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Ecole des Ponts ParisTech 31 mars 2016

Département GCC

Cors de Plasticité : contrôle des connaissances


Durée : 2h00

Tous documents et notes de cours autorisés


Le sujet comporte deux problèmes indépendants

Problème n°1 (3,5 points/8)

A' B'

N1 N2

 2

A O B
1 a 2a

On considère une structure constituée de deux barres verticales AA’ et BB’ de même longueur
l reliées entre elles par une barre AB indéformable pouvant pivoter librement autour d’un appui
fixe O comme indiqué sur la figure et à laquelle on vient appliquer un couple d’intensité
Chacune des barres, numérotées respectivement 1 et 2, obéit à un comportement élastique
(module ES) parfaitement plastique de limite d’élasticité en traction-compression égale à L.
La structure étant dans un état initial naturel (N1=N2=0 pour  on fait croître
progressivement le chargement à partir de la valeur nulle.
1. Comportement élastique.
1.1. Expliquer d’où vient la relation d’équilibre :
  (2 N2  N1 )a  0 (1)

et établir les relations entre la rotation  de la barre de liaison AB et les allongements 1 et 2


des barres verticales.
1.2. En déduire, en utilisant la loi de comportement élastique des barres 1 et 2, la valeur des
efforts et des allongements dans chacune de ces barres en fonction du chargement  et établir
la relation :
a2
  5ES  (2)
l
1.3. Indiquer quelle est la barre qui plastifie en premier et en déduire la limite d’élasticité e de
la structure.
2. Phase élastoplastique (  e) et charge limite
2.1. Déterminer les efforts dans la structure en supposant que la barre entrée en plasticité le
demeure et en déduire les valeurs des allongements des barres ainsi de de la rotation On
vérifiera la règle d’écoulement plastique dans la barre plastifiée.

2.2. Calculer la charge limite l de la structure et décrire le mécanisme d’écoulement plastique


libre associé. Tracer la courbe (

Corrigé
1. Comportement élastique
1.1. L’écriture de l’équilibre en moment par rapport à l’appui O de la barre AB sous l’action
des différents efforts qui lui sont appliqués (N1, N2 et le moment de la réaction d’appui en O
étant nul), donne :
  N2 (2a)  N1a  0 (C1)

qui représente la seule équation d’équilibre. Le problème est donc hyperstatique d’ordre 1.
Par ailleurs, la rotation  de la barre AB est reliée aux allongements des barres 1 et 2 par les
équations :
 2 1
    2  21 (C2)
2a a
qui expriment la compatibilité géométrique des allongements des barres verticales.

1.2. Les lois de comportement des barres en phase élastique s’écrivent :

lNi
i  1, 2 :  i  (C3)
ES

et donc en vertu des équations de compatibilité géométrique (C2) :

N2  2 N1 (C4)

Le système linéaire constitué des équations (C1) et (C4) a pour solution :

 l 2 2l
N1   1  et N 2    2   (C5)
5a 5aES 5a 5aES
et donc en vertu de (C2) :

1
l a2
  2    5 ES  (C6)
a 5a ES l

1.3. Les relations (C5) montrent que c’est la barre n°2 qui plastifie la première en compression
pour une valeur du chargement telle que :

2e aL e Ll
N2  L     5 ,  
e
(C7)
5a 2 2aES

qui n’est autre que la limite d’élasticité de la structure.

2. Phase élastoplastique et charge limite


2.1. La barre n°2 restant plastifiée en compression, l’équation d’équilibre (C1) permet de
calculer l’effort dans la barre n°1 :

N1   2L (C8)
a
ainsi que son allongement purement élastique égal à :

l   l  
1    2 L     1 / a  aES  a  2 L  (C9)
ES  a   

La relation de compatibilité géométrique (C2) permet alors de calculer l’allongement total


de la barre n°2 :
2l   
2    2L  (C10)
ES  a 

permettant alors de vérifier la règle d’écoulement plastique de cette barre :


0
2l
N 2   L, N 2  0   2   2e   2p  0 (C11)
aES
2.2. La charge limite de la structure est atteinte lorsque la barre n°1 plastifie en traction, soit
d’après (C8) :
l
N1   2 L   L    3aL
l
(C12)
a
Il lui est associé le mécanisme d’écoulement plastique libre défini par :

N1   L, N1  0  1  1p    0
(C13)
N 2   L, N 2  0   2   2p  2  0

La courbe ( est représentée sur la figure ci-dessous :



l  3aL
 e  5aL / 2

lL lL

2aES aES

Problème n°2 (4,5 points/8)

q (t )
x2
x2

H Td  0 B

x1 x3
O O

1d   2d  0 T3d  0

Un bloc de section rectangulaire (hauteur H et largeur B) et de longueur infinie le long de


l’axe Ox1, est constitué d’un matériau homogène élastique (module d’Young E et coefficient de
Poisson nul : =0) parfaitement plastique, obéissant à un critère de von Mises :

f ( )= 1/ 2s : s  k  0 avec s    1/ 3(tr )1


1/2
(1)

Sa loi de comportement, formulée en vitesse, s’écrit alors avec les notations usuelles :

d   d avec d   s,   0
p p
(2)
E
Ce bloc est soumis à un chargement défini comme suit (voir la figure) :

 Forces de volume nulles.


