Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ministère de la Santé
Maroc
NUMÉRO SPECIAL
Piqûres et envenimations scorpioniques :
Conduite à tenir
Edito
Comprendre pour mieux lutter
Comprendre la physiopathologie d’une maladie, nous permet, sans au-
cun doute, d’être mieux outillés pour en maîtriser les processus et réaliser
des avancées thérapeutiques. Au contraire, la méconnaissance de ce vo-
let expose à l’utilisation de thérapies inappropriées, inefficaces et même
Directrice de Publication
parfois dangereuses pour le malade.
Pr Rachida Soulaymani Bencheikh
L’envenimation scorpionique en est un exemple édifiant. Longtemps,
COMITÉ DE RÉDACTION l’ignorance de ses mécanismes physiopathologiques a conduit à des
prises en charge inadaptées, et donc à des échecs. La sérothérapie anti-
Rédactrice en Chef scorpionique (SAS) a notamment été utilisée à tort, et ce malgré l’absence
Dr Naima Rhalem
d’évidence scientifique sur son intérêt thérapeutique, dans de très nom-
Rédactrice en chef adjointe breux pays.
Dr Hanane Chaoui Constatant, par des études sur le terrain, les nombreuses défaillances et
les dangers de l’ancienne sérothérapie, le Maroc l’avait bannie du proto-
Comité de lecture cole thérapeutique dans les années 90, une position courageuse et avant
Pr Sanae Achour gardiste comme en témoigne son retrait postérieur partout dans le monde.
Dr Narjis Badrane La mise en place d’une conduite à tenir rationnelle basée sur les preuves
Dr Hanane Chaoui scientifiques a permis l’amélioration des indicateurs epidémiologiques et
Dr Rachid Hmimou la réduction significative du nombre de décès.
Dr Imane Iken
Le Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc (CAPM), avec
Pr Bruno Megarbane
Pr Abdelghani Mokhtari
les réanimateurs sur le terrain, suit et évalue en temps réel tous les cas de
Dr Naima Rhalem PES et améliore continuellement la conduite à tenir. Il reste par ailleurs,
Dr Ilham Semlali très attentif à toutes les avancées scientifiques dans ce domaine, pour
Pr Rachida Soulaymani Bencheikh offrir au patient marocain la meilleure prise en charge basée sur la preuve
Pr Abdelmajid Soulaymani scientifique. Le suivi des progrés réalisés dans le développement de nou-
velles SAS spécifiques est une préoccupation majeure.
Responsable de diffusion Après une édition consacrée à l’état des lieux de l’envenimation scorpio-
Mme Hind Jerhalef nique (Toxicologie Maroc n°33), nous vous proposons ce numéro mettant
l’accent sur le venin (composition, propriétés et mode d’action) et l’enve-
EDITION
nimation (physiopathologie et clinique) et présentant la conduite à tenir
codifiée pour une prise en charge rationnelle.
Directrice de l’Edition
Dr Siham Benchekroun
Iken Imane1,2, Achour Sanae 2,3, Rhalem Naima1, Soulaymani Bencheikh Rachida1,4
1 Centre Anti Poison et de pharmacovigilance du Maroc
2 Laboratoire de recherche “Centre médical de recherche biomédicale et translationnelle”, Fès
3 Laboratoire de pharmacotoxicologie, laboratoire central des analyses médicales du CHU Hassan II de Fès
4 Faculté de médecine et de pharmacie, Rabat.
Premier Cas clinique Second Cas clinique intubation orotrachéale, d’une venti-
lation mécanique en mode contrôlé,
Il s’agit d’un enfant de 9 ans, de sexe Il s’agit d’un nourrisson de 18 mois, en et d’une sédation continue à base de
masculin, sans antécédents notables, âge de marche, de sexe masculin, pesant Midazolam et de Fentanyl.
qui a été piqué en début de soirée au 10 kg, sans antécédents particuliers, qui L’échocardiographie initiale a mis en
niveau de son pouce, alors qu’il était en a été victime vers 22 heures, pendant son évidence une hypokinésie septo-apicale,
train de chercher une petite balle perdue sommeil, d’une piqûre de scorpion noir, avec une fraction d’éjection du ventricule
entre des planches de bois. A peine au niveau de la face latérale de sa cuisse gauche de 30%, une légère fuite mitrale,
arrivé au centre de santé le plus proche, droite. Il a été amené par sa maman vers des pressions de remplissage élevées,
il était déjà abattu, fébrile, en sueur, avec la structure hospitalière la plus proche, une ITV de 10 cm, sans épanchement
des extrémités glacées et un priapisme. avant d’être transporté vers le CHU, à péricardique ni cœur pulmonaire aigu.
