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REMERCIEMENTS
En préambule, je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères aux personnes qui ont contribué à
l'élaboration de ce mémoire en m’apportant leur aide.
Je tiens à remercier sincèrement Monsieur Emmanuel Figuereau, mon directeur de mémoire, sans qui ce
mémoire n’aurait pas vu le jour, pour son inspiration, ses encouragements et sa disponibilité.
Mes remerciements s’adressent également à Mademoiselle Aurélie Bisson pour le temps qu’elle m’a accordé
malgré ses charges professionnelles. J'exprime ma gratitude à Messieurs Askenov Nikita et Soutiras Pierrick qui
ont accepté de répondre à mes questions avec gentillesse. Je n'oublie pas le reste de l’équipe de Willis Gras
Savoye Ré pour leur soutien.
Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements à Monsieur Stéphane Loisel qui m’a suivie pendant toute
l’élaboration de ce mémoire.
Run$off$en$assurance$construction 1$
Introduction
Sommaire
Résumé 4
Abstract 5
Introduction 6
I - Assurance construction 9
1.Les fondements du régime de l'assurance construction 9
o 1.1 Historique 9
o 1.2 Garantie Tous Risques Chantier 10
o 1.3 Garantie de Parfait Achèvement 10
o 1.4 Garantie de Bon Fonctionnement 11
o 1.5 Garantie Dommages Ouvrage 11
o 1.6 Garantie Responsabilité Civile Décennale 12
o 1.7 Garantie Responsabilité Civile Générale 13
2.Le marché actuel 14
o 2.1 Un passage difficile 14
o 2.2 Un marché redynamisé 14
o 2.3 Les principaux assureurs 15
3.Les données 15
II -Méthodes 19
1.Chain Ladder 19
2.Approche D3istribution 24
3.Utilisation 42
7.Conclusion 59
Run$off$en$assurance$construction 2$
Introduction
1.Provisionnement 60
2.Réassurance 70
3.Solvabilité 2 83
VI - Conclusion 92
Bibliographie 93
Annexes 95
Run$off$en$assurance$construction 3$
Introduction
Résumé
L’objectif de ce mémoire est de liquider les exercices passés en assurance construction et plus
particulièrement les sinistres issus de la branche longue : garantie Responsabilité Civile
Décennale.
La garantie RCD présente la particularité suivante : le sinistre peut être déclaré jusqu’à 10 ans
après son apparition et le coût ultime du sinistre n’est en général connu que des années plus
tard. Cette particularité pose un certain nombre de problèmes aux actuaires, parmi lesquels
nous pouvons citer : un risque de dérive de sinistralité accru avec les années mais
difficilement quantifiable, un besoin de données fiables sur un historique au moins aussi long
que les développements des sinistres et des risques de changements économiques, juridiques
ou règlementaires.
Liquider une branche longue constitue un enjeu important pour les assureurs qui souhaitent
maîtriser leurs risques. Pour développer les exercices passés nous avons utilisé une approche
fréquence-coût dans laquelle nous avons mis l’accent sur la modélisation des coûts.
L’approche que nous avons baptisée « L’approche D3istribution » se base sur la comparaison
des fonctions de répartitions empiriques des coûts des sinistres et induit des changements de
variables qui permettront de développer les triangles de liquidation.
Des applications sur le provisionnement, la réassurance et solvabilité 2 illustreront notre
approche et permettront la mise en exergue de ses avantages.
Run$off$en$assurance$construction 4$
Introduction
Key words : run off, construction insurance, construction defect, settlement, reinsurance,
solvency, cumulative distribution function, long tail, claims, reserving.
Abstract
This report aims to establish an effective method of ultimate loss amount estimation for the
long tail construction liability claims.
The construction defect warranty is specific in the way that claims can be declared until 10
years after their occurrence date and even then the ultimate cost is known only years after.
This peculiarity can be a serious difficulty for actuaries. There is an increasing risk of claims
drift over the years but hard to quantify, a need for reliable data with a history as long as the
claim development is and there is an economic, a legal or a regulatory change risk.
Long tail development is an important issue for insurance companies who want to control
their risks. In order to settle past claims, we use a frequency-severity approach in which we
put the emphasis on severity modelling. Our approach, called « The D3istribution approach »
is based on empirical distribution functions comparison and lead to the random variable
change which allows developing the claims triangles.
Applications on the reserve account, the reinsurance and solvency 2 are going to illustrate our
approach and highlight its advantages.
Run$off$en$assurance$construction 5$
Introduction
Introduction
Aujourd’hui le logement est le second élément le plus important influant sur le bien être d’un
individu, juste après la famille1. La propriété est devenue un signe de réussite personnelle.
Tant que le rêve ne se transforme pas en cauchemar. Les risques de ne pas être en sécurité
chez soi sont nombreux: constructeurs malhonnêtes, permis de construire accordés
hâtivement, problèmes de voisinage, défauts de construction. C’est pourquoi l’Homme a mis
en place des règles, pour ne pas que la liberté des uns empiète sur celle des autres, et des
assurances, afin de mutualiser les risques qu’il ne pourrait affronter seul.
Voici en quelques mots les fondations de la création de l’assurance construction, une
assurance créée contre les risques de défauts de construction.
Les branches longues sont un véritable défi notamment pour les actuaires, en raison de
l’évolution rapide des normes, des changements de décisions de justice, de l’inflation des
coûts, des comportements humains et du nombre de données nécessaires à toute étude
statistique.
1
Senk P. Tout ce que ma maison dit de moi, Psychologies. Disponible en ligne sur
http://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Personnalite/Articles-et-Dossiers/Ma-maison-c-est-moi/Tout-ce-que-ma-maison-dit-de-moi
Run$off$en$assurance$construction 6$
Introduction
Les possibles raisons d’une dérive de la sinistralité sont multiples et peuvent pénaliser de
nombreux exercices avant d’être découvertes et traitées efficacement. Ainsi de la fin des
années 1970 jusqu’au début des années 1990, l’assurance construction californienne a connu
une crise sans précédent due à l’accroissement de la population et du besoin de logement,
encourageant les entreprises de construction à employer du personnel peu qualifié et des
matériaux peu robustes pour répondre le plus rapidement possible à la demande. Les sinistres
causés par ces défauts de construction n’ont, comme tous les sinistres de cette branche, été
découverts que des années plus tard. Cette dérive a contaminé près de 15 ans d’exercices, son
coût ultime n’est pas encore fixé et de nombreux experts travaillent toujours sur ce thème afin
d’anticiper les pertes des assureurs et réassureurs.
Les actuaires se doivent de questionner tous les risques quitte à ce que les résultats nécessitent
de la pédagogie afin d’être valorisés dans une approche de « risk management ».
Le rôle du provisionnement est de déterminer le montant qui doit être porté au bilan pour
pouvoir faire face aux engagements, c’est-à-dire aux futurs règlements de sinistres.
Provisionner convenablement un risque est fondamental en assurance, puisque ces provisions
ont un intérêt comptable, fiscal, et règlementaire avec la directive Solvabilité 1 et bientôt
Solvabilité 2 qui incitera les assureurs à une meilleure gestion de leurs risques. Le
provisionnement a une importance stratégique dans les résultats des entreprises.
Plus que jamais dans le contexte économique actuel la maîtrise des risques est présente à tous
les niveaux. L’assureur doit pouvoir contrôler ses risques, contenir ses expositions aux
risques, ses incertitudes et justifier de ses choix.
L’objectif de ce mémoire est d’exposer une approche complète permettant la maîtrise de ces
risques et des incertitudes liées à cette opération d’assurance.
Les illustrations portent sur la garantie Responsabilité Civile Décennale (RCD), pour autant
ce travail est appliqué également aux autres garantie construction (en particulier les garanties
Dommages Ouvrage (DO) et Responsabilité Civile Générale (RCG) ont été étudiées avec la
même méthodologie). Nous reviendrons sur ces notions en première partie de ce mémoire.
Une modélisation robuste des coûts étant considérée comme prioritaire aux vues du Marché
passé et actuel de la construction en France, la problématique des fréquences ne sera que peu
traitée, celle-ci pourrait faire partie d’une étude plus approfondie ultérieurement.
Notre travail portera exclusivement sur des exercices passés non encore entièrement
développés, en imitant une situation de « run off » dans laquelle, donc, l’assureur ne
souscrirait aucun autre risque dans le futur. Cependant, nous pouvons de la même façon
développer des exercices futurs; Willis fait ce travail notamment dans un but de
renouvellement des traités de réassurance.
Run$off$en$assurance$construction 7$
Introduction
Run$off$en$assurance$construction 8$
Assurance Construction
I - Assurance construction
Avis aux lecteurs non expérimentés en assurance construction, les abréviations et définitions
de base de l’assurance construction se trouvent en annexe I, n’hésitez pas à vous y reporter si
besoin.
• Historique
La construction d’un habitat est l’un des premiers besoins de l’Homme. Garantir la réparation
des dommages qui se produiraient du fait d’un mauvais ouvrage apparaît très tôt dans
l’histoire. Ainsi la toute première responsabilité professionnelle naquit dans le code
d’Hammourabi (1750 av JC). Dans ce texte l’effondrement d’une maison qui causerait la mort
de ses occupants entraînerait la mort de l’architecte.
Il faudra attendre 1928 pour qu’apparaisse la police globale de chantier : il s’agissait alors
d’une assurance de chose pour un chantier déterminé pour une durée de dix ans. Et le 31
décembre 1940 la première loi obligeant un constructeur à s’assurer est promulguée, dite « loi
sur l’architecture » puisque par constructeur il fallait ici principalement considérer les
architectes.
En 1967 l’article 1792 du Code Civil est amendé pour y introduire une différenciation selon
gros ou menus ouvrages, avec une durée de responsabilité différente : dix ou deux ans.
Cependant, un tournant considérable est amorcé avec la loi du 4 janvier 1978 (dite loi
Spinetta). Cette loi est la source principale du droit positif en matière de responsabilité des
constructeurs, de contrôle technique et d’assurance construction. Elle est entrée en vigueur le
1er janvier 1979.
Elle instaure l’obligation pour le particulier de souscrire un contrat de dommages ouvrage
(DO) lors de la construction d’un ouvrage neuf et pour le constructeur de se couvrir en
Responsabilité civile Décennale (RCD).
Cette loi modifie les conditions de mise en oeuvre des garanties pesant sur les constructeurs,
décennale et biennale (qui devient garantie de bon fonctionnement), et met à leur charge une
nouvelle garantie dite de parfait achèvement.
Enfin, elle précise et consacre la notion de réception des travaux pour en faire le point de
départ unique des garanties et responsabilités mises à la charge des constructeurs.
Run$off$en$assurance$construction 9$
Assurance Construction
En effet, en 1968 l’assurance responsabilité n’étant obligatoire que pour les architectes, 40 %
des entreprises et 50 % des maîtres d’ouvrage n’avaient pas d’assurance. Ceci posait un réel
problème en cas de sinistre puisque les recherches de responsabilité étaient sans fin, du fait du
nombre d’intervenants sur le chantier notamment. Ainsi les victimes n’obtenaient quasiment
jamais de réparations pour le préjudice. D’autre part les couvertures d’assurance n’étaient pas
toujours suffisantes, de nombreux plafonds appliqués étant trop bas et de nombreuses
exclusions étaient appliquées par le marché.
Depuis les années 50 un changement dans la société par rapport à l’accès à la propriété s’était
également amorcé, et les français étaient de plus en plus nombreux à faire construire leur
résidence. Il devenait urgent de régulariser les pratiques du marché. La loi Spinetta a été la
réponse à ces problèmes et l’assurance DO est devenue une assurance d’ordre public.
Je vais maintenant dresser le portrait des garanties proposées par les assureurs en matière
d’assurance construction. 2
Les garanties des polices TRC portent sur les évènements suivants :
• Incendie, explosion ;
• Vol ;
• Attentats, émeutes, vandalisme, mouvement populaire, terrorisme,
sabotages ;
• Chute, choc, affaissement ou collision des équipements de montage ;
• Phénomènes naturels (gel, inondations, crues de cours d’eau, avalanches,
glissement de terrain, éboulement, tempête, grêle, tremblement de terre) ;
• Catastrophes naturelles.
Cette assurance n’est pas obligatoire sur les constructions soumises à l’assurance DO.
Pour autant le maître d’ouvrage est habituellement le souscripteur de cette garantie afin de
pouvoir bénéficier d’une indemnité en cas d’insuffisance d’assurance des constructeurs ou
d’insolvabilité de ces derniers.
2
Centre d’Etudes d’Assurance. Base documentaire : les risques et garanties lies a l’acte de construire.
Disponible en ligne sur http://www.cea-assurances.fr/ .
Run$off$en$assurance$construction 10$
Assurance Construction
L’article L 243-1-1 du code des assurances a adopté une liste exhaustive d’exceptions pour
lesquelles l’assurance DO n’est pas obligatoire :
Il en est de même pour les réserves qui peuvent être émises par le maître d’ouvrage à
l’occasion de la réception du chantier (dépendant théoriquement de la garantie de parfait
achèvement). Ces dernières ne seront prises en charge par la garantie DO qu’à condition que
la victime ait essayé en vain d’en obtenir réparation au titre de la garantie de parfait
achèvement.
Run$off$en$assurance$construction 11$
Assurance Construction
Les garanties DO et RCD sont les deux garanties rendues obligatoires par la loi Spinetta.
graphique 1
3
Moniteur. (22/09/2000). Tableaux synoptiques des responsabilités et assurances des constructeurs. Le Moniteur
N°5052. Disponible en ligne sur le site
http://www.groupe-cea.com/upload/doc_doc/Document_fr/3/tab1.pdf .
Run$off$en$assurance$construction 12$
Assurance Construction
graphique 2
4
Audit des assurances. (12/01/2010). L’Assurance de la construction. Disponible en ligne sur http://www.audit-des-
assurances.com/lassurance-de-la-construction-partie-1.html/2 .
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Assurance Construction
2. Le marché actuel
• Un passage difficile5
Entre 1999 et 2008 les mises en chantiers augmentèrent et dépassèrent le nombre de 400 000
en 2005 et 2006. Cet accroissement du nombre de mises en chantiers s’est accompagné depuis
1995 de fortes augmentations tarifaires pratiquées par les assureurs pour tenter de réduire le
déficit de cette branche. Cette remontée a permis de retrouver l’équilibre comptable du risque
en 1999 et de le conserver jusqu’en 2002.
Malheureusement les mauvais résultats de la bourse en 2002 ont provoqué une nouvelle chute
des résultats des assureurs construction qui a perdurée jusqu’en 2005 sans toutefois atteindre
les niveaux catastrophiques des années 90.
Cependant la crise économique n’a pas laissé ce secteur indifférent. Alors qu’en 2007 le
nombre de logements construits était de 466 000, l’année 2010 tout comme l’année 2009 a
connu une forte baisse et le nombre de logements construits en 2010 n’était que de 340 000.
A noter que les besoins sont estimés à 500 000 logements par an.
Les encaissements quant à eux ont baissé de 4,5% en 2010 après une baisse de 17% en 2009
ramenant l’encaissement global de la branche à 2,2 Milliards d’euros en 2010.
• Un marché redynamisé6
Cependant le secteur est confiant quant à l’avenir. Les prévisions laissent entrevoir une
stabilisation de l’activité pour 2011, après trois années de baisses consécutives.
5
Coe Rexecode. (16/04/2010). Situation et perspectives de la construction en France. Disponible en ligne sur
http://www.coe-rexecode.fr/public/Analyses-et-previsions/Reunion-Construction-immobilier/Situation-et-perspectives-de-la-construction-au-
printemps-2010/Situation-et-perspectives-de-la-construction-en-France .
