Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
11
Moyennes et fluctuations
La thermodynamique est, par construction, une théorie statistique puisque, dès que les quantités de matière sont effecti-
vement macroscopiques (quelques micromoles par exemple), le nombre de particules mises en jeu est extrêmement élevé,
trop grand pour envisager n’importe quel traitement individuel des particules ; il ne subsiste alors que le seul traitement
statistique.
1 On emploi ici le terme molécule au sens d’entité élémentaire microscopique : ions, motifs de maille dans un cristal, etc.
2 Le physicien italien L ORENZO R OMANO A MEDEO C ARLO COMTE AVOGADRO , (1776-1856) débute sa carrière universitaire avec le titre de docteur
en droit ecclésiastique. Sous l’influence de Volta, il s’intéresse à la Physique à partir de 1800. En 1811, il publie sa célèbre contribution à la Chimie et la
Thermodynamique modernes : “dans les mêmes conditions de température et de pression, un même volume de gaz contient le même nombre de molécules”
qui porte aujourd’hui le nom de loi d’Avogadro-Ampère.
3 L’unité de base des quantités de matière, ou mole (symbole mol), est définie depuis 1971 comme la quantité de matière d’un système contenant autant
Dans certains cas, on peut montrer que les fluctuations des grandeurs macroscopiquement
√ observables par rapport à leurs
moyennes statistiques sont, en valeur relative, au maximum de l’ordre de 1/ N soit, pour une micromole, des fluctuations
relatives de 10−9, difficilement observables. Dans tout ce qui suit, nous négligerons les fluctuations statistiques (variances)
pour ne nous intéresser qu’aux valeurs moyennes.
Théorème ergodique
Le sens du terme moyenne, qui est fréquemment utilisé en Physique statistique, doit être précisé. On peut en effet désigner
sous ce nom une moyenne temporelle de telle ou telle propriété, lors de l’évolution d’un système donné au cours du temps.
On peut aussi désigner ainsi la moyenne, à un instant donné, des comportements d’un grand nombre de systèmes préparés de
façon macroscopiquement identiques, mais qui seront inévitablement différents au niveau microscopique ; un tel ensemble
porte le nom d’ensemble statistique et, lorsqu’on parle de moyenne de telle ou telle grandeur, on sous-entend éventuellement
sa moyenne sur un tel ensemble, comportant un nombre suffisant de systèmes.
Le fait que ces deux moyennes fournissent le même résultat est une propriété qui n’est pas du tout évidente, et n’a fait l’objet
d’une démonstration rigoureuse que dans un nombre de cas restreint ; cette propriété porte le nom de théorème ergodique.
Macroétats et microétats
Caractériser le lien entre des états microscopiques (ou microétats) différents, correspondant en apparence au même état
macroscopique (ou macroétat) –c’est-à-dire, indiscernables pour un observateur donné–, c’est en général donner le nombre
Ω(µ) de microétats différents, correspondant à un macroétat µ donné.
Sans chercher ici à donner une quelconque évaluation de ce nombre, ni même sans chercher à justifier la possibilité d’un tel
dénombrement, nous remarquerons seulement que, pour un système thermodynamique, le nombre Ω(µ) doit être très élevé.
Extensivité
Certaines variables d’état –c’est le cas du volume V du système, et bien sûr aussi de la quantité de matière n– sont extensives,
c’est-à-dire proportionnelles à la quantité de matière : pour un système thermodynamique obtenu –fictivement– par la
juxtaposition (sans interaction !) de deux systèmes identiques, les variables extensives doublent.
D’autres variables d’état –on verra que c’est la cas de la pression p et de la température T – sont intensives, c’est-à-dire
indépendantes de la quantité de matière : pour la juxtaposition envisagée ci-dessus, les variables intensives ne changent pas.
Systèmes simples
On appellera système simple un système thermodynamique dont les états d’équilibre thermodynamique dont entièrement
déterminés par la donnée de trois des quatre variables d’état citées ci-dessus, p,V, T, n. 5
De nombreux systèmes fluides entreront dans cette catégorie, à condition de ne pas tenir compte de leurs propriétés élec-
triques ou magnétiques éventuelles, de la tension superficielle, ou d’autres propriétés supplémentaires.
