Vous êtes sur la page 1sur 5

3-0810

3-0810

Diabète non insulinodépendant


Encyclopédie Pratique de Médecine

C Sachon, A Grimaldi, N Masseboeuf, E Corset

L e traitement du diabète non insulinodépendant (DNID) a connu quatre évolutions. La diététique n’est ni
hypoglycémique ni hypolipidique ; il est tout aussi essentiel de combattre l’insulinorésistance grâce à une
activité physique quotidienne et à la prescription de médicaments insulinosensibilisants ; en cas d’échec, on a recours
plus précocement à l’insulinothérapie associée aux hypoglycémiants oraux ; le malade doit devenir son propre
thérapeute grâce à une autosurveillance glycémique. Le médecin quitte alors son rôle de prescripteur et
d’ordonnateur pour celui de conseiller et d’éducateur.
© Elsevier, Paris.


moyenne glycémique inférieure à 1,50 g/L. Cela
Introduction équivaut à obtenir une glycémie préprandiale La glycémie n’est qu’un marqueur de
inférieure à 1,40 g/L, et postprandiale inférieure à risque et il convient de normaliser les
1,80 g/L. Ces objectifs glycémiques sont valables autres facteurs de risque vasculaires.
pour la prévention de la rétinopathie et de la
Le DNID résulte d’une insulinorésistance et d’une
glomérulopathie diabétique. Pour la neuropathie, les
insulinodéficience.
objectifs glycémiques doivent être plus stricts. Ils L’arrêt de l’intoxication tabagique est d’autant
Au cours des années précédant le DNID, il existe
doivent être révisés lorsqu’il s’agit de personnes plus justifié que 65 % des accidents cardiovascu-
un hyperinsulinisme consécutif à une insulinorésis-
âgées dont l’espérance de vie est inférieure à 10 ans laires des diabétiques surviennent chez les patients
tance, essentiellement musculaire. Après cette phase
et qui ne présentent aucune complication tabagiques. Une aide antitabac doit être proposée si
d’hyperinsulinisme euglycémique, l’insulinosécrétion
microvasculaire (pas de rétinopathie diabétique). Il besoin.
décroît, et la glycémie à jeun augmente
faut alors éviter prioritairement l’hypoglycémie, sans
progressivement. L’insulinodéficience devient
opter toutefois pour une hyperglycémie trop
absolue lorsque la glycémie à jeun atteint 2 g/L. Difficultés de prise en charge du
importante favorisant les infections à répétition. Des
L’insulinorésistance responsable du diabète a trois
glycémies préprandiales autour de 2 g/L paraissent DNID
composantes.
acceptables. En revanche, s’il existe une rétinopathie,
Une composante génétique, retrouvée chez les La prise en charge du DNID sous-
quel que soit l’âge, les glycémies préprandiales
enfants ayant une tolérance glucidique strictement entend des changements de
doivent idéalement être inférieures à 1,60 g/L pour
normale, mais dont les parents sont diabétiques non comportement, tant de la part des
limiter le risque d’aggravation.
insulinodépendants.
Chez une jeune femme diabétique non patients, que des soignants
Une composante hémodynamique, marquée par
insulinodépendante ayant un désir de grossesse, ✔ Difficultés liées à la maladie :
une diminution de la densité capillaire musculaire
l’objectif glycémique doit être beaucoup plus strict : – maladie asymptomatique = malade
qui pourrait être responsable à la fois d’une
glycémies à jeun inférieures à 0,90 g/L, glycémies insouciant...
augmentation des résistances vasculaires favorisant
postprandiales inférieures à 1,20 g/L sous régime (et
l’hypertension artérielle et d’une insulinorésistance. ✔ Difficultés liées au malade :
arrêt des hypoglycémiants oraux), et si nécessaire
Une composante métabolique secondaire à la insulinothérapie avant même l’arrêt de la
– il doit être actif dans sa prise en
lipo-oxydation due à l’obésité et plus particuliè- contraception. charge ;
rement à l’excès de tissu adipeux viscéral libérant – sentiment de culpabilité lié à l’excès
une grande quantité d’acides gras libres. Le flux de nourriture, au plaisir de manger,
portal d’acides gras libres favorise la synthèse Objectifs glycémiques de prévention de au regard des autres...
hépatique des triglycérides et stimule la la microangiopathie – sentiment d’incapacité à faire face
néoglucogenèse hépatique. De plus, au niveau Glycémie à jeun < 1,40 g/L
musculaire, l’oxydation des acides gras libres inhibe aux difficultés, engendrant le
Glycémie postprandiale < 1,80 g/L fatalisme et la « politique de
l’oxydation du glucose.
HbA1C ≤ 7 %, voire ≤ 7,5 % (N : 4-5 à l’autruche ».
6 %) ✔ Difficultés liées aux soignants :