6
Agence France Presse. (29/03/2011). La construction de logements neufs retrouve presque son niveau d’avant
crise. Disponible en ligne sur http://www.lemainelibre.fr/actualite/article_-La-construction-de-logements-neufs-retrouve-presque-
son-niveau-d-avant-crise_19533-34_actualite.Htm#sondage2744 .
7
Dessuet P. (29/10/2010). Les nouveaux défis de l’assurance construction. L’Argus de l’Assurance. Disponible
en ligne sur http://www.argusdelassurance.com/actualites/les-nouveaux-defis-de-l-assurance-construction.46413 .
Run$off$en$assurance$construction 14$
Assurance Construction
tableau 3
3. Les données
• La base de données
Dans un souci de confidentialité les données présentées ont été modifiées et les échelles
effacées de façon à ne pas modifier la pertinence des résultats obtenus par nos méthodes.
Les données utilisées dans ces travaux regroupent les sinistres survenus depuis 1969 des
garanties DO, RCG et RCD de MAF et ce depuis les inventaires de 1980. MAF est une
mutuelle spécialiste des risques constructions depuis plus de 75 ans. La base dispose
également d’informations complémentaires parmi lesquelles nous intéressent particulièrement
l’année de survenance des sinistres, la Déclaration Règlementaire d’Ouverture de Chantier
(DROC) ainsi que la garantie concernée.
La DROC est un élément fondamental puisqu’elle renseigne la date d’ouverture du chantier
qui sera le point de départ de nombreuses couvertures d’assurance.
A noter que les données ne sont fournies de façon certaine que lorsque l’évaluation du
montant du sinistre dépasse le seuil de 152 500 €, ce qui créé une troncature à gauche dans les
données.
Enfin, par montant du sinistre, nous considérerons la charge connue du sinistre, soit les
paiements déjà effectués ainsi que l’évaluation des provisions restantes à payer au titre de ce
sinistre. Ces provisions ne sont que des estimations dossier-dossier et contiennent donc une
8
Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA), Assurance construction. Disponible en ligne sur
http://www.ffsa.fr/sites/jcms/fn_7359/assurance-construction .
Run$off$en$assurance$construction 15$
Assurance Construction
part d’incertitude importante, toutefois ce mémoire a pour but de liquider les exercices
jusqu’à ce que la charge soit définitive, ainsi la méthode d’estimation des provisions n’a que
peu d’importance, seule la stabilité de cette méthode doit être vérifiée pour que notre modèle
ait un sens. Notre cédante nous a confirmé ce point.
Les différentes garanties n’ayant pas les mêmes particularités, les développements des
sinistres ne sont pas homogènes dans les différentes garanties. Ce mémoire se focalise sur les
résultats de la garantie RCD.
La première étape consiste donc à isoler les sinistres résultant de la garantie RCD. Il faut
alors mettre en évidence les éventuelles lignes multigaranties puis regrouper les sinistres
principaux.
o Lignes multigaranties
Les lignes des sinistres individuels en multigaranties on été identifiées. Il s’agit des sinistres
ayant les mêmes années de survenance, le même code population du sinistre, le même numéro
de sinistre individuel et la même DROC, mais qui se différencient par leurs garanties
sinistrées. La garantie retenue est la garantie sinistrée indiquée pour le dernier inventaire
connu ou encore nous respectons la règle suivante :
- La RCD prime sur la DO et la RCG
- La DO prime sur la RCG
Notre modélisation se base sur les regroupements de sinistres en gestion commune par
sinistres principaux. En effet, il arrive que plusieurs sinistres soient dus à une seule et même
cause. Un sinistre principal est alors désigné et les sinistres secondaires sont rattachés à ce
principal.
Nous utilisons les mêmes règles que pour le regroupement des sinistres en multigaranties.
Ainsi, la garantie retenue est la garantie sinistrée indiquée pour le dernier inventaire connu.
Pour le regroupement, nous respectons la règle suivante :
- La RCD prime sur la DO et sur la RCG,
- La DO prime sur la RCG
L’année de survenance retenue est la plus ancienne.
Les sinistres en gestion commune, c'est-à-dire regroupés autour du même principal, sont
nécessairement rattachés à une seule et même DROC, celle du sinistre principal.
Ce sinistre principal est une information Client directement implémenté dans nos données.
Les retraitements effectués ne concernent que les garanties, afin d’homogénéiser cette
garantie au sein des groupes.
Run$off$en$assurance$construction 16$
Assurance Construction
• Les Triangles9
A partir des données de notre cédante, nous avons pu construire différents triangles de
développement représentant l’évolution des sinistres connus.
En fonction de la garantie sous-jacente (RCD, DO ou RCG) les triangles ne doivent pas être
construits de la même manière.
o D’une part, les sinistres résultant de la garantie RCD et DO sont traités par
DROC, c'est-à-dire que le triangle doit représenter le développement des
sinistres en regroupant les sinistres par DROC ;
o D’autre part, les sinistres résultant de la garantie RCG sont traités par année de
survenance, c'est-à-dire que le triangle doit représenter le développement des
sinistres en regroupant les sinistres par années de survenance.
Le tableau suivant présente une partie du triangle des fréquences de la garantie RCD, entre les
DROC 1991 et 2009 jusqu’au décalage 19.
Fréquence Développement
Principaux 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
1991 1 2 3 7 12 22 26 27 32 36 43 50 54 58 59 64 66 68 69
1992 1 83 12 14 17 21 22 24 26 32 34 34 35 37 38 39
1993 1 1 41 7 12 13 12 16 17 20 25 25 25 26 26 27
1994 2 5 77 10 12 15 18 22 25 31 32 34 40 44 49
1995 53 6 6 13 13 19 20 24 29 27 29 30
1996 3 73 5 8 8 8 10 16 19 22 22 26
1997 2 4 67 9 11 20 27 30 35 35 38 39
1998 4 6 118 14 19 21 26 27 32 36 40
1999 1 11 4 16 19 27 33 34 34
DROC 2000 63 10 14 19 22 23 35
2001 2 66 12 13 17 23 28
2002 2 65 13 18 20 27
2003 1 62 7 14 25
2004 2 86 15 21
2005 2 119 16
2006 1 93
2007 4 7
2008 3
2009 1
total 13 38 77 108 152 200 233 251 262 274 268 268 235 212 194 176 131 107 69
Tout d’abord, notons que le « 3 » présent en DROC 2008 Développement 2 signifie qu’à
l’année comptable 2010 (soit 2008+2), 3 sinistres sont présents dans la base, rattachés à des
chantiers dont l’année de DROC était 2008. Nous noterons Fréquencei,j la fréquence de la
DROC i au développement j, soit par exemple Fréquence2008,2 la fréquence de la DROC 2008
au Développement 2. Le développement est aussi appelé « décalage ».
9
Denuit M., Charpentier A. [2005] Mathématiques d l’assurance non-vie, Paris : Economica
Run$off$en$assurance$construction 17$
Assurance Construction
Enfin, remarquons que ce triangle des fréquences illustre précisément la problématique des
branches longues comme la RCD. En effet nous remarquons que le nombre de sinistres entre
le décalage 10 et le décalage 19 double, et que les premiers décalages sont très pauvres en
nombre de sinistres.
Pour autant nous remarquons que la quantité de données fournies par notre cédante est
importante : le total général du nombre des sinistres est suffisant pour développer une
approche statistique viable et ce dès les premiers décalages. Nous verrons dans la seconde
partie de ce mémoire l’importance de la qualité de ces données et notamment des totaux par
colonnes.
Notons par ailleurs que le tableau des coûts des sinistres se présente de la même façon, à
l’exception près qu’il représente la charge connue (en euros) des sinistres présents dans la
base et que dans notre approche D3istribution nous ne nous intéresserons pas aux montants
agrégés mais aux charges individuelles des sinistres dans chaque case.
Par exemple, en lieu et place du « 3 » présent en DROC 2008 Développement 2 du triangle
des fréquences, nous considérerons les trois charges individuelles des sinistres connus. Ces
charges individuelles d’une même case du triangle nous permettront de construire des
fonctions de répartitions. Nous noterons Xi,j la variable aléatoire représentant la charge connue
des sinistres rattachés à la DROC i et Décalage j. X2008,2 sera la variable aléatoire suivant la
fonction de répartition construite à partir des charges individuelles des 3 sinistres présents en
2010 et rattachés à la DROC 2008.
• Problématique
Le but de ce mémoire est de liquider les exercices passés, c'est-à-dire d’estimer la charge
future des sinistres des exercices passés.
Nous avons développé séparément chaque garantie (RCD, DO et RCG). En effet comme
expliqué dans le paragraphe précédent, les garanties décennales et non décennales ne peuvent
être mélangées. De plus la garantie DO est liquidée plus rapidement que la garantie RCD
puisqu’il n’y a pas de recherches de responsabilité.
Cependant nous n’illustrerons les résultats qu’avec la garantie RCD dans un souci de
concision.
La garantie RCD est une garantie décennale, au contraire de la RCG, plus typique et plus
subtile que la DO sur laquelle nous n’avons que peu de données.
La notion de « branche longue » a un double sens ici : d’une part les sinistres mettent
longtemps à se déclarer, mais également ils mettent plus longtemps à se liquider. Il y a donc
un double intérêt actuariel à s’intéresser à cette garantie en particulier.
Dans notre approche fréquence-coût nous ne détaillerons que peu l’approche fréquence (voir
page 49 pour l’approche sur les fréquences). Dans notre approche basée sur les coûts, nous
chercherons à développer les Xi,j présentés ci-dessus jusqu’à l’ultime.
Run$off$en$assurance$construction 18$
Méthodes
II - Méthodes
1. Chain Ladder
• Méthode de Chain Ladder
La méthode de Chain Ladder est une méthode déterministe permettant d’estimer les réserves
des sinistres à partir d’un triangle de données.
Soit Cik le montant, cumulé jusqu’en l’année de développement k, des sinistres survenus en
année de DROC i. Les montants Cik sont connus pour la partie supérieure du triangle et nous
cherchons à estimer les valeurs Cik pour la partie inférieure du triangle et en particulier les
valeurs à l’ultime (notées Cin)
Les fk sont appelés les facteurs de développement et donnent une mesure de l’évolution des
prestations cumulées.
Idéalement tous les facteurs d’une même colonne devraient être égaux pour que nous
puissions les appliquer aux données du passé.
Toutes les hypothèses à vérifier avant l’utilisation de la méthode de Chain Ladder sont les
suivantes :
o Les facteurs d’une même colonne doivent être égaux. Un autre moyen de vérifier
cette hypothèse est de constater que quelque soit j, les (Cij,Ci,j+1) pour tous i,
forment une droite.
Run$off$en$assurance$construction 19$
Méthodes
Cin=Ci,n+1-i*fn+1-i*…*fn-1
La réserve pour la DROC i, c’est à dire ce qui reste à payer pour les sinistres de la DROC i,
est définie par :
Ri=Ci,n+1-i*(fn+1-i*…*fn-1 -1)
Il faut d’abord que les DROC soient indépendantes, c'est-à-dire que les sinistres survenus au
cours d’une DROC donnée n’aient aucune influence sur les sinistres pouvant survenir lors de
la DROC suivante.
Cette propriété est supposée vérifiée.
Il faut également que les années de développement soient les variables explicatives du
comportement des sinistres futurs, c'est-à-dire que la seule explication de l’évolution du
montant des sinistres au cours d’une DROC soit la durée de ce développement.
Cette propriété est discutable mais sera acceptée pour l’utilisation de Chain Ladder et sera
remise en cause dans la suite de ce mémoire.
Il faut que les facteurs d’une même colonne soient égaux, afin que nous puissions appliquer le
même fk. S’ils sont trop différents, l’hypothèse que les années de développement sont les
seules variables explicatives ne pourra pas être retenue.
Nous vérifions cette hypothèses en traçant les graphiques pour chaque j, (Cij,Ci,j+1) pour tout i,
et en constatant que ces points forment bien une droite passant par l’origine (de type
Cij=a*Ci,j+1), ainsi le coefficient de passage de Cij à Ci,j+1 est bien le même.
Pour les illustrations suivantes nous avons pris l’exemple de la DROC 1995. Toutefois les
résultats sont similaires pour les autres DROC, nous noterons donc l’année de la DROC N.
Run$off$en$assurance$construction 20$
Méthodes
graphique 4
Les graphiques montrent que les points forment approximativement une droite, cependant les
premiers décalages ne vérifient pas cette hypothèse, notamment du fait du peu de données et
de la volatilité des premiers décalages. D’où la difficulté de projeter les derniers exercices à
partir des chiffres constatés.
graphique 5
Ce type de graphique s’obtient jusqu’au décalage 7. Nous ne pouvons donc pas appliquer la
méthode de Chain Ladder pour les DROC dont le dernier décalage connu est inférieur au
décalage 7.
o Résultats
Run$off$en$assurance$construction 21$
Méthodes
Nous appliquerons tout de même la méthode de Chain Ladder à partir de N+7 (entre N et
N+7, les résultats sont peu probants), malgré ces défauts, dans un souci de comparaison avec
les méthodes que nous utiliserons dans la suite de ce mémoire.
Cependant, lors de l’utilisation de cette méthode, les prévisions divergent pour les années de
développement les plus récentes, en effet les Cij sont très volatils lors des premiers
développements, ce qui change considérablement les résultats lors des développements par
Chain Ladder.
Run$off$en$assurance$construction 22$
Méthodes
De nombreux facteurs peuvent influer la cadence des paiements, en plus des années de
développement. On peut citer les changements de procédure dans la gestion des sinistres, la
survenance d’évènements exceptionnels ou un changement de jurisprudence.
Pour identifier l’incertitude liée à ce modèle, des méthodes stochastiques ont été introduites.
Elles supposent que les montants agrégés cumulés ou incrémentaux sont des variables
aléatoires. Le modèle de Mack permet en particulier d’expliciter les hypothèses utilisées dans
la méthode de Chain Ladder et de déterminer des intervalles de confiance. Ce type d’approche
s’est développé avec l’introduction des modèles linéaires généralisés. Dans le cadre de ces
modèles, les montants incrémentaux sont supposés indépendants et distribués selon une loi de
probabilité de la famille exponentielle.
Cependant, ces modèles présentent certaines limites et reposent toujours sur le modèle de
Chain Ladder classique.
Dans ce mémoire, nous choisissons d’étudier un autre modèle, il permet de travailler sur des
données détaillées, de revenir au sinistre individuel et de relâcher l’hypothèse que la seule
variable explicative est l’année de développement.
Pour finir, notons que la méthode de Chain Ladder ne permet de développer que des DROC
pour lesquelles il y a déjà des sinistres connus. Or, travaillant en branche longue, il peut se
passer plusieurs années avant qu’un seul sinistre ne soit connu pour une DROC. Ceci signifie
que la méthode de Chain Ladder ne permet pas d’estimer la moindre charge pour la DROC
avant que plusieurs années ne soient écoulées. Les méthodes présentées dans la suite de ce
mémoire permettent de s’affranchir de ce problème.
Run$off$en$assurance$construction 23$
Méthodes
2. L’approche D3istribution
Nous allons présenter une méthode baptisée «L’approche D3istribution».
En effet nous approcherons le triangle des liquidations en utilisant trois dimensions et
développerons ces dimensions grâce aux fonctions de répartitions des sinistres composant les
« cases » du triangle des liquidations.
• Fonction de répartition
Dans un premier temps, nous allons faire quelques rappels sur les fonctions de répartitions.
Définition :
La fonction de répartition caractérise la loi suivie par une variable aléatoire.
Ainsi, soit x un nombre réel, la fonction de répartition de la variable aléatoire X est la fonction
FX telle que :
FX(x)=P(X≤x)
Lorsque la variable aléatoire, X, est discrète, soit S son support (S est fini ou dénombrable),
soit ps=P(X=s) alors : FX ( x) = ∑ p s 1[s , +∞ [ ( x)
s∈S
Avec 1S la fonction indicatrice de l’ensemble S.
