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Jarry André. Rire après Freud. In: Cahiers Charles V, n°11,1989. Psychanalyse et littérature. pp. 59-74;
doi : https://doi.org/10.3406/cchav.1989.1028
https://www.persee.fr/doc/cchav_0184-1025_1989_num_11_1_1028
qu'on
conde
Surest
topique.
le "trait
en droit
d'esprit",
de juger
surcontestable
le "comique—verbal",
les avancées
il ne reviendra
de la se¬
59
Cahiers Charles V n°H (1989)
fou
momentanés,
manifestations
d'admettre
mini-crise
type
"psychopathologie
bien
n'implique
analogue
Freud,
affirmée
(p. L'humour,
,402/324),
403/324).
susceptible
entendu,
de
trois
à
psychose
du
que
pas
ce
maniaque
fois
dans
"Sans
apparentés,
que
moi"
chacun
d'"invincibilité
"structure".
ici
de
de
d'émerger
la
type
cette
encore,
suite,
pour
de
nosographie
; (p.
de
;autrement
la
psychotique.
perspective,
entendons
parle
autant",
non
nous
402/323),
vie
dans
queplus
d'"invulnérabilité
a,
quotidienne"
du"fonctionnement
décrit
au
la
ajoute-t-il,
dit,
à:moi
vie
fond
la
peut
comme
Le
de
névrose,
sous
que
de
de
face
être
nier,
"triomphe
tous
le
lui-même,
le
"abandonner
englobe
une
défini
terme
au
ce
domaine
mais
victorieusement
les
manifestation
serait
monde
momentané"
jours.
comme
de
à du
certaines
un
tel
"manie".
refuser
noyau
le
ou
de
Étant
moi"
réel"
une
ter-
tel
la
60
A. JARRY : Rire après Freud
l'événement
nomme
s'adresseDieu,
à un—individu
ououlebien
Destin,
déterminé.
à une
ouinstance
la Fatalité.
impersonnelle,
La défense de
qu'elle
l'autre
se
chez
peut,
même,
celui-ci,
donner
auxquelles
ne
en
deuxième
présence
l'empêche
la
Autrement
seule
l'humoriste,
aussi
on
en
réciproquement,
personnage
peut,
présence
il
d'un
bien,
spectacle
est
dedit,
de
rire
en
garder
troisième
désir
l'extérieur,
butte,
de
l'humour
(fût-ce
étant
sa
son
de
pour
victime.
oupeut
faire
facultative)
silencieusement)
habileté
imagine
personnage
lui
se
setrouver
montre
joue
le plaisir
faire
qu'il
àcomplice
; àl'ironie
un
retourner
de
un
est
de
surcroît
étant
sa
de
en
(la
son
se
victoire.
sa
de
butte.
présence
joue
"méchanceté"
triomphe.
facultative).
les
l'ironiste
de à
Mais
plaisir
attaques
deux
Maisd’un
rien
;De
(la
et
il
à
61
Cahiers Charles V n°ll (1989)
monde
prendre
des
qui
humains".
esclavagistes,
eux
définir
d'"humour
qu'on
noire"),
comme
les
nourrissons
leurs
l'Esprit
aplati
Face
Exemple
préfèrent
exploités.
;propriétaires
le
mères
qu'il
l'entend
comme
yj'avancerai
"presque"
solution
le
des
àgagnera.
l'humour,
parti
est
noir".
Poussant
Lois
des
:typique
de
nourriture
Autre
Montesquieu
presque
"humour
habituellement
des
la
familles
àsur
verroterie
et
L'auteur
la
Symétriquement,
terriens
la
exploiteurs,
au
exemple,
le
d'humour
misère
"l'esclavage
notion
jusqu'à
impossible
"à
sens
rose"),
saine,
pauvres,
peine"
detraditionnel
à
la
des
puissent
d'"ironie
l’or
non
la
retourne,
noir
l'absurde
(et
soit
pour
André
fermiers
ayant
"Modeste
des
méritent
préalablement
moins
de
qu'on
: mieux
bouillie,
les
en
rose".
le
nègres".
acheter
une
Breton
du
texte
plaindre
insidieusement,
célèbre
face
irlandais,
peut
l'argumentation
àvaleur
proposition"
terme
se
peine
soit
célèbre
faire
de
a
"Ils
nommer
au
lancé
: engraissés
[...]
