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RABAT, L’intelligence à l’aune des contraintes urbaines

MOUTTAKI. Adil, doctorant en cotutelle internationale; Université Nice Sophia Antipolis


(laboratoire : SHAL / Transitions) et Université Mohamed V (faculté des lettres et des
sciences humaines Agdal)

Résumé

Si le concept de la ville intelligente se définit par l’usage de la technologie et des solutions


numériques pour la fluidification de la gestion des prestations et services publics et privés1 ,
elle doit l’être également dans le comportement des habitants et visiteurs et aussi dans le
fonctionnement des structures politiques, socio-économiques et administratives. Ainsi,
l’intelligence, artificielle et humaine, est censée être en mesure d’aboutir à l’amélioration de
l’efficacité des services urbains fournis aux citoyens. Cette performance ne peut être atteinte
qu’à travers une pertinente approche socio-urbanistique qui permet d’appréhender les milieux
urbains et d’identifier les manifestations des transformations sociologiques induites.

A vrai dire, l’approche urbaine entend une compréhension exhaustive de l’espace urbain
comme étant une imbrication de différentes formes de vie qui donnent lieu à diverses sortes
de combinaisons et séquences spatiales et socio-économiques. Dans le présent article, nous
soulevons la relation qui existe entre le territoire et l’intelligence afin d’appréhender les
dynamiques des systèmes spatiaux et leurs déclinaisons au niveau des différents échelons au
sein de la capitale du Maroc et aussi afin de refléter méticuleusement les préoccupations au
sujet de la cohésion sociale et les chances d’intégration pour toutes les classes sociales.

Mots clés : Rabat, ville intelligente, artificialisation, cohésion sociale, ville nouvelle,
reconversions spatio-démographiques.
Abstract

If the concept of the smart city is defined by the use of technology and digital solutions to
facilitate the management of public and private services to citizens, it must also be defined in
the behavior of inhabitants and visitors and also in the functioning of political, socio-
economic and administrative structures. Thus, intelligence, artificial and human, is supposed
to be able to lead to improving the efficiency of urban services provided to citizens. This
performance can only be achieved through a relevant socio-urbanistic approach that makes it

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possible to understand urban environments and identify the manifestations of the sociological
transformations induced.

Indeed, the urban approach means a comprehensive understanding of urban space as an


interweaving of different forms of life that give rise to various kinds of spatial and socio-
economic combinations and sequences. In this article, we raise the relationship that exists
between territory and intelligence in order to understand the dynamics of space systems and
their variations within the capital of Morocco and also in order to meticulously reflect the
relations about social cohesion and the chances of integration for all social classes.

1- Mise en contexte

Plus explicitement, la compréhension de la ville, ses milieux urbains et sociaux, ses structures
démographiques, ses spécificités urbanistiques et architecturales, ses conversions, ses intérêts,
ses rapprochements, ses conflits, ses haines ou encore ses formes sociétales même les plus
latentes est donc quasiment cruciale avant même de penser à mettre en place le projet
numérique dans la mesure où cette compréhension aboutira sans aucun doute à perfectionner
les modes de gouvernance et de planification, à optimiser les coûts et les charges à assumer et
également à maximiser les résultats en faveur de toutes les différentes parties prenantes en
particulier la population locale.

A vrai dire, les villes sont des unités urbaines constituées d’individus, de groupes voire d’être
vivants en permanente interaction et où les transformations engendrées par l’éparpillement
des habitats et la croissance démographique entrainent en conséquence des déficiences
sociales ardues (pollution, étranglement urbain, chômage, corruption, criminalité…)
nécessitant ainsi des modes de gouvernance bien adaptés. « La ville intelligente est
simplement celle qui répond à la vision normative que le discours du moment propose : une
ville compétitive, environnementalement vertueuse, démocratiquement participative,
énergétiquement économe, soucieuse de la qualité de vie de ses habitants » (Hollands, 2008 ;
Caragliu et al. 2009).

D’ailleurs, la ville se définit comme étant un espace urbain en pleine mutation se marquant
essentiellement par une grande hétérogénéité démographique, de flux humains et spatiaux
plus ou moins fréquents, de relations sociales interactives et d’enjeux fonctionnels et
stratégiques conséquents2 . C’est un milieu hétérogène induit sous l’effet de l’accroissement

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démographique de la population et des différentes formes d’immigration et de déplacement
provoquant ainsi des changements structurels et fonctionnels plus ou moins catégoriques au
niveau des comportements et mentalités des individus et des groupes. D’une manière plus
concise, la ville est un cadre de production de vie et de création de richesses économiques,
sociales et humaines3 .

La ville est donc un vecteur d’imaginaires sociaux, une composition résidentielle hétérogène
du fait qu’elle accueille différentes formations sociales qui disposent d’opinions, de cultures,
d’aspirations, de pulsions et de croyances plus ou moins disparates. « Le lieu est celui de
quelqu’un, le centre de son univers ; il est porteur de signification » (Staszak, 2001, p. 250).
Dès lors, on peut dire que la ville est le siège-lieu de toute une panoplie de modèles sociaux et
culturels et de modes de vie incessamment évolutifs (travail, enseignement, santé,
consommation, habitat, culture, loisirs...) dont la qualité dépend étroitement des modes de
gouvernance mis en œuvre, des structures et infrastructures urbaines existantes, de la nature
des flux locaux sans oublier l’environnement urbain et naturel4 .

