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HISTOIRE DE LA MICROBIOLOGIE
1. Introduction générale
La microbiologie est la science qui a pour objet l’étude des microbes (du grec :
mikros=petit; bios=vie). Le terme ‘microbe’ englobe tous les organismes vivants, de petites
dimensions nécessitant le microscope pour l’observation.
Les microbes comprennent les microorganismes suivants :
* Champignons
* Algues unicellulaires
* Protozoaires
* Microorganismes unicellulaires que leurs caractères ne permettaient pas de les rattacher à
l’un ou l’autre de ces groupes : on les a dénommé bactéries (du grec bakteria=bâton) en raison de la
forme en bâtonnet des premières bactéries découvertes.
En 1868 le biologiste Haeckel a créé le règne des protistes qui regroupe tous les organismes
qui ne sont pas des végétaux supérieurs (immobiles et photosynthétiques) ou des animaux
supérieurs (mobiles et non photosynthétiques). Il s’agit donc du règne des bactéries, des
cyanobactéries, des protozoaires, des algues unicellulaires et des champignons microscopiques.
Selon la structure cellulaire des protistes nous distinguons deux groupes fondamentalement
distincts :
- Protistes supérieurs : structure cellulaire Eucaryote proche de celle des végétaux et des
animaux supérieurs. C’est le cas des algues, protozoaires et champignons microscopiques.
- Protistes inférieurs : organisation cellulaire procaryote plus rudimentaire. Il n’y a pas de
vrai noyau et pas d’enveloppe nucléaire. L’appareil génétique est constitué d’un seul chromosome
(nucléoïde), pas de mitochondries ni de chloroplastes. Cette organisation caractérise les bactéries et
les cyanobactéries ou algues bleu-verts.
La découverte des microorganismes fut révélée au monde scientifique grâce aux travaux de
Van Leeuwenhoek (1632 – 1723) qui s’est intéressé à la richesse de la goutte d’eau en protozoaires,
algues, levures et bactéries. Les observations de Van Leeuwenhoek, grâce à la fabrication du
premier microscope, lui ont permis de décrire des formes diverses mobiles ou immobiles (appelés
animalcules). La physiologie de ces microorganismes ne fut comprise qu’en 1836 par
l’interprétation de la nature biologique des fermentations.
2. L’époque pastorienne
Cette époque a été dominée par les travaux du chimiste français âgé de 24 ans du nom de
Louis Pasteur (1822 – 1895) dont les travaux ont porté sur les fermentations, vaccinations et
pasteurisation (destruction des contaminants causant les maladies par chauffage à 56°C)
1
animaux morts). Les travaux de Louis Pasteur réfutent cette théorie et montrent la présence des
microorganismes dans l’atmosphère, leur rétention sur la paroi des ballons en col de cygne et leur
destruction par la chaleur. Ces travaux ont permis la mise au point des techniques chirurgicales
aseptiques par le chirurgien anglais Joseph Lister.
b. Bactériologie médicale
Pasteur et l’allemand Robert Koch (1843-1910) sont les fondateurs de la bactériologie
médicale. Le rôle des bactéries dans les maladies a été démontré entre 1876 et 1882 par les travaux
de Robert Koch sur les maladies du charbon et la tuberculose causées respectivement par Bacillus
anthracis et Mycobacterium tuberculosis. Ces microorganismes ont pu être isolés grâce aux travaux
de Koch, Richard Petri, Walther Hesse et son épouse Eilshemius Hesse.
c. Les vaccinations
Durant son travail sur le choléra des poules, Pasteur s’est aperçu que les cultures
bactériennes d’agents pathogènes deviennent atténuées. Les poulets infectés par ce genre de culture
devenaient résistants à la maladie, c’est le processus de vaccination. Il a été utilisé plus tard par
Pasteur pour développer la résistance à la rage chez des patients humains. L’agent pathogène étant
atténué en le faisant se développer chez des lapins.
3. La période moderne
Les microorganismes sont faciles à cultiver et se reproduisent très rapidement. Ils
constituent donc un excellent outil de travail en génétique afin d’étudier la structure moléculaire de
l’ADN, les caractères héréditaires et leurs variations, l’expression des gènes et sa régulation. La
combinaison de la génétique et la biochimie a donné naissance à la biologie moléculaire qui
constitue la base du génie génétique et des biotechnologies modernes. Elle s’intéresse à la structure
des macromolécules notamment les ADN et les protéines et a permis de montrer que la structure des
protéines est gouvernée par les gènes. La microbiologie a fait à la biologie moléculaire l’essentiel
de son matériel d’étude. Grâce aux bactéries, le mécanisme de synthèse protéique, le décryptage du
code génétique ainsi que d’autres phénomènes biologiques ont été connus.
2
Les historiens ne connaissent aucune société où on n’a pas utilisé la fermentation pour faire
de la nourriture ou de la boisson. Pendant longtemps, l’homme a cherché à améliorer la qualité de
ses produits de fermentation sans même se douter qu’une meilleure qualité dépend de l’amélioration
des conditions de croissance des microorganismes. Il a fallu attendre les travaux des
microbiologistes sur le rôle des microorganismes dans la fermentation.
* 1546 : on suggérait que les maladies pouvaient être provoquées par des organismes trop petits
pour être vu et sont transmis d’une personne à une autre.
* 1762 : on prétendait que différents microorganismes provoquaient des maladies différentes.
* 1843 : on suggérait que la fièvre puerpérale, infection que contractait la femme après
l’accouchement, était contagieuse et causée par des microorganismes transportés d’une patiente à
une autre par des sages femmes et les médecins.
* 1870 : Robert Koch a travaillé sur la maladie du charbon (maladie qui touche le bétail, les
moutons et parfois l’homme). Il isola du sang des animaux morts le microbe du charbon. C’était la
première fois qu’on prouvait qu’une bactérie provoque une maladie animale. Plus tard, Koch
découvrit les bactéries responsables de la tuberculose et du choléra.
La découverte par Pasteur de la vaccination par des germes atténués, appliquée à grande
échelle à la maladie du charbon marque le début de la prévention des maladies infectieuses
(immunisation). La découverte des germes dans l’air va avoir des conséquences fondamentales en
chirurgie (pratique de l’asepsie). De même la chimiothérapie (traitement des maladies par des
produits chimiques) commence à se développer.
Les mesures de santé publique rentrent aussi dans ces méthodes de prévention pour
contrôler les maladies microbiennes (purification de l’eau, traitement des eaux usées, conservation
des aliments,...).
Dans le domaine alimentaire, Pasteur a démontré le rôle des microbes dans la transformation
des aliments, création de la branche microbiologie alimentaire et industrielle. Hansen a même crée
une entreprise qui produit des microorganismes nécessaires à la fabrication du vinaigre et les
produits laitiers.
Plus tard Burrill découvrit qu’une bactérie causait chez les poiriers une maladie dite feu
bactérien. Cette découverte a été à l’origine de la discipline de pathologie végétale ou
phytopathologie.
3
Chapitre II. MORPHOLOGIE ET STRUCTURE DES MICRO-
ORGANISMES: LA CELLULE BACTERIENNE
La cellule bactérienne représente les plus petits organismes doués de métabolisme et capables
de croître et de se diviser aux dépens de substances nutritives. Leur diamètre est habituellement
d’environ 1 µm. La cellule bactérienne est entourée d’une paroi sous forme d’une enveloppe rigide
qui lui confère sa forme et sa résistance (Figure 1). Elle est doublée d’une membrane cytoplasmique
constituée d’une enveloppe plus mince. Le cytoplasme en général très homogène contient des
granulations d’acide ribonucléique, des ribosomes et des substances de réserve. L’appareil nucléaire
présente un aspect fibrillaire. Il n’est pas entouré d’une membrane.
La paroi, la membrane, le cytoplasme et l’appareil nucléaire représentent les structures
essentielles de la cellule bactérienne. Elles sont toujours présentes alors que d’autres structures
peuvent éventuellement s’y adjoindre selon le type de bactérie. Il s’agit de la capsule, des flagelles,
des ‘pili’ et des spores chez certaines espèces bactériennes.
a. Forme et groupement
Les différentes espèces bactériennes se présentent sous trois formes principales : sphérique
ou coccoïde, cylindrique ou en bâtonnet et la forme spiralée ou hélicoïdale. La taille des bactéries
dépend des différentes espèces. La longueur d’une bactérie coliforme comme Escherichia coli peut
être de 5 à 10 µm. Les staphylocoques et les streptocoques qui sont des bactéries sphériques ont un
diamètre variant entre 0,75 et 1,25 µm.
