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Ces deux domaines peuvent se rapprocher : expliquer le réel peut aider à prendre des décisions et à
agir sur lui.
Biblio :
Jean Baudouin
Deux thèmes :
- les institutions au sens très général, cad l’organisation institutionnelle du politique – essayer de
comparer comment les démocraties s’organisent (ex : système politique américain - Congrès)
Parce que la question de la démocratie est un champ idéologiquement structuré, il faut prendre en
compte l’évolution de la perception démocratique + cela pose la question de savoir comment le
pouvoir est distribué dans les différentes sociétés.
C’est symptomatique du fait que lorsqu’on se penche sur une réalité politique, on est souvent
confronté immédiatement au problème de la définition, qu’on peut aussi qualifier de problème de
circoncire l’objet politique.
Chacun étant immergé dans la politique, et en ce qui nous concerne dans la démocratie, chacun
estime détenir ou du moins avoir accès au savoir dans ce domaine.
Aujourd’hui la démocratie est devenue le système de référence politique absolu. On est dans un
champ privilégié d’expression des opinions et il semble inconvenant d’imaginer qu’en démocratie il y
ait un savoir distinct de celui du peuple, que l’on qualifie aujourd’hui d’opinion publique.
Il faut prendre conscience à quel point ce champ d’étude est traversé, truffé, gangrené par l’idéologie
et par le principe du jugement de valeur.
Il y a un premier niveau, que l’on pourrait appeler la plasticité positive : aujourd’hui ce mot à une
connotation presque magique, et en même temps c’est un mot qui a un effet relativement
tranquillisant : cela nous soulage de penser que nous vivons dans une démocratie, cela nous pousse à
accepter des décisions du pouvoir. En anglais on parle d’hurray word.
Un de ses problèmes est finalement le fait qu’elle est universellement approuvée, et donc il veut dire
qqch pour chacun. Or un terme à qui chacun attribue une signification est en danger de ne plus
vouloir dire grand-chose, et surtout de ne pas pouvoir constituer un concept significatif, notamment
du point de vue des sciences sociales.
La notion de pouvoir du peuple en elle-même n’amène pas très loin, sinon au simple plaisir de se
sentir en position de pouvoir approuver ou juger tel ou tel acte.
Le second niveau est la notion de carrefour idéologique. Avant d’être une réalité, la démocratie est
un idéal, ou plutôt une série d’idéaux. On peut aussi dire que c’est un principe générateur
d’idéologie.
On peut voir l’idéologie comme un ensemble d’idées sur la structure de la société, son organisation,
sur les forces qui jouent dedans, les sources de conflits, les modalités de gestion de ces conflits.
On peut aussi voir cela comme une doctrine politique qui fournit une explication du réel. En général,
on dit aussi que cette doctrine peut soutenir des modalités d’action, des programmes.
Guy Rocher : l’idéologie peut être définie comme un système d’idées et de jugements explicite et
généralement organisé, qui sert à décrire, expliquer, interpréter ou justifier la situation d’un groupe
ou d’une collectivité, et qui s’inspirant largement de valeurs propose une orientation précise à
l’action historique de ce groupe/collectivité.
Carrefour idéologique : les idéaux de la démocratie sont le principe unique et fondamental des
différentes idéologies dominantes, des systèmes de compréhension de la politique contemporaine.
Ils s’expriment dans un certain nombre de concepts, de mythes aussi. La fortune et l’utilisation
universelle de ces concepts et de ces mythes, qui se résument parfois dans des images, contribuent à
accroitre la confusion entre fantasme et réalité.
- le mythe de la volonté générale : c’est une conception du peuple comme corps et comme énergie
agissante.
- le mythe du soulèvement populaire, d’une sorte de naissance de la nation française, contre l’Europe
monarchique : cela transmet qu’il existe un peuple français capable de revendiquer ses droits et de
prendre le pouvoir ; de décider lui-même quand il s’agit de ses intérêts profonds.
- l’utopie communiste : ce n’est pas pour rien qu’en Europe le communisme français a été l’un des
plus puissants. Cette utopie s’appuie sur des racines profondes qui précèdent Marx etc + ce qu’on va
appeler la démocratie populaire : elle repose sur l’idée que l’on peut organiser la société selon le
principe d’à chacun selon ses besoins, l’idée égalitaire ; en se passant de la propriété privée.
Cette vision du monde s’appuie sur une vision de l’homme abstrait, de l’homme nouveau cad
l’homme sans racine, sans culture, sans désir… c’est le mythe de la société globale sans classes, sans
frontières, sans particularisme « prolétaires de tous les pays, unissez-vous » Lénine.
Le troisième niveau est celui des significations concrètes, cad ce qu’on met derrière ce mot, qui sont
extrêmement contrastées et conflictuelles. Ex :
- l’idée que la démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle le peuple tranche
directement et de manière permanente.
- ce serait aussi un système de gouvernement qui garantit les droits et les intérêts des minorités en
instituant des moyens de contrôler et de limiter le pouvoir de la majorité.
- un système de compétition pour l’obtention du vote populaire afin de pourvoir les fonctions
publiques.
- un système de gouvernement qui sert les intérêts du peuple, quel que soit le degré de participation
populaire à la vie politique
- plus récemment, la démocratie est un régime respectueux de l’Etat de droit et des droits de
l’Homme ; un régime antiraciste ; un régime qui place les intérêts et les droits des minorités avant les
intérêts et les droits de la majorité.
On peut comprendre ces différentes conceptions selon les lieux et les époques. Il est clair que dans
les 30-40 dernières années, on a beaucoup lutté sur la conception de ce qu’est la véritable
démocratie. Ce constat du caractère multiple des sens de la démocratie est à la fois important et
problématique.
En effet, ces conceptions et ces interprétations débouchent sur des pratiques qui sont parfois
fondamentalement opposées. Sur le plan académique, on peut être facilement trompé ou découragé
par cette situation. Dès lors il faut rester vigilent sur l’utilisation de ce concept, mais également dans
l’utilisation des catégories qui lui sont attachées.
La démocratie est donc avant tout une conception de l’organisation du pouvoir en vue de vivre
ensemble. Il y a des typologies qui se sont développées qui montrent les divergences de conception.
On dira qu’un régime est démocratique lorsque le peuple est à l’origine du pouvoir, est le souverain.
On est obligé de faire le constat de réalités différentes selon les espaces politiques, ainsi que le
constat de doctrines très différentes par des groupes qui se réclament tous de la démocratie.
Ce qui ressort de ces textes, c’est que la démocratie lie le gouvernement au peuple. Celui qui est
souverain c’est le peuple ; ce n’est pas Dieu. Le gouvernement par le peuple = le régime politique
américain est le régime démocratique. Le gouvernement pour le peuple = pour son bien.