(glycémie moyenne ≤ 1,50 à 1,60 g/L) « perte du pouvoir » :
Objectifs du traitement – ils sont plus formés à la prise en
Prévention de la macroangiopathie charge de la maladie aiguë que de la
‚ Prévention des complications La pression artérielle doit être inférieure à maladie chronique ;
© Elsevier, Paris

de micro- et de macroangiopathie 140/90 mmHg. – nécessité de partage de


Les triglycérides doivent être inférieurs à 1,50 g/L connaissances avec les malades :
Prévention de la microangiopathie et l’HDL-cholestérol (hight density lipoprotein) formation des patients ;
Il semble qu’il suffise d’obtenir une hémoglobine supérieur à 0,35 g/L chez l’homme et 0,40 g/L chez – nécessité de travail d’équipe.
(Hb) A1C inférieure à 7 % (N : 4-5 à 6 %), soit une la femme.

1
3-0810 - Diabète non insulinodépendant

L’exercice physique doit être fortement conseillé


aux diabétiques non insulinodépendants. Tableau I. – Les différentes graisses.
Chez la femme, le traitement hormonal substitutif Graisses saturées Graisses mono-insaturées Graisses poly-insaturées
de la ménopause comportant des œstrogènes
naturels par voie percutanée n’est pas contre- (À consommer modérément) (À privilégier en priorité) (À privilégier)
indiqué, au contraire. Lait entier, fromage, beurre, Huile d’olive, d’arachide, de Poissons gras
crème fraîche colza
Margarines ordinaires (envelop- Avocat, olives Huile de tournesol, de maïs, de
pées dans du papier aluminium), soja, de noix, de pépins de raisin


végétaline Margarine au tournesol ou au
Traitement du DNID Noix de coco
maïs (en barquettes)
Pâtisseries, viennoiseries

‚ Principes diététiques chez Huile IsioTM 4


le diabétique non insulinodépendant Noix, noisettes, amandes

En fait, la composition du régime diabétique Charcuterie, viandes grasses, abats, œufs


Saindoux, graisse d’oie
correspond à celle qui est conseillée pour l’ensemble
Chocolat
de la population.

Restriction calorique Tableau II. – Teneur en matières grasses des fromages.