 Faces latérales x3   B / 2 libres de contrainte: T  0 .
d
 Plan inférieur x2  0 : 1d  2d  0, T3d  0 .

 Plan supérieur x2  H soumis à une densité surfacique d’efforts uniforme définie par :

T  q(t )(cos  e1  sin  e2 )


d
(3)

où 0 ≤ ≤ π/2 est l’inclinaison de cette densité d’efforts par rapport à l’horizontale, maintenue
constante au cours de chargement.

1. Phase de comportement élastique.


Partant d’un état initial naturel (champ de contrainte nul en tout point pour q(t=0)=0), on
augmente progressivement le chargement q.

1.1. Montrer que le champ de contrainte homogène défini par :


12   21  q cos  ,  22  q sin  autres  ij  0 (4)

est statiquement admissible.


1.2. Calculer le champ de déformation  ij associé au champ (4) par loi de comportement
élastique, puis montrer que le champ de déplacement défini par
1  212 x2 , 2   22 x2 , 3  0 (5)

est cinématiquement admissible. Conclure et donner l’expression du champ de déplacement en


x2  H .

k 3
1.3. Montrer que la limite d’élasticité est égale à q e  .
1  2cos 2 

2. Phase élasto-plastique.
On poursuit le chargement au-delà de la limite d’élasticité ( q  q e ) en considérant deux cas
particuliers.

2.1. Cas =0 (cisaillement horizontal).


Montrer que dans ce cas la limite d’élasticité est égale à la charge limite pour laquelle
apparaît un mécanisme d’écoulement plastique libre correspondant à un champ de vitesse de la
forme :

 1  1 x2 /H ,  2   3  0 (6)

où  est le déplacement horizontal du plan x2  H . A quelle condition portant sur le signe de


1 le champ de vitesse (6) est-il bien associé au champ de contrainte par la loi de comportement
(2) ? Tracer la courbe donnant la valeur du chargement q en fonction de 

2.2. Cas =/ (traction verticale).


2.2.1. Le champ de contrainte en phase élastoplastique est recherché sous la forme :
11  2k sin  ,  22  2k sin(   / 3)  k (sin   3 cos ) autres  ij  0 (7)

où  est un paramètre angulaire variant entre 0 et /6. Montrer que ce champ de contrainte est
statiquement admissible (on donnera la valeur du chargement q qu’il équilibre) et vérifier qu’il
est plastiquement admissible.

2.2.2. Le champ de vitesse dans cette même phase élastoplastique est recherché sous la forme
suivante :
1  0, 2   2 x2 / H , 3  d33 x3 (8)

où  est le déplacement vertical du plan x2  H . Vérifier que ce champ est bien


cinématiquement admissible, puis montrer que :

1  11
d11     (2 11   22 ) (9)
x1 E

et en déduire à partir de (7) l’expression du multiplicateur plastique en fonction de E,  et  .


Conclure quant à la positivité de ce dernier.

2.2.3. Donner l’expression de la loi de comportement (2) projetée sur l’axe vertical Ox2 et
en déduire grâce au résultat de la question précédente que :

2 q cos 2  
  1   (10)
H E  cos (   / 3) 
2

Commenter ce résultat pour les valeurs particulières =0 et /6. A quelles valeurs du
chargement q correspondent ces deux cas particuliers ? Tracer l’allure de la courbe donnant q
en fonction de  (il n'est pas demandé de donner l'équation de cette courbe dans sa partie
élastoplastique) 

2.2.4 Que se passe-t-il lorsque =/6 ?

Corrigé

1. Phase de comportement élastique.


1.1. Le champ de contrainte homogène défini par :
12   21  q cos  ,  22  q sin  autres  ij  0 (C1)

vérifie bien évidemment l’équation d’équilibre sans forces de volume (div= 0), ainsi que les
différentes conditions aux limites en contrainte :
x2  H :  .e2  q  cos  e1  sin  e2   T
d

x2  0 : ( .e2 ).e3  T3d  0 (C2)


x3   B / 2 :  .(e3 )  T  0
d

Il est donc bien statiquement admissible pour le problème.