Le peuple n’est pas à confondre, ni avec l’addition des individualités, ni avec les électeurs, ni avec les
activistes. On a tendance à confondre le peuple et l’opinion publique.
Comment gouverne le peuple ? Par le peuple et pour le peuple, cad qu’il y a toujours la
problématique démocratie représentative/directe. Le peuple doit alors donner son consentement à
ceux qui décident à sa place, pour lui, en son nom. En revanche le peuple peut parfaitement
débattre.
On tire de cette dernière une certaine conception, philosophie de la démocratie, qui va être tout au
long de l’histoire française en débat – elle prône la participation du peuple, pas seulement dans le
cadre des élections mais dans l’élaboration des lois ainsi qu’un droit à l’insurrection (il a le droit de se
soulever). Elle est en débat avec l’autre qui relève de la vision anglaise de la démocratie : la
démocratie représentative. Ici la volonté générale ne s’exprime qu’au moment des élections, durant
lesquelles on désigne ceux qui vont exprimer la volonté du peuple.
Dans un gouvernement représentatif, les organes de représentation privilégiés sont les partis
politiques. La vie parlementaire est organisée par et autour des partis politiques : la majorité d’un
côté et l’opposition de l’autre. Ces dernières années, les choses ont un peu évolué parce que le
dernier gouvernement travailliste (Tony Blair) a décidé qu’il fallait changer le système : on a « rendu
le pouvoir aux périphéries ».
Le cas américain : le système s’est aussi déroulé autour de dialogues entre des grandes forces qui
représentaient les grands clivages (idéologiques, historiques…) au sein des Etats-Unis – ex :
fédéralistes vs. anti-fédéralistes, nord vs. sud… D’où un système bipartisan : les partis politiques sont
des machines à recueillir l’opinion publique et faire élire des représentants.
Le cas français : c’est un exemple d’une domination idéologique de l’idée de la démocratie directe –
les français ont revendiqué la démocratie directe, l’appel à la souveraineté populaire. Pour autant en
pratique s’est développée une démocratie représentative (jusqu’à la IVe rép).
Il entend restaurer la souveraineté du peuple français et de l’Etat français. Les partis politiques
français apparaissent comme des forces qui travaillent pour elles-mêmes et qui divisent la France ; ils
vont contre les intérêts du peuple français et de la France.
La Ve république met en place une mise sous tutelle des partis politiques.
Aujourd’hui sur le plan partisan – le mariage pour tous a complétement divisé l’opinion publique. La
question du référendum a été soulevée.
On est dans un système de démocratie dite semi-directe : on a voulu ouvrir la participation populaire
directe, la discussion par le peuple de ses affaires.
Ce qui se passe en ce moment est une réappropriation du peuple de ses affaires face aux élites.
Tocqueville, dans son ouvrage met en avant une volonté d’égalisation des conditions sociales, cad
l’abolition des privilèges aristocraties liés à la naissance. […] Opposition entre le ppe de liberté et le
ppe d’égalité.
On reste dans le cadre d’une représentation du peuple relativement abstraite ; les citoyens sont
avant tout des électeurs. Il y a alors une présomption de consensus sur les grandes règles.
Ce qui ressort des différents textes, c’est que la démocratie lie le gouvernement au peuple. Chez les
américains il y a un lien particulier : ils considèrent qu’ils sont l’incarnation du régime démocratique.
On retrouve cela dans la légitimation par les décisions qui sont prises au niveau international.
Au-delà de cet exemple, ce lien peut être établi de différentes manières. On dit que la démocratie est
le gouvernement du peuple cad que le souverain n’est plus dieu, c’est le peuple ; par le peuple, cad
que c’est le peuple qui gouverne, sur quel ppe d’organisation repose cet exercice du pouvoir par le
peuple ; pour le peuple, ce peut être pour le bien du peuple.
Le gouvernement par le peuple – à partir de quel moment doit-on considérer que le gouvernement
viole les droits du peuple ? L’idée qui avait été discutée lors des révolutions est que l’abus de
l’exécutif peut prendre plusieurs formes, et il finit par déclencher la tentative de réappropriation du
pouvoir par le souverain, ce qui est un danger (on ne dérange pas trop le souverain, car cela peut
conduire à une violence extrême à tendance anarchisante – violence de masse, démocratique). Cf.
Thérèse Delpech – l’ensauvagement.
Leçon 1 : l’approche politique du pouvoir
Abraham Lincoln « Nearly all men can stand adversity, but if you want to test man’s character, give
him power ».
Politique = activité à travers laquelle les gens font, modifient, défendent et déforment les règles
générales de leur vie en commun. Cette définition est suffisamment large pour embrasser la plupart
des définitions qui sont généralement proposées, mais il y a un certain nombre de problèmes qui se
posent lorsqu’on veut approfondir, raffiner la définition. Par exemple, signale-t-elle une manière
particulière de produire ces fameuses règles de vie en commun ? Est-ce plutôt pacifiquement ? Au
cours de débats ? Ou inclut-on tous les processus visant à agir à propos de ces règles ? Par exemple
on oppose classiquement dans le règlement des crises la solution militaire à la solution politique.
On peut aussi se demander si la politique est pratiquée dans tous les contextes sociaux. Est-ce que
tout est politique ? Ou est-ce limité au gouvernement, à la sphère publique ?
Cela dit, on peut aussi considérer que ces différentes visions sont simplement des conceptions
contrastées du même concept un peu vague. Dans tous les cas, il est utile de distinguer d’abord entre
deux grandes approches de la définition de la politique.
Selon la première, la politique est associée à une sorte d’arène, de champ dans lequel les
comportements, les choses, les évènements deviennent politiques simplement parce qu’ils se
produisent dans ce champ.
Chacune de ces approches a contribué à produire des définitions alternatives, et ont conduit à
former différentes approches d’analyse politique.
Ces conceptions variées se reflètent aussi dans la déclinaison anglaise de la politique. En effet on
constate qu’il existe beaucoup de traductions anglaises du mot politique :
Il y a une première conception qui voit la politique comme l’art de gouverner – Bismark « la politique
n’est pas une science c’est un art ». L’art de gouverner, cad l’exercice du pouvoir dans la société à
travers l’élaboration et la mise en œuvre des décisions politiques. C’est ce qui se rapproche le plus du
terme grecque de la politique athénienne – polis – qui signifie cité-Etat. En effet la Grèce antique
était composée d’un ensemble de très nombreuses cités indépendantes qui possédaient chacune
leur propre système politique. Celui qu’on a retenu est celui d’Athènes, qui était considéré comme
l’origine de la démocratie. Dans cette perspective, la politique se réfère aux affaires de la cité. Très
largement, c’est ce qui concerne les membres de la cité.