La restriction calorique dépend des résultats de
l’enquête alimentaire. Il est totalement irréaliste de Fromages % matières grasses % réel de graisses
proposer un régime qui donne faim. En règle Fromage blanc ou petits-suisses 40 10
générale, on ne descendra pas en dessous de Fromage blanc ou petits-suisses 20 5
1 500 cal/j. Elle doit porter sur la diminution de la Fromage blanc ou petits-suisses à 0 % 0 0
consommation des graisses et de l’alcool. Les Yaourt 1
glucides doivent être présents, c’est pourquoi, pour Camembert, brie, chaource 45 20 à 25
Gruyère, roquefort, reblochon, munster, raclette 50 à 55 25 à 30
éviter la faim, on conseillera une consommation Doubles et triples crèmes : Boursault, Boursin, 60 à 65 35 à 40
associée de féculents et de légumes verts. Pour éviter Caprice des Dieux
les grignotages de fin d’après-midi et les
compulsions alimentaires, il faut proposer au moins
trois repas équilibrés par jour, petit déjeuner,
déjeuner et dîner, et il est même parfois souhaitable de l’existence éventuelle d’une enveloppe fibreuse
de proposer la prise d’une collation systématique Une portion de fromage = 30 à 40 g. plus ou moins respectée par les préparations
vers 16 ou 17 heures (fruit ou laitage + boisson Une portion de fromage blanc = 100 g. industrielles et par la cuisson.
chaude, thé ou café). Le taux de matières grasses Ensuite, l’index glycémique : c’est l’importance de
correspond au taux de matières l’hyperglycémie provoquée par un aliment en
relation avec un aliment de référence (glucose ou
Comment prescrire un régime ? grasses contenu dans « l’extrait sec »
pain).
✔ Tenir compte de l’enquête du fromage lorsque l’eau contenue a
Le pain, la pomme de terre, la semoule et les
alimentaire et comportementale. été entièrement éliminée. carottes, qui ont comme le glucose un index
✔ Quel qu’il soit, un régime n’est pas glycémique élevé (70 à 100), sont fortement
réaliste s’il s’accompagne d’une hyperglycémiants.
sensation de faim. Le vin, le whisky, la vodka et le rhum Les fruits, les pâtes alimentaires, le riz et le sucre
ne contiennent pas de sucre, mais ils (saccharose) ont un index glycémique moyen (40 à
✔ Il doit comporter trois repas par
contiennent des calories ! 60), c’est-à-dire modérément hyperglycémiant (le riz
jour avec, si besoin, des collations. a un index variable selon sa provenance, son
Un verre de vin ou une dose d’alcool
raffinement et son degré de cuisson).
fort = 70 calories.
Le fructose, les laitages, les légumineuses (haricots
Graisses Apéritif anisé, bière et cidre blancs, lentilles...) ont un index glycémique bas (20 à
On conseille aux diabétiques de diminuer leurs
contiennent 5 % de glucides. 40), et sont donc peu hyperglycémiants.
apports en graisses, surtout saturées, celles-ci Liqueurs et vins cuits contiennent Les glucides doivent être présents à chaque repas.
favorisant l’insulinorésistance et l’athérosclérose. On 15 % de glucides. Ce n’est pas un régime hypoglucidique.
recommande donc l’augmentation relative de la
consommation en poisson et en huiles végétales Glucides Le pain est très hyperglycémiant.
poly- et mono-insaturées (huile d’olive, d’arachide et
de colza) (tableaux I, II). En ce qui concerne les glucides, on distingue Les fruits sont modérément
aujourd’hui deux notions. hyperglycémiants.
D’abord la rapidité de l’ascension glycémique Les légumineuses sont peu
Attention aux graisses ! après l’ingestion de glucides, qui dépend du temps hyperglycémiantes.
Apports caloriques des pommes de de transit gastrique et de l’accessibilité aux enzymes
digestifs. La vidange gastrique est ralentie par
terre selon le mode de préparation Conseil diététique
l’augmentation de la teneur en graisses et en
200 g de purée (15 % de glucides) + 1 protéines et par la richesse en fibres alimentaires. De Il doit également porter sur la façon de manger. Il
noix de beurre = 300 calories. la même façon, les aliments solides sont digérés plus est conseillé de s’asseoir pour manger, et de fixer
100 g de frites (50 % de glucides) = 15 lentement que les aliments liquides, et les aliments avant les repas la quantité d’un certain nombre
frites = 400 calories. froids sont moins rapidement absorbés que les d’aliments dont la consommation doit être limitée.
100 g de chips (50 % de glucides) = 1 aliments tièdes. Au cours d’un repas mixte, il existe En règle générale, on ne fixe pas d’interdit. Prendre
paquet moyen = 500 calories. une vitesse moyenne de transit gastrique. des féculents, mais ne pas se resservir, prendre des
L’accessibilité aux enzymes digestifs dépend surtout légumes verts à volonté, boire entre les plats et

