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Sur la Religion des Pictes et les derniers

druides d’Écosse
Michel-Gérald Boutet, Drummondville, Québec, mai, 2016

Vouloir décrire la religion des Pictes c’est comme tenter l’impossible. Sur les
croyances, us et coutumes des Pictes ou Calédoniens, nous ignorons tout ou
presque! Mis à part quelques mentions d’auteurs grecs ou romains, nous n’avons
à l’étude que quelques récits médiévaux tardifs semi-légendaires, tel celui de
Bede et de son Histoire ecclésiastique d’Angleterre. Ils n’ont pas laissé de traces
numismatiques et nous n’en savons pas plus non plus sur leurs dieux ainsi que
leurs mythes. Nous n’avons donc rien qui puisse se comparer à la riche matière
d’Irlande ou encore à celle de leurs voisins brittoniques insulaires. Par contre, là
où les Pictes sont le plus démonstratifs c’est par la richesse de leur sculpture sur
pierre. De fait, ils ont donné à la postérité un important mobilier lithique sculpté
et gravé qui laisse voir ici et là une iconographie symbolique qualifiée de «
laténienne » par les spécialistes du domaine de l’histoire de l’art et qui
s’agrémente parfois d’oghams… Le tout peut se lire comme une bande dessinée,
mais où le texte, un peu trop lapidaire, demeure désespérément cryptique. Bref,
les Pictes ont savamment gravé la pierre comme les Gaëls ont illuminé les pages
de leurs manuscrits. Certains y ont vu les précurseurs des francs-maçons
d’Écosse.

Stèle commémorative picte gravée d’Hilton de Cadboll, Ross et Cromarty (VII e ou VIIIe siècle de
l’è. c.); détail illustrant une dame à cheval avec une scène de chasse. L’image est non sans
rappeler l’art gaulois entourant Epona. D’après une photo du Museum of Scotland.

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Pour les Romains, comme en témoigne Tacite dans sa Biographie d’Agricola, XI, 1,
les Calédoniens sont indissociables des Bretons et il ne remarque rien de
particulier sauf pour un détail : la couleur de leurs cheveux qu’il comparait à
celle des Germains. En latin, le terme germanicus, qui servait à définir les voisins
transrhénans des Gaulois, venait du latin germanus, « frère, parent, véridique »;
de germen « germe, semence ». Contrairement à ce qu’affirme Tacite, les
Calédoniens n’étaient pas d’origine germanique. Cependant, le passage qui suit
est important parce qu’il situe la culture des Bretons en continuité avec celle des
Gaulois.
« Quant aux premiers occupants de l'île, on ne peut savoir avec certitude, comme c’est
souvent le cas pour les peuples barbares, s’il s’agit d'autochtones ou s'ils sont venus
d'ailleurs. Les Bretons présentent plusieurs types physiques permettant d'étayer autant
d'hypothèses. Par exemple, les cheveux roux des Calédoniens, ainsi que leurs membres
allongés, attestent d’une origine germanique. Basanés et souvent crépus, les Silures, dont
le territoire est opposé à l'Espagne, donnent à penser qu'autrefois des Ibères ont traversé
la mer et se sont fixés sur leurs terres. Ceux qui vivent le plus près de la Gaule
ressemblent à ses habitants : soit l'origine ethnique reste marquante, soit le climat a
conditionné le type humain dans ces régions qui se font face. En examinant la question
dans ses grandes lignes, on peut, malgré tout, concevoir que des Gaulois ont occupé l'île
du fait de sa proximité : on peut y retrouver les rites et les croyances religieuses propres
à la Gaule; la langue n'est pas très différente; aussi téméraires que les Gaulois, les
Bretons aiment prendre des risques, mais devant le danger ils paniquent tout autant et
fuient. Toutefois, on trouvera plus combatifs les Bretons qu'une pacification de longue
date n'a pas encore amadoués. Nous savons que les Gaulois, eux aussi, étaient de
brillants guerriers. Par la suite, la paix les rendit nonchalants, car ils avaient perdu leur
bravoure avec leur liberté. Il en va de même pour les Bretons vaincus de longue date,
alors que tous les autres sont encore comme les Gaulois d'autrefois. »

Donc, pour Tacite, les Bretons, originaires du continent, pratiquaient la même


langue et avaient les mêmes rites et croyances que leurs voisins gaulois. Cette
proximité pouvait non seulement favoriser les échanges entre les deux rives de la
Manche, mais aussi, il semblerait, si l’on peut se fier à Jules César, que la
Bretagne en profitait le plus.
« On croit que leur doctrine a pris naissance dans la Bretagne, et qu'elle fut de là
transportée dans la Gaule ; et aujourd'hui ceux qui veulent en avoir une connaissance
plus approfondie vont ordinairement dans cette île pour s'y instruire. » (Jules César, De
la Guerre des Gaules - Livre VI, Les classes sociales. Les druides, 11.)

Plusieurs auteurs avancent que César faisait ici référence aux sites cérémoniaux
d’Avebury, incluant Stonehenge, qui continua à être fréquenté jusqu’à la période
2
romaine. Selon l’UNESCO, le complexe d’Avebury et ses environs du Wiltshire
est réputé pour être la plus grande concentration de tumuli de Grande-Bretagne.
Sur ce territoire on retrouve les sites archéologiques de l’Avenue, ceux des
Cursus, de Durrington Walls, de Woodhenge, du tumulus de West Kennet, du
Sanctuaire de Silbury Hill, des Avenues de West Kennet et de Beckhampton ainsi
que ceux des Palissades de West Kennet entourées elles aussi de nombreux
tumuli.

Bref, il y avait de quoi impressionner les Gaulois… mais, revenons aux Pictes.

Dans son Histoire ecclésiastique d’Angleterre, Bede le Vénérable (né vers


673, mort en 735) raconte ceci :
« Que les Bretons vinrent de Gaule est indéniable. Une autre branche de la race
celtique, les Goidels ou Gaëls, semble avoir occupé la Bretagne avant eux. Ils se
sont installés dans les régions du sud en premier. Lorsqu’ils prirent possession
d’une grande part de l’île à partir du sud comme il est rapporté, c’est à ce
moment que la nation des Pictes, voguant dans quelques navires de guerre par
la mer en provenance de Scythie fut repoussée par les vents au large de la
Bretagne sur les côtes du nord d’Irlande où ils débarquèrent. Ils rencontrèrent
là la nation des Scots qui les refusèrent malgré leurs insistances à s’y établir.
Malgré qu’elle soit plus courte au nord, l’Irlande est la plus grande des îles
après la Bretagne et se trouve à l’ouest de celle-ci s’étendant plus au sud loin
au-dessus du nord de l’Espagne, les deux terres séparées par une vaste
étendue de mer. Les Pictes donc, comme il fut rapporté, arrivent par la mer
exigeant qu’on leur concède un territoire afin de s’y installer. Sur ce, les Scots
leur répondirent que l’île ne pourrait contenir les deux peuples ensemble. «
Cependant, voici un bon conseil », dirent-ils, « afin que vous sachiez quoi faire,
nous savons qu’il y a une autre île non loin d’ici à l’est, que l’on peut apercevoir
par beau temps. Partez là et vous trouverez des établissements. Et si jamais on
s’oppose à vous, nous vous porterons assistance ». C’est ainsi que les Pictes
mirent les voiles sur la Bretagne et prirent les territoires du nord alors que les
Bretons gardèrent le sud pour eux. Puisque les Pictes étaient sans femmes, ils
demandèrent aux Scots qu’on leur en accorde. Ainsi, afin d’aplanir les rivalités,
les Scots acceptèrent cette faveur à condition que leurs rois soient choisis dans
la lignée maternelle et non dans celle du père comme il était alors en usage. La
coutume est bien connue et les Pictes l’honorent jusqu’à ce jour. Avec le temps,
mis à part les Bretons et les Pictes, il s’ajouta la nation des Scots qui migra
d’Irlande sous la gouverne de Reuda. Et ceci se fit en territoire picte par les
moyens de la diplomatie et de la guerre. C’est du nom de leur commandant que
le territoire fut dès ce jour appelé Dalreudini puisque dans la langue Scotique,
Dal signifie part. »

Bede affirme ici que les Pictes venaient de Scythie. Ceci ne doit pas être
pris au pied de la lettre puisque ce nom désigne tout territoire
continental se trouvant à l’est des îles. Il peut aussi bien s’agir du nord

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de la Belgique comme La Plaine de Hongrie ou Bohème, la terre de
Boïens, plus à l’est. Il ne faudrait pas conclure non plus que les Pictes,
par la transmission maternelle de la souveraineté, sont de souche pré-
indo-européenne. Ce que Bede décrit dans son Histoire est
vraisemblablement un contrat de vassalité par le fosterage des princes
calédoniens dans la famille de leur mère.

La langue picte
Les tribus celtes du nord de l'Écosse, les Caledones ou Caledonii, se faisaient
appeler Pictavi par les Romains puis Piktiaid, Ffichtiaid, par les anciens Bretons
et Cruitnigh par les Gaëls d’Irlande. La langue picte, une variante dialectale du
brittonique, aurait été parlée à Alba ou en Calédonie (Écosse, hautes terres et
basses terres) et probablement dans certaines régions orientales d’Ultonia (la
future province d’Ulster). En ce qui concerne le picte, comme c’est aussi le cas
avec les autres langues celtiques brittoniques contemporaines, on observe une
élision ou perte des désinences de déclinaison et de conjugaison. Bien plus
qu’une évolution linguistique normale, ceci indique une dégradation de la
grammaire classique qui était jusqu’alors maintenue artificiellement par les
druides. Peut-on alors parler d’une Académie bardique ? Cela dit, en dépit de la
survie de l’idiome, le processus d’assimilation au gaélique lors du Moyen Âge
christianisant signera sa perte.

Et comme le fit remarquer Joseph Monard dans son étude sur la grammaire
celtique, la langue picte des Qureteni (comme les Écossais goïdéliques les
appelaient) était un idiome dialectal du P-celtique. Qureteni viendrait du
goïdélique qurestos « arbuste » en coalescence avec le brittonique Pritanoi «
libres » ou Brittanoi « tatoués, peints ». Il était suffisamment différencié de
l’ensemble breton insulaire dans ses particularités pour être perçu comme une
langue distincte. Le picte se devine à travers certains toponymes, inscriptions
oghamiques ou par les minces données linguistiques glanées dans les textes
classiques ou les listes de noms de rois dans les manuscrits gaéliques d’Irlande.
Certains éléments du Picte sont également soupçonnés par certaines
particularités lexicales propres au langage des Qureteni gaéliques écossais et
mannois. Une bizarrerie se remarque dans les inscriptions en ogham par la façon
d’accentuer consones en doublant les lettres u, d, t et r.

En conclusion, pour la plupart des experts linguistes, la langue picte ne peut pas
avoir survécu le VIIIe siècle puisqu’elle a été assimilée par l’erse, c’est-à-dire le
gaélique d’Écosse.

