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Sommaire

Chapitre 3 - La personne âgée malade


Plan du chapitre tout moment de la perte d’autonomie et en
1. Particularités physiologiques cas de dépendance installée la proposition
et physiopathologiques des aides sociales nécessaires.
La décompensation fonctionnelle
Le vieillissement de la fonction La spécificité de la pratique gériatrique
Les maladies chroniques réside dans le caractère global de la prise
Les affections aiguës en charge de la personne en tenant
Le vieillard fragile ("Frail elderly") compte de son environnement.
2. Particularités cliniques
3. Particularités psychologiques
4. Spécificité de la prise en charge gériatrique
Démarche diagnostique et thérapeutique
1. Particularités
Démarche préventive physiologiques
Prise en charge sociale et physiopathologiques
Conclusion

1.1 La décompensation
fonctionnelle
La prise en charge de la personne âgée
relève d’une évaluation globale, médicale, L'état de crise du sujet âgé se présente
psychologique et sociale. Plus que la habituellement comme une décompensa-
recherche d’une pathologie d’organe, le tion fonctionnelle : confusion ou "décom-
diagnostic repose sur la notion d’une pensation cérébrale aiguë", dépression ou
décompensation fonctionnelle compor- "décompensation thymique", chute ou
tant : "décompensation posturale aiguë",
• Une réduction des réserves fonction- "décompensation nutritionnelle", etc...
nelles liée au vieillissement et aux mala- Face à la décompensation fonctionnelle, la
dies chroniques, aboutissant à un syn- démarche classique visant à regrouper un
drome de fragilité. faisceau de symptômes sous le chapeau
• Des facteurs aigus de décompensation d'une maladie unique n'est plus adaptée.
qui projettent l’individu dans une situa- La décompensation fonctionnelle est pro-
tion d’insuffisance fonctionnelle. voquée par la survenue de maladies chro-
niques et/ou aiguës sur un terrain plus ou
Le syndrome de fragilité se caractérise par moins fragilisé par le vieillissement.
un risque permanent de décompensation
fonctionnelle conduisant à une aggrava- Les concepts de décompensation et de fra-
tion de l’état de santé et à la dépendance. gilité du sujet âgé peuvent être expliqués
par un schéma (figure) prenant en consi-
La prise en charge relationnelle est un dération 3 éléments qui se cumulent pour
prolongement indispensable de la tech- aboutir à la décompensation d'une fonc-
nique médicale. Elle contribue à prévenir tion (1 + 2 + 3 de J.P. Bouchon) :
chez le malade les conduites de fuite que
sont la régression, la recherche de mater- 1- Les effets du vieillissement qui rédui-
nage et le refuge dans la maladie, tous sent progressivement les réserves
pourvoyeurs de dépendance. L’étape thé- fonctionnelles, sans jamais à eux seuls
rapeutique doit dépasser le concept de entraîner la décompensation.
guérison pour conduire à une médecine 2- Les affections chroniques surajoutées
adaptative. Elle comporte outre le dia- qui altèrent les fonctions.
gnostic et le traitement, la prévention à
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3- Les facteurs de décompensation qui 1.2 Le vieillissement de la fonction
sont souvent multiples et associés chez
un même patient : affections médicales Le vieillissement est un processus hétéro-
aiguës, pathologie iatrogène et stress gène variable d’un individu à l’autre et
psychologique. d’un organe à l’autre. Chez la plupart des
personnes, le vieillissement se traduit par
Pour exemple, le syndrome confusionnel,
une diminution des capacités maximales
décompensation cérébrale aiguë, est favo-
liée à la réduction des réserves fonction-
risé par les effets du vieillissement sur le
nelles, responsable d’un état de fragilité
cerveau. Les affections neuropsychia-
(frail elderly). D’autres personnes conser-
triques chroniques, notamment les
vent, même dans le grand âge, des capaci-
démences, constituent le terrain de prédi-
tés fonctionnelles optimales (fit elderly).
lection. Les facteurs déclenchants sont
nombreux : troubles cardiovasculaires, Lorsqu’il existe, le déclin des capacités
métaboliques ou infectieux, iatrogénie, débute dès l'âge adulte et suit une involu-
stress environnemental. tion progressive. La notion de réserve
fonctionnelle est capitale en physiologie.
Malgré la décompensation d'un organe,
Elle désigne pour certains organes une
l'équilibre de l'individu est souvent sauve-
capacité de réserve de fonctionnement
gardé grâce aux capacités de compensa-
mesurable dans des circonstances bien
tion d’autres organes. A titre d’exemple,
déterminées : réserve fonctionnelle rénale,
l'insuffisance vestibulaire est fréquente
coronaire, myocardique. Dans le cas du
chez le vieillard sans s'accompagner obli-
cerveau, la notion de réserve fonctionnelle
gatoirement d'une perte des capacités
est plus discutable.
d'équilibre. Le relais est assuré par les
autres organes neurosensoriels (proprio- La diminution des capacités, en l'absence
ception articulaire et musculaire, informa- de maladie surajoutée, ne provoque pas
tions visuelles). Ce n’est qu’à l'occasion "d'insuffisance", l’âge n'étant jamais à lui
d'une déficience de ces compensations seul responsable de la décompensation
que survient la perte d'équilibre. d'une fonction.