On peut dire qu’on a derrière cette conception la notion de l’Etat ; ce sont les affaires de l’Etat. C’est
ainsi que l’approche première de la science politique a été l’étude du personnel mais aussi de la
machinerie des affaires publiques – l’action publique et la sociologie politique.
David Easton (années 60) a donné une définition de la politique : l’attribution autoritaire des valeurs.
Il entendait que la politique c’était un processus par lequel le gouvernement, les institutions,
répondent aux pressions qui s’exercent dans la société. Cette réponse se fait sous forme de la
politique publique, la production de décisions politiques, mais aussi sous forme de récompenses, de
bénéfices et de sanctions vis-à-vis des pressions exercées par le système social. Il dit que les normes
produites par le gouvernement sont assez largement acceptées du fait de ce système de rétribution,
et sont considérées comme contraignantes par la masse des citoyens. Ainsi cette conception est
associée à la politique publique (policy) cad des décisions de l’autorité qui établissent un plan
d’action pour les affaires de la communauté.
Cette vision, considérée comme classique, est tout de même contestée en ce qu’on peut la
considérer comme restrictive, dans la mesure où la politique se produit à l’intérieur d’une cité, d’un
système d’organisation sociale centrée sur la machinerie des affaires politiques. Elle est finalement
l’affaire d’un groupe limité de gens dans la société : des hommes politiques.
A contrario, cela signifie aussi que la plupart des gens, des institutions et des activités sociales
peuvent être considérés comme étant extérieurs à la politique – ex : entreprises, école…
D’autre part, on pourrait ajouter que faire le portrait de la politique comme essentiellement centré
sur l’Etat, on écarte des influences internationales importantes sur la vie politique en générale.
On peut aussi encore restreindre cette vision, notamment avec la tendance à peaufiner la politique
au jeu partisan. Par-là, on entend que le champ politique est restreint à ses acteurs qui sont motivés
consciemment par des croyances idéologiques, à ceux qui ont pour objectif à faire avancer leur vision
du monde aux travers d’organisations formelles comme les partis politiques. C’est en ce sens que l’on
fait la distinction entre les politiciens qualifiés de politique et les membres de l’administration qui est
considérée comme neutre. Egalement, on dit la même chose pour les juges : dans cette conception la
justice n’est pas une institution politique car considérée comme agissant dans la neutralité, faisant
partie d’une sphère non-engagée. En revanche, on va accuser régulièrement la justice de devenir
politique si on estime qu’un jugement est influencé par, soit des préférences personnelles, soit des
préférences politiques – des préjugés divers.
On peut dire aussi que ce lien entre la politique et les affaires de l’Etat explique dans une certaine
mesure un certain nombre d’images péjoratives qui y sont attachées. En effet, dans la vision
populaire des choses, la politique est associée intimement avec les activités des politiciens. Plus
brutalement, les politiciens sont des hypocrites qui ne pensent qu’à exercer le pouvoir pour des
raisons personnelles, tout en cachant ces ambitions personnelles derrière le rideau du service public
et du service de l’Etat. Cela amène à l’idée que tous les hommes politiques sont corrompus. Il y a une
dimension de rejet profond de toute forme de système politique, de gouvernement, qui est lié à ce
sentiment et qui peut déboucher à une vision très anarchisante de la politique ; c’est le rejet du
pouvoir en lui-même.
Cette vision négative reflète une perception libérale de la politique, et plus largement de la nature
humaine : étant donné que les individus défendent leurs intérêts, ils auront tendance à maximiser
leur pouvoir ; donc le pouvoir est corrupteur parce qu’il encourage ceux qui sont au pouvoir à
exploiter le pouvoir pour maximiser leurs intérêts.
Lord Acton : « le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument »
Les gens qui voient la politique de cette manière ne doutent pas que la politique est tout de même
une nécessité de l’existence sociale. L’idée n’est donc pas de tenter d’abolir le gouvernement, le
pouvoir de manière générale, mais de l’encadrer. On a l’idée de concevoir des cadres et des
mécanismes de contrôle de la politique. Toute la pensée libérale du XVIIIe est centrée sur cette idée.
La seconde conçoit la politique comme les affaires publiques. C’est une vision qui dépasse le champ
étroit du gouvernement, et on pense plutôt à ce qu’on appelle la vie publique. En d’autres termes, on
a une idée d’une politique qui s’appuie sur une distinction entre ce qui est politique et non-politique,
et qui correspond à ce qu’on appelle la sphère publique de la vie sociale et la sphère privée.
On fait remonter cette conception à Aristote (l’homme est par nature un animal politique – un être
destiné à vivre dans une cité). Son idée, est que l’homme est destiné à vivre dans une communauté
politique, et il dit aussi que ce n’est qu’à l’intérieur d’une telle communauté que les hommes
peuvent être heureux, mener la bonne vie. De ce point de vue, la politique est essentiellement une
activité éthique qui a pour objet de créer une société juste, cad une société qui soit bonne pour ses
citoyens. Dans cette conception, toutes les institutions sont considérées comme publique en ce
qu’elles sont responsables de l’organisation de la vie sociale ; elles sont financées par les
contribuables donc elles sont responsables d’une bonne gestion des affaires publiques.
Par contraste, ce qu’on oppose à la société politique, la sphère publique, on a la société civile, la
sphère privée.
Edmund Burke : «Elle correspond aux petites sections = la famille, les entreprises privées, les
syndicats, les clubs, les groupes communautaires… » Ils sont organisés et financés par des citoyens
pour satisfaire leurs propres intérêts et non ceux de la société au sens large.
Sur la base de cette distinction, la politique est donc restreinte aux activités de la polis, et des
responsabilités qui sont exercées par les corps publics.
Cette vision de la politique comme essentiellement publique a engendré des idées à la fois positives
et négatives. Dans cette perspective, la politique est une activité noble qui relève des lumières.
Hannah Arendt : la politique est la relation entre des citoyens libres et égaux
On retrouve aussi cette idée chez Rousseau : la participation directe et continue du citoyen dans la
vie publique permet de rendre l’Etat cohérent et tourné vers le bien-être – concept de volonté
générale.
Visions plus négatives des théoriciens libéraux, qui voient l’activité publique comme une sorte
d’interférence dans les affaires des citoyens. Ils ont une préférence pour la société civile, et pour une
gestion des affaires par celle-ci plus que par l’Etat. Ainsi il faut restreindre le champ d’action de l’Etat,
car c’est une atteinte aux intérêts individuels ; l’Etat empêche les citoyens de gérer leurs affaires
comme ils l’entendent.
Elle est liée à une idée de la politique, non plus comme un champ dans laquelle les affaires politiques
sont conduites, mais plutôt à la façon dont les décisions sont prises. On pourrait résumer cette
conception sous le concept de compromis/consensus.