de
rôtie
le
(que
l'ironie,
le
ont
suggère
marché
le
nom
chapitre
clins
défenseur
où
Des
la
l'on
le
; feint
"ironie
tout
notion
d'êtres
contre
Swift,
nez
d'œil,
gens
telle
peut
que
des
par
les
de
le
si
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A. JARRY : Rire après Freud
pour empêcher
double entente. qu'on ne prenne au premier degré un discours à
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Cahiers Charles V n°11 (1989)
ramener
persécution
instant,
lui remonter
sociation.
lesles
morceaux
unle
pieds
regard
moral
sur
"éclatés"
amusé.
; dégonfler
terrePeut-être
d'une
; substituer
la personnalité
baudruche
mêmeà ressouder,
un
d'un
en
sentiment
voie
"exalté",
un
de bref
dis¬
de
le
vers
dirigée
se tourner
autrui,
verssoi-même
l'ironie
la personne
rose,
en dérision,
propre
qui se?joue
Autrement
pour
à prendre
un plus
dit,en
un,
est-il
compte
peut-elle
possible
la réa¬
être
de
s'opère,
exactement,
usage interne.
chezdeMême
leprise
joueur,
de distance
s'il n'y
unea qu'un
sorte
: ressort
de dédoublement,
personnage,
d'une interprétation
il y a bien
ou, deux
plus
à
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A. JARRY : Rire après Freud
ment, ce qui apparaît chez Freud, quand il écrit, à la fin de son ar¬
ticle (p. 408/328) : "Le principal est l'intention que l'humour met
en acte, que celui-ci opère sur la personne propre ou sur des
personnes étrangères. Il veut dire : 'Regarde, voilà donc le
monde
faire l'objet
qui paraît
d'un siplaisanterie
dangereux. !'"
Un Simplement,
jeu d'enfant, tout
il ne
juste
s'estbon
pas
à
avisé que cette analyse n'avait plus rien à voir avec le procédé
dont il avait trouvé le modèle exemplaire dans 1' "humour de
gibet".
Quant au problème du public, il se pose, pour l’humour noir,
ou pour
l'ironie.
l'ironie
Dansrose,
tousdans
ces cas
les mêmes
de figure,
termes
l'auditeur
que pour
ou le
l'humour
lecteur
n'est qu'une présence facultative. Dans la mesure où il s’identifie
au locuteur ou au scripteur, ce personnage supplémentaire
n'ouvre aucune place supplémentaire.
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Cahiers Charles V n°n (1989)
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A. JARRY : Rire après Freud
définit
Ce que
comme
Freud
uneappelle
sorte de
"jeu"
révolte
(jeucontre
verbal),
les chez
contraintes
l'enfant,
de se
la
exercée
violence
sur autrui,
semblable par
égale.
mais
: les
le sur
code,
Ce
autres
la
n'est
langue.
l'être
enfants
pas en
l'ironie
Poursont
apprentissage
le invités
reste,
: la violence
leàmécanisme
s'associer
répond
s'exerce,
par
est jeu,
au une
non
très
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Cahiers Charles V n°l1 (1989)
privé
répétitif.
comique",
d'une
de
accorder
roman
prendre
Vian,
langue,
rire
selon
chacun
s'agit,
contenu
l'auteur,
le
seulement
nous
"comique".
"Aiguiser
caractère
Quant
nombreux
jaune.
nos
de
levée
sommes
en
tout
: victime.
de
la
lui,
est
soit
tant
toute
nos
attitudes
au
Ainsi,
une
raison
c'est
chez
son
au
oiseux
d'inhibition.
rapidement
alléguant
Ce
à
"naïf,
vues
que
points
pointe
la
plus,
liberté
point
dans
qu'il
l'auditeur.