L’infirmier de garde lui a posé une voie bord d’une ambulance non médicalisée, L’échographie pulmonaire a retrouvé
veineuse périphérique et administré de sans régulation ni mise en condition. des lignes B au niveau des deux parois
la dobutamine. Pendant le transport A son admission aux urgences pédia- antéro-latérales.
à bord d’une ambulance vers le triques, vers 00 H 30 min, l’enfant était Le bilan biologique initial a révélé une
CHU, l’abord vasculaire a été retiré particulièrement agité et geignard, non hausse du taux des troponines IC (15
accidentellement et l’état du patient interactif, avec des pupilles égales et fois la normale), de la glycémie (2,5
s’est dégradé de façon dramatique. A réactives, une transpiration excessive g/l), des leucocytes (31103/mm3), du
son admission, il était agité, en état de et une hyperthermie à 39°. Il avait une taux des plaquettes (645 103/mm3), de
choc, avec une hypersudation, une cyanose péribuccale, une froideur la CRP (187 mg/l), ainsi qu’une baisse
hyperthermie et des selles liquidiennes manifeste des extrémités, une fréquence de la calcémie ionisée (0, 85 mmol/l),
abondantes. Le patient a bénéficié d’une cardiaque à 152 battements par min, une légère cytolyse hépatique et une
oxygénothérapie, d’un remplissage une pression artérielle à 73/38 mmHg fonction rénale conservée.
vasculaire titré, après lui avoir et un temps de recoloration allongé. Sa
difficilement posé un cathéter veineux gazométrie faisait état d’une acidose Après à peu près 8 heures de réanimation,
de petit calibre, avant de pouvoir métabolique profonde, avec un pH de nous avons assisté à une accentuation
réaliser un accès veineux fémoral et 7,06 et un taux de bicarbonates de l’ordre de la tachycardie et à l’installation d’une
redémarrer la dobutamine en seringue de 7 mmol/l. Il avait une tachypnée à 45 hypotension artérielle diastolique, avec
auto-pousseuse. L’évolution a été favo- cycles par min, une hypoxémie (PaO2 = persistance des signes d’hypoperfusion
rable avec stabilisation au bout de 16 54 mmHg - SpO2 : 88% sous 3l O2) et périphérique et de l’acidose
heures des constantes vitales et arrêt des râles crêpitants diffus. Sa glycémie métabolique (pH: 7,1), hypercinésie du
des inotropes positifs après 24 heures capillaire était de 2,6 g/l et son transit muscle cardiaque à l’échocardiogaphie,
d’hospitalisation. accéléré. et oligurie (0,5 ml/kg/h) de plus en plus
Le diagnostic d’une envenimation prononcée. Par ailleurs, nous avons
Commentaire scorpionique grave (stade III), attesté par noté une amélioration de la PaO2 (75
Cette observation rend compte de l’intérêt la détresse neurologique, respiratoire mmHg), sous 5 de PEP et 80% de FIO2,
majeur qu’il faut accorder à la précocité et circulatoire, a été rapidement établi et une légère défervescence thermique.
