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64e Congrès français de médecine interne, Paris, 14, 15 et 16 décembre 2011 / La Revue de médecine interne 32S (2011) S252–S312

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intervalle de confiance 95 % : 0,45–0,98). Les liens éventuels entre Discussion.– Nos résultats suggèrent que la baisse du ratio FVIII :
les autres vaccinations et la survenue d’un PTI sont actuellement C/VWF : Ag inférieur à 0,7 pourrait être un élément de détec-
en cours d’analyse. tion précoce de la rechute d’HAA, définie comme la réapparition
Discussion.– Il n’a pas été observé dans cette étude d’association de l’inhibiteur. Il pourrait être d’autant plus intéressant chez les
significative entre l’exposition à des vaccins et la survenue de PTI patients dont le TCA n’est pas interprétable (traitement AVK,
chez l’adulte. Ac anti-prothrombinase). Sa baisse ou sa non-normalisation au
Le caractère prospectif de notre étude, l’importance de l’effectif cours du suivi doivent inciter à maintenir une surveillance clinico-
cible et du groupe témoin ainsi que la méthodologie utilisée mini- biologique rapprochée, même si le TCA et le FVIII : C sont normaux.
misent le risque de biais. Même si à l’échelon individuel, notre L’intérêt de cet outil serait l’adaptation plus précise du traitement
étude ne permet pas d’exclure tout lien potentiel entre vaccina- (interruption de la décroissance de la corticothérapie par exemple
tion et survenue d’un PTI, elle montre que ce risque, s’il existe, est en cas de baisse du ratio), dans le but diminuer le risque hémorra-
exceptionnel. gique auquel expose une rechute.
Conclusion.– À la vue de ces données, le PTI ne doit pas consti- Conclusion.– La surveillance du ratio FVIII : C/VWF/Ag pourrait être
tuer une contre-indication à la réalisation d’une vaccination, en un élément important dans la surveillance post RC des patients
particulier antigrippale. atteints d’HAA. Sa baisse en dessous du seuil de 0,7 ou sa non-
Références normalisation doivent inciter à une surveillance clinico-biologique
[1] Grimaldi-Bensouda, et al. Pharmacoepidemiol Drug Saf rapprochée.
2010;19:591–5. L’intérêt de ce ratio mérite d’être évaluée à plus grande échelle, par
[2] Grimaldi-Bensouda, et al. Am J Epidemiol 2011;174:326–35. le biais d’une étude multicentrique.
[3] Grimaldi-Bensouda, et al. Heart J 2011; in press. Pour en savoir plus
doi:10.1016/j.revmed.2011.10.374 Huth-Khüne A, et al. Haematologica 2009;94(4):566–75.
doi:10.1016/j.revmed.2011.10.375
CO100
Hémophilie A acquise. Intérêt de la surveillance CO101
du ratio FVIII : C/VWF : Ag dans le diagnostic Syndrome de Willebrand acquis : série de sept
précoce de la rechute patients
J. Graveleau a , A. Néel a , A. Masseau a , M. Hamidou a , E. Boissier a , B. Ranque a , J. Dougados a , S. Dupeux a ,
M. Trossaërt b S. Georgin Lavialle a , J.-B. Arlet a , J. Pouchot a , L. Capron a ,
a Medecine interne, CHU de Nantes, Nantes, France C. Caron b , J. Tapon Bretaudière c , L. Darnige c
b Laboratoire d’hémostase et centre de traitement de l’hémophilie, a Médecine interne, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris,

CHU de Nantes, Nantes, France France


b Hématologie transfusion, CHR de Lille, Lille, France
Introduction.– L’hémophilie A acquise (HAA) est une maladie c Hématologie, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris, France
hémorragique rare due à la présence d’un auto-anticorps dirigé
contre le FVIII. Elle est considérée comme idiopathique dans envi- Introduction.– Le syndrome de Willebrand acquis est très rare, bien
ron la moitié des cas, et associée à une autre maladie (néoplasie, que sa fréquence soit probablement sous-estimée, alors que la
maladie auto-immune) ou grossesse dans les autres cas. Le diag- maladie de Willebrand est la plus fréquente des pathologies hémor-
nostic repose sur l’allongement du TCA, un FVIII : C inférieur à ragiques constitutionnelles.
