Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vespr�e Les plis de sa robe pourpr�e, Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d�espace,
Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laiss� cheoir ! � vrayment marastre Nature, Puis qu�une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre �ge fleuronne En sa plus verte nouveaut�, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme � ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beaut�.
L�Albatros Charles Baudelaire
Souvent, pour s�amuser, les hommes d��quipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
� peine les ont-ils d�pos�s sur les planches,
Que ces rois de l�azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons tra�ner � c�t� d�eux.
Ce voyageur ail�, comme il est gauche et veule!
Lui, nagu�re si beau, qu�il est comique et laid! L�un agace son bec avec un br�le-gueule, L�autre mime, en boitant, l�infirme qui volait!
Le Po�te est semblable au prince des nu�es
Qui hante la temp�te et se rit de l�archer; Exil� sur le sol au milieu des hu�es, Ses ailes de g�ant l�emp�chent de marcher.