On a l’idée que la politique c’est, non pas un champ, mais une manière particulière de résoudre les
conflits qui relève du compromis, de la négociation par opposition à la force et à la puissance. Ainsi
dans la résolution des conflits, on oppose traditionnellement la solution politique de la solution
militaire.
B. Crick dans In Defence of politics : « la politique est l’activité à travers laquelle des intérêts
divergents sont réconciliés en leur donnant une part du pouvoir pour leur contribution au bien-être
et à la survie de la communauté toute entière »
Dans cette perspective, la clé de la politique est une répartition assez large du pouvoir étant donné
qu’il accepte que le conflit est structurel de la société. On ne peut pas simplement écraser une vision
antagoniste, il faut au contraire l’intégrer au système politique. Il faut choisir la conciliation plutôt
que la violence et la contrainte.
Sur le plan des principes, cette vision est appuyée sur une foi dans l’efficacité du débat, de la
discussion, et également sur la croyance dans l’idée que la société se caractérise avant tout par la
tendance au consensus. Ces principes relèvent à la fois du libéralisme et du rationalisme.
C’est l’idée qu’il n’y pas de solution idéale, et on ne doit s’en prendre qu’à soi-même si l’on est déçu
par le système politique alors qu’on n’y participe pas.
Adrian Leftwich dans Politics : its activity and its study : « la politique est au cœur de toute activité
humaine, formelle et informelle, publique et privée, dans tous les groupes humains, toutes les
institutions, toutes les sociétés » dans toutes les relations sociales – ex : la famille, le couple,
l’entreprise…
Exemple : comment s’occuper des bébés ? – question de l’allaitement. A priori ce n’est pas politique,
mais lorsqu’on dit ce qu’il est bon de faire ou pas on entre dans le domaine politique, dans l’exercice
du pouvoir ; il y a une conception qui peut s’imposer de la façon dont les choses doivent être faites.
Ce qui signale la politique à tout niveau, c’est la relation de pouvoir. Classiquement on distingue le
pouvoir de décider, le pouvoir de mettre sur agenda (= capacité de classer les questions par ordre
d’importance) et le pouvoir d’influence.
Il y a beaucoup d’avocats de cette vision : les marxistes, les féministes… En effet la montée en
puissance du mouvement de libération des femmes dans les années 60/70 a engendré un intérêt
renouvelé par rapport à la nature du politique. Non seulement les féministes ont voulu étendre les
champs dans lesquels la politique se déploie, mais elles ont aussi eu tendance à concevoir la politique
comme un processus et spécifiquement le processus de l’exercice du pouvoir des uns sur les autres.
Kate Millett dans Sexual politics définit la politique comme des relations structurées de pouvoir, des
arrangements par lesquels un groupe de personnes est contrôlé par un autre groupe.
En ce qui concerne la vision marxiste, on pourrait schématiquement la résumer à deux grands sens
de la politique. D’abord Marx utilisait le terme politique pour désigner l’appareil de l’Etat (« le
pouvoir organisé / la domination d’une classe pour en opprimer une autre ») ; la politique est
enracinée dans le système de classes. Ainsi la société civile, caractérisée par la lutte des classes, est
au cœur de la politique.
Dans les deux cas, il s’agit d’une vision pessimiste de la politique se résumant à la domination et à
l’oppression.
Cette idée du caractère central du pouvoir dans la société est partagée par bcp de gens, et pas
uniquement par des spécialistes de sciences sociales ou éco. Des centaines de gens ont écrit sur le
phénomène du pouvoir depuis la nuit des temps. En littérature il y a de nombreuses œuvres
majeures qui tournent autour de la méditation sur ce qu’est le phénomène du pouvoir politique –
ex : Brave new world de A. Huxley ; 1984 de George Orwell ; the hunger games ; l’île du docteur
Moreau…
Nature de la contrainte exercée par celui qui commande – c’est la question de la mesure, de la
manipulation/persuasion par rapport à la coercition physique.
Robert Dahl définit le pouvoir dans Who governs ? comme la capacité de faire faire aux autres ce
qu’on veut, et ceci avec l’usage ou la menace de sanction si nécessaire.
Quel que soit le degré de démocratie atteint, cet exercice du pouvoir reste le même – le pouvoir
étant avant tout un élément des relations sociales.
Les quatre premiers textes illustrent le caractère ambivalent du pouvoir et de la manière dont il est
perçu. Cette position est à la base de visions du monde opposées que l’on va retrouver dans la
doctrine, en philosophie comme en sciences sociales. On voit tantôt le pouvoir idéalisé, respecté –
ses manifestations sont alors marquées d’un sceau de très grande valeur ; tantôt on considère le
pouvoir comme mauvais, voire du mal par nature. Cette opposition fondamentale sur ce phénomène
se retrouve dans les œuvres politiques et scientifiques. On oppose ainsi la vision utopiste ou
idéaliste, qui repose sur une vision idéalisée de la nature de l’homme notamment et la vision réaliste
qui paraît bien incarnée dans le concept de realpolitik, qui analyse le pouvoir comme un élément
central et naturel des relations sociales. Il n’y a alors pas de prise de position morale sur cette réalité,
mais plutôt l’idée qu’avec le constat de cette réalité on doit l’organiser.
L’anneau agit sur les êtres quels qu’ils soient – vision pessimiste du pouvoir. Le pouvoir est mauvais
dans son essence, qu’importe d’où il vient. Il y a peut-être qu’un seul pouvoir qui trouve grâce aux
yeux de l’auteur : le ppe aristocratique, cad la légitimité de l’héritage, de la tradition.
On est à un moment clé de la vie politique, avec un problème de succession – choix du titulaire du
pouvoir. Beaucoup de questions sont abordées, notamment celle des motivations de celui qui veut
exercer le pouvoir, et les motivations de ceux et celles qui vont le chercher et qui donnent le pouvoir.
On a là aussi une dénonciation totale : d’abord il y a l’idée que le pouvoir est incompatible avec
l’épanouissement, personnel ou en termes de participation à la communauté, d’utilité. Ainsi
seulement certaines catégories d’êtres vont accepter d’exercer le pouvoir : les gens stériles, qui ne
sont pas capables de produire autre chose que cela. Il y a également l’idée qu’à partir du moment où
l’on rentre dans l’engrenage qui fait qu’on a sollicité le pouvoir, on ne peut pas revenir en arrière : on
doit se soumettre ou mourir.
De manière très fondamentale, poser la question du pouvoir revient à mettre en balance ses intérêts
et sa liberté – cf. Hobbes et sa théorie contractualiste. Mais c’est aussi se dder qui exerce le pouvoir
et dans quelles conditions. En ce sens il n’y a pas de règles naturelles de l’organisation du pouvoir, de
son exercice. Le choix des titulaires et des règles du pouvoir demande alors une très grande réflexion
et une très grande prudence, notamment au moment où se repose la question du pouvoir.
