à une défaillance de la pompe Cardiomyopathie
Maladie du muscle cardiaque qui n’est pas due à une
cardiaque résultant d’une insuffisance myocardique ou valvulaire. infection ou à de l’ischémie.
Choc obstructif
Le choc obstructif est caractérisé sur le plan hémodynamique
par une diminution du débit cardiaque, une vasoconstriction
périphérique et une tachycardie. Selon l’étiologie, on observe
habituellement, mais pas systématiquement, une élévation de la
pression veineuse jugulaire.
Choc 81
Figure 1B.
B. Laissez la pression chuter lentement tout en écoutant les bruits de Korotkov. Notez
la pression à laquelle les bruits apparaissent (initialement, ils ne sont perceptibles
qu’à l’expiration). C. Continuez de dégonfler le brassard et notez la pression à laquelle
les bruits sont entendus à la fois en expiration et en inspiration. Une différence de
pression supérieure à 10 mmHg est anormale.
Tamponnade cardiaque
La tamponnade cardiaque constitue un choc obstructif Tamponnade cardiaque
Compression externe du coeur. Cela limite le remplissage
extracardiaque dû à une obstruction mécanique au remplissage du cœur pendant la diastole, ce qui provoque une baisse
cardiaque. Une pression veineuse jugulaire élevée associée à du débit cardiaque. Cela peut être du à une maladie du
une pression artérielle faible doit faire penser à une tamponnade péricarde ou à une collection de sang ou de liquide entre le
muscle cardiaque et le péricarde.
cardiaque. Le pouls paradoxal (baisse marquée de la pression
artérielle systolique et du volume d’éjection systolique à l’inspiration)
est un signe clinique important évocateur d’une tamponnade
cardiaque (tamponnade Figure 1). (La diminution de la pression
artérielle pendant l’inspiration ne doit pas dépasser 10 mmHg.) Le
traitement initial est une ponction péricardique en urgence, suivie
d’une intervention chirurgicale si nécessaire.
Pneumothorax suffocant
Le pneumothorax suffocant est traité par une exsufflation à l’aiguille,
suivie de la mise en place d’un drain pleural (Figure 2).
82 BASIC DHS
Dopamine
• Catécholamine à action brève
• Accroît la contractilité
• Accroît la fréquence cardiaque
• Vasoconstricteur
• À perfuser à l’aide d’une seringue électrique pour permettre une
administration précise du médicament.
• L’extravasation de dopamine hors de la veine provoque une
vasoconstriction locale sévère et une nécrose des tissus mous.
La dopamine ne doit être administrée que par le biais d’une
canule intraveineuse de bon calibre qui doit être inspectée
fréquemment.
Épinéphrine
• Catécholamine à action brève
• Accroît la contractilité
• Augmente la fréquence cardiaque (plus que la dopamine).
• Provoque une vasoconstriction.
• L’extravasation d’adrénaline hors de la veine a les mêmes effets
que celle de la dopamine et les mêmes précautions doivent être
prises.
Chez l’enfant
Dans le choc menaçant immédiatement le pronostic vital,
administrez 1 µg/kg (0,1 ml/kg d’une solution diluée au
1/100 000) en IV ou IO, puis répétez si nécessaire.
Choc 83
84 BASIC DHS
Sepsis sévère et choc septique
Réanimation
Une réanimation précoce et agressive doit être débutée dès qu’une
insuffisance de l’apport d’oxygène aux tissus a été identifiée. Dans
la phase de réanimation initiale, les paramètres hémodynamiques
ciblés sont :
• Débit urinaire ≥ 0,5 ml/kg/h, temps de remplissage capillaire
< 3 s,
• absence de marbrures cutanées
• Amélioration de l’état de conscience
• Pression veineuse jugulaire 3 à 7 cm au-dessus de l’angle sternal
• Pression artérielle moyenne ≥ 65 mmHg
Chez l’enfant
Les critères d’amélioration initiaux incluent les suivants :
• amélioration de l’état neurologique,
• baisse de la fréquence cardiaque dans la plage normale pour
l’âge du patient,
• amélioration de la perfusion avec restauration des pouls
périphériques et de la pression artérielle pour l’âge,
• accroissement du débit urinaire (>1 ml/kg/h).
Liquides
Des cristalloïdes doivent être utilisés pour la réanimation volémique.