Karl Marx, considère à ce titre que la ville est un lieu de modernité qui permet d’échapper de
« la stupidité de la vie rurale » en précisant : «Ce n'est pas la conscience des hommes qui
détermine leur être. C'est inversement leur être social qui détermine leur conscience»5 . Emile
Durkheim, quant à lui, considère que la ville est le lieu privilégié qui donne l’occasion à
l’individu de devenir un élément influent dans la vie sociale. A cet égard, il considère que
l’être social prime sur l’être individuel en stipulant : « il y a en nous une multitude d’états qui
expriment en nous-mêmes autre chose que nous-mêmes, à savoir la société; ils sont la société
même vivant et agissant en nous. Sans doute, elle nous dépasse et nous déborde, car elle est
infiniment plus vaste que notre être individuel, mais, en même temps, elle nous pénètre de
toutes parts » (E. Durkheim, p. 60)

Max Weber, pour sa part, estime que la ville est le précurseur des principaux phénomènes
sociaux. Dans ce sens, il précise qu’elle est effectivement le berceau de plusieurs tournants
sociologiques comme le capitalisme, la rationalisation du monde et l’Etat moderne : « La ville
est la troisième composante des formes de domination politique modernes 6 . Et à ces formes de
domination, il convient d’associer la construction d’un éthos rationnel de conduite de vie ».
Quant à lui, Georg Simmel apporte une analyse spatiale qui repose sur la sensation et du
contact direct. Il stipule que la relation avec l’espace urbain, bien entendu d’une façon très

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différenciée selon les tailles des agglomérations, se construit par le biais de l’interaction avec
l’environnement en précisant: « l’importance de la perception et de l’influence sensorielles
mutuelles dans la coexistence entre êtres humains » et que « la prédominance d’un sens ou
d’un autre, dans le contact entre individus, confère souvent à ce contact une tonalité
sociologique qui, sans cela, n’aurait pu être obtenue »7 .

La dimension historique doit également être intégrée dans l’appréhension de la morphologie


urbaine puisque la fabrication des villes et par conséquent la composition morphologique des
groupes sociaux et leur répartition territoriale sur les aires urbaines est le résultat d’une
évolution historique progressive. Cela étant, la ville est non seulement l’œuvre d’une
configuration matérielle composée d’individus, de groupes, d’espaces et d’objets imbriqués
suivant des règles bien spécifiques, mais elle est également l’œuvre d’une partie immatérielle
(culture, richesse artistique, savoir-faire, savoir-être, mémoires…) qui contribue à la
formation de l’identité urbaine8 .

Dans le même sens d’idées, la dimension technologique doit être indispensablement prise
avec beaucoup d’attention et de diligence dans l’appréhension des villes puisqu’elle induit
nécessairement des changements conséquents, aussi bien mentales que techniques 9 , qui
régulent les comportements et conduites des individus et groupes, leurs modes de
consommation, leurs styles de vie ainsi que les diversités socioculturelles aboutissant en fin
de compte à l'instauration d’un système de valeurs plus ou moins équilibré capable de
transformer le monde urbain en un lieu durable et agréable à y vivre.

Il en ressort que la ville est un environnement complexe d’entente, d’intérêts et de conflits qui
affecte les relations des individus et groupes avec leur environnement naturel et bâti dans la
mesure où elle traduit la répartition de la population dans l’espace urbain avec tout ce qui s’en
découle en termes de séparation, de rapprochement voire de fusion et d’hostilité. Cela étant, la
prise en compte de cette ambivalence formelle et structurelle oblige l’optimisation des
capacités de gouvernance et l’adoption de modes de prise de décision pertinents pour mieux
maîtriser les effets du milieu physique sur les attitudes, les convictions et le réseau social des
habitants, leurs comportements, leurs activités socioéconomiques ainsi que les processus et
modalités de construction de l’espace urbain10 .

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En synthèse, appréhender les spécificités des villes c’est disposer impérativement de données
pertinentes sur les structures matérielles et immatérielles qui permettent de comprendre les
styles de vie des groupes sociaux dans les finesses de leurs habitats, de leurs activités
exercées, de leurs modes de vie, de leurs habitudes ainsi que les formes d’interaction avec
les caractéristiques de l'espace public ( fréquentations, composition, fonctions, usages,
caractéristiques architecturales et urbanistiques...).

2- L’intérêt de l’étude et note méthodologique

L’objectif de cet article est d’approcher le projet de la smart city suivant une perspective
sociologique à l’aide de méthodes d’analyse géographique quantitatives et qualitatives pour
mieux appréhender les espaces et identifier les manifestations des reconversions
sociologiques ainsi que leurs répercussions immédiates et à terme sur le contexte socio-
économique. L’intérêt serait dès lors de débattre de fond sur les dispositifs qui influent les
changements structurels au niveau de la société et d’interroger les relations que l’espace
urbain tisse avec les habitants. Ceci dit, le souci scientifique sera abordé de façon à ce que les
questions posées trouvent réponse dans des données et des méthodologies pertinentes qui
permettent d’identifier les changements d’occupation et d’usage du milieu urbain ainsi que les
incidences socio-économiques et territoriales immédiates et à terme et ce en vue de dépeindre
le fonctionnement des mouvements sociaux et les manières avec lesquels ils peuvent
influencer le milieu urbain.

Cet article repose ainsi sur des données de projections démographiques ainsi que du dernier
recensement général de la population. Le recours à l’analyse qualitative permet dès lors de
traiter un corpus de ressources académiques et d’articles scientifiques dans le but
particulièrement d’expliciter les composantes principales du champ théorique de la sphère
spatiale qui permettent d’étayer les modes de fonctionnement, les dynamismes et le
rayonnement du territoire et par suite d’orienter les axes à prioriser dans l’analyse des espaces
urbains et des groupes sociaux.

Ainsi, et à partir des données collectées, nous étudions les caractéristiques structurelles et
fonctionnelles des milieux urbains, en particulier les villes périphériques dites nouvelles
suivant leur contexte d’évolution et approchons les acteurs par le biais d’une segmentation qui
repose sur l’analyse de l’espace social et le comportement spatial des individus et groupes que

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ce soit dans les styles, les modes de vie, les relations sociales ou le fonctionnement de
l’habitat. Nous verrons s’il y a des risques d’artificialisation et si l’espace urbain perd de ses
spécificités même les plus latentes.