30 % et la présence d’un inhibiteur anti-FVIII titré par la méthode Patients et méthodes.– Étude rétrospective monocentrique des-
de Bethesda. Le traitement consiste en l’obtention d’une hémo- criptive des cas de syndrome de Willebrand acquis diagnostiqués
stase efficace grâce aux agents by-passant et sur l’éradication de entre 2005 et 2011. Critères diagnostiques : absence d’antécédents
l’inhibiteur par un traitement immunosuppresseur. Les recomman- hémorragiques cutanéo-muqueux, TCK allongé, baisse des taux de
dations d’expert de 2009 préconisent une surveillance régulière facteur VIII (FVIII) et de facteur Willebrand (FW) activité cofacteur
du TCA et du FVIII : C après obtention de la rémission complète : de la ristocétine (RCo) et antigène (Ag).
mensuelle pendant six mois, tous les deux à trois mois les six Résultats.– Sept patients (tous des hommes) ayant un syndrome
mois suivants et tous les six mois jusqu’à deux ans. Le ratio FVIII : de Willebrand acquis ont été identifiés. Pour cinq d’entre eux, un
C/VWF : Ag est normalement voisin de 1. Il est utilisé dans certains syndrome hémorragique cutanéo-muqueux récent était à l’origine
types de maladie de Willebrand et en dépistage de conductrices du diagnostic. La caractérisation phénotypique évoquait pour tous
d’hémophilie A. Il n’a à notre connaissance jamais été évalué dans une maladie de Willebrand de type 2 avec une diminution du rap-
l’HAA. port FWRCo/FWAg (< 0,7). Une mesure de l’activité de liaison au
Patients et méthodes.– Nous rapportons une série monocentrique collagène (CB) du FW chez quatre des patients montrait pour deux
de 20 patients atteints d’HAA, pris en charge entre 1993 et 2010, d’entre eux un rapport FWCB/FWAg très bas (< 0,6) indiquant une
et dont le ratio FVIII : C : VWF : Ag a été monitoré durant le perte des multimères de haut poids moléculaire du FW. Le rap-
suivi. port FW propeptide/FWAg élevé chez les sept patients est le signe
Nous avons préalablement défini le ratio FVIII : C/VF : Ag « normal » d’une clairance augmentée du FW. Tous les patients avaient une
chez 40 volontaires sains. immunoglobuline monoclonale circulante, quatre d’isotype IgM et
Résultats.– La valeur moyenne du ratio FVIII : C/VWF : Ag chez les trois d’isotype IgG, mais aucun anticorps anti-FW n’a été mis en
40 volontaires sains était de 1.13. Nous avons retenu comme seuil évidence. Une maladie lymphoproliférative a été retrouvée chez
de normalité un ratio supérieur à 0,7 (–3 DS). les sept patients : deux maladies de Waldenström, trois gamma-
Parmi les 20 patients suivis pour HAA et dont le ratio FVIII : C/VWF : pathies monoclonales de signification indéterminée (MGUS), une
Ag a été monitoré, cinq ont présenté une rechute. Le ratio était leucémie lymphoïde chronique, et un lymphome de la zone mar-
toujours effondré à la phase initiale de la maladie. Chez trois des ginale. Un traitement symptomatique par concentrés de FVIII et de
cinq patients rechuteurs, la baisse du ratio inférieur à 0,7 a été FW a été rapidement instauré en cas d’hémorragie. Cinq patients
la première anomalie biologique précédente la réapparition de ont également reçu des immunoglobulines intraveineuses (IgIV).
l’inhibiteur, alors que le TCA et le FVIII : C étaient encore normaux. L’efficacité était bonne pour trois patients ayant un pic monoclo-
Parallèlement, nous avons noté une augmentation progressive puis nal IgG (durée médiane de réponse de deux semaines). Mais nulle
une normalisation persistante du ratio chez tous les patients non ou très brève (48 heures) chez deux patients ayant un pic monoclo-
rechuteurs. nal IgM. Le traitement étiologique a consisté en une chimiothérapie
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pour la maladie de Waldenström, la leucémie lymphoïde chronique malnutrition (n = 1). Un myélogramme était réalisé chez quatre
et le lymphome, et en une simple surveillance en cas de MGUS. Les patients sur sept, retrouvant une mégaloblastose dans 100 % des
taux de FW sont restés abaissés au long cours, même en cas de cas, des signes de dysmyélopoïèse (n = 2/4) et des polynucléaires
rémission de la maladie sous-jacente. hypersegmentés (n = 1/4). L’analyse de la mœlle osseuse chez
Discussion.– Dans la littérature, des syndromes de Willebrand 12 patients sans pseudo-MAT était similaire.