4
Les cocci peuvent aussi se diviser sur deux plans donnant ainsi naissance à des tétrades.
D’autres cocci se multiplient sur trois directions de l’espace formant ainsi des grappes : les
staphylocoques. Parmi les cocci certaines bactéries peuvent se rassembler en une forme cubique de
8 unités appelées sarcines.
Tétrade
Streptocoques Staphylocoques
Figure 2. Schéma montrant le regroupement des bactéries de forme sphérique
A B C
Figure 3. Micrographies électronique des coques. (A) groupement en grappe d’un staphylocoque; (B)
feuillet (les zones brillantes dans les coques sont des vacuoles à gaz); (C) amas de 8 cellules ou sarcine.
A B
Figure 4. En (A), cellules en bâtonnets de bacillus anthracis observées au microscope à contraste de
phase; en (B), bâtonnets incurvés ou vibrions.
5
- Forme spiralée ou hélicoïdale (Figure 5):
Concerne un petit nombre de microorganismes ayant une structure hélicoïdale et
extrêmement allongée. Les leptospires (5 à 10 µm de long) ont des extrémités en crochet, les
spirocheta sont plus longues entre 30 à 500 µm.
A B
2. La paroi cellulaire
a. Organisation générale
A l’exception des mycoplasmes (Figure 7), toutes les bactéries possèdent une paroi
cellulaire. Elle représente 20% du poids sec de la cellule bactérienne. Toutes les structures à
l’extérieur de la membrane plasmique constituent l’enveloppe. Elle comprend la paroi et la
structure extracellulaire comme la capsule. La paroi bactérienne est formée principalement d’un
polymère appelé peptidoglycane (appelé aussi mucopeptide ou muréine).
6
permettant l’assemblage des différentes sous unités du peptidoglycane formant ainsi un énorme
réseau dense de molécules interconnectées.
0,1 µm
Membrane plasmique
Enzymes
ADN
ARN
Ribosomes
Figure 7. Structure des mycoplasmes : découverts par Pasteur (diagnostic de PPLO = organisme
ressemblant à l'agent de la pleuropneumonie des bovidés ou Pleuro-Pneumonia-Like-Organism), structure
très simple: membrane protégeant un cytoplasme + nucléoïde (ADN) + enzymes, ribosomes, ARN. Très
sensibles à la pression osmotique, aux détergents et à l’alcool.
Figure 9. Shémas montrant le réseau bi-dimensionnel des parois cellulaires des bactéries Gram
positives (A) et Gram negatives (B). Les chaînes glycanes (NAM-NAG) sont liées entre ells par des ponts
peptidiques.
7
La synthèse du peptidoglycane est inhibée par l’action de la pénicilline. Le lysozyme est une
enzyme qui dégrade le péptidoglycane en hydrolysant la liaison β1-4 entre N-acétylglucosamine et
l’acide N-acétylmuramique.
Osamines +++ +
Acides aminés 24-35% 50 %
Acides teichoïques +++ -
Oses 20-60% 20-60%
Lipides 1-2,5% 10-22%
Osamines : représentés essentiellement par la N-acétylglucosamine, l’acide N-acétylmuramique.
Acides téichoïques : polyribitol-phosphate et polyglycérol-phosphate. Leur localisation exacte est mal
connue. Soit au niveau de la paroi soit dans le feuillet externe de la membrane cytoplasmique (sous forme
d’acide lipotéichoïque unis par liaison covalente aux glycolipides membranaires).
Oses : plusieurs oses ont été isolés de la paroi bactérienne : glucose, galactose, mannose, fucose, etc … ;
leurs modes d’association confèrent à la paroi sa spécificité et ses propriétés antigéniques.
Lipides : représentés souvent par des lipides simples entrant dans la composition des lipopolysaccharides
des bactéries à Gram négatif.
Cette diversité chez les bactéries est à l’origine de la différence de leurs réactions vis à vis
des différents colorants et des solvants ou coloration différentielle. Ces colorants augmentent le
contraste entre les cellules et leur environnement. Les techniques de coloration différentielle permettent
de distinguer les différents genres de bactéries selon leurs réactions vis-à-vis des divers colorants utilisés.
• Colorants basiques : bleu de méthylène, fuchsine basique, cristal violet, safranine, vert de
malachite. Ils sont cationiques (ont des charges (+)) et se fixent aux molécules chargées
négativement comme les acides nucléiques.
* La coloration des mycobactéries nécessite donc un chauffage en présence d’un mélange de fuchsine
basique et phénol (méthode Ziehl-Nelsen).
* Les cellules acido-alcoolo-résistantes ne sont pas décolorées par lavage à l’aide d’un mélange alcool-acide.
* Les bactéries non acido-alcoolo-résistantes sont par contre facilement décolorées par le mélange alcool-
acide. Ces bactéries sont par la suite colorées en bleu par le bleu de méthylène.
Ce type de coloration est utilisé pour identifier les Mycobacterium pathogènes des animaux
(M. bovis) responsable de la tuberculose du bétail. Le contrôle du bétail laitier et la pasteurisation
du lait sont donc nécessaires. Chez l’homme : M. tubeculosis est la cause de la maladie de la
tuberculose et M. leprae est la cause de la maladie de la lèpre.
• Colorants acides : éosine, rose Bengale et fuchsine acide. Ils sont anioniques (possèdent
des charges (-)) et se fixent aux molécules chargées positivement.
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• Coloration de Gram (mise en évidence par Christian Gram en 1884) : basée sur la
différence de la composition chimique de la paroi des différentes espèces bactériennes qui la
rend plus ou moins perméable au passage de certains solvants :
Etape 1 : Coloration de la préparation bactérienne par le cristal violet.
Etape 2 : Traitement avec une solution d’iode (Lugol) pour fixer le colorant.
Etape 3 : Décoloration avec l’éthanol ou de l’acétone : les bactéries Gram (-) sont décolorées alors que les
bactéries Gram (+) gardent le colorant violet.
Etape 4 : Coloration avec la safranine (contre colorant). Elle colore les bactéries Gram (-) en rose ou rouge et
laisse les bactéries Gram (+) colorées en violet.
Chez les bactéries Gram (+), la paroi cellulaire est formée d’une couche homogène de
peptidoglycane de 20 à 80 nm (Figures 10 et 12, Tab. 1). La paroi contient aussi une grande
quantité d’acides téichoïques associés au peptidoglygane ou aux lipides de la membrane plasmique
sous jacente formant ainsi des acides lipotéichoïques.
Chez les bactéries Gram (-), la paroi cellulaire, de structure stratifiée, est plus complexe.
Elle est formée d’une couche de peptidoglycane moins épaisse (1 à 7 nm) et d’une membrane
externe constituée de phospholipides et de lipoprotéines de Braun (assurant la liaison entre la
membrane externe et le peptidoglycane). La membrane plasmique est séparée de la membrane
externe par un espace périplasmique contenant le peptidoglycane (Figures 11 et 12, Tab. 1).
9
La membrane externe contient des Lipopolysaccharides (LPS ou endotoxines) contenant des
lipides et des glucides. Le LPS est fortement lié à la surface cellulaire et n’est libéré qu’après lyse
de la paroi. Elle joue le rôle de barrière de protection en empêchant l’entrée des antibiotiques et
autres substances toxiques pour la bactérie. Pourtant cette membrane permet l’accès à des petites
molécules grâce à la présence de protéines spéciales appelées porines désignées aussi par Omp
(Outer membran protein).
Figure 12. Comparaison entre les parois des bactéries gram positives (à gauche) et négatives (à
droite).
