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Fais de l’Éternel
tes délices !
Au risque d’être heureux
John Piper
Fais de l’Éternel
tes délices !
ISBN 978-2-910246-37-2
Dépôt légal 2e trimestre 2009
Préface
Cher lecteur, chère lectrice,
J’ai écrit ce livre parce que la vérité et la beauté
que je découvre en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, me
coupent le souffle. Je m’exclame avec le psalmiste :
Je demande à l’Éternel une chose, que je recherche
ardemment : habiter toute ma vie dans la maison de
l’Éternel, pour contempler la magnificence de l’Éter-
nel et pour admirer son temple.
Psaumes 27 : 4
Chapitre 1
Traiter le plaisir
comme un devoir porte
à controverse
« L’hédonisme chrétien » : voilà une expression
controversée pour désigner une idée bien ancienne re-
montant à :
– Moïse, auteur des premiers livres de la Bible,
qui proféra de sévères menaces à l’encontre de ceux
qui ne cultivaient pas la joie : « Pour n’avoir pas servi
l’Éternel, ton Dieu, avec joie et de bon cœur, […] tu
serviras […] tes ennemis » (Deutéronome 28 : 47-48) ;
– David, le roi d’Israël, qui décrivait Dieu comme
« sa joie et son allégresse » (Psaumes 43 : 4) et s’excla-
mait : « Servez l’Éternel avec joie ! » (Psaumes 100 : 2).
« Fais de l’Éternel tes délices » (Psaumes 37 : 4) dit-il,
en ajoutant dans une prière : « Rassasie-nous dès le
matin de ta bienveillance, et nous serons triomphants
14 Au risque d’être heureux
Chapitre 2
Glorifier Dieu en
trouvant notre plaisir
en lui pour toujours
Développer au maximum notre joie en Dieu, voi-
là ce pour quoi nous avons été créés. « Attendez, dit
quelqu’un, qu’en est-il de la gloire de Dieu ? Ne nous
a-t-il pas créés pour sa gloire ? Et vous affirmez ici
que c’est pour que nous recherchions la joie ! » Où est
la vérité ? Existons-nous pour sa gloire ou pour notre
joie ?
Oh, combien j’abonde dans ce sens : Dieu nous
a certainement créés pour sa gloire ! Je l’affirme et je
le pense ! Dieu est la personne la plus théocentrique
de l’univers. Cette notion est au cœur de mes prédi-
cations et de mes écrits. Une notion que l’hédonisme
chrétien vise à rechercher, à préserver ! Le but ultime
22 Au risque d’être heureux
Verset 20 Verset 21
Christ sera exalté.............car pour moi
soit par ma vie..................Christ est ma vie
soit par ma mort...............la mort m’est un gain
Examinons le premier parallèle autour de la mort :
Christ peut être exalté dans mon corps par ma mort
(v. 20), parce que pour moi la mort est un gain (v. 21).
Méditons là-dessus. Christ sera magnifié par ma mort,
si celle-ci est pour moi un gain. Comprenez-vous de
quelle manière Christ est magnifié ? La grandeur de
Christ est manifestée par la mort de Paul si celle-ci est
vécue comme un gain.
Pourquoi ? Parce qu’il gagne Christ lui-même. Le
verset 23 le souligne : « J’ai le désir de m’en aller et
d’être avec Christ, ce qui est de beaucoup le meilleur ».
C’est ce que la mort apporte aux chrétiens : une plus
grande intimité avec Jésus. Nous quittons ce monde
pour être avec lui : c’est là notre gain. Et lorsque nous
vivons la mort de cette manière, expliquait Paul, Christ
est exalté dans notre corps. Considérer Jésus comme
un gain quand nous mourons magnifie Jésus. C’est
l’essence de la louange à l’heure du dernier départ.