Définissons maintenant le cas particulier de la fonction de répartition empirique qui sera plus
spécifiquement utilisée dans ce mémoire
Run$off$en$assurance$construction 24$
Méthodes
Propriétés asymptotiques :
Par la loi forte des grands nombres, Fn(x) converge presque sûrement vers F(x) pour tout x.
En d’autres termes, Fn(x) est un estimateur non biaisé de la fonction de répartition F(x).
Par le théorème de la limite centrale, n (Fn ( x) − F ( x)) converge en loi vers une loi normale
N(0,F(x)*(1-Fx)) pour un x fixé.
• Idées génératrices
La première idée de cette approche est de partir du Chain Ladder standard, puis de se
demander : au lieu de n’avoir que les montants des sinistres au global dans chaque case du
triangle, ne peut on pas être plus précis et connaître la part de chaque sinistre individuel dans
ce global ?
C'est-à-dire ne peut on pas connaître les fonctions de répartition de ces sinistres dans chaque
case du triangle ?
En effet, nous avons pu constater dans la partie précédente que les hypothèses d’utilisation de
Chain Ladder sont très contraignantes et ne correspondent pas toujours à la réalité des
données. C’est pourquoi nous avons imaginé qu’au lieu de révéler une évolution stable en
terme de coût entre les années, peut-être y aurait il plutôt une évolution stable en terme de
fonctions de répartition des coûts des sinistres.
Une seconde approche classique serait de faire correspondre la loi empirique à une des lois
théoriques usuelles.
graphique 6
Cependant, cela ne nous indique rien concernant l’avenir or nous cherchons précisément des
méthodes pour développer les fonctions de répartitions dans le futur. Il faudrait chercher une
Run$off$en$assurance$construction 25$
Méthodes
évolution dans les paramètres des lois. Cette démarche inclurait deux risques de modèles : le
premier serait le choix de la loi usuelle théorique et le second serait le choix de l’évolution
dans les paramètres des lois pour en déduire l’avenir.
Prenons deux cases du triangle. Nous pouvons constater avec le graphique ci-dessous que les
répartitions des coûts des sinistres ne sont pas tout à fait identiques.
graphique 7
Pour autant, ne pourrait-il pas exister un lien entre ces distributions qui nous permettrait de les
déduire l’une de l’autre sans avoir à préciser une loi?
Notre approche répond à cette question et fournit un degré de détail permettant par la suite de
déterminer les distributions des coûts pour les « cases » inconnues du triangle. Les
ajustements permettant de passer d’une fonction de répartition à une autre ressembleront à des
coefficients type « Chain Ladder » dans le sens où les facteurs de développement de Chain
Ladder seront remplacés par des ajustements sur les fonctions de répartition.
Notons que par coût nous entendons dans ce mémoire la charge des sinistres.
Run$off$en$assurance$construction 26$
Méthodes
graphique 8
Nous chercherons donc dans cette approche un ajustement qui permettra tout d’abord de
passer des fonctions de répartition des cases passées aux fonctions de répartition d’autres
cases passées en utilisant des QQ plot et des tests statistiques pour valider les ajustements.
Ci-dessous le QQ plot de deux fonctions de répartition montrant l’ajustement entre les deux
distributions :
Q-Q plot
graphique 9
Run$off$en$assurance$construction 27$
Méthodes
A l’aide d’une base de données conséquente, nous étudions les évolutions des sinistres en
comparant les fonctions de répartition dans le but d’estimer un ajustement permettant de
justifier d’un changement de variable.
A partir de la variable aléatoire des coûts des sinistres de départ (ici X), le changement va
permettre de déduire la variable aléatoire des coûts des sinistres d’arrivée (ici Y).
L’outil teste différents ajustements possibles, fait les régressions linéaires nécessaires à
l’estimation des « a » et trace les QQplot correspondants.
Y et X représentant
• Soit les variables aléatoires des coûts des années de départ et d’arrivée bruts ;
• Soit les variables aléatoires des coûts des années sans seuil, c’est-à-dire que
nous retranchons le seuil de 152 500 € aux coûts.
Pour chaque ajustement, deux régressions sont proposées : avec et sans ordonnée à l’origine.
Run$off$en$assurance$construction 28$
Méthodes
Les 8 ajustements ont été testés. Pour en choisir un, nous retenons les critères suivants :
• L’ajustement sans seuil a notre préférence. En effet, nous avons une troncature
à gauche dans les données, dû à ce seuil, et nous n’étudierons que les sinistres
dépassant le seuil de 152 500 € ;
En plus de ces justifications théoriques nous remarquerons que cet ajustement a plusieurs
avantages parmi lesquels nous remarquons le fait que lors de la mise en « as if » (nous verrons
comment faire avec cette méthode dans la suite du mémoire), l’inflation dans les données ne
se fera pas de la même façon pour les petits sinistres que pour les grands sinistres.
Ce fait, bien connu en pratique, est rarement mis en relief par les modèles.
Dans notre modèle logarithme, le coefficient « a » multiplicatif devient en fait une puissance :
Ln(Y)=a*ln(X) Y= X ^ a
Run$off$en$assurance$construction 29$
Méthodes
Ainsi, l’ajustement n’aura pas le même effet sur les sinistres de coût faible que sur les
sinistres de coût plus important.
• Pour des sinistres de 200 000€ (x=200 000 €), fera augmenter
approximativement de 2 % les sinistres (y=x^a=x*(1+2 %)) ;
• Pour des sinistres de 1 000 000€ (x=1 000 000 €), fera augmenter
approximativement de 12 % les sinistres (y=x^a=x*(1+12 %)).
• Evolution verticale par arrêté (VA) : pour chaque arrêté, elle représente
l’évolution des sinistres au fil des DROC. Cela représente alors l’effet
comptable ;
• Evolution verticale par décalage (VD) : pour chaque décalage, elle représente
l’évolution des sinistres au fil des DROC. Cela représente alors l’effet inflation
des coûts ;
Run$off$en$assurance$construction 30$
Méthodes
Nous utiliserons donc dans la suite du mémoire plutôt les H et les VD, des résultats similaires
se retrouvent pour les VA par la propriété énoncée précédemment.
Ainsi nous avons trois façons de développer les exercices :
• En utilisant les évolutions Horizontales (H) sur les triangles donnant les
DROC par décalages ou les DROC par arrêtés. Nous pouvons évaluer la
nouvelle fonction de répartition des coûts et en y ajoutant un modèle pour les
fréquences (que nous verrons plus loin dans ce mémoire) nous pouvons
développer chaque exercice horizontalement.
• En utilisant les évolutions verticales sur les triangles donnant les DROC par
décalages (VD). Nous pouvons évaluer la nouvelle fonction de répartition des
coûts et en y ajoutant un modèle pour les fréquences (que nous verrons plus
loin dans ce mémoire) nous pouvons développer chaque exercice
verticalement.
• En utilisant les évolutions verticales par arrêtés (VA) : sur les triangles donnant
les DROC par arrêtés, Nous pouvons évaluer la nouvelle fonction de
répartition des coûts et en y ajoutant un modèle pour les fréquences (que nous
verrons plus loin dans ce mémoire) nous pouvons développer chaque arrêté
verticalement.
Pour utiliser les H, les VD ou les VA il convient tout d’abord d’étudier le lien entre les
fonctions de répartitions des différentes DROC aux différents décalages ou arrêtés.
Run$off$en$assurance$construction 31$
Méthodes
• Validations
• QQ plot
Nous rappelons que le QQ plot (Quantile-Quantile Plot) permet de comparer graphiquement
les distributions de 2 échantillons pour savoir si elles sont identiques. Si les points sont
alignés, les 2 échantillons ont des distributions similaires, sinon elles ne le sont pas.
Q-Q Plot
graphique 9
Nous pouvons constater que les points sont alignés sur la droite linéaire tracée.
Deux points en bas à gauche ne sont pas alignés avec la droite cependant il n’est pas très
grave que l’ajustement n’explique pas entièrement ces points puisqu’ils sont de coûts faibles.
Des tableaux partiels de résultats de ces ajustements (les tableaux des « a ») sont fournis dans
les Annexes.
Ces ajustements nous donneront des changements de variables qui, s’ils sont stables (entre les
décalages ou stables entre les années ou stables par arrêtés), nous permettront d’estimer les
fonctions de répartition des coûts pour la partie inférieure inconnue du triangle :
Run$off$en$assurance$construction 32$
Méthodes
• Tests d’adéquation10
Le QQ plot obtenu nous permet d’aller plus loin dans notre démarche. Dès lors, il convient de
faire quelques tests statistiques afin de valider les ajustements et ainsi valider le changement
de variable qui sera appliqué dans le futur.
Les lois des variables X et Y ne sont pas précisées, cependant nous pouvons comparer les
fonctions de répartition empirique des variables.
Par exemple, pour valider l’ajustement Y=a*X, il suffira de comparer les fonctions de
répartition empiriques des variables Y et a*X tout comme nous avons fait pour tracer les QQ
plot précédemment.
Pour ce faire différents tests existent, nous allons en présenter quelques uns :
Le test de Mann-Whitney Wilcoxon est un test non paramétrique (pas d'hypothèse sur la
distribution sous-jacente) qui permet de tester si deux échantillons ont même moyenne.
Le résultat donne une p-value du test grande, ce qui signifie que si l’on rejette l’hypothèse
d’égalité des moyennes, on aura 92 % de chance de rejeter à tort.
Il n’est cependant pas très puissant puisqu’il ne compare que les moyennes des deux
distributions.
10
AI Access. Test d’Adéquation. Disponible en ligne sur
http://www.aiaccess.net/French/Glossaires/GlosMod/f_gm_adequation.htm#Kolmogorov .
11
Alea. (14/01/2011). Tests statistiques avec R. Disponible en ligne sur
http://alea.fr.eu.org/post/2011/01/14/Tests-statistiques-avec-R .
Run$off$en$assurance$construction 33$
Méthodes
o Test de Kolmogorov-Smirnov
En général le test de Kolmogorov-Smirnov est basé sur la distribution de l'écart maximal entre
la fonction de répartition empirique Fn et la fonction de répartition théorique choisie F. Ici
nous utiliserons la fonction de répartition empirique du changement sur X (par exemple a*X
pour l’ajustement Y=a*X) comme fonction de répartition théorique F.
La statistique du test est la plus grande valeur absolue de la différence entre les deux fonctions
de répartition :
Dn = sup|Fn(x) - F(x)|
Pour valider l’hypothèse d’égalité des deux fonctions de répartition il convient que la valeur
de Dn soit faible. Il est donc nécessaire de calculer la probabilité que la valeur de Dn soit
faible.
Nous avons utilisé ce test sous le logiciel R : (avec les mêmes notations que dans l’exemple
précédent)
Ici encore la p-value est très élevée, ce qui signifie que l’hypothèse d’égalité des fonctions de
répartition ne peut pas être rejetée.
Cependant, le test de Kolmogorov Smirnov présente une limite notable puisqu’il ne prend en
compte que savoir l’écart maximal entre les deux fonctions de répartition. Il semblerait plus
Run$off$en$assurance$construction 34$
Méthodes
efficace de mesurer la différence entre les deux fonctions de répartition en comparant ces
fonctions sur l’intégralité de leur domaine.
Par ailleurs, notons que nous ne disposons pas d’assez de sinistres pour construire une
fonction de répartition qui rejetterait l’hypothèse d’égalité des fonctions de répartition selon le
test de Kolmogorov-Smirnov. En effet, plus il y a de points dans la fonction de répartition et
plus le couloir d’acceptation se resserre.
Le graphique suivant illustre le couloir d’acceptation à 0.5% pour l’ajustement entre les
distributions des coûts des sinistres des décalages 12 et 13.
graphique 10
Afin de mesurer la différence entre les deux fonctions de répartition en comparant ces
fonctions sur l’intégralité de leur domaine, l’idée première serait d’utiliser la statistique la
plus simple, basée sur l’intégrale du carré de la différence entre les deux fonctions de
répartition :
+∞
S = ∫ ( Fn ( x) − F ( x))2 dx
−∞
Cependant, cette statistique n’est pas utilisée puisque son calcul est très compliqué, voire
impossible.
n
2i − 1 2 1
W 2 = ∑ ( F ( x(i ) ) − ) +
i =1 2n 12n
Run$off$en$assurance$construction 35$
Méthodes
o Test d’Anderson-Darling
Anderson-Darling se base également sur la statistique S mais propose une nouvelle fonction
de pondération permettant de donner plus d’importance aux observations extrêmes puisque là
se trouve la faiblesse de la statistique de Cramer-von Mises.
+∞
A = n ∫ ( Fn ( x) − F ( x)) 2 [ F ( x)(1 − F ( x))] −1 dx
2
−∞
Encore une fois l’intégrale est facilement calculable en ne faisant intervenir que F :
2 1 n
A = −n − ∑ (2i − 1)[log F ( x(i ) ) + log(1 − F ( x( n +1−i ) ))] i
n i =1
Si nous testons ces statistiques, nous validons largement à chaque fois les hypothèses
d’égalité des fonctions de répartition.
Cependant, il convient d’être vigilant car les distributions des statistiques dépendent de n qui
est la taille de l’échantillon et dans notre étude les tailles ne sont pas toujours significatives.
En effet, les premiers décalages par exemple ont toujours peu de sinistres.
Il est important de garder ce problème à l’esprit.
Après avoir choisi un changement de variable à appliquer pour les H et les VD, il convient de
vérifier la stabilité des coefficients du changement de variable afin d’appliquer le même
changement pour le futur ou d’estimer une tendance s’il y en a une, dans l’évolution des
coefficients.
Run$off$en$assurance$construction 36$
Méthodes
• Un effet comptable : par exemple dans les Hij peut être retrouve-t-on les mêmes
formes d’évolutions des coefficients mais avec un an d’écart ;
Run$off$en$assurance$construction 37$
Méthodes
A noter que nous garderons les coefficients sous forme de nombre à 3 décimales. En effet
puisque nous utiliserons l’ajustement ln(Y)=a*ln(X) un changement minime dans le
coefficient « a » peut entraîner un grand changement dans les résultats du fait de l’importance
des montants de sinistres (même si l’on retranche 152500 €).
Par exemple entre un coefficient de 1 et un coefficient de 1,01, un coût de 1 000 000 € sera
augmenté de 12,40 % et un coût de 2 000 000 € sera augmenté de 14,34 %.
Fonction'de'répartition'des'sinistres'en'fonction'de'paramètre'"a"
100%
90%
80%
70%
eé
l 60%
u
m
u
c-
ét 50%
ili
b
a
b40%
o
r
P
30%
a=1
20%
a=1.019
10% a=1.01
a=1.02
0%
152,500--- 352,500--- 552,500--- 752,500--- 952,500--- 1,152,500--- 1,352,500--- 1,552,500---
Montants-des-sinistres
Nous constatons que l’écart entre les fonctions de répartition « a=1.01 » et « a=1.02 » est très
important : il débute à 1,4% et tend vers 40% lorsque les montants de sinistres augmentent. A
contrario, l’écart entre les fonctions de répartition « a=1.019 » et « a=1.02 » est faible : de
0,15% à 3,4% selon les montants des sinistres. Cet écart nous semble acceptable.
Par ailleurs, obtenir un paramètre plus précis, à 4 chiffres après la virgule par exemple, ne
serait pas d’une grande utilité pour la suite de cette étude. En effet, puisque les paramètres
obtenus sur les années précédentes sont moyennés afin d’obtenir un paramètre pour la
projection, une trop grande précision sur les paramètres observés n’entraînerait pas
nécessairement une précision plus importante sur les paramètres moyennés.