Tableau 1. Différences physiques et chimiques de la paroi chez les bactéries Gram (-) et Gram (+)
10
b. Fonctions de la paroi (figure 13)
* Résistance à la pression interne (osmotique) et le maintien de la forme de la cellule :
En général, l’environnement microbien est moins concentré que le milieu cytoplasmique
bactérien. Ceci entraînerait l’entrée des quantités d’eau qui pourrait élever la pression osmotique à
un niveau que la membrane cytoplasmique ne pouvait supporter (20 atmosphère) qui conduira à la
lyse de la cellule. La présence de la paroi protège la bactérie par sa forte résistance.
Tableau 2. Comparaison des caractères physiologiques des bactéries Gram (-) et Gram (+)
Placées dans un milieu hypertonique (plus concentré que le milieu intracellulaire), les
bactéries ont tendance à perdre des quantités d’eau entraînant la plasmolyse : détachement du
cytoplasme de la paroi cellulaire. Ce processus est utile dans la préservation de la nourriture séchée
ou plus concentrée (préparation de la confiture).
En effet cette différence est certainement due à la composition chimique de la paroi chez les
bactéries Gram négatif. Placés dans un milieu hypotonique les protoplastes et les sphéroplastes vont
absorber l’eau par osmose incontrôlée et vont se lyser et éclater.
.
Figure 13. Formation des protoplastes
11
* Fixation des bactériophages :
La paroi bactérienne présente des sites spécifiques de fixation des virus appelés
bactériophages (Voir chapitre IV). Chez les bactéries Gram (+), ces sites sont localisés au niveau
des acides téichoïques. Cette fixation représente le premier stade de l’infection par des
bactériophages, elle est suivie par la lyse de la bactérie. La détermination des sites de fixation des
bactériophages constitue le lysotype. Il s’agit d’une carte d’identification de l’espèce bactérienne.
* Les flagelles :
Ils s’agissent d’organes locomoteurs spécialisés extrêmement fins sous forme de filaments
minces, d’environ 20 nm de diamètre et 15 à 20 µm de long. Leur point d’insertion est
cytoplasmique (structure appelée rotateur). Il existe une relation entre la rotation du flagelle et
le mouvement des bactéries (Figure 14).
12
On distingue quatre types de distribution des flagelles autour de la cellule bactérienne
(Figure 15):
- Bactéries monotriches : un seul flagelle inséré à une extrémité de la cellule.
- Bactéries amphitriches : un seul flagelle par extrémité.
- Bactéries lophotriches : lorsqu’une touffe émerge à l’une ou aux deux extrémités.
- Bactéries péritriches : la bactérie porte de nombreux flagelles insérés sur toute sa surface.
Lophotriche
Monotriche
Amphitriche Péritriche
Figure 15. Arrangement des flagelles chez les bactéries
Le mouvement orienté des bactéries vers des substances attractives ou en sens opposé quand
il s’agit de substances répulsives est appelé chimiotactisme. Il existe donc une chimiotaxie
positive quand les bactéries sont attirées par des sucres, acides aminés et autres substances
nutritives et une chimiotaxie négative quand elles sont repoussées par des acides, bases, phénols.
Il est important de noter que le mode d’insertion des flagelles peut être utilisé dans un but de
reconnaissance taxonomique. Exemple : chez la famille des Enterobacteriaceae, toutes les bactéries
mobiles possèdent un système flagellaire péritriche.
Figure 16. Les pili sexuels et leur rôle dans la reproduction sexuée chez les bactéries
13
3. Membrane cytoplasmique
a. Organisation de la membrane :
Elle est organisée conformément au modèle de Mosaïque fluide de Singer et Nicholson. Les
phospholipides sont à la base de la structure de la membrane cytoplasmique. En raison de leur
nature amphipathique (ou amphiphile), ces molécules s’organisent en deux couches moléculaires
avec la partie hydrophile porteuse d’un groupement phosphate orientée vers l’extérieur et les parties
hydrophobes insolubles dans l’eau se retrouvent vers l’intérieur se protégeant ainsi du milieu
aqueux. Il s’agit du double feuillet comprenant deux catégories de protéines (Figure 17):
Les protéines extrinsèques ou périphériques situées sur une des deux faces du double feuillet.
Elles sont facilement libérées dans une solution aqueuse.
Glycolipide Oligosaccharide
Protéine
intrinsèque
Protéine
intrinsèque
Hélice α
hydrophobe
Hopanoïde
Phospholipide
Protéine
extrinsèque
b. Fonctions :
Indépendamment de son rôle dans le processus de biosynthèse (par les enzymes localisées à
son niveau) et dans l’excrétion d’enzymes hydrolytiques (espace périplasmique), la membrane joue
un rôle essentiel dans la respiration et dans les transferts de substances.
* Respiration cellulaire :
La membrane cytoplasmique contient les enzymes de la chaîne respiratoire dans le
mésosome (à savoir les déshydrogénases et les coenzymes qui leur sont associées : NAD, FAD,
cytochromes, cytochromes oxydases). La chaîne respiratoire de la membrane bactérienne est
semblable à celle de la mitochondrie. Le transfert des électrons vers l’accepteur final constitué
d’oxygène (O2) est à l’origine d’un gradient électrochimique entre le milieu intracellulaire et le
milieu extracellulaire. La formation d’ATP résulte de la réaction de phosphorylation au sein de la
membrane plasmique.
14
moins concentré pour tendre vers un état d’équilibre : il s’agit du phénomène de la diffusion
passive, souvent appelée simplement diffusion. Elle fait intervenir les canaux protéiques situés au
niveau membranaire. Chez les bactéries Gram négatives les canaux protéiques sont limités à la
membrane externe. La vitesse de transport est proportionnelle au gradient de concentration entre le
milieu externe et le milieu interne (Figure 18).
Figure 18. La diffusion facilitée (1) et passive (2). La vitesse de diffusion dépend du gradient de concentration du
soluté.
Les transporteurs impliqués sont de nature protéique et présentent une grande spécificité vis-
à-vis de certaines molécules. Le transport actif se caractérise par la saturation de transporteur à des
concentrations élevées. Il nécessite une source d’énergie métabolique. L’ATP est la source
principale d’énergie nécessaire au transport actif (Les inhibiteurs métaboliques comme le
dinitrophénol inhibent le transport actif mais pas la diffusion facilitée).
Exemple : Escherichia coli transporte une variété de sucres (maltose, galactose) et des acides
aminés (glutamate, histidine, leucine) par ce mécanisme.
15
Tableau 3. Composition élémentaire caractéristique des cellules de bactéries ou d’archéobactéries.
Les ribosomes résultent de l’association d’une sous unité volumineuse d’une constante de
sédimentation de 50 S et d’une petite sous-unité de 30 S reliées entre elles par des liaisons ARN-
protéine et protéine-protéine. Ils sont légèrement plus petits que les ribosomes de la cellule
eucaryote (60S et 40S). L’ARN ribosomal représente 80 à 90% de l’ARN total cellulaire. Les
ribosomes fixent les colorants basiques comme le bleu de méthylène. Les ribosomes constituent le
siége de la synthèse des protéines ou traduction.
* Corps d’inclusion :
Il s’agit d’une accumulation de granules de réserves parfois entouré d’une membrane de 2 à
4 nm d’épaisseur et visibles au microscope optique. Les bactéries peuvent accumuler des matériaux
organiques ou inorganiques. En cas de forte accumulation, ces réserves forment des granulations
cytoplasmiques constituées de polymères de réserve.
Exemples :
Inclusions organiques :
- Granulations de réserves carbonées révélés par une solution iodo-iodurée en bleu foncé quand il
s’agit d’amidon (non ramifié) et en brun rougeâtre quand il s’agit (plus fréquemment) de glycogène.
- L’acide poly-β β -hydroxybutyrique (PHB) chez pseudomonas : révélé par les colorants
spécifiques des graisses, le noir soudan.
- Les bactéries photosynthétiques pourpres contiennent à la fois des inclusions de glycogène et des
inclusions de PHB. Ils servent à la production d’énergie nécessaire à l’activité de la cellule.
- Les granules de cyanophycine composée de polypeptides qui servent de réserves d’azote pour la
bactérie.
Inclusions inorganiques :
- Granules de polyphosphates ou de volutine chez Corynebacterium diphterieae : il s’agit de
polymère linéaire phosphaté dont la révélation par coloration servait dans un but diagnostique.