Effectuez une épreuve de remplissage en administrant 500 à
1000 ml de cristalloïde sur 30 minutes, puis répétez si nécessaire,
en fonction de la réponse (pression artérielle et signes de perfusion
tissulaire) et de la tolérance (signes d’une surcharge liquidienne
intravasculaire). Les patients hypotendus doivent recevoir le
remplissage vasculaire plus rapidement. Le bilan entrées-sorties ne
permet pas d’évaluer les besoins liquidiens pendant les premières
24 heures en raison de la fuite capillaire qui caractérise le sepsis.
Chez l’enfant
Administrez 20 ml/kg de cristalloïde en bolus le plus
rapidement possible, jusqu’à deux fois. Chez les enfants
souffrant de malnutrition sévère, administrez de plus petits
bolus (15 ml/kg) sur une heure.
Dopamine
Un traitement par dopamine doit être instauré si la réanimation
volémique ne permet de rétablir la pression artérielle et la perfusion
tissulaire à des niveaux adéquats. Chez les patients souffrant
d’hypotension sévère, l’administration de dopamine peut être
nécessaire avant que l’hypovolémie ait été entièrement corrigée, afin
de stabiliser les fonctions vitales.
86 BASIC DHS
Oxygène
L’hypoxémie est fréquente chez les patients atteints de sepsis.
Administrez de l’oxygène pour maintenir la SpO2 au-dessus de
90 % ou de manière empirique si l’oxymétrie de pouls n’est pas
disponible.
Corticoïdes
Envisagez l’administration de corticoides chez les patients
nécessitant une dose élevée et en augmentation de dopamine (>
20 mcg/kg/mn) ou d’adrénaline (> 0.4 mcg/kg/mn). Cela permet de
réduire les besoins en dopamine ou adrénaline. Il fau diminuer la
dose progressivement lorsque la dopamine ou l’adrénaline ne sont
plus utiles. Dose : hydrocortisone 100mg toutes les 8 heures.
Chez l’enfant
Inoculez au moins 1 à 3 ml de sang dans chaque flacon.
Chez l’enfant
Une ponction lombaire doit être effectuée chez tout
nouveau-né (de moins de 30 jours) fébrile en vue de
l’examen cytologique et bactériologique du liquide céphalo-
rachidien (LCR). Cette procédure peut devoir être reportée en
raison de l’instabilité du patient, mais doit être réalisée dès qu’elle
ne comporte plus de risques. Chez les enfants plus âgés, le
Traitement étiologique
Le traitement étiologique du sepsis consiste à contrôler le foyer
infectieux et à administrer des antimicrobiens.
Choix de l’antimicrobien
Le choix du traitement empirique initial doit se porter sur des
antimicrobiens à spectre suffisamment large pour couvrir les
pathogènes les plus probables et se fonder sur la connaissance de
l’écologie microbienne et des profils de sensibilité locaux. En effet,
ces paramètres varient d’un pays à l’autre, d’un centre hospitalier
à l’autre au sein d’un même pays, voire même d’une unité de soins
intensifs à l’autre au sein du même centre hospitalier. Ils varient
également selon le site anatomique de l’infection et le statut VIH.
Dans les régions endémiques, envisagez un traitement antipaludéen
si le tableau clinique correspond (le sepsis sévère peut être dû
au paludisme ou en être une complication). D’autres traitements
empiriques dirigés contre des pathogènes endémiques peuvent être
nécessaires selon les particularités locales et l’indice de suspicion
clinique.
88 BASIC DHS
clinique, sont suffisantes. Cependant, certaines pathologies
peuvent requérir un traitement prolongé.
VIH
Les patients infectés par le VIH présentent un risque accru de
développer des infections responsbles d’un sepsis sévère.
Étiologies du sepsis
• Les infections des voies respiratoires et les bactériémies sont les
principales sources de sepsis.
• Pathogènes respiratoires fréquents :
• Streptococcus pneumoniae
• Haemophilus influenza
• Staphylococcus aureus
• Pseudomonas aeruginosa
• Pneumocystis jiroveci, précédemment considéré comme rare
dans les pays démunis, alors que des études récentes suggèrent
une prévalence accrue
• Mycobacterium tuberculosis
• Étiologies fréquentes de bactériémies :
• Streptococcus pneumoniae
• Mycobacterium tuberculosis
• Mycobacterium avium
• Salmonelles et shigelles, fréquentes chez les patients présentant
des symptômes gastro-intestinaux
Chez l’enfant
Étiologies du sepsis :
• Le type de pathogènes dépend du groupe d’âge.