acquis associés à des cancers solides, des hypothyroïdies, des mala- Un patient était admis en réanimation et recevait sept échanges
dies auto-immunes et des rétrécissements valvulaires sévères sont plasmatiques et trois PFC avant le rétablissement du diagnostic.
également rapportés ; cette dernière étiologie est sous-évaluée car Pour tous, le traitement consistait en une recharge en vitamine B12
les manifestations hémorragiques observées sont souvent mises (IM dans 100 % des cas) et en folates (per os, 10 à 25 mg/j). Une crise
sur le compte du traitement anti-thrombotique. Comme déjà rap- réticulocytaire survenait en général à j5 (j1–j9) avec un taux de réti-
porté, les IgIV n’ont été efficaces durablement que chez les patients culocytes à 293 (92–684) G/L, et une durée d’hospitalisation de 14
ayant un pic monoclonal d’isotype IgG. (5–26) jours pour une normalisation des paramètres biologiques.
Conclusion.– Le syndrome de Willebrand acquis est une pathologie Ces données étaient similaires dans le groupe sans pseudo-MAT.
très rare mais potentiellement grave. Il doit être évoqué devant Discussion.– Les tableaux de pseudo-MAT sont surtout décrits au
une hémorragie cutanéo-muqueuse survenant à l’âge adulte avec cours de la maladie de Biermer, mais non exclusivement. Les LDH
allongement spontané du TCK et confirmé par le dosage du FW. peuvent être très élevés en cas d’avortement intramédullaire. Une
Sa découverte impose la recherche d’une maladie hématologique, reconnaissance précoce et une simple recharge vitaminique per-
cancéreuse ou auto-immune ou d’une valvulopathie sous-jacente. mettent une amélioration rapide.
doi:10.1016/j.revmed.2011.10.376 Conclusion.– Une anémie hémolytique macrocytaire arégénérative
avec des LDH très élevées associée à une schizocytose et à une
thrombopénie doivent faire évoquer le diagnostic de pseudo-MAT
CO102 associée aux carences en vitamine B12.
Sept observations de pseudo-microangiopathie doi:10.1016/j.revmed.2011.10.377
thrombotique liée aux carences en vitamine B12
N. Noel a , G. Tertian b , G. Maigné a , C. Goujard a , O. Lambotte b
a CO103
Medecine interne, CHU de Bicêtre, Le-Kremlin-Bicêtre, France
b Hematologie, CHU de Bicetre, Le-Kremlin-Bicêtre, France Déformabilité des globules rouges chez les
splénectomisés
Introduction.– Une anémie hémolytique avec thrombopénie et schi- V. Prendki a , X. Jaïs b , C. Settegrana c , J. Stirnemann d , A. Ndour e ,
zocytose peut survenir dans la carence en vitamine B12, pouvant L. Cicéron e , C. Tresallet f , M. Miyara g , N. Belmatoug h ,
mimer une micro-angiopathie thrombotique (MAT), risquant de M. Humbert b , O. Fain d , P. Buffet e
conduire le malade en réanimation. L’objectif de ce travail était la a Medecine Interne, hôpital Croix Saint Simon, Paris, France
description des pseudo-MAT associées aux carences en B12. b Pneumologie, hôpital Antoine-Béclère, Clamart, France
Patients et méthodes.– Les dossiers de patients admis sur quatre ans c Hématologie biologie, hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris, France
dans un service de médecine interne pour lesquels les diagnostics d Service de médecine interne, hôpital Jean-Verdier, Bondy, France
PMSI étaient « anémie hémolytique » et « carence en vitamine B12 » e Umr 945, hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris, France
ont été analysés. f Chirurgie générale et digestive, hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris,
Résultats.– Vingt-huit patients carencés en B12 (M/F = 15/13) ont France
été inclus. L’âge médian était de 56 ans (27–92). Les causes de g Médecine interne, hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris, France
carence étaient: maladie de Biermer (12 cas), chirurgie gastrique h Médecine interne, hôpital Beaujon, Clichy, France
(deux cas), carence d’apport (trois cas) et probable syndrome de
non-dissociation de la vitamine B12 ou de ses protéines porteuses Introduction.– Il y a 250 000 adultes splénectomisés en France.