et la sécurisation de l’abord vasculaire, par le médecin de garde et l’enfant Un abord veineux central et une ligne
souvent difficile chez l’enfant, a fortiori a été immédiatement acheminé en artérielle ont été mis en place. Une
quand il est en état de choc, avec des réanimation. En plus des mesures expansion volémique précautionneuse
extrémités froides et une vasoconstriction communes et classiques de la prise en (sérum salé isotonique 5 ml/kg, renouvelé
périphérique intense. charge, l’enfant a bénéficié d’emblée une fois) et une administration continue
Ajoutons à cela, l’hypersudation qui rend d’une perfusion continue de dobutamine de noradrénaline (1 µ/kg/min) ont été
fragile la fixation avec le sparadrap et à raison de 15 µ/kg/min, du gluconate mises en route. Devant la persistance
sera source de déplacement de l’accès de calcium (100 mg/kg en IVL), d’une de la tachycardie, un traitement à base
veineux, aux conséquences dramatiques. induction en séquence rapide après un d’Amiodarone (10 mg/kg/j) a été
Toute l’attention devra donc être portée bolus de 4 µg d’adrénaline (l’injection administré, puis une cardioversion
sur une fixation infaillible, au moyen d’etomidate et de l’esméron est précédée en mode synchrone (0,5 J/kg) a été
d’un bandage soigneusement placé. par un bolus d’adrénaline), d’une réalisée.
Bibliographie
1- SureSh V Sagarad, Sudha BIradar Kerure, BalaraMSIngh ThaKur, S S 4- Fekri Abroug, Elatrous Souheil et Ouanes Besbes Lamia. Scorpion-related
reddy, BalaSuBraManya K5, R M JoShI. Echocardiography Guided Therapy cardiomyopathy: Clinical characteristics, pathophysiology, and treatment.
for Myocarditis after Scorpion Sting Envenomation. Journal of Clinical and REVIEW ARTICLE- Clinical Toxicology 2015 : 1–8.
Diagnostic Research 2013; 7,12: 2836-2838. 5- Palmira Cupo. Clinical update on scorpion envenoming. Revista da
2- Palmira Cupo, Alexandre B. Figueiredo. Acute left ventricular dysfunction Sociedade Brasileira de Medicina Tropical 2015;48,6:642-649.
of severe scorpion envenomation is related to myocardial perfusion 6- Dammak Hassen, Bahloul Mabrouk, Bouaziz Chokri Ben Hamida
disturbance. International Journal of Cardiology 2007;116:98-106 Mounir. Value of the plasma protein and hemoglobin concentration in the
3- Zahida Taibi-Djennah, Fatima Laraba-Djebari. Effect of cytokine antibodies diagnosis of pulmonary edema in scorpion sting patient. Intensive Care Med
in the immunomodulation of inflammatory response and metabolic disorders 2002;28:1600-1605 .
induced by scorpion venom. International Immunopharmacology 2015; 27:
122-129.
HIÉRARCHISER LA PIQÛRE
Information
Education Mettre en
Sensibilisation condition2
Fièvre :
-Moyens physiques (vessie de glace),
-Paracétamol : (voir doses pré citées)
Vomissements :
- Antiémétique : 0,15 mg/kg à répéter toutes les 6 heures.
Douleurs abdominales : Antispasmodique non atropinique :
- Phloroglucinol 40mg :
- Adulte : 1 à 2 ampoules en IVD ou IM 3 fois/24h
- Enfant: 1⁄4 amp pour 15 kg/8h en IV
- ou Tiémonium 5mg :
- Adulte : 1ampoule en IM ou IV lente à renouveler 3 fois par jour.
- Enfant: 1⁄4 ampoule pour 15 kg/8h en IV
Commencer dobutamine en perfusion quelque soit la structure sanitaire d’accueil
Classe II = Envenimation avec signes prédictifs de gravité, ou Classe III = Envenimation avec détresse vitale
en milieu de réanimation
Surveiller les constantes vitales de Chez l’enfant: 1⁄4 ampoule pour 15 4- Traitement des signes locaux
la victime. La température, le pouls, kg/8h en IV, et des signes généraux (comme
la pression artérielle, la fréquence - Ou tiémonium 5mg; Chez l’adulte : précédemment),
respiratoire et l’état de conscience 1ampoule en IM ou IV lente/8h; Chez
doivent être surveillés constamment, au l’enfant: 1⁄4 ampoule pour 15 kg/8h en 5- Traitement de la détresse neuro-
minimum toutes les 30 minutes jusqu’à IV. logique
un TPP de 4 heures pour éliminer une
envenimation éventuelle. 2) Surveillance - En cas de convulsions : Diazépam,
Si durant ces 4h, il n’y a pas apparition chez l’enfant, en intra rectal (0,5mg/Kg
de signes généraux, le patient pourra La surveillance doit porter sur la (0,1 ml de solution/kg) sans dépasser
quitter la structure sanitaire en toute pression artérielle, Fréquence et 10 mg par injection), par voie orale (0,1
sécurité. rythme cardiaques, Fréquence à 0,2 mg /kg) ou par voie IV (0,05 à
respiratoire, état de conscience et 0,1mg/kg), chez l’adulte (5 à 15mg/24h
3) Sensibilisation et éducation température toutes les 30 minutes en IM profonde).