Coefficients thermoélastiques
En l’absence de toute idéalisation, on peut caractériser l’équation d’état des seuls systèmes simples par l’étude des coeffi-
cients thermoélastiques, c’est-à-dire par l’étude de la variation d’une des variables d’état en fonction d’une autre, toutes les
autres étant fixées.
Nous considérerons ici des systèmes simples fermés6 , c’est-à-dire tels que la quantité de matière n reste invariable.
Les trois variables d’état p,V, T voient alors, à n fixé, leurs variations respectives liées par les trois coefficients 7 , intensifs
par construction, α (coefficient de dilatation relative isobare), β (coefficient de variation relative de pression isochore), et
χT (coefficient de compressibilité isotherme), définis par :
1 ∂V 1 ∂ρ 1 ∂p 1 ∂V 1 ∂ρ
α= =− β= χT = − = (11.1)
V ∂T n,p ρ ∂T n,p p ∂T n,V V ∂p n,T ρ ∂p n,T
Ces trois coefficients sont positifs pour la quasi totalité des systèmes thermodynamiques simples ordinaires, avec cependant
quelques exceptions ; en particulier, l’eau au voisinage de 0 ˚C est caractérisée par α < 0.
Rappelons donc seulement ici que la pression est une mesure moyenne de la force normale exercée par un fluide sur l’unité de surface d’une paroi qui lui
est opposée ; elle se mesure en pascal (symbole Pa), unité de base du système international, ou en bar, unité égale à 10 5 Pa. Rappelons de même qu’une
échelle thermométrique ou température t est fournie par toute grandeur physique qui, mise en contact avec un corps A, donne une indication qui ne dépende
que de l’état thermique de A ; en particulier, on peut que deux corps A et B indiquant une température égale n’échangent pas d’énergie microscopique s’ils
sont mis en contact ; de même, si tA > tB , le contact de A et B doit obligatoirement réaliser le transfert d’énergie microscopique de A vers B. La notation T
au lieu de t se réfère à une échelle thermométrique particulière, qui sera présentée plus loin.
6 L’étude des systèmes ouverts, et donc de l’influence des variations des diverses quantités de matière, sera effectué ultérieurement.
7 On a introduit dans certaines définitions, la masse volumique ρ en lieu et place de V ; cette grandeur présente l’extrême avantage d’être intensive,
donc locale ; on peut ainsi décrire des situations d’équilibre thermodynamique local, sans exclure des variations lentes, à plus grande échelle, des variables
d’état –par exemple, en fonction de l’altitude.
100 Manuel de Physique
∂f ∂f ∂f
∂V ∂T ∂p ∂V ∂T ∂p
l’expression =− , =− et =− ou encore, faisant le produit de ces trois termes8 :
∂T p
∂f ∂V p
∂f ∂p p
∂f
∂V ∂p ∂T
α = pβχT (11.2)
si M est la masse molaire du gaz étudié. La constante R est une caractéristique qui se trouve être indépendante de la nature
du gaz étudié ; elle porte le nom de constante des gaz parfaits avec pour valeur R = 8, 314 J · K −1 · mol−1 . On remplacera
R
éventuellement l’écriture ci-dessus par la forme équivalente pV = Nk B T où kB = = 1, 38 × 10−23 J · K−1 ; la constante
NA
kB porte le nom de constante de Boltzmann11. La constante kB doit être comprise comme l’équivalent microscopique de R.
sous 1bar) et 100 (dans l’eau bouillante sous 1bar). On ne confondra pas le terme d’échelle centigrade avec l’échelle Celsius, qui prend pour grandeur
thermométrique les variations du produit pV pour un gaz sous très faible pression. L’échelle Celsius doit son nom au physicien suédois A NDERS C ELSIUS
(1701-1744), inventeur du thermomètre à dilatation de mercure.