• Pathogènes respiratoires fréquents
• Nouveau-nés: Strep spp, entérobactériacées, Listeria spp,
Chlamydia trachomatis, S. aureus
• Enfants > 1 mois: Strep spp, H. influenza, S. aureus,
Mycobacterium tuberculosis
• Étiologies de bactériémie :
• Enfants < 3 mois: S. agalactiae, E. coli, Listeria spp, +/- herpès
simplex
• Enfants > 3 mois: S. pneumonia, N. meningitidis, H. influenza, S.
aureus, S. pyogenes
90 BASIC DHS
Urgences neurologiques
Coma
Anatomie
Urgences neurologiques 91
cérébral. Les atteintes intrinsèques du tronc cérébral se manifestent
habituellement par une perte de conscience brutale sans grande
progression ultérieure (à l’exception de la perte d’autres réflexes du
tronc cérébral), tandis que les atteintes provoquant une distorsion
du tronc cérébral sont caractérisées par une perte de conscience
progressive.
92 BASIC DHS
Score Réponse Réponse verbale Ouverture des
motrice yeux
1 Nulle Nulle Nulle
2 Extension Incompréhensible À la douleur
stéréotypée
3 Flexion Inappropriée À l’appel
stéréotypée
4 Évitement Confuse Spontanée
5 Orientée Orientée
6 Sur commande
Chez l’enfant
Score Nourrissons Enfants
Ouverture
Aucune modification requise du critère de cotation
des yeux
Réponse
verbale
1 Nulle Nulle
Réponse
motrice
1 Nulle
2 Décérébration à la douleur
(extension anormale)
3 Décérébration
à la douleur Aucune modification
requise du critère
(flexion anormale)
de cotation
4 Évitement à la
douleur
5 Évitement au toucher
6 Mouvements spontanés et
volontaires
Urgences neurologiques 93
ontrôlez la glycémie. Administrez de la thiamine 100 mg (qui
• C
peut être omise si l’hypoglycémie n’est à l’évidence pas liée à la
consommation d’alcool et que le patient n’est pas dénutri) et du
glucose en cas d’hypoglycémie (solution glucosée à 50 %, 25 à
50 ml sur 2 min en IV). Si la glycémie ne peut être contrôlée,
administrez du glucose systématiquement.
Chez l’enfant
Administrez 5 ml/kg de solution glucosée à 10 %.
Détermination de l’étiologie
Antécédents
• Délai de survenue : une perte de conscience soudaine suggère
une hémorragie intracrânienne ou un infarctus du tronc cérébral.
• Les céphalées sont caractéristiques de l’hémorragie cérébrale,
cérébelleuse et subarachnoïdienne.
• Les troubles des fonctions cognitives (perte de mémoire,
hallucinations, etc.) peuvent précéder la perte de conscience
dans l’épilepsie.
• Pensez à l’ingestion de médicaments et de poisons.
Examen
Il est possible d’obtenir des indices permettent d’établir un diagnostic
probable en répondant à ces deux questions (Figure 4) :
• Présence de signes de localisation ou de latéralisation ?
• Syndrome méningé ?
Signes de localisation
Signes cliniques indiquant une lésion d’une partie localisée
du cerveau.
Signes de latéralisation
Signes cliniques indiquant une lésion intéressant un côté du
cerveau seulement.
Syndrome méningé
Signes cliniques d’irritation méningée, comme la raideur de
nuque et la photophopie.
94 BASIC DHS
Coma non traumatique pédiatrique
Étiologies
• L’hémorragie et l’infarctus sont rares.
Antécédents
• Délai de survenue : une diminution brutale de l’état de
conscience est évocatrice de convulsions, d’une intoxication
ou d’un traumatisme crânien récent non reconnu (parfois
apparemment insignifiant). En revanche, une détérioration
progressive suggère une infection ou des troubles métaboliques.
• Interrogez sur le traitement médicamenteux en cours, l’éventuelle
ingestion accidentelle de médicament et l’utilisation de remèdes
traditionnels.
Examen du patient
Notez la position et la posture du patient et tout mouvement
spontané.
Syndrome méningé
• Pensez à une méningite, une encéphalite ou une hémorragie
subarachnoïdienne.
• Explorez l’éventualité d’un traumatisme avant de tester la raideur
de la nuque.