Il y a une règle fondamentale qui a été posée par les libéraux : le pouvoir a tendance à se transformer
en abus de pouvoir – le pouvoir politique à tendance à corrompre et à se corrompre. Le pouvoir
étant nécessaire mais dangereux, il est indispensable de l’encadrer pour le limiter. La solution du
dilemme ordre/liberté se fait par la recherche d’un équilibre institutionnel (ingénierie
institutionnelle). La constitution américaine est l’incarnation de cette tendance : elle s’appuie sur
Locke mais surtout sur Montesquieu et la séparation des pouvoirs.
Lord Acton : « le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument »
Description du risque de l’abus de pouvoir – l’organisation de la séparation des pouvoirs est un sujet
qui est tout le temps d’actualité (ex : décrets de Trump, affaire Fillon).
Madison : il n’y a pas de nécessité politique plus profonde que celle de la séparation des pouvoirs. La
première fonction du constituant est de répartir les compétences ; on institue des mécanismes qui
vont faire qu’un pouvoir ne pourra empiéter que jusqu’à un certain point sur un autre.
Dans les années 80 on commence à redécouvrir les institutions, et on déclare le retour aux théories
institutionnelles. Il y a notamment dans le raisonnement fondamentale des institutionnalistes l’idée
que les structures des gouvernements vivent d’une vie autonome – elles ont une influence sur les
comportements et les individus, donc elles sont des forces sociales. Par exemple les parlementaires
se comportent comme ils le font en grande partie parce qu’ils existent et qu’ils vivent à l’intérieur de
structures qui ont été établies en dehors d’eux et qui se sont renforcées au cours des années. C’est
aussi pourquoi les institutions dites démodées et donc inefficaces ont tendance à perdurer.
Tout ça pour dire qu’il y a des modes, des façons de regarder et de comprendre la réalité dans les
sciences sociales.
U 571 : film réflexion sur le commandement militaire, en tant qu’exercice solitaire du pouvoir, mais
aussi sur l’obéissance – le chef doit gagner le respect de ses hommes pour commander, mais il doit
pouvoir compter sur une obéissance sans faille. Cette nécessité de l’absence de discussion dans le
domaine militaire est pour le bien de la communauté, cad que l’obéissance au chef est également
très ambivalente : c’est à la fois une marque de respect pour tel individu, mais aussi c’est une
nécessité de l’organisation militaire.
Millgram : l’organisation sociale ne peut exister que s’il y a une propension des individus à se
soumettre au pouvoir.
Ils ont en commun la caractéristique de faire partie d’un jugement de valeur : on fait référence au
pouvoir, on le décrit et on s’y intéresse par rapport à des valeurs. La généralité de la
condamnation/éloge se comprend ainsi – on parle du pouvoir en général.
Le dernier texte est la définition : le pouvoir est un ensemble de relations qui sont nécessaires à
l’existence et au fonctionnement harmonieux du système politique – approche systématique du
pouvoir.
- l’ordre : c’est le cadre de toute relation politique, et la fonction du pouvoir est en particulier de
produire de l’ordre. Il y a une première définition négative : le contraire de l’anarchie. Mais plus
concrètement cela consiste en un certain nombre de règles, de ppes qui s’appuient sur des valeurs,
dans un sens très général une organisation. Y en a-t-il plusieurs conceptions ?
Le ppe de base était de former des groupes de discussion dans lesquels on voulait observer comment
émergeait les relations de pouvoir, d’autorité. Sur ce sujet, les hypothèses qui étaient présentées
n’étaient pas les mêmes, mais il y a qcch de commun : l’apparition d’un phénomène considéré
comme majeur – des leaders qui dominent le groupe. On s’aperçoit qu’il y a des individus qui vont
jouir d’une influence et d’un prestige supérieur à ceux des autres.
Au-delà de cela, il n’y a pas de résultat absolu : les leaders qui vont s’imposer ont été classés en types
variés – ex : les leaders conformistes (= obtient de l’influence parce que le groupe se reconnaît en lui)
vs. les leaders marginaux (= obtient de l’influence du fait d’une différence) ; les leaders compétents,
techniques (= leur capacité, facilité à poser un problème ou à le résoudre) vs. les personnalités
séduisantes (= ils attirent la sympathie, et émergent à cause de cela).
Lorsqu’on compare ces différentes expériences, on constate que la répartition des résultats ne varie
pas de manière significative avec la nature du problème qui est posé au groupe. Si on pose un
problème technique, a priori on pourrait croire qu’il va émerger un leader technique ; ce n’est pas le
cas tout le temps. L’élément déterminant est donc la façon dont le groupe va concevoir, ressentir la
personnalité du leader.
En dehors du fait que même dans les régimes démocratiques censés reposer sur le consentement la
force est toujours présente ; elle incarner notamment par les forces de l’ordre. Mais il existe des
sociétés dans lesquelles le pouvoir repose sur la force nue.
Il peut difficile de distinguer une soumission consentie de celle qui résulte d’une manipulation des
convictions, de l’information…
- l’opinion d’intérêt : le sentiment de l’avantage général que l’on retire du gouvernement, cad un
sentiment lié à la conviction que le gouvernement est avantageux pour l’intérêt général – lorsqu’elle
prévaut elle procure au gouvernement une grande sécurité
Tout gouvernement est un gouvernement d’opinion : même le pouvoir le plus dictatorial doit
s’appuyer sur une catégorie d’élus. Le plus redoutable des tyrans a besoin d’être soutenu par un
certain nombre de forces sociales. Si ces cercles cessent de le soutenir, ils peuvent le renverser. Ainsi
il doit toujours jouir de leur consentement.
Il y a tout de même des pouvoirs qui montrent leur visage contrairement démasqué – ces régimes
reposent sur la peur et le sentiment d’insécurité.
L’extorsion de la soumission peut aller au-delà d’une action en vue de faire agir dans tel ou tel sens.
En effet, le fait de faire souffrir des gens constitue un registre du pouvoir (psycho-pathologique
« sentiment de toute-puissance »). Ex : le terrorisme analysé par Robert Misrahi dans un article du
Figaro du 15/17 octobre 2004 – volonté de se hisser au rang de commandeur politique.
Avec cette définition, le fait de commettre des actes terroristes propulse ceux qui les commettent au
rang d’acteur potentiellement politique dans la pratique du chantage, l’exercice de la violence.
On peut faire l’hypothèse que le caractère politique du terrorisme ne réside pas seulement dans
l’utilisation de la violence pour atteindre un certain nombre d’objectifs – ex : faire retirer des troupes,
faire libérer qqn, faire entendre un msg.. – mais également dans le pur exercice du pouvoir que
constitue la violence. Le fait-même de faire souffrir, d’angoisser les citoyens d’un pays constitue en
soi l’exercice du pouvoir politique au sens de domination. Il s’agit pour eux d’obtenir le max de
résultat par le max de souffrance infligée.