10 Le nom kelvin est en fait réservé à l’unité de la température légale, qu’on peut indifféremment définir à partir des thermomètres à dilatation de gaz à
1
basse pression, où à partir du second principe de la Thermodynamique. Depuis 1967, le kelvin est la fraction 273,16 de la température thermodynamique du
point triple de l’eau. Cette unité doit son nom à W ILLIAM T HOMSON , LORD K ELVIN (1824-1907), un des plus célèbres physiciens britanniques de son
siècle, et l’auteur de contributions fondamentales à l’Électromagnétisme, à la Mécanique et à la Thermodynamique
11 Ce nom lui a été attribué en honneur du physicien allemand L UDWIG B OLTZMANN (1844-1906), auteur de travaux fondamentaux en théorie cinétique
des gaz
12
Le physicien et chimiste néerlandais J OHANNES D IDERICK VAN DER WAALS (1837-1923) présenta en 1873 l’équation d’état qui porte son nom à
l’occasion de sa thèse à l’université de Leyde.
13 Il s’agit en général d’interactions électrostatiques entre dipôles moléculaires, qu’on traite sous le nom d’interactions de van der Waals.
Bases de la Thermodynamique 101
Théorème de Schwartz
Toute grandeur qui est une fonction d’état peut être écrite comme une fonction, au moins implicite, des variables d’état ;
ainsi, pour un système simple fermé, on peut par exemple choisir le jeu de variables (p,V ) et écrire la fonction d’état X sous
la forme X = X(p,V ).
Les variations de X seront données par la "forme différentielle dX = A(p,V )d p + B(p,V )dV , avec de plus la relation de
#
∂X ∂X ∂A ∂B
Schwartz entre les fonctions d’état A et B, A(p,V ) = ; B(p,V ) = ⇒ = .
∂p V ∂V p ∂V p ∂p V
On peut montrer, dans le cadre mathématique de l’étude des fonctions de plusieurs variables, que cette relation entre dérivées
de A et B est nécessaire et suffisante pour que la forme différentielle Ad p+BdV désigne bien une variation de fonction d’état
ou, dans le vocabulaire thermodynamique, constitue une différentielle totale exacte.
Pression cinétique
On appelle pression cinétique ainsi la résultante des forces exercées par le gaz sur les parois, par unité de surface de paroi.
Compte tenu du caractère élastique des chocs, on peut écrire la force d ~ F exercée par l’élément de paroi d’aire dS et de
F = −p~ndS = −pd~S.
normale extérieure~n sur le gaz sous la forme d ~
Viriel du gaz
d 2~rk d~vk ~
Le principe fondamental de la dynamique du point, appliqué à la k-ième particule du gaz, peut s’écrire m k 2 = mk = fk
dt dt
et, pour évaluer la contribution des seules forces exercées par les molécules
du gaz sur les parois de l’enceinte, nous
d2 mk 2 1 ~ mk
formerons la grandeur Z = 2 ∑ ~rk . En effet, on peut écrire Z = ∑ ~rk · fk + ~rk2 ou, si on s’intéresse à la moyenne
dt k 4 k 2 2
1
de cette grandeur au cours du temps, hZi = hEc i − V , où on a défini le viriel du gaz par la relation V = − ∑h~rk · ~fk i.
2 k
d f d m
avec f = ∑ ~rk2 et sa moyenne temporelle est donc
k
D’autre part, Z est la dérivée d’une grandeur bornée15, Z =
dt dt k 4
Z τ
1 f (τ) − f (0)
nulle, puisque Z = lim Z(t)dt = lim = 0. Ceci montre que le viriel V du gaz est égal à son énergie
τ→∞ τ t=0 τ→∞ τ
cinétique moyenne –ou, en l’absence d’interactions et, donc, d’énergie potentielle, à son énergie moyenne totale notée E,
1
notée aussi U ici– : V = − ∑h~rk · ~fk i = U. Dans la somme ci-dessus, les termes représentant les chocs entre particules
2 k
s’annulent deux à deux puisque, du fait du principe des actions réciproques, le choc k − j vérifie~rIk =~r j et ~fk = −~f j . Il ne
1
reste donc dans la somme qui définit le viriel que les seules forces exercée par la paroi, V = − p~n ·~r dS. Reliant cette
2
1
expression au volume dτ du cône de sommet O et appuyé sur dS, dτ = ~n ·~r dS, on obtient la relation liant p et l’énergie
I 3
3
interne d’un gaz parfait monoatomique, U = V = p dτ soit (si la pression est uniforme) :
2
3
pV U= (11.5)
2
On définit alors la température cinétique comme une mesure directe de l’énergie cinétique moyenne d’agitation thermique
1 3 3
des atomes du gaz, en posant U = ∑ mk~v2k = pV = NkB T afin d’identifier l’équation d’état du gaz parfait.