2
Diabète non insulinodépendant - 3-0810

manger lentement en posant la fourchette entre translocation des transporteurs de glucose, dits GLUT l’éduquer à adapter son traitement lorsqu’il fait du
chaque bouchée favorisent l’apparition plus rapide 4, de la même façon que le fait l’insuline. sport : diminution éventuelle des sulfamides
de la sensation de satiété. L’augmentation du transport intramusculaire du hypoglycémiants avant une activité physique
Les édulcorants sont autorisés, toutefois, il faut glucose persiste 12 à 24 heures après un effort importante. Cette mesure devra bien sûr
savoir que « sans sucre » signifie seulement sans suffisamment intense. Par ailleurs, l’activité physique s’accompagner d’un autocontrôle glycémique avant
saccharose et non sans glucides ; ainsi, un produit entraîne une augmentation du débit sanguin et après l’activité physique.
sans sucre peut contenir du fructose, des polyols ou musculaire chez les sujets entraînés, et une
du sorbitol. Attention aux produits allégés : le augmentation de la densité des capillaires ‚ Hypoglycémiants oraux
chocolat light contient moins de glucides, mais plus musculaires. L’activité physique augmente Il existe actuellement trois familles d’antidiabé-
de lipides que le vrai chocolat ! également la masse musculaire, en particulier le tiques oraux : les sulfamides hypoglycémiants, les
pourcentage des fibres musculaires au métabolisme biguanides et les inhibiteurs des α-glucosidases.
gluco-oxydatif insulinosensible.
Attention : sans sucre signifie Sulfamides hypoglycémiants (tableau III)
seulement sans saccharose et non sans Ils agissent en se liant à un récepteur spécifique
glucides ! Effets bénéfiques de l’exercice présent sur la membrane de la cellule B
musculaire. Intérêt chez le DNID pancréatique. Il s’agit en réalité d’une sous-unité du
canal potassique ATP dépendant dont ils
Les substituts de repas peuvent présenter un ✔ Augmentation du transport
intérêt chez les diabétiques obèses, ils peuvent être provoquent la fermeture. Cette fermeture entraîne
intramusculaire du glucose. une modification des flux ioniques (potassique puis
prescrits soit comme un substitut d’un des trois repas,
✔ Augmentation du débit sanguin calcique) et des modifications électriques à l’origine
en y ajoutant un fruit et un laitage, afin de respecter
l’équilibre alimentaire, soit comme collation en fin
musculaire. de l’excrétion d’insuline. Physiologiquement, le canal
d’après-midi pour éviter compulsion ou grignotage. ✔ Augmentation de la densité des potassique est sous la dépendance du rapport
capillaires musculaires. ATP/ADP (acide adénosine diphosphorique)
Éducation du patient ✔ Augmentation de la masse intracellulaire ; l’élévation de ce rapport par
musculaire, d’où amélioration de la l’oxydation intramitochondriale du glucose lors de
Il est indispensable que le diabétique sache que le
l’hyperglycémie déclenche la fermeture du canal. Les
pain contient 50 % de glucides, c’est-à-dire que dans sensibilité à l’insuline, baisse de la
sulfamides hypoglycémiants sont inefficaces chez les
50 g de pain, il y a 25 g de sucre, soit cinq morceaux pression artérielle, amélioration du diabétiques insulinodépendants, incapables de
de sucre n° 4. Il est important de rappeler que toutes bilan lipidique... sécréter de l’insuline. Les sulfamides hypoglycé-
les huiles sont aussi caloriques les unes que les
miants stimulent donc l’insulinosécrétion et peuvent
autres, à l’exclusion de l’huile de paraffine qui est L’exercice musculaire a les mêmes
être responsables d’une prise de poids de 2 à 3 kg. Ils
acalorique. effets que l’insuline au niveau du tissu comportent un risque hypoglycémique. Ce risque
D’autres erreurs sont classiques en matière de musculaire mais non au niveau du s’observe avec tous les sulfamides hypoglycémiants.
diététique : le gruyère est considéré comme un tissu adipeux. Il est cependant plus important avec les sulfamides
fromage de régime, le vin est suspect de contenir du
de première génération, à durée d’action
sucre... autant d’erreurs qu’il faut corriger en
particulièrement longue (Diabinèset et Glucidoralt,
apprenant au malade à composer des repas Comment prescrire l’activité physique ?