Fond d’œil
Recherchez :
• un œdème papillaire suggérant une hypertension intracrânienne
datant de plus d’une semaine (Figure 5),
• un saignement évocateur d’une hémorragie subarachnoïdienne,
• des emboles suggérant un accident embolique,
• une rétinopathie hypertensive ou diabétique.
Urgences neurologiques 95
Figure 5. Œdème papillaire sévère © Jonathan Trobe, M.D., University of Michigan,
Kellogg Eye Center. Reproduit selon les termes de la licence Attribution 3.0 Unported
de Creative Commons.
Réflexes pupillaires
• Implique le nerf III et ses noyaux (constriction pupillaire) dans le
mésencéphale et la voie sympathique (dilatation pupillaire) dans
le pont (Figure 6).
• Dans des conditions normales, la stimulation lumineuse d’une
rétine entraîne une constriction des deux pupilles.
Figure 6. Structures impliquées dans les réflexes papillaires (en bleu), cornéens (en
vert) et pharyngés (en rouge).
96 BASIC DHS
Figure 7a. Une mydriase unilatérale aréactive suggère une hernie cérébrale à
l’origine d’une paralysie du NC III. La deuxième figure montre une dilatation aréactive
de la pupille droite. Notez que la pupille gauche se contracte normalement en
réaction à la lumière projetée sur l’œil droit.
Figure 7c. Un myosis bilatéral peu réactif est caractéristique d’une lésion pontique.
Urgences neurologiques 97
• R
éflexe cornéen :
• Les fibres nerveuses de la cornée traversent le 5e nerf crânien
et ses noyaux avant de rejoindre les noyaux du nerf facial
dans le pont (Figure 6).
• La stimulation de l’une ou l’autre cornée doit engendrer une
réponse bilatérale.
• Veillez à stimuler la cornée et non la conjonctive (Figure 8).
98 BASIC DHS
Figure 10. Réflexe oculo-céphalique Si le réflexe est présent, les yeux restent fixés
sur un point et NE dévient PAS avec la tête.
• Mouvements oculaires :
• Des lésions cérébrales étendues produisent une déviation
conjuguée et persistante des yeux du côté de la lésion (du
côté opposé à la paralysie du membre le cas échéant).
Mouvement conjugué des yeux • Des mouvements oculaires ondulatoires conjugués bilatéraux
Mouvement simultané des 2 yeux dans la même direction
apparemment complets indiquent l’intégrité du tronc cérébral.
• Réflexe pharyngé :
• Le contingent sensitif de ce réflexe implique le nerf glosso-
pharyngien et le contingent moteur le nerf vagal.
• Les noyaux sont situés dans le bulbe rachidien (Figure 6).
• La réponse normale est un mouvement symétrique du palais
à la stimulation de la paroi postérieure de l’oropharynx, du
côté droit comme du côté gauche.
Fonction motrice : tonicité, réponse à la douleur et réflexes
Recherchez :
• une asymétrie ;
• des tremblements (observés le plus souvent dans le coma
métabolique, hypercapnique et d’origine médicamenteuse) ;
• des myoclonies (observée le plus souvent dans l’anoxie
cérébrale)
Myoclonies • un astérixis ;
Mouvement involontaire, saccadé et soudain d’un muscle
ou d’un groupe de muscles. Anormal lorsqu’elles sont • une rigidité : trouble métabolique, trouble de la
persistantes et diffuses. thermorégulation, intoxication aux amphétamines ou aux
phénothiazines ;
• une limitation des mouvements d’un membre ou des
membres d’un seul côté du corps indique une lésion localisée.
Une limitation des mouvements des quatre membres est due
à une lésion cérébrale diffuse ou à une atteinte localisée du
tronc cérébral ;
• Une hypotension ne répondant pas au remplissage vasculaire
dans le contexte d’un coma métabolique ou médicamenteux
suggère une intoxication aux barbituriques ou aux opiacés, un
myxœdème ou une crise addisonienne. Un sepsis occulte doit
être exclu.
Crise addisonienne
Insuffisance aigue des glandes surrénales aboutissant à
un état de choc.
Chez l’enfant
Examen
• Plus difficile que chez l’adulte
• Les signes classiques du syndrome méningé sont généralement
absents chez les jeunes enfants de moins de deux ans. Même
chez les enfants plus âgés, l’absence de syndrome méningé
n’exclut pas une irritation méningée.
• Mesurez le périmètre crânien et examinez les sutures et les
fontanelles chez les nourrissons et les jeunes enfants.