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Les tribus celtiques de Calédonie

La majorité des tribus du Nord s’était coalisée principalement autour des


Caledones. S’agit-il d’une ancienne nation d’Albion ou d’un groupe récent
originaire de la Gaule Belgique apparenté aux Caletes (< Caletoi « Les durs ») ?
Chose certaine, leur présence fut assez durable pour qu’ils laissent leur nom au
territoire de Calédonie. Les autres noyaux ethniques se retrouvaient fédérés
autour de tribus brittoniques d’importance comme les Brigantes et Dumnonni.
Un peu avant l’intervention de César en Gaule, de 58 à 50 av. l’è. c., de
nombreuses populations continentales, dont les Helvètes, tentaient de traverser
dans les îles. Des Belges et autres familles issues des Gaules furent de ceux qui
réussirent à s’installer en Grande-Bretagne. Les récits irlandais parlent aussi des
Fir Bolg, Fir Galeoin et Fir Domnann qui envahirent l’Irlande. Par ces noms, il est
facile d’y reconnaître l’identité de ces gens. Les Fir Bolg sont les Belges alors que
les Fir Galeoin sont les Gaulois. Quant aux Fir Domnann, ils descendaient
d’une vieille tribu celtique du Devon. La Domnonée d’Armorique leur est
aussi dédiée.
Ethnonyme étymologie description
latinisé
Les Celedones, < Caledunioi < Gens de Caledonie;
Caledones ou *Caledodunioi « Les confédération de tribus
Caledonii durs » du nord d’Écosse dont
les : Cornovii, Smertae
(Caithness), les Caereni
Carnonacae et les
Creones de l’Ouest, les
Vacomagi (Cainrgorns)
Les Caereni < *Cairinoi « Petits
boucs »
Les Carnonacae < *Carnonacoi «
Trompeteurs »
Les Carvetii < *Caruetioi « Les Gens de la Cambrie au
cervins, de/à cerf » sud de l'Écosse dans
l’entourage des
Brigantes
Les Cornovii < *Cornouioi /
*Cornauioi « Cornus,
cornés, à cornes »
Les Creones < *Creunes < Cerunes /
Cerones « Foudroyants »
Les Damnonii ou < *Dumnnioi « Du Gens du Devon; cf. Fir
Dumnonii monde » Domnann (Irlande)
Les Epidii < *Epidioi « Chevalins » Gens d’Echdi (Kintire)
Les Novantae < *Nouantes « Les Frais » Gens du sud-ouest dans
l’entourage des Carvetii
Les Selgovae < *Selgouai « Chasseurs Gens du sud des hautes
» terres
Les Smertae < *Smertai « Pourvoyants
»
Les Taexali < *Taixaloi « Gentils » Gens de Grampians

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Les Vacomagi < *Uacomagioi « Des
terrains biscornus »
Les Venicones < *Uenicones « Parents » Gens du Forfarshire
Les Votadini < *Uotadinoi « Des pilotis Les Goddodins
»

Théonymie et mythonymie

Évidemment, les sources littéraires classiques sont encore moins loquaces sur les
noms des personnages divins et héroïques des Pictes. Par contre, les chroniques
des rois pictes (Chronique des Pictes, Bibliothèque nationale de Paris, Manuscrit
Latin Colbertine, no. 4126) mentionnent plusieurs noms de rois anciens de
Calédonie dont certains sont ceux de dieux celtiques connus.

Selon les légendes des Scots du Xe siècle (Livre de Lecain), le premier ancêtre des
Pictes, Cruithne fils de Cinge, eut sept fils : Cait, Ce, Cirig, Fib, Fidach, Fotla et
Fortrenn. Il est à douter que ces mythonymes gaéliques soient véritablement
ceux des Pictes calédoniens en tant que tels. L’énumération de sept princes ou
rois nous vient d’une très ancienne pratique indo-européenne. Les sept Sages du
Septentrion (Septentriones en latin, Saptarishaya en sanskrit et Sextanðiriones en
celtique) étaient les sept sages primitifs qui résidaient dans les étoiles du
septentrion, la région du ciel incluant aussi les étoiles de la constellation de la
Petite Ourse.

Étymologies des noms


Cinge Cingos « marcheur, piéton, fantassin »
Cait Catuios « Le combat »
Ce Ceios « observateur »
Cirig Cericos < Ceiricos « le noiraud, le
sombre »
Fib Uibios « de fleur de patience »
Fidach Uidacos « boisé » ;
Fotla Uuotalos « assez valeureux » ; Uotalos
« souterrain »
Fortrenn Uortrenos /Uertrenos « très brave, sur
pugnace »

Les sources irlandaises donnent ensuite la liste des premiers rois calédoniens
portant tous le titre de Brude, Bruide ou Bridei. Bridei viendrait de Brigantis «
noble, gentilhomme, seigneur ». Les noms sont aussi accompagnés du vocable Ur.
Ur est une contraction usuelle de uer / uor < *uper « sur, super ». Ces premiers
souverains de Calédonie semblent correspondre au vieux motif mythologique des

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septentrions. Il s’agirait d’un dédoublement des sept sages primordiaux venus du
Cosmos.
Le tableau qui suit énumère la liste complète de ces rois qui sont donc au nombre
de quatorze :
Brude Ur Pant *Brigantis uer Pantanos « Seigneur de
grande oppression »
Brude Leo / Brude Ur Leo *Brigantis uer Leuo « Seigneur grand lion
»
Brude Gant / Brude Ur Gant *Brigantis uer Gantauos « Seigneur la
grande oie blanche »
Brude Gnith / Brude Ur Gnith *Brigantis uer Gnatios « Seigneur le grand
congénère, parent »; Gnatos « lié par le
sang »
Brude Fecir / Brude Ur Fecir *Brigantis uer Uicarios « Seigneur le
grand turbulent »
Brude Cal / Brude Ur Cal *Brigantis uer Calos « Seigneur grand dur
»
Brude Cint / Brude Ur Cint *Brigantis uer Cintos « Seigneur grand
premier »
Brude Fec / Brude Ur Fec *Brigantis uer Uecos « Seigneur de
grande obligation »
Brude Ru / Brude Ur Ru *Brigantis uer Rudos « Seigneur grand
rouge »
Brude Gart / Brude Ur Gart *Brigantis uer Gartos « Seigneur du grand
clos, du jardin »
Brude Cinid / Brude Ur Cinid *Brigantis uer Cenetlios « Seigneur du
grand clan »
Brude Uip / Brude Ur Uip *Brigantis uer Uipos « Seigneur grand
levier, barre de fer »; uipios « vif »
Brude Grid / Brude Ur Grid *Brigantis uer Grituos « Seigneur grand
cri perçant »
Brude Mund / Brude Ur Mund *Brigantis uer Mundos « Seigneur grand
propre »

À partir de ces étymologies, le caractère martial lié à souveraineté de ces


personnages saute aux yeux. Les listes de rois mythiques trahissent cependant
une série de noms plus divins qu’héroïques.
De fait, Gud ou Gede, Tharain, les Dioscures Deototreic et Diu, ou
Deordegele et Deordivois, Nechtan et Oengus correspondraient plutôt
aux divinités majeures du panthéon. Malheureusement, malgré la
prétendue matrilinéarité des Pictes, ces listes donnent peu de noms
féminins si ne n’est Agnile. Par contre, l’épigraphie écossaise nous
fournit une autre attestation, celle de l’Inscription II de la caverne
Blackwaterfoot (site de la caverne du Roi, Blackwaterfoot, Kilmory. Arran,
Ayrshire du Nord).

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Pétroglyphe de la caverne Blackwaterfoot photographié in situ selon sa position actuelle sur la
paroi gauche de la grotte à environ onze mètres de l'entrée et portant l’inscription Vuedla dans
la langue brittonique.
Historique de l’inscription en ogham : la gravure rupestre fut d'abord remarquée en 1992.
L’inscription porte la marque classique d’une ligne intentionnelle de portée de lettres (druim)
de trente centimètres orientée verticalement sur la paroi de la grotte. Photo RCAHMS
Canmore.

Pierres fragmentées de Cunningsburgh

Inscription ogham 1 : (…) D-V D-D-R-S (…)


Inscription ogham 2 : (…) E-H-T-E-C-O-N-M-O-R (…) S
Pétroglyphe de Cunningsburgh. D’après un dessin photogrammétrique d’Ian G.
Scott, 2008.

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Ligne 1 : Du DD R(i)s ; adverbe du « mal » + DD < dede « j’ai donné » + R(i)s < ris
< reis « chose, objet »; préposition ris « pour ». Si ce n’est : Du Ddrs ; du « mal, vil »
; ddrs < drcsos « regard »; du-drcsos « mauvais regard ».
Ligne 2 : Ehteconmor(?)s < eti- préfixe d’excès, au-delà de + conmaros / conmoros
« grandeur, taille »; con- préfixe « avec » + mor-os/-a/-on / mar-os/-a/-on adj «grand
»; ou en connotation : atecon « un certain temps, occasion, opportunité » + mor-os/-
a/-on / mar-os/-a/-on ; morris « bout, extrémité ».

Possibles théonymes selon les listes des rois d’Écosse :


Gud / Gede / Gede Olgudach Gud < Gutton « entité divine, le verbe
» ; cf. Gutton Uxellimon « l’Être
suprême » ; Olgudach < Ollogutacos /
Ollogutuacos « Le tout vocal »
Tharain ; cf. gaulois Taranis / gaélique Tharain < Taranis « Le tonnerre (en
Tuireann tant que manifestation divine); de
Toueranos « Le suprême, d’en haut »;
Deototreic Deototreic < *Deuototreccos /
*Deuototriccos; Deuotos « vapeur
atmosphérique » + treccos « vainqueur
; < *Deuos Totreccos « dieu très
vainqueur » ; Deuos « dieu » + to- «
préfixe superlatif » + treccos / triccos
Diu Diu < Diuos « Lumineux » ; en jeu de
mots avec Deuos « Dieu »
Deordegele Deordegele < *Deuordicelios « Le
séparateur d’ami qui supplante »;
Deuor- « à la place de, qui supplante »
+ di- « préfixe dé- / di-, avec idée de
séparation » + celios / cilios «
compagnon »
Deordivois Deordivois < *Deuordiuatis « L’agent
lumineux qui supplante » ; Deuor- +
diuo « lumineux » + -atis, suffixe
d’agent »
Nechtan Nechtan < Nectanos / Nextanos «
L’authentique, le pur »
Oengus ; cf. Aongus / Engus Oengus < *Oinogustios « Le premier
choix »

Bretos « juge arbitre », Diuberr < Diuobera «porteur de lumière », Domnach <
Damnacos / Dumnacos « au savoir approfondi, expert », Finlegh < Uindolegis /
Uindolegios « splendide médecin », ainsi que Uist < Uistu / Uissu n.c.f., « la
vision prophétique », n. p. au masculin : Uistuos, semblent être des noms de
druides.

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De ces premiers noms, plusieurs semblent effectivement être de deuxième
fonction sociale, donc des noms de chefs de guerre ou de rois. Un autre nom de
cette liste des premiers souverains est Morleo. Il peut s’agir d’un ancien Marlos
« indécis », si ce n’est Maroleuo « grand lion » ou Morileuo « lion de mer »?
Duchil s’explique par la forme verbale ducô / duciô « soutenir » : duci- « soutien
d’une personne » + -illos, suffixe superlatif « très ». La cinquième entrée est
Cimoiod filius Arcois. Cimoiod viendrait de : cimbos > cimmos « monnaie de
change », génitif sing. Cimmi- + suffixe d’appartenance ou d’agent –atis; alors
qu’Arcois viendrait de : Arcos « chef »; Arc- + suffixe comparatif relatif –ios « plus
». Évidemment, plusieurs de ces noms se répètent tout au long des règnes. Voici
des noms tirés de la liste avec leurs étymologies en ordre alphabétique :

Alpin < Alpinos « montagnard » fils d’Engus < Oinogustios « choix unique »; son
fils est le dernier roi des Pictes appelé Cináed (cf. Kenneth) < Cenetlos « gent ».