Figure : 1+2+3 en gériatrie (d'après J.P. Bouchon)

J.P. Bouchon, 1+2+3 ou comment tenter d'être efficace en gériatrie, Rev Prat 1984, 34:888.

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Le déclin de chaque fonction est sans n Les mauvaises pratiques


doute programmé génétiquement. Il est
Elles peuvent contribuer à aggraver ces
accéléré par des maladies (l'hypertension
deux phénomènes en ignorant dans le
accélère le vieillissement cardio-vascu-
raisonnement médical ou dans la pres-
laire), et influencé par divers facteurs :
cription médicamenteuse la spécificité
endocriniens, nutritionnels, exercice phy-
de la personne âgée.
sique ... Une fonction non utilisée peut
décliner rapidement. 1.3 Les maladies chroniques
Ainsi, la vieillesse n'est en aucun cas une
Leur fréquence augmente avec l'âge. La
maladie, mais représente un terrain pro-
polypathologie est une des caractéris-
pice pour le développement des maladies.
tiques du sujet âgé qui présente en
La répercussion de ces maladies est plus
moyenne quatre à six maladies.
importante chez le sujet âgé car leurs
effets se surajoutent aux altérations dues Ces maladies chroniques (insuffisance car-
au vieillissement. diaque, polyarthrose ...) sont source d'in-
capacités et de dépendance.
Dans l'évaluation d'un sujet âgé, la fron-
tière entre le "normal" et le "pathologique" 1.4 Les affections aiguës
est beaucoup plus difficile à situer que
chez le sujet jeune. Ceci peut entraîner Elles peuvent entrainer la décompensation
trois écueils dangereux : d'une ou de plusieurs fonctions.

n La "surmédicalisation" L'un des risques est celui de la survenue


du phénomène dit "de la cascade" dans
Elle est consécutive au refus d'envisa-
lequel une affection aiguë entraine des
ger le vieillissement et ses consé-
décompensations organiques en série.
quences. Si la "norme" de référence est
C'est, par exemple, le cas d'une infection
l'adulte plus jeune, il y a un risque de
bronchopulmonaire favorisant une
considérer comme anormal et patholo-
décompensation cardiaque, qui elle-même
gique ce qui est simplement dû au
entraîne une insuffisance rénale, elle-même
vieillissement (troubles bénins de
favorisant un syndrome confusionnel ...
mémoire) ou à ses conséquences (mal
être, isolement). Cette tendance a Certaines fonctions décompensent avec
conduit dans les années 50 à médicali- prédilection et sont particulièrement
ser la vieillesse et à la faire considérer impliquées dans la "cascade": la fonction
comme une "maladie incurable" plus cérébrale corticale (confusion, dépression)
que comme une étape de l'existence. et sous-corticale (régression psychomo-
trice), la fonction cardiaque, la fonction
n La "sous-médicalisation" rénale et la fonction d'alimentation (déshy-
Elle survient, à l'inverse, lorsque le dratation, dénutrition).
fatalisme amène à banaliser les symp-
Le phénomène de la cascade, très particu-
tômes observés en les mettant sur le
lier à la gériatrie, est d'autant plus dange-
compte de la seule vieillesse ou d'un
reux qu'il constitue un véritable cercle
problème social alors qu'ils sont dus à
vicieux où les éléments pathologiques
une affection curable. Cette attitude est
retentissent les uns sur les autres et s'ag-
génératrice d'une perte de temps pré-
gravent réciproquement : la dénutrition
judiciable pour le patient. La plupart
protéino-énergétique augmente, par son
des patients hospitalisés pour pro-
effet immunosuppresseur, le risque d'in-
blème social ou "placement" ont en fait
fection bronchopulmonaire qui aggrave
d'authentiques problèmes médicaux
encore la dénutrition par l'anorexie qu'elle
mal pris en charge qui rendent impos-
entraîne. Parallèlement, la dénutrition
sible le maintien à domicile.
réduit la force des muscles respiratoires,