qui ne doivent plus être utilisés), et avec le Daonilt,
équilibrés et à utiliser les équivalences qui Il est indispensable d’en expliquer l’importance sulfamide hypoglycémiant le plus puissant dont la
permettent de consommer tous les aliments sans au malade, voire même de lui faire mesurer sa demi-vie plasmatique de 5 heures masque en réalité
excès. glycémie avant et 2 heures après une activité une durée d’action prolongée. Le Daonilt existe sous
physique importante. L’évaluation de l’efficacité de trois formes : le Daonilt 5 mg, l’Hémi-Daonilt 2,5 mg
50 g de pain = cinq morceaux de sucre l’activité physique sera source de motivation et le Daonilt Faible 1,25 mg. Classiquement, on
importante pour le diabétique. prescrit les sulfamides à raison d’un comprimé avant
n° 4 = 25 g de sucre.
Pour être efficace, l’activité physique doit être chaque repas. Il semble cependant que leur durée
Un fruit moyen = trois à quatre
suffisante et régulière, avec au moins 30 minutes d’action, suffisamment prolongée pour la plupart,
morceaux de sucre n° 4 = 15 à 20 g de d’activité comportant une suée, 2 heures de marche permette leur administration en deux prises, 1
sucre. tous les 2 jours, ou encore 1 heure de marche comprimé le matin, 2 le soir, ou l’inverse, voire en
chaque jour. une seule prise. Cela peut permettre d’éviter la prise
‚ Exercice physique L’activité doit être adaptée aux goûts et aux du midi, souvent oubliée par le malade.
possibilités du malade : marche, natation, jardinage,
Arguments physiopathologiques sport collectif, inscription à un club de gymnastique...
La tenue d’un carnet de surveillance pourra aider
Les sulfamides hypoglycémiants
L’importance de l’activité physique est essentielle
dans le traitement du DNID. En effet, le tissu le patient à respecter son contrat. Sur ce carnet, le stimulent la sécrétion d’insuline. Ils
musculaire est quantitativement le tissu le plus malade pourra indiquer la nature et la durée comportent donc un risque
important pour le métabolisme du glucose. Les quotidienne de l’activité physique, mais également d’hypoglycémie.
muscles oxydent et stockent 70 % des glucides les écarts diététiques (« en plus ou en moins ») et les Les hypoglycémies sous sulfamides
ingérés. L’insulinorésistance observée dans le DNID résultats glycémiques. Ce carnet permettra un hypoglycémiants surviennent surtout
prédomine au niveau du tissu musculaire, alors que dialogue avec le médecin traitant et l’adaptation de en fin d’après-midi (vers 18 heures).
le tissu adipeux reste relativement sensible à la prise en charge en fonction des résultats.
Un diabétique traité par sulfamides
l’insuline. L’insuline augmente le transport Si le diabétique a plus de 50 ans et s’il présente
des facteurs de risque vasculaires, il sera prudent de
hypoglycémiants doit être averti du
intramusculaire du glucose, mais elle facilite en
réaliser un test d’effort avant de prescrire l’activité risque d’hypoglycémie et avoir du
même temps la prise de poids. Le médicament idéal
du DNID devrait donc avoir les mêmes effets que physique de façon à rechercher l’existence d’une sucre sur lui.
l’insuline sur le tissu musculaire, en particulier sur le ischémie myocardique silencieuse.
transport du glucose, et avoir des effets opposés à Il faudra vérifier l’absence de risque podologique ¶ Règles à respecter lors de la prescription
ceux de l’insuline sur le tissu adipeux : c’est le cas de (ni artérite, ni neuropathie). En cas de risque, des de sulfamides hypoglycémiants
l’exercice musculaire. En effet, l’exercice physique précautions particulières doivent être prises, Attention aux risques hypoglycémiques, en
augmente les besoins en acide adénosine concernant notamment la qualité des chaussures particulier chez le sujet âgé.
triphosphorique (ATP) au niveau de la cellule utilisées et la durée plus limitée de la marche. Commencer par des posologies faibles en
musculaire, ce qui stimule la glycogénolyse Il faudra informer le patient du risque augmentant progressivement en fonction des
musculaire puis entraîne une activation et une hypoglycémique au cours de l’activité physique et résultats glycémiques et des objectifs fixés.