jusqu’à disparition totale et durable
Le patient et son entourage doivent être des signes généraux. - En cas d’agitation : Midazolam, en
informés sur les moyens préventifs, sur la intraveineuse (IV) lente, à répéter si
différence entre piqûre et envenimation 3) Sensibilisation et éducation besoin (enfant : 0,1 à 0,3 mg/kg, adulte:
et sur le danger et l’inefficacité de 2,5 à 5 mg).
certaines pratiques (garrot, incision, 2- Classe II avec au moins un signe
scarification, application de produits ou un facteur prédictif de gravité - En cas d’incoordination neuromuscu-
traditionnels…) qui ne font que retarder laire: Midazolam en bolus IV à la dose
la prise en charge. -Mise en condition, de 0,05 à 0,1mg/kg puis perfusion de
-Traitement symptomatique à continuer 0,1mg/kg/h. Il faut ajuster les doses pour
ou à démarrer, maintenir une sédation avec assistance
Prise en charge des patients -Démarrage de la dobutamine, quelle respiratoire.
que soit la structure sanitaire d’accueil,
classe II en milieu hospitalier -Suivi des constantes vitales, 6- Traitement de la détresse cardiaque
-Transfert d’urgence vers un service de
Les patients en classe II sont des patients • Hypertension artérielle:
réanimation.
envenimés. La présence d’un seul Généralement, l’hypertension artérielle
signe général atteste de la présence du n’est pas fréquente et ne dure pas
venin dans la circulation générale et de Prise en charge des patients longtemps. Elle est donc à respecter
la possibilité d’évolution vers la classe classe II avec signes ou s’il n’y a pas de décompensation
III; de ce fait, l’hospitalisation s’impose. viscérale surajoutée. Par contre, en cas
Dans la classe II, il y a deux sous-classes: facteurs prédictifs de gravité d’hypertension artérielle menaçante
les patients classe II sans signes ou ou des patients en classe III (défaillance viscérale surajoutée), on
facteurs prédictifs de gravité et les patients en milieu de réanimation donne un antihypertenseur: Nicardipine
classe II avec signes ou facteurs prédictifs en bolus de 1 à 2 mg en IVD à répéter
de gravité. Le traitement vise à maintenir les si besoin toutes les 5 à 10 minutes ou
Le traitement doit être commencé fonctions vitales : cardiaque, respiratoire encore, au besoin, en continue à la
quelle que soit la structure sanitaire et neurologique. seringue autopulseuse (SAP) à raison de
d’accueil. Le médecin doit adapter son traitement 1 à 4 mg/h.
à l’état clinique du malade d’où
1- Classe II sans signes ou facteurs • Etat de choc (hypotension, tachycardie)
l’intérêt d’une surveillance intensive.
prédictifs de gravité - Dobutamine
1- Maintien de la mise en condition Une ampoule de 250 mg diluée dans
1) Traitement symptomatique des comme lors du transfert, 50 ml de sérum salé à 9 ‰ par seringue
signes généraux 2- Mise en place d’une sonde urinaire autopulseuse, à administrer par voie
et d’une sonde gastrique périphérique. On commence par une
• Fièvre: posologie moyenne de 7µg/Kg/min et
- Moyens physiques (vessie de glace) 3- Remplissage vasculaire prudent
on augmente par palier de 2µg toutes les
- Paracétamol par voie orale ou intra par petits volumes de SS à 9‰ en 30
15 minutes jusqu’à stabilisation de l’état
rectale; Adulte: 3g/24h en 3 prises, minutes, sous contrôle de la pression
clinique (disparition des signes de l’état
Enfant : 60 à 80 mg/kg/24h en 4 prises artérielle, de la pression veineuse
de choc), normalisation de la tension
centrale (PVC) ou échocardiographie
• Vomissements: artérielle, de la fréquence respiratoire
Antiémétique disponible : 0,15 mg/kg à (Enfant: 5ml/Kg, Adulte: 250ml).
et la reprise d’une diurèse>0,5ml/Kg/h.
répéter toutes les 6 heures. On peut faire le test de remplissage, Ceci sans dépasser 20µg/Kg/min.