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l'efficacité de la toux, l'un et l'autre de ces 2. Particularités cliniques
éléments augmentant le risque infectieux
ainsi que celui de décompensation respira- Chez le malade âgé, les symptômes carac-
toire. téristiques chez le sujet jeune sont souvent
Le pronostic de la cascade est grave. Cer- atypiques voire absents :
taines situations à risque peuvent être n la douleur est absente dans 30% des
identifiées : grand âge, polypathologie, cas d’infarctus du myocarde,
polymédication, dépendance psychique et
physique. De même, l’intensité du stress n la fièvre est inconstante dans les infec-
tions,
initial (hospitalisation en milieu chirurgical
notamment) et la non-qualité de l'environ- n une défense remplace souvent la
nement (insuffisance de formation des soi- contracture abdominale dans les péri-
gnants, iatrogénie) sont des facteurs pré- tonites,
pondérants. n la confusion est souvent la seule mani-
festation clinique d’une rétention uri-
1.5 Le vieillard fragile
("frail elderly") naire ou d’un fécalome,
n les ronchus peuvent être le seul signe
La perte des réserves adaptatives due au auscultatoire d’un foyer pulmonaire ...
vieillissement et aux maladies chroniques
peut être telle qu’elle soit responsable chez La polypathologie complique l’interpréta-
certains vieillards d'un état de fragilité tion des symptômes :
permanent qui se caractérise par une n survenue d’une douleur aiguë chez un
instabilité physiologique. Ces patients, qui patient douloureux chronique,
sont dans l’incapacité de s’adapter à un
n confusion mentale ou majoration des
stress même minime, sont particulière-
troubles cognitifs chez un patient
ment exposés au risque de pathologies en
dément,
cascade.
n douleurs abdominales chez un sujet
Parmi les marqueurs cliniques les plus âgé souffrant de constipation chro-
pertinents d’un état de fragilité, on nique.
retrouve la chute, l’incontinence et le syn-
drome confusionnel. Quatre paramètres Les signes biologiques peuvent être
de l’évaluation gérontologique permettent différents :
de dépister l’état de fragilité, à savoir : n absence d’hyperleucocytose en cas d’in-
1- la fonction musculaire, fection patente chez des sujets dont les
défenses immunitaires sont réduites,
2- la capacité aérobie,
n créatininémie "normale" chez des
3- l’état nutritionnel, sujets très âgés et de faible poids en
4- les fonctions cognitives et les aptitudes dépit d’une insuffisance rénale signifi-
psychomotrices, notamment postu- cative.
rales, de l’individu. Les signes cliniques sont le plus souvent
L’augmentation du nombre de "sujets âgés des signes généraux aspécifiques : asthé-
fragiles" dans les prochaines décennies nie, anorexie, malaise général ... communs
représente l'un des enjeux essentiels de la à bon nombre de maladies, alors que les
prise en charge gérontologique. signes fonctionnels à valeur d'orientation
sont mal exprimés ou banalisés, car attri-
bués au vieillissement ou à une affection
chronique commune.