3
3-0810 - Diabète non insulinodépendant

Tableau III. – Sulfamides hypoglycémiants.

Nom de Dénommination Demi-vie Durée d’action Puissance Posologie Prix 1997


spécialitét commune plasmatique d’action (francs)
Sulfamides Glucidoral Carbutamide 45 h plusieurs jours +++ 1-3 cp/jour 11,90/30 cp
hypoglycémiants Dolipol Tolbutamide 4-6 h < 24 h + (cp à 500 mg) 8,90/20 cp
de première géné- 1-3 cp/jour
ration
Daonil Faible Glibenclamide 5-10 h ≥ 24 h + 1-3 cp/jour 22,40/60 cp
1,25 mg (cp à 1,25 mg)
Hémi-Daonil Glibenclamide 5-10 h ≥ 24 h ++ 1-3 cp/jour 31,90/60 cp
2,5 mg (cp à 2,5 mg)
Miglucan
Daonil 5 mg Glibenclamide 5-10 h ≥ 24 h +++ 1-3 cp/jour 19,80/20 cp
(cp à 5 mg)
Englucan
Sulfamides hypo-
Glutril Glibornuride 8h ≥ 24 h ++ 1-3 cp/jour 21,40/20 cp
glycémiants de
(cp à 25 mg)
deuxième généra-
tion Diamicron Gliclazide 10-12 h ≥ 24 h ++ 1-3 cp/jour 48,80/20 cp
(cp à 80 mg)
Glibénèse Glipizide 2-4 h < 24 h ++ 1-3 cp/jour 33,40/20 cp
(cp à 5 mg)
Minidiab Glipizide
Ozidia Glipizide 2-4 h ≥ 24 h ++ 5 à 20 mg/jour en
une seule prise
(cp à 5 mg) 47,30/30 cp
(cp à 10 mg) 81,10/30 cp

Recommander l’autosurveillance glycémique : biguanides n’ont pas d’action insulinosécrétrice, exceptionnelle, mais d’une particulière gravité,
une fois par semaine si les objectifs glycémiques mais une action d’épargne insulinique. Ils n’ont une puisque mortelle une fois sur deux. Il faut redouter
sont atteints, chaque jour si les glycémies restent action hypoglycémiante qu’en présence d’insuline. l’acidose lactique dans deux situations : d’une part
supérieures à 2 g/L de façon à mobiliser le Leur action essentielle se situe au niveau du foie et lorsque le biguanide s’accumule en raison d’une
diabétique sur l’activité physique et le régime. Il faut du tissu musculaire dont ils augmentent insuffisance rénale, entraînant alors un blocage de la
proposer une autosurveillance en fin d’après-midi l’insulinosensibilité. Les biguanides sont donc néoglucogenèse hépatique, d’autre part lorsque la
chez les patients présentant des épisodes de fringale actuellement le médicament de première intention production de lactate est pathologiquement
pouvant correspondre à d’authentiques dans le traitement du DNID avec insulinorésistance. augmentée.
hypoglycémies... Leur prescription doit être progressive en raison de Les biguanides peuvent être associés aux
Le patient doit être averti du risque hypoglycé- leur mauvaise tolérance digestive (nausées, crampes sulfamides hypoglycémiants ainsi qu’à l’insuline
mique lié aux sulfamides hypoglycémiants et avoir épigastriques, inconfort abdominal, diarrhée chez les diabétiques non insulinodépendants en
toujours sur lui trois morceaux de sucre. motrice) : 1 seul comprimé par jour, puis 2, puis 3, raison de leur rôle sur l’épargne insulinique. Ils
Les sulfamides ne doivent pas être pris en pris en milieu ou en fin de repas. On peut envisager peuvent ainsi limiter la prise de poids favorisée par
l’absence de repas ou si une activité physique l’association d’un demi-sachet de Questrant, pris 30 l’insuline.
importante est prévue. minutes avant les repas pendant quelques semaines,
Il faut conseiller au malade d’avoir un double de afin d’améliorer la tolérance digestive. Le risque Inhibiteurs des α-glucosidases
son ordonnance sur lui de façon à pouvoir la principal des biguanides est l’acidose lactique. Elle est Ils sont représentés sur le marché essentiellement
montrer à tout nouveau médecin consulté. En effet, par le Glucort (acarbose). Les glucides absorbés sont
certains médicaments sont susceptibles de Les biguanides sont formellement dégradés par l’amylase salivaire et pancréatique en
potentialiser l’action des sulfamides hypoglycé- contre-indiqués : disaccharides, puis par les α-glucosidases en
miants : le Daktarint, le Bactrimt, les fibrates, monosaccharides, qui seuls peuvent franchir la
✔ en cas d’insuffisance rénale ;
l’Antalvict, le Di-Antalvict, les inhibiteurs de barrière intestinale. Les inhibiteurs de l’α-glucosidase
l’enzyme de conversion (IEC), ainsi que tous les
✔ en cas d’insuffisance cardiaque
inhibent le dernier stade de la digestion des sucres.
médicaments susceptibles d’entraîner une décompensée ; Ceux-ci sont donc absorbés au niveau colique et non
insuffisance rénale aiguë diminuant l’élimination ✔ en cas d’ischémie coronarienne au niveau intestinal. L’hyperglycémie postprandiale
urinaire des sulfamides hypoglycémiants. évolutive ; est ainsi réduite. L’inconvénient majeur de ces
Comme le rappelle la règle des références ✔ en cas d’insuffisance respiratoire médicaments est la stagnation et la fermentation
médicales opposables (RMO), il n’est pas utile sévère ; des sucres non digérés dans l’intestin, responsables
d’associer deux sulfamides hypoglycémiants. ✔ en cas d’infection suraiguë ; de flatulences, de douleurs digestives et de diarrhée,
✔ en cas de gangrène ou d’ischémie surtout en début de traitement. Il faut commencer
Biguanides par des posologies faibles de 50 mg par jour, à
critique des membres inférieurs ;
Les biguanides ont une action d’épargne augmenter progressivement jusqu’à 100 mg par
✔ en cas d’accident vasculaire jour en trois prises.
insulinique. Ce sont les médicaments de première
cérébral récent.
intention en cas d’insulinorésistance.
Seule la metformine est aujourd’hui commercia-
Les biguanides doivent être arrêtés 2


