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Enseignement de Rav Moshé Weiner lors de la convention du 24 sivan

5779 (27 juin 2019) organisée à Jérusalem par la Fédération Noahide


Francophone dont la Présidente est Tsipora Hodaya Antonietti. Etaient
également présents le Rav Daniel Cohen, Rav Ouri Cherki, Rav David
Touitou.

Le Rav Moshé Weiner est l’auteur de nombreux ouvrages pour les bnei
Noah dont le sefer sheva mitswot Hashem (3 Tomes) le Code de Lois
pour bnei Noah, publié en 2008/2009 qui est le résultat d’un projet lancé
par Ask Noah International en 2005.
Tome I Commandements entre l’homme et D.ieu (396 pages)
Tome II Commandements entre l’homme et son prochain (396 pages)
Tome III Etablissement et administration de Tribunaux et de Lois justes
(224 pages)
(Traduction française par Rav Emmanuel Israël Rahamim directement des propos de Rav
Moshé Weiner-en hébreu- lors de sa prise de parole à la conférence) :

Le Rav Weiner revient sur une question qui lui a été posée par nombres de bnei Noah
qui demandent pourquoi il y a cette pluralité d’opinions en ce qui les concernent.
Certains Rabbanim leur disent qu’il faut faire comme ceci, d’autres Rabbanim diront
qu’il faut faire comme cela ; pourquoi il n’y a pas une seule Torah unique proposée
par les mêmes Rabbanim de manière commune.
Pour entrer un peu plus profondément dans cette question, le Rav a demandé quel est
l’intérêt d’avoir des mahloqète (divergences d’opinions) dans le Talmud ? On a
souvent Rabbi Yossi qui dit comme ceci, Rabbi Yéhouda qui dit comme cela, Rabbi
Aqiva qui propose une autre opinion….Pourquoi il n’y a pas une seule et même Torah
proposée par tous les Rabbanim à l’ensemble du public ?

Le Rav veut parler d’un deuxième point intimement lié à la question précédemment
posée, qui est la question de l’établissement de groupes de bnei Noah. Comment peut-
on établir de véritables groupes de bnei Noah, avec un Rav qui va parler de manière
claire et précise et que les fidèles devront écouter, comment délimiter ce groupe,
comment faire en sorte de comprendre que tel groupe est véritablement dans le droit
chemin si l’on peut dire, et tel groupe serait en dehors de ce système là. Comment
reconnaître ce qui est valable de ce qui ne l’est pas ?

Pour bien introduire la réponse il faut prendre conscience que la Torah ce n’est pas un
simple système de lois fixes. La Torah ça correspond tout simplement au Nom de Elo-
qim, c’est-à-dire à D. ieu qui descend en nous et qui va s’habiller en quelque sorte en
nous à partir du moment où on étudie la Torah et qu’on applique les mitswot. Ceci est
la véritable valeur profonde de la Torah.

En fait il faut prendre conscience qu’il y a Un Seul D. ieu, que ce soit à partir du
moment où on pratique la Torah en tant que Juif ou en tant que ben Noah, tout
provient véritablement d’Un Seul D. ieu. Celui qui n’a pas conscience de cela est tout
simplement en dehors de la réalité.
Pour appuyer ses dires le Rav s’est basé sur un verset qui est dans le livre de dévarim
(deutéronome) « Tu prendras conscience et tu mettras cela dans ton cœur que Hashem
est Le D. ieu dans les cieux supérieurs et sur terre ici dans ce bas monde, il n’y a pas
d’autres dieux ».

Le Rav se base maintenant sur les enseignements de Rabbi Shnéour Zalman de Lyadi
(premier Rabbi de Loubavitch) dans le livre du Tanya, où il met en exergue la notion
de Hashem youd-qé-vav-qé, qui représente l’unité, et la notion de Elo-qim qui est un
nom pluriel, qui représente la pluralité. A priori il a l’air d’y avoir dichotomie,
contradiction, opposition et donc maintenant il est question de savoir comment
concilier ces deux notions.

Dans le Tanya il met l’accent sur le début du verset qui dit « Tu devras savoir et
graver cela en ton cœur ». C’est-à-dire que maintenant il va falloir comprendre ce que
le verset veut nous dire. Nous savons ce que Elyahou hanavi (le prophète) a dit au
Mont Carmel, ce que l’on répète à la fin de l’office de yom kippour « Hashem hou
haEloqim (Hashem est D. ieu) ». Qu’est-ce que cela veut dire finalement et comment
peut-on prendre conscience de ce que veut dire l’enseignement profond de ce passouq
(verset) ?