(NDB12PP, 11 cas). Outre son rôle immunologique, la rate contrôle la qualité des glo-
Sept patients avaient une pseudo-MAT, définie par la présence bules rouges (GR), retient et recycle les GR sénescents et rigides.
d’une schizocytose et d’une thrombopénie en plus de l’anémie La déformabilité réduite des GR circulants a été bien démontrée
hémolytique. Comparativement aux patients sans pseudo-MAT, chez les patients splénectomisés porteurs d’une hémoglobinopa-
l’âge médian était plus élevé à l’hospitalisation (72 [43–78] vs thie comme la thalassémie [1]. L’existence et l’éventuelle ampleur
54 [27–92] ans, p = 0,22). Chez ces sept patients, l’hémoglobine de ce phénomène n’ont, en revanche, jamais été étudiées dans une
médiane était à 42 (35–79) g/L, avec des réticulocytes à 13,1 véritable cohorte de patients splénectomisés sans anomalie éry-
(6,3–39,8) G/L et un VGM à 110,6 (96,3–130) fL. Les plaquettes throcytaire sous-jacente. Après plusieurs années, voire plusieurs
étaient à 73 (38–145) G/L et les globules blancs à 3,4 (1,3-6,2) décennies, la splénectomie peut se compliquer de thromboses
G/L. Quatre patients étaient neutropéniques. Le frottis montrait artérielles et veineuses et d’hypertension artérielle pulmonaire
une schizocytose dans 100 % des cas, une macrocytose dans 71,4 %, (HTAP) [2]. La présence continue dans le sang périphérique de
des polynucléaires hypersegmentés dans 57,1 %. Chez les 21 autres GR de déformabilité diminuée et leur blocage purement rhéolo-
patients, les données étaient similaires (Hb = 61 [31–116] g/L, gique dans la microcirculation pulmonaire pourraient contribuer
réticulocytes = 26 [0,9–88,2] G/L, VGM = 106,7 [79,3–132] fL, pla- à l’émergence de l’HTAP chez les patients splénectomisés [3].
quettes = 111 [24–307] G/L, GB = 4,7 [1,8–11,9] G/L). Les taux de Nous avons étudié la déformabilité des GR de patients splénec-
LDH étaient très élevés (7310 [1084–16520] UI/L), modérément tomisés sans anomalie érythrocytaire sous-jacente et atteints ou
plus que chez les patients sans pseudo-MAT (2950 [338–21 900] non d’HTAP.
UI/L, p = 0,08). Cela contrastait avec une bilirubinémie peu élevée Patients et méthodes.– Nous avons étudié la déformabilité des GR
(21 [16–49] vs 25,5 [4–51] ␮mol/L). La vitamine B12 était discrète- à l’aide d’un ektacytomètre rotatif (LORCA) mesurant l’élongation
ment plus basse dans le groupe pseudo-MAT (45 [15–111] vs 105 des GR soumis à une force de cisaillement croissante (index
[15–145] pmol/L, p = 0,07). Dans les deux groupes, un taux similaire d’élongation [IE]).
de patients étaient carencés en folates (2/7 [28,6 %] vs 7/21 [33,3 %]). Les critères d’exclusion étaient : la présence d’une hémoglobino-
Dans le groupe pseudo-MAT, la cause majoritaire de carence pathie, l’absence de corps de Jolly sur le frottis sanguin et un délai
en B12 était la maladie de Biermer (71,4 vs 33,3 %; p = 0,10). Ce de splénectomie de moins de trois mois (clairance incomplète des
diagnostic était porté sur la positivité des anticorps anti-facteur GR « pré-splénectomie »). Trois groupes complémentaires ont été
intrinsèque dans trois cas et les données de la gastroscopie étudiés :
dans deux cas. Les autres causes étaient : NDB12PP (n = 1) et – patients ayant une HTAP (non splénectomisés) ;

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