Bliesblituth < *Blisoblidnotulios, « loup annuel ».


Breth < Bretos fils de Buthut < Bututo / Buđđuto « le baiser ».
Brude fils de Bile ; Brude fils de Derili ; Brude fils de Fokel ;
Brude < Brigantis fils de Mailcon < Malicanos « le cil ».
Brude < Brigantis, fils de Uuid < Uidus, « arbre ».

Cailtran < Coiloterennos « de l’intérieur de l’isme », fils de Gurum < Guramos «


grand corbeau ».
Cantulmet < Cantullimetos « bien ordonné ».
Carnach fils de Ferach ; Ciniod fili Wredech ;
Cinioch < *Cenniacos « semblable au mari, du mari », fils de Lutrin < *Luxstrinos
/ *Leuxstrinos, « héros de lumière » ; cf. théonyme gallo-romain Ludrianos /
Leudrinos / Leusdrinos assimilé au dieu Mars.
Constantin, latin Constantinus « le ferme », fils d’Wrguist < Urgustios <
Uergustios « super choix ».
Crautreic < Crauotreccos / Crauotriccos « force de l’étable ».

Dornornauch < Dornornacos / Durnornacos « pugiliste massacreur », Nerales <


Neralis « viril ».
Drust < Drustagnos « sur, fiable », Gocinecht < Gacinectos / Gocinectos « geai
véritable»; Drust fils d’Irb < Erbos « cervidé, chevreuil »; Drust fils d’Wdrost <
Urostosos « ondeux, pluvieux » ; urosto n.c.f. « ondée »; Drust fils de Moneth <
Monedos « de montagne ».

Elpin < Alpinos « montagnard », fils d’Wroid < Uradios « racine ».

Ferach fils de Bacoc < Bacocos « le goret ».

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Feradech < Uirodecs « homme moralement bon ». Fiacha < Albus < Albos « haute
montagne ».

Galanan < Galananos « de violente intimité », Erilich < *Erialicos « derrière le


rocher ».
Canaul < Canauo « petit animal » / Canauos « chaton », fils de Tarl’a < Tarilo «
perforé ».
Gartnait < Gartonatis « jardinier », Bolc < Bolcos « la fissure » ;
Gartnait fils de Donnel ;
Gartnait Ini < Inicios « insulaire » ;
Gartnaich / Garthnac < Gartonicos / Gortonicos « rustique ».

Kineth < Cenetlos « gent », fils de Ferach < Uiracos « viril ».

Nechtan < Nectanos Morbet < Mor fils d’Irb < Erbos ;
Nechtan, le petit fils de Uerb < Uerbios « de vache »; uerba / uerbis « vache ».

Oengus < Oinogustios « choix unique » (cf. Anghus, Oengus) fils de Fergus ;
Oengus filius Uurguist

Tagaled < Tagelletios « du passage étroit ».


Talarg < Talargos / Talorgos « au front luisant », fils d’Achivir < Aciuiros « homme
des champs ».
Talargan < Talargonos « fils de Talargos ; < Talarogenos « lisière de bois » fils
d’Anfrud
Tholarg < Talargos, fils d’Anile < Agnile « lumière de feu ».
Talorg fils de Muircholaich < *Moricolacios « de l’alose de mer »; moricolacos «
alose de mer ».
Talorgen < Talarogenos, fils de Drustan < Drustannos / Drustennos « feu
vigoureux » ;
Talorgen fils de Wthoil < Uotalios, Uotalos « souterrain ».
Taran < Taranis, fils d’Entifidich <

Unnuist < Oinogustios, fils d’ Wrguist < Urgustios < Uergustios « super choix »;
Usconbuts < Uxscombutis « haute camaraderie ».
Uuen <Eugenos / Sugenos « bien né » (cf. Owen, vieil irlandais Eogán, gallois
ancien Eugein, Ougein), fils d’Unuist < Oinogustios.
Vipogwenech < Uepouenicos « au visage apparenté »; uipo- / uepo- « visage » +
uenicos « apparenté ».

De toute évidence, les Pictes avaient bel et bien des druides. Si les traces
épigraphiques sont minces, l’on peut tout de même le constater à partir des

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hagiographies des premiers chrétiens gaëls et scots de l’Irlande en mission vers la
Calédonie à partir de l’île d’Iona.

Les druides et le christianisme


Nous savons aussi qu’aux alentours des années 500 et 550 de notre ère, il y avait
encore des druides sur l’île de Man. Ceci est attesté par l’épigraphie dont celle du
monument funèbre de Ballaqueeney, Rushen, qui porte l’inscription Dovaidona
Ma (…) Qi Droata.

Douaidona / Douaidono, forme locative « à, dans » de Douaidonos ; douais «


outil » + donos < donnos « noble de classe guerrière ».

Ma- (espace en quartz non gravé) Qi

Droata < Druuida < *Druuids > Druuis (vieil irlandais druadh), « druide »; ou en
connotation avec : drutos > droutos « fort, ferme, énergique ».

Menhir oghamique de de
Ballaqueeney, Rushen, île de Man.

Selon Kermode (1907), « à partir de treize


pouces du fond, l'inscription court jusqu'à
l'angle du bord gauche de la pierre pour
ensuite se poursuivre autour de la partie
supérieure ... une longueur de treize pouces et
demi est laissée vide ... en raison du fait que
cet espace vide la pierre est formée par un très
dur morceau de quartz. »

Gravure de Kermode 1910–1911.

12
Un autre indice sur la présence des druides en Calédonie se retrouve sur un
fragment de la pierre de Cunningsburgh dans les Shetlands. Elle fut découverte
en 1875 dans le cimetière de la chapelle Mail et est maintenant conservée au
National Museum of Scotland. Il s’agit d’une dalle en grès de forme irrégulière
portant l’inscription en oghams liés suivante : (…) IDRU (...). L’élément « dru »
peut correspondre à dru(i-) alors qu’on ne peut que spéculer sur ce qui précède
le « i ». Un titre du genre Ri-Drui « Druide royal » est à considérer; ou encore un
nom propre du genre (…)i-Drus(t) me semble aussi probable.

L’inscription en oghams de liés est malheureusement incomplète. Selon la lecture de Forsyth,


la lettre D se retrouve entre les 'I' et le 'R'.
D’après un dessin de Ian G. Scott, National Museum of Scotland, références CISP CBURG / 1,
RCAHMS, Canmore.

On a longtemps cru, ou supposé, que la transition entre le druidisme et le


christianisme s’était faite en douceur et que les premiers missionnaires
s’accommodaient très bien de la présence des druides. Or, si on se fie aux
biographies de premiers saints, rien n’est plus loin de la vérité. De fait, nombreux
sont les témoignages rapportant que les premiers chrétiens se montraient
manifestement hostiles envers les druides qu’ils comparaient à des démons.
Ce qui n’empêche pas Columcille de se vanter que son seigneur, le fils de Dieu,
était son « Druide ». Il ne faut surtout pas conclure que ce moine tenait le Christ
pour un druide. Ce qu’il faut savoir en fait, c’est que le terme drui était encore à
cette époque pris au pied de la lettre et voulait dire « savant, » « perspicace ».

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Plus tard, il désignera le « sorcier, le magicien ». De fait, Columcille ou Colomban
considère les druides plutôt comme des démons que comme de saints hommes.
C’est-à-dire qu’à l’exemple des démons, les druides commandent les éléments. Il
est donc clair, que selon le dogme chrétien de ces anachorètes, que Dieu seul a le
pouvoir sur toutes choses. Pour le chrétien dévot, c’est par la prière et la
supplication que Dieu agit pour lui en tant que Druide ou maître des éléments.
Bref, seul Dieu est Maître, donc Dieu en tant que Druide. L’hagiographe de saint
Côme on peut le constater, Colomban trahit bien ce préjugé (Betha Colaim chille, «
Vie de Columcille, sur la manière que saint Colomban opposa Broichan en
voguant contre le vent, Livre II, chapitre 34) :
« Le jour suivant les événements déjà mentionnés, il advint que Broichan tout en
conversant avec le saint, lui dit ceci : « Dites-moi Columba, quand vas-tu mettre les
voiles ? « Si Dieu le permet, et qu’il me préserve, je souhaite faire ce voyage dans trois
jours, » répondit le saint homme. Broichan de rajouter : « Tout le contraire, car tu ne
seras pas en mesure d’affronter les vents défavorables que je vais mettre devant toi
pendant le voyage et je provoquerai une grande obscurité qui vous envelopperont tous
dans son ombre. » Sur ces mots, le saint répondit : « la puissance de Dieu gouverne
toutes choses, puis en son nom et sous sa providence, il nous guidera tous dans nos
déplacements. Voilà, que dire de plus ? » Ce jour même comme prévu, le saint homme
accompagné d'un grand nombre de ses adeptes, se rend au long lac de la rivière Nesa
(Loch Ness). Par la suite, le temps s’assombrit et un violent vent souffla de face alors que
les druides s’exclamaient en voyant ceci. Ne nous demandons pas pourquoi Dieu leur
permet parfois, à l'aide de mauvais esprits, d’élever la tempête et d’agiter la mer. C’est
ainsi qu’à cette occasion, alors qu’il traversait le canal gallique (la Manche) pour la
Grande-Bretagne où il allait avec zèle voir au salut de l’âme, une légion de démons se
réunit au milieu de la mer contre le saint évêque Germanus. Il fut ainsi exposé à de
grands dangers lorsque ceux-ci soulevèrent une violente tempête causant grande
obscurité alors qu'il faisait toujours jour. Mais plus rapidement que le temps de
prononcer une parole, toutes ces choses furent dissipées par les prières de saint
Germain… Ainsi disparurent les ténèbres. Notre Colomban, donc, voyant que la mer
s’était violemment agitée et que le vent était devenu trop défavorable pour faire le
voyage, supplia le Christ Seigneur et embarqua dans sa petite nef. Alors que ses marins
hésitaient toujours de monter abord, il leur ordonna avec confiance de lever les voiles à
contre vent. À peine eu-t-il exécuté cet ordre, que le navire, en présence de la foule,
fendit l’eau contre vent à une vitesse extraordinaire. Après un court laps de temps, le
vent, qui avait été jusque-là contre eux dans leur voyage, vira de bord au grand
étonnement de tous. C’est ainsi que pour le reste du voyage, une brise légère et
favorable continua de souffler sur le coracle du saint homme, le transportant à bon port
et en toute sécurité. Le lecteur doit maintenant savoir combien grand fut cet homme
vénérable, à qui Dieu Tout-Puissant accorda de répandre son illustre nom au sein de ce
peuple païen, lui permettant ainsi d’accomplir des miracles comme ceux que nous avons
déjà témoignés. »