Je
n'est
la
langue.
de
déclencheur
de
;même
ne
sur
s’il
notre
de
mais,
est
de
le
lecteurs.
d'ail
m'abstenais
d'entente,
l'"esprit
que
d'invention
la
plaisanterie,
fastidieux
est
l'occasion,
Mais
vue.
domaine
D'où,
opération
forme
différend.
face
Le
récemment
avec
situé
Àcette
locuteur
inoffensif'
Nous
du
dans
àune
ceci
jamais
de
ce
par
pas
rire
du
;avait
des
levée
tout
"jeu
forcé
risible
avions
un
meule"
Il
près,
et
Freud
procédé,
de;—
se
qu'il
cas
"mots
je
non
été
comme
nous
rire
de
d'inhibition
;de
faisait
prenais
en
me
moi,
raison
qui
vécue
comme
mots",
"entre
:d'esprit
;m'a
s'identifier,
général,
j'avais
non
n'avons
d'enfant"
semble-t-il,
dès
domine
opinant
le
ledifféremment,
semblé
l'un
le
seulement
l'auditeur
trait
qu'il
complice
l'esprit
dans
inoffensif.
parti
tendance
se
et
l'enfant
réussi
d'esprit,
dans
devient
produit
pour
l’autre,
l'autre,
—soit
com¬
de
et
qu’il
est
ne
de
le
la
à:
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A. JARRY : Rire après Freud
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Cahiers Charles V n°11 (1989)
Risible "psychotique"
Situation initiale Situation finale
Humour (rose)
w
Ironie (noire O-A !&=■
Humour noir
Ironie rose
OA 0a
Risible "névrotique"
Places : 1 3
Naïf A
Comique
Jeu
Plaisanterie
Esprit inoffensif O - A
Esprit tendancieux
<ÉL A
0
□
T
▲
A
—
«—
A►► "interprétation"
La langage
L'autre
Le
Dépression
Violence
personne
comme
-----
comme
propre
T►lieu
partie
victime
complice
exaltation
violence
allié
ennemi
comme
ouprenante
acolyte
dudusymptôme
feinte
lieu
symptôme
de
dudu
ou
l'interprétation
symptôme
symptôme
partie
«v/.
atténué,
atténué
prenante
chocou
atténué
enderetour
del'interprétation
l'interprétation
("défense")
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A. JARRY : Rire après Freud
quelque
de l'autre.
chose de l'inconscient puisse émerger, d'un côté comme
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A. JARRY : Rire après Freud
NOTES
1 Dans ce qui suit, les références à ce livre seront données, au fil du texte,
d'après la traduction publiée sous le titre : Le Mot d'esprit et ses rapports
avec l'inconscient , Gallimard (coll. "Idées"), réimpression 1978. L'article
sur "L'humour" y figure en appendice. Il a été retraduit dans :
L’Inquiétante étrangeté et autres essais, Gallimard (coll. "Connaissance
de l'inconscient"), 1985, p. 317-328. Pour renvoyer à cet article,
j'indiquerai, séparées par une barre oblique, les pages des deux éditions ;
mais je citerai le texte de la seconde. Depuis la rédaction de cet article, le
livre de 1905 a été retraduit : Gallimard (coll. "Connaissance de
l'Inconscient"), 1988. Pour éviter de trop nombreuses "corrections
d'auteur", je n'ai pas modifié les citations, me contentant d'ajouter sur
épreuves, après une barre oblique, la page de cette nouvelle édition.
2 Nul fonctionnement de type "mélancolique", à plus forte raison de type
"schizophrénique", ne saurait fournir un modèle de rire.
3 Ainsi, à la formule de Freud : "L'humour serait la contribution au
comique [à entendre au sens large] par la médiation du surmoi"
(p. 407/328), on est tenté de substituer cette autre formule : "L’humour
serait la contribution au risible par la médiation du moi idéal". Freud
utilise, de façon interchangeable, "surmoi", "idéal du moi", "moi idéal" ;
les distinctions seront introduites après lui, en particulier par Lacan,
soutenant que le moi est toujours "idéal" (c'est-à-dire, à la fois, idéalisant
et idéalisé). Freud, quelques lignes plus loin, tente de concilier les deux
points de vue en écrivant (p. 408/328) : "Le surmoi, quand il instaure
l'attitude humoristique, écarte à proprement parler la réalité et se met au
service de l'illusion". C'est dire, précisément, que le surmoi cède le pas
au moi (idéal).
4 Ce brouillage s'esquissait déjà dans le livre de 1905, lorsque Freud
écrivait (pp. 393/407-408) : "L'élévation de son moi, dont témoigne le
déplacement humoristique — et qui d’ailleurs pourrait se formuler
comme suit : 'Je suis trop grand pour que ces événements me touchent
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