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L'examen du malade âgé est rendu difficile malade. Certaines précautions améliorent
du fait des déficiences habituelles : hypo- la communication médecin-malade
acousie, diminution de l'acuité visuelle, (tableau 1). Souvent l’interrogatoire soi-
troubles mnésiques, détérioration des gneux de l’entourage est nécessaire pour
fonctions cognitives, enraidissements arti- reconstituer une histoire médicale com-
culaires, etc…. Le médecin doit tenir plexe chez un malade âgé ayant des diffi-
compte de ces difficultés et adapter sa cultés de communication.
technique d'examen aux possibilités du

Tableau 1 : Quelques conseils pratiques facilitant l'examen du malade âgé


Ces conseils ont pour but de réduire les problèmes de communication, sans outrance afin de ne pas
blesser le malade qui a conscience de son déficit.
Déficit auditif : Troubles mnésiques et troubles cognitifs :
• Parler lentement et distinctement, dans une • Ils ne justifient pas l'abandon de l'interro-
pièce silencieuse et sans résonnance. gatoire, car certains éléments du récit peu-
vent être bien conservés.
• Quand la malade est déjà appareillé pour
une hypoacousie, s'assurer que le dispositif • Calmer l'angoisse du malade et l'aider dans
fonctionne (pile, mise en fonction, ses recherches
réglage,…).
• Si le malade s'impatiente ou s'irrite, ou si
• Une seule personne doit parler à la fois. les renseignements obtenus ne sont pas
fiables, il est préférable de renoncer provi-
• Se placer face au malade qui a pu
soirement à l'interrogatoire, et de question-
apprendre à compenser son déficit en lisant
ner l'entourage. Ces notions serviront
-au moins partiellement- sur les lèvres de
ensuite à aider le malade dans son propre
son interlocuteur.
récit.
• Choisir la "bonne oreille"! (la presbyacousie
du sujet âgé est souvent bilatérale, mais Troubles du langage :
asymétrique). • Ne pas parler fort ou en langage "petit
nègre"
• Ne pas grimacer pour articuler : dans ce
cas, le malade qui a appris à lire sur les • Employer un langage simple, et répéter la
lèvres ne reconnait plus l'expression que les question sous différentes formes grammati-
mots donnent au visage. cales
• Elever le timbre de la voix plus que son • Ne pas insister pour ne pas décourager le
intensité. Certaines hypoacousies sont malade
caractérisées par un effet de seuil qui, une
• Poser un maximum de questions dont la
fois franchi, donne au malade la même
réponse peut être donnée par oui ou par
impression de cri que celle que nous perce-
non
vons. C'est désagréable pour tout le monde
et le malade se vexe ! • Faire lire les questions et faire écrire les
réponses quand la lecture et l'écriture sont
• Un stéthoscope peut rendre de grands ser-
(relativement) conservées
vices... en le mettant sur les oreilles du
malade et en parlant dans le pavillon. • La possibilité de montrer du doigt est théo-
riquement conservée.
Déficit visuel :
• Rechercher les lunettes si elles existent Déshabillage et habillage :
• Ils peuvent être gênés par les déficits phy-
• Tenir la main du sujet âgé qu'on interroge.
siques (enraidissements articulaires en par-
• Pendant l'entretien, se placer sous un bon ticulier)
éclairage pour que le malade puisse distin-
• Déshabillage et habillage font néanmoins
guer le visage du médecin.
partie de l'examen clinique
• Eviter de se placer à contre-jour car les
• La pudeur existe à tout âge…
sujets porteurs d'une cataracte sont inva-
riablement éblouis. • Ne pas "faire à la place" trop tôt : observer
d'abord
• Aider dans un second temps : c'est un acte
relationnel qui facilite la suite de l'entretien.