- Inclusions de soufre chez les thiobactéries qui tirent leur énergie de l’hydrogène sulfuré.
16
* Chromatophores et pigments :
Chez les bactéries photosynthétiques ou cyanophytes, la conversion de l’énergie lumineuse
en énergie chimique s’effectue au niveau d’organites spécialisés de type vésiculaire ou tubulaire
appelés chromatophores (Figure 19). Les pigments photosynthétiques sont constitués de
bactériochlorophylles (de composition différente de la chlorophylle des plantes supérieures).
2 µm
Paroi cellulaire Mucus
Thylacoïde
Membrane plasmique (Chromatophore)
* Vacuoles à gaz :
Elles sont constituées d’un ensemble de vésicules gazeuses de forme cylindrique remplies de
gaz (gaz atmosphérique). Elles se trouvent dans le cytoplasme de certains procaryotes
photosynthétiques d’habitat aquatique et leur permettent de flotter à la surface de l’eau (lacs ou
océans) ou à différentes profondeurs afin de capter le maximum de lumière, oxygène et nourriture.
Principalement, chez les cyanobactéries, bactéries photosynthétiques.
Figure 20. Vésicules gazeuses chez Anabaena flos-aquae: préparation par cryodécapage X 89.000
17
5. Les spores ou endospores bactériennes:
Elles représentent une forme de résistance pour un certain nombre de bactéries. Il s’agit de
structure intracellulaire spéciale, dormante et très résistante aux conditions sévères de
l’environnement comme la chaleur (résiste à une ébullition > 1h), les radiations UV, la dessiccation,
les désinfectants et antibiotiques. Elles sont produites par les bactéries Gram positives du genre
Bacillus, Clostridium. Exemples :
• Cl. botulinum responsable de botulisme (sensation d’obstacle dans la gorge et
sécheresse importante de la cavité buccale) .
• Cl. tetani responsable du Tetanos.
• B. anthracis responsable de la maladie du charbon.
La position de la spore diffère en fonction de l’espèce bactérienne (Figure 21):
• Spore centrale : située au centre de la cellule bactérienne.
• Spore subterminale : située proche de l’extrémité de la cellule.
• Spore terminale : située à l’extrémité de la cellule.
spore centrale
spore subterminale
spore terminale
Figure 21. Les différents types d’endospores
- La croissance est caractérisée par l’émergence d’une cellule végétative avec une
augmentation du volume et la reprise de la biosynthèse (protéines et ADN).
18
Figure 22. Le cycle d’une bactérie sporulante
Exosporium
Tunique externe
Tunique interne
Cortex
Appareil nucléaire
Membrane corps central
19
aux antibiotiques, la virulence, la conjugaison bactérienne (facteur F) ou certaines possibilités
métaboliques particulières (lui permettant de se multiplier dans un environnement défavorable):
- production d’entérotoxines et d’entéro-invasifs chez E. coli sous contrôle de plasmides.
- Plasmides métaboliques :
* dégradation du lactose chez salmonella;
* hydrolyse de l’urée et production de H2S chez E. coli.
Figure 24. Structure de l’ADN super-enroulé. Des degrés progressifs d’enroulement permettent de
compacter la molécule d’ADN.
20
Chapitre III. NUTRITION, CROISSANCE ET MULTIPLICATION
BACTERIENNE
Les microorganismes se multiplient à partir des aliments ou nutriments présents dans les
milieux de culture. Les différentes espèces bactériennes ont des besoins communs appelé besoins
élémentaires. Il s’agit d’une source d’eau, source d’énergie, des éléments majeurs (en g/l : carbone,
oxygène, hydrogène, azote, phosphate et soufre), des éléments mineurs (en mg/l : potassium,
calcium, magnésium et fer), des oligoéléments (en µg/l : Manganèse, Zinc, Cobalt, Molybdène,
Nickel, Cuivre).
De nombreux microorganismes ne disposent d’enzyme nécessaire à la synthèse de certaines
substances qui s’avèrent nécessaires à leur croissance. Ces constituants cellulaires doivent être
fournis par l’environnement externe et portent le nom de facteurs de croissance (acides aminés,
purines et pyrimidines, vitamines), sans lesquels ces microorganismes ne peuvent s’accroître.
D’autres facteurs appelés stimulants, peuvent modifier la vitesse de croissance des bactéries sans
l’arrêter.
* Les paratrophes: ce sont des bactéries intracellulaires comme les rickettsies et les
chlamydies. Ils tirent leur énergie de leur parasitisme obligatoire.
b. Source de carbone
Le carbone est l’élément essentiel de la cellule, il sert à l’élaboration du squelette de toutes
les molécules organiques. Certains microorganismes sont capables de se développer dans un milieu
inorganique en utilisant le CO2 comme seule source de carbone. On parle de microorganismes
autotrophes.
D’autres microorganismes ne peuvent pas utiliser exclusivement le CO2 comme source de
carbone. Ils exigent des molécules organiques complexes. On parle des microorganismes
hétérotrophes.
21
Malgré la diversité des types trophiques chez les microorganismes, ils peuvent être classés
en quatre catégories nutritionnelles en se basant sur leurs sources d’énergie, d’électron et de
carbone (Tableau 4):
• Les autotrophes photolithotrophes
• Les autotrophes chimiolithotrophes
• Les hétérotrophes photoorganotrophes
• Les hétérotrophes chimioorganotrophes
d. Facteurs de croissance
Certains microorganismes ne nécessitent pas d’éléments nutritifs supplémentaires dans le
milieu de culture. Ce milieu est appelé milieu minimum. Les éléments précités leur suffissent : il
s’agit de microorganismes prototrophes. Les microorganismes qui exigent pour leur
développement des substances organiques particulières qu’ils ne peuvent pas synthétiser (facteurs
de croissance) sont appelés des auxotrophes. Ces bactéries auxotrophes ont perdu la capacité de
synthétiser un métabolite essentiel, qui est nécessaire pour leur croissance. Les facteurs de
croissance sont caractérisés par leur action à des concentrations très faibles et par leur spécificité.
On distingue trois classes de facteurs de croissance :
• Les acides aminés pour la synthèse de protéines : 25mg/l.
• Les bases puriques et pyrimidines pour la synthèse des acides nucléiques : 10mg/l.
• Les vitamines qui forment les cofacteurs enzymatiques : 1 à 24 µg/l.
22
Tableau 5. Composition typique en sels minéraux d’un milieu d’isolement et de croissance de
bactéries de l’environnement
e. Absorption des nutriments par les cellules
Se fait par diffusion facilité ou transport actif. Dans le cas de transport actif:
* La translocation de groupe : il s’agit d’un processus connu chez les procaryotes qui
consiste à transporter les molécules vers l’intérieur en étant modifiée chimiquement. Exemple le
système de phosphotransférase des sucres (PTS, Figure 25) qui fait intervenir un certain nombre de
protéines membranaires enzymatiques (membranaires et cytoplasmiques) pour la phosphorylation et
le transport de glucose, fructose et lactose. Les bactéries aérobies n’ont pas de système PTS.
Escherichia, Salmonella, Staphylococcus et certains anaérobies facultatifs et obligatoires (comme
Clostridium) en possèdent.
Figure 25. Le transport PTS bactérien : le système de phosphotransférase des sucres (PTS) dépendant du
phosphoénolpyruvate (PEP) chez E. coli et S. typhimurium. Dans ce système sont impliqués plusieurs
enzymes et la protéine thermostable de faible masse moléculaire (HPr).
23
* La capture de fer : le fer (ions ferriques Fe3+) étant rarement disponible dans le milieu
extérieur à l’état soluble, les bactéries ont surmonté cette difficulté en le complexant grâce aux
sidérophores. Ce sont des molécules de faible poids moléculaire qui complexent les ions ferriques
et les fournissent à la cellule.
La masse bactérienne vivante au sein d’une culture est appelée biomasse. Dans un milieu
liquide, une bactérie peut engendrer une population bactérienne en passant par 5 phases (Figure 27):
* Phase de latence: le taux de croissance nul (µ = 0). La durée de cette phase dépend de
l'âge des bactéries et de la composition du milieu. C'est le temps nécessaire à la bactérie pour
synthétiser les enzymes adaptées au nouveau substrat (pas de phase de latence si repiquage sur
milieu identique au précédent). Sa durée est fonction du type de milieu, de la souche bactérienne
(quelques heures, parfois moins d'1 h; Tab.6).