lisée en France avec quatre produits : le jours avant toute anesthésie générale Quand recourir à l’insulinothérapie
Glucophaget 500 mg, le Glucophaget 850 mg ou radiographie comportant une chez le diabétique non
(retard), le Glucinant et le Stagidt 700 mg. Le plus injection de produit iodé (urographie insulinodépendant ?
puissant est le Glucophaget 850 mg, qui est intraveineuse, coronarographie,
également le moins bien toléré sur le plan digestif. scanner avec injection...). À court terme, l’insulinothérapie peut améliorer
Contrairement aux sulfamides hypoglycémiants, les l’équilibre glycémique, mais à long terme, elle

4
Diabète non insulinodépendant - 3-0810

favorise une prise de poids qui à son tour risque spécialisée. Parfois, cela suffit à améliorer l’équilibre cas, les sulfamides seront arrêtés, les biguanides
d’aggraver l’insulinorésistance et de détériorer du diabète, sans avoir à recourir d’emblée à seront le plus souvent possible conservés, en
l’équilibre glycémique. Un certain nombre l’insulinothérapie. espérant réduire les besoins en insuline et la prise
d’arguments laissent penser que l’hyperinsulinisme pondérale. Pour une meilleure acceptation de
favorise la répartition androïde des graisses. l’insulinothérapie chez le diabétique non
L’insulinothérapie risque donc d’aggraver le cercle
L’insulinothérapie ne doit pas être insulinodépendant, il est souvent souhaitable de lui
vicieux à la base de la physiopathologie du DNID : prescrite en cas de prise de poids proposer un contrat de courte durée, par exemple
insulinorésistance musculaire → hyperinsulinisme → récente chez le DNID. une insulinothérapie le soir au coucher pendant 1
obésité de type androïde → insulinorésistance. Il faut, avant de la prescrire, renforcer mois, puis un essai d’arrêt de l’insulinothérapie avec
Avant de prescrire l’insulinothérapie chez un la diététique, l’exercice physique et le autosurveillance glycémique de façon à évaluer les
diabétique non insulinodépendant, il convient donc traitement oral. résultats. Si les glycémies remontent au-dessus de
de respecter quelques règles : L’apprentissage de l’autocontrôle l’objectif fixé, 1,60 g/L au réveil, le malade est le plus
– ne pas prescrire d’insuline en cas de prise de souvent très motivé pour reprendre
glycémique peut être une aide
poids récente ; l’insulinothérapie.
importante à la prise en charge du
– en cas d’amaigrissement au contraire, après
DNID, en permettant au malade de
avoir vérifié l’absence de pathologie sous-jacente, Insulinothérapie de première intention
l’insulinothérapie doit être prescrite ;
juger des résultats de ses efforts et des
conséquences de ses actes ; il permet chez le DNID
– avant de prescrire une insulinothérapie, il faut =
s’assurer de l’optimisation du traitement classique ; souvent d’éviter ou de retarder
l’insulinothérapie. traitement oral dans la journée + une
au cours d’une hospitalisation ou d’une consultation
spécialisée, il peut être nécessaire de vérifier la
injection d’insuline semi-retard au
diététique, l’activité physique et la prise réelle des
DNID déséquilibré + amaigrissement coucher.
hypoglycémiants oraux. Devant une hypertriglycéri- = insulinothérapie.
démie associée, il ne faut pas hésiter à prescrire un L’insulinothérapie ne résout cependant pas
fibrate dont l’association avec la metformine semble ¶ Quel type d’insulinothérapie prescrire ? toujours les problèmes de déséquilibre du diabète
avoir un effet synergique. En cas d’hypertension Le mieux est de recourir à une insulinothérapie chez le diabétique non insulinodépendant. Si elle ne
artérielle, le traitement par l’IEC ou traitement par minimale, c’est-à-dire une injection le soir en permet pas d’améliorer les résultats glycémiques
alpha-1-bloquant peut également améliorer conservant les hypoglycémiants oraux dans la évalués par l’HbA1C à raison de 3 injections par jour
l’équilibre glycémique. Enfin, il est souvent utile de journée. On pourra choisir une insuline type NPH avec prise de poids, il faut sûrement se poser la
vérifier l’absence de dépression, qui pourrait (neutral protamine hagedorn), injectée le soir au question de l’intérêt de l’insulinothérapie et
bénéficier d’un traitement par antidépresseur coucher, ou, si les glycémies sont très élevées après envisager une hospitalisation en unité d’éducation
sérotoninergique (Prozact, Floxyfralt, Deroxatt) ; le repas du soir, une insuline biphasique type diabétologique.
– avant de prescrire une insulinothérapie chez un Mixtardt ou Umuline Profil, injectée le soir avant le