Si vous voulez glorifier Christ dans votre mort,
vous devez considérer la mort comme un gain. Cela
signifie alors que Christ est votre récompense, votre
trésor, votre joie. Il doit être pour vous une source de
Glorifier Dieu en trouvant notre plaisir en lui pour toujours 33
Chapitre 3
Les sentiments
ne sont pas facultatifs
Vous comprendrez peut-être pourquoi je suis éton-
né face au grand nombre de personnes qui essayent
de définir l’authenticité du christianisme en termes de
choix et non de sentiments. Je ne conteste pourtant pas
la nature essentielle des décisions. Le problème, c’est
qu’elles requièrent très peu de transformations chez
l’individu. En effet, le fait de prendre certaines déci-
sions ne constitue pas, en soi, une preuve infaillible de
l’œuvre de la grâce de Dieu dans un cœur. Être éloi-
gné de Dieu n’empêche pas de prendre toutes sortes de
« décisions » vis-à-vis de la vérité divine.
Nous nous sommes bien écartés du christianisme
biblique tel que Jonathan Edwards le concevait. En se
référant à 1 Pierre 1 : 8, il affirmait que « la vraie reli-
gion est, en grande partie, constituée de sentiments » 18.
36 Au risque d’être heureux
Chapitre 4
La recherche du plaisir
détrône l’orgueil et
l’apitoiement sur soi
Aux antipodes de l’orgueil si répandu parmi les
hommes, « Dieu a choisi les choses viles du monde,
celles qu’on méprise, […] afin que nulle chair ne se
glorifie devant Dieu » (1 Corinthiens 1 : 28-29). Toute
vision de la vie chrétienne qui se revendique des pré-
ceptes bibliques doit avoir l’orgueil pour ennemi. C’est
là une des grandes valeurs de l’hédonisme chrétien : il
démolit le pouvoir de l’orgueil.
Ce fléau est la principale cause du mal dans l’univers.
Dieu exprime ce qu’il en pense sans la moindre am-
biguïté : « L’arrogance et l’orgueil, […] voilà ce que je
hais » (Proverbes 8 : 13).
Chapitre 5
Recherchez votre joie
dans celle que vous
procurez aux autres
Si nous nous approchons de Dieu par devoir, en
lui offrant pour « récompense » notre communion avec
lui, au lieu de soupirer ardemment après la récompense
que représente sa communion avec nous, nous nous
exaltons de fait au-dessus de lui : nous devenons ses
bienfaiteurs et le réduisons au simple statut de bénéfi-
ciaire. C’est un acte condamnable.
La seule façon de rendre gloire à la toute-suffi-
sance de Dieu est de s’approcher de lui en raison des
joies abondantes et des délices éternelles accessibles
en sa présence (Psaumes 16 : 11). Nous pourrions qua-
lifier cela d’hédonisme chrétien « vertical ». Sur cet
axe entre l’homme et Dieu, la poursuite du plaisir n’est
pas accessoire, mais bien obligatoire : « Fais de l’Éter-
48 Au risque d’être heureux
Il serait facile de mal interpréter l’hédonisme chré-
tien à ce stade, parce que l’accent mis sur le plaisir et
la joie semble exclure toute idée de souffrance et de
tristesse. Ce serait là une grave erreur. L’apôtre Paul
se décrit comme quelqu’un d’attristé mais toujours
joyeux (2 Corinthiens 6 : 10). Ailleurs, il nous ordonne
de pleurer avec ceux qui pleurent (Romains 12 : 15). Et
quand il pense à ses frères juifs qui ne sont pas sauvés,
il avoue éprouver « une grande tristesse et un chagrin
continuel dans le cœur » (Romains 9 : 2). Enfin, c’est
dans « une grande affliction, le cœur serré, avec beau-
coup de larmes » qu’il écrit aux églises qui vivent dans
le péché (2 Corinthiens 2 : 4).
La satisfaction de l’hédoniste chrétien n’est pas
une sérénité mystique, insensible à la souffrance d’au-
trui. Dans notre époque de futilité et de décadence, ce
contentement est empreint d’une profonde insatisfac-
tion. L’hédoniste chrétien est constamment assoiffé
Recherchez votre joie dans celle que vous procurez aux autres 57
Jusqu’ici, j’ai brossé un tableau succinct du mode
de vie que je qualifie d’hédonisme chrétien. Je me suis
efforcé de vous donner un aperçu de ses implications
verticales vis-à-vis de Dieu et horizontales vis-à-vis
d’autrui. J’ai montré que cette démarche est essentielle
à toute adoration véritable et à toute vertu authentique.
