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Estimation de la conductivité hydraulique et de

la porosité des lithofaciès identifiés dans les


dépôts granulaires du paléodelta de la la rivière
Valin dans la région du Saguenay au Québec
Lamine Boumaiza1, Alain Rouleau2 & Pierre A Cousineau2
1
Stantec Experts-conseils Ltée, Saint-Laurent, Québec, Canada
2
Université du Québec à Chicoutimi, Chicoutimi, Québec, Canada

RÉSUMÉ
Dans le cadre de travaux de caractérisation hydrogéologique des aquifères granulaires du paléodelta de la rivière Valin
au Saguenay (Québec), des essais d’estimation de la conductivité hydraulique et de la porosité ont été réalisés sur les
différents lithofaciès identifiés sur les faces de sablières sélectionnées dans la zone d’étude. Ces essais, tant pour la
conductivité hydraulique que la porosité, ont été réalisés in situ et en laboratoire. Les résultats issus des essais de
porosité tant in situ qu’en laboratoire semblent bien concorder. La variabilité des valeurs estimées de la conductivité
hydraulique semble rattachée à trois facteurs distincts qui sont : 1) l’hétérogénéité des dépôts meubles, 2) les différentes
méthodes d’estimation qui ont été utilisées et 3) des causes d’erreur identifiées lors de la réalisation des essais
effectués. Par ailleurs, des analyses granulométriques et sédimentométriques sur les échantillons de sol, représentant
les lithofaciès, permettent une interprétation plus exacte des résultats portant sur la conductivité hydraulique et la
porosité. L’estimation juste de ces paramètres est essentielle à la simulation de l’écoulement des eaux souterraines
dans ce type de structure sédimentaire très hétérogène.

ABSTRACT
As part of the hydrogeological characterization of granular aquifers in the paleodelta of the Valin River in Saguenay
(Quebec), hydraulic conductivity and porosity tests were carried out on different lithofacies identified on the faces of
selected sandpits in the study area. These tests, for hydraulic conductivity and for porosity, were performed in situ and in
the laboratory. Results for porosity are consistent for the two testing methods that were performed in situ and in the
laboratory. The variability of the hydraulic conductivity estimates seems to be related to three distinct factors: 1) the
heterogeneity of granular deposits, 2) the different estimating methods used for the same lithofacies at the same location
of sandpits, and 3) causes of error identified during the tests. Furthermore, granulometric and sedimentometric analyses
on the lithofacies samples allow a more accurate interpretation of the hydraulic conductivity and porosity results. The
accurate estimation of these parameters is essential for the groundwater flow modeling in such heterogeneous
sedimentary deposits.