• Une légère hypertonie des membres est normale chez les
Urgences neurologiques 99
nourrissons de moins de trois mois.
• Un réflexe cutané plantaire en extension peut être normal chez
les jeunes enfants jusqu’à l’âge de deux ans.
Coma fébrile
La fièvre est un signe particulièrement important chez les patients
à la conscience altérée, car elle indique la plupart du temps
une infection du système nerveux central. Chez ces patients,
la réduction du délai d’instauration du traitement anti-infectieux
approprié est essentielle pour diminuer la morbi-mortalité. Cela est
particulièrement vrai pour la méningite bactérienne communautaire
et le neuropaludisme.
Tableau 4. Principales causes traitables des infections du SNC (autres causes rares
traitables : listériose, syphilis, brucellose, infection à mycoplasme)
Sepsis systémique
L’absence de signes de localisation ou de latéralisation et la
présence d’autres signes évocateurs de sepsis (tachycardie,
tachypnée, fièvre, etc.) doivent faire penser à un sepsis systémique.
Pensez au neuropaludisme dans les régions où le paludisme à
Plasmodium falciparum est endémique.
Diagnostic
L’état de mal épileptique généralisé se manifeste par des
crises convulsives toniques et/ou cloniques récurrentes sans
rétablissement complet de la conscience avant le début de la crise
suivante ou par une activité convulsive clinique et/ou électrique
continue généralisée durant plus de 30 minutes. Aussi, une crise
d’épilepsie survenant dans l’environnement familier et se poursuivant
au centre hospitalier doit être traitée comme un état de mal
épileptique.
Traitement
Réanimation
• Contrôlez les voies aériennes, la respiration et la circulation.
• Une canule nasopharyngée peut s’avérer très utile pour identifier
l’obstruction des voies aériennes s’il est impossible d’ouvrir la
bouche du patient.
• Administrez de l’oxygène par masque facial.
• Assistez la ventilation avec un BAVU si nécessaire.
• Placez le patient en PLS sur son côté gauche si la respiration est
adéquate.
• Introduisez un cathéter intraveineux et effectuez un prélèvement
sanguin pour analyse.
Hypoglycémie
En cas d’hypoglycémie ou en l’absence d’appareil de mesure de la
glycémie, administrez d’abord 100 mg de thiamine, puis 25 à 50 ml
de solution glucosée à 50 % en bolus IV.
Phénytoïne
Chez les patients en état de mal épileptique, la phénytoïne (si
elle est disponible) doit être administrée immédiatement après le
Phénobarbital
Si la phénytoïne n’est pas disponible ou si le patient est déjà traité
par cette substance, administrez 10 mg/kg de phénobarbital en
IV sur 15 minutes. Notez que le phénobarbital peut entraîner une
dépression respiratoire. Par conséquent, la fréquence respiratoire
doit être étroitement surveillée.
Grossesse
Les crises épileptiques pendant la grossesse (en général à plus de
30 semaines ou immédiatement post-partum) peuvent être dues à
une éclampsie (voir le chapitre Obstétrique).
Pédiatrie
Cette rubrique doit être lue en conjonction avec le reste du
chapitre. Les aspects de la prise en charge des patients
adultes qui s’appliquent également aux enfants ne sont pas
répété s ici.
Diagnostic
L’état de mal épileptique est souvent atypique chez le nourrisson :
• apnées répétées ou respiration irrégulière,
• mouvements orobuccaux (mâchonnements, succion),
• mouvements de pédalage des membres inférieurs.
Hypoglycémie
En cas d’hypoglycémie ou en l’absence d’appareil de mesure de
la glycémie, administrez 5 ml/kg de solution glucosée à 10 % en
intraveineuse.
Benzodiazépine
• Diazépam 0,2 mg/kg en IV ou 0,5 mg/kg par voie rectale
OU
• Midazolam 0,1 mg/kg en IV
• Répétez une fois si la crise n’est pas terminée dans les cinq
minutes qui suivent.
Délire
Le délire est une modification aigue de l’état neurologique ou une
humeur fluctuante associés à :
• un trouble de l’attention,
• une désorganisation de la pensée,
• une confusion,
• une altération de l’état de conscience.
Physiopathologie
Chez le sujet sain, l’extraction d’oxygène de la partie externe de la
médullaire du rein est quasiment maximale. Résultat : cette partie
du rein est très vulnérable à l’hypoxie en raison de la diminution du
débit sanguin.