Dans les détails, nous cherchons plus précisément à prendre un certain recul pour mieux
cadrer les aspects inhérents à la question de la gestion de l’espace urbain et établir les
relations de cause à effet entre l’urbanisme et les difficultés et limites qui se répercutent sur le
tissu socio-économique. Nous appuyons notre investigation rétrospective sur la base d’un
certain nombre de documents de planification en l’occurrence les schémas et plans directeurs
d’urbanisme, des schémas de planification urbaine et les plans d’aménagement dans l’objectif
également d’interroger l’engagement des acteurs, les processus de constitution du milieu
urbain et également les incidences socio-économiques.

3- La cohésion sociale à l’épreuve des reconversions spatio-démographiques

En sociologie, le milieu social désigne tout groupe social disposant de styles de vie, de
principes et de conditions de vie semblables. Émile Durkheim parle de la « morphologie
sociale ». 11 Ceci dit, la géographie sociale a pour rôle entre autres de comprendre les modes
de vie urbains et d’analyser le développement des différentes formes d’habitation par le
recours à des méthodes quantitatives et qualitatives efficientes qui permettent d’appréhender
les milieux habités et d’analyser les comportements des différentes parties prenantes en
particulier la population locale ainsi que leurs représentations sociales. Il s’agit là plus
précisément de comprendre comment s’organisent les groupes sociaux ainsi que les
incidences des modes d’utilisation du territoire et son aménagement sur leurs modes de vie,
comportements, mentalités, cultures et réactions.

D’ailleurs et avant tout propos, il importe de noter que les répercussions désastreuses des
crises économiques récurrentes conjuguées aux effets très néfastes engendrés notamment par
l’expansion très rapide de la pandémie du coronavirus 12 , tout comme les autres cités du globe,
ont non seulement affecté défavorablement un très grand nombre de secteurs d’activité et par
suite impacté structurellement les revenus des ménages mais aussi ont suscité beaucoup de
craintes et de préoccupations profondes quant à la nature et le contenu des relations et liens
qui lient les différentes composantes du système socioéconomique de l’espace urbain et
périurbain de la capitale.

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Ainsi et sur le plan économique, la situation n’a pas cessé de s’empirer. Le déficit budgétaire
est alarmant et en pleine hausse. L'Etat, pour sa part, poursuit son désengagement dans les
secteurs stratégiques. Le secteur privé, lui, n’est plus en mesure de remplir son rôle de moteur
de développement affaibli notamment pas un secteur informel toujours dominant dans la
création de l'emploi et de la distribution des revenus 13 . De surcroit, les indicateurs de
développement humain demeurent toujours très faibles en raison des déficits enregistrés en
matière d'alphabétisation, de scolarisation, d'accès aux soins, de la paupérisation de la
population ou encore dans la création de l’emploi.

De surcroît, les inégalités sociales provoquées se sont creusées plus fortement notamment en
raison des politiques gouvernementales et budgétaires impertinentes et inviables qui non
seulement étaient incapables de redresser la situation socio-économique au niveau de la ville,
tout comme le reste du pays bien évidemment, mais qui ont provoqué diverses formes de
fractures sociale, sociétale, économique et géographique ce qui risque fortement d'entraver
une croissance économique durable, résiliente et pertinente, d’affecter la stabilité sociale à
court, moyen et long termes et aussi d’aggraver la précarité des classes sociales en particulier
les plus marginalisées14 .

Plus explicitement, les déficiences socioéconomiques s’exaspèrent et prennent diverses


formes pour se répercuter ainsi sur tous les niveaux pour donner lieu à des problèmes
structurels majeures et de toute sorte15 : vulnérabilité économique, chômage structurel et
contraction du marché de l’emploi, prépondérance du secteur informel, hausse des prix,
insécurité sociale, retard et/ou défaillance sanitaires, décrochage et abandon scolaire précoce,
discrimination entre classes sociales et genres, corruption administrative ou encore
rétrécissement des classes moyennes.

Cependant, il faudrait noter que les incidences ne sont pas tout le temps visibles et se reflètent
bien souvent sur toutes les composantes sociales en particulier les plus vulnérables comme
susmentionné qui sont les principales victimes de l’absence d’une véritable politique de
soutien. Cette incapacité à résoudre les problèmes, due en quelques sortes à la défaillance
observée en termes de la gestion des affaires publiques, engendre plus particulièrement des
sentiments de déception et d’isolation chez les habitants et consolide en conséquence un
manque de confiance croissant de la part de la population locale envers les institutions
publiques et territoriales16 .

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Plus encore, les transformations sociodémographiques qui s’opèrent, en l’occurrence
l’augmentation de la longévité, la reconfiguration des cycles de vie des populations, la baisse
de fécondité en milieu urbain ou encore l’augmentation de l'âge au premier mariage,
entrainent une baisse notoire de la croissance urbaine au sein de la capitale. Par voie de
conséquence, Rabat sera confrontée, au fil de quelques années, à d’ardus problèmes sociaux
se traduisant notamment d’une augmentation sans précédent des personnes âgées et retraités,
une pression accrue sur le marché du travail ainsi qu’un accès très difficile au logement et aux
services de base ce qui risque d’affecter encore, et lourdement, la cohésion sociale entre les
différentes structures de la ville17 .

Cependant, face à cette multiplicité d’enjeux socio-économiques et à ce rythme ardu de


fractionnement de la société, les attributions accordées à chaque acteur doivent être
déterminées avec plus de concertation entre les différentes parties prenantes. En fait, les
acteurs les plus légitimes à intervenir pour protéger la cohésion sociale sont principalement
les acteurs publics en particulier l’État, les administrations, les autorités centrales et
également les collectivités publiques et territoriales. Le rôle du secteur privé, des laboratoires
de recherches et de la population locale n’est pas marginal non plus.