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Et sur ce Dieu unique, le Druide de l’anachorète et Seigneur des éléments, voici
un passage tiré des Annales des quatre maîtres qui dissipera sans doute le
malentendu :
« C’était pour venger l'assassinat de Curnan, fils d’Aedh, fils de Eochaidh Tirmcharna,
qui était sous la protection de Colum Cille du clan Neill du Nord et des gens du
Connaught, qu’il livra la bataille de Cul Dreimane contre le roi Diarmaid; et c’était aussi
à cause du mensonge que Diarmaid avait commis contre Colum Cille au sujet du livre
de Finnen qu’il avait fait recopier par Colum à son insu. C’est ainsi que le livre de
Finnen fut remis à Diarmaid alors qu’il prononça ce célèbre jugement : « À chaque
vache, son veau ». À ceci Colum Cille répondit :
Ô, Dieu, ne voudrais-tu pas chasser le brouillard […] qui entoure notre nombre; l'hôte
qui nous a privés de notre bien.
L'hôte qui se promène autour des Cairns!
Il est ce fils de la tempête qui nous a trahis.
Mon Druide, qui est le Fils de Dieu, ne me refusera rien et il sera avec moi.
Combien grand est le parcours du coursier de Baedan devant les hôtes;
Pouvoir à Baedan aux cheveux blonds qui bondira de l'Irlande sur son destrier. »
(Annales des quatre maîtres, année du Christ 555, entrée 2, p. 195)

En 563, Colomban, ou Columcille (521 - 597), croyant l’île d’Iona déserte voulait
s’y rendre avec douze de ses moines afin d’y implanter un monastère devant
servir comme centre de mission auprès des populations pictes et scotes de
Calédonie. Il s’agit d’une vieille tactique mise au point en 410 par saint Honnorat
sur l’île de Lérins juste en face de Cannes où lui et ses anachorètes alexandrins
entreprirent la conversion de Gaule. Dans la foulée de 430 de notre ère, saint
Hilaire quitte Lérins pour Arles, puis en 360 saint Martin s’installe à Ligugé aux
portes de Poitiers. La tactique est simple, former des îlots monastiques à partir
desquels les missionnaires pourront prêcher auprès de l’aristocratie païenne.
Bref, pour la Calédonie sauvage et insoumise, Colomban suit cette même règle
mise au point à Lérins.

Dans un passage de la Vie de Colomban on apprend comment les disciples de


saint Patrice, usant ruse et déception, pourchassaient les druides partout où ils
étaient réputés se retrouver :
« Lors de son retour du pays des Pictes où il avait passé quelques jours au moment où le
vent était contre lui, afin confondre les druides, il hissa sa voile, puis fit un voyage
rapide comme si le vent lui avait été favorable. » (Betha Colaim chille, « Vie de
Columcille, Livre I, chapitre 1)

Aussi, toujours selon le récit hagiographique de la « Vie de Columcille (Chapitre


XV, 202 – 206) sur les travaux de Columcille à Iona, nous avos ceci :

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« Et l'histoire n’en dit pas plus sur lui jusqu'à ce qu'il soit arrivé sur l’île appelée jusqu’à
ce jour Iona de Columcille. Et c’est là qu’il composa ce quatrain : « J’aperçois Iona, une
bénédiction pour chaque œil qui la voit.

Celui qui fait le bien à son prochain fait le bien à lui-même. »

Dieu (sait) combien nombreuses étaient les voies prises par Columcille dans sa vie pour
suivre son Seigneur Jésus Christ. Et il nous est maintenant clair qu'il doit le suivre jusque
dans son bannissement et exil en Égypte.

À la veille de la Pentecôte, ils jetèrent l'ancre sur cette île où il y avait des druides qui
vinrent vers Columcille habillés en évêques. Ils lui dirent ensuite qu'il n’était pas bon
pour lui de venir dans l’île et qu’ils s’y trouvaient bien avant qu’il ne vienne répandre sa
foi et sa piété et que l’île n’avait nullement besoin de recevoir la bénédiction de quelque
autre saint homme.

« Vous ne dites pas vrai », répondit Columcille, « car vous n’êtes point des évêques, mais
en vérité des druides contre la foi sortis de l’enfer » ! Quittez cette île, car ce n’est pas à
vous que Dieu l’a accordée. »

Et sur ces paroles prononcées par Columcille, les druides quittèrent l’île.

Puis, Columcille dit ceci à sa communauté : « Il serait bon pour nous tous que nous
prenions racine dans cette terre où nous sommes venus et que tout saint homme qui y
trouvera la mort se faisant enterrer dans la glaise de cette île, je lui accorde le Royaume
de Dieu.

C’est alors que saint Odhran, qui était avec Columcille, dit ceci : « Je voudrais bien
mourir en vertu de cette alliance ».

« Je t’accorderai le Royaume de Dieu », répondit Columcille, « et de plus, je te promets


que quiconque en fasse la demande sur ma tombe ou sur mon lieu de repos sera
exhaussé que s’il prie à toi avant. ».

De ce passage, retenons cette ligne : « …il y avait des druides qui vinrent vers
Columcille habillés en évêques. » Ce détail suggère que les druides de l’époque
avaient déjà furtivement pris le maquis. C’est-à-dire qu’à Iona se trouvait un
centre druidique qui opérait sous le couvert d’un pseudo évêché chrétien.

Voici un autre passage qui met en scène Colomban contre les druides (Betha
Colaim chille, « Vie de Columcille, Chapitre 29, Sur Galla, fils de Fachtna, qui habitait
dans la juridiction de Colga, fils de Celach) :

« Comme à l'habitude, alors que le saint homme chantait lui-même les hymnes du soir
avec quelques-uns des confrères à l'extérieur des fortifications du roi, certains druides
venant près d'eux ont tout fait pour empêcher les louanges de Dieu chantées au milieu
de cette nation païenne. En voyant cela, le saint se mit à chanter le 44e Psaume si

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merveilleusement fort qu’à ce moment il se mit à carillonner comme le tonnerre à tel
point que le roi et ses gens furent frappés de terreur et d'étonnement. »

Ou encore (Betha Colaim chille, « Vie de Columcille Sur la fontaine empoisonnée bénie
par le saint homme au pays des Pictes », chapitre 10) :

« Alors que le saint homme s'arrêta pour quelques jours dans la province des Pictes, il
apprit qu'il y avait une fontaine grandement célébrée par ce peuple païen. Que des
hommes stupides ayant leurs sens aveuglés par le diable qui la vénéraient comme s’il
s’agissait d’un dieu. Il fut autorisé par Dieu que tous ceux qui ont bu de cette fontaine,
ou volontairement lavé leurs mains ou leurs pieds dedans, soient frappés par le sort
démoniaque en rentrant chez eux soit lépreux ou myopes ou du moins qu’ils soient pris
de faiblesses ou tout autre type d'infirmité. C’est par toutes ces choses que les païens ont
été séduits, et ceci en rendant un divin hommage à cette fontaine. Ceci étant constaté, un
jour le saint alla sans crainte jusqu'à la fontaine; et en voyant cela, les druides, qu'il avait
souvent chassés, vaincus et confondus, se réjouirent grandement, pensant qu'il
souffrirait comme tous les autres qui prirent contact avec cette eau funeste. Mais après
avoir levé sa main bénie et invoqué le saint nom du Christ, il lava ses mains et ses pieds,
puis avec ses compagnons il but de cette eau qu'il avait bénie. Et à partir de ce jour, les
démons quittèrent la fontaine; qui non seulement ne causa plus de mal à quiconque,
mais qui de plus, par son eau, servit à soigner de nombreuses maladies après que ces
gens furent bénis et lavés par le saint. »

Puis, de val en pré, le saint s’adonne à toute une série de tours de magie ou de passe-
passe dignes des plus illustres thaumaturges de Grèce. Le recours aux poisons et aux
contrepoisons employés par ces charlatans tricheurs tient plus à une sinistre mis en
scène qu’à un véritable miracle divin. Bref, c’est la résurrection de Lazare version Culdée
! Le rationalisme des druides contraste grandement avec la naïveté ambiante (Betha
Colaim chille, « Vie de Columcille, Au sujet du garçon ramené des morts par le saint
homme au nom du Christ seigneur) :

« À cette époque, alors que saint Columcille tarda pour quelques jours dans la province
des Pictes, un certain paysan qui avait écouté avec toute sa famille les prêches traduits
par un interprète, cru en la parole du saint homme et demanda de se faire baptiser avec
sa femme, ses enfants et ses domestiques. Quelques jours suivant sa conversion, l’un des
fils du maître de la maison fut frappé par un terrible mal qui l’amena aux portes de la
mort. Lorsque les druides le virent dans cet état, ils firent de sévères reproches aux
parents, leur disant qu’ils feraient mieux d’invoquer leurs propres dieux puisque plus
puissants que ce Dieu des chrétiens; les invitant ainsi à mépriser Dieu comme s’il était
plus faible que leurs dieux. Quand ceci fut rapporté au saint homme, celui-ci s’enflamma
de zèle pour Dieu et avec quelques compagnons partis en direction de la maison du
gentil paysan où il retrouva les parents affligés qui tenaient les obsèques de leur enfant
fraichement décédé. Constatant leur profonde peine, le saint chercha à les encourager
avec des paroles réconfortantes en les exhortant de ne pas douter de quelque manière de
l’omnipotence de Dieu. Il leur demanda ensuite ceci : « dans quelle chambre repose

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votre enfant ? » Puis, il lassa la foule qui l’accompagnait à l’extérieur de la triste demeure
et fut conduit par le père endeuillé. Il tomba à genoux, priant le Christ Seigneur pleurant
à chaudes larmes. Puis, se leva et se tourna vers le défunt en disant : «Au nom du
Seigneur Jésus-Christ, lève-toi, et marche. » Sur le coup, au son de ces glorieuses paroles
prononcées par le saint, l’âme retourna dans le corps du défunt et celui qui était mort
ouvrit les yeux et revint à la vie. Et puis, notre homme apostolique prit par la main le
ressuscité, le leva debout, et le conduisit à l’extérieur pour le rendre à ses parents. C’est
alors que la foule se leva avec cris et applaudissements et que la tristesse fit place à la
joie glorifiant ainsi le Dieu chrétien. Il faut ainsi croire que notre saint avait le don des
miracles, tout comme les prophètes Elias et Élisée ainsi que les apôtres Pierre, Paul et
Jean, et qu’il eut l'honneur de ressusciter l’enfant des morts en le ramenant à la vie.
Maintenant qu’il est au ciel parmi les prophètes et les apôtres, notre homme prophétique
et apostolique a son glorieux et éternel trône dans la patrie céleste auprès du Christ qui
règne pour toujours avec le Père dans l'unité du Saint-Esprit. » (Betha Colaim chille, «
Vie de Columcille, Livre II, chapitre 32)

Encore une fois, les druides pictes ont la mauvaise partie en s’opposant au
prosélytisme sournois et trompeur de ce missionnaire chrétien. Passé maître en
poisons et contrepoisons, Culumcille allie la parole à la malédiction et la
prestidigitation.