k 2 2 2
11.3.3 Généralisation
Gaz parfaits diatomiques
D’autres modèles montrent que des gaz formés de molécules (non nécessairement monoatomiques) mais sans interaction
entre elles continuent à vérifier l’équation d’état des gaz parfaits, pV = nRT = Nk B T , mais leur énergie interne U, si elle
reste une fonction de la température seulement (c’est la première loi de Joule), ne s’identifie plus simplement à l’expression
5 5
ci-dessus. Par exemple, les gaz diatomiques vérifient, dans un large domaine de température U = pV = nRT .
2 2
Équipartition de l’énergie
Prenant en compte les deux degrés de liberté supplémentaires amenés par la rotation de cette molécule autour d’axes distincts
de celui de la molécule, on reconnaît le théorème d’équipartition de l’énergie : l’énergie interne se répartit à raison de 12 nRT
par degré de liberté. En présence de ∆ degrés de liberté, on écrira donc, pour un gaz parfait :
∆ ∆
U= pV = nRT (11.6)
2 2
15 Cette affirmation découle de ce que les vecteurs position ~r sont bornés du fait de la présence de la paroi, et de ce que les vecteurs vitesse ~v le sont
k k
aussi, ce qu’on doit considérer ici comme une hypothèse supplémentaire.
Les deux principes
12
lement, travaillent. Ces travaux se traduisent, du fait du théorème de l’énergie cinétique, par une augmentation (algébrique)
de l’énergie interne du système.
On décompose ces travaux en deux termes. Ceux qui se traduisent par une variation de paramètres macroscopiques –autres
que la température, dont la définition est fondamentalement thermodynamique– portent effectivement le nom de travail et
sont notés δW . Ceux qui correspondent à des travaux microscopiques et désordonnés portent le nom de transfert thermique
(ou chaleur) et sont notés δQ. Ainsi, le théorème de l’énergie cinétique s’écrit :
dU = δW + δQ (12.2)
pour une transformation infinitésimale, et ∆U = W + Q pour une transformation finie. Rappelons ici que ces deux notations
impliquent la convention thermodynamique usuelle, selon laquelle les échanges énergétiques sont comptés positivement
pour les travaux et transferts thermiques fournis au système thermodynamique S par le reste de l’univers.
Travaux réversibles
Au cours d’une telle transformation, le système thermodynamique se trouve en permanence en équilibre thermodynamique
et, par exemple, sa pression est uniforme et égale à la pression extérieure, ce qui permet d’expliciter le travail des forces de
pression pour une telle transformation :
On rencontrera éventuellement d’autres systèmes thermodynamiques pour lesquels les travaux reçus au cours de trans-
formations réversibles se mettent sous une forme analogue, comme par exemple le travail électrique reçu par une pile en
fonctionnement, δWrev = eI dt = e dq sous la différence de potentiel e pendant la durée dt, si le courant algébrique qui la
parcourt1 est I. Plus généralement, tous les systèmes thermodynamiques usuels reçoivent, au cours des transformations ré-
versibles, des travaux qui peuvent se mettre sous la forme δWrev = Y dX où la variable intensive Y (ou force généralisée) est
dite conjuguée à la variable extensive X ; ainsi, −p est conjuguée de V , e est conjuguée de la charge électrique q, la force
de traction F exercée sur une barre est conjuguée de la longueur L de cette barre, etc...