Tout compte fait, la cohésion sociale doit être affirmée dans une configuration horizontale et
non plus dans une configuration verticale. De surcroît, elle doit représenter pour tous les
acteurs un défi incontournable18 qui consiste principalement à trouver les instruments et
moyens nécessaires pour contrecarrer les conséquences socio-économiques accrues (pauvreté,
chômage, disparités et inégalités sociales et territoriales…) engendrées par la transformation
des espaces et aggravées par une crise socio-économique ardue conjuguée à une mauvaise
gouvernance territoriale centralisée et moins coopérative.

4- Contrôler l’artificialisation et neutraliser l’impact des villes sur l’écosystème

Selon les projections prévisionnelles, sept personnes sur dix résideront en ville en 2050 19 . Par
conséquent, les villes sont amenées plus que jamais à s’adapter à une densification urbaine de
plus en plus ardue ainsi qu’une augmentation accrue des besoins et aspirations de la
population. Cependant, cet étalement urbain ne se fait pas sans conséquences sociales et
environnementales puisque l’armature urbaine grandit et s’étale au détriment des zones
agricoles et forestières d’autant plus dans la contrée et à l’image de toute la rive Sud de la

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Méditerranée la préservation des terres agricoles périurbaines pose problème puisque la
Méditerranée compte parmi les zones au monde où les espaces agricoles et forestiers se font
de plus en plus rares (Paillard et al. 2010). De surcroît, les dispositions réglementaires prises
n’ont pas empêché que ces terres soient des réserves foncières pour une urbanisation
croissante (Jouve et Padilla, 2007).

Ce phénomène d’artificialisation devient dès lors un véritable calvaire pour les stratèges et
décideurs au niveau des villes notamment du fait que la construction des logements et
l'installation des structures et infrastructures urbaines 20 (voirie, éclairage, eau, assainissement
et autres travaux) ou des zones d’activités (commerce, industrie, artisanat, centres de loisirs et
de sport…) se fait la plupart du temps au détriment des terres agricoles fertiles et cause par
conséquent une perte irréversible et importante en biodiversité ainsi qu’une perte accrue et
modification des écosystèmes.

Plus systémiquement, l’étalement urbain donne lieu à une fragmentation éco-paysagère quasi-
généralisée dans l’aire urbaine de la capitale avec des incidences souvent très dévastatrices sur
les écosystèmes se manifestant la plupart du temps par des modifications écologiques
irréversibles et nocives comme l’isolement des espaces naturels ou l’éclatement de l’habitat
précaire ainsi que d’autres graves détériorations environnementales comme les émissions de
gaz à effet de serre, la pollution de l’air, le dérèglement climatique, les risques
épidémiologiques, les inondations, la raréfaction des ressources hydriques ou encore la
réduction de l’infiltration des eaux dans le sol21 .

L’étalement urbanistique non calculé de Rabat tue en quelques sortes la ville. L’objectif «
Zéro artificialisation nette », affiché par ailleurs dans plusieurs parties du globe, relève de la
simple utopie pour Rabat du fait que la ville continue de se transformer en une ville sans âme,
un lieu à vivre qui n’a rien que des constructions, des façades et du bitume à offrir aux
habitants et visiteurs. Les surfaces vertes sont désertées et situées loin de la portée des
habitants. La consommation d’espace, quant à elle, se fait principalement sur des terres
agricoles. Les décideurs, eux, en particulier les élus, ne possèdent ni la vision ni le savoir-faire
pour stopper cette artificialisation croissante et proposer de pertinentes alternatives pour
résoudre les problèmes actuels de périurbanisation.

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L’enjeu serait dès lors de réorienter les politiques d’urbanisation et d’aménagement du
territoire de façon à maîtriser les effets de l’étalement urbain sur l’environnement naturel et
bâti, opter vers des formes d’urbanisation plus économes en consommation d’espace et plus
intenses en nature et programmer de nouveaux dispositifs et instruments d’ajustement
susceptibles de favoriser une densification acceptable pour chaque type de territoire et
orienter l’urbanisation vers des créneaux de développement durable basés essentiellement sur
la concertation et profitable à toutes les parties prenantes.

Cependant, la réalité des choses est toute autre, la capitale enregistre de graves dépassements
en matière de concession foncière puisque la capitale s’étale géographiquement aux dépens de
son périmètre agricole le plus fertile voire sur des terres forestières ou protégées. Corollaire
immédiat, en l’absence d’une réglementation rigide et d’un contrôle urbain rigoureux, la perte
et la fragmentation des milieux naturels22 ne cessent de se faire de plus en plus de façon très
menaçante et avec acuité, les terrains agricoles se rétrécissent davantage et la surface
forestière ne cesse de régresser au profit du goudron et du béton.

En conséquence, la fracture environnementale s’alourdit jour après jour et fait apparaitre un


bilan gravement désastreux puisque l'artificialisation et l’étalement urbain de la capitale et de
sa couronne périphérique ne cessent point de se proliférer 23 . Des milliers d’hectares agricoles
et d’espace verts cèdent du terrain chaque année, plusieurs exploitations agricoles, terres
cultivées et végétations sont abandonnées au profit des constructions et infrastructures
notamment en raison des prix du foncier et coûts de construction plus ou moins modérés dans
ses aires et de l’absence d’un cadre réglementaire non contraignant.

5- L’attraction de la capitale sous l’angle de ses dysfonctionnements structurels

Si la capitale ambitionne se hisser au peloton des grandes capitales intelligentes à l’échelle


internationale, il serait non seulement question d’attirer les richesses mais aussi de réussir à
les créer, de renforcer également son attraction envers les ménages à fort pouvoir de
consommation en l’occurrence les hauts fonctionnaires, les cadres, les entrepreneurs et
professions libérales24 . A vrai dire, l’enjeu consisterait dès lors à réussir à dé-compartimenter
la ville en des milieux sociaux et urbains homogènes, attrayants, résilients, complémentaires
et aussi respectueux des critères urbanistiques durables et des enjeux environnementaux tout

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en tenant compte des relations sociales et leurs liens étroits avec l’espace et leurs incidences
socio-économiques immédiates et futures.