Maintenant nous commençons à répondre à l’ensemble de ces questions :


Le Nom de youd-qè-vav-qé, Hashem, représente le D. ieu Créateur qui Est capable de
créer ex nihilo (à partir de rien). Il s’agit de quelque chose que nous, humain, ne
pouvons pas véritablement comprendre.

Après avoir parlé du Nom youd-qé-vav-qé qui est intemporel, au-delà de toute
perception humaine, d’où le nom en français de « L Eternel » pour youd-qé-vav-qé, le
Rav est passé à une explication du Nom de Elo-qim. C’est un Nom qui désigne le
pluriel, Elo-qim est un mot pluriel, et non seulement c’est un mot pluriel mais c’est un
des mots de la Torah qui se décline en une infinité de manière : nous avons Elo-qim
qui veut dire D. ieu, Elo-qéha ton D. ieu, Elo-qénou notre D. ieu Elo-qé D. ieu
de…etc Le Nom Elo-qim fait donc référence à la pluralité par rapport au Nom de
youd-qé-vav-qé qui représente Hashem dans Son essence unique.

En conséquence, le Nom de Elo-qim correspond à l’habillement, si l’on peut dire, à la


représentation de D. ieu dans la nature (création), moi, vous, cela fait référence à une
sorte de pluralité. Le Nom de Elo-qim correspond à l’habillement du Nom de youd-
qé-vav-qé dans la pluralité.

Le Rambam, au début de son célèbre Yad Hahazaka (Mishné Torah) nous dit que l’on
doit réfléchir, prendre conscience, méditer sur le fait que le Nom youd-qé-vav-qé
représente une unité qui est au-delà de toute perception. Il ne s’agit pas simplement
d’unir deux éléments distincts, c’est une unité qui est absolument infaillible, c’est
quelque chose que l’on arrive pas à percevoir en tant qu’humain mais malgré tout il
convient de réfléchir autant que possible, de prendre conscience, de comprendre au
maximum cet élément là.
Cela va de paire avec le passouq que l’on répète en permanence « shéma Israël
Hashem Elo-qénou Hashem Ehad (Ecoute Israël Hashem Est notre D. ieu Hashem Est
Un) » Ecoute Israël, c’est Hashem qui Est au-delà de toute perception humaine qui Est
Elo-qim et qui va s’habiller dans le monde, et Hashem Ehad c’est ce même Hashem
qui Est Un d’une Unité totale.

Le sens profond de ce passouq est de dire qu’il n’y a pas de contradiction entre
Hashem et Elo-qim. C’est le même Hashem qui va s’habiller, se contracter dans le
Nom de Elo-qim mais dans l’absolu, au final c’est le même Hashem et c’est à ce
propos là qu’il va y avoir un des prophètes qui va nous dire « Je Suis Hashem Je n’ai
pas changé ». Malgré le fait que le monde ait été créé, malgré la pluralité que l’on peut
percevoir dans le monde il s’agit du même D. ieu du même Hashem qui Est Un au-
delà de toute perception possible. Comment peut-on arriver à comprendre, à percevoir
cela ? C’est simplement en aillant foi en Hakadosh Baruh Hu en étant habité de cette
foi qui est au-delà de tout intellect possible. C’est cette foi que l’on exprime en
récitant le passouq Shéma Israël Hashem Elo-qénou Hashem Ehad.

La Torah qui a été donnée au Mont Sinaï correspond véritablement à tout ce que l’on
est en train de dire. Nous savons que la Torah vient de l’essence profonde de D. ieu.
Elle correspond à une sorte de représentation, elle nous permet de comprendre que D.
ieu Est Un au-delà de toute perception possible et pourtant c’est cette Torah qui va
s’habiller dans le monde, qui va rentrer dans notre intellect, qui va habiller notre
pluralité. C’est exactement ce que nous retrouvons dans le Talmud ; quand on a cette
mahloqèt (divergence d’opinion) entre beth Shamaï qui dit ceci, beth Hillel qui dit
cela…finalement qu’est-ce que conclue la guémara là-bas ? Elle dit que eux et eux ce
sont des propos divrei Elo-qim Haïm (Paroles de D. ieu Vivant), c’est la Torah qui
s’habille dans ce monde et qui est haïm, c’est vivant, c’est lié malgré cette opposition
que l’on peut avoir, tout est lié à l’essence Unique et au-delà de toute perception
représentée par le Nom youd-qé-vav-qé.