Il s’agit bien d’un principe, affirmé et non démontrable, puisque en Mécanique Classique les termes énergétiques figurant
dans U ne dépendent que du microétat étudié ; on affirme ici de plus que la valeur de U est la même pour tous les Ω(µ)
microétats qui correspondent au même macroétat.
Le premier principe ainsi énoncé justifie la différence des notations différentielles utilisées plus haut pour U et les travaux
et transferts thermiques, qui ne sont pas des fonctions d’état. Ainsi, lors d’une transformation cyclique, l’état initial et l’état
final sont identiques donc ∆U = 0 et W = −Q. L’existence d’un équivalent mécanique de la chaleur constitue la forme
historique du premier principe de la Thermodynamique2.
12.1.4 Enthalpie
Transformations monobares et isobares
Les transformations isochores sont rares et difficiles à mettre en œuvre et on leur préfère l’étude des transformations mo-
nobares, si la pression d’équilibre finale est égale à la pression d’équilibre initiale, qui doit donc aussi être celle p 0 du reste
de l’univers –en pratique, de l’atmosphère–, voire des transformations isobares. Au cours d’une transformation monobare,
on peut écrire δQ = dU + p0 dV = dH ∗ H ∗ = U + p0V où on remarquera bien que H ∗ n’est pas une fonction d’état,
mais dépend aussi de l’extérieur du système S étudié. Cependant, au cours de la transformation monobare complète, on peut
écrire Q = ∆H ∗ = ∆H où on a défini ici une nouvelle fonction d’état, l’enthalpie H :
H = U + pV (12.4)
Pour un autre système associé au travail réversible δWrev = Y dX, on généraliserait la notion d’enthalpie en écrivant une
enthalpie généralisée H = U −Y X.
Cp
γ= (12.5)
CV
C p −CV = nR (12.6)
2
Cet énoncé doit beaucoup aux travaux de l’anglais JAMES J OULE (1818-1889). Jusqu’à il y a peu de temps, ces deux grandeurs étaient mesurés dans
des unités différentes : Q se mesurait en calories, définies comme le transfert thermique isobare (sous 1bar) nécessaire pour élever la température d’un
gramme d’eau de 14, 5 ˚C à 15, 5 ˚C ; 1cal = 4, 1855 J). L’usage de la calorie n’existe plus que dans le domaine médical, où on confond parfois la « petite
calorie » qui vient d’être définie, et la « grande calorie » (1Cal = 4, 1855 kJ). Joule montra qu’une grande calorie est équivalente 838 livres-forces pieds,
c’est-à-dire au travail nécessaire pour élever un poids de 838lb de 1 f t.
106 Manuel de Physique
Si ∆ désigne le nombre de degrés de liberté des molécules du gaz parfait, on peut écrire le théorème d’équipartition U =
∆ ∆ ∆+2
nRT d’où on déduit immédiatement, si ∆ ne dépend pas de la température, CV = nR et C p = nR. En particulier, les
2 2 2
3 5 5
gaz parfaits monoatomiques vérifient CV = nR et C p = nR donc γ = ; les gaz parfaits diatomiques vérifient de même
2 2 3
5 7 7
CV = nR, C p = nR et γ = .
2 2 5
Expression générale
Le déblocage progressif de tel ou tel mode de rotation ou de vibration dépendant souvent de la température, ces expressions
doivent souvent être remplacées par la donnée (expérimentale) de γ(T ) ; on a alors, pour tout gaz parfait :
1 γ
CV = nR C p = nR (12.7)
γ−1 γ−1
dp dV
δQrev = 0 ⇒ +γ =0 (12.8)
p V
Formes intégrales
La relation de Laplace peut, si γ est une constante, être intégrée au cours d’une transformation adiabatique réversible, sous
p
la forme pV γ = cte ou bien γ = cte, en fonction de la masse volumique µ du gaz. On peut aussi écrire ces relations en
µ
fonction d’autres couples de variables, TV γ−1 = cte ou p1−γ T γ = cte.
réécrire la loi de Laplace au moyen de la compressibilité adiabatique réversible χ S définie par χS =
On peut 3
enfin
1 ∂V 1
− = ; ceci constitue la formule de Reech. On peut aussi remarquer qu’elle compare les pentes au même
V ∂p δQrev =0 γp
∂p ∂p
point de l’isotherme et de l’adiabatique réversible, sous la forme =γ .
