La SARL "Jardins sarthois", créée en 1984, a connu une forte expansion avec le développement des
maisons individuelles. Son activité de pépiniériste à l'origine s'est diversifiée ; elle est devenue
paysagiste et a créé de grands centres commerciaux, les jardineries, qui connaissent un franc succès.
Le capital social actuel de cette SARL (soumise à l'impôt sur les sociétés) est de 500 000 €, divisé
en 5 000 parts sociales de 100 € chacune. Ce capital social restera inchangé dans le cadre de la
nouvelle forme sociale.
Les statuts sont conformes à la loi et n'ont pas été modifiés depuis la création de la société.
Le dernier bilan de la SARL (31/12/2019) avant affectation du résultat, se présente comme suit :
La société a réalisé au cours du dernier exercice clos un chiffre d'affaires de 8,2 millions d'euros, et
elle a employé 52 salariés (en ETP) au cours de ce même exercice.
Les époux Ferri sont favorables à une transformation de la SARL en SA avec Conseil
d'administration, alors que les deux autres associés y sont opposés.
Questions
1 / Vous devez indiquer à M. Ferri sous quelles conditions la transformation est possible en l'état
actuel de la situation. Celui-ci s'interroge en particulier sur l'incidence de l'opposition de M. Douax
et Mme Chiesa à cette opération.
2 / Quel est l'avenir du mandat du gérant (M. FERRI) si la transformation a effectivement lieu ?
3 / Quel sera le rôle du CAC dans cette transformation ? Son mandat prendra-t-il fin ?
4 / L'entreprise de travaux publics qui a construit la dernière jardinerie a des traites sur la SARL.
Quelle est l'incidence de la transformation sur celles-ci ?
Corrigé
1 / Vous devez indiquer à M. Ferri sous quelles conditions la transformation est possible en
l'état actuel de la situation.
– le capital social doit être de 37 000 € minimum ; en l'espèce, il est de 350 000 €, la condition
est remplie.
– Il doit y avoir au moins 7 actionnaires au minimum dans une SA (sauf dans les SA non
cotées, depuis le 1/09/2015, où 2 actionnaires sont suffisants). Compte tenu du nombre
actuel d'associés au sein de la SARL, cette condition ne pose pas de difficulté.
Si l'on applique ces règles, M. et Mme FERRI ne peuvent pas procéder à la transformation de cette
SARL constituée avant 2005, puisqu'ils ne détiennent ensemble que 62 % (3 100 /5000 = 62 %) des
parts sociales de la SARL (75 % minimum).
Mais la décision de transformation doit être prise à la majorité (simple) des parts sociales quand les
capitaux propres de la SARL, tels qu'ils figurent au dernier bilan, excèdent 750 000 €, ce
qui est le cas ici puisqu'ils sont de 770 000 €.
Les époux FERRI représentant 62 % des parts sociales, la décision de transformation sera adoptée,
ainsi que l'approbation de l'évaluation des biens, malgré l'opposition éventuelle des autres associés.
– M. Ferri va devoir désigner un commissaire aux comptes pour l'établissement d'un rapport
sur la situation de la société. Il pourra nommer, pour ce faire, M. Chapsoul, actuel
commissaire aux comptes de la SARL.
Le gérant n'a pas à demander la nomination d'un "commissaire à la transformation" puisque la
SARL est dotée d'un CAC, et qu'elle se transforme en SA.
Puis le Conseil d'administration élira en son sein son Président (à la majorité de ses membres) et
pourra décider également si cette fonction est cumulée avec celle de DG ou non.
Donc M. Ferri pourrait être administrateur, Directeur Général et PCA dans le cadre de la SA.
3 / Quel sera le rôle du CAC dans cette transformation ? Son mandat prendra-t-il fin ?
La SA "jardins Sarthois" dépasse deux des trois seuils légaux imposant obligatoirement la
nomination d'un CAC → le mandat en cours se poursuit, et il expirera en tenant compte du temps
accompli dans la société sous son ancienne forme.
Dans le cadre de l'opération de transformation de la SARL, il pourra être chargé du "rapport sur la
situation de la société", ainsi que de la vérification des biens composant l'actif social et les
"avantages particuliers".
4 / L'entreprise de travaux publics qui a construit la dernière jardinerie a des traites sur la
SARL. Quelle est l'incidence de la transformation sur celles-ci ?
La transformation régulière d'une société en une autre forme juridique n'entraîne pas la création d'un
être moral nouveau.
L'entreprise de travaux publics était créancière de la SARL, les droits et obligations contractés par
la société sous son ancienne forme juridique subsistent sous le nouvelle forme.
La transformation n'a aucune incidence sur les obligations de la SARL. Donc l'entreprise de travaux
publics est devenue créancière de la SA.
Règle de droit
En principe, la transformation d'une société en une autre forme, qui fait l'objet d'un enregistrement,
ne donne lieu qu'au paiement d'un droit fixe de 375 euros, qui est porté à 500 € lorsque le capital
social est d'au moins 225 000 €.
Ce droit fixe sera seul à acquitter :
- soit lorsque le changement de forme juridique s'opère sans que soit modifié le statut fiscal de la
société ;
- soit lorsque la société cesse, à la suite de la transformation, d'être soumise à l'impôt sur les sociétés
(ex : SA transformée en SNC).
En l'espèce, la SARL "les Jardins sarthois" était déjà auparavant soumise à l'IS et la SA sera (a
priori) également soumise à l'IS : en l'absence de changement de régime fiscal, seul le droit fixe
devra être acquitté.
Compte tenu du montant du capital social de la SARL à la date de la transformation (500 000 €), ce
droit fixe sera de 500 € en l'espèce (car le capital social est > 225 000 €).