Cf. 1984 d’Orwell – comment un homme s’assure-t-il de son pouvoir sur un autre ? En le faisant
souffrir ; l’obéissance ne suffit pas. Le lien entre le pouvoir et la violence – c’est une question qui doit
être sans cesse réexaminée, reméditée.
Le pouvoir démocratique appartient au peuple – qui est le peuple ? ; Gouvernement par le peuple –
comment exerce-t-il le pouvoir ? Question de la démocratie représentative/directe – révolution =
discussion de comment cela s’aménage.
Autre élément important dans la question démocratique : le problème de la légitimité, cad du bien
fondé d’un régime à s’imposer et à gouverner. Il est lié aussi à la plus vieille et la plus fondamentale
des questions politiques : le devoir ou l’obligation de soumission au pouvoir politique. Pourquoi ils le
font ? Quels sont les processus, les conditions qui les encouragent à reconnaître l’autorité comme
fondée, donc comme acceptable ? Qu’est-ce qui fonde la stabilité de tel régime ? Cela met en
évidence la nature contestée de la légitimité.
Depuis la fin du XXe, la légitimité démocratique est devenue le seul fondement acceptable dans le
monde entier. Au moment de la fin de la guerre froide – cf. Fukuyama et La fin de l’Histoire. L’idée de
la fin de l’affrontement est appuyée sur le fait que l’acceptation, le consentement du peuple comme
fondement du pouvoir. Aujourd’hui on peut se poser la question de savoir si c’est véritablement le
seul fondement acceptable en politique.
- Des émeutiers envahissent les rues d’un pays émergent et on a des manifestations massives – ils en
ont assez de vivre dans la misère alors que les amis/famille de ceux qui sont au pouvoir vivent dans le
luxe. Même les décideurs économiques ont pris position en faveur d’une démission du président. Ce
dernier, qui craint pour sa vie, ordonne dans un premier temps à l’armée de se déployer et de tirer
sur la foule. Finalement l’armée se retourne contre le pouvoir et se joint aux manifestants. Le
président s’enfuit alors, et il se fait cette réflexion : il venait d’être sacré père de la patrie et sauveur
de son peuple. Finalement bien peu de gens l’ont soutenu au moment critique.
- Les membres d’un groupe extrémiste clandestin se réunissent dans un petit appartement pour
planifier un attentat à la bombe. Ce sont des gens politisés qui sont frustrés et exaspérés par une
situation qu’ils considèrent comme inacceptable, en ce qu’elle les prive de leurs droits nationaux.
Chacun a un pays, nous n’en avons pas – le gouvernement refuse de leur accorder une quelconque
reconnaissance politique, et ils sont même qualifiés d’ennemis de l’Etat. Dans ce pays, les
manifestations politiques sont violemment réprimées, et en conséquence les militants se sentent
acculer à faire passer leurs messages et leurs revendications par la force. Ils font leur bail, tuant des
passants (innocent bystanders). Ils estiment qu’ils ont ainsi progressé de manière significative, et son
satisfaits de leur action.
- Un président américain est en train de faire marche arrière sur une question politique. Il a été élu
sur un programme simple, qui semblait le positionner très clairement d’un côté du débat. Une fois au
pouvoir, il réalise à quel point ce problème est compliqué, et combien il est difficile d’arriver à
imposer ses vues au Congrès d’une part, mais aussi à la bureaucratie et aux groupes d’intérêt. En
conséquence, il dilue quelque peu sa politique. Il exprime par ex son désir d’arriver à un compromis,
et il essaye d’apparaître comme un modéré sur le problème en question. Les critiques, notamment la
presse mais aussi l’opposition, l’accusent alors de tergiverser donc d’être incapable de mener une
politique cohérente. Avec une certaine amertume, il se fait la remarque que c’était justement ce
dont il accusait son adversaire lorsqu’il n’était pas au pouvoir, et il entreprend une modification de sa
ligne politique.
Premièrement, ces évènements relèvent tous de la politique cad qu’ils mettent en jeu des groupes
de gens aux intérêts en conflit, et en compétition pour le pouvoir politique. Ils illustrent des
problèmes essentiels de légitimité, et ces trois exemples illustrent les trois concepts :
- légitimité : les émeutiers n’obéissent plus au régime – il a perdu sa légitimité. Au départ le concept
de légitimité vient de la naissance légitime – le roi et/ou la reine sont sur le trône pour des raisons de
naissance légitime. Depuis le concept s’est élargi pour désigner le droit légal de régner, mais aussi un
droit psychologique moral de gouverner. Quoi qu’il en soit, la légitimité se raccorde donc à l’idée
selon laquelle le gouvernement est fondé. Ainsi même si le gouvernement est impopulaire, de
manière général nous nous conformons à ses directives. Les problèmes commencent au moment où
ce sentiment de légitimité s’effrite – on commence à questionner les agissements du gouvernement,
et on se sent moins obligé d’obéir et de respecter la loi. Une fois la légitimité disparue, aucune
menace de coercition ne peut forcer les gens à obéir. Elle s’appuie donc sur le consentement des
gouverné, selon la formule de la déclaration d’indépendance des EU.
- souveraineté
- autorité
Leçon : voir politique et démocratie
La coexistence nécessite une autorité de régulation, cad qui a la possibilité de faire des choix et de les
imposer en vertu de son autorité. Ce pouvoir régulateur peut se décomposer en différentes
manifestations :
- le pouvoir de dire, cad dire ce que l’on peut ou ne peut pas faire dans une société donnée – ainsi
l’une des manifestations du pouvoir est de dire le droit. Cependant on ne peut pas réduire le pouvoir
politique de dire à celui d’émettre la règle de droit. C’est aussi le pouvoir de qualifier l’ennemi du
groupe social, le comportement punissable et d’identifier clairement son auteur.
- le pouvoir de faire les choix, cad de décider des politiques menées pour la collectivité.
- le pouvoir de contraindre à agir selon les règles/injonctions de ceux qui commandent au nom de la
collectivité – question de la force blablabla
Affaire Fillon – on lui reproche d’avoir exercé le pouvoir et d’avoir abusé des avantages attachés à cet
exercice. Cela amène à se demander qui définit l’abus de pouvoir dans un régime démocratique. Qui
fixe les règles ? Comment les fait-on appliquer ? Discussion sur la place du juge en tant que pouvoir
politique
* légitimité again
Roskin :
- La longévité donne une certaine légitimité : les gouvernements établis depuis longtemps sont
généralement respectés par leurs citoyens légitimité par la tradition (conception anglaise dont ont
hérité les américains. A contrario les nouveaux régimes sont fragiles parce qu’il leur manque le
respect que l’on considère comme naturel pour les institutions enracinées.