1 INTRODUCTION caractérisée par une combinaison particulière de


lithologies et de structures physiques (Walker, 1992).
La détermination de l’architecture interne des aquifères Quant à lui, un hydrofaciès regroupe les unités
est d’une importance hydrogéologique primordiale. En lithologiques qui présentent une relative homogénéité de
effet, celle des aquifères constitués de dépôts granulaires leurs propriétés hydrogéologiques, dont la conductivité
est devenue de plus en plus importante (Bersezio et al., hydraulique et la porosité (Poeter et Gaylord, 1990).
1999; Kostic et al., 2005; Ezzy et al., 2006) car elle Les dépôts meubles deltaïques montrent une grande
permet notamment une meilleure exploitation des diversité en lithofaciès (Maizels, 1993; Postma, 1984;
ressources en eau souterraine à partir d’une interprétation Prior et al., 1984) résultant en une forte hétérogénéité des
plus fine des données d’essai de pompage et une aquifères où un même lithofaciès peut éventuellement
estimation plus serrée des aires d’alimentation et de s’identifier à plus d’un endroit. Par ailleurs, un même
protection des puits de captage (Rasmussen et al., 2006). lithofaciès peut présenter des valeurs de conductivité
Par ailleurs, cette détermination consiste principalement hydraulique et de porosité qui diffèrent d’un endroit à un
en une caractérisation sédimentologique basée sur autre. Afin de tenter de résoudre cette problématique et
l’identification de la granulométrie, la structure, la texture de vérifier la variabilité en conductivité hydraulique et en
et la disposition tridimensionnelle des divers faciès porosité des lithofaciès, le paléodelta de la rivière Valin
sédimentaires (lithofaciès), et en une caractérisation dans la région du Saguenay au Québec a été choisi
hydrogéologique basée sur l’estimation des paramètres comme zone d’étude. Ce paléodelta d’âge quaternaire
hydrogéologiques, dont la conductivité hydraulique et la constitue un plateau sablonneux où plusieurs sablières,
porosité des lithofaciès identifiés, afin de déterminer les qui disposent de faces fraîches permettant un accès aisé
faciès hydrogéologiques (hydrofaciès). Par définition, un aux lithofaciès, sont en d’exploitation. Dans le cadre des
lithofaciès correspond à une unité lithologique travaux de caractérisation réalisés, des essais
d’estimation, in situ et en laboratoire, de la conductivité 3 IDENTIFICATION DES LITHOFACIÈS
hydraulique et de la porosité ont été réalisés en vue de
vérifier la variabilité des propriétés hydrogéologiques. Le Les essais de conductivité hydraulique et de porosité ont
présent article présente sommairement la zone d’étude, été réalisés sur les différents lithofaciès identifiés sur le
les lithofaciès identifiés et dans lesquels les essais de terrain. Les lithofaciès en question ont été codifiés suivant
conductivité hydraulique et de porosité ont été réalisés, deux classifications. La première codification utilisée est
les méthodes utilisées pour estimer la conductivité celle proposée par Zappa et al., (2006); elle a été utilisée
hydraulique et la porosité, ainsi qu’une présentation et pour classifier les lithofaciès de granulométrie grossière et
une discussion des résultats obtenus. consiste en la détermination de la classe granulométrique
dominante pour laquelle la lettre utilisée est en majuscule
(par exemple, G pour le gravier). La seconde fraction
2 DESCRIPTION DE LA ZONE D’ÉTUDE granulométrique est ensuite déterminée, pour laquelle le
symbole est en minuscule (f pour une fraction fine et g
Suite au retrait du glacier, le delta de la rivière Valin a été pour une fraction grossière). Il convient de noter que la
formé à l’embouchure de la rivière du même nom venant lettre minuscule de la fraction granulométrique précède la
du nord, et se déversant vers le sud dans la mer lettre majuscule de la classe granulométrique. Une
Laflamme, alors en régression. Le surcreusement du lit de troisième lettre de cette codification consiste en la
cette rivière a coupé ce delta en deux parties, formant structure, laquelle est représentée par une lettre en
ainsi deux systèmes aquifères maintenant séparés : un à minuscule à la fin du code (par exemple, m pour
Saint-Honoré et l’autre à Saint-Fulgence (figure 1). Neuf massive). Si le lithofaciès montre une dominance de deux
sablières (identifiées 1 à 9 sur la figure 1) qui disposaient classes granulométriques, le code regroupe alors ces
de faces fraîches permettant un accès aisé aux lithofaciès deux classes. Par exemple, SG pour un lithofaciès
ont été sélectionnées dans la zone d’étude. constitué de sable graveleux.
La deuxième classification utilisée est celle
proposée par Miall (1978) et elle a été utilisée seulement
pour les lithofaciès de granulométrie fine, tels que les
lithofaciès argileux. Pour ce groupe de lithofaciès, Miall a
proposé des codes directs. En effet, pour des lithofaciès
constitués d’argile massive ou d’argile laminée, les codes
correspondant sont respectivement Fm et Fsc.