L’hédonisme chrétien glorifie Dieu, détrône l’orgueil,
mobilise les sentiments, et supporte le prix de l’amour.
J’ai tenté de prouver que ce concept est parfaitement
biblique et ancré dans l’histoire de l’Église, tout en res-
tant assez radical et controversé.
Recherchez votre joie dans celle que vous procurez aux autres 65
Chapitre 6
Quelles implications
pour l’adoration ?
La révolte moderne contre le bon vieil hédonisme
chrétien a détruit l’esprit d’adoration dans beaucoup
d’églises, et dans de nombreux cœurs. La notion très
répandue prétendant que toute action louable doit être
dépourvue d’intérêt personnel s’est érigée en ennemie
de l’adoration véritable. L’adoration est pourtant l’ac-
tion la plus louable qu’aucun homme puisse accomplir ;
c’est pourquoi la notion morale d’un devoir accompli
de manière désintéressée constitue pour beaucoup de
gens, en matière d’adoration, l’unique base et la seule
motivation acceptables. Mais quand l’adoration est
réduite à une simple obligation désintéressée, elle se
dénature et perd sa vocation : celle d’être un festin à la
table des perfections glorieuses de Dieu en Christ.
68 Au risque d’être heureux
Chapitre 7
Quelles implications
pour le mariage ?
La souffrance qui envahit tant de mariages ne
vient pas de ce que les maris et les femmes poursui-
vent leur propre plaisir : le problème est plutôt qu’ils
recherchent leur plaisir ailleurs que dans le plaisir de
leur conjoint. La Bible ordonne aux époux de chercher
leur joie en celle de leur partenaire, de faire du mariage
un modèle d’hédonisme chrétien.
La Bible contient peu de passages plus hédonistes
que celui d’Éphésiens 5 : 25-30 sur le mariage :
Maris, aimez chacun votre femme, comme le Christ a
aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de
la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole,
pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse,
sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte
et sans défaut. De même, les maris doivent aimer leur
femme comme leur propre corps. Celui qui aime sa
76 Au risque d’être heureux
Chapitre 8
Quelles implications
pour l’argent ?
L’argent tient une place importante dans l’hédo-
nisme chrétien. Ce que nous en faisons – ou souhaitons
en faire – peut construire ou briser notre bonheur à tout
jamais. La Bible dit clairement que notre attitude vis-à-
vis de l’argent est susceptible de nous détruire : « Mais
ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation,
dans le piège et dans une foule de désirs insensés et
pernicieux, qui plongent les hommes dans la ruine et
la perdition » (1 Timothée 6 : 9).
La suite de ce passage nous recommande d’utiliser
l’argent de manière à en tirer le profit le plus important
et le plus permanent. Autrement dit, il plaide en faveur
de l’hédonisme chrétien. Il confirme que Dieu, non
seulement nous autorise, mais aussi nous ordonne de
fuir la destruction et de rechercher une joie parfaite et
82 Au risque d’être heureux
Chapitre 9
Quelles implications
pour la mission ?
Ce que nous avons vu précédemment concernant
l’argent nous montre clairement que le cri de guerre de
l’hédonisme chrétien n’est autre que le travail mission-
naire dans le monde, en sacrifiant le confort et la sécu-
rité de notre vie quotidienne au profit de ceux qui ne
connaissent pas encore l’Évangile. Paradoxalement, ce
sont les sacrifices les plus importants qui procurent les
joies les plus profondes. Et la recherche de ces joies est
le moteur de l’évangélisation du monde.