Plus explicitement, pour renforcer son attraction, Rabat doit impérativement maitriser les flux
des populations sous leurs différentes facettes comme la taille, la mobilité géographique, les
activités socio-économiques ou encore à travers la qualité de ses prestations et services
publics et privés. Par ailleurs, la capacité de la capitale à proférer à ses résidents et ses
visiteurs une meilleure qualité d’accueil et de services rendus passe essentiellement par le
biais de l’adoption de pertinentes mesures et dispositions qui permettront de comprendre la
réalité et les voies par lesquelles les besoins et les souhaits de la population, quelque soit leur
classe sociale, seront satisfaits.

Par ailleurs, l’attraction de la capitale est typiquement tributaire de la capacité des stratégies
adoptées et mises en place à réduire les écarts entre les objectifs de la planification et les
résultats obtenus sur le terrain. Pourtant, la réalité témoigne d’un grand fossé entre les
déclarations et le vécu. Plusieurs facteurs expliquent ce retard. On note plus particulièrement
la lourdeur du processus administratif d’élaboration et d’approbation des documents de
planification urbaine et de gestion des autorisations 25 qui entrave la prise des décisions à
temps et qui n’encourage pas une implication et un engagement réels de la part de l’ensemble
des parties prenantes.

C’est ainsi, la question de la gouvernance et du pilotage demeure un aspect primordial à faire


valoir pour la bonne mise en application des stratégies de la gouvernance territoriale dans la
mesure qu’elles doivent à la fois s’adapter aux processus des reconversions sociales actuelles
et futures, assurer la cohésion sociale et aussi préserver l’empreinte naturelle et architecturale
de la ville26 . Daniel Rivet parle plus particulièrement des villes-archipels pour dépeindre
le schéma d’organisation des espaces urbains des villes marocaines en l’occurrence la
capitale27 . Ceci dit, la planification urbaine doit être en mesure de couvrir l’ensemble du
périmètre urbain et périurbain pour tenir compte des spécificités du vécu de tous les groupes
sociaux et pouvoir par la suite refléter l’évolution de l’impact de l’urbanisation sur les
structures sociales.

Pourtant, au regard des ruptures et dysfonctionnements qui s’observent dans le domaine de


l'urbanisme, les décisions ne se font pas toujours de concert entre les échelons et niveaux

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hiérarchiques et ne prennent pas compte des échéanciers à respecter dans les travaux
d'évaluation. Signalons aussi le décalage qui existe entre les objectifs affichés qui sont trop
ambitieux par rapport aux réalités socio-économiques de la ville qu’aux menaces et
challenges futurs notamment en l’absence d’une véritable et pertinente compréhension des
enjeux de la planification urbaine par l’ensemble des acteurs en particulier la population
locale sans oublier l’absence d’une assise financière qui permet la réalisation des objectifs
escomptés28 . C’est pourquoi, il importe de mettre en place un dispositif de pilotage pertinent
qui réussit à assurer l'adhésion de l’ensemble des acteurs autour d’une approche collective
résiliente, équitable et profitable à toutes les parties prenantes.

Sur le terrain, les symptômes de ce dysfonctionnement structurel sont très néfastes et se


répercutent plus manifestement aussi bien au niveau des caractéristiques de l’habitat urbain et
périurbain que sur les comportements et conduites des habitants induisant ainsi des mutations
urbaines incontrôlées voire périlleuses qui se traduisent non seulement par une l’apparition de
constructions incohérentes avec le caractère historique, culturelle, urbanistique et
architecturale de la capitale mais également provoquent des disparités spatio-temporelles très
flagrantes qui risquent même d’être irréversibles.

Les effets néfastes ne s’arrêtent pas aux seuls effets sociaux. Au-delà et outre la densité
démographique et ses dérapages sociaux conséquents (criminalité, chômage, insécurité,
corruption…), le phénomène de la densification urbaine s’accompagne bien souvent par de
graves effets sur les territoires se traduisant principalement par la hausse des prix du foncier,
la paupérisation des ménages en particulier les plus précaires ou encore le désinvestissement
de l’Etat et des collectivités locales, l’étranglement routier ou encore l’augmentation du coût
des prestations publiques et privées.

De surcroît, et comme susmentionné, la réalité au niveau des quartiers de la ville dissimule


des disparités flagrantes que ce soit sur le plan spatial ou bien au niveau de la répartition de la
population avec la coexistence d’habitats plus ou moins denses29 . Ces groupements
d’habitations, très éparpillés, sont parfois en flagrante contradiction avec la morphologie
urbaine et architecturale de Rabat puisque bon nombre d’habitats sont proliférés au rythme du
hasard et de l’arbitraire que par des innovations urbanistiques notamment au niveau des
quartiers périphériques à l’image du quartier Fath, Hay Qamra, Hay Nahda ou encore Hay

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Taqadoum où des constructions aléatoires laides et incompatibles avec l’empreinte
architecturale et urbanistique de la ville plantent du jour au lendemain.

Dans le même ordre d’idées, la politique urbaine au niveau de la capitale reflète une
ségrégation sociale alarmante qui se manifeste par une mutilation sociale au niveau des
quartiers de la ville qui se spécialisent désormais chacun par l’accueil d’une telle ou telle
classe sociale et sociétale. Nous prenons l’exemple de deux quartiers à savoir ceux du quartier
Souissi et d’El Youssoufia. Si le quartier Souissi est réputé d’être le siège-lieu d’une
bourgeoisie très riche qui se loge dans des villas de plus de 2000 m² au sol, le quartier
El Youssoufia, quant à lui, est reconnu d’être l’un des plus pauvres au niveau de la capitale
avec des maisons limitées à R+2 sur 64 m² au sol avec la cohabitation de plusieurs ménages
dans la même maison30 .