Sur la base de la granulométrie et des structures
sédimentaires, 27 lithofaciès ont été identifiés dans les
neuf sablières sélectionnées dans la zone d’étude.
Mentionnons que certains lithofaciès ont été observés à
plus qu’un emplacement (tableau 1). La diversité en
lithofaciès, dans le système paléodeltaïque de la rivière
Valin, s’exprime notamment par les classes
granulométriques; ainsi, des lithofaciès constitués de
matériel très différent, tels que le sable, le gravier et
l’argile, ont été rencontrés. De plus, la fraction
granulométrique varie d’un lithofaciès à l’autre, entre fine
et grossière. Pour sa part, la structure des lithofaciès qui
indique le mode de mise en place des sédiments lors de
Figure 1. Les dépôts meubles du paléodelta de la rivière la formation des dépôts a aussi contribué à cette diversité.
Valin au Saguenay (d’après Lasalle et Tremblay, 1978) En effet, plusieurs différentes structures ont été
observées, certaines sont par exemple horizontales,
Les aquifères du paléodelta de la rivière Valin d’autres sont constituées de laminations entrecroisées.
occupent une superficie d’environ 60 km2 et ne sont pas Par ailleurs, des échantillons de sol ont été prélevés
confinés par un horizon moins perméable en surface à l’endroit de chacun des lithofaciès identifiés pour fins
(Tremblay, 2005). Ces aquifères sont constitués d’un d’analyses granulométriques pour les échantillons de
plateau sablonneux d’âge quaternaire, dont la limite granulométrie grossière et aux fins d’analyses
inférieure est définie par un socle rocheux qui est sédimentométriques pour les échantillons constitués de
principalement composé de roches cristallines fractions fines. Les courbes granulométriques
précambriennes, notamment de mangérite et représentant les pourcentages passants ont été utilisées
d’anorthosite (Hébert et Lacoste, 1998; Laboratoires S.L., pour fins d’estimation de la conductivité hydraulique en
2003). De plus, du calcaire ordovicien en discordance sur utilisant les déterminants de la distribution de la taille des
le socle cristallin affleure à quelques endroits sur le grains des échantillons. Quant à eux, les courbes
territoire de la municipalité de Saint-Honoré. Ce dernier représentant les fréquences cumulatives des différentes
est d’épaisseur variable et aucune information n’indique fractions granulométriques ont été utilisées pour calculer
sa présence sous les dépôts meubles étudiés. Par contre, l’écart type inclusif (Petitjohn et al., 1987) servant à la
il n’est pas impossible que du calcaire ait été préservé détermination de l’agencement des grains, en calculant le
sous l’aquifère sablonneux à l’intérieur des dépressions tri s’exprimant en σ, selon les termes de Folk (1968).
du socle (Tremblay, 2005).
Tableau 1. Lithofaciès identifiés dans la zone d’étude. de façon étanche à sa base, alors que son autre extrémité
Lithofaciès Code Nombre Sablière est ouverte et la paroi est taillée en biseau de façon à
faciliter son enfoncement tout en minimisant la
Sable fin à laminations perturbation du matériau échantillonnée; 2) un réservoir
fSh 1 1
horizontales d’alimentation en eau gradué; 3) un tuyau qui conduit
Sable fin à rides fSr 3 1, 4 et 6 l’eau entre le réservoir d’alimentation en eau et le tube
Sable fin chaotique fSc 1 1
d’échantillonnage; 4) une vanne de commande
permettant de contrôler l’alimentation en eau; et 5) un
Sable fin à laminations support permettant de maintenir le réservoir
fSp 2 3 et 4
entrecroisées planaires d’alimentation en eau à une hauteur plus élevée que le
Sable fin à laminations tube d’échantillonnage.
fSt 1 7
entrecroisées en auge
Sable grossier à
gSh 3 1, 2 et 5
laminations horizontales
Sable grossier à
stratifications gSt 2 3 et 6
entrecroisées en auge
Sable grossier à
laminations entrecroisées gSp 1 4
planaires
Sable grossier incline gSi 1 8
Sable graveleux à
SGh 1 2
laminations horizontals
Sable graveleux incline SGi 1 8
Sable graveleux à
laminations entrecroisées SGt 2 6 et 7
en auge
Gravier granulaire incliné gGi 1 8
Figure 2. Le porosimètre-échantillonneur
Gravier sablonneux à
laminations entrecroisées GSt 1 3
Après le prélèvement d’un échantillon de sol à l’aide
en auge
du tube d’échantillonnage, ce dernier est placé à la
Gravier sablonneux à verticale. Le tuyau partant du réservoir d’alimentation qui
GSh 1 5
laminations horizontales est rempli d’eau est alors connecté au tube
Gravier sablonneux massif GSm 1 9 d’échantillonnage au point d’injection qui est situé à sa
base. Ceci assure l’évacuation de l’air vers le haut et par
Gravier caillouteux massif cGm 1 5
conséquent un remplissage relativement complet des
Gravier caillouteux à vides par l’eau. Dès que les premières traces d’eau
cGp 1 6
laminations planaires apparaissent à la surface du tube d’échantillonnage tel
Argile laminée Fsc 1 6 que montré à la figure 3, le débit d’injection est alors
réduit à l’aide de la vanne de commande; puis, à la
Argile massive Fm 1 9
saturation totale de l’échantillon prélevé la vanne de
commande est fermée complètement.