24
obtiendra une courbe de croissance sans phase de latence. La masse cellulaire est représentée par
des cellules viables (mortalité nulle).
* Phase de ralentissement : la vitesse de croissance régresse. Il y a un épuisement du milieu
de culture et une accumulation des déchets. Il existe un début d'autolyse des bactéries.
* La phase stationnaire: le taux de croissance devient nul (µ = 0). Les bactéries qui se
multiplient compensent celles qui meurent.
* Phase de déclin : le taux de croissance est négatif (µ < 0). Toutes les ressources nutritives
sont épuisées. Il y a accumulation de métabolites toxiques. Il se produit une diminution
d'organismes viables et une lyse cellulaire sous l'action des enzymes protéolytiques endogènes.
Cependant, il persiste une croissance par libération de substances libérées lors de la lyse (croissance
cryptique).
Figure 27. Les phases de la croissance bactérienne : phase de latence (1), phase de croissance
exponentielle (2), phase de ralentissement (3), phase stationnaire (4) et phase de déclin (5). En abscisse,
heure de culture et en coordonnées, Bactéries par ml.
Le nombre de la population peut être calculé à un temps t (Nt) durant la phase exponentielle:
Nt = N0 x 2n
Avec N0 le nombre initial des bactéries ; n le nombre de générations = t/T; t le temps de
culture et T le temps de génération caractéristique d’une bactérie pour un milieu donné.
3. Les milieux de culture : (liquide, solide, naturel, synthétique, défini, complexe, sélectif,
d’enrichissement, d’isolement)
a. Milieux liquides et solides
La culture bactérienne peut se réaliser sur des milieux liquides ou solides selon le but
recherché. L’état solide est obtenu par addition d’un polyoside extrait d’algues diverses (agar-agar
ou gélose). Les milieux de cultures sont le plus souvent isotoniques (NaCl à 9 pour mille) et de pH
compris entre 7 et 7,6.
Bien que toutes les espèces bactériennes exigent des éléments communs pour leur
croissance, la connaissance précise de la composition chimique d’un milieu de culture est nécessaire
pour certaines bactéries qui présentent des exigences spécifiques.
Au cours de leur développement les bactéries troublent uniformément les milieux liquides
et forment des dépôts ou des voiles superficiels.
Sur un milieu solide les bactéries s’accumulent au fur et à mesure de leur multiplication en
une masse appelée colonie dont l’aspect, la dimension et le contour représentent des caractères
d’identification (voir TP).
25
Il s’agit de la mélasse, la farine de soja, de poisson, de son, l’amidon de maïs. On peut les appeler
aussi des milieux naturels ou empiriques. Le plus courant est le bouillon nutritif qui est à base de
viande de bœuf.
* Les milieux synthétiques ou milieux chimiquement définis sont des milieux dont la
concentration et le rôle de chaque ingrédient est bien déterminé. Ce genre de milieux est beaucoup
utilisé en recherche scientifique afin de connaître l’élément métabolisé par le microorganisme.
* Milieux d’enrichissement : contiennent des agents sélectifs et qui sont destinés à enrichir
le milieu en germe recherché.
Exemple : Milieu Muller-Kaufmann : permet d’enrichir le milieu en Salmonella tout en
inhibant les autres espèces fécales à Gram (+) et Gram (-).
26
Tableau 7. Température de croissance de bactéries et d’Archéobactéries
* Les microorganismes thermophiles : se développent préférentiellement à des
températures comprises entre 45 et 55°C ou encore à des températures supérieures à 55°C.
Certaines bactéries se développent à 100°C et d’autres bactéries vivant dans des environnements
sulfureux au fond des océans se multiplient à des températures allant jusqu’à 115°C. Ces bactéries
sont qualifiées de thermophiles extrêmes. Elles possèdent des lipides membranaires plus saturés
(point de fusion plus élevé) que les mésophiles. Les thermophiles prolifèrent abondamment dans le
compost, les conduites d’eau chaude et les sources thermales.
Optimale
Maximale
Minimale
Température
b. Concentration en oxygène
L’oxygène sert d’accepteur final de la chaîne de transport d’électron dans la respiration
aérobie. Les microorganismes qui exigent la présence d’oxygène pour leur développement sont des
aérobies stricts. Par contre les microorganismes anaérobies stricts ne peuvent se développer qu’en
27
absence d’oxygène (Figure 30). Ils ne possèdent ni catalase ni superoxyde dismutase. En effet, la
réduction d’oxygène conduit à la formation de produits toxiques pour la cellule comme le peroxyde
d’hydrogène (H2O2, Figure 29)
Syperoxyde
dismutase
2 H2 O
O2 + H2O2
2 H2O + O2
Catalase
Les anaérobies facultatifs n’exigent pas d’oxygène pour leur développement mais ils se
multiplient mieux en sa présence.
Les anaérobies aérotolérants se développent aussi bien en présence qu’en absence
d’oxygène.
Certains microorganismes aérobies ne supportent pas la teneur atmosphérique d’oxygène
(20%) mais exigent pour leur croissance des faibles concentrations d’oxygène (2 à 10%). Il s’agit
des microaérophiles.
Figure 30.
28
Tableau 8. Effet du pH sur la croissance microbienne
d. Humidité
L’eau est utilisée par les microorganismes comme solvant des nutriments et comme agent
chimique des réactions d’hydrolyse. La disponibilité d’eau est indispensable pour la culture
bactérienne. Elle est exprimée par l’activité de l’eau Aw (Activity of water) qui est calculée par le
rapport du nombre de molécules de solvant sur la somme des molécules de solvant et du soluté.
L’activité de l’eau est comprise entre 0 et 1 (Tab. 9).
microorganismes Aw Aliments Aw
Cl. botulinum 0,97 Viandes 0,99
E. coli 0,95 Pommes 0,98
St. aueus 0,86 Confiture 0,75
Mucor 0,85 Céréales <0,70
Sc. cereviseae 0,95 Chocolat <0,60
Tableau 10. Tolérance de certaines bactéries à la diminution de l’activité de l’eau Aw
Le degré d’humidité des produits alimentaires aura donc une grande influence sur leur
conservation et sur le type de microorganismes capable de s’y développer.
29
e. Pression osmotique :
La plupart des bactéries sont protégées par leur paroi, elle empêche la lyse cellulaire en cas
de faible pression osmotique (Aw élevée, milieu hypotonique).
Certains microorganismes peuvent se développer dans des conditions de Aw faible (milieu
hypertonique). Ils maintiennent des concentrations osmotiques internes élevées supérieures à celle
de leur environnement. Ceci est réalisé en produisant des molécules solubles (proline, bétaïne, acide
glutamique, saccharose, ions potassium…). La membrane plasmique reste fermement collée à la
paroi.
Cette adaptation des microorganismes à des habitats ayant une faible activité d’eau leurs
permet une tolérance des milieux à forte concentration osmotique. Il s’agit des microorganismes
osmotolérants.
Exemple : Staphylococcus aureus se développe dans des milieux en présence ou en absence
de NaCl et peut tolérer jusqu’à 3M (les non halophiles se développent à des concentrations en
dessous de 0,2M).
La levure Saccharomyces rouxii pet être cultivée dans des solutions de sucre à des valeurs de Aw
inférieur à 0,6.
Les microorganismes halophiles sont tellement bien adaptés aux conditions salines qu’ils
exigent des quantités élevées (6,2 M) de chlorure de sodium pour croître. Ils ont modifié la structure
de leurs protéines et de leurs membranes plutôt que d’avoir simplement augmenté leur
concentration osmotique interne (approche utilisée par les osmotolérants). Les halophiles
accumulent des concentrations élevées de potassium (4 à 7 M).
Exemple : bactéries du genre Halobacterium isolé de la mer morte : la membrane plasmique
et le la paroi sont stabilisées par des ions sodium. Si la concentration en ion sodium diminue trop,
la paroi et la membrane plasmique se désintègrent.
5. Les antibiotiques
a. Historique
A la fin du 19ème siècle, on savait que la quinine permettait la lutte contre le paludisme.