Run$off$en$assurance$construction 38$
Méthodes
Par exemple :
o Pour les VD
graphique 11
Nous constatons que les premiers décalages sont assez loin des autres décalages, ceci étant en
fait dû aux manques d’informations sur ces décalages. En effet, en 1981 au décalage 9 il n’y a
que 10 sinistres et 14 pour l’année 1981, l’estimation est donc moins sûre. A partir du
décalage 12, les coefficients sont plus stables et ainsi relativement proches.
Nous aurons donc l’idée d’utiliser la moyenne des dernières années pour déterminer le futur
coefficient à appliquer, ou encore d’utiliser une loi Normale de paramètres µ: la moyenne des
dernières années et σ: la variance empirique des coefficients des dernières années, pour
déterminer le futur coefficient à appliquer.
Nous remarquons que, conformément à ce qui a été annoncé précédemment, une précision à 3
chiffres après la virgule est bien suffisante pour obtenir un bon compromis entre stabilité des
coefficients et précision.
Par ailleurs il est possible de calculer l’intervalle de confiance du paramètre « a » choisi. En
choisissant « a » comme la moyenne des coefficients plus stables (appelons les VDi, i=1 à n),
alors l’intervalle de confiance à 95% du paramètre « a » est donné par :
Run$off$en$assurance$construction 39$
Méthodes
σ (VD)
a = VD ± 1.96 ×
n
1 n
Avec VD = ∑ VDi
n i =1
Notons que ceci est vrai uniquement si l’on suppose que la variable aléatoire des VD suit une
loi normale (nous le vérifierons dans quelques pages dans ce mémoire).
Ainsi, pour les VD présentés ci-dessus, l’intervalle de confiance à 95% est :
a ∈ [0.956642;0.95763]
Nous vérifions ainsi qu’une précision du paramètre choisi à 3 chiffres après la virgule est un
bon compromis entre stabilité et précision. Nous choisissons pour ce changement de variable,
un paramètre de 0,957.
o Pour les H
Nous remarquons encore une fois une certaine stabilité dans les coefficients, même s’il y a
quelques points exceptionnels.
graphique 12
Run$off$en$assurance$construction 40$
Méthodes
Nous en déduirons des ajustements passés, les ajustements à utiliser pour développer l’avenir.
• Nous disposerons de plus de détails dans les résultats qu’en utilisant les
approches classiques puisque nous disposerons des fonctions de répartition des
sinistres, ce qui nous permettra de répondre à de nombreuses problématiques,
comme nous le verrons dans la suite de ce mémoire en applications ;
• Nous vérifierons les propriétés a posteriori dans les résultats plutôt que nous ne
les affirmerons a priori. Cette approche considère que toutes les informations
se trouvent dans les données et retire ces informations des données ;
• Nous pourrons étudier les différents effets qui influent sur l’évolution des
sinistres, à savoir : l’effet inflation des coûts, l’effet vieillissement des sinistres,
et l’effet comptable, comme nous allons le voir dans le paragraphe suivant. Ces
effets se combinent et sont souvent difficiles à traduire avec les approches
classiques ;
Run$off$en$assurance$construction 41$
Méthodes
3. Utilisation
La problématique est la suivante : nous pouvons partir de n’importe quelle case du triangle et
il suffit d’appliquer des changements de variable pour déterminer la fonction de répartition de
n’importe quelle autre case du triangle de liquidation. La question est : quelle case voulons-
nous évaluer et de quelle case doit-on partir pour ce faire ?
A partir de notre approche, une infinité de possibilités s’offrent à nous pour développer les
triangles.
Nous allons ici présenter les 6 méthodes différentes que nous avons mises en œuvre.
• Méthode horizontale :
Cette méthode est la méthode la plus immédiate et se développe de la même façon que le
Chain Ladder classique, c'est-à-dire horizontalement.
Partant du dernier décalage connu de la DROC souhaitée, nous développons la nouvelle
fonction de répartition en utilisant les changements de variables successifs estimés
préalablement par les H.
Nous avons ici choisi d’estimer les coefficients « a » de façon identique pour un même
décalage quelque soit la DROC considérée. Les coefficients correspondant à une moyenne des
coefficients précédemment estimés par les régressions linéaires, à laquelle nous avons enlevé
les éventuelles valeurs jugées aberrantes.
Notons que le coefficient « a » correspond à la moyenne entre les coefficients H11, H21, H31
et H41 de la partie précédente (revoir page 35). De même le coefficient « b » correspond à la
moyenne entre les coefficients H12, H22 et H32. Enfin, le coefficient « c » correspond à la
moyenne entre les coefficients H13 et H23.
Run$off$en$assurance$construction 42$
Méthodes
Cette méthode est la seconde méthode immédiate et se développe de la même manière que la
méthode précédente, mais verticalement. C’est-à-dire en partant de la dernière DROC pour
laquelle le décalage voulu est développé, nous développons la nouvelle fonction de répartition
en utilisant les changements de variables successifs estimés préalablement par les VD.
Nous avons ici choisi d’estimer les coefficients « a » de façon identique pour chaque DROC
quelque soit le décalage considéré. Les coefficients correspondant à une moyenne à laquelle
nous avons enlevé les éventuelles valeurs jugées aberrantes.
Notons que le coefficient « a » correspond à la moyenne entre les coefficients VD10, VD11,
VD12 et VD13 de la partie précédente (revoir page 36). De même le coefficient « b »
correspond à la moyenne entre les coefficients VD20, VD21 et VD22. Enfin, le coefficient
« c » correspond à la moyenne entre les coefficients VD30 et VD31.
A noter que ce schéma n’est qu’une illustration et que bien entendu, les évaluations
intermédiaires sont importantes également.
Bien que ces méthodes de développement soient intuitives, elles ont un certain nombre de
faiblesses. Nous allons tenter d’utiliser de nouvelles méthodes afin d’améliorer ces deux
méthodes précédentes.
Nous utiliserons maintenant la seconde méthode (utilisation des VD) pour la mise en « As if »
des valeurs, à savoir d’actualiser les valeurs du passé en considérant l’inflation des coûts.
Ainsi, au lieu de n’utiliser la base de donnée que pour les calculs des H et des VD puis
d’estimer une moyenne des coefficients, nous allons utiliser un plus large éventail des
données présentes dans notre base
Il serait dommage d’avoir une base de données si conséquente et de n’en utiliser qu’une petite
partie.
Run$off$en$assurance$construction 43$
Méthodes
o Ensuite nous réétudions un ajustement afin d’estimer des H globaux (un seul H
global par décalage) qui seront meilleurs que de prendre des moyennes des H.
Enfin à l’aide des H globaux nous développons la DROC voulue en partant du dernier
décalage connu de la DROC souhaitée, mis en as if et en appliquant les H globaux successifs
comme dans la première méthode. évaluation recherchée
A noter que ce schéma n’est qu’une illustration et que bien entendu, les évaluations
intermédiaires sont importantes également.
Nous partirons donc du dernier décalage connu de l’année, mais également de tous les
derniers décalages connus des années précédentes mis en « As if » (en s’arrêtant au décalage
précédent celui que l’on veut estimer) pour construire la fonction de répartition.
Run$off$en$assurance$construction 44$
Méthodes
En effet, les graphiques de stabilité des coefficients montrent certe une certaine stabilité mais
également une part de variabilité autour de la moyenne.
Rappel d’un des graphiques vu précédemment dans la partie stabilité des coefficients :
évolution des coefficients estimés des VD pour l’année de DROC 1981 au long des décalages
connus.
Facteurs de passage de la DROC 1981
à 1982 par décalage
graphique 11
Il pourrait être judicieux donc d’estimer ces coefficients de manière stochastique, par exemple
en estimant que les coefficients varient avec une loi Normale autour de la moyenne.
Cette hypothèse a été validée par des tests statistiques comme le test de shapiro.
o Test de shapiro :
Ce test est le plus puissant connu pour vérifier la normalité de données. Nous le calculons de
la façon suivante :
Les n coefficients doivent au préalable être rangés par ordre de valeur croissante : notons les
yi.
Run$off$en$assurance$construction 45$
Méthodes
1 n
y= ∑ yi
n i =1
Dans un second temps nous calculons la variance, le nombre Tn défini par :
n
Tn = ∑ ( y i − y ) 2
i =1
Cette méthode est une piste pour améliorer les méthodes précédentes mais ne sera pas retenue
dans ce mémoire. Cependant, nous tenions à avancer une méthode qui tenterait d’améliorer
encore nos résultats afin de garder à l’esprit qu’il est toujours possible d’améliorer une
méthode.
Run$off$en$assurance$construction 46$
Méthodes
La théorie sous-jacente à cette méthode se dinstingue des autres méthodes, en effet l’outil des
fonctions de répartition n’est plus ici utilisé que pour la mise en « as if ».
Dans cette méthode, nous n’estimons plus seulement des évolutions globales dans les
fonctions de répartition mais des évolutions individuelles des sinistres composant la fonction
de répartition. Nous décomposons donc entièrement les résultats : Nous sommes en mesure de
donner les fonctions de répartition mais également l’évolution de chaque sinistre au fur et à
mesure des décalages.
L’idée est de mettre en « as if » les montants des sinistres des DROC antérieures (avec les
VD) et d’en déduire des cadences individuelles en faisant un modèle pour la vie des sinistres
déjà apparus et un modèle pour les nouveaux sinistres à l’apparition.
Les cadences représentent un vecteur d’évolution de la charge d’un décalage à l’autre. Il n’y a
pas de modèle pour ces cadences mais nous utilisons des échantillonnages des cadences des
données historiques. A ces cadences nous faisons correspondre également la part des payés
correspondant, ainsi nous gardons une cohérence entre l’évolution de la charge et la part des
payés.
Run$off$en$assurance$construction 47$
Méthodes
Ici, le modèle fréquence-coût est original dans le sens où seule une fréquence et un coût à
l’apparition sont à définir. Nous avons choisi pour la fréquence à l’apparition un modèle de
poisson avec un maximum. Il nous a fallu prendre en compte les sinistres disparaissant et
apparaissant afin de retrouver approximativement la même fréquence que dans les méthodes
précédentes.
En effet, il est à noter qu’avec les cadences tirées, certains sinistres disparaissent. Nous
entendons apparition et disparition au sens : apparition au dessus du seuil de 152 500 € et
disparition en dessous du seuil de 152 500 €.
Un second avantage de cette méthode est qu’étant la seule méthode permettant de voir
l’évolution de chaque sinistre individuellement, cette méthode est aussi la seule méthode
permettant de faire fonctionner pleinement les traités de réassurance.
Un exemple d’application des traités de réassurance sur les résultats sera traité dans la partie
suivante de ce mémoire.
Run$off$en$assurance$construction 48$
Méthodes
Dans la partie précédente nous avons mis l’accent sur la détermination des fonctions de
répartition des coûts. Cependant, dans un modèle fréquence-coût il convient également de
s’intéresser aux fréquences.
Les fréquences ont été traitées de façon plus immédiate que les fonctions de répartition.
Nous avons tout d’abord évalué, sur la base des fréquences historiques, des cadences
moyennes de développement des fréquences, en pourcentage.
Ces cadences moyennes nous ont permis de déterminer la moyenne d’une loi de Poisson
capée. La loi de Poisson étant définie sur R+, nous avons dû nécessairement borner cette loi.
Nous avons borné cette loi de façon à dépasser à peine l’évolution maximale historique des
fréquences pour chaque décalage (ainsi nous ne nous privons pas pour autant de scénarios de
type « construction californienne » où à cause de l’empressement des constructeurs et du peu
de qualification de la main d’œuvre utilisée dans les constructions californienne dans les
années 1980 à 1990, le nombre de sinistres grimpa très fortement). Nous avons également
borné la loi à gauche car historiquement des sinistres apparus ont peu de chances (mais
probabilité non nulle) de disparaître, notre modèle reflètera ce fait.
Cependant, il est possible de s’interroger sur l’utilisation des fréquences historiques : en effet
des sinistres ne dépassant pas le seuil dans les années précédentes et donc non présents dans
notre base de donnée, mis en « as if », pourraient éventuellement dépasser le seuil, et donc
venir grossir le nombre de sinistres dépassant le seuil.
Il faudrait pour palier à ce problème considérer les fréquences dépassant un autre seuil que le
seuil de départ de 152 500 € afin que le nombre de sinistres connus dans le passé mis en « as
if » reflètent à eux seuls la fréquence des sinistres dépassant le seuil dans le présent et le futur.
Concrètement :
Soit le seuil de 152 500 €. Nous ne disposons que des sinistres qui par le passé ont dépassé ce
seuil. Pour autant, les sinistres valant 152 500 €, en considérant l’inflation, ne serait plus
égaux à 152 500 €, mais par exemple à 250 000 €. Dans ce cas la fréquence relative aux
sinistres dépassant 152 500 € dans le passé représente au présent la fréquence relative aux
sinistres dépassant 250 000 €. Nous ne pouvons donc estimer la fréquence présente qu’au
dessus du nouveau seuil de 250 000 € grâce aux fréquences passées.
Pour autant, nous ne considérons pas ce point de vu dans ce mémoire, estimant que la
population des sinistres dépassant 152 500 € aujourd’hui n’est peut-être pas la même que celle
des sinistres dépassant 152 500 € dans le passé, mais sur un plan mathématique cela ne pose
pas de problème et ne remet pas en cause notre évaluation. En effet nous nous intéressons à la
population des sinistres dépassant 152 500 € peu importe que les sinistres en eux-mêmes ne
soient pas les mêmes, seuls leurs montants importent, donc notre population est bien
homogène. De plus, les tendances dans les fréquences des sinistres ne sont pas toujours à la
hausse, ce qui tend à valider en pratique notre démarche.
Run$off$en$assurance$construction 49$
Méthodes
Il semble cohérent que le nombre de sinistres d’une année soit corrélé au montant global de
sinistres à payer. En règle général, plus il y a de sinistres et plus le coût global sera élevé.
Cependant, la fréquence est indépendante des coûts individuels des sinistres. Pour preuve, le
graphique suivant montre la répartition temporelle (par date d’inventaire) des sinistres de la
DROC 1998. Nous remarquons que la fréquence n’est pas corrélée aux coûts des sinistres
individuels.
Evolution)des)sinistres)de)la)DROC)1998
3,000,000%%%
2,500,000%%%
2,000,000%%%
1,500,000%%%
1,000,000%%%
500,000%%%
!
2000
2002
2003
2004
2004
2005
2006
2006
2007
2007
2008
2008
2008
2009
2009
2010
2010
2010
1999
2001
2001
2002
2003
2003
2004
2004
2005
2005
2005
2006
2006
2006
2007
2007
2007
2007
2008
2008
2008
2009
2009
2009
2009
2009
2010
2010
2010
2010
2010
Nous constatons qu’à partir de la date d’inventaire 2002, le nombre de sinistres n’influe pas
sur les coûts des sinistres. En effet, tandis que le nombre des sinistres croît, les coûts des
sinistres ne croient pas. Certes les coûts individuels ont une tendance à l’aggravation,
cependant de nouveaux sinistres (de coûts individuels petits ou élevés) apparaissent également
sans que cela ne suive une tendance haussière en relation avec la hausse du nombre des
sinistres.
Notons toutefois que dans les premiers décalages, à l’apparition, les sinistres ne sont pas
entièrement développés. Leur développement a une tendance à l’aggravation du montant des
sinistres, tandis que le temps fait surgir de nouveaux sinistres plus qu’il n’en fait disparaître.
Ainsi donc dans les premiers décalages, l’indépendance entre la fréquence est les coûts est
plus difficile à constater puisque le nombre de sinistres est faible et leur coût individuel l’est
également.