4 MÉTHODES D’ESTIMATION DE LA POROSITÉ

L’estimation de la porosité des lithofaciès identifiés dans


le paléodelta de la rivière Valin a été effectuée d’une part
directement (in situ) sur les faces des sablières et d’autre
part, en laboratoire à partir des échantillons qui y ont été
prélevés lors des travaux de terrain. Les méthodes
utilisées pour l’estimation de la porosité sont décrites
dans les sous-sections suivantes :

4.1 Estimation in situ de la porosité

Un porosimètre-échantillonneur conçu et fabriqué à


l’Université du Québec à Chicoutimi (figure 2) a été utilisé
pour l’estimation in situ de la porosité. Il est constitué de :
1) un tube d’échantillonnage de forme cylindrique de Figure 3. L’apparition des premières traces d’eau lors de
10.14 cm de diamètre et 20.4 cm de longueur; il est fermé l’essai du porosimètre-échantillonneur
Le calcul de la porosité n est basé sur le rapport du La porosité totale est obtenue en additionnant le taux
volume des vides Vv et le volume total Vt de l’échantillon d’humidité initial de l’échantillon (θ) à la valeur de porosité
prélevé (Castany, 1998) : obtenue par l’essai d’injection réalisé sur le terrain.

n = Vv / Vt [1] 4.2 Estimation de la porosité en laboratoire

où : Black et al., (1965) ont décrit une expression (3) qui


n : porosité totale (%). permet d’estimer la porosité en laboratoire:
Vv : volume des vides (cm3)
3
Vt : volume total (cm ) St = 100 [ (ρP - Db) / ρP ] [3]

En utilisant le porosimètre, le volume des vides est où :


représenté par le volume d’eau injecté, tandis que le St : la porosité totale (%).
volume total est représenté par le volume du tube ρP : la densité des particules, considérée égale à 2.65
3 3
d’échantillonnage (Vt = 1646.56 cm ). Cependant, pour g/cm .
une estimation exacte de la porosité, il faut prendre en Db : la densité volumique (bulk density) (g/cm3).
considération le taux d’humidité initial de l’échantillon. Par
définition, l’humidité (moisture content), notée θ (exprimée Les échantillons utilisés pour estimer l’humidité ont été
en %) est la teneur en eau d’un milieu poreux non saturé, aussi utilisés pour déterminer la densité volumique en se
exprimée en rapport de volumes ou de poids (Castany, basant sur la relation (4) décrite également dans Black et
1998). Afin d’estimer le taux d’humidité initial, plusieurs al., (1965) :
échantillons de sol considérés non remaniés ont été
prélevés à chaque endroit où des prélèvements ont été Db = Ps / Vt [4]
effectués à l’aide du porosimètre-échantillonneur.
Mentionnons que la distance entre ces deux points de où :
prélèvement ne dépassait pas généralement 30 cm. Les Db : la densité volumique (bulk density) (g/cm3)
échantillons ont été prélevés à l’aide des petits pots Ps : poids de l’échantillon après séchage (g)
métalliques de 5 cm de diamètre et 3.6 cm de longueur Vt : volume du pot métallique en (70.63 cm3)
(figure 4). Soulignons que certains lithofaciès se
caractérisant par une granulométrie grossière sont plus
difficiles à échantillonner. 5 MÉTHODES D’ESTIMATION DE LA
CONDUCTIVITE HYDRAULIQUE

L’estimation de la conductivité hydraulique des lithofaciès


identifiés dans le paléodelta de la rivière Valin a été
effectuée in situ sur les faces des sablières et également
en laboratoire à partir des échantillons qui y ont été
prélevés lors des travaux de terrain.