Au RU, Tony Blair arrivé en 1997 va toucher à la structure constitutionnelle, avec notamment
l’abolition du principe des Lords – « rendre le pouvoir aux périphéries » - nouvelle vision de la
légitimité parlementaire ; l’abolition de la chasse à courre…
- Il peut aussi être légitime parce qu’il peut être « bien » - ex : qui assure la croissance, le
développement éco, qui protège les citoyens… - sur cela s’appuient de nombreuses théories
matérialistes.
La souveraineté : dans le 2nd exemple, les terroristes contestent non seulement la légitimité du
régime mais aussi celle de l’Etat. Ils veulent donc détruire la souveraineté du pays et le remplacer par
un autre Etat souverain. La légitimé désignant le droit d’un gouvernement à agir, la souveraineté
désigne le droit d’un gouvernement à exister et à agir.
Les conflits de souveraineté sont parmi les plus difficiles auquel le monde a à faire face.
La souveraineté n’est-elle qu’une question de droit ? Il s’avère dans certains cas qu’il s’agit d’une
question de capacité – pouvoir / puissance.
L’autorité : dans el 3ème exemple le leader du régime dispose d’un très haut degré de légitimité et de
souveraineté, mais qui n’est pas capable de faire sentir son autorité (= capacité d’un leader à obtenir
l’obéissance). Certains politologues la distingue d’autres formes de pouvoir, ainsi seule l’autorité
s’appuie sur l’obligation des gouvernés à obéir à leur chef en vertu du pouvoir légitime attaché à ses
fonctions et à son statut – ex : un automobiliste obéit au gendarme sur la route. Ceci dit on s’aperçoit
que tout le monde n’obéit pas nécessairement à l’autorité, même si elle est légitime.
On peut dire qu’une partie de l’autorité vient avec le statut/fonction (« commander par le grade »).
Mais elle doit être cultivée, car l’autorité est une relation psychologique entre des individus. Pour
reprendre l’ex, le président US hérite d’une grande autorité du fait de son statut – onction du
suffrage universel – mais il doit s’appuyer sur le consentement pour pouvoir survivre.
Cf. The Guardian du 10/03 – Daniel Boffey Polish PM ridicules François Hollande’s 4% poll rating in
Tusk row
L’environnement de l’exercice de l’autorité – ex : la blouse met l’accent sur les distinctions qui
fondent le pouvoir, donc manifeste la légitimité. Ainsi la suppression de la structure, l’environnement
affaiblit la légitimité, le pouvoir lui-même.
Weber dégage trois types de relations de pouvoir – ensemble de de valeurs et de représentation qui
feront de la personne une autorité politique. Il s’intéresse aux justifications de l’obéissance à
l’autorité. « Tout véritable rapport d’autorité comporte un minimum de volonté d’obéir, et ni la
contrainte, ni la coutume, ni des motifs purement affectifs, ni des intérêts matériels, ni des mobiles
idéaux ne peuvent suffire en eux-mêmes à inspirer durablement cette volonté d’obéir, et donc à
établir les fondement sûrs de l’autorité ». Ainsi l’autorité s’appuie sur un système de croyances, qu’il
faut entretenir car à la différence du pouvoir comme puissance qui peut s’imposer en extorquant
l’obéissance qui reste fragile, l’autorité vise à instituer un système cohérant et stable, donc on vise le
consentement. En conséquence le signe du consentement, qui est la docilité vis-à-vis du pouvoir,
provient de la croyance générale qui renvoie à une représentation, cad à une conception donnée de
l’ordre et du pouvoir juste. C’est un ensemble de valeur qui justifie les normes et les formes
particulières que le pouvoir prend dans les différentes sociétés.
- légitimité traditionnelle : héritage dans le sens de l’histoire, mais également l’expression du lien
familiale - par cette transmission l’autorité reçoit une vocation à exercer le pouvoir, idée de l’ordre
naturel des choses qui sera opposé à l’ordre rationnel. Il y a l’idée du bien-fondé plus que de la
répétition dans le passé.
Le cas des EU est un bon exemple de ce que Weber appelle le mélange de ces caractères – le ppe ne
se trouve jamais à l’état pur dans le social. Depuis la mort de Kennedy, il est resté l’idée que les
Kennedy sont toujours susceptibles de retrouver le pouvoir (cf. article Le Monde moodle) – vocation
à exercer le pouvoir. Idem pour la dynastie Bush.
- la légitimité charismatique : cette idée a connu un très grand succès, et le mot est passé dans le
langage courant – cela ne fait qu’accroître son ambiguïté. Le mot charisme provient du grec karis = la
beauté, le charme, la grâce… Il appartient donc au langage religieux et désigne l’ascendant qu’exerce
un certain nombre d’individus, le premier étant le prophète – personnage charismatique qui a reçu la
grâce de dieu. On leur obéit en raison de la foi que l’on a en eux.
L’autorité présente deux caractères : elle est très grande cad qu’elle peut conduire des hommes à
des actes inattendus, et il ne tire pas son autorité d’une situation préexistante – elle vient de lui-
même.
Pour comprendre cela, on pense à un certain nombre de personnages politiques – ex : Hitler, De
Gaulle, Napoléon Bonaparte (c’est un perso différent en ce qu’il est aussi un chef de guerre au sens
de chef de bande).
Ce type de légitimité débouche sur des institutions précaires, le pouvoir étant lié à la légitimité d’un
seul individu – l’institutionnalisation du charisme est difficile. Panebianco a fait notamment dans un
ouvrage où il fait une analyse de ce qu’est le phénomène partisan, et tente en typologie des partis
politiques. Il explique qu’il y a différents types de partis politiques, et on peut proposer un certain
nombre de critères – ex : le parti charismatique, cad qui naît et se développe autour d’un leader, une
personnalité. Il met en avant un certain nombre de caractéristiques, notamment deux choses très
importantes : sa genèse cad comment il naît et il se développe, et le degré d’institutionnalisation. Les
conditions de naissance d’une organisation sont absolument cruciales pour son développement.
En 1799 Bonaparte et Sieyès soumettent la constitution au peuple via référendum « t’en fais pas y’a
Bonaparte » - l’important c’est le personnage de Bonaparte.
A cette démarche de rationalisation du politique on peut associer la séparation des pouvoirs – pour
qu’aucun groupe ne puisse posséder tous les pouvoirs.
- règles abstraites
- pouvoir impersonnel
- n’obéissent pas à la personne mais à des règlements personnels – dans la limite de la compétence
objective rationnellement délimitée
L’idée sur laquelle s’appuient ces ppes, c’est que le pouvoir est le résultat d’une délégation qui est
prévue et organisée par ces règles. La légitimité traditionnelle et la légitimé charismatique n’ont qu’à
être elles-mêmes, alors que la légitimité rationnelle-légale doit en outre justifier son contenu, donc
elle étend la sphère de ce qui est problématique, donc du politique.