Notons aussi que le quartier Souissi qui s’étend sur 32 % de la surface de la ville abrite
seulement 4 % des habitants tandis que le quartier El Youssoufia qui ne s’étale que sur
1 % de la superficie de la Rabat accueille presque le quart de la population31 . Cette
ségrégation spatiale dite aussi résidentielle, reflétant l’inégale répartition au niveau de la
capitale, est due principalement au phénomène de relégation imposé par le prix des
logements très élevé au niveau de certains quartiers. Ladite ségrégation se manifeste
grandement dans les aspects esthétiques, urbanistiques et architecturaux puisque les habitants
des quartiers aisés bénéficient d’un cadre spacieux et plus confortables (avenues larges et plus
propres, grandes surfaces, vidéosurveillance…) alors les quartiers populaires pâtissent du
surpeuplement, de la pollution et de l’informel.

6- L’expérience des villes nouvelles, quel apport ?

Partout dans le monde, les villes nouvelles dites également villes-satellitaires demeurent
toujours de gigantesques chantiers. Ces cités de taille plus ou moins petite édifiées à proximité
des grandes villes traditionnelles affichent plusieurs objectifs comme le fait d’accompagner la
délocalisation d’une partie de la population locale en l’occurrence la plus précaire, faire
bénéficier les habitants d’une infrastructure nouvelle, innovante et modernisée, alléger la
densification démographique au sein des villes traditionnelles, éviter la dispersion de
l'urbanisation, protéger la biodiversité et les écosystèmes, réduire la pression démographique

155
sur l’armature urbaine ou encore résoudre les problèmes inhérents à la prolifération de
l’habitat insalubre et précaire32 .

En d’autres termes, si la configuration de la ville traditionnelle pour répondre aux objectifs du


développement repose essentiellement sur son potentiel historique, naturel et son dispositif
institutionnel, administratif et socio-économique, l’armature urbaine des villes dites nouvelles
s’inscrit dans une perspective innovante qui se base sur plusieurs créneaux entre autres
l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables, la recherche scientifique, l’innovation
technologique, l’écologie verte et durable, le respect de l’environnement naturel et bâti et
également la nouvelle industrie33 .

Par ailleurs, si la ville de Rabat a opté pour le projet des villes nouvelles en particulier à
Tamesna et Ain Aouda pour déplacer une partie de ses habitants vers les banlieues notamment
avec le relogement des résidents des zones précaires, il se trouve que l’approche mise en place
n’a pas réussi véritablement à contenir et répondre aux changements des besoins et des
aspirations des habitants notamment du fait que le projet des villes nouvelles était incapable
de renforcer concrètement les liens relationnels et émotionnels qui peuvent lier l’espace aux
nouveaux habitants.

Plus explicitement, l’expérience des villes nouvelles a montré ses limites quant à la capacité
d’adaptation et de rééquilibrage de la capitale, les premières conclusions font apparaître que le
développement des villes nouvelles notamment à Ain Aouda et à Tamesna restent
généralement au-deçà des aspirations puisque les résultats enregistrés dans les différents
secteurs (urbanisation, architecture, voiries, infrastructure numérique, espaces verts ou de
loisirs, lutte contre la ségrégation sociale, d'animation socioculturelle, intégration des
handicapés…) sont loin d’être probants34 .

L’un des premiers projets lancés au niveau national, le projet de ville Tamesna35 située à Sidi
Yahia Zaers à 20 km de Rabat sur une superficie de 840 ha a été créé pour contribuer à
l’éradication des bidonvilles et réduire le manque en termes de logement. Lancé en 2006 pour
une enveloppe d’investissement de 21 Milliards de Dirhams (dont 25% sous forme de prêts de
la banque européenne de l’investissement), le projet a partiellement rempli ses objectifs
initialement affichés pour construire 52.000 logements au profit de 250.000 habitants dont
10.000 unités aux ménages à faible revenu.

156
Ceci dit, quatorze ans après son lancement, le projet a certes connu des avancées mais
également plusieurs dérapages du fait que la ville de Tamesna est rapidement devenue une
source de moult problèmes socioéconomiques de toute sorte (criminalité, corruption,
délinquance, transport et travail informels…). Les causes ne sont pas si difficiles à cerner. Le
projet pâtit avec acuité notamment en raison de l’absence enregistrée en matière
d’infrastructures sociales collectives et également de l’incapacité de création d’emplois, de
l’absence d’activités génératrices de revenus et d’attraction des populations qui ne font
qu’accentuer une ségrégation socio-spatiale de plus en plus alarmante36 .

De sa part, construite sur une superficie de 95 hectares, la ville nouvelle Ain Aouda37 a été
conçue spécialement pour le relogement des ménages du site Akreuch ainsi que ceux du
bidonville Laouamer. Ce projet d’investissement de 344,35 millions de dirhams, mis en œuvre
pour accueillir 40.000 logements, a été co-financé, par des subventions publiques à hauteur de
140 millions de dirhams sans oublier la participation des attributaires. Quant aux résultats, et à
l’instar du projet Tamesna, et en dépit des avancées réalisées en termes de recasement et
d’accueil des les problèmes se sont accumulés à une vitesse inquiétante du fait que la ville est
devenue une poche de toute sorte de délinquance (vols, agressions, prostitution, travail et
transport informels…).

Quoi qu’il en soit, et en synthèse, la construction des villes nouvelles dans les couronnes
périurbaines de la capitale a induit une dynamique démographique négative au niveau de la
capitale. Les causes de ce dépeuplement sont multiples. Elles sont à imputer en premier lieu
au désir des ménages à s’installer dans les périphéries loin de l’armature urbaine et disposer
de leur propre habitation en fonction de leurs revenus et également pour améliorer leur cadre
de vie (loisirs, verdure, tendance favorable…) à l’écart des dérapages socioéconomiques se
faisant de plus en plus ardus.