Toujours sur le thème de l’usage des drogues, voici comment Columcille


empoisonne le druide picte Broichan (Betha Colaim chille, « Vie de Columcille, Au
sujet du mal qui frappa le druide Broichan pour la détention d’une femme esclave, ainsi
que sa guérison lors de sa libération, Livre II, chapitre 33) :

« À cette même époque, pour des motifs humanitaires, le vénérable saint homme
supplia le druide Broichan de libérer une certaine esclave scote, et quand celui-ci refusa
obstinément et avec véhémence de se séparer d'elle, le saint le sermonna de la façon
suivante : « Sachez, ô, Broichan, et soyez assurés que si vous refusez de libérer la captive
comme je le désire, vous mourrez aussi subitement que j’ai le temps de quitter cette
province pour une autre fois. »

Ceci étant dit, il quitta le palais royal en présence du roi Brude en direction de la rivière
Nesa (ou Ness). Il ramassa dans ce cours d’eau un caillou blanc, le montra à ses
compagnons et leur dit : « Voici le caillou blanc par lequel Dieu va guérir les
nombreuses maladies qui affligent cette nation païenne. »

Suite à ces paroles, il rajoute : « En ce moment Broichan est douloureusement châtié par
un ange envoyé du ciel pour le frapper sévèrement. La coupe qu’il a portée à ses lèvres
tombe maintenant de sa main et éclate en morceaux. Et là, il s’époumone au jusqu’au
dernier souffle. Attendons maintenant encore un peu les deux messagers envoyés par le
roi à la hâte afin de nous demander assistance à Broichan agonisant. Qui, puni à souhait,
acceptera de libérer la fille. » Alors que le saint homme parlait toujours, il arriva comme
prédit, deux cavaliers émissaires pour raconter ce qui était arrivé dans l’enceinte royale
à Broichan. Et ceci, conformément aux prédictions faites par le saint au sujet de la coupe

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à boire, le châtiment du druide et de sa promesse de libérer la captive. Ensuite, les
messagers annoncèrent ceci : « Le roi et ses gens, nous ont envoyé avec la demande
expresse d’assister Broichan, le beau-père du roi qui est maintenant allongé agonisant.
Suite à ces paroles, Columcille envoya deux de ses confrères auprès du roi avec le caillou
béni et leur dit : « Si Broichan accepte de libérer la demoiselle alors, plongez cette petite
pierre dans l’eau, donnez-lui à boire et il sera guéri instantanément ! Cependant, s’il ne
respecte pas la promesse, il mourra sur le champ. » Sur ces instructions, les deux
hommes retournèrent au palais pour passer le message au roi. Suite à ce message
prononcer par le saint homme, le roi et son tuteur Broichan furent si effrayés qu’ils
remirent la captive aux messagers de Columcille. Suivant ses instructions, la pierre fut
immergée, et de manière merveilleuse contraire aux lois de la nature, elle s’est mise à
flotter sur l’eau comme une noix ou une pomme et puisque bénie, ne pouvait à nouveau
submerger. Broichan, à peine vivant, bu de cette eau et fut instantanément soulagé de
son mal. Le merveilleux caillou fut ensuite gardé parmi les trésors du roi, et par la
miséricorde de Dieu, effectue de temps en temps la guérison de divers maux qui
affligent le peuple agissant de la même manière en flottant une fois plongé dans l’eau.
Le plus merveilleux est que lorsque cette pierre est demandée par un malade dont
l’heure de la mort a sonné, elle demeure introuvable. Ainsi, le jour même où le roi Brude
l’avait demandée pour lui-même, elle demeura introuvable à l’endroit où on l’avait
laissée. »

La description de l’empoisonnement ici opéré par Columcille (in Betha Colaim


chille, « Vie de Columcille, Livre II, chapitre 33) rappelle celle occasionnée par la
consommation de l’hellébore1 telle que rapportée dans l’hagiographie de saint
Martin de Tours (317- 397). La tradition de Marmoutier veut que saint Patrick ait
été disciple de saint Martin. D’autant plus que depuis l’Antiquité chrétienne, on
le désignait cyniquement par l’expression « plante du Jugement de Dieu » ou
simplement « Jugement de Dieu ».

Selon les Annales des quatre maîtres (an du Christ 1097, entrées 7 et 8), la dernière
mention de l’existence d’un druide en Irlande remonte à 1097 de notre ère :
« Lochlainn Ua Dubhdara, seigneur de Fearnehough, a été tué par les Ui-Briúin-Breifne.
Le druide Carthaigh Ua, poète en chef du Connaught, a été tué par les hommes du
Connaught eux-mêmes.»

Il s’agit en fait des notables tués lors de la bataille de Fidh-Conaille levée par
Muircheartach contre Domhnall ua Lochlainn et les gens du nord. Suite au
conflit il est dit que « Dieu et le successeur de Patrick leur firent faire la paix » (an
du Christ 1097, 6).

En l’an mil, évidemment, le terme « drui » servait à désigner un sorcier ou un


magicien. C’est donc dire qu’à cette époque, en plein âge viking, que l’évêque
d’Irlande menait toujours une chasse aux sorcières à l’encontre des bardes
royaux soupçonnés de régression païenne.

19
Iconographie et terminologie de l’art picte
L’art picte s’exprime surtout en bas-relief dans la pierre; principalement sur des
monuments datant des IVe aux VIe siècles de notre ère. Préférant le bois, les
Celtes ne sont pas connus pour leur sculpture sur pierre. Mis à part les Gallo-
Romains qui imitèrent tant bien que mal le genre classique réaliste latin, l’artiste
celte suivait les canons de la métaphysique fantaisiste druidique. Bref, le style
picte, comme celui des voisins hiberniens, doit plus à la linéarité complexe et
symbolique de La Tène (Âge du Fer, de 450 à 55 av. l’è. c.) qu’à celle de l’art
classique romano-breton de la fin de l'Antiquité. L’art celtique laténien se
caractérisait par ses motifs complexes dessinés au compas formant ainsi des
entrelacs organiques et abstraits cernés de symboles zoomorphes et floraux. Les
rares figures humaines ressemblent plutôt à des personnages de bédé qu’à celui
Galate mourant du Capitolin de Rome. L’art celtique célébrait non seulement les
manifestations de la vie dans toutes ses formes, mais était aussi la représentation
de la vie psychique ainsi que l’illustration de la plus haute philosophie
métaphysique. Par exemple, les arbres et les animaux ne représentent pas
seulement que ceux de la nature dans sa réalité toute crue, mais le plus souvent
des concepts cosmiques et astrologiques symboles de corps célestes : planètes,
étoiles, constellations et comètes.

Stèle du Mail Stone, Cunningsburgh, Shetland.

Représentation d’un personnage canicéphale ou cerbère tenant une hachette dans la


main droite et une massue dans la gauche. Il est l’équivalent celtique du Faucheur de
vie médiéval et folklorique. Dessin de l’auteur d’après Val Turner.

20
À titre de comparaison, voici une représentation gauloise d’Esus émondant un
arbre à la hache, Pilier des Nautes, Paris. « Ils apaisent par un sang horrible le
féroce Teutatès, le hideux Esus et, dans de sauvages sanctuaires, Taranis, aux
autels non moins cruels que ceux de la Diane scythique. » Lucain, Pharsale, Livre I,
444 sq. Dessin de l’auteur

L’Ancou

Dans les contes et légendes bretonnes, l'Ancou ou an Ankoù en breton est la


personnification de la mort. Le personnage de Cuchulainn, un avatar de de
Lugh, devient gardien des portes de l’Enfer après avoir tué le Cerbère de Cullan,
l’Hépaïstos irlandais.

Ancos « serviteur »; Ncu < ancu < anco < ancouo « nécessité inéluctable »;
Encouo « la Mort (personnifiée). Ancu sous-entend an-cu, le « non-chien », en
tant que cerbère, le gardien de la porte des enfers. Sur la tunique du canicéphale,
l’on remarque le symbole du Tribann.

Sur ce point, la tradition de l’ogham irlandais est tout aussi instructive :

>--/-/-/-- = Ng / Nc

Anciennement, la lettre oghamique Ng / Nc exprimait le son 'n' précédé d’une


voyelle courte ou silencieuse, donc ‘N = aN, eN, iN. Le Ng ou Nc exprimait Ncu
qui s’écrivait comme suit en ogham :

>--/-/-/------- = NcU
|||
21
Ng / Nc < ‘N, pour Ngetal < Ingaitalis < Caitalis « Roseau »; Ancouo > Ancu /
‘Ncu « la Mort (personnifiée) »; en association avec Anacantios > Enigan le
« calamiteux », une sorte de géant. Selon le Barddas, les trois rayons sont aussi
associés avec le nom d’Einigan.

L’ogham du soleil du menhir Elphinstone de Logie House

Menhir gravé Elphinstone de Logie House, Moor Of Carden, Écosse. Dessin de l’auteur d’après
un dessin de Scotland’s Places.

Uqvtn < Uquetin / Ucu(e)t(i)n,


accusatif/adlatif de Ucuetis, « trempeur,
métallurgiste »; théonyme, pseudonyme
du dieu de la forge Gobannos /
Gobannis.

À comparer avec l’inscription d'Alise:


Martialis Dannotali ieureu Ucuete sosin
celicnon etic gobedbi dugiontiio Ucuetin in
Alisiia.
« (Moi) Martialis (fils) de Dannotalos j'ai
dédié à Ucuetis ce bâtiment et aussi les
ferronniers qui portent (en procession)
Ucuetis à Alisiia. »

22
Iconographie de la Pierre de Saint-Vigeans de Drosten

Scène de chasse, partie du haut: un chien


chassant un cerf avec, au bas, un ourson.
En celtique ancien, sidos signifie « cerf et
paix ». En plus de désigner l’Autre
Monde, ce nom désignait anciennement
les étoiles d’automne, dans la région des
constellations de la Balance et de
Scorpion.

Scène de chasse, partie du bas:


Notez au bas de l’image l’archer visant le
sanglier. Il s’agit sans doute du Forcus (<
Varcus < Uarcustos, « l’archer »)
mentionné sur cette stèle.

Inscription en caractères romains


irlandais, de gauche à droite:

DROSTEN
IPEUORET
ETTFOR
CUS

Drosten ipe-uoret ett Forcus.


«Drosten d’ambiants secours et Forcus».

Selon les auteurs du site internet de Canmore, Catalogue de l’archéologie écossaise,


les entrelacs au-dessus de l'inscription sont caractéristiques de l’art picte.

23
Cependant, le motif en feuille de vigne fuyant du côté du monument n’est pas
picte, mais plutôt caractéristique de la sculpture tardive des Angles
northumbriens du IXe siècle. L'inscription, ainsi que le style artistique de la
sculpture conviennent donc à donner une date couvrant la période de 850 à 900
de notre ère. Ceci dit, elle est probablement plus proche de 850 que de 900.

Iconographie:
1. Cercles traversés par un zigzag: les deux cycles lunaires traversés par
l'écliptique et marqués par les nœuds nord et sud.

2. Croissant de lune: avec les spirales du temps mensuel et le symbole de


Mercure.

3. Le miroir: symbole de la réflexion de la lumière lunaire; il est considéré


comme le reflet de l'esprit et de l'âme.

4. Ours: Constellation de la Grande Ourse, le Septentrion.

5. Biche allaitant un faon: probablement la constellation du Lion appelée


Elembiui Prinnios, « constellation de faons » (elembos / elnbos "faon"), dans le
calendrier de Coligny.

6. Chien: la constellation du Chien (Canis Major), l’étoile Sirius.

7. Aigle picorant un saumon: la constellation de l’Aigle (Aquila), l’étoile Altair,


au-dessus la constellation du Poisson austral (Piscis Austrinus), l’étoile
Fomalhaut.

8. Chèvre: la constellation da Chèvre (Capricorne).

9. Archer visant un sanglier: Constellation de l'Archer (étoiles du Sagittaire


incluant les étoiles de l’Arc, Sagitta) avec la constellation du Sanglier (Ursa
Minor). Le nom gaélique Saighdéar ou Saighdeoir pour « archer » vient du latin
Sagittaire comme c’est aussi le cas pour le terme gallois Saethwr (Saeth < Sagitta
et Saethydd, Saethyddion < Sagittarius). Le véritable nom gaélique pour « archer
» est boghadair < bogdarios; l’autre des noms celtiques anciens pour « archer »
étant uarcustos.