Pour Weber, cette domination est emblématique de la modernité, et elle s’incarne donc aussi bien
dans l’entreprise politique institutionnalisée (l’Etat) que dans la grande entreprise éco créée par le
capitalisme, mais aussi dans tous les groupements complexes où les besoins de l’administration de
masse ont rendu inévitable et imposé la supériorité technique du modèle bureaucratique de division
du travail social. Ainsi la validité de la légitimé qui fonde la domination légale repose sur la croyance
en la légalité des règlements arrêtés et du droit de donner des directives contre ceux qui sont
appelés à exercer la domination par ces moyens.
N’importe quel droit forme donc ainsi un cosmos de règles abstraites qui peut être établi
rationnellement par le pacte ou par l’octroi, orienté vers la rationalité en finalité ou vers la rationalité
en valeur, et qui impose des règlements impersonnels à toutes les relations entre dominants et
dominés, en fixant à l’exercice du pouvoir les normes et les limites d’une compétence objective
rationnellement délimitée.
Par conséquent le détenteur légal type du pouvoir, lorsqu’il statue et également lorsqu’il ordonne,
obéit à l’ordre impersonnel par lequel il oriente ces dispositions.
- l’existence d’une activité continue des fonctions publiques liée à des règles
- cette activité se produit au sein d’une compétence, d’un ressort, qui signifie un domaine de devoir
d’exécution…..
Parce qu’elle a prouvé son efficacité comme forme de pratique organisationnelle… Cette efficacité
traduit l’aboutissement du ppe de rationalité qui oriente l’activité du monde occidental depuis au
moins la fin du XVIIIe. La démocratie représente par excellence le processus de dissociation d’avec la
sphère de propriété donc la sphère personnelle. C’est l’épanouissement d’une structure universaliste
qui doit permettre à l’Etat de mener à bien sa mission au service de l’ensemble de la collectivité.
On les trouve déjà chez Weber – si on s’interroge sur le développement et l’actualisation historique
de ce schéma on s’aperçoit qu’on est loin des appareils administratifs conformes à cet idéal.
David Graeber – On the phenomenon of bullshit jobs (Strike ! 17/08/13) – The utopia of rules
Anne Mandeville – the maintenance of order in a changing state. The reform of policing in the UK
La question de la contestation du ppe légal-rationnel – elle est visible dans les sociétés
démocratiques libérales depuis qques temps, et il y a une complexification de ce raisonnement qui
est le problème du lien entre le ppe libéral et le droit (la loi), l’idée étant que la loi affranchit
l’individu avec le contrôle du pouvoir.
Or on s’aperçoit aujourd’hui que ce ppe sur lequel s’est développée la bureaucratie – l’administration
au travers de la norme – est allé trop loin : le ppe légal-rationnel produit des effets complétement
irrationnels. Ainsi il y a une contestation très profonde. Le pouvoir est donc appuyé sur le droit, mais
ce qui est à sa source c’est le peuple.
Ce qui est contesté c’est la légitimité du pouvoir démocratique – on est dans un reversement du
problème de la légitimité.
Le fait qu’une partie importante de la population refuse d’appliquer une loi ou un texte
réglementaire porte en soi une menace pour le ppe-même de la démocratie. Cette difficulté est ajd
amplifiée par le fait que les mobiles de la politique sont de plus en plus flous, alors que la base du
système réside dans ces causes (ex : droits de l’homme).
En réalité, l’actualité de ces réactions que certains appellent épidermiques montre la vitalité d’une
thèse avancée par Thoreau au XIXe, à savoir que la désobéissance civile est inhérente à la société.
Ce livre invite à considérer la désobéissance civile comme symptôme de l’état dans lequel se
trouvent les pratiques de la démocratie dans la France contemporaine.
Ralph Waldo Emerson : la question de la démocratie est la question de la voix. La résistance a bien sa
place en démocratie, car elle traduit le fait que tout n’est pas accepté dans la société. Elle est née en
contexte démocratique – on a non-seulement le droit mais surtout le devoir de résister lorsque le
gouvernement agit contre ses propres principes.
La bureaucratisation du monde à l’ère néo-libérale – B. Hibou : elle introduit ses propos avec l’étude
d’un cas qu’elle va décrire de manière approfondie (« Alice au pays des merveilles de la bureaucratie
néo-libéral »).
Nossiter : Résistance naturelle – vignerons naturels qui cultivent sans respecter les normes
bureaucratiques
L’idée c’est de regarder les liens entre les différentes activités sociales et le pouvoir bureaucratique.
Ce film met en avant une critique de ce pouvoir, qui se manifeste de différentes manières et à
différents niveaux.
Ce qui est évoqué, c’est la question de la compétence (= savoir dans la légitimité rationnelle-légale).
Le second point de rejet, c’est la question de neutralité. Elle est battue en brèche par la
transformation de la bureaucratisation baptisée management. L’administration a perdu sa neutralité
parce qu’elle est au service de certains intérêts – ex : industrie.
Le problème c’est que l’activité bureaucratique s’est transformée en machine à créer des définitions,
des contraintes, et surtout du contrôle de toutes les activités sociales – à tout niveau du pouvoir
politique. Le cas de l’agriculture est particulièrement révélateur : on a un processus de politisation
bureaucratique d’une activité fondamentale – c’est une activité qui est au centre de la vie humaine,
ce pourquoi le pb est posé en termes de vie ou de mort.
Ce qui paraît rationnel se révèle finalement irrationnel : les coûts de production des nouvelles
normes sont très élevés ; les coûts de l’entretien d’une administration pour encadrer l’activité sociale
et économique également ; les coûts de production, d’acquisition, de distribution voire d’utilisation
des nouveaux moyens au sens très large ; le coût économique et coût social très élevé.
Mais du point de vue de l’exercice du pouvoir politique, c’est beaucoup moins irrationnel.
Même chose pour l’éducation : on a dépossédé les acteurs productifs – éléments qui sont sur le
terrain de la relation pédagogique – au profit de techniciens et de spécialistes : les chercheurs en
science de l’éducation.
Il y a une perversion des notions de compétence et de rationalité : elles ne reposent plus sur la
possession d’un savoir technique (= acquis par la formation, par l’expérience) mais sur la
connaissance et l’application de normes, souvent abstraites, élaborées par les bureaux et par les
chercheurs.
Les dégâts du constructivisme : l’enfant construit lui-même son savoir ; le maître n’en sait pas plus
que l’élève. Ainsi on est plus dans une logique de transmission de savoir, mais une logique
idéologique.