• Douleurs abdominales : comme suit : on perfuse 10 ml/kg de La réduction de la dobutamine doit
Antispasmodiques non atropiniques: sérum salé à 9‰, si la tension artérielle aussi se faire de façon progressive, par
- Phloroglucinol 40mg; Chez l’adulte : s’élève, ceci montre bien qu’il s’agit palier de 2µg/kg/min et ceci toutes les
1 à 2 ampoules en IVD ou IM 3 fois/24h; d’une hypovolémie. 15 minutes, après une stabilisation
Stratégie Prévention
du Ministère de la santé et gestes de secours
Le CAPM a reçu à plusieurs reprises des questions Les gestes de secours devant une piqûre de scor-
concernant les mesures prises par le ministère de pion et les mesures de prévention pour protéger
la Santé pour lutter contre les intoxications par les la population, surtout en période estivale, sont
piqûres de scorpions surtout en milieu rural et au parmi les préoccupations de la population, leurs
niveau des régions endémiques. représentants et la société civile.
Les réponses se sont basées sur le plan straté- Le CAPM dispose d’un plan d’Information-Educa-
gique du ministère de la Santé pour lutter contre tion-Communication (IEC) qu’il met en œuvre tout
ce fléau. Il s’agit d’une Stratégie Nationale de pré- le long de l’année et qu’il renforce à l’approche
vention et de lutte contre les PES basée sur les Décès infantile de l’été en collaboration avec les provinces médi-
recherches scientifiques adaptées au contexte et modalités de prise en charge cales et les académies d’éducation et d’Ensei-
marocain. Elle a été mise en place par une circu- gnement. Ainsi plusieurs campagnes de préven-
laire ministérielle (Circulaire Ministérielle en 1999 tion sont organisées pour prévenir les piqûres
Le CAPM reçoit fréquemment des questions sur
n° 15/DELM/INH/CAPM) et pilotée par le CAPM de scorpion et pour améliorer la prise en charge
les mesures prises par le ministère de la Santé pour
qui veille à son application surtout au niveau des des victimes piquées avant l’arrivée à la structure
réduire les décès des enfants piqués par le scorpion
provinces à risque. sanitaire.
et liant la cause des décès à l’absence du Sérum Anti
Cette stratégie a pour objectifs de diminuer Pour prévenir les PES, des séances d’IEC sont
Scorpionique (SAS).
l’incidence, la morbidité et la mortalité liées aux organisées au niveau des lieux de rassemble-
La prise en charge thérapeutique des PES ne com-
piqûres de scorpions. Cinq grands axes straté- ment de la population, au niveau des centres de
prend plus le SAS depuis l’an 2000, pour des raisons
giques ont été tracés : santé, en milieu scolaire, foyers féminins et dans
de manque de preuve scientifique sur son efficacité, sa
1-Formation du personnel médical et paramédi- les mosquées...
tolérance et sa spécificité. Le traitement est essentiel-
cal sur la prise en charge thérapeutique de façon Les messages sont simples incitant la population
lement symptomatique, les médicaments nécessaires
continue et régulière ; à élever les volailles prédatrices du scorpion, à
ainsi que les dispositifs médicaux essentiels pour
2-Standardisation de la conduite à tenir devant colmater toutes les brèches et trous au niveau
prendre en charge l’envenimation scorpionique sont
une piqûre de scorpion qui permet de guider les des murs, lisser les murs, désherber et entretenir
distribués chaque année par le CAPM, sous forme de
professionnels de santé à identifier plus rapide- les alentours de l’habitat pour diminuer l’accès
kit (caisse de médicaments). Ceci a permis de réduire
ment les cas graves pour les orienter vers la du scorpion ; à porter des chaussures fermées et
nettement le décès en intra-hospitalier.