Pédiatrie
Cette rubrique doit être lue en conjonction avec le reste du
chapitre. Les aspects de la prise en charge des patients
adultes qui s’appliquent également aux enfants ne sont pas
répétés ici.
Prévention primaire
Réanimation adéquate rapide et prévention de l’hypovolémie
Évitez si possible les médicaments néphrotoxiques.
Prévention secondaire
L’objectif est de maintenir la perfusion rénale, l’oxygénation Oxygénation médullaire
Oxygenation de la partie centrale d’un organe, ici le rein.
médullaire et la filtration glomérulaire en associant l’expansion
volémique et les vasopresseurs et en évitant une autre lésion
iatrogène. Traitez la cause et pensez au sepsis en particulier.
Traitement
Oligurie
• Notez les antécédents : facteurs de risque, causes de
l’insuffisance rénale et symptômes d’obstruction urinaire
chronique.
Chez l’enfant
Le débit urinaire cible est de 1 à 2 ml/kg/h. Dans les pays
tropicaux, l’insuffisance rénale aiguë chez l’enfant est
généralement due à une perfusion rénale inadéquate. La
réanimation volémique est donc particulièrement importante.
Liquides et aliments
• Restriction liquidienne :
• Apport liquidien quotidien = débit urinaire du jour précédant
plus 500 à 1000 ml
• Restreindre l’apport en sodium et en potassium.
• Le furosémide à forte dose (50 à 250 mg en IV) peut accroître
le débit urinaire et prévenir la surcharge volémique, mais
n’améliore pas la fonction rénale. Le furosémide NE doit PAS
Hyperkaliémie
(Voir le chapitre Troubles métaboliques et électrolytiques)
La stratégie thérapeutique dépend de la sévérité :
• En cas d’hyperkaliémie modérée (5,5 à 6,5 mmol/l), utilisez des
résines échangeuses d’ions et des diurétiques de l’anse et
restreignez les apports de potassium.
• En cas d’hyperkaliémie sévère (> 6,5 mmol/l), administrez une
solution glucosée associée à de l’insuline, au bicarbonate de
sodium en IV et au salbutamol ou à l’albutérol inhalé (10 à 20 mg
en nébulisation ou 12 bouffées par aérosol-doseur).
• En cas d’insuffisance rénale obstructive, le drainage des urines
est souvent insuffisant pour contrôler l’hyperkaliémie.
• Pour plus de détails, consultez le chapitre Troubles métaboliques
et électrolytiques.
Posologie médicamenteuse
Réduisez la dose des médicaments excrétés par voie rénale.
Chez l’enfant
• Si les antécédents et la couleur des urines suggèrent une
myoglobinurie, le débit urinaire cible est de 2 ml/kg/h. Sinon, la
cible est de 1 ml/kg/h.
Traitement de l’IRA
Liquides et aliments
• Restriction liquidienne :
• L’apport liquidien quotidien (alimentation incluse) doit
remplacer le débit urinaire auquel s’ajoutent les pertes
insensibles (300 à 400 ml/m2/jour).
• Restreignez l’apport en sodium et en potassium.
• Une alimentation adéquate est essentielle en raison de
l’augmentation du catabolisme et du risque de malnutrition
chez l’enfant atteint d’insuffisance rénale aiguë. Les restrictions
protéiques et liquidiennes peuvent toutefois être un obstacle à
une bonne alimentation.
• Le furosémide à forte dose (1 à 3 mg/kg en bolus IV, suivi d’une
perfusion à une vitesse maximale de 0,5 mg/kg/h) peut accroître
le débit urinaire. Comme pour l’adulte, le furosémide NE doit PAS
être administré sauf si le patient a été préalablement a bénéficié
d’un remplissage vasculaire adapté et si sa pression artérielle est
adéquate.
Pronostic
Si la cause de l’insuffisance rénale aiguë est éliminée, une
récupération peut débuter dans les quatre à cinq jours suivants, mais
la récupération complète peut prendre plusieurs semaines.
Acidocétose diabétique
Remarque: Les troubles métaboliques aigus et la déshydratation
sont plus dangereux que la glycémie élevée.
Étiologies
• Dans 20 % des cas, l’acidocétose diabétique est la manifestation
initiale du diabète sucré.