5.1 Estimation in situ de la conductivité hydraulique

Plusieurs instruments ont été développés permettant


l’estimation in situ de la conductivité hydraulique dont
certains sont utilisés dans les milieux granulaires non
saturés. Dans le cadre de cette étude de caractérisation
hydrogéologique, le mini-infiltromètre à disque et
l’infiltromètre à tension, qui se basent sur le principe de
Figure 4. Le petit pot métallique l’infiltration de l’eau dans le sol, ont été les deux
instruments utilisés lors de la campagne de mesure in
Les échantillons des lithofaciès prélevés ont été situ. La description détaillée de ces deux instruments,
transportés au laboratoire dans les meilleures conditions, ainsi que le développement des équations analytiques
puis pesés avant de les mettre au séchage à 105°C. permettant l’estimation de la conductivité hydraulique à
Après une durée de 48 heures de séchage, ils ont été l’aide de ces instruments se trouvent dans Boumaiza
pesés à nouveau et l’humidité a été déterminée suivant la (2008). Il convient de mentionner que le mini-infiltromètre
relation (2) décrite par Castany, (1998) : à disque est un instrument facile à manipuler sur le terrain
et permet de réaliser des essais d’infiltration adaptés à
θ = Pi - Ps / Pi [2] toutes les textures du sol. Quant à lui, l’infiltromètre à
tension nécessite une quantité appréciable d’eau lors de
où : la réalisation des essais d’infiltration et c’est pourquoi cet
θ : humidité initial de l’échantillon (%) instrument n’a été appliqué que sur un nombre restreint
Pi : poids initial de l’échantillon humide (g) de lithofaciès identifiés dans la zone d’étude.
Ps : poids de l’échantillon sec (g)
5.2 Estimation empirique de la conductivité hydraulique valeurs du déterminant d10 à l’intérieur de l’intervalle 0,06
mm < d10 < 0,6 mm. Celle de Hazen est limitée à un
La conductivité hydraulique des sédiments non- diamètre effectif d10 de : 0,1 mm < d10 < 3 mm.
consolidés peut être estimée en utilisant la courbe de la Finalement, l’expression de Slichter s’applique pour les
distribution de la taille des grains (Masch et Denny, 1966; échantillons de sol se caractérisant par un diamètre
Chapuis, 2012). À cet effet, Vukovic et Soro (1992) ont effectif d10 de : 0,01 mm < d10 < 5 mm. Il est évident que
compilé plusieurs expressions empiriques permettant l’expression de Slichter qui couvre un intervalle de
l’estimation de la conductivité hydraulique en utilisant des diamètre effectif d10 plus large s’est avérée très
déterminants de la distribution de la taille des grains d’un appropriée à la présente étude. De plus, considérant
échantillon de sol. Cette distribution se détermine à partir qu’elle s’exprime en fonction de la porosité, il était donc
des analyses granulométriques et sédimentométriques intéressant d’y incorporer les résultats de la porosité
effectuées sur les échantillons de sol représentant les obtenus dans le cadre de cette étude. Cependant, le
lithofaciès. À partir de la compilation de Vukovic et Soro paramètre relatif à la porosité est limité pour un intervalle
(1992), trois expressions empiriques ont été utilisées dans de porosité de 26 à 47% (tableau 2); alors que certains
le cadre de cette étude, soient : lithofaciès ont été caractérisés avec des valeurs de
porosité supérieures que 47% (détail dans la section 6 du
Expression empirique de Hazen (1892) présent article). L’expression de Hazen a aussi été
utilisée dans ce contexte car elle s’exprime également en
2
K = A.C.Ƭ.d10 [5] fonction de la porosité mais sans marges limitatives.
L’expression de Beyer a aussi été sélectionnée dans
où : le cadre de cette étude, car elle ne s’exprime pas en
K : Conductivité hydraulique (cm/s) fonction de la porosité et permettrait donc d’estimer la
A : Si K est exprimée en cm/s, A = 0.00116 conductivité hydraulique pour éventuels lithofaciès où la
d10 : Diamètre effectif (mm) porosité n’aurait pas été évaluée. Mentionnons que cette
Ƭ : 0.70 + 0.03t (t : température de l’eau souterraine expression s’exprime également en fonction du coefficient
supposée 10°C) d60 pour une marge non limitée. Ainsi, la combinaison des
C : Coefficient empirique (C = 400 + 40 (p-26), où p est la trois expressions empiriques semblait donc importante
porosité) dans l’approche méthodologique liée au processus
d’estimation de la conductivité hydraulique en laboratoire.
Expression empirique de Slichter (1897-1898) Tel que mentionné, les expressions empiriques de
Hazen et de Slichter s’expriment en partie en fonction de
K = 4960.M.d102 [6] la porosité. Soulignons que des essais d’estimation in situ
et en laboratoire de la porosité ont été réalisés sur les
où : lithofaciès identifiés dans la zone d’étude. Selon les
K : Conductivité hydraulique (m/J) résultats obtenus, la porosité a été estimée in situ pour 22
M : Paramètre fonction de la porosité n (tableau 2) des 27 lithofaciès identifiés dans la zone d’étude, alors
d10 : Diamètre effectif (mm) qu’elle a été estimée en laboratoire pour 24 des 27
lithofaciès identifiés. Dans le présent article, les
Tableau 2. Valeurs de M en fonction de la porosité n estimations de la conductivité hydraulique qui sont
considérées selon les expressions empiriques de Hazen
n M n M n M n M et de Slichter ne sont que celles obtenues en utilisant les
0.26 0.01187 0.32 0.02356 0.38 0.04154 0.44 0.06776 valeurs de porosités obtenues en laboratoire. En effet,
0.27 0.01350 0.33 0.02601 0.39 0.04525 0.45 0.07295 malgré les écarts rencontrés entre les résultats de
porosités estimées in situ et ceux estimés en laboratoire,
0.28 0.01517 0.34 0.02878 0.40 0.04922 0.46 0.07838
les résultats obtenus selon les deux méthodes semblent
0.29 0.01694 0.35 0.03163 0.41 0.05339 0.47 0.08455 avoir dans l’ensemble une concordance (détail dans la
0.30 0.01905 0.36 0.03473 0.42 0.05789 section 6 du présent article).
0.31 0.02122 0.37 0.03808 0.43 0.06267