1.2. En phase élastique le champ de déformation associé au champ (C1) par la loi de
comportement s’écrit :
12 q q
12   21   cos  ,  22  sin  autres  ij  0 (C3)
E E E
Il dérive donc bien du champ de déplacement défini par
q q
1  2 x2 cos  , 2  x2 sin  , 3  0 (C4)
E E
qui est bien cinématiquement admissible puisque :
1 ( x2  0)  2 ( x2  0)  0 (C5)

Il en résulte que les champs (C1) et (C4) constituent la solution du problème en phase
élastique, le champ de déplacement en x2  H ayant alors pour expression:
q
 ( x2  H )  H (2cos  e1  sin  e2 ) (C6)
E

1.3. Le déviateur de contrainte en tout point ayant pour expression:

  sin  / 3 cos  0 
 
s    1/ 3 q sin 1  q  cos  2sin  / 3 0  (C7)
  sin  / 3 
 0 0
il vient alors :

6  1 
1/ 2s : s  1/ 2q 2  sin 2   2cos 2    q 2  sin 2   cos 2   (C8)
9  3 
1 
d’où la limite d’élasticité définie par (q e )2  sin 2   cos 2    k 2 , soit :
3 

k 3
qe  (C9)
1  2cos 2 

avec les cas particuliers :

qe (  0)  k et qe (   / 2)  k 3 (C10)
2. Phase élasto-plastique.

2.1. Cas =0 (cisaillement horizontal).


Le champ de vitesse :
 1  1 x2 /H ,  2   3  0 (C11)

est bien cinématiquement admissible, puisque 1 ( x2  0)  2 ( x2  0)  0 . Le champ de taux de


déformation associé qui s’écrit :
1
 e1  e2  e2  e1 
d   (C12)
2H
est alors bien associé au champ de contrainte   s  k  e1  e2  e2  e1  qui équilibre le
chargement q=k, par la loi de comportement élastoplastique. En effet :
0 s
1 
d    e1  e2  e2  e1     k  e1  e2  e2  e1  (C13)
2H E
La positivité du multiplicateur plastique  est alors assurée (et donc la règle d’écoulement
plastique vérifiée) si et seulement si 1  0 , c’est-à-dire si le déplacement horizontal continue
d’augmenter de manière indéfinie. Le champ de vitesse (C12) est donc bien un mécanisme
d’écoulement plastique libre sous l’action du chargement limite ql=k maintenu constant.
La courbe (q- 1 ) est tracée ci-dessous :
q

qe  ql  k

E 1 / H
k/E

2.2. Cas =/ (traction verticale).


2.2.1. Le champ de contrainte défini par :

11  2k sin  ,  22  2k sin(   / 3)  k (sin   3 cos ) autres  ij  0 (C14)

vérifie l’équation d’équilibre sans forces de volume et les différentes conditions aux limites en
contrainte (C2). Il équilibre le chargement :
q   22  2k sin( / 3   ) (C15)

On a par ailleurs :
2 11   22  3  2   11 3
s11   k  sin   cos   ; s22  22  2k cos 
3  3  3 3
(C16)
 11   22  3 
s33    k  sin   cos  
3  3 

soit après calculs :



f ( )= 1/ 2s : s  k  1/ 2( s112  s22 
1/2 1/2
2
 s33
2
k 0 (C17)

de sorte que le champ de contrainte défini par (C14) est bien statiquement et plastiquement
admissible.

2.2.2. Le champ de vitesse défini par :


1  0, 2   2 x2 / H , 3  d33 x3 (C18)

est bien cinématiquement admissible car il vérifie les conditions aux limites (C5). La loi de
comportement élastoplastique projetée sur la direction horizontale Ox1 donne alors
s11
1  11
d11  0   (2 11   22 ) (C19)
x1 E
permettant ainsi de calculer le multiplicateur plastique :
11 cos 
   (C20)
E ( 22  211 ) 3E cos( / 3   )
qui est bien positif puisque d’après (C15)  est une fonction croissante de q.

2.2.3. La loi de comportement élastoplastique projetée sur la direction verticale Ox1 s’écrit :

 2  2  22
d 22      (2 22  11 ) (C21)
x2 H E

soit après calculs et en tenant compte de (C20) :

2 q cos 2  
 1   (C22)
H E  cos (   / 3) 
2

avec les valeurs particulières suivantes :

2
  0 : q e  k 3 et q  E
5H (C23)
   / 6 : q  2k et q  0
l

La courbe donnant le chargement de traction q en fonction du déplacement relatif 2/H est


représentée sur la figure ci-dessous.
q

q l  2k  0   /6
qe  k 3 E /5

E 2 / H
k 3/E

2.2.4 La charge limite ql  2k est atteinte de façon asymptotique lorsque le paramètre 


tend vers /6. Le champ de contrainte vaut alors :

11  k ,  22  ql  2k autres  ij  0 (C24)

Il lui est associé le champ de vitesse suivant :


1  0, 2   2 x2 / H , 3   2 x3 / H (C25)

qui représente alors un mécanisme d’écoulement plastique libre puisque le taux de déformation
est bien de la forme :
0 s
 2
d   k (e 2  e 2  e 3  e 3 ) avec  k  0 (C26)
E H

* *

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