- 1909, Paul Ehrlich donna l’idée de ‘magic bullet’ qui permettrait d’atteindre la partie infectante
mais pas l’hôte.
- 1928, A. Flemming découvre la pénicilline.
- 1939, IG trouve l’antibiotique ‘gramicidine’ à partir d’un Bacillus trouvé dans le sol.
- 1944, IG isole, à partir d’un actinomycète, la streptomycine (contre la tuberculose).
b. Définition
Un antibiotique, au sens strict, est une substance naturelle produite par un micro-organisme
dont l’action est de limiter la croissance (action bactériostatique) ou de tuer (bactéricide). On a :
- Des antibiotiques d’extraction : ils sont souvent bactériostatiques
- Des antibiotiques de synthèse grâce à l’intervention de l’homme pour leur fabrication.
- Des agents anti-infectieux : ils sont ‘anti-tout’.
Les antibiotiques sont différents des antiseptiques car ils ont des actions ciblées sur un
mécanisme spécifique (métabolisme cellulaire). Le spectre d’activité d’un antibiotique définit les
différents micro-organismes touchés par un antibiotique. Ce spectre est lié au mode d’action du
mécanisme considéré.
30
* Céphalosporium : de sont des organismes eucaryotes à l’origine de 10% des antibiotiques.
On a quatre types de spectre :
- anti Gram (+)
- anti Gram (-)
- Antifongiques
- spectre large
Exemple :
* Les deux formes de résistance à la streptomycine : Il peut y avoir une mutation du gène
codant pour la petite sous-unité 30S du ribosome. La streptomycine n’a plus de relation avec cette
sous-unité. Si cette dernière reste fonctionnelle, on obtient une forme de résistance. D’autre part, le
gène Sp du plasmide qui code pour l’adényl-transférase va greffer un radical adényl sur
streptomycine qui devient alors trop grosse pour pouvoir se fixer.
31
* La résistance à la pénicilline est souvent due à des processus d’infection. Il y a synthèse,
par la bactérie, de beta-lactamase (enzyme) qui va inactiver la beta-lactamine qui devient alors
inopérante.
On a alors, trois manifestations possibles :
- Il y a non-reconnaissance de la cible.
- La molécule d’antibiotique voit sa forme modifiée.
- La cellule perd sa perméabilité pour l’antibiotique (pour les tétracyclines, le gène Tet, sur un
plasmide, fait ressortir l’antibiotique).
La résistance grâce aux plasmides est la résistance la plus répandue et la plus facile à
répandre. Le plasmide R permet la propagation des épidémies nosocomiales (les infections en
milieu hospitalier).
Annexe 2. Fonction des différentes vitamines B dans la nutrition des bactéries et des archéobactéries
32
Chapitre IV. ELEMENTS DE GENETIQUE BACTERIENNE
1. Définition
Les microorganismes, et principalement les bactéries, s’imposent comme des outils de choix
pour explorer et étudier en profondeur la nature des gènes. Même si les microorganismes ne
possèdent pas de caractéristiques facilement reconnaissables comme les eucaryotes supérieurs, le
fait d’avoir caractérisé leurs défauts métaboliques et isolé les souches mutantes, a permis d’établir
une relation entre des variants biochimiques et les mutations géniques.
Chez ces organismes haploïdes, l’analyse génétique ne dépend pas du fait qu’une mutation
soit dominante ou récessive puisque qu’un seul allèle du gène est présent. Il ne peut pas alors être
masqué dans son expression par un autre allèle comme c’est le cas des diploïdes. De plus les
bactéries peuvent produire une nouvelle génération de cellules toutes les heures, ce qui constitue un
avantage pour la génétique. Les bactéries se divisent rapidement sur des milieux liquides ou solides
contenant les éléments de base. En milieu solide en boîte de Pétri, les bactéries sont immobilisées et
restent regroupées. A partir de 107 cellules, la masse de cellules constitue une colonie visible à l’œil
nu. Toutes les cellules d’une colonie proviennent d’une bactérie mère et ont donc le même matériel
génétique et constituent un clone.
1. Mutants bactériens
Le traitement d’une souche bactérienne par des agents mutagènes peut conduire à de très
nombreuses mutations, qui empêchent la cellule de se multiplier dans un milieu minimum. Elle ne
pourra croître qui si l’on ajoute à ce milieu tel ou tel métabolite dont la synthèse n’est plus assurée
dans la cellule mutante. Ainsi un grand nombre de mutations touchant la synthèse des métabolites
essentiels pour la croissance des bactéries ont été identifiées, chacune d’entre elles correspondent à
l’une des enzymes mises en jeu dans les étapes de biosynthèses des divers molécules biologiques
(acides aminés, sucres, …).
33
2. Conjugaison bactérienne
La conjugaison bactérienne est un processus sexuel strict qui nécessite un contact préalable
et un appariement entre bactéries de sexe différent (hétérothalliques) avec la formation d'un pont
cytoplasmique permettant les échanges bactériens dont celui du chromosome. Le facteur de
sexualité ou de fertilité (F) permet la synthèse de pili sexuels chez la bactérie donatrice ou mâle et
donne la polarité au chromosome. Le transfert d'ADN chromosomique est à sens unique, orienté,
progressif et quelques fois total (2 h).
Apparition de quelques
colonies de phénotype
(Met+ Bio+ Leu+ Thr+)
Dans la conjugaison, les gènes des bactéries ne fusionnent jamais en entier pour constituer
un nouveau descendant comme des organismes supérieurs. Le transfert de l’information génétique
est unidirectionnel et est assuré par un facteur de fertilité ou facteur F. C’est un ADN circulaire
autoréplicatif appelé épisome dont héritent les cellules filles indépendamment du chromosome
bactérien. (Figure 32-a). Les bactéries qui le possèdent sont dites F+ (rôle de donneur), et celles qui
ne le possèdent pas sont dites F- ou receveuse. Le facteur F comporte, entre autre, toute
l’information génétique nécessaire pour son transfert d’une bactérie F+ vers une bactérie F- à travers
les pili sexuels codés par ce facteur.
Quand on croise des bactéries F+ et des bactéries F- toutes les bactéries deviennent F+
(Figure 32-b). Dans les bactéries donneuses, une copie simple-brin de l’ADN F est synthétisée selon
34
un mécanisme particulier appelé réplication en cercle roulant (transfert d’un brin d’ADN F vers le
cytosol de la cellule réceptrice où il va servir de matrice pour la synthèse du second brin.
Parfois le facteur F des souches Hfr quitte le chromosome bactérien. Il arrive que lors de
cette sortie le plasmide F emporte avec lui une partie du chromosome bactérien donnant ainsi un
nouveau facteur appelé plasmide F’. Lors d'une conjugaison F' avec F-, le facteur F' est transmis à
haute fréquence à la bactérie réceptrice qui acquiert avec le plasmide un ou quelques gènes
chromosomiques. On parle de F-duction ou de sex-duction.
La conjugaison a permis :
* l'établissement de cartes génétiques du chromosome bactérien (E. coli, P. aeruginosa);
* la circularité du chromosome bactérien.
35
3. Transformation bactérienne
Le mécanisme par lequel une bactérie absorbe de l’ADN exogène à partir de son
environnement et l’intègre de façon fonctionnelle dans son chromosome est appelé transformation
(Figure 33). La transformation "naturelle" ou physiologique est le premier modèle connu de
transfert de matériel génétique lui-même (ADN), qui est fixé et absorbé par des bactéries
réceptrices, dites en état de compétence. Ce mécanisme fut découvert chez Streptococcus
pneumoniae en 1928 par F. Griffith et O. Avery. Par la suite, Avery, Mac Leod et Mac Carthy
démontrèrent que le principe tansformant était bien de l’ADN. Ce modèle a permis de démontrer
que l'ADN était le support chimique de l'hérédité en 1944 et cette technique est très utilisée en génie
génétique..
D'une part, il doit y avoir de l'ADN libéré d'une bactérie (exogénote). D'autre part celui-ci
doit être fixé sur une bactérie réceptrice en phase de compétence. Cette absorption d'ADN
polymérisé est suivie d'une recombinaison génétique légitime avec acquisition de nouveaux
caractères génétiques stables, donc transmissibles à la descendance dénommés recombinants ou
transformants.