diabétique non insulinodépendant, il est nécessaire dîner. Cette insulinothérapie nécessite un
de l’informer sur l’intérêt de l’insulinothérapie en ce autocontrôle glycémique chaque matin au réveil, Médicaments de demain...
qui concerne les complications microangiopa- l’objectif à atteindre étant d’obtenir une glycémie au
thiques, et de lui présenter les inconvénients réveil inférieure à 1,60 g/L. L’insuline sera
potentiels sur la prise de poids. Une formation augmentée de 2 unités en 2 jusqu’à obtenir cet Des médicaments qui stimuleront l’insulinosé-
préalable du malade à la prise en charge de son objectif. crétion : ligand endogène des récepteurs des
diabète s’impose, avec formation diététique, Si, malgré cette injection effectuée le soir en sulfamides, inhibiteurs α2-adrénergiques, glucagon
entraînement physique et apprentissage de association avec les antidiabétiques oraux, les like peptide 1.
l’autocontrôle glycémique, grâce à l’hospitalisation résultats glycémiques ne sont pas satisfaisants, on Des médicaments améliorant l’insulinorésistance :
de semaine en unité d’éducation diabétologique passera alors à 2, voire 3 injections par jour. Dans ce thiazolidine-diones, inhibiteurs de la lipolyse...

Claude Sachon : Attaché des Hôpitaux.


André Grimaldi : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Nathalie Masseboeuf : Diététicienne.
E Corset : Diététicien.
Service de diabétologie, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l’Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : C Sachon, A Grimaldi, N Masseboeuf et E Corset. Diabète non insulinodépendant.
Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine, 3-0810, 1998, 5 p

Références

[1] Charbonnel B, Boivineau C, Chopinet P, Daninos JM, Drouin P, Guyon F et al. [5] Tchobroutsky G, Slama G, Assan R, Freychet P. Traité de diabétologie. Paris :
Autosurveillance glycémique chez le diabétique. Recommandations de l’Alfé- Pradel, 1990
diam. Diabete Metab 1995 ; 21 : 285-289
[6] Warram J, Hopczynski J, Janka H, Krolewski A. Epidemiology on non-insulin-
[2] Felber JP, Acheson K, Tappy L. From obesity to diabetes. Chichester : John dependent diabetes mellitus and its macrovascular complications: a basis for the
Wiley development of cost- effective programs. Endocrinol Metab Clin North Am 1997 ;
26 : 165-188
[3] Ferrannini E. Insulin resistance and disease. Clin Endocrinol Metab 1993 ; vol
13

[4] Grimaldi A, Cornet P, Massebœuf N, Popelier M, Sachon C. Guide pratique


du diabète. Paris : Collection médiguides, 1997

Vous aimerez peut-être aussi