∂V δQrev =0 ∂V T
−W Q1
Ainsi, le rendement de ce cycle, considéré comme un cycle moteur (W < 0) est-il défini par η = = 1+ où on calcule
Q2 Q2
dV Vf 1
les transferts thermiques isothermes en utilisant la première loi de Joule, p dV = nRT1 ⇒ Q1 = −W1 = −nRT1 ln
V Vi1
mais, compte tenu de la formule de Laplace, on peut écrire, le long des adiabatiques, pV γ = cte ⇒ T V 1−γ = cte0 d’où on
Vf 1 Vi2 T1
déduit = . Enfin le rendement du cycle de Carnot devient η = 1 − . La généralisation de ce résultat à tous les
Vi1 Vf 2 T2
systèmes thermodynamiques simples, qui sera vue plus loin, constitue le théorème de Carnot.
n1 ,V1 n2 ,V2
U1 , S1 U2 , S2
Considérons le système thermodynamique formé d’un cylindre divisé par un piston en deux compartiments (cf. fig. 12.1).
On notera V1 et V2 les volumes des deux compartiments. Selon le cas, le piston peut être mobile (échanges de volume et
d’énergie) et adiabatique ou diathermane (dans le second cas, échange d’énergie sans échange de volume). Par contre, la
paroi du cylindre est rigide et adiabatique ; l’ensemble forme donc un système isolé. Les compartiments 1 et 2 renferment
deux systèmes simples fermés, qui peuvent par exemple être formés de deux gaz parfaits.
4 Remarquons que ces conditions ne sont pas suffisantes à définir une fonction d’évolution de manière unique ; en effet, si S satisfait à ces conditions,
Grandeurs thermométriques
On dira que deux systèmes thermodynamiques sont en équilibre thermique si, juxtaposés de façon à permettre les échanges
d’énergie, sans échange de travail, ces deux systèmes n’échangent pas d’énergie. La relation d’équilibre thermique est une
relation d’équivalence ; on appelle échelle thermométrique toute grandeur qui définit de façon unique une classe d’équi-
valence. Si de plus cette échelle permet de prévoir le sens des transferts énergétiques, ce repérage devient une échelle
thermométrique : il faut que, lors de la mise en contact d’un corps 1 repéré par θ 1 avec un corps 2 repéré par θ2 , le transfert
énergétique se fasse dans le sens 1 → 2 si θ1 > θ2 . De façon évidente, la température mesurée par les systèmes à gaz parfaits
est une échelle thermométrique :
pV
T = lim (12.9)
p→0 nR
Nous allons définir ici une grandeur thermométrique nouvelle, dite température thermodynamique T , à partir du second
principe ; on montrera ensuite que T = T .
dU = T dS − P dV (12.10)
Le second principe écrit pour un piston
fixé mais
diathermane (volumes invariables, échanges thermiques seulement) montre
dU1 dU2 1 1
que dS = + soit dS = − dU1 > 0 c’est-à-dire que l’énergie passe bien spontanément du corps le plus
T1 T2 T1 T2
chaud au corps le plus froid (au sens de T ) et que les échanges thermiques cessent si T 1 = T2 . Ainsi, T est bien une
température et T reste bien constante lors d’une transformation isotherme 5 .
principe.
Les deux principes 109
dU = T dS + ∑ Yk dXk (12.11)
k
où on montrera bientôt l’identité de la température thermodynamique T et de la température cinétique T . Dans le cas des
systèmes simples (les travaux sont ceux des forces de pression), on a déjà écrit cette identité dU = T dS − p dV.