Expression empirique de Beyer (1964) 6 RESULTATS SUR LA POROSITE

2
K = C.d10 [7] La porosité a été estimée in situ pour 22 des 27
lithofaciès identifiés. En effet, les essais in situ n’ont été
où : pas effectués sur les deux lithofaciès Fsc et Fm de par
K : Conductivité hydraulique (m/s) l’abondance d’argile qui ne permet pas l’entrée d’eau; ni
d10 : diamètre effectif (mm) sur les trois lithofaciès gGi, cGm et cGp de par leur
-3
C = 4.5 × 10 log 500/Cu granulométrie grossière empêchant l’enfoncement du
Cu : Coefficient d’uniformité égal d60 /d10 tube échantillonneur. De même, la porosité n’a pas pu
être estimée en laboratoire pour les trois mêmes
Il est à noter que chacune de ces expressions lithofaciès de granulométrie grossière de par la difficulté
empiriques s’applique sur un intervalle limité du diamètre d’enfoncer le petit pot métallique servant à la mesure du
effectif d10. En effet, l’expression de Beyer se limite à des taux d’humidité en laboratoire. La porosité a donc été
estimée in situ pour 22 lithofaciès et en laboratoire pour présenté un écart égal ou inférieur à 5%, alors que 6
24 des 27 lithofaciès identifiés dans la zone d’étude. lithofaciès (1/4 des lithofaciès) ont présenté un écart
Selon les résultats illustrés sur la figure 5, le variant entre 6 et 10%. Malgré les écarts rencontrés, les
lithofaciès GSt identifié à la sablière 3, montre la plus résultats obtenus selon les deux méthodes semblent avoir
faible valeur de porosité selon les deux méthodes dans l’ensemble une concordance. D’ailleurs, les courbes
d’estimation, soit 33% estimée in situ et 34% estimée en de tendance (voir figure 5) pour les résultats estimés in
laboratoire. Ce lithofaciès est constitué de gravier et de situ et en laboratoire montrent dans les deux cas une
sable ce qui implique probablement un mauvais tri (le tri tendance à la baisse en fonction de la granulométrie
n’a pas été déterminé de par l’absence de certaines croissante des lithofaciès identifiés. Par ailleurs, des
fréquences cumulatives sur la courbe granulométrique). écarts observés sont dû entre autres à des erreurs
Par ailleurs, les grains de sable, moins grossiers, sont introduites lors de la réalisation des essais, comme
sans doute placés entre les grains de gravier en discuté dans la section 8 plus bas.
minimisant les vides et réduisant ainsi la porosité. En
revanche, la valeur de porosité la plus élevée n’a pas été
notée pour le même lithofaciès selon les deux méthodes 7 RESULTATS SUR LA CONDUCTIVITE
d’estimation. En effet, elle est de 53%, estimée in situ
HYDRAULIQUE
pour le lithofaciès fSr identifié à la sablière 1, tandis qu’en
laboratoire, elle est de 45%, estimée pour le lithofaciès
gSh identifié à la sablière 5. Selon l’analyse La conductivité hydraulique a été estimée in situ à l’aide
granulométrique effectuée sur des échantillons de sol de du mini-infiltromètre à disque pour tous les lithofaciès
ces lithofaciès sablonneux, le tri de ces deux lithofaciès identifiés dans la zone d’étude (27 lithofaciès), alors
est modéré (σ est de 0,82 pour fSr et de 0,87 pour gSh). qu’elle n’a été estimée que pour six lithofaciès en utilisant
Donc, l’agencement des grains (tri modérément classé) l’infiltromètre à tension. Pour leur part, les expressions
combiné avec la quasi-absence de fraction fine sont empiriques de Hazen et de Slichter ont pu être appliquées
vraisemblablement responsables de ces valeurs élevées pour 22 des 27 lithofaciès identifiés. En effet, pour le
de porosité. lithofaciès Fsc, ces deux expressions n’ont pas pu être
appliquées car la valeur du coefficient d10 déterminée
(0,0002 mm) se retrouvait à l’extérieur des limites de
l’intervalle applicable pour ces deux expressions. Pour le
lithofaciès Fm, la conductivité hydraulique n’a pas pu être
estimée car aucune valeur du coefficient d10 n’a été
déterminée de par la limite de l’analyse
sédimentométrique (diamètre minimal de 0,0001 mm).
Pour les trois lithofaciès gGi, cGm et cGp, les expressions
de Hazen et Slichter n’ont pas pu être appliquées de par
l’absence de valeurs de porosité pour ces trois lithofaciès.
Pour sa part, l’expression empirique de Beyer a été
appliquée pour 20 des 27 lithofaciès identifiés. En effet,
elle n’a pas pu être appliquée pour les cinq lithofaciès
Fsc, Fm, gGi, cGm et cGp car aucune valeur du
coefficient d60 n’a été déterminée pour ces lithofaciès, par
de la granulométrie fine des lithofaciès Fsc et Fm et la
granulométrie grossière des lithofaciès gGi, cGm et cGp.
D’autre part, elle n’a pas pu être appliquée pour les deux
lithofaciès GSt et GSm car les valeurs du coefficient d10
déterminées (0,70 mm pour GSt et 0,66 mm pour GSm)
se retrouvaient à l’extérieur des limites de l’intervalle
Figure 5. Valeurs de porosité estimées in situ et en applicable pour cette expression.
laboratoire, par ordre croissant de la taille dominante des En se basant sur la figure 6, trois ensembles de
grains lithofaciès ont été distingués selon l’utilisation du mini-
infiltromètre à disque. Un premier ensemble se
Il convient de noter qu’un écart a été noté entre les caractérise par une forte conductivité hydraulique au- delà
-1
résultats obtenus in situ et ceux obtenus en laboratoire de 0,1 cm/s, dont la valeur la plus élevée est de 2,53×10
pour tous les lithofaciès, à l’exception du lithofaciès gSt cm/s obtenue pour le lithofaciès SGh identifié à la sablière
identifié à la sablière 3, où les résultats obtenus sont 2 et qui se caractérise par une texture grossière
pratiquement identiques. L’écart entre les résultats diffère composée de sable graveleux. Cette valeur élevée de
d’un lithofaciès à l’autre. En effet, l’écart le plus important conductivité hydraulique est probablement due à
est de 10% noté pour le lithofaciès fSr identifié à la l’uniformité du matériel (Heinz et al., 2003), sachant que
sablière 1 avec des porosités estimée in situ et ce lithofaciès est caractérisé par un bon tri (σ = 0,86). Un
déterminée en laboratoire respectivement de 53% et de deuxième ensemble regroupe la plupart des lithofaciès
43%. Il convient de noter que de l’ensemble des 22 généralement de granulométrie grossière, dont la
lithofaciès, où la porosité a été estimée selon les deux conductivité hydraulique varie entre 0,001 et 0,1 cm/s. Le