Run$off$en$assurance$construction 50$
Méthodes
Sinistres(présents(en(date(d'inventaire(1998
4,000,000%%%
3,500,000%%%
3,000,000%%%
2,500,000%%%
2,000,000%%%
1,500,000%%%
1,000,000%%%
500,000%%%
!
1969
1970
1971
1972
1972
1973
1973
1974
1975
1975
1992
1995
1969
1970
1971
1972
1973
1973
1974
1974
1975
1975
1976
1976
1976
1977
1977
1977
1977
1978
1978
1979
1979
1980
1981
1981
1981
1982
1983
1983
1984
1985
1985
1986
1987
1987
1987
1988
1988
1988
1989
1989
1989
1990
1990
1991
1991
1993
Bien que les dernières DROCS soient les plus récentes, et donc celles qui ont le moins de
sinistres, cela n’influe en rien le montant individuel de ces sinistres comme nous pouvons le
constater.
Ces analyses graphiques illustrent l’indépendance de la fréquence et des coûts individuels des
sinistres.
Par ailleurs, le coût moyen est soumis à l’inflation alors que la fréquence suit des cycles
complexes. Enfin, nous sommes en branche longue, la fréquence met longtemps à se déclarer,
mais le coût peut être encore plus long à estimer.
Enfin, vérifions l’indépendance entre la fréquence et les coûts moyens numériquement. Pour
ce faire nous avons calculé le coût moyen et la fréquence associée à chaque date d’inventaire
de chaque DROC, puis nous avons calculé le coefficient de corrélation linéaire.
∑ (x
i =1
i − x)( y i − y )
Correl ( X , Y ) =
n n
∑ ( x i − x) 2
i =1
∑(y
i =1
i − y) 2
Un coefficient proche de 0 signifie que les deux vecteurs sont indépendants. Un coefficient de
valeur proche de 1 ou -1 indique de fortes corrélations (positives ou négatives).
Dans le cas présent, le coefficient de corrélation linéaire obtenu est de 0,002591.
Ce résultat nous semble suffisant pour déclarer l’indépendance entre la fréquence et les coûts
moyens de sinistres.
Ceci peut également être vu graphiquement : en traçant les fréquences et les coûts moyens
associés. Le graphique suivant illustre le fait que nous n’obtenons pas de tendance.
Run$off$en$assurance$construction 51$
Méthodes
Corrélation&fréquence5coût&moyen
652,500&&&
Coûts&moyens 552,500&&&
452,500&&&
352,500&&&
252,500&&&
152,500&&&
10 20 30 40 50 60 70
Fréquences
Notons que dans un souci de clarté du graphique, les fréquences inférieures à 10 ne sont pas
représentées puisqu’elles sont trop volatiles (en effet, un sinistre grave entraîne toute la
moyenne).
Run$off$en$assurance$construction 52$
Méthodes
Une lecture complète du mémoire, et notamment du chapitre 2, reste toutefois nécessaire afin
de comprendre en détail les notations, l'approche D3istribution, les tests et l'utilisation de
l'approche. Je vous inviterai dans ce résumé à vous reporter à certaines pages pour plus de
détails.
• Hypothèses du modèle
- 2. La fréquence suit une loi de Poisson dont le paramètre diffère pour chaque décalage, mais
sera le même quelque soit la DROC.
Le paramètre est déterminé par moyenne des fréquences historiques du décalage : Soit
Fréquencej le paramètre de la loi de Poisson de la fréquence des sinistres au décalage j, alors
si nous possédons un historique des fréquences des DROCS k, k=1... n, au décalage j, alors :
1 n
Fréquence j = ∑ Fréquencek , j
n k =1
Soit Fréquencei,j la variable aléatoire de la fréquence des sinistres de la DROC i, vue en année
i+j, alors quelque soit i et j :
Fréquencei,j=Fréquencei+1,j
- 3. Soit la variable aléatoire représentant le coût sans seuil des sinistres rattachés à une
DROC i, vue en année i+j : Xi,j.
Nous rappelons que le coût sans seuil représente le coût du sinistre auquel nous retranchons le
seuil de 152 500 euros.
Alors quelques soient i et j, l'hypothèse centrale de l'approche D3istribution est la suivante :
Pour la méthode Horizontale : Xi,j=(Xi,j-1)Hij avec Hij le paramètre que l'on recherche.
Pour la méthode As-Ifage : Xi,j=(Xi-1,j)VDij avec VDij le paramètre que l'on recherche.
- 4. Les paramètres Hj et VDi utilisés dans le développement de la charge des sinistres dans les
méthodes Horizontale et As-ifage sont les moyennes respectives des Hij et VDij estimés sur
l'historique du triangle :
1 n 1 n
H i = ∑ H ij et VD j = ∑ VDij
n j =1 n i =1
Run$off$en$assurance$construction 53$
Méthodes
Pour rappel, j'ai calculé le coefficient de corrélation linéaire entre les fréquences et les coûts
moyens :
n
∑(x − x)(y − y)
i i
i=1
Corr(X,Y ) =
n n
i=1 i=1
Pour chaque DROC, Xt=(X1,..Xn)t représentant les nombres des sinistres d'une DROC t, entre
les années t et t+n-1 et Yt=(Y1,...,Yn)t les coûts moyens des sinistres de la DROC t entre les
années t et t+n-1.
J’ai considéré ce test suffisant pour conclure à l’indépendance puisque les coefficients de
corrélation linéaire étaient proches de 0 et toujours inférieurs à 10-2.
- La cohérence de l'hypothèse suivant laquelle la fréquence des sinistres suit une loi de
Poisson (hypothèse 2) a été validée par calcul des moyennes historiques des fréquences par
décalage et par calcul de la variance des historiques des fréquences par décalage.
Nous avons calculé la moyenne et la variance des historiques des fréquences par décalage afin
de vérifier que les fréquences historiques étaient comprises dans l'intervalle de confiance à
95% suivant :
- La cohérence de l'hypothèse Y=XH ou Y=XVD selon la méthode (hypothèse 3), a été testée à
chaque DROC et chaque décalage, pour chaque estimation d'un paramètre Hi,j et VDi,j par
différentes méthodes présentées entre les pages 32 et 36 :
a) par le calcul du R² pour les différentes régressions illustrées par les QQplot.
SCE
R2 =
SCT
avec SCE la somme des carrés expliqués par le modèle
et SCT la somme des carrés totaux du modèle.
Run$off$en$assurance$construction 54$
Méthodes
Le tableau suivant est un extrait des R² calculés par les méthodes Horizontale (H), As-Ifage
(VD) et VA pour les changements de variables linéaires et logarithmiques, sans seuil et sans
ordonné à l’origine, entre les DROC 1998 et 2007 aux décalages 0 à 9.
Nous constatons que les changements de variables linéaires sont moins bons que les
logarithmiques.
Pour les changements logarithmique sans seuil et sans ordonné à l’origine, un seul des R² est
inferieur à 0,94 dans cet extrait et aucun n’est inférieur à 86%. Ce qui signifie que chaque
changement de variable Xa explique à plus de 86% la variable aléatoire Y.
b) Nous validons ces hypothèses (hypothèse 3 : Y=XH ou Y=XVD selon la méthode) par des
tests d'adéquation notamment le test Mann-Whitney Wilcoxon qui permet de vérifier que la
moyenne de la loi de la variable aléatoire Y est identique à la moyenne de la loi de la variable
aléatoire XH ou XVD selon le cas.
c) Nous validons également ces hypothèses (hypothèse 3 : Y=XH ou Y=XVD) par le test de
Kolmogorov Smirnov qui permet de vérifier que la fonction de répartition de la variable
aléatoire Y est proche de la fonction de répartition de la variable aléatoire XH ou XVD selon le
cas.
Run$off$en$assurance$construction 55$
Méthodes
Le test est détaillé page 34 et 35, nous rappelons que la statistique du test est la suivante :
Dn = sup|Fn(x) - F(x)|
Aucune des p-value calculées n'est inférieure à 95%, ce qui signifie que si l'on rejette
l'hypothèse d'égalité des fonctions de répartition, nous aurons 95% de chance de rejeter à tort.
Des couloirs d'acceptation à 0,5% pour les différents ajustements des distributions des coûts
des sinistres ont été tracés qui valident l'hypothèse d'égalité des fonctions de répartition entre
Y et XH ou Y et XVD selon le modèle, puisque les observations sont inclues dans ces couloirs.
• Back testing
J'ai validé par les tests précédents le fait que les hypothèses individuelles du modèle soient
cohérentes sur l'historique des données.
Afin de valider la cohérence de l’espérance des charges obtenues par ce modèle avec les
charges des sinistres observées, j'ai effectué un back-testing.
J'ai utilisé les données historiques jusqu'à l'arrêté 2009 et j'ai estimé grâce aux Hj et aux VDi
les résultats moyens que j'aurais obtenus pour l'arrêté 2010. J'ai ensuite comparé ces résultats
aux sinistres effectivement observés en 2010.
Pour chaque variable aléatoire Xi,j tel que i+j≤2009, nous avons estimé les Hi,j et les VDi,j par
l'approche D3istribution (voir pages 42 et 43 pour la présentation des méthodes Horizontale et
As ifage). Nous avons ensuite estimé les Hj et VDi par moyenne des Hi,j et VDi,j.
Nous avons ensuite estimé les variables aléatoires Xi,jHj et Xi,jVDi d'une part par la méthode
horizontale et d'autre part par la méthode as-ifage.
En effectuant des tirages aléatoires de fréquences par les lois de poisson retenues et de coûts
des sinistres sur ces variables aléatoires nous pouvons obtenir l'espérance de la charge des
sinistres à l'arrêté 2010 pour chaque DROC.
Nous comparons ensuite l'espérance de la charge des sinistres à l'arrêté 2010 pour chaque
DROC avec la charge de sinistre réalisée à l'arrêté 2010.
Par souci de confidentialité, je ne présenterai les résultats des écarts qu'en pourcentage de la
charge globale de sinistre sur chaque DROC.
Run$off$en$assurance$construction 56$
Méthodes
Soit CHi,j la charge globale des sinistres de la DROC i au décalage i+j et CHi,jHj la charge
globale des sinistres de la DROC i au décalage i+j estimé par la méthode Horizontale, alors le
CH iHj, j − CH i , j
tableau suivant présente .
CH i , j
Les cases jaunes présentent les Xi,j et les cases bleues les Xi,j+1. Notons que par cette méthode
il est impossible d'estimer la charge de l'arrêté comptable 2010 ni la charge de l'arrêté
comptable 2009 puisqu'il n'y avait qu'un seul sinistre observé en 2009.
Ecarts'en'% 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
1998 2,16%
1999 4,85%
2000 60,99%
2001 7,64%
2002 2,93%
2003 4,55%
2004 9,92%
2005 11,07%
2006 0,54%
2007 5,02%
2008 68,31%
Nous expliquons le fait que les estimations sur les premiers décalages soient moins bonnes
par le fait que d'une part nous possédons moins de coefficients H afin d'estimer les Hj et
d'autre part la charge observée est moins importante aux premiers décalages.
Par ailleurs, notons que nous avons ici comparé des espérances avec des réalisations
observées, il est tout à fait normal que ces réalisations ne soient pas égales aux moyennes des
différents scénarios DROC par DROC. Ainsi, les écarts DROC à DROC ne sont pas
significatifs en tant que tels. Toutefois, toutes DROC confondues, l'année 2010 n'était pas une
année exceptionnelle, notre modèle doit donc être proche des réalisations.
Au global, sur ces DROC, l'écart entre la charge estimée sur l'arrêté des comptes 2010 et la
charge observée en 2010 est de 3% de la charge observée.
Notons toutefois que les écarts sur les DROC les plus anciennes sont moins importants en
pourcentage, ainsi au global, sur les 20 dernières DROC l'écart entre nos estimations et les
réalisations en 2010 ne sont que de 1.6% représentant 4 millions d'euros. Cet écart nous
semble acceptable.
Le back-testing a également été réalisé sur la méthode As-ifage (voir page 43 pour plus de
détails sur cette méthode), les résultats sur les mêmes DROC entre les estimations de l'arrêté
2010 et les réalisations des sinistres à l'arrêté comptable 2010 sont présentés dans le tableau
suivant :
Ecarts'en'% 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
1998 51,35%
1999 52,91%
2000 51,91%
2001 2,82%
2002 2,13%
2003 58,82%
2004 7,81%
2005 7,85%
2006 57,54%
2007 6,50%
2008 11,20%
Run$off$en$assurance$construction 57$
Méthodes
CH iVDi
, j − CH i , j
Nous rappelons que le tableau précédent présente l'écart suivant :
CH i , j
VDi
où CHi,j présente la charge des sinistres de la DROC i au décalage j, estimée par la
méthode As-ifage.
Au global, l'écart entre la charge observée en 2010 et l'estimation faite par la méthode As-
ifage sur les DROC 1998 à 2008 est de 1,4% et sur les DROC 1990 à 2009 cet écart est de
moins de 1% de la charge observée en 2010, représentant moins de 1 million d'écart. Cet écart
nous semble acceptable.
Une fois encore, les premiers décalages sont les moins stables, d'une part du fait que nous
nous basons sur un nombre moins important de coefficient VD pour obtenir les changements
de variable et d'autre part, par le fait que la charge observée des sinistres est moins
importantes.
Comme nous allons démontrer la convergence des méthodes lors de la projection de deux
DROC jusqu'à l'ultime page 67 de ce mémoire, nous ne présenterons pas les résultats des
back-testing sur les autres méthodes utilisant l'approche puisqu'ils seraient similaires.
Notons que le back-testing sur la l'arrêté 2010 donne des écarts inférieurs par la méthode As-
ifage que par la méthode Horizontale. Cependant, nous ne pouvons pas en conclure que la
méthode As-Ifage donnera toujours des résultats meilleurs. En effet, ce back-testing ne
compare que des espérances aux réalisations de l'arrêté comptable 2010.
Aux vues des résultats des différents tests effectués sur les hypothèses du modèle et du back-
testing, l’erreur induite par notre modélisation nous semble acceptable. Dans chaque test
présenté, la p-value indique une probabilité élevée de rejeter notre hypothèse à tord. Par
ailleurs, le back-testing présenté ci-dessus a produit des résultats dont les écarts avec les
réalisations ne sont que de quelques pourcents. L’approche D3istribution nous semble
représenter de façon satisfaisante le risque RCD du portefeuille.
Run$off$en$assurance$construction 58$
Méthodes
6. Conclusion
A partir du triangle des données des sinistres par DROC par décalages, nous avons construit
trois triangles de coefficients permettant de développer les fonctions de répartitions de ces
sinistres.
L’approche que nous venons de vous présenter donne une vision complète du risque, elle peut
donc servir à de nombreuses applications.
Elle permet de recueillir des informations de qualité suffisamment détaillées pour avoir une
vision dynamique de la sinistralité. Nous pouvons en effet étudier l’évolution de la fonction
de répartition de la charge globale mais également avoir des détails, sinistre par sinistre, des
évolutions possibles de la charge et des cadences de règlements.
Nous sommes en mesure d’effectuer des « stress tests » très simplement en appliquant une
plus grande inflation des coûts, en modifiant la fréquence ou encore en modifiant les cadences
de règlements.
Nous allons illustrer cette propriété tout d’abord en appliquant notre approche au
provisionnement, puis à la réassurance et enfin nous illustrerons l’intérêt de l’approche dans
Solvabilité 2.
Run$off$en$assurance$construction 59$
Applications et Résultats
1. Provisionnement
L’application la plus immédiate est bien entendu le calcul de l’ultime pour le
provisionnement.
En développant les sinistres jusqu’à l’ultime par les différentes méthodes vues précédemment,
nous aurons non seulement les valeurs possibles de l’ultime mais également les scénarios
optimistes et pessimistes. Nous obtiendrons les distributions des valeurs possibles.