24
La stèle de Logie House Elphinstone

.
Gravure tirée de The Sculptured Stones of
Scotland par John Stuart vol. 1, planche 34,
Printed for the Spalding Club, Aberdeen,
1856.

Translittération du texte en ogham : ALLHHALLORR-É/X-DDMAQQNI-A-VV/FF-


ARRCE-RR;

Traduction :

Les spécialistes anglo-saxons traduisent généralement le texte ainsi: « The monument


of Alored, son of the nephew of Fercar », c’est-à-dire, « Le monument d’Alored, fils du
neveu de Fercar. »

Je traduis le texte comme suit :

Allh Allorédd maqqnia Vvarrcerr « La pierre d’Alloredd progéniture de Vvarrcerr ».

Allh < allos « roche, pierre » ; alo « rocher »;

Allorrédd < *Alloredi, génitif d’Alloredos « autre coursier entier »; Olloredos «


coursier entier »; allo- « autre, alter- » ou ollo- « tout, entier » + redos « coursier,
coureur »;

25
Maqqnia, goïdélique < maqenio « famille, progéniture »;

Vvarrcerr < *Uuorcerri, génitif du picte ancien *Uuorcerros < Uorceros « super cerf »;
uor- / uer- « super, hyper, très » + ceros, ceruos, caruos « cervidé mâle ».

Le nom d’Alored n’est mentionné qu’une seule fois et apparait dans un manuscrit de
la bibliothèque Colbertine (collection fondée à Paris par Jean-Baptiste Colbert et
maintenant conservée à la Bibliothèque nationale) intitulé : Chronica de Origine
Antiquarum Pictorum comme suit :
Dix-neuvième roi : Bridei, fils de Wid, avec Alore, le frère (règne de 12 ans, 645-652).

Nous avons vu que Bridei ou Brude, fils de Wid, est un titre, issu de Brigantis «
seigneur ». Dans le manuscrit le nom d’Alored est raccourci, car le copiste a laissé
tomber le ‘d’ final. Piusque Bridei est le fils de Wid, il n’est pas clair de qui Alored est
le frère?

Dans la liste des rois pictes de la dynastie des Dalriad (John Pinkerton, Catalogue of the
Dalriadic Kings, p. 103), le nom de Fercar est mentionné deux fois : …3. Fercar 16 ans
621; 4. Donal Brec 14 ans 637; 5. Malduin 16 ans 651; 6. Fercar Fada 21 ans 667…

Selon les notes de John Pinkerton à la page 116, le règne de Fercar Ier est décrit en ces
termes :

« Fercar I. fils de Connad Keir, Âge du Christ 622, régna seize ans, d’après l'ancienne
liste du Duan. Mais il semble, d’après le règne de son successeur Donal Brec, le plus
illustre dans l'Histoire, qu’il l’aurait succédé plus tard vers 630. Bien sûr, pas plus de
huit ans ne peuvent être alloués au règne de Fercar. Les dates du Duan sont souvent
fausses, et l’on ne peut s’attendre que la suite Dalriadique puisse clairement
ressembler à celle des Pictes et doit être faite à partir de diverses sources, puis corrigée
selon la chronologie générale. Torfaeus, dans son organisation de la liste des rois
danois, acceptée de jours comme étant universellement authentique, a recours à une
infiniment plus grande liberté qu’on pourrait accepter pour cette suite Dalriadique. »

Puis, toujours d’après Pinkerton, p. 120, voici la description du règne de Fercar II :

« Fercar II dit Fada (c’est-à-dire Le Grand), Âge du Christ 682, régna vingt et un ans.
Selon les anciennes listes du Duan. Ce prince était le premier de la maison des Loarn
et comme le rapporte O'Flaherty, c’est-à-dire de la huitième génération des Loarn, ce
qui est de fait plus juste lorsque l’on compare les règnes de la maison de Fergus. Que
Fercar II ait fondé une nouvelle maison devient clair à partir de toutes les anciennes
listes en latin, et dans lesquelles le nom de son père n’apparait pas, quoique ceux de
tous les autres y sont inscrits. Suite à cela, le Tighernac, ainsi que les Annales d'Ulster,
parle des fréquents conflits entre les maisons de Lorn et d'Argyle; comme il fut par
après souligné, chacune succédant alternativement à la souveraineté. »

Bref, selon l’inscription de la stèle d’Elphinstone, Alored règne en compagnie de son


frère pour douze ans, de 645 à 652, et ne porte pas le titre de Bridei ou « seigneur ». Il

26
est aussi inscrit en tant que membre de la famille (maqnia) de Fercar. Puisqu’il ne peut
s’agir de Fercar II (667-688), l’on peut raisonnablement conclure qu’Alored (645-652)
est le neveu de Fercar I (621-637) puisqu’il n’en est pas le fils.

Un autre particularisme de cette liste de rois pictes est la mention de règnes en


tandem, à l’exemple de Tagaled et Brude ou de Drust et Oengus, comme si deux
souverains pouvaient se partager le pouvoir. Les autres listes ne mentionnent pas que
Brude, fils Uuid ait partagé le pouvoir avec un autre. Selon toute vraisemblance, il
s’agit en fait d’un partage d’intendance ministérielle du type ancien comme celui des
frères éduens Dumnorix et Diviciacus, en tant que roi et druide. La Calédonie, moins
touchée par la romanisation que les provinces du sud d’Albion ont sans doute
maintenu cette tradition un siècle après Arthur et Merlin contemporains du barde
royal Taliesin (né vers 534 et mort vers 600). Donc, selon la logique, des deux fils
d’Uuid, Bridei est le roi, Alored, le druide et Fercar l’oncle maternel ou père adoptif.

Lecture iconographique
Le carré de mercure

Le carré de Mercure est un indicateur de temps cosmique ponctué par le maître de ce


domaine planétaire. Dans la Gaule romaine, Lugus était associé à la météorologie en
tant que Mercure Nabelcus ou Nabelcos; ce qui est aussi le cas du Lug irlandais alias
Mananann, le dieu de la mer et de la météorologie. Un autre de ses alias gaéliques est
Lugaid / Lugaidh < Lucetios « lumineux ». Comme le fait remarquer Bernard Sergent
(le livre des dieux celtes et grecs, tome 2, p. 266 - 267) : « L’aspect triadique de Lug est
fortement marqué. On a signalé déjà comment les sanctuaires aux Lugoves (forme
plurielle de Lugus) sont triples, ce qui indique que ces Lugoves peuvent être trois
aussi, et la légende irlandaise qui fait naître Lugh dans un trio de frères paraît le
confirmer, tout comme le conte gallois qui parle d’une triade de frères parmi lesquels
Llevelys est Lug, et doit régler trois problèmes ; ce sont trois frères Brian, Iuchar et
Iucharba, qui tuent le père du Lug, et celui-ci leur impose, parmi les épreuves du prix
de compensation, de pousser trois cris sur une colline, mais ils se heurteront là à trois
héros qui les blesseront à mort ; on a aussi mentionné, pour l’Antiquité, les figurations
tricéphales de Mercure, et celles du Mercure triphallique.»

Les textes irlandais mentionnent aussi les trois autres frères de Lugh que sont : Mac
Cécht, Mac Cuill et Mac Gréine. Par leurs noms, l’aspect cosmique de ce trio est
implicite : Mac Cécht (maqos Cecti, fils de Cecton, « la charrue »), Mac Cuill (maqos

27
Cosli, fils de Coslos « le coudrier ») et Mac Gréine Maqos Greinas, fils de Greina, le «
soleil divinisé », la déesse du soleil.

Dans cet ordre : le soleil, le coudrier, c’est-à-dire l’arbre ou l’axe du monde et la


charrue, la constellation de l’Ourse.

Le livre de Ballymote identifie la planète Mercure avec le sigle LCT <


Luct < Luctos / Luxtos « lueur, lumineux », au sens « d’astre»; en
connotation : Luctos « troupe, parti, gens ».

Dans le haut du rectangle Luct, le symbole de Mercure, est flanqué de deux cercles, le
disque lunaire à gauche et le disque solaire à droite. De ce signe, émanent trois traits
avec deux triangles chacun séparé par une ligne horizontale. Les trois demi-cercles du
bas, quant à eux, sont les trois hypostases de Lugh. Notons au passage qu’une
révolution de mercure autour du soleil prend 87,969 jours terrestres. La période de
rotation diurne correspond à 58,646 jours terrestres. Il se trouve que cette période est
exactement égale aux deux tiers de la révolution de Mercure autour du Soleil. Mercure
fait trois tours sur elle-même pendant qu'elle tourne deux fois autour du Soleil. Cette
corrélation des nombres 2 et 3 n’a certainement pas échappé aux anciens astrologues.
Pour l’observateur terrestre, mercure semble osciller autour du soleil et reste confinée
dans son entourage.

Symbole astronomique La double spirale de Mercure


anépigraphique du soleil tiré des sigles émanant les trois rayons du Tribann.
planétaires du livre de Ballymote.

La constellation du Capricorne appelée Riuri Prinnios « Constellation du gel, de la


froidure » dans le calendrier de Coligny. Riuros « gelé » est un jeu de mots avec
*Riuoros « le rayonnant », connotant ainsi *Ariurocon « devant le seau d’eau ». *Riuo
« le rayon » ou *Riuones au pluriel, sont les sept rayons cosmiques. Ainsi, les trois
rayons regroupés forment un emblème à trois pointes appelé Tribann < Tribannos.

Capricorne vient du latin Capricornus, terme composé à partir de capra- « chèvre » et -


cornus « corne », donc, l’équivalent du grec Aegocerus. Par la suite, on l’associera à la
bête fantastique mi-chèvre, mi-poisson. Les Indiens disaient Makara « le monstre
marin ».

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Le marsouin

Delphinus, le Dauphin :

Breton Morhoc’h gallois Morhwch < Morisuccos « marsouin ». Dylan, le jumeau de


Llew, à l'exemple de Balarama, frère de Krishna, s'échappe par la mer pour s'y sentir
aussi bien qu'un poisson dans l'eau. Llew, c'est-à-dire Lugus, est Mercure. Dylan, c'est-
à-dire Manawyddan, le Manois, fils de Lyr, est justement cet Apollon océanique. Nous
le retrouvons représenté assis sur le dos d'un marsouin (anciennement un esturgeon ?)
sur le chaudron de Gundestrup. Or, justement, Manawyddan, avant d'être une
divinité solaire de la mer, est avant tout le dieu de la météorologie. Si l’on identifie
Mercure à Lugus, le Manois quant à lui se compare à Mars sous les traits de Nabelcos,
le nuageux, vénéré dans les montagnes du Vaucluse sur le mont Ventoux. En fait, on
peut dire qu’en tant que dieu celtique des vents, ce dieu est l’équivalent du roi des
Maruts des Védas. Manannan apparaît très peu dans les cycles irlandais ; il n'est
même pas présent à la fameuse bataille de Mag Tured auprès des Tuatha Dé Danann.
Il y était donc en tant que Lugh. Manannan possédait un troupeau de porcs qu’il
élevait au-delà des flots dans la contrée de la Terre de Promesse, Emain Ablach, les
Hespérides des Gaëls, en prévision du festin de l’immortalité. Le dauphin ou marsouin
est aussi associé à la constellation du Capricorne.