Figure 33. Principe de la transformation bactérienne. Un fragment d’ADN libéré par une bactérie morte
est absorbé par la cellule receveuse puis intégré dans le chromosome bactérien.
4. Transduction
La transduction est un transfert d'ADN bactérien partiel, par l'intermédiaire de
bactériophages dont le rôle est passif (vecteur). Il est dans ce cas, virulent et va se multiplier dans
la bactérie. Lors de la phase d'encapsidation, il incorpore de l'ADN bactérien fragmenté.
36
bactérie. Le développement de ce phage dans les bactéries entraine leur lyse (voir Chapitre V) ce
qui libère un grand nombre de descendants identiques au phage infectant. Exceptionnellement, la
capside renferme un fragment d’ADN du chromosome bactérien intégré dans la molécule du virus.
Quand on infecte une culture de bactéries leu- par le lysat contenant l’ensemble des phages, certains
de ceux qui ont « embarqué » un petit fragment du chromosome bactérien introduisent dans les
bactéries réceptrices le gène Leu+. Par recombinaison, l’allèle Leu+ peut se substituer à l’allèle Leu-
et la bactérie se trouve transduite pour ce caractère (Figure 34)).
37
Chapitre V. NOTION DE VIROLOGIE
1. Introduction
Les virus forment un groupe d’agent infectieux. Ils sont totalement différents des
microorganismes procaryotes et eucaryotes. La science qui s’intéresse à l’étude des virus s’appelle
la virologie. Ce sont des entités supramoléculaires acellulaires qui consistent en une ou plusieurs
molécules d’ADN ou d’ARN enfermées dans une coque protéique de forme déterminée. La
multiplication des virus ne peut s’effectuer indépendamment des cellules vivantes. Les particules
virales sont appelées virion (Lwoff, 1953) à l’état extracellulaire et virus quand elles entament la
phase intracellulaire.
Les virus diffèrent des cellules vivantes par leur organisation simple, l’absence des
molécules d’ADN et d’ARN ensemble dans le même virion et leur incapacité à se diviser. La
classification des virus est moins claire que celle des bactéries en raison du manque de connaissance
en ce qui concerne leur origine et leur évolution. Les virus sont divisés en plusieurs groupes
taxinomiques sur la base d’un certain nombre de critères (Tab. 13):
• Nature de l’hôte : animal, végétal, bactérie, insecte, mycète
• Type d’acide nucléique : ADN ou ARN, simple brin ou double brin, masse moléculaire
• Symétrie de la capside : icosaédrique, hélicoïdale, binaire
• Présence d’une enveloppe
• Diamètre de la nucléocapside
• Nombre de capsomère dans les virus icosaédriques
• Propriétés immunologiques
• Site intracellulaire de multiplication
• Maladie engendrée, les caractères cliniques particuliers el le mode de transmission.
Tableau 13. Classification des virus (SB: simple brin; DB: double brin; n-seg: non segmenté; cir: circulaire;
N: non enveloppé; E: enveloppé; C: cubique; H: hélicoïdale; ARN ADN: virus à ARN impliquant une phase ADN
dans leur cycle de réplication).
38
2. Historique
La découverte des virus remonte à la fin du 19ème siècle. En 1892 Dimitri Ivanowski,
botaniste russe, réussit à transmettre à un plant de tabac sain une maladie végétale dite mosaïque du
tabac par l’intermédiaire d’un filtrat d’un jus provenant d’une plante malade. Cette filtration,
éliminant toute bactérie suggéra à cet auteur le rôle d’une toxine filtrable comme responsable de la
maladie.
En 1898 un autre botaniste Beijerinck ayant repris les expériences d’Ivanowski démontra
que ce n’était pas une toxine qui passait à travers les filtres mais l’agent infectieux lui-même,
responsable de la mosaïque de tabac (le caractère infectieux du filtrat permet de le distinguer d’une
toxine). Il observa que cette particule virale est différente d’une bactérie et se multipliait seulement
dans les cellules vivantes mais qu’il ne pouvait pas survivre longtemps à l’état sec.
A la fin du 19ème siècle les pathologistes étudiants les maladies de l’homme et des animaux
domestiques reconnaissent qu’un certain nombre de maladies infectieuses n’étaient pas dues à des
bactéries ou à des protozoaires mais à des agents inconnus qui traversent les filtres utilisés pour les
bactéries.
Au début du 20ème siècle, le caractère invisible et filtrant des agents d’un grand nombre de
maladies (poliomyélite, rage,...) fut démontré. Tous ces agents infectieux plus petits que tous les
microorganismes connus jusque là furent alors dénommés Ultra-virus ou virus filtrant ou plus
simplement virus. En 1935 on réussit à obtenir à l’état pur et cristallisé le virus de la mosaïque de
tabac (VMT, Figure 35)). Une année après on découvre la nature nucléoprotéique des cristaux
obtenus. A partir de 1939 grâce au microscope électronique on a pu préciser la taille des virus et
montrer pour la 1ère fois leur forme. La méthode de diffraction aux rayons X a révélé les détails de
l’organisation interne des particules virales. Le rôle prédominant de l’acide nucléique dans le
pouvoir infectieux fut démontré en 1952. En 1956 on a démontré que l’acide nucléique purifié
extrait du virus de la mosaïque de tabac produit l’infection d’une plante saine.
Figure 35.
39
La taille des virus est comprise entre 10 et 400 nm et ne peuvent être visibles au microscope
optique. Ce qui a empêché pendant longtemps la connaissance de leur forme et de leur structure.
Les virus sont des parasites intracellulaires obligatoires, ils ne possèdent aucune information
génétique concernant les enzymes du métabolisme producteur d’énergie.
La spécificité des virus est en rapport avec leur constitution chimique et elle est sous
l’étroite dépendance du génome viral qui est responsable à la fois du pouvoir infectieux et de
l’élaboration des protéines de structure.
Les virus sont constitués d’une nucléocapside centrale formée d’une molécule nucléique
ADN ou ARN associé à des protéines internes appelée nucléoïde et protégé par une coque
protéique appelée : La capside. La capside protège le matériel génétique et favorise son transfert à
la cellule hôte. Elle est souvent nue (virus de la mosaïque de tabac ou VMT) mais chez beaucoup de
virus la capside est entourée d’une membrane externe appelée enveloppe ou péplos (virus de la
grippe à symétrie hélicoïdal mais présente une forme sphérique à cause d’une enveloppe souple de
110 nm de diamètre et virus de la rage en forme d’obus à cause de son enveloppe de 75 à 175 nm de
diamètre qui est solidement attaché à la capside de 15 nm de diamètre). L’ensemble des travaux
montre que les virus ont un certain nombre de critères communs :
- le virus ne possèdent q’un seul type d’acide nucléique ;
- le virus se reproduit à partir de son seul acide nucléique ;
- le virus est incapable de se diviser et n’a aucune information génétique concernant les enzymes du
métabolisme énergétique ;
- La multiplication des virus implique l’utilisation des structures de la cellule hôte.
a. Capside
La capside des virus est formée suite à l’assemblage de plusieurs sous unités protéiques
appelées protomères. Elle peut avoir une symétrie cubique et avoir une forme icosaédrique
(Figure 38). Il s’agit d’un polyèdre régulier avec 20 faces triangulaires constituées d’unités en
forme d’anneaux appelés capsomères dont les pentamères ou pentons sont faits de cinq sous
unités protéiques et les hexamères ou hexons en possèdent six. D’autres capsides sont hélicoïdales
en forme de cylindre protéique creux. Les protomères s’associent en spirale formant un tube de 15 à
18 nm de diamètre et 300 nm de longueur contenant le matériel génétique (enroulé aussi en spirale).
40
Figure 37. Structure schématique des principales familles virales infectant l’homme et les animaux.
Figure 38.