Nous pourrons également appliquer des chocs à ces distributions ou à ces fréquences.
Nous avons appliqué chaque méthode expliquée précédemment pour développer les DROC
jusqu’à l’ultime. Nous avons ainsi pu estimer l’ultime, les scénarios les plus et les moins
avantageux, mais également comparer les méthodes entre elles dans leurs utilisations
pratiques.
Pour exemple nous illustrerons nos propos grâce à deux DROC: une DROC ancienne (donc
peu de décalages à simuler pour arriver à l’ultime), une DROC plus récente (beaucoup de
décalages à simuler avant d’arriver à l’ultime).
Notons tout d’abord quelques points sur chaque méthode qui expliqueront certaines propriétés
des résultats :
Les résultats sont moins robustes avec les DROC plus récente car :
o Pour les exercices plus récents, les erreurs sont plus importantes puisqu’il y
avait moins de sinistres pour construire la fonction de répartition et les
coefficients sont parfois moins stables aux premiers décalages de ce fait ;
Notons encore une fois que sur le schéma ci-dessous le coefficient « a » correspond à la
moyenne des coefficients estimés H11, H21, H31 et H41 du schéma ci-dessus. Le coefficient
« b » correspond à la moyenne des coefficients estimés H12, H22 et H32. Enfin, le coefficient
« c » correspond à la moyenne des coefficients estimés H13 et H23.
Run$off$en$assurance$construction 60$
Applications et Résultats
Les résultats sont également moins robustes avec les DROC plus récentes car :
o Les années prises en compte sont de plus en plus anciennes donc peuvent
être moins fiables ;
o La méthode cumule les erreurs possibles puisque nous cumulons les erreurs
contenues dans les VD pour déterminer la mise en as if des DROC très
anciennes.
Notons encore une fois, que sur le schéma ci-dessus le coefficient « a » correspond à la
moyenne des coefficients estimés VD10, VD11, VD12 et VD13. Le coefficient « b »
correspond à la moyenne des coefficients estimés VD20, VD21 et VD22. Enfin, le coefficient
« c » correspond à la moyenne des coefficients estimés VD30 et VD31.
Run$off$en$assurance$construction 61$
Applications et Résultats
Nous utilisons des H globaux (rappelons qu’il s’agit de coefficients horizontaux prenant en
compte tout l’historique des coûts des sinistres éventuellement mis en as if), donc ils sont plus
stables et plus sûrs que les H de la méthode horizontale. Cependant nous retrouvons les
problèmes de la méthode as ifage tout de même puisque nous avons utilisé la mise en « as
if ». Si la mise en « as if » est mauvaise, les H globaux seront probablement mauvais
également.
Pour la méthode globale dernière diagonale, non seulement nous utilisons des H globaux,
donc plus stables que les H de la méthode horizontale, mais en plus nous utilisons plus de
sinistres connus pour construire la fonction de répartition, ce qui donne une plus grande
robustesse à la fonction de répartition que dans les méthodes précédentes.
Pour autant les problèmes de la méthode as isfage se posent également puisque si la mise en
« as if » est mauvaise, les H globaux seront probablement mauvais et les sinistres pris en
compte dans la fonction de répartition seront mauvais également. Cependant ce point est à
nuancer car utilisant plusieurs DROC dans la mise en « as if » pour construire la fonction de
répartition, peut-être les erreurs sont elles en quelques sortes « moyennées » de sorte à
diminuer en fait l’erreur commise.
En conclusion, les méthodes globale dernière diagonale et globale première colonne gardent
quelques désavantages des méthodes horizontale et as ifage mais améliorent tout de même la
robustesse de ces méthodes. Leurs résultats sont donc en théorie de meilleure qualité que ceux
des méthodes as isfage et horizontale.
Run$off$en$assurance$construction 62$
Applications et Résultats
La méthode utilise également la mise en « as if », et donc les erreurs éventuelles sont gardées,
cependant nous utilisons la mise en « as if » de toutes les données, donc les potentielles
erreurs sont peut-être « noyées » dans la masse. Les avantages de cette méthode ayant déjà été
listés précédemment, nous n’y reviendrons pas.
• Résultats
L’approche D3istribution nous donne des estimations des fonctions des coûts individuels.
Cette approche nous avons ajouté un modèle pour les fréquences (pour les méthodes autres
que stochastique intégrale car dans la méthode stochastique intégrale le modèle des
fréquences y est intégré). Développer les coûts des sinistres des DROC passées nous est à
présent possible.
Pour les méthodes autre que stochastique intégrale la démarche à suivre est la suivante :
1. Faire une simulation sur le nombre de sinistres du décalage inconnu de la DROC à
développer. Soit n le résultat de ce tirage.
2. Faire n simulations dans la fonction de répartition estimée des coûts individuels des
sinistres du décalage inconnu de la DROC à développer.
3. Faire la somme des coûts de ces n sinistres afin de déterminer la charge globale de ce
décalage de la DROC à développer.
4. Répéter cette opération 10 000 fois afin d’obtenir la fonction de répartition de la
charge globale de ce décalage de la DROC à développer.
• Equations
Mathématiquement, notre approche se base sur des tirages aléatoires et des estimateurs de
fonctions de répartition. Nous allons ici les présenter plus concrêtement.
Prenons tout d’abord l’exemple des méthodes autres que stochastique intégrale.
La démarche est la suivante :
1. Faire une simulation sur le nombre de sinistres du décalage inconnu de la DROC à
développer. Soit n le résultat de ce tirage. (rappel : n tiré selon une loi de Poisson
capée)
2. Faire n tirages dans la fonction de répartition estimée des coûts individuels des
sinistres du décalage inconnu de la DROC à développer.
A noter que la différence entre les méthodes (hors stochastique intégrale) réside dans la
méthode de détermination de la fonction de répartition des coûts individuels des sinistres.
Run$off$en$assurance$construction 63$
Applications et Résultats
Imaginons à présent que nous ne cherchons pas nécessairement chaque décalage, mais que
nous nous intéressons uniquement à l’ultime d’une année de survenance donnée. Alors la
mise en équation précédente reste juste.
Prenons un exemple plus concrêt d’une année de DROC ancienne, l’année 1990, laquelle est
développée jusqu’au 20ème décalage. Nous estimons que la charge ultime est atteinte au 22ème
décalage (soit l’année 2012 pour la DROC 1990). Nous avons donc besoin de développer
cette survenance sur deux décalages. Considérons, pour l’exemple, l’utilisation de la méthode
horizontale, soit X0 la charge de sinistre connue de la DROC 1990 à l’arrêté 2010, X1 la
charge de sinistre inconnue de la DROC 1990 à l’arrêté 2011, et X2 la charge de sinistre
inconnue de la DROC 1990 à l’arrêté 2012 qui représentera donc la charge ultime de la
DROC 1990.
Soit a le coefficient calculé par la méthode horizontale pour passer du décalage 20 au 21, b le
coefficient calculé par la méthode horizontale pour passer du décalage 21 au 22.
Soit c = a*b, nous retrouvons tout à fait une équation similaire à la précédente,
F X2 ( x) = FX0 ( x1/c )
Faire n (nombre de sinistre) tirages sur cette fonction de répartition nous donnera les coûts des
n sinistres recherchées.
Appelons coûti chaque résultat d’un tirage i sur la fonction de répartition de Y, augmenté du
seuil (puisque nous l’avions déduit pour l’obtention de Y).
3. Faire la somme des coûts de ces n sinistres afin de déterminer la charge des sinistres
de ce décalage de la DROC à développer
n
Run$off$en$assurance$construction 64$
Applications et Résultats
Cette fonction de répartition, nous permet d’obtenir les quantiles souhaités de la charge ultime
de la DROC, par exemple.
2010 10000 n
1
Ch.globale = ∑ ∑ (∑ coûti ) jk
10.000 k =1980 jk =1 i =1
Si nous nous intéressons à la fonction de répartition de la charge globale, il suffit de
considérer les variables aléatoires de charges de chaque DROC.
30
FTOTAL ( x) = P(∑ X DROC ≤ x)
i
i =1
Avec FTOTAL la fonction de répartition de la charge globale, XDROCi la variable aléatoire
représentant la charge de sinistre de la DROC i dont la fonction de répartition est de la forme
FDROC définie précédemment.
Reprenons l’exemple de la DROC 1990, dont nous connaissons les sinistres jusqu’à l’arrêté
2010 et dont nous cherchons la charge ultime, soit la charge à l’arrêté 2012.
Soit n20 le nombre de sinistres connus au décalage 20 de la DROC 1990, n21 le nombre de
sinistres qui vont apparaître au décalage 21 et n22 le nombre de sinistres qui vont apparaître
au décalage 22. Ainsi n20+n21+n22 représente le nombre de sinistres à l’ultime.
Coûtj et coûtk représentent les coûts des sinistres j et k respectivement à leur apparition. Ils
ont été tiré aléatoirement dans la fonction de répartition des coûts des sinistres individuels
pour les décalages 21 et 22 respectivement.
Coûti représente quant à lui le coût du sinistre i, connu puisque les sinistres du décalage 20 de
la DROC 1990 sont connus.
Run$off$en$assurance$construction 65$
Applications et Résultats
n 20 n 21 n 22
Ch.ultime1990 = ∑ coûti * (1 + cadencei , 21 ) * (1 + cadencei , 22 ) +∑ coût j * (1 + cadence j , 22 ) + ∑ coûtk
i =1 j =1 k =1
A partir des charges ultimes des sinistres de chaque DROC, la méthode est la même que
précédemment, à savoir : 10 000 réalisations de charges ultimes de chaque DROC nous
permettront d’obtenir les fonctions de répartitions des charges de sinistres des DROC, puis de
la charge ultime globale du risque RCD.
1 10000
FDROC ( x) = ∑1((Ch.ultimeDROC ) j ≤x)
10.000 j =1
30
FTOTAL ( x) = P(∑ X DROC ≤ x)
i
i =1
Vous trouverez sur la page suivante des exemples de résultats pour deux DROC (1998 et
2005) au fur et à mesure de leur décalage jusqu’à l’ultime (estimé comme étant le décalage
22).
Les résultats sont donnés en moyenne sur chaque méthode appliquée et des cônes à 95% et à
5% dans le meilleur et dans le pire des cas ont également été tracés.
Run$off$en$assurance$construction 66$
Applications et Résultats
graphique 13
graphique 14
Run$off$en$assurance$construction 67$
Applications et Résultats
o Pour les premiers décalages, les méthodes sont très proches. Ceci s’explique
par le fait qu’à ces petits décalages nous avons plus de données car nous
disposons de beaucoup de sinistres de DROC connus à ces décalages ;
o Plus les décalages sont élevés et plus les méthodes s’éloignent, tout en restant
relativement proches malgré tout ;
o Les méthodes horizontale et as ifage, qui sont les méthodes les moins robustes,
sont toujours plus éloignées des autres méthodes ;
Si nous souhaitons être plus prudent, il faudrait privilégier la méthode globale dernière
diagonale à la méthode globale première colonne puisqu’elle donne des résultats plus élevés
à l’ultime.
Cependant, pour avoir une bonne idée du risque encouru par la cédante, nous garderons les
méthodes globale première colonne, dernière diagonale et stochastique intégrale afin d’avoir
une vue plus large.
Run$off$en$assurance$construction 68$
Applications et Résultats
2. Réassurance
En tant que courtier en réassurance, nous nous intéressons à la mise en place de traités de
réassurance. Comme énoncé précédemment seule la méthode stochastique intégral peut
s’appliquer à la réassurance.
Nous allons tout d’abord étudier les traités déjà en place sur les exercices passés et leur
efficacité.
o Quote part
Selon les années, le pourcentage de rétention n’est pas strictement identique. A titre
d’exemple, sur l’activité construction du client en 2010 le pourcentage de rétention était de 83
% alors qu’en 2005 il était de 87 %.
L’application de ce traité peut se faire aussi bien au global que sinistre par sinistre. Dans le
cas d’un traité sinistre par sinistre, le pourcentage est alors identique d’un sinistre à l’autre.
Run$off$en$assurance$construction 69$
Applications et Résultats
o XS
Le second traité à appliquer est un excédent de sinistres (XS) sur rétention du Quote Part.
C’est-à-dire que l’on part de la rétention après l’application du traité Quote Part.
Le traité XS fonctionne selon le shéma ci-dessous :
Le réassureur prend en charge la partie des sinistres comprise entre la priorité et la portée. Le
reste est à la charge de la cédante.
Selon les années, les portées et les priorités ne sont pas les mêmes. Elles s’ajustent chaque
année en fonction de l’inflation passée.
Run$off$en$assurance$construction 70$
Applications et Résultats
o Clause de stabilité
La RCD étant une branche longue, il se passe longtemps avant que les sinistres soient connus
de l’assureur, mais il se passe également longtemps avant que les sinistres apparus ne soient
stabilisés. De ce fait découle immédiatement que les paiements eux aussi s’échelonnent dans
le temps. Pour les sinistres payés dans les années futures, il y aura eu une inflation dans les
coûts certainement. Cette inflation (mesurée par la variation d’un indice de référence) sera
donc partagée entre le réassureur et la cédante pour « effacer » l’effet paiements retardés.
L’exemple suivant donne la méthode de calcul à suivre lorsque la clause d’indexation vient à
être applicable :
La clause de stabilité a moins d’impact sur les sinistres payés rapidement que sur les sinistres
dont les paiements sont retardés dans le temps.
L’indice utilisé pour cette clause de stabilité est un indice composite : composé à 75 % de
l’indice BT 01 et à 25 % de l’indice insee construction.
L’indice BT01 est la référence officielle de révision des prix de la construction, cet indice
mesure l’évolution du coût des facteurs de production dans le bâtiment.
L’indice insee construction est la référence du coût de la construction.
Pour appliquer cette clause dans la réassurance a priori, il convient de connaitre la part payée
dans chaque sinistre et également l’évolution de l’indice de référence.
La méthode stochastique intégrale est la seule méthode nous permettant d’avoir l’évolution de
chaque sinistre simulé au fur et à mesure des années et donc d’avoir l’évolution des paiements
pour chaque sinistre au fur et à mesure des années. Les autres méthodes ne donnant que des
résultats globaux, dans lesquels nous pouvons retrouver, grâce à la fonction de répartition, les
sinistres, mais pas leur évolution individuelle. La méthode stochastique intégrale est donc la
seule qui permet de simuler le fonctionnement de la clause de stabilité.
Run$off$en$assurance$construction 71$
Applications et Résultats
Pour l’estimation de l’évolution future de l’indice de référence nous avons choisi de le fixer à
3 % par an. Bien entendu, nous serions en mesure de faire varier cet indice pour un test de
sensibilité.
Comparons les résultats à l’ultime bruts et nets de réassurance, c'est-à-dire avant et après
avoir fait jouer les traités de réassurance Quote Part et XS sur rétention avec clause de
stabilité sur une DROC donnée (1998 pour l’exemple).
graphique 15
Il se produit une translation des courbes vers la gauche, ce qui est naturel, car la réassurance
permet de diminuer le coût des sinistres pour la cédante.
Nous constatons également une réduction de l’écart type, la réassurance fait bien diminuer la
volatilité des résultats.
Pour autant, il reste de la volatilidans les résultats. Nous allons donc étudier à présent
quelques idées afin de réduire encore cette volatilité.
Run$off$en$assurance$construction 72$
Applications et Résultats
• Commutation
La commutation est le rachat, par la cédante, des engagements pris par le réassureur.
Notre étude peut permettre de négocier les conditions d’une commutation puisqu’elle permet
de visualiser l’évolution de la charge de la réassurance.