Cette tendance peut être expliquée également par les avantages et les services qui s’offrent
désormais par l’amélioration de l’infrastructure routière ayant permis notamment de
raccourcir le temps et les trajets des déplacements. Cependant, cette expérience urbaine
ambitieuse s’est rapidement transformée en une niche de déficiences structurelles et
fonctionnelles de toute sorte comme si la capitale n’a fait que délocaliser une grande partie de
ses problèmes vers ses espaces périphériques.

157
7- Conclusion

Notre souci scientifique dans ce travail était essentiellement d’exploiter les données et les
méthodologies disponibles pour identifier la nature et le contenu des relations et liens qui
existent entre les formations sociales et l’espace urbain. La question identitaire a été soulevée
afin de mieux connaitre les subtilités socio-économiques de la capitale et de maitriser les
spécificités des liens qui peuvent exister entre l’espace, les différentes structures du milieu
urbain et les groupes sociaux38 . Nous avons tâché de refléter les changements structuraux qui
impactent les modes d’occupation du milieu urbain et d’évaluer les incidences et enjeux
imposés par les contraintes urbaines.

Plus spécifiquement, nous avons tenté de comprendre les dynamiques et les conversions des
systèmes spatiaux et leurs déclinaisons spatio-démographiques au niveau des différents
échelons dans l’objectif notamment d’évaluer les incidences de la croissance urbaine sur
l’environnement et les relations sociales et aussi pour déterminer les challenges urbains,
paysagers, architecturaux, avec des objectifs d'aménagement qualitatifs et quantitatifs bien
précis pour atténuer les craintes et les préoccupations au sujet de la cohésion sociale et les
chances d’intégration pour toutes les classes sociales.

Quatre axes essentiels ont été abordés. Initialement, nous avons passé au crible le problème
d’artificialisation et d’étalement urbain qui fait que des milliers d’hectares agricoles et
d’espace verts cèdent du terrain chaque année au profit des constructions et infrastructures.
Puis, nous avons abordé la question de la morphologie urbaine de la capitale que ce soit sur le
plan spatial ou bien au niveau de la répartition de la population. Nous avons montré que la
croissance urbaine se fait en contradiction souvent avec la morphologie urbanistique et
architecturale de la ville Rabat et ne fait qu’aggraver davantage les problèmes socio-
économiques au sein de la capitale. Le quatrième axe a traité le sujet de la construction des
villes nouvelles notamment au niveau des périphéries d’Ain Aaouda et Tamesna, créées
essentiellement pour délocaliser une grande partie des problèmes de la capitale vers ses
espaces périphériques.

Plus explicitement, nous avons essayé de simuler et modéliser les changements d’usage du sol
immédiats et futurs qui peuvent avoir lieu à partir des données collectées et traitées et
également de problématiser et caractériser la question urbaine par rapport à ses différentes

158
représentations et manifestations socio-économiques. Nous avons également vu comment le
modèle urbain choisi par Rabat aborde la question de la ségrégation urbanistique et comment
les facteurs spatiaux sont à l’origine des changements structurels et fonctionnels qui s’opèrent
à différentes échelles urbaines et périurbaines de la ville.

En synthèse, bien que notre travail porte avant tout sur les aspects typiquement socio-
urbanistiques, nous ne pouvons pas les isoler des considérations qui les composent et les
situent dans leurs contextes. Ainsi, la mise en place du paradigme de la smart city au niveau
de la capitale doit s’appuyer sur une maitrise consciente et exhaustive des phénomènes
sociodémographiques et leur évolution dans l’espace urbain.

En tout état de causes, nous concluons que la réussite de l’implémentation du dispositif


numérique au sein de Rabat ne peut avoir lieu que si seulement et si la planification urbaine
adoptée et mise en œuvre est construite de façon subjective, pertinente et consensuelle entre
les différentes parties prenantes en particulier les classes sociales les plus marginalisées et
permet effectivement d’instaurer, réguler et perdurer le développement durable au sein la
capitale du Maroc.

1 Attour, Amel, et Alain Rallet. « Le rôle des territoires dans le développement des systèmes trans-sectoriels
d'innovation locaux : le cas des smart cities », Innovations, vol. 43, no. 1, 2014, pp. 253-279.
2 Caroline Varlet, « Philippe Guignet (dir.), Démographie urbaine, urbanisation, urbanisme... », Histoire &

mesure, XVI - 3/4 | 2001, 419-422.


3 Douglas, Clement. « Théories économiques de la ville [1] », L'Économie politique, vol. n o 27, no. 3, 2005, pp.

82-97.
4 Gallez, Caroline, et Hanja-Niriana Maksim. « À quoi sert la planification urbaine ? Regards croisés sur la

planification urbanisme-transport à Strasbourg et à Genève », Flux, vol. 69, no. 3, 2007, pp. 49-62.
5 Karl Marx « préface de la Contribution à la critique de l’économie politique » p. 4, Editions sociales, 1947.).
6 http://www.slate.fr/story/93989/ville-formation-capitalisme-occidental-max-weber/ consulté le 10/10/2020
7 Paquot, Thierry. « 18 : Georg Simmel, la ville moderne comme « état d'esprit » », Thierry Paquot éd., Le

territoire des philosophes. La Découverte, 2009, pp. 325-336.


8 Boudes, Philippe. « Morphologie sociale et sociologie de l'environnement : l'apport de Halbwachs à l'étude des

relations entre les sociétés et leur milieu naturel », L'Année sociologique, vol. vol. 61, no. 1, 2011, pp. 201-224.
9 Ben Abdallah, Lotfi, et Zeineb Ben Ammar-Mamlouk. « Changement organisationnel et évolution des

compétences . Cas des entreprises industrielles tunisiennes », La Revue des Sciences de Gestion, vol. 226-227,
no. 4, 2007, pp. 133-146.
10 CAT T EDRA Raffaele, 2010, « Chapitre I. Les grands projets urbains à la conquête des périphéries », Les

Cahiers d’EMAM, n° 19, p. 58-72.