Chez d’autres virus appelés virus complexes, la capside présente une structure particulière
portant une queue ou bien le matériel génétique se trouve entouré de parois complexes formées de
plusieurs couches. Les bactériophages qui infectent Escherichia coli possèdent une tête en forme
d’icosaèdre allongé (phages T-pairs) ou d’icosaèdre typique (phages T1, T5). La tête est portée par
une queue constituée d’un tube central creux entouré par un manteau ou gaine hélicoïdale et d’une
plaque basale hexagonale. Cette dernière porte des crochets et des fibres articulées responsables de
41
la fixation du phage à la surface bactérienne. Les phages ont une symétrie icosaédrique au niveau de
la tête et une symétrie hélicoïdale au niveau de la queue. On dit qu’ils ont une symétrie binaire.
Figure 39. Structure des bactériophages de la série T-pairs (T2, T4, ..)
b. Enveloppe
Présente chez de nombreux virus animaux et quelques virus de plantes. Il s’agit d’une
structure membranaire souple permettant aux virus enveloppés d’avoir une forme variable, ils sont
donc pléomorphes. Les constituants de l’enveloppe proviennent généralement des membranes de la
cellule hôte. Sa composition en lipides et en sucre dépend des cellules sur lesquelles se sont
multipliés les virus. Les protéines de l’enveloppe peuvent former des projections saillantes sur
toute sa surface. Elles sont appelées des spicules (environ 10 nm chez virus influenza, celui de la
grippe), elles sont codées par des gènes viraux et semblent impliquées dans l’identification des virus
et leur fixation à la cellule hôte. Certains spicules présentent une activité enzymatique. Elles
permettent aux virus de détruire les tissus de l’hôte et traverser les différentes barrières.
Exemple : le virus influenza, virus de la grippe enveloppé avec des projections séparées de 7
à 8 nm et ressortent de la surface de 10 nm. Certains spicules présentent une activité neuraminidase.
Fixées en nombre de 500 à 1000 qui permettent l’hydrolyse de l’acide neuraminique et de traverser
les couches de l’épithélium respiratoire pendant la phase de la libération des virus. D’autres spicules
sont des hémagglutinines (2000 unités) de nature glycoprotéinique de 14 nm de longueur qui
permettent au virion de s’attacher par hémagglutination aux érythrocytes (hématies).
c. Acides nucléiques
Le matériel génétique des virus est très varié. Il peut être sous forme désoxyribonucléique
chez les virus à ADN ou sous forme ribonucléique chez les virus à ARN. L’acide nucléique viral
peut être simple brin ou double brin. On trouve les quatre types de molécules chez les virus
animaux par contre les virus végétaux possèdent des génomes en ARN simple brin. Les virus
bactériens appelés bactériophages contiennent le plus souvent de l’ADN double brin. Certains virus
possèdent des protéines associées au génome formant le nucléoïde et des protéines enzymatiques
nécessaires au déroulement de leur cycle comme la polymérase ARN dépendante qui s’appelle
transcriptase chez les virus à ARN. Elle traduit l’ARN viral en ARN messager.
Le génome viral peut se présenter en plusieurs fragments séparés. Il s’agit de génomes
segmentés dont chaque segment code pour une protéine. Les différents segments (10 à 12) peuvent
se trouver dans des particules virales différentes. Par contre, les différents virions sont nécessaires
pour au pouvoir infectieux comme c’est le cas chez le génome du virus de la mosaïque du brome. Il
est composé de 4 segments distribués sur trois particules virales.
42
Les virus ne peuvent se multiplier qu’au sein des cellules vivantes. L’infection des cellules
commence par l’interaction du génome virale et la cellule. Cette interaction peut conduire selon les
cas à la production de virions, il s’agit d’une interaction productive. Les nouveaux virions sont
libérés par lyse de la cellule infectée on parle de cycle lytique. Dans d’autres (cas comme chez les
rétrovirus) il y a multiplication sans mort cellulaire c’est le cycle végétatif ou productif.
* Phase d’éclipse :
Il s’agit d’une phase pendant laquelle il y a réplication de l’acide nucléique viral et la
biosynthèse de différentes protéines. Les enzymes intervenant dans sa réplication sont synthétisés
précocement. Les protéines structurales qui forment la capside et l’enveloppe comme les particules
d’hémagglutinine sont formées plus tardivement.
* Phase de maturation :
L’assemblage des capsides commence au fur et à mesure de leur production. Elles entourent
l’acide nucléique viral pour former des nucléocapsides. C’est le phénomène de l’encapsidation.
Les virions sont ensuite libérés par lyse cellulaire. Chez certains virus l’acquisition d’une enveloppe
se fait ultérieurement par bourgeonnement au niveau de la membrane plasmique. Le bourgeon est
constitué d’une nucléocapside totalement enveloppée et protégée. Il reste fixé à la surface de la
cellule formée de mucopolysaccharides. La destruction de ces composés par la neuraminidase libère
le virion enveloppé.
5. Les bactériophages
a. Historique et définition
La découverte du phénomène de la bactériophagie remonte en 1915 par Twort qui a
observé la lyse des colonies de microcoques dans des boîtes de pétrie. Cette lyse pouvait être
transmise de colonie à colonie par simple contact. Plus tard on a découvert qu’il s’agit d’une attaque
des bactéries par des virus qui ont pris le nom de bactériophages.
Si on ajoute sur une culture d’E. coli en milieu liquide une suspension de bactériophages
actifs, un certain nombre de cellules bactériennes sont détruites au bout de 20 à 30 minutes. En
l’espace de quelques heures, le milieu devient plus clair et transparent par rapport à une culture
témoin non infectée.
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Si on dépose une goutte d’une suspension de bactériophages actifs sur une culture d’E. coli
bien étalé et homogène en milieu gélosé, on observe une zone circulaire claire au milieu du film
bactérien formé après incubation à la température optimale. Cette zone claire est appelée plage de
lyse. Elle résulte de la destruction totale des cellules bactériennes suite à la multiplication des
bactériophages. Ce sont des virus qui infectent les bactéries. Ils entraînent généralement la lyse et la
mort des bactéries. Le matériel génétique des bactériophages est constitué majoritairement d’ADN
double brin. Certains bactériophages contiennent de l’ARN.
* Phase d’éclipse :
Cette phase est caractérisée par de nombreuses synthèses phagiques :
Inhibition des synthèses bactériennes : Dès l’infection, la croissance bactérienne est stoppée, le
chromosome bactérien est détruit à l’aide d’une désoxyribonucléase qui apparaît 2 à 3 minutes après
l’infection. Les autres structures cellulaires restent pourtant intactes et fonctionnelles. Elles vont
servie aux synthèses phagiques.
Synthèse des constituants phagiques précoce : le premier élément synthétisé est un ARN messager
de type phagique. Il est synthétisé grâce à l’ARN polymérase bactérienne. De nouvelles protéines
apparaissent. Ce sont des enzymes nécessaires à détourner le métabolisme de la cellule hôte et à la
synthèse des acides nucléiques viraux. La synthèse de l’ADN viral commence 6 minutes après le
début de l’infection. Elle est dirigée par l’ADN phagique injecté dans la cellule. Elle s’effectue au
dépends des débris d’ADN bactérien et grâce aux métabolites présents dans le milieu.
Les protéines qui entrent dans la composition de la structure des virions apparaissent 9
minutes après l’infection. Leur synthèse est dirigée par l’ADN phagique et l’ARN messager
correspondant. Elle s’effectue au niveau des ribosomes bactériens et fait appel aux acides aminés
présents dans la bactérie. Dans ces conditions, la bactérie continue ses activités de synthèse mais au
profit de l’ADN phagique.
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à une enzyme l’endolysine qui agit de l’intérieur de la paroi bactérienne. La bactérie éclate
permettant la libération à la 25ème minute des virions identiques au phage qui a infecté la bactérie.
Figure 40. Cycle lytique d’un bactériophage (a), et cycle lysogénique (b)
Bibliographie :
- Meyer A., Deiano J. et Bernard A. (2004). « Cours de microbiologie générale avec problèmes et exercices
corrigés » Doin Editeurs.
- Pasquier Ch., Bertagnoli S ., Messud-Petit F et Izopet J. (2005). «Virologie humaine et animale». Eds.
Dunod
- Petit J-M et Julien R. (2007). « Mini manuel de génétique ». Edition Dunod
- J. Watson et coll. (1998). « Biologie moléculaire du gène ». Edition Flammarion
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