Prenons l’exemple de la DROC 1998 et regardons l’évolution de la charge du réassureur pour
plusieurs décalages.
graphique 16
Ce graphique nous montre qu’une charge de réassurance au décalage 15, se verra surement
augmenter au fur et à mesure des années jusqu’à l’ultime. En effet, de nouveaux sinistres vont
apparaître, et les montants des sinistres connus ont tendance à se dégrader.
Ce fait est très important pour les commutations, puisqu’un réassureur va devoir vendre ses
engagements, mais ses engagements présents ne sont pas nécessairement égaux aux
engagements finaux.
Afin de trouver le prix juste de la commutation, il faut tenir compte de cette augmentation
probable de la charge de réassurance.
Run$off$en$assurance$construction 73$
Applications et Résultats
Grâce aux méthodes développées dans la partie précédente, nous pouvons réfléchir à de
nouvelles couvertures de réassurance afin de réduire encore la volatilité de la charge net de
réassurance. La première idée sera une Couverture de Développement Défavorable (ADC :
Adverse Development Cover) supposée couvrir les branches d’une dérive du run off, nous
développerons ensuite une technique courante consistant à couvrir plusieurs exercices.
Une ADC sert à protéger les exercices passés mais non encore déroulés entièrement d’une
branche donnée contre une dérive non prévue de la charge à l’ultime. Ce type de couverture
trouve notamment son utilité pour les branches longues puisque l’incertitude est plus
importante.
Evolution de la charge nette de réassurance
par décalages selon les scénarios
graphique 17
Ainsi la charge moyenne, nette de réassurance, à l’ultime ne représente que 50 % de la charge
ultime maximale dans le pire scénario avec une probabilité de 99 %.
Cependant, dans cet exemple, nous n’avons pris qu’une seule DROC et il paraît peu probable
de ne couvrir qu’une seule DROC en ADC.
Run$off$en$assurance$construction 74$
Applications et Résultats
L’idée que nous développons est de réassurer plusieurs exercices (plusieurs DROC en
l’occurrence) dans le même traité.
Nous supposons tout d’abord les exercices indépendants.
graphique 18
La volatilité est un peu diminuée de cette façon. Par exemple la médiane représente 36 % du
quantile à 95 % pour l’année 1, 30 % pour l’année 2 et seulement 23 % pour la somme des
deux années.
Nous pouvons cependant nous demander si l’hypothèse d’indépendance des DROC que nous
avons utilisée est vérifiée en pratique.
N’ayant pas un historique de cent ans, il se pourrait qu’aucune corrélation ne soit visible
mais qu’elle existe toute de même. Par exemple, par un effet de cycle, par un changement de
législation ou par un environnement défavorable rappelant éventuellement les évènements de
type californiens12 (où la très forte demande en construction s’est traduit par des constructions
de moins bonnes qualités et des contentieux plus fréquents et plus élevés), il se pourrait que
les DROC ne soient pas indépendantes.
Plusieurs méthodes actuarielles permettent de corréler des variables aléatoires : l’utilisation de
lois conditionnelles, des copules, ou des modèles à choc commun.
Puisque la corrélation n’est pas visible dans nos données mais que nous estimons qu’elle peut
tout de même intervenir, nous ne pouvons la paramétrer précisément. Nous avons donc choisi
d’effectuer des tests de sensibilité de dépendance.
12
Ronald T. Kozlowki, (2008), Contractors General liability and construction defects, 2008 CAS Ratemaking
Seminar, Towers Perrin. Disponible en ligne sur http://www.casact.org/education/ratesem/2008/handouts/Kozlowski.pdf
Run$off$en$assurance$construction 75$
Applications et Résultats
• Copules
Les fonctions copules permettent une mesure de la dépendance entre les risques.
Nous nous intéresserons aux copules en dimension 2, permettant de corréler deux DROC
différentes. Bien entendu, si nous cherchons à couvrir plus de deux DROC dans le même
traité, il convient d’utiliser une copule de la dimension du nombre de DROC que l’on veut
corréler.
Il existe différentes familles de copules, la plus simple d’utilisation est la copule Gaussienne
de la famille des copules elliptique.
graphique 19
Cependant nous n’utiliserons pas cette copule car elle a le désavantage d’être symétrique
comme le montre le graphique précédent. 13
Or une symétrie dans la corrélation suppose que les « petits » sinistres sont corrélés de la
même façon que les « grands » sinistres, ce qui ne nous semble pas pertinent. Nous estimons
que les « grands » sinistres sont plus corrélés que les « petits », en quelques sortes « les
13
Thorsten Schmidt (2006),coping with copultas, copula from theory to applications in Finance, disponible en
ligne sur http://www.math.uni-leipzig.de/~tschmidt/TSchmidt_Copulas.pdf
Run$off$en$assurance$construction 76$
Applications et Résultats
maladies sont contagieuses mais pas la bonne santé ». De plus cela nous semble plus
important de corréler les « grands » sinistres pour notre application à la réassurance qui porte
sur les évènements extrêmes.
• Copule de Gumbel
Nous avons donc choisi la copule de Gumbel puisqu’elle présente l’avantage d’être
asymétrique, d’avoir une dépendance forte des extrêmes en haut de distribution et facilement
simulable puisqu’elle ne dépend que d’un seul paramètre.
graphique 20
Soit θ > 0, u et v dans [0,1] alors la copule de Gumbel de paramètre θ est définie par :
C (u, v) = exp[−((− ln u) −θ + (− ln v) −θ ) −1/ θ ] .
Le graphique 21 reproduit la fonction de répartition de la somme des deux DROC en
supposant l’indépendance et en supposant une dépendance décrite par la copule de Gumbel de
14
Charpentier A. disponible en ligne sur http://perso.univ-rennes1.fr/arthur.charpentier/copules-charpentier-chapitre.pdf
Run$off$en$assurance$construction 77$
Applications et Résultats
paramètre 2. Nous avons choisi ce paramètre pour l’exemple et nous le ferons varier par la
suite.
Nous remarquons que les fortes valeurs arrivent plus souvent ensemble (puisque la somme est
plus élevée lorsque les montants des deux DROC sont élevés) dans la cas de la dépendance de
type copule de Gumbel. Nous remarquons également qu’avant la probabilité de 75 %, la
copule de Gumbel donne des montants plus faibles que dans le cas de l’indépendance.
graphique 21
Cela s’explique par le fait que soit la valeur de la somme sera très élevée car élevée pour les
deux DROC, soit aucune des deux DROC ne sera vraiment élevée (car si l’une l’est, la
probabilité que l’autre le soit sera importante) donc la somme sera moins élevée dans ce cas là
que dans le cas d’indépendance.
Nous remarquons également que la copule induit une plus grande volatilité des résultats.
Run$off$en$assurance$construction 78$
Applications et Résultats
Puisqu’il nous est difficile de choisir un paramètre pour la copule grâce à nos données, nous
avons choisi de faire des tests de sensibilité pour étudier l’impact de la copule et l’impact du
paramètre de la copule sur les résultats. Nous illustrerons avec trois paramètres différents:
θ =1,25, θ =2 et θ =5. Les graphiques ci-dessous nous montrent l’impact de ces paramètres
sur la simulation de la copule.
Simulation de la copule de Gumbel de paramètre 1,25
graphiques 22
Run$off$en$assurance$construction 79$
Applications et Résultats
Nous constatons sur les graphiques précédents qu’une augmentation du paramètre, augmente
également la dépendance.
En effet, pour la copule de Gumbel, le tau de Kendall, qui est une mesure de corrélation, est
θ −1
donné par : τ = .
θ
Soit (X1,X2) et (Y1,Y2) deux observations du couple aléatoire (X,Y) représentant les montants
des deux DROC.
Alors la paire est concordante, si et seulement si, (X1-X2)*(Y1-Y2)>0.
graphique 23
Ainsi lorsque θ =1,25 le tau de Kendall est de 20 %, lorsque θ =2 le tau de Kendall est de
50% et lorsque θ =5 le tau de Kendall est de 80%. Ce qui signifie que si le paramètre de la
copule de Gumbel est de cinq alors 90% des paires sont concordantes.
Le graphique 24 illustre les résultats trouvés pour la somme des deux DROC selon la
dépendance ou non et selon le paramètre de la copule de Gumbel.
Run$off$en$assurance$construction 80$
Applications et Résultats
graphique 24
Ce graphique montre que plus le paramètre augmente (plus la dépendance augmente) plus la
variabilité augmente. En effet les DROC se compensent de moins en moins, puisqu’une forte
sinistralité de l’une des années entraînera plus probablement une forte sinistralité l’année
suivante si la corrélation est forte.
Les résultats semblent différents en fonction du paramètre choisi, ce qui peut nous poser
quelques problèmes pour déterminer quel paramètre fixer. Cependant, n’oublions pas que
nous cherchons à couvrir la forte sinistralité par de la réassurance. La réassurance s’intéresse
aux derniers quantiles des distributions pour couvrir « le pire » scénario. Or les résultats de la
somme des deux charges des DROC avec des copules de Gumbel de différents paramètres
semblent être très proches dans les hauts quantiles : au quantile 90 % la différence est de 4 %
de la charge, quantile 95 % la différence est de 1,8 % et au quantile 99 % la différente n’est
que de 0,3 %.
Après avoir étudié l’influence de la copule sur la somme de deux charges des DROC, il
convient de s’intéresser à la dépendance de dimension supérieure. En effet, il paraît peu
judicieux d’imaginer un traité ne couvrant que deux DROC, ou seulement deux DROC
corrélées.
Run$off$en$assurance$construction 81$
Applications et Résultats
Or les copules archimédiennes (donc en particulier les copules de Gumbel) sont associatives,
c'est-à-dire qu’elles vérifient C(C(u,v),w)=C(u,C(v,w))=C(u,v,w).
Nous nous sommes attardés sur des illustrations en dimension deux puisque graphiquement il
est difficile d’appréhender plus de deux ou trois dimensions mais notre étude s’est intéressée à
la corrélation de dimension supérieure à deux.
Nous pouvons ainsi pu couvrir plusieurs DROC dans un même traité, déterminer l’incertitude
autour de ses estimations, évaluer le prix d’une telle couverture de réassurance en considérant
une dépendance que nous avons choisi de modéliser par une copule de Gumbel.
Run$off$en$assurance$construction 82$
Applications et Résultats
3. Solvabilité 2
o Définition
o Les 3 piliers
Run$off$en$assurance$construction 83$
Applications et Résultats
Le premier pilier a pour objectif de définir les normes quantitatives de calcul des provisions
techniques et des fonds propres à mettre en correspondance afin de s’assurer que la
probabilité que l’entreprise ne puisse tenir ses engagements dans l’année soit inférieure à 0.5
%.
Le deuxième pilier a pour objectif de fixer des normes qualitatives de suivi des risques en
interne et de surveillance par l’autorité de contrôle.
Le troisième pilier définit l’ensemble des informations d’une part auxquelles le public devra
pouvoir avoir accès et d’autre part auxquelles l’autorité de contrôle pourra avoir accès dans
l’exercice de son pouvoir de surveillance.
Dans le pilier 1, les entreprises pourront opter pour un mode de calcul du SCR basé sur la
formule standard (proposée par la commission européenne) ou sur un modèle interne (basé sur
leur structure spécifique) ou pour un modèle hybride appelé également modèle interne partiel.
Run$off$en$assurance$construction 84$
Applications et Résultats
Les modèles internes des entreprises devront être validés par l’autorité de contrôle.
L’approche de la formule standard est actuellement en cours de finalisation et de calibrage au
travers des QIS notamment.
o QIS
Dans le QIS 5, la formule standard permet le calcul du SCR en utilisant le diagramme suivant.
Le SCR dans la formule standard
graphique 26
Il s’agit de calculer des SCR pour chaque sous modules (en saumon sur le graphique
précédent, par exemple Lapse, CAT, Premium Reserve). Puis de les agréger pour calculer le
SCR de chaque module (Non-life, Life, Default, Health Market et Intang). Enfin de les
agréger afin de déterminer le BSCR (Basic SCR), d’agréger le BSCR avec le SCR du risque
opérationnel (Op) et des Ajustements (Adj) afin d’obtenir le SCR global.15
15
European Commission. (5/07/2010). QIS 5 technical specifications. Disponible en ligne sur
http://www.ceiops.eu/index.php?option=content&task=view&if=732.
Run$off$en$assurance$construction 85$
Applications et Résultats
Dans ce mémoire nous allons tout d’abord présenter le risque de défaut des réassureurs et
l’utilisation de notre modèle dans ce sous module et présenter tout ce que notre modèle nous
permet de calculer dans un référenciel Solvabilité 2.
Dans le QIS 5, la formule standard pour calculer le SCR du risque de défaut des réassureurs
est la suivante :
' 3* V Si V ≤ 5% * ∑ LGDi $
! i !
! !
SCR = & ∑i LGDi Si 5% * ∑i LGDi ≤ V et ∑i LGDi ≤ 5 * V #
! !
!% 5 * V Sinon !"
avec
LGDi : le Loss Given Default, c’est-à-dire : le montant de la perte sachant qu’il y a défaut du
réassureur.
V : la variance de la perte.
o La Variance
yj et zj représentent respectivement les sommes des LGD et les sommes des LGD au carré de
chaque contrepartie ayant la notation correspondant à la classe j ;
pi (1 − pi ) p j (1 − p j )
ui, j =
(1 + γ )( pi + p j ) − pi p j
(1 + 2γ ) pi (1 − pi )
vi =
2 + 2γ − pi
γ = 0.25
Run$off$en$assurance$construction 86$
Applications et Résultats
tableau 27
Dans le cas où les réassureurs ne sont pas notés par les agences de notations des risques de
crédit mais que la directive de solvabilité 2 est applicable à ces réassureurs, les probabilités de
défaults sont données par le tableau suivant :
tableau 28
Dans le cas où les réassureurs ne sont pas notés et qu’ils n’appliquent pas solvabilité 2 ou dont
les fonds propres ne sont pas suffisant pour faire face au MCR (Minimum Capital
Requirement), la probabilité de défaut doit être de 10 % ou 30 % respectivement.
Run$off$en$assurance$construction 87$
Applications et Résultats
o LGD
avec
Recoverablesi : le Best Estimate des sinistres recouvrables du réassureur i,
Collaterali : un ajustement du risque correspondant à la valeur des collatéraux relatifs aux
arrangements avec le réassureur i,
RMre,i : la Marge de Risque calculée grâce aux parties primes et réserves et catastrophes,
calculé comme ci-dessous:
avec
NLhyp without
cat − NL car : le montant de la part de la contrepartie i dans les traités de réassurance cat
(catastrophes),
et
hyp without
Plob − Plob : la prime de réassurance de cette contrepartie i pour la LoB concernée.
o Applications
Si l’on change la notation des réassureurs, les courbes se translatent, comme le montre le
graphique suivant où l’on a tracé avec la méthode horizontale globale, la fonction de
répartition du SCR contrepartie selon les notations des réassureurs.
graphique 29
A noter que le terme de « fonction de répartition » du SCR n’est pas tout à fait exact.
Run$off$en$assurance$construction 88$
Applications et Résultats
En effet, le SCR est un nombre et n’a pas de fonction de répartition à proprement parler. Nous
avons imaginé considérer toutes les valeurs possibles des réserves au lieu de la moyenne
pondérée des probabilités.
Il apparaît aux vues du graphique précédent, que la notation des réassureurs change
considérablement le montant du SCR.
Le tableau suivant montre l’évolution du SCR en pourcentage du LGD, selon les notations des
réassureurs (en considérant que tous les réassureurs du risque ont la même notation).
notations %LGD
AAA 1,34%
AA 3%
A 6,71%
BBB 14,68%
BB 54,44%
Ainsi nous pensons qu’il est intéressant de regarder de plus près les réassureurs présents sur
les traités couvrant les DROC anciennes. Leur notation peut avoir évoluée. Ainsi leur notation
actuelle n’est peut-être plus à même de limiter les risques de contreparties notamment dans le
cadre de solvabilité 2, cependant leurs engagements restent élevés puisqu’un nombre
important de sinistres n’ont pas encore été réglés (voire ne sont pas encore connus de
l’assureur).