11 Riutort, Philippe. « 3 - Les méthodes sociologiques. Faire de la sociologie », , Précis de sociologie. sous la

direction de Riutort Philippe. Presses Universitaires de France, 2014, pp. 97-147.


12 https://leseco.ma/crise-du-covid-19-la-pensee-economique-sous-pression/ consulté le 12/10/2020

159
13 Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Architecture et de l’Aménagement du Territoire, Direction de
l’Urbanisme, évaluation de la mise en œuvre des documents d’urbanisme de la région de Rabat salé Zemmour
Zaer, p 5
14 https://leseco.ma/inegalites-au-maroc-ce-n-est-pas-une-question-d-argent/ consulté le 13/10/2020
15 Conseil Economique, Social et Environnemental, Le Nouveau Modèle de Développement du Maroc, p 32
16 Lévy-Vroelant, Claire, Michel Joubert, et Christoph Reinprecht. « Partie III. La vulnérabilité comme

métaphore », , Agir sur les vulnérabilités sociales. Les interventions de première ligne entre routines,
expérimentation et travail à la marge, sous la direction de Lévy-
Vroelant Claire, Joubert Michel, Reinprecht Christoph. Presses universitaires de Vincennes, 2015, pp. 183-306.
17 Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Architecture et de l’Aménagement du Territoire, Direction de

l’Urbanisme, évaluation de la mise en œuvre des documents d’urbanisme de la région de Rabat salé Zemmour
Zaer, p 6
18 Avenel, Cyprien. « La « cohésion sociale » : de quoi parle-t-on ? Clarifier le concept pour consolider un

nouveau modèle d'action », éd., L'année de l'action sociale 2015 : Objectif autonomie. Dunod, 2014, pp. 119-
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19 https://www.lesechos.fr/2018/05/en-2050-plus-de-deux-tiers-de-lhumanite-vivra-en-ville-990758/ consulté le

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21 Béchet B. (coord.), Le Bissonnais Y. (coord.), Ruas A. (coord.), Desrousseaux M., Aguilera A., André M.,

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Bonin O., Cavailhès J., Chancibault K., Cohen M., Coisnon T., Colas R., Cornu S., Cortet J., Dablanc L., Darly
S., Delolme C., Facchinetti-Mannone V., Fack G., Fromin N., Gadal S., Gauvreau B., Géniaux G., Gilli F.,
Guelton S., Guérois M., Hedde M., Houet T., Humbertclaude S., Jolivet L., Keller C., Le Berre I., Madec P.,
Mallet C., Marty P., Mering C., Musy M., Oueslati W., Paty S., Polèse M., Pumain D., Puissant A., Riou S.,
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23 Arsalan KHALID, Mohamed FEKHAOUI1& Mohammed ARAHOU, Quelle biodiversité pour l’espace

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24 Vincens Jean. La notion de ménage et son utilisation économique. In: Revue économique, volume 8, n°3,

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25 Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Architecture et de l’Aménagement du Territoire, Direction de

l’Urbanisme, évaluation de la mise en œuvre des documents d’urbanisme de la région de Rabat salé Zemmour
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26 Anne Jégou. Territoires, acteurs, enjeux des dynamiques de durabilité urbaine : le cas de la métropole

parisienne. Environnement et Société. Université Panthéon -Sorbonne - Paris I, 2011. Français. fftel00681586f
27 D. Rivet 1999, "les métamorphoses de la ville ", (pp.227‐267), le maroc de lyautey a mohammed v. le double v

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28 Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Architecture et de l’Aménagement du Territoire, Direction de

l’Urbanisme, évaluation de la mise en œuvre des documents d’urbanisme de la région d e Rabat salé Zemmour
Zaer, p 400
2929 Nathalie Long et Thomas Leveiller, Comment les politiques d’urbanisation se traduisent -elles dans le

paysage urbain : une approche par les métriques spatiales, Vertigo 2012
30 Mouna M’Hammedi. Quartiers bourgeois, quartiers populaires. Les ambiances dans ces quartiers comme

facteur de sociabilité ou de ségrégation sociospatiale. L’exemple du Souissi et de EL Youssoufia à Rabat -Maroc.


Ambiances, tomorrow. Proceedings of 3rd International Congress on Ambiances. Septembre 2016, Volos,
Greece, Sep 2016, Volos, Grèce. p. 805 - 810. ffhal-01409178
31 Mouna M’Hammedi. Quartiers bourgeois, quartiers populaires. Les ambiances dans ces quartiers comme

facteur de sociabilité ou de ségrégation sociospatiale. L’exemple du Souissi et de EL Youssoufia à Rabat-Maroc.


Ambiances, tomorrow. Proceedings of 3rd International Congress on Ambiances. Septembre 2016, Volos,
Greece, Sep 2016, Volos, Grèce. p. 805 - 810. ffhal-01409178

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32 Ahtik Vito. La création des villes nouvelles. In: Sociologie du travail, 11ᵉ année n°4, Octobre-décembre 1969.
Politique urbaine, sous la direction de Jean-Pierre Worms . pp. 366-386
33 https://marges.hypotheses.org/valorisation/profils-de-villes/rabat/ consulté le 15/10/2020
34 https://www.challenge.ma/tamesna-une-ville-sans-cimetiere-105189/ consulté le 15/10/2020
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https://www.rabatinvest.ma/quelques-grands-projets/la-ville-de-tamesna / consulté le 22/10/2020
36 https://telquel.ma/2015/04/21/tamesna-ville-nouvelle-cumularde-les-maux_1443365 / consulté le 22/10/2020
37 https://www.bladi.net/ville-nouvelle-ain-aouda.html / consulté le 22/10/2020

38 Gallez, Caroline, et Hanja-Niriana Maksim. « À quoi sert la planification urbaine ? Regards croisés sur la
planification urbanisme-transport à Strasbourg et à Genève », Flux, vol. 69, no. 3, 2007, pp. 49-62.

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