Nous avons dans la guémara de Sanhédrin un apostat qui vient poser la question à
Rabban Gamliel en disant « vous dites que à partir du moment où il y a dix personnes
qui se réunissent pour prier, à ce moment là il y a La Présence divine qui réside en
cette endroit là, mais combien de eloqim, combien de dieux avez-vous ? » Rabban
Gamliel dans sa grande sagesse va lui répondre par la parabole du soleil. Le soleil peut
illuminer une maison de différentes manières, elle peut être très éclairée par le soleil,
moins éclairée…tout dépend de la fenêtre, il peut y avoir une fenêtre teintée, une
fenêtre transparente, une fenêtre avec des rideaux, ou sans rideaux…donc la
luminosité dans la maison sera différente en fonction de ceci ou de cela mais ça ne
change rien au soleil lui-même. Ce que veut répondre Rabban Gamaliel à cet apostat
est que à partir du moment où il y a dix Juifs on a une sorte de fenêtre différente, une
sorte d’ouverture vis-à-vis de Hakadosh Baruh Hu qui est différente et qui nous
permet de voir plus clair si l’on peut dire.

Pour revenir au passouq Shéma Israël, quel est le véritable hidoush, quelle est la
véritable nouveauté que l’on peut apprendre de ce verset ? Le Rav pose la question,
qu’est-ce qui est plus fort ? Est-ce de dire que finalement D. ieu Est au-delà de tout le
monde et, si on peut dire ainsi, qu Il n’en a rien à faire de ce monde, ou est-ce que
c’est de dire que malgré la notion d’opposition, de pluralité, de différenciations on
arrive à voir quand même le fait que Hashem Soit Un ? C’est la deuxième option qui
prévaut. C’est de dire que finalement, comme on a l’habitude de dire on a parfois deux
Juifs mais trois synagogues, malgré cela on a Un Seul et même D. ieu. Toi tu peux
dire ceci, toi tu peux dire cela, tel Rav va dire d’une autre manière… au final ça
revient au même D. ieu tout est lié au D. ieu Un, à partir du moment où bien
évidemment tout va dans le sens de la Torah et des mitswot.

Au final ce n’est plus une question de dire pourquoi il y a cette pluralité, au contraire
il faudrait dire Grâce à D. ieu nous avons cette pluralité parce que si la Torah était une
et unique, si les propos étaient tous les mêmes ce serait une Torah morte, si l’on peut
dire comme ça has véshalom, mais au contraire ce que Hakadosh Baruh Hu Veut c’est
que malgré cette question de différence on arrive à retrouver le même D.ieu, ce D. ieu
qui a parlé dans la bouche de beth Shamaï c’est le même D. ieu avec la même vitalité,
avec la même Unité qui va parler dans la bouche de beth Hillel. Pourtant ils ne disent
pas forcément la même chose mais en réfléchissant on peut retrouver l’Unité une et
unique de Hakadosh Baruh Hu.

Pour revenir à la deuxième question posée par le Rav au début de son discours, à
savoir comment établir des groupes, et bien justement avec tout ce qu’a dit le Rav
nous avons la réponse. Malgré toute cette différenciation dont on a pu parler, ou plutôt
grâce à cette différenciation nous allons pouvoir établir véritablement des groupes, un
groupe qui va penser comme beth Shamaï, un groupe qui va penser comme beth
Hillel, un groupe qui va parler de telle manière ou de telle manière, cela peut tout à
fait se faire et doit être fait, mais attention, cela doit être fait véritablement dans
l’esprit de la Torah ! Parce que avoir toute sorte d’oppositions, de différenciations
effectivement c’est bien, ça peut être constructif mais encore une fois si c’est
accompagné de cette intention divine parce que sinon il risque de se passer que tel
groupe va se former de manière un peu folklorique, has véshalom, et chacun va mettre
sa sauce et va dire ce qui l’intéresse…mais ce n’est pas ça finalement, c’est pouvoir
réaliser cette pluralité mais dans une intention divine. C’est cet enseignement
principal que veut nous donner le Rav ce soir.

Le Rav conclut en disant que le Rambam dans Hilhot Melahim 8.10-11 dit que Moshé
Rabbénou qui a reçu la Torah nous demande à nous (Juifs) d’obliger, de demander à
tous les humains dans le monde, à tous les bnei Noah, d’accepter la Torah, d’accepter
les sept Lois parce qu’elles ont été données à Moshé Rabbénou. C’est-à-dire que
quelqu’un qui accepte ces sept Lois parce qu’elles ont été données à Moshé Rabbénou
au Mont Sinaï, alors un ben Noah qui les accepte avec cette intention là peut être
véritablement qualifié de ben Noah et de Juste parmi les Nations. A contrario celui qui
n’est pas capable de faire une chose pareille, has véshalom, alors non seulement il
n’est pas un ben Noah juste, il n’est pas un Juste parmi les Nations mais il ne fait
même pas parti des Sages parmi les Nations.
Il faut donc créer des cercles d’études tout en étant chacun avec ses opinions et ses
pensées mais dans l’esprit de Moshé Rabbénou.

Transcription de la vidéo par David, ben Noah, le 27 sivan 5779 (30 juin 2019)

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