• Nos possibilités
Dans cette partie nous allons expliquer brièvement d’autres possibilités de notre approche
dans un référentiel solvabilité 2.
En effet, notre approche permet d’obtenir les distributions des résultats possibles de chaque
DROC, de la charge de réassurance, jusqu’à l’ultime, ce qui nous permet très facilement de
calculer le Best Estimate. En effet le Best Estimate est la moyenne pondérée par leur
probabilité des flux de trésorerie futurs compte tenu de la valeur temporelle de l’argent. Il
suffit donc d’actualiser nos résultats pour déterminer immédiatement le Best Estimate.
De même, si l’entreprise opte pour un modèle interne, notre travail peut bien entendu en faire
partie.
Finalement, même si jusqu’à présent nous avons borné nos applications au premier pilier de
solvabilité 2, nos résultats peuvent intervenir dans les autres piliers.
Le second pilier est le pilier central de Solvabilité 2, dans lequel se situe le cœur de la
philosophie de la directive : que les entreprises assurent la maîtrise de leurs risques et veillent
à leur correcte capitalisation. Pour ce faire, les assureurs et réassureurs devront mettre en
place des procédures de contrôles et des méthodes d’évaluation de leurs risques et des besoins
en fonds propres correspondant : l’ORSA (Own Risk and Solvency Assessment).
Run$off$en$assurance$construction 89$
Applications et Résultats
Ainsi nous pouvons imaginer tester l’influence d’une dégradation de la note des réassureurs
non plus immédiatement mais dans quelques années. En effet les cadences des règlements des
sinistres des réassureurs et le taux d’actualisation peuvent nous permettre l’étude d’une
dégradation des notes des réassureurs dans le futur.
Concrètement, sachant qu’en deux ans, entre le décalage 13 et le décalage 15, pour la DROC
1998, la charge incombant à la réassurance augmente de 25%, si nous imaginons un seul
réassureur noté AAA en 2011 passant à la notation AA en 2013, l’exposition au risque au sens
du SCRcontrepartie pour l’assureur augmente de 180%.
Ce fait est illustré dans les graphiques suivants qui permettent une bonne visualisation du
phénomène de translation des courbes en fonction de la notation d’une part et de
l’accroissement de 180% cité ci-dessus.
graphique 30
Run$off$en$assurance$construction 90$
Applications et Résultats
graphique 31
Nous pourrions également imaginer un test de sensibilité sur les taux d’actualisation en
considérant les cadences de paiement brutes et nettes de réassurance. Peu importe la méthode
d’actualisation choisie, disposant des cadences de règlements de sinistres individuels bruts et
nets de réassurance, nous sommes en mesure de faire varier chaque hypothèse prise et
notamment l’hypothèse sur les taux d’actualisation. En effet pour la DROC 1998, une
actualisation de 10 ans est nécessaire pour ramener l’ultime en valeur actuelle. Modifier
l’actualisation de 0,5 points (la passant de 2 à 2,5% par exemple) à l’ultime diminuera de près
de 5% le résultat, et la modifier de 1 point (la passant de 2 à 3%) diminuera de près de 10% le
(1.02)10
résultat. (en effet ≈ 95% )
(1.025)10
Un tel écart peut sembler anodin, pourtant nous nous devons de le considérer également et
notre approche nous permet la possibilité d’une étude plus détaillée sur la question.
Nous pouvons utiliser notre approche dans une vision prospective et mesurer l’incertitude de
nos résultats de façon détaillée, faire varier chaque hypothèse, ainsi être en adéquation avec
les demandes les plus pointues de gestion des risques.
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Conclusion
Conclusion
Les assurances construction sont généralement réservées à des assureurs spécialistes tant ce
risque est difficile à appréhender. Les branches longues sont un challenge actuariel. Le peu de
données récoltées par le Marché, l’évolution constante des comportements, des risques
supportés et plus globalement du monde dans lequel nous vivons posent de nouvelles
questions aux actuaires et forcent les modèles à évoluer.
La problématique centrale de ce travail fut donc de décrire une méthode innovante permettant
d’avoir une vision prospective des risques de la garantie RCD d’un assureur et les
développements probables de ces risques jusqu’à leur liquidation ultime. Cette méthode nous
a fourni des résultats détaillés pertinents donnant une vision complète de la dynamique de la
sinistralité, sinistre par sinistre.
Elle permet également d’extraire à partir des données les impacts d’agents extérieurs comme
l’inflation, au contraire des méthodes classiques. En effet les méthodes classiques considèrent
que des indices exogènes peuvent représenter les impacts économiques mais ces hypothèses
sont souvent difficilement vérifiables. Notre méthode propose une exploration complète des
données.
Les utilisations ne sont pas cantonnées: en effet elles peuvent être appliquées au
provisionnement, à la réassurance, ou encore à Solvabilité 2. Autant de thèmes traités dans ce
mémoire afin d’illustrer l’intérêt de ce travail, ses avantages, son efficacité et son aisance
d’utilisation indispensable à tout bon modèle actuariel. Ce travail fut donc centré sur notre
modèle mais également ses applications puisqu’un bon modèle se doit d’être statistiquement
fiable et facilement applicable.
Les résultats de ce modèle, par la prise en compte de l’ensemble des paramètres du risque, ont
pour vocation d’aider dans la prise de décisions en gestion de risques. Parmi les pistes
d’exploration, la question des fréquences pourrait être affinée ou encore la question des taux
d’escompte.
Cependant, n’oublions pas ces paroles de Paul Valéry : « Tout ce qui est simple est faux. Ce
qui ne l’est pas est inutilisable »16.
16
Paul Valéry (1941), Mauvaises pensées et autres. NRF Gallimard
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Bibliographie
Bibliographie
Agence France Presse. (29/03/2011). La construction de logements neufs retrouve presque son
niveau d’avant crise. Disponible en ligne sur http://www.lemainelibre.fr/actualite/article_-La-
construction-de-logements-neufs-retrouve-presque-son-niveau-d-avant-crise_19533-
34_actualite.Htm#sondage2744 .
Centre d’Etudes d’Assurance. Base documentaire : les risques et garanties lies a l’acte de
construire. Disponible en ligne sur http://www.cea-assurances.fr/ .
Run$off$en$assurance$construction 93$
Bibliographie
Meyers Glenn G. The common Shock Model for Correlated Insurance Losses. Casualty
Actuarial Society Volume 01. Disponible en ligne sur http://www.variancejournal.org/issues/01-
01/040.pdf .
Thorsten Schimidt (2006). Coping with copulas, copula from theory to applications in Finance.
Disponible en ligne sur http://www.math.uni-leipzig.de/~tschmidt/TSchmidt_Copulas.pdf .
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Annexes
Annexes
Liste des Annexes
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Annexes
• Assurance construction
L’assurance construction fait partie des assurances de choses (à distinguer des assurances de personne) et couvre
les dommages du fait de l’acte de construire.
L’acte de construire comporte des risques qui peuvent être classés en deux catégories :
- Les risques de dommages subis par l’ouvrage lui-même ;
- Les risques de dommages causés, par l’ouvrage ou par l’opération de construction, aux tiers ;
Ces dommages couverts peuvent survenir pendant la construction ou après la période de construction.
• Chantier
On entend par chantier l’ensemble des travaux de démolition, de fouilles ou de construction concernant la
réalisation d’un ou plusieurs ouvrages effectués sur un même site géographique et faisant l’objet d’un même
permis de construire initial dans le cas où ce dernier est obligatoire.
• Constructeur
Selon l’article 1792-1 du Code civil, est considéré comme constructeur:
• Tout architecte, entrepreneur, technicien ou autre personne liée au maître de l'ouvrage par
un contrat de louage d'ouvrage;
• Toute personne qui vend, après achèvement, un ouvrage qu’elle a construit ou fait
construire;
• Toute personne qui, bien qu’agissant en qualité de mandataire du propriétaire de
l’ouvrage, accomplit une mission assimilable à celle d’un locateur d’ouvrage.
Par exemple : sont assimilés comme tel les contrôleurs techniques, les vendeurs d’immeubles à construire, les
promoteurs de l'article 1831-1 du Code civil, les constructeurs de maisons individuelles, et les fabricants d'un
ouvrage, d'une partie d'ouvrage ou d'un élément d'équipement conçu et produit pour satisfaire, en état de service,
à des exigences précises et déterminées à l'avance.
• DO
L’abréviation « DO » désigne « Dommages Ouvrage » en assurance construction.
• DROC
L’abréviation « DROC » désigne la Déclaration Réglementaire d’Ouverture de Chantier.
La DROC est un élément fondamental puisqu’elle renseigne la date d’ouverture du chantier qui sera le point de
départ de nombreuses couvertures d’assurance construction.
En effet, pour illustration, l’annexe 1 de l’article A243-1 du Code des Assurances expose que « le contrat RC
Décennale couvre, pour la durée de la responsabilité pesant sur l’assuré en vertu des articles 1792 et 2270 du
Code Civil, les travaux ayant fait l’objet d’une ouverture de chantier pendant la période de validité fixée aux
conditions particulières ».
• RC
L’abréviation « RC » désigne « Responsabilité Civile » en assurance construction.
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Annexes
De cette racine découle également la « RCD » : Responsabilité Civile Décennale et le « RCG » : Responsabilité
Civile Générale.
• Réception du chantier
La réception du chantier est « l’acte par lequel le maître de l’ouvrage déclare accepter l’ouvrage, avec ou sans
réserve, et constate que les constructeurs ont accompli leurs engagements contractuels » (Art 1792-6 du Code
Civil).
La réception du chantier sera le point de départ de nombreuses couvertures d’assurance construction et habitation
puisqu’à partir de ce jour le maître d’ouvrage devra souscrire une garantie « Dommages aux biens » classique.
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Annexes
Fréquence Développement
Principaux 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
1991 1 2 3 7 12 22 26 27 32 36 43 50 54 58 59 64 66 68 69
1992 1 3 8 12 14 17 21 22 24 26 32 34 34 35 37 38 39
1993 1 1 1 4 7 12 13 12 16 17 20 25 25 25 26 26 27
1994 2 5 7 7 10 12 15 18 22 25 31 32 34 40 44 49
1995 3 5 6 6 13 13 19 20 24 29 27 29 30
1996 3 3 7 5 8 8 8 10 16 19 22 22 26
1997 2 4 7 6 9 11 20 27 30 35 35 38 39
1998 4 6 811 14 19 21 26 27 32 36 40
1999 1 1 1 4 16 19 27 33 34 34
DROC 2000 3 6 10 14 19 22 23 35
2001 2 6 6 12 13 17 23 28
2002 2 5 6 13 18 20 27
2003 1 2 6 7 14 25
2004 2 6 8 15 21
2005 2 911 16
2006 1 3 9
2007 4 7
2008 1
2009 1
total 13 36 77 108 152 200 233 251 262 274 268 268 235 212 194 176 131 107 69
Run$off$en$assurance$construction 98$
Annexes
1998 2002
159 700 152 800
162 640 159 999
169 840 160 000
179 445 164 999
191 031 170 000
215 266 198 999
223 770 205 000
229 277 230 999
232 181 245 000
238 787 249 999
252 399 250 000
264 398 250 240
286 564 260 756
301 347 274 999
310 748 298 505
322 872 300 000
350 139 335 091
366 999 373 181
371 795 385 930
414 661 394 787
463 283 399 501
538 027 434 663
681 050 449 999
925 400 450 000
519 000
555 945
& 575 000
& 602 077
& 672 999
& 1 173 799
&
La première étape consiste à mettre les données sous la forme souhaitée. Pour cet exemple
nous supposerons que l’ajustement que nous allons tester est l’ajustement logarithme sans
seuil et sans ordonnée à l’origine, nous souhaitons donc que ces données représentent les
coûts des sinistres sans seuil (selon l’ajustement recherché la transformation des données
pourrait ne pas intervenir).
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Annexes
Ces coûts de sinistres sans seuil représentent les réalisations des variables aléatoires X et Y
représentant les coûts des sinistres individuels au décalage 7 des DROC 1998 et 2002
respectivement.
Maintenant nous allons construire les fonctions de répartitions empirique des variables
aléatoires X et Y.
Fonction de répartition empirique de X Fonction de répartition empirique de Y
4% 7 200 4% 300
8% 10 140 7% 7 499
12% 17 340 10% 7 500
16% 26 945 14% 12 499
20% 38 531 17% 17 500
24% 62 766 20% 46 499
28% 71 270 23% 52 500
32% 76 777 27% 78 499
36% 79 681 30% 92 500
40% 86 287 33% 97 499
44% 99 899 36% 97 500
48% 111 898 39% 97 740
52% 134 064 43% 108 256
Run$off$en$assurance$construction 100$
Annexes
Run$off$en$assurance$construction 101$
Annexes
Enfin nous allons tracer un QQ plot entre ces deux fonctions. C'est-à-dire que nous allons
chercher l’ajustement entre les centiles de ces deux lois. Le coefficient de la pente de la droite
(qui passera par l’origine d’après la forme de l’ajustement choisi) sera le coefficient
d’ajustement de notre modèle.
A noter que dans le QQ plot, chaque point représente un sinistre qui a effectivement été
constaté.
QQ Plot
Run$off$en$assurance$construction 102$
Annexes
Le coefficient dans cet exemple est estimé à 1,019. Ce coefficient est plus grand que 1, cela
signifie que la DROC 2002 représente une dégradation par rapport à la DROC 1998 car la
variable aléatoire de la DROC 1998 doit être dégradée en puissante 1,019 pour que sa loi soit
la même que la variable aléatoire de la DROC 2002.
Nous avons maintenant la fonction de répartition des coûts individuels des sinistres de la
DROC 1998 ajustés (la fonction de répartition de X^a), nous estimons de cette distribution
ajustée correspond à la distribution de la DROC 2002 (la fonction de répartition de Y).
Sachant que nous connaissons les sinistres de la DROC 1998 jusqu’au décalage 12, mais nous
ne connaissons les sinistres de la DROC 2002 qu’uniquement jusqu’au décalage 8. Si nous
imaginons que la dégradation du coût des sinistres pour un décalage donné, entre les DROC
1998 et 2002, est constante, nous pouvons à présent développer la DROC 2002 jusqu’au
décalage 12 en partant des sinistres connus de la DROC 1998.
Run$off$en$assurance$construction 103$
Annexes
Résultats des coefficients, pour les DROC 1998 à 2007 aux décalages 0 à 9, des ajustements
linéaires et logarithmiques sans seuil et sans ordonnée à l’origine sur les dimensions H, VA et
VD.
Run$off$en$assurance$construction 104$
Annexes
Résultats des tests R2, pour les DROC 1998 à 2007 aux décalages 0 à 9, des ajustements
linéaires et logarithmiques sans seuil et sans ordonnée à l’origine sur les dimensions H, VA et
VD.
Run$off$en$assurance$construction 105$
Annexes
Run$off$en$assurance$construction 106$
ANNEXE VI : Liste des tableaux et graphiques numérotés
Graphique 9 : QQ plot
Graphique 17 : Evolution de la charge net de réassurance par décalages selon les scénarios
Graphique 21 : Somme des deux DROC : cas indépendant et corrélation par la copule de Gumbel
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Graphique 25 : Schéma de base des normes quantitatives
Graphique 31 : Evolution de l’exposition au risque au sens du SCR, réassureur AAA dégradé AA au décalage 15
Run$off$en$assurance$construction 108$