Après que Jésus ait dit à ses disciples qu’il serait
difficile aux riches d’entrer dans le royaume de Dieu
(Marc 10 : 23), Pierre s’exclama : « Voici que nous
avons tout quitté et que nous t’avons suivi » (ver-
set 28). Jésus sentit évidemment en son disciple la pré-
sence d’un léger apitoiement sur soi. Ce qu’il répondit
94 Au risque d’être heureux
Dieu n’a pas placé des gens comme Jim Elliot, Sa-
muel Zwemer ou Lottie Moon sur terre dans le seul but
de nous montrer avec quelle joie et courage ils ont souf-
fert. Par leur exemple, il veut aussi éveiller en nous le
désir de les imiter. Dieu nous dit dans Hébreux 13 : 7 :
100 Au risque d’être heureux
Épilogue
Un dernier appel
L’hédonisme chrétien est un appel de Dieu à em-
brasser le risque et la réalité de la souffrance en vue
de la joie qui nous attend. Le Christ a choisi la souf-
france, il ne l’a pas subie. Il l’a choisie comme moyen
de créer et de parfaire l’Église. Il nous invite à prendre
notre croix et à le suivre sur la route du calvaire, à re-
noncer à nous-mêmes, à faire des sacrifices pour servir
l’Église, et à présenter ses souffrances au monde. Mais
dans tout cela, n’oublions pas – comme le prêchait Jo-
nathan Edwards en 1723 – que « le renoncement à soi-
même détruit toutes les racines et les fondations de la
tristesse 29 ».
Répondre à cet appel, c’est faire le pas décisif
de l’hédonisme chrétien. Nous ne choisissons pas de
souffrir parce que c’est ce que nous devons faire, mais
bien parce que celui qui nous demande d’emprunter ce
102 Au risque d’être heureux
105
Pascal Blaise, Pensées, trad. W. F. Trotter (New York : E. P. Dutton,
5
John Piper, God’s Passion for His Glory (Wheaton, Ill. : Crossway
Books, 1998), p. 158, § 72.
Edwards Jonathan, The « Miscellanies » (Entry Nos. a-z, aa-zz,
9
11
Cité dans Zwemer Samuel, The Glory of the Impossible, dans
Perspectives on the World Christian Movement, 3e édition, Éd.
Ralph Winter and Steven Hawthorne (Pasadena, Calif. : William
Carey Library, 1999), p. 315.
12
Tiré d’une lettre à Vanauken Sheldon dans A Severe Mercy de
Vanauken, (New York : Harper and Row, 1977), p. 189.
13
Carnell E. J., Christian Commitment (New York : Macmillan,
1967), p. 160-161.
14
Propitiation est un mot devenu rare de nos jours. Dans de
nombreuses traductions, il est désormais remplacé par des mots
plus courants (expiation, sacrifice de réconciliation). J’ai choisi
de l’utiliser malgré tout pour préserver la signification originale,
à savoir que la mort de Christ sur la croix pour les pécheurs était
destinée à apaiser le courroux de Dieu envers eux. En exigeant
tant d’humiliation et de souffrance de son Fils en vue de la gloire
divine, Dieu démontre clairement qu’il ne traite pas le péché avec
désinvolture. Tout mépris envers sa gloire est puni comme il se doit,
soit par le moyen de la croix, où la colère de Dieu a été expiée pour
ceux qui croient, soit en enfer, où la colère de Dieu se déverse sur
ceux qui ne croient pas.
15
Edwards Jonathan, The « Miscellanies », a-500, Éd. Thomas
Schafer, The Works of Jonathan Edwards, vol. 13 (New Haven,
Conn. : Yale University Press, 1994), p. 495. Miscellany n° 448 ;
voir aussi les n° 87, 251-2, 332, 410, 679 (pas dans le volume
New Haven). Intensité accentuée. Ces sélections sont issues des
carnets de notes personnels d’Edwards, à partir desquels il a rédigé
ses livres, tel que The End for Which God Created the World. La
ponctuation a été quelque peu modifiée par rapport à l’édition de
Yale.
16
Lewis C. S., The Weight of Glory and Other Addresses, 1-2.
17
Lewis C. S., Reflections on the Psalms (New York : Harcourt, Brace
and World, 1958), p. 94-95.
Index des notes 107
Edwards Jonathan, The End for Which God Created the World,
21
p. 177, § 119.
Proverbe amérindien. Voir A. Zona Guy, The Soul Would Have No
22
La joie de donner
Randy Alcorn • Découvrir le
principe du trésor
Le choix de la pureté
Randy Alcorn • Principes de
Dieu pour affronter la tentation
sexuelle
9 782910 246372
ISBN 978-2-910246-37-2
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