méthodes, 16 lithofaciès (environ 3/4 des lithofaciès) ont troisième ensemble regroupe des lithofaciès qui se
caractérisent par une faible conductivité hydraulique généralement très variables, et même discordant par
variant entre 0,0001 et 0,001 cm/s. Soulignons que le rapport aux résultats des méthodes empiriques. Il est à
lithofaciès Fsc identifié à la sablière 6 a présenté la plus noter également que l’écart entre la valeur de conductivité
-4
faible valeur de conductivité hydraulique, soit 1,03×10 hydraulique la plus faible et celle la plus élevée est
cm/s due probablement à la présence d’argile qui nuit à variable d’une méthode à l’autre. Mentionnons que cet
l’écoulement de l’eau. Il est à noter que le tri n’a pas été écart est faible selon les expressions empiriques, alors
déterminé pour ce lithofaciès de par l’absence de qu’il est plus au moins important selon le mini-infiltromètre
certaines fréquences cumulatives sur la courbe à disque. Cette observation est également valable pour
granulométrique (Boumaiza, 2008). les lithofaciès gSt identifié aux sablières 3 et 6 et gSh
En utilisant l’infiltromètre à tension, la conductivité identifié aux sablières 1, 2 et 5. En revanche, l’écart entre
hydraulique a été estimée pour les lithofaciès fSh identifié les valeurs de conductivité hydraulique obtenues pour le
à la sablière 1, fSp identifié à la sablière 3, gSh identifié lithofaciès SGt identifié aux sablières 6 et 7 est faible
aux sablières 2 et 5, gSp identifié à la sablière 4 et SGi selon le mini-infiltromètre à disque, alors qu’il est
identifié à la sablière 8. La conductivité hydraulique de la important selon les expressions empiriques. D’autre part,
plupart de ces lithofaciès (5 sur 6) varie dans l’intervalle pour le lithofaciès fSp identifié aux sablières 3 et 4, l’écart
de 0,01 à 0,1 cm/s. Il convient de noter que les six est important selon les expressions de Hazen et Beyer;
lithofaciès sont sablonneux et selon l’analyse tandis qu’il est faible selon le mini-infiltromètre à disque et
granulométrique, la plupart se caractérisent par un tri encore plus faible selon l’expression de Slichter.
modérément classé.
Par ailleurs, les résultats présentés à la figure 6
montrent que les conductivités hydrauliques estimées à 8 CAUSES D’ERREUR DANS L’ESTIMATION DE LA
l’aide des expressions de Hazen et de Beyer sont
POROSITÉ
quasiment identiques. Par ailleurs, il y a toujours un écart
relativement constant pour tous les lithofaciès, entre les
résultats obtenus à l’aide des expressions de Hazen et Lors de la réalisation des essais de porosité, les causes
Beyer d’une part, et ceux obtenus à l’aide de l’expression d’erreur peuvent contribuer à l’écart entre les résultats
de Slichter d’autre part. En plus, les valeurs de Slichter obtenus lors des essais in situ et en laboratoire. Les
sont systématiquement inférieures. causes d’erreur identifiées dans le cadre de la présente
étude sont décrites ci-après.
La porosité in situ a été estimée à l’aide du
porosimètre-échantillonneur et en considérant l’humidité
initiale de l’échantillon. Or, l’utilisation du porosimètre et le
prélèvement des échantillons pour déterminer l’humidité
ont été effectués durant deux périodes différentes (des
journées différentes) résultant d’un mauvais prélèvement
effectué lors de la première période. L’humidité initiale de
l’échantillon est nécessairement influencée par les
conditions météorologiques ayant prévalu durant les
heures et les jours précédents son prélèvement.
Conséquemment, la valeur de l’humidité initiale
déterminée pour les échantillons prélevés après quelques
jours (deuxième période), peut être alors non
représentative de l’état initial de l’échantillon prélevé (en
utilisant le porosimètre-échantillonneur) lors de la
première période. Donc, la détermination du taux
d’humidité déterminé en laboratoire pour les différents
lithofaciès peut expliquer l’écart observé entre les
Figure 6. Résultats des conductivités hydrauliques résultats de porosité obtenus.
estimées in situ et en laboratoire Les deux méthodes utilisées pour l’estimation de la
porosité nécessitent un prélèvement d’un échantillon en
Il convient de noter que les lithofaciès gSt, SGt, gSh, utilisant soit le tube à enfoncer à l’horizontal pour
fSp et fSr ont été identifiés à plus d’un endroit dans la l’estimation in situ ou le petit pot métallique pour
zone d’étude. Soulignons que les valeurs de conductivité l’estimation en laboratoire. Pour ces deux méthodes
hydraulique estimées sont différentes d’un endroit à utilisées lors des travaux de terrain, la qualité de
l’autre pour le même lithofaciès selon la même méthode l’échantillon de sol prélevé peut influencer le résultat
d’estimation de la conductivité hydraulique. Pour le obtenu. Par exemple, l’enfoncement du tube
lithofaciès fSr à titre exemple, des valeurs de conductivité d’échantillonnage doit se faire jusqu'à ce que l’extrémité
-2 -1 -
hydraulique de 4,74x10 cm/s, 1,41x10 cm/s et 2,09x10 arrière du tube soit en égalité avec la surface de la paroi
1
cm/s ont été estimées respectivement aux sablières 1, 4 au point d’échantillonnage sur la face de sablière. Si
et 6 en utilisant le mini-infiltromètre à disque. Par ailleurs, l’enfoncement du tube est poursuivi plus avant,
les valeurs de conductivité hydraulique sont différentes l’échantillon sera en partie compacté; à l’opposé, si le
selon chacune des méthodes utilisées. En effet, les tube échantillonneur n’est pas suffisamment enfoncé, une
résultats obtenus in situ à l’aide du multi-infiltromètre sont partie de son volume sera vide. Pour ces deux situations,
l’échantillon de sol prélevé sera alors moins représentatif l’expression empirique de Hazen contient le paramètre Ƭ
du milieu échantillonné notamment pour ce qui est du qui est calculé en fonction de la température des eaux
volume des vides. La mauvaise qualité de l’échantillon de souterraines (t) tel que Ƭ = 0,70 + 0,03 x t. Pour cette
sol prélevé peut causer des erreurs d’estimation de la étude, la température des eaux souterraine dans la zone
porosité et par conséquent, un écart pourrait avoir lieu d’étude a été considérée de 10°C (Simard et Des Rosiers
entre les résultats de la porosité obtenus in situ et ceux 1979) dans tous les cas, mais cette valeur reste