Calculs d’entropie
Les calculs d’entropie7 seront effectués par application de cette relation, imaginant une transformation réversible menant
δQrev dU − ∑k Yk dXk
de l’état initial à l’état final étudiés : δWrev = ∑ Yk dXk ⇒ dS = = .
k T T
Thermostat
On appelle thermostat ou source de chaleur un système thermodynamique dont l’extension est telle que sa température
varie très peu au cours de n’importe quelle transformation ; on suppose de plus que le volume de ce thermostat ne varie
pratiquement pas, de sorte qu’il n’échange aucune énergie sous forme mécanique. On notera T0 la température, quasiment
constante, d’un tel thermostat.
L’application des deux principes à l’évolution d’un tel thermostat, sa température passant de T0 à T ∼ = T0 , se fait en évaluant
les variations de U et S le long d’une transformation fictive, réversible, menant de l’état initial (T0 ,V ) à l’état final (T,V ) :
6 La formulation adoptée ici constitue une axiomatisation de la forme du second principe proposée par l’allemand R UDOLF C LAUSIUS (1822-1888). Il
est aussi l’auteur de la formation du néologisme entropie, en 1854. Auparavant, les propriétés générales de l’évolution des systèmes thermodynamiques
avaient fait l’objet des études du français S ADI C ARNOT (1796-1832) et de l’anglais W ILLIAM T HOMSON , L ORD K ELVIN (1824-1907).
7 Nous ne ferons ici que des calculs de variation d’entropie puisque S est définie par sa différentielle, et donc à une constante additive arbitraire près.
Nous verrons ultérieurement comment cette indétermination peut être levée par application du principe de limite thermique .
110 Manuel de Physique
CV dT + ldV T
On a alors dU = CV dT + (l − p)dV ⇒ ∆U = CV (T − T0 ) et dS = ⇒ ∆S = CV ln si on imagine une trans-
T T0
formation isochore, la variation de température étant
assez faible
pour qu’on puisse considérer CV comme une constante.
T − T0 ∼ CV
Puisque T ∼= T0 , on peut encore écrire ∆S = CV ln 1 + = (T − T0 ) et on en déduit la propriété caractéristique
T0 T0
des thermostats :
∆U
∆S = (12.12)
T0
δQ
dSΣ = δSe + δSc δSe = (12.13)
T0
où le terme δSe porte le nom d’entropie échangée par le système Σ avec l’extérieur.
Machines cycliques
Lors d’une transformation cyclique, on peut écrire ∆S = 0 donc :
δQ
I I
δSe = = −Sc ≤ 0 (12.14)
Ti
qui constitue l’inégalité de Clausius : la somme porte sur le cycle, le dénominateur est la température Ti des sources
de chaleur qui fournissent au système étudié le transfert thermique δQ. On notera que le résultat de cette intégration est
exactement opposé à la création totale d’entropie de l’univers, lors d’un cycle de fonctionnement.
L’inégalité de Clausius constitue une des formes historiques de l’énoncé du second principe de la Thermodynamique; c’est
aussi un moyen puissant d’étude des cycles thermodynamiques effectifs des machines thermiques.
Systèmes ouverts
13
Généralisation
Plus généralement, on appelle système de coordonnées toute collection de trois nombres réels permettant un repérage biuni-
voque de la position du point M dans l’espace (s1 , s2 , s3 ).
1 L’orientation de ce plan est assurée par le choix initial de l’axe Oz comme axe privilégié des coordonnées cylindro-polaires. Ce choix est arbitraire.
112 Manuel de Physique
ρ≥0 z ~eφ
r≥0
0 ≤ φ < 2π z ~ey
0≤θ≤π
~er
~eρ
φ
M ~eφ ~ex
~eθ
~ez θ r
~eρ
~eθ
O ~ey y
~er
y θ
~ex ρ ~ez
~ez
φ
~eφ
x
m
x ~eρ
Multiplicateurs
Les systèmes cartésien, cylindrique et sphérique sont des systèmes orthogonaux. Pour justifier cette affirmation, commen-
−−→
çons par noter que~r = OM = x~ux + y~uy + z~uz d’où le déplacement élémentaire d~r = dx~ux + dy~uy + dz~uz ; on reconnaît donc
dans (~ux ,~uy ,~uz ) la base locale cartésienne.