réanimation et à rationaliser la prise en charge montantes, et à prendre des précautions avant de
Pour améliorer la prise en charge des victimes, un
des envenimés en utilisant uniquement les médi- toucher les pierres, le bois, etc.
arbre de décision spécifique a été élaboré pour aider
caments nécessaires ; Tous les messages de prévention sont précisés
aussi bien le professionnel de santé que les interve-
3-Actions d’Information Education et Commu- dans le matériel IEC (affiche IEC, dépliants, livret
nants sociaux à distinguer entre une piqûre simple (ne
nication (IEC) pour la population pour l’informer relais, CD-Rom, …) qui est élaboré par le CAPM
nécessitant qu’un traitement des signes locaux et la
de façon simple sur la piqûre de scorpion et sa et distribué au cours des campagnes IEC.
surveillance), et une envenimation témoignée par la
prévention et pour l’inciter à bannir l’utilisation de Par ailleurs, les mass-médias (journaux, presse
présence d’un ou de plusieurs signes généraux et/ou
thérapeutiques traditionnelles. électronique, radios et télés) participent à l’infor-
des signes de détresse vitales (nécessitant le transfert
4-Utilisation des prédateurs pour le scorpion mation et l’éducation du grand public.
rapide du patient vers l’hôpital).
pour diminuer le nombre de piqûres, entretien Quant aux premiers gestes de secours, le pro-
Les résultats probants ont encouragé le ministère
des alentours et réorganisation de l’habitat pour gramme IEC déconseille toutes les pratiques
à renforcer cette stratégie pour tendre vers zéro
empêcher l’accès du scorpion aux domiciles. traditionnelles (garrot, succion, scarification, cryo-
décès par envenimation scorpionique. Pour ce, une
5- Implantation du système d’information, afin thérapie, etc.), car ils ne reposent sur aucun argu-
démarche d’audit clinique des décès a été implantée
de suivre l’évolution des différents indicateurs de ment scientifique. Ils ne font que retarder l’accès
depuis 2003 (inscrite dans le plan d’action du ministère
morbidité et de mortalité et d’évaluer l’impact des rapide de la victime aux structures de soins et
de la Santé depuis 2008), afin de soulever les dysfonc-
actions de prévention et de prise en charge. donc aggraver le pronostic vital.
tionnements et les insuffisances de prise en charge et
Pour rationaliser les interventions, le ministère de
mettre en place les changements nécessaires.
Pour activer l’application de la stratégie, le ministère la Santé incite la communauté, les autorités et les
Le ministère de la Santé ne pourra atteindre ce défi
de la Santé organise chaque année une campagne collectivités locales, ainsi que les autres départe-
que si les autres secteurs (ministère de l’Education
nationale de prévention et de lutte contre les PES. ments ministériels à participer à l’amélioration de
Nationale et de la Formation professionnelle ; minis-
Les résultats sont encourageants, reflétés par la dimi- la qualité de vie de la population pour prévenir les
tère de la Jeunesse et Sports, ministère de l’Intérieur,
nution significative des décès, mais il faudra renforcer PES, une pathologie liée au niveau socio-écono-
particulièrement les collectivités locales et les Bureaux
l’implication multisectorielle pour bien vaincre ce fléau. mique de la population.
Communaux d’Hygiène, ministère de l’Équipement, du
1-Soulaymani Bencheikh R, El Oufir Rh. Stratégie nationale de Transport, de la Logistique et de l’Eau, ministère de 1-Soulaymani Bencheikh R, El Oufir Rh. Stratégie nationale de
lutte contre les piqûres et les envenimations scorpioniques. Revue l’Agriculture et de la Pêche Maritime, etc.), s’impliquent lutte contre les piqûres et les envenimations scorpioniques. Revue
Toxicologie Maroc 2009 ;2 : 3-9. Toxicologie Maroc 2009 ;2 : 3-9.
par des activités coordonnées et intégrées.
Auteurs :
Semlali Ilham, Rhalem Naima