Le chat

Le chat (cath < cattos), est symbole d’opposition (cath < catu / catus « combat »). Selon
le motif mythologique ancien, le bœuf, qui représente les jours de mai se faisait
dévorer par un félin monstrueux. Le bœuf (constellation du Taureau) était
accompagné de trois grues, les Pléiades, alors que le chat, symbolisant la chute,
représente les Hyades. Selon le vieux thème indo-européen, le taureau représente,
l’ordre du monde et chacune de ses pattes est l’allégorie d’un pilier de la foi celtique,
de la moralité et du savoir. Il est appelé le « Taureau du Dharma » dans la littérature
védique. Sur la stèle d’Elphinstone, le taureau est remplacé par un gros saumon. Il
s’agit sans doute d’une révision chrétienne substituant l’ancien taureau apollinien ou
mithriaque par le poisson christique.

29
Le saumon

Dans la mythologie irlandaise, le Poisson austral c’est Fintan, le « saumon de la


connaissance » baignant dans la fontaine de Segais.

Le Mannois est le fils des Flots, souverain de l’Autre Monde; il apporte les trésors de la
mer et l’alphabet magique dans un sac en peau de grue. Sur son char, il parcourt la mer
sous les aspects d’une plaine semée de fleurs pourpres dont les saumons tachetés sont
des moutons bondissants. Son grand manteau vairé d’invisibilité lui permet d’arrêter le
Temps dont il en est le maître.

L’homme au couteau et à la doloire

L’homme au bonnet tient dans la main gauche un couteau et dans la main droite une
doloire de charpentier maritime.

La doloire

Exemples de doloires ou haches de charpentier maritime dans l’art normand médiéval, La


Tapisserie de Bayeux, Bayeux Museum, auteur anonyme, Musée de Bayeux :
http://www.bayeuxmuseum.com/la_tapisserie_de_bayeux.html

30
Le couteau

Un des attributs des Pléiades reliés au mystère celtique des Pléiades est sans nul doute
le légendaire sac en peau de grue du tempétueux Manannan mac Lir. Il faut dire aussi
que la grue est l’un des oiseaux fétiches des fées des Pléiades. Le sac de Manannan
contenait de nombreux articles aux propriétés magiques. On retrouvait un couteau,
une chemise, un baudrier en peau de baleine, un crochet et des pinces de forgeron, un
casque et des osselets de porc. Les trésors semblent être dans le sac à la marée haute,
mais disparaissent à la marée basse. Le sac été fait de la peau de Aoife qui a été tuée
lorsqu’elle était sous la forme d'une grue.

La tête de cheval, compas et croissant de lune

Cancer : Equi Prinnios « Constellation équilibrée, ajustée ou du cheval ».

Ecuos / *Equos > Epos « cheval »

Ecuos, de la racine aecuos, signifie « égalisé et compensé » et forme un savant jeu de


mots avec equos / epos « cheval ». *EQUOS ou AECUOS: L’écliptique « compensé » ;
ligne coupant la constellation du Cancer en deux parties ; Equos « cheval », symbole
de l'écliptique.

Les deux disques

Balance, Cantli Prinnios « le bouclage, les chants »; en connotation avec cantli « des
chants », nominatif: cantos « chant, cercle »); temps de l'Action de grâce, des moissons
et des récoltes.

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Denier gaulois des Arvernes dédié au dieu Mercure portant la mention Epad. Epad signifie
en celtique « à cheval sur, monté sur un cheval », pris au sens de « souveraineté royale »
dont la déesse Epona en était l’allégorie. Le terme se rapporte peut-être au chef arverne
Epasnactus, client des Romains. La pièce fut frappée après 52 avant l’ère commune. Suite à
la prise d'Uxellodunum en 51 avant notre ère, il livre à César le chef gaulois dissident
Lucterius qui s'était réfugié auprès de lui (voir Hirtius dans la Guerre des Gaules, VIII, 44).
Epasnactus en tenue romaine tient dans sa main gauche l’enseigne aillée de Mercure montée
des disques solaire et lunaire et dans sa main droite la lance lugienne avec le bouclier solaire
à son poignet. Une grue s’active au pied de sa gauche.

Les deux serpents

La mythologie celtique est très loquace lorsqu’il s’agit de phénomènes célestes et


terrestres liés au dragon. Pensons à cet épisode tiré des cycles arthuriens où le roi
Uther Pendragon a recours à Merlin, car il est confronté à deux dragons, l’un blanc
(Orient) et l’un rouge (Ponant). N’oublions pas que la ligne qui relie les deux nœuds
s’appelle « l’axe du dragon » ! Dans le Livre de Ballymote, les nœuds portent les noms
suivants : eth pour ersa ou lth < losta / losto « queue » et cean (< qendos) « tête ».

Les nœuds lunaires sont des points d’intersection sur l’écliptique où se croisent les
orbites du soleil et de la lune. Ces deux points d'intersection sont strictement
conceptuels et ne correspondent à aucune réalité physique tangible, par exemple celle
observée pour les astres visibles : les luminaires, les planètes ou encore les étoiles, les
comètes et les astéroïdes. Un cycle nodal complet s’accomplit tous les 18 ans et 5 mois.
Par nœud Nord, on entend que la lune est dans son parcours ascendant du sud vers le
nord de l’écliptique. À l’inverse, quand la lune pique et redescend, elle traverse le
nœud sud. Chacun de ces points est donc précisément opposé à l’autre. Selon les

32
anciens, la présence du luminaire nocturne dans cette partie du ciel entraînait des
phénomènes cosmiques et occultes.

Iconographie de la pierre de Newton

1. Symbole de la balance : deux cercles


(cantoi), lune et soleil, joints par un
joug. Balance, Constellation de la
Balance : Cantli Prinnios « le
bouclage, les chants », de Cantlos
« qui boucle » et, par connotation,
Cantalon « pilier commémoratif ».

2. Zigzague et serpent : Écliptique


traversé par le dragon avec les
nœuds lunaires, sud et nord.

Interprétation : Monument agraire et


cosmique qui marque le bouclage des cycles
annuels luni-solaires d’automne en octobre.

Le Menhir picte gravé de Newton, Aberdeenshire, Écosse. Gravure ancienne.

La piste maçonnique
Selon certains, il y aurait un lien, tenu, mais direct, entre les derniers survivants
du druidisme et les confréries secrètes menant à la franc-maçonnerie écossaise.
Si tel est le cas, ces derniers druides d’Écosse auraient ainsi donc laissé des
traces ou indices perceptibles de leur présence. En d’autres termes, ces indices
se retrouveraient encodés sous forme cryptique dans l’enseignement de ces
compagnies de la pierre devant plus à la sagesse antique qu’au dogmatisme
des pasteurs de la Rome chrétienne.

C’est sur ces monuments des Pictes de cette époque charnière entre l’Antiquité
et le Moyen Âge, qualifié injustement d’âge des ténèbres, que l’on retrouve le
plus riche répertoire du symbolisme graphique des Celtes.

La question se pose toujours, existe-t-il un lien démontrable entre la franc-


maçonnerie écossaise et le druidisme ancien?

L’historien américain de la franc-maçonnerie, Albert Gallatin Mackey (1807 –


1881), cite John Cleland (1709 – 1789) et Godfrey Higgins (1772 - 1833) parmi

33
les premiers à adhérer à cette thèse. Il ne faut cependant pas conclure à un
groupe minoritaire puisque l’idée était déjà partagée par plusieurs autres
confrères d’Albion tels William Preston (1742 - 1818), Alexander Lawrie,
William Hutchinson (1732 – 1814) et George Oliver (1782 - 1867).

Il faut rappeler aussi que c’est à cette époque que les spéculations les plus
farfelues sur les druides florissaient.

À ce sujet, 1874 Mackey (Encyclopedia of Freemasonry, Druidical mysteries, p.


221) écrivait ceci :

«Les doctrines des druides étaient les mêmes que celles entretenues par
Pythagoras ... L'objet de leurs rites mystiques était de communiquer ces
doctrines par le biais du langage symbolique ainsi que par l'objet d’une
méthode commune autant au druidisme qu’aux mystères antiques et à la franc-
maçonnerie moderne». (Traduction de l’auteur) 2

Puis plus loin sur l’étymologie fantaisiste de maçon (Mason, Derivative of the
word, Encyclopaedia of Freemasonry and kindred sciences, p. 489) :

« Un auteur qui signe George Drake dans le European Magazine de février 1792,
attribuait une origine druidique à la maçonnerie, car selon lui, le terme maçon
viendrait de ma’s on, « les hommes de mai », du français on dit, et ces « may’s on
» sont par conséquent les druides dont les principales célébrations se tenaient
au mois de mai. » (Traduction de l’auteur) 3

Il va sans dire que la science de la linguistique à fait d’énormes progrès depuis


et qu’aucuns accorderait crédit à une telle explication étymologique.

Selon nos meilleures sources, le nom de franc-maçon, free-mason en anglais,


est attesté depuis la fin du XIVe siècle et son étymologie s’explique de
plusieurs façons. Selon certains, dont Ernest Klein (A Comprehensive
Etymological Dictionary of the English Language, 1971), il s’agirait d’une
corruption de « frère maçon » compris comme étant « franc » au sens de «
compagnon libre ». Les Anglais, qui traduisaient « franc » par « free », y
voyaient une référence à la taille de pierres autoportantes ou « free-standing
stones ».

En Europe, pendant des siècles, les ouvriers spécialisés tels les charpentiers,
tonneliers, forgerons et maçons, formaient des confréries mobiles liées par un
code d’honneur et où s’échangeaient des secrets techniques et autres
enseignements plus ou moins ésotériques. À l’origine, ces guildes d’artisans-
ouvriers n’étaient réservées qu’aux compagnons dûment reconnus. Puis vers le
XVIIe siècle, en Écosse et ailleurs, ces guildes se sont ouvertes pour accepter des

34
gens d’influence et autres membres honorifiques. En 1717, à Londres, les
confréries de tailleurs de pierre seront alors désignées sous le vocable anglais
de « Free and Accepted Masons (F. & A. M.) ». De fait, le 24 juin 1717, trois des
loges de Londres ainsi que celle de Westminster se rencontreront à la taverne
du Goose and Gridiron de la paroisse St-Paul pour devenir la grande loge
d’Angleterre. Puis non loin de là, le 22 septembre de la même année, les
druides du monde celtique seront convoqués par le Druid Circle Of The
Universal Bond de Londres et qui se donneront rendez-vous à Primerose Hill.
De cet évènement naitra une confrérie dite « druidique », The Most Ancient
Order of Druids, fondée par John Toland. Plusieurs décennies plus tard, The
Ancient Order of Druids sera fondée en 1781 à la Old King’s Arms Tavern sur
Poland Street à Londres par le frère maçon Henry Hurle. Bref, depuis ce
temps, les deux mouvances sont intimement liées et semblent se confondre.