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38 Chapitre 3 - La personne âgée malade
3. Particularités psychologiques 4. Spécificité de la prise
en charge gériatrique
La mort, l'angoisse et la dépression
constituent la toile de fond du psychisme La prise en charge gériatrique est globale
de la personne âgée malade. Le vieillard prenant en compte non seulement le dia-
sait qu'il va mourir bientôt. La mort n'est gnostic et le traitement des pathologies
plus pour lui un destin général et abstrait, aiguës et chroniques mais aussi la préven-
mais un évènement propre et personnel tion des complications, la conservation de
source d'angoisse parfois majeure. Cette l’autonomie et le devenir social du patient.
peur est exacerbée par la survenue de la
maladie car le vieillard sait très bien qu'il 4.1 Démarche diagnostique
suffit d'un grain de sable pour compro- et thérapeutique
mettre son équilibre précaire et tout évè-
Devant la multiplicité des diagnostics qui
nement déstabilisant est perçu ainsi. Par
peuvent être posés chez un même patient,
ailleurs, la maladie est souvent l’occasion
une hiérarchisation est nécessaire. Les
d’une prise de conscience du vieillisse-
diagnostics «rentables» débouchant sur
ment plus ou moins dénié jusque là. Le
une amélioration réelle de l’état de santé et
vieillard peut alors brusquement démis-
de la qualité de vie du patient doivent être
sionner même pour une maladie en appa-
privilégiés. L’intervention sur une arthrose
rence bénigne, adoptant volontiers des
de hanche, sur une cataracte ou la pose
conduites de fuite où dominent les carac-
d’un pace-maker permettent de limiter le
téristiques suivantes:
risque de chute. L’appareillage d’une
n La régression avec ralentissement psy- hypoacousie permet de lutter contre l’iso-
chique, confusion, troubles de la lement social. Certaines investigations
marche, incontinence sont à l’inverse discutables : dépistage sys-
n La recherche de maternage et de totale tématique d’une hypercholestérolémie
dépendance après 80 ans, TDM ou IRM à la recherche
de métastases chez un patient cachectique
n L'installation et le refuge dans la mala- ayant une néoplasie incurable...
die, notamment chez les plus isolés
affectivement dont le statut de malade Dans le cadre de cette démarche diagnos-
constitue la preuve de leur existence et tique et thérapeutique, le consentement du
invite à ce que l'on s'occupe d'eux. patient au projet de soins est absolument
indispensable.
La dimension relationnelle est donc indis-
pensable lors de la prise en charge du 4.2 Démarche préventive
vieillard. Il est essentiel de renvoyer au
sujet âgé une image positive de sa condi- Une évaluation de l’état de santé de base
tion d'individu à part entière et de son état est indispensable afin d’identifier les
de santé, afin d'améliorer la perception de patients à risque élevé de décompensation
sa propre image. (frail elderly) : patient ayant chuté, antécé-
dent de décompensation cardiaque, fonc-
La qualité de la relation dépend beaucoup
tion rénale limite, polymédication ...
de l'image que le soignant a lui-même du
vieillissement. Si le vieillissement n'est Lors de toute situation aigue, il faut s’assu-
envisagé que par rapport à la "norme rer dès les premiers jours d’une bonne
adulte", il ne peut apparaître qu'en négatif, hydratation et d’apports nutritionnels suf-
ce qui expose à des comportements fisants, mobiliser le patient, réduire la
extrêmes de rejet ou à l'inverse de mater- prescription aux médicaments indispen-
nage excessif. Si cette vision prévaut, le sables, prévenir la survenue d’escarres...
risque d'échec de la prise en charge est
La prévention de la perte d’autonomie est
majeur quelle que soit la valeur de la tech-
fondamentale, ceci dès le premier jour
nique mise en place parallèlement.
d’une affection aiguë. Le développement et

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Chapitre 3 - La personne âgée malade 39

l'utilisation maximale des capacités res- 4.4 Conclusion


tantes doivent être assurés par l’ensemble
de l’équipe soignante. Un soutien psycho- La prise en charge du patient âgé repose
logique du patient doit systématiquement sur une démarche globale qui prend en
être associé (prévention de la régression, compte les particularités séméiologiques
aide au travail de deuil de la fonction per- et les risques de décompensation fonction-
due, développement d'activités de com- nelle. Elle assure une prévention des com-
pensation). plications médicales et psychologiques
ainsi que de la perte d’autonomie.
4.3 Prise en charge sociale
Il s’agit d’une démarche positive qui exclut
Le mode de vie du patient et son environ- tout fatalisme souvent invoqué du seul fait
nement doivent être déterminés afin du grand âge.
d’évaluer ses besoins et de mettre en
œuvre les aides nécessaires.
La prise en charge gériatrique repose sur
l’intervention coordonnée de toute une
équipe associant médecins, infirmiers,
aide-soignants, masseurs-kinésithéra-
peutes, ergothérapeutes, assistants
sociaux, diététiciens, psychologues.

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