• Défaut de prise d’insuline (diabète de type I)
• Infection
• Causes d’inflammatoires non infectieuses (infarctus du myocarde
notamment)
• Activité physique excessive
Signes cliniques
Symptômes
• Durée variant de quelques semaines à quelques jours en cas
d’antécédents
• Symptômes osmotiques : soif, polydipsie, polyurie
• Perte d’apétit
• Vomissements ± diarrhée (Les vomissements constituent un
signe avant-coureur chez les diabétiques avérés.)
• Douleur abdominale : gêne diffuse, persistante, affectant souvent
l’abdomen tout entier, mais généralement centrée sur l’ombilic
Signes
Trois signes cardinaux :
• Déshydratation
• Hyperventilation (soupirs profonds)
• Haleine cétonique
Autres
• Confusion/coma
• ± Choc
• Signes de diabète et complications
• ± Signes de facteur déclenchant. Recherchez toujours
attentivement des signes d’infection.
Investigations
• Hyperglycémie
• Glycosurie et cétonurie en présence d’un débit urinaire adéquat.
• Notez que la sous-alimentation provoque une cétonurie légère.
Dans l’acidocétose, le taux de cétones dans les urines est élevé
à très élevé.
• Baisse du taux de bicarbonates sériques
• Si possible, mesurez les taux de sodium, chlorure et bicarbonate
plasmatiques et calculez le trou anionique.
Traitement
Général
• Transférez les cas sévères en USI sans tarder.
• Envisagez la pose d’une sonde nasogastrique (pour éviter
l’inhalation du contenu gastrique) chez le patient inconscient/
sévèrement obnubilé ou en cas de vomissements sévères :
gastroparésie fréquente
• Sonde urinaire (cas sévères)
• L’acidose est corrigée par l’insulinothérapie et la réhydratation.
L’administration de bicarbonate n’est pas indiquée, notamment
parce qu’elle accroît le risque d’œdème cérébral.
Apports liquidiens
• Remarque: Les patients présentant une acidocétose de survenue
rapide ne souffrent pas nécessairement de déshydratation
sévère, contrairement aux patients chez lesquels elle s’est
développée progressivement.
• Le débit urinaire est le signe de déshydratation le plus utile. Si
le débit urinaire est satisfaisant, le patient n’est pas sévèrement
déshydraté.
• Démarrez la réhydratation par 1l de sérum physiologique
administré aussi rapidement que possible, puis diminuez à 1 l/h
pendant quelques heures, mais augmentez la dose en fonction
du débit urinaire. La réanimation volémique doit être plus
prudente chez les personnes âgées, les femmes enceintes et les
patients atteints d’insuffisance cardiaque ou rénale.
• Lorsque la glycémie plasmatique a diminué à 12 mmol/l (220 mg/
dl), démarrez l’administration IV d’une solution glucosée à 5 %
associée à 4 g/l de NaCl à la place du sérum physiologique.
L’hyperglycémie est corrigée plus rapidement que l’acidose, et il
est important de poursuivre la perfusion d’insuline.
• Le remplacement du potassium fait partie du traitement
de l’acidocétose diabétique. En raison du déficit corporel
total en potassium, la correction de l’acidose en l’absence
d’administration de potassium entraîne en général rapidement
une hypokaliémie.
• Lorsque K+ < 5,3 mmol/l, ajoutez 20 mmol de KCl par litre de
perfusion UNIQUEMENT SI le débit urinaire > 50 ml/h. La cible du
K sérique est de 4 à 5 mmol/l.
• Si K+ < 3,5 mmol/l, démarrez la perfusion de KCl immédiatement
(administrez 20 mmol de KCl dilué dans 250 ml de sérum
physiologique sur une heure). N’administrez pas d’insuline avant
que K+ > 3,5 mmol/l, car l’insuline peut entraîner une hypokaliémie.
• Si possible, contrôlez le taux de potassium toutes les heures
pendant trois heures, puis toutes les deux heures.
• Arrêtez l’administration liquidienne intraveineuse lorsque le
patient peut manger et boire sans assistance et lorsque la
glycémie < 12 mmol/l (220 mg/dl).
Insuline
• La glycémie tend à chuter à l’instauration de la réanimation par
expansion volémique. Pour éviter une correction trop rapide,
démarrez la perfusion d’insuline 30 à 60 minutes après le début
du traitement liquidien (et après correction de l’hypokaliémie).
Des bolus d’insuline ne doivent pas être administrés sauf en cas
d’hyperkaliémie menaçant le pronostic vital.