Et sur le même sujet, toujours selon Albert G. Mackey (in Encyclopedia of


Freemasonry) :

« M. Preston commence son histoire de la maçonnerie de l’Angleterre en


affirmant qu'il existe des preuves convaincantes voulant, que bien avant
l'époque de l'invasion Romaine, que la de la science de la maçonnerie n’était
pas inconnue des anciens Bretons. Par conséquent, il suggère la possibilité que
les druides se partageaient de nombreux usages similaires à ceux des francs-
maçons; mais il admet candidement qu’il s’agit d’une simple conjecture.
Hutchinson pense qu'il est probable que la plupart des rites et des institutions
des druides furent maintenus dans la création des cérémonies de la société
maçonnique. D’ailleurs, Paine, qui en savait si peu sur la maçonnerie comme
pour la religion des druides, affirme de façon dogmatique que «La maçonnerie
est ce qui reste de la religion des anciens druides, qui étaient, comme les mages
de Perse ainsi que les prêtres d'Héliopolis en Égypte, des prêtres du soleil». Le
docte Faber, une autorité beaucoup plus compétente que Paine, exprime
l'opinion selon laquelle les bardes druidiques «sont probablement les véritables
fondateurs de franc-maçonnerie anglaise». Godfrey Higgins, dont le génie
inventif, l’imagination fertile et la crédulité excessive font que sa grande œuvre
l’Anacalypsis ne soit tout à fait fiable, dit qu'il ne doute «aucunement que les
francs-maçons étaient des druides, des Culidei ou des Chaldéens et Casidéens.
Il est vrai que le Dr Oliver nie que les francs-maçons d'aujourd'hui viennent
des druides. Il pense que ces derniers étaient une branche de ce qu'il appelle la
fausse franc-maçonnerie qui n’était qu’une scission de la franc-maçonnerie
pure des Patriarches. Malgré tout, il trouve de nombreuses analogies dans les
rites et les symboles de ces deux institutions qui indiquent une origine

35
commune à partir d'un système primitif, à savoir les anciens mystères des
païens. » (Traduction de l’auteur) 4

Il est peu probable que l’institution des druides ait pu survivre intégralement
dans les ordres professionnels de troisième ordre comme celle des maîtres
maçons.
Graffitis et pétroglyphe de la caverne de
Gilmerton Cove à Édimbourg en Écosse :

Initiales du XVIIIe siècle avec l’emblème


maçonnique du compas et de l’équerre et la
représentation d’un chat entourant une
fonte baptismale.

Crédits photo: Illustration 10, detail of


graffiti in Room 4, Excavations at Gilmerton
Cove, Edinburgh, 2002; The Society of
Antiquaries of Scottland, 2006, page 327.

Nous savons par contre que les derniers druides s’étaient réfugiés en Écosse et
dans les Orcades continuant ainsi leurs activités de façon discrète ou
clandestine. Près d’Édimbourg, à Gilmerton, il existe justement un important
complexe souterrain portant la signature si particulière des druides. Le site, qui
a été occupé précédant l’époque chrétienne, fut rouvert par le forgeron George
Paterson en 1724 alors qu’il occupait le petit cottage directement au-dessus.
Paterson, qui se vantait d'avoir creusé ces caves afin d’y aménager ses ateliers
n’avait en fait que déblayer l’un des passages remblayés avant le Moyen Âge.
Les souterrains semblent être demeurés inoccupés jusqu’à ce que Paterson
ouvre une des entrées connexes à sa maison. En 2002, une fouille archéologie
méticuleuse du site Gilmerton ou Paterson’s Cove (« cave » en anglais
d’Écosse), conclue que ce complexe souterrain date de l’âge du fer. Ces fouilles
furent menées d’avril à novembre par le CFA Archaeology Ltd sous le cottage
Paterson de Drum Street à Édimbourg avant que le lieu soit transformé en
attraction touristique. Elles furent commissionnées par le conseil municipal de
la ville d’Édimbourg conjointement avec la société des antiquités d’Écosse (The
Society of Antiquaries of Scotland). Le but étant de déterminer l’époque de sa
construction ainsi que sa vocation, occupation initiale et usage subséquent. Et

36
ceci en lien avec la foisonnante tradition orale et folklore entourant la caverne
sculptée.

Quoi qu’il en soit, nous savons que les druides réfugiés en Écosse avaient,
depuis un millénaire avant Paterson et ses amis francs-maçons déjà, pris le
maquis de façon définitive.

De plus, rien dans le contenu pédagogique et philosophique des clairières


druidiques anglaises nées des loges maçonniques, telles The Druid Order ou
The British Circle Of The Universal Bond (fondée par John Toland en 17717) et
The Ancient Order of Druids (fondée par Henry Hurle en 1781), ne nous
indique aucunement une quelconque transmission continue des enseignements
des druides de l’Antiquité.

Conclure comme l’ont fait les néo-druides des temps modernes que le
christianisme fut une chance pour le celtodruidisme est une erreur. Au
contraire, l’arrivée en Europe de l’Ouest des premiers missionnaires fut une
véritable déclaration de guerre !

Il ne faudrait pas trop rapidement conclure à une survivance des trois


ordres de la société celtique. De la première fonction, celle des clercs
intellectuels, donc des prêtres, rien n’est resté. De la deuxième
fonction, qu’une intégration assimilation à l’ordre de la chevalerie
romaine. La troisième fonction quant à elle, a eu plus de chance de
survivre, mais en partie seulement. Rappelons que la sage-femme
herboriste guérisseuse du Moyen-Âge n’est déjà plus la druidesse
païenne et qu’il ne faudrait pas penser retrouver dans la troisième
fonction, donc paysanne, une quelconque survie intacte de
l’enseignement des lignées de premier et deuxième ordre. Ceci dit, il est
par contre envisageable qu’un grand pan de la dévotion celtique
populaire soit demeuré intact tout le long du Moyen-Âge chrétien
jusqu’à la Renaissance avec ses tribunaux inquisitoires et ses chasses
aux sorcières. On affirme aussi faussement que le druidisme est
monothéiste alors qu’il est, comme le sont tous les autres grands
courants indo-européens, moniste à tendance polythéiste. D’autres
celtomanes ont avancé que le christianisme était l’accomplissement ou
encore, l’aboutissement du druidisme et alors confondent Gaule et
Galilée.
Voici le genre de bobards qui ont cours dans les collèges néo-
druidiques (René Bouchet, Druidisme et christianisme, p. 17) :
« Conformément à la convention passée entre les mages, Jésus vint en
Gaule, dans les centres druidiques déjà secrets, car la Gaule était

37
depuis 60 ans sous le joug de Rome. Il reçut des nôtres l’enseignement
de la Loi de la Charité et d’Amour totalement étrangère à Loi mosaïque
qui limite strictement la pratique de ces vertus au bénéfice de ses seuls
adeptes. »
Si l’adéquation druidisme = christianisme est fausse, il ne faudrait pas
non plus en rajouter une couche en faisant de cette doctrine celtique
du chamanisme primitif.
Bref, donnons le dernier mot aux spécialistes :
« L’existence et l’origine des druides sont inséparables de leurs
enseignements, théologiques et doctrinaux, pratiques et magiques. Le «
druidisme » et la Tradition celtique sont une seule et même chose, de
nature et d’essence religieuses indo-européennes. » (Guyonvarc’h et Le
Roux, Les Druides, p. 352)
_______

Notes :

1. L’hellébore a un goût âcre et amer. Son acrimonie, comme l'observe le Docteur


Grew, se fait sentir d'abord au bout de la langue, et bientôt après vers sa racine,
sans affecter d'une manière sensible la partie intermédiaire : en le mâchant
pendant quelques minutes, la langue s’engourdit, et parait affectée d’une
espèce de paralysie, comme il arrive quand on s'est brûlé en mangeant quelque
chose de trop chaud. Les fibres, qui sortent de la tête de la racine, font plus
acrimonieuses que la tête même. Si on prend depuis quinze grains jusqu'à un
demi-gros d'hellébore noir , il devient un violent purgatif, et on l'a fort vanté
comme tel contre la manie et les autres maladies causées par le vice des
humeurs , que les anciens appelaient l’atrabile ; il est d'usage en pareils cas
d'employer des médicaments de ce genre qui purgent vivement en irritant,
quoiqu'ils ne possèdent pas d'autre vertu spécifique contre la folie et l'atrabile
que celle d'évacuer. Cependant il ne parait pas que notre hellébore noir agit
avec autant de violence que celui des anciens, circonstance qui a donné lieu de
soupçonner qu'ils employaient une plante différente ; et à dire le vrai, les
descriptions que les anciens nous ont laissées de leur hellébore ne s'accordent
avec aucun de ceux dont parlent les Botanistes modernes. On en a découvert
dans le Levant une autre espèce que M. Tournefort nomme helleborus niger
orienta- lis, ampliffimo folio, caule praalto, flore purpurascente, et il prétend
que c'est le vrai hellébore noir des anciens, parce qu'il vient aux environs du
Mont-Olympe et dans l'ile d'Anticyre si célèbre dans l'antiquité par I ’hellébore
qu'elle produirait; il rapporte qu'un scrupule de cet hellébore a causé des
convulsions. La racine de l' helleborus nigerflore rofeo est regardée aujourd'hui
principalement comme un altérant, et on la donne en cette qualité à petites
doses, pour atténuer les humeurs visqueuses, exciter & favoriser les excrétions

38
vives... (W. Lewis, Connoissance pratique de médicaments les plus salutaires,
simples et composés, Volume 1, publié Chez la Veuve Desaint, Paris, 1775.
2. The doctrine of the Druids were the same as those entertained by Pythagoras...
The object of their mystic rites was to communicate those doctrines in symbolic
language, and object and a method common alike to Druidism, to the Ancient
Mysteries and to Modern Freemasonry.
3. A writer in the European Magazine for February, 1792, who signs himself
George Drake, attributing to Masonry a Druidical origin, derives Mason from
what he calls ma’s on, or the men of May, on being men as in the French on dit,
and may’s on are, therefore, the Druids, whose principal celebrations were in
the month of May.
4. Mr. Preston, in commencing his history of Masonry in England, asserts that
there are convincing proofs that the science of Masonry was not unknown to
the early Britons even before the time of the invasion of the Romans. Hence he
suggests the probability that the Druids retained among them many usages
similar to those of Masons; but he candidly admits that this is a mere
conjecture. ("Illustrations of Masonry," B. IV., sec. i., p. 121, Oliver's ed.)
Hutchinson thinks it probable that many of the rites and institutions of the
Druids were retained in forming the ceremonies of the Masonic society. (Spirit
of Masonry," lect. iii., p. 41) Paine, who knew, by the way, as little of Masonry
as he did of the religion of the Druids, dogmatically asserts that "Masonry is
the remains of the religion of the ancient Druids, who, like the Magi of Persia
and the priests of Heliopolis in Egypt, were priests of the sun." ("Essay on
Freemasonry," p. 6.) The learned Faber, a much more competent authority than
Paine, expresses the opinion that the Druidical Bards "are probably the real
founders of English Freemasonry." (Pagan Idolatry) Godfrey Higgins, whose
inventive genius, fertile imagination, and excessive credulity render his great
work, the Anacalypsis, altogether unreliable, says that he has "no doubt that
the Masons were Druids, Culidei, or Chaldea, and Casideans." (Anacalypsis,"
vol. i., p. 718) Dr. Oliver, it is true, denies that the Masons of the present day
were derived from the Druids. He thinks that the latter were a branch of what
he calls the Spurious Freemasonry, which was a secession from the Pure
Freemasonry of the Patriarchs. But he finds many analogies in the rites and
symbols of the two institutions which indicate their common origin from a
primitive system, namely, the ancient Mysteries of the Pagans.

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