obtenus en laboratoire. approximative et pourrait différer d’un endroit à l’autre.
L’estimation in situ de la porosité se base sur En utilisant l’infiltromètre à tension, les lectures des
l’évaluation du volume d’eau injecté dans le tube niveaux d’eau infiltrée dans le sol sont prises après avoir
d’échantillonnage. Ce volume d’eau a été évalué à l’aide atteint les conditions du régime permanent.
d’un réservoir d’alimentation en eau, en multipliant la Généralement, ce point a été évalué « à l’œil », c'est-à-
section du réservoir d’alimentation par la différence de dire lorsqu’une évacuation régulière des bulles d’air dans
hauteur d’eau entre le début et la fin de l’essai. Des le réservoir d’alimentation est observée. À partir de ce
imprécisions sur la lecture de cette hauteur d’eau peuvent moment, le volume d’eau infiltré dans le sol en fonction du
influencer la valeur obtenue de la porosité et contribuer à temps est noté. Cette évaluation sommaire du régime
l’écart entre les résultats des deux méthodes d’estimation. permanent est peu précise, affectant directement la valeur
Par exemple, avec l’équipement utilisé, une différence de estimée de la conductivité hydraulique.
hauteur d’eau de 7,8 cm donne une valeur de porosité in
situ de 36%, alors que pour une différence de hauteur
d’eau de 8 cm, la porosité in situ serait de 37%. 10 CONCLUSION
En utilisant le porosimètre-échantillonneur, une partie
du volume des vides a été considéré comme étant le Des essais d’’estimation in situ et en laboratoire de la
volume d’eau injecté dans le tube d’échantillonnage. conductivité hydraulique et de la porosité ont été réalisés
Malgré le mécanisme d’injection de l’eau au bas du tube sur les différents lithofaciès identifiés dans le paléodelta
échantillonneur afin d’évacuer l’air vers le haut, il est de la rivière Valin au Saguenay. De l’ensemble des
possible que les pores d’un échantillon de lithofaciès ne lithofaciès identifiés dans la zone d’étude, où la porosité a
soient pas parfaitement remplis d’eau, à cause de été estimée selon les deux méthodes, environ 3/4 des
piégeage éventuel de l’air dans le matériau. Dans ce cas, lithofaciès ont présenté un écart égal ou inférieur à 5%,
la valeur du volume des vides peut être erronée et causer alors que 1/4 des lithofaciès ont présenté un écart variant
des erreurs d’estimation de la porosité. entre 6 et 10%. Mentionnons que les résultats obtenus
selon les deux méthodes semblent avoir dans l’ensemble
une concordance.
9 CAUSES D’ERREUR DANS L’ESTIMATION DE LA Cette étude souligne l’intérêt de la combinaison de
méthodes d’estimation de la conductivité hydraulique pour
CONDUCTIVITE HYDRAULIQUE
les dépôts sédimentaire d’architecture complexe. En effet,
la conductivité hydraulique des lithofaciès constitués de
Un certain nombre de causes d’erreur affectant les matériel plus fin tel que l’argile n’a pas été estimée, en
résultats des essais sur la conductivité hydraulique sont utilisant la courbe granulométrique à cause de la limite
décrites ci-après. d’application des expressions empiriques utilisées. Par
Pour un lithofaciès donné à titre exemple, l’endroit où contre, elle a été estimée en utilisant le mini-infiltromètre à
le mini-infiltromètre à disque a été installé et celui où disque. D’autre part, la comparaison des résultats
l’échantillon de sol a été prélevé pour fin de réalisation obtenus sur la conductivité hydraulique a permis de
d’essai en laboratoire sont situés à proximité l’un de rattacher la variabilité des valeurs estimées à trois
l’autre (à moins de 1 mètres de distance). Malgré cette facteurs distincts. Premièrement, l’hétérogénéité des
proximité, la moindre variation d’emplacement peut dépôts meubles (variabilité naturelle) fait en sorte que
contribuer à la différence entre les résultats. pour un même lithofaciès, des valeurs différentes de
Des laminations horizontales, planaires et conductivité hydraulique sont observées à des endroits
entrecroisées ont été observées dans les différents différents même en utilisant la même méthode
lithofaciès identifiés. Ces laminations n’ont pas été d’estimation. Deuxièmement, les différentes méthodes
détruites lors de l’estimation in situ de la conductivité d’estimation qui ont été utilisées sur le même lithofaciès et
hydraulique et par conséquent, elles pouvaient influencer au même endroit résultent souvent en des valeurs
le taux d’infiltration de l’eau dans le sol. Par contre, ces différentes de conductivité hydraulique. Troisièmement,
laminations sont détruites lors des essais en laboratoire des causes d’erreur affectent la réalisation des essais.
pour obtenir les courbes granulométrique nécessaires à Ces divers facteurs peuvent contribuer à la variabilité des
l’estimation empirique de la conductivité hydraulique. Il résultats et constituent des facteurs critiques qui devraient
semble donc que ces laminations peuvent contribuer à être pris en considération dans les études de
l’écart entre les résultats obtenus in situ et ceux obtenus caractérisation hydrogéologique des dépôts
en laboratoire. sédimentaires non consolidés. Par ailleurs, des analyses
Le principe du mini-infiltromètre à disque et granulométriques et sédimentométriques sur les
l’infiltromètre à tension se base sur l’évaluation du volume échantillons de sol représentant les lithofaciès, permettent
d’eau infiltré dans le sol. L’imprécision des lectures de une interprétation plus exacte des résultats portant sur la
niveau d’eau, lequel sert à estimer le volume, peut donc conductivité hydraulique et la porosité.
impliquer une différence des résultats. D’autre part,
REMERCIEMENTS Laboratoires S.L. 2003. Installation de piézomètres,
Secteur Chemin Volair, Saint – Honoré. Rapport
Les auteurs reconnaissent le soutien financier de la préparé pour Mine Niobec, par Laboratoires S.L. Inc,
Fondation de l’Université du Québec à Chicoutimi et Chicoutimi, Québec, Canada. 28 p.
remercient Mme Maryse Doucet, technicienne de travaux Lasalle, P. et Tremblay, G. 1978. Dépôts meubles du
pratiques au département des sciences appliquées à Saguenay Lac Saint-Jean. Rapport géologique n° 191,
l’Université du Québec à Chicoutimi, pour son aide lors de ministère des Richesses naturelles du Québec,
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