De la même façon, on peut écrire ~r = ρ (cos φ~ux + sinφ~uy ) + z~uz d’où immédiatement d~r = dρ~uρ + ρdφ~uφ + dz~uz avec
~uρ = cos φ~ux + sin φ~uy et ~uφ = ~uz ∧~uρ , où on reconnaît dans (~uρ ,~uφ ,~uz ) la base locale cylindro-polaire. Notons aussi qu’on
peut écrire~r = ρ~uρ + z~uz.
Les mêmes développements dans la base locale sphérique (~u r ,~uθ ,~uφ ) s’écrivent d~r = dr~ur +rdθ~uθ +r sin θdφ~uφ avec encore
−−→
OM
~ur = et ~uθ = ~uφ ∧~ur , avec bien sûr encore~r = r~ur .
r
Généralisation
Pour un système de coordonnées quelconque, on notera le déplacement élémentaire 2 d~r = µ1 ds1~u1 + µ2 ds2~u2 + µ3 ds3~u3 ou
d~r = ∑ µ1 ds1~u1 en notant µi le multiplicateur associé à la coordonnée correspondante. Rappelons les valeurs déjà établies :
PC
Coordonnées s1 s2 s3 µ1 µ2 µ3
Cartésiennes x y z 1 1 1
Cylindro-polaires ρ φ z 1 ρ 1
Sphériques r θ φ 1 r r sin θ
2 Dans cette notation, le symbole ∑ désigne une somme par permutation circulaire des indices.
PC
Systèmes ouverts 113
Gradient
On reconnaît dans l’expression ci-dessus un produit scalaire, qu’on écrira :
−−→
d f = grad f · d~r (13.1)
ce qui constitue la définition même de l’opérateur vectoriel gradient. Celui-ci fournit, en norme et en direction, une indi-
cation du sens de variation de la fonction f . On obtient aussi, en comparant les deux expressions ci-dessus de d f , et les
−−→ ∂f ∂f ∂f
variations dx, dy, dz étant arbitraires et indépendantes, l’expression cartésienne grad f = ~ux + ~uy + ~uz .
∂x ∂y ∂z
Propriétés et expressions
−−→ −−→ −−→
Le gradient a les propriétés d’un opérateur différentiel du premier ordre ; en particulier grad ( f g) = f gradg + g grad f .
Les expressions du gradient dans les différents systèmes de coordonnées orthogonales découlent de l’expression (13.1,
∂f
−−→
soit, compte tendu de la forme générale du déplacement d~r, d f = ∑ ds1 = ∑ grad f ·~u1 µ1 ds1 et, par identification,
PC ∂s1 PC
−−→ 1 ∂f
grad f = ∑ ~u1 . De façon plus pratique, on écrira, en coordonnées cylindro-polaires et sphériques :
PC µ1 ∂s1
−−→ ∂f 1 ∂f ∂f
grad f = ~uρ + ~uφ + ~uz (13.2)
∂ρ ρ ∂φ ∂z
−−→ ∂ f 1 ∂ f 1 ∂ f
grad f = ~ur + ~uθ + ~uφ (13.3)
∂r r ∂θ r sin θ ∂φ
−−→ ~ ∂W~ ∂W~ ∂W~
~a · grad W = ax + ay + az (13.4)
∂x ∂y ∂z
−−→
∂f ∂f ∂f
Notons que la même notation peut être choisie pour les fonctions scalaires : ~a · grad f = ax + ay + az avec dans
∂x ∂y ∂z
−−→ −−→
ce cas l’identification immédiate ~a · grad f = ~a · grad f .
114 Manuel de Physique
Notation Nabla
L’ensemble des notations ci-dessus mène, dans le seul cas des coordonnées cartésiennes, à l’emploi de la notation nabla
∂ ∂ ∂ −−→
−−→ ~
ou ~∇, définie par ~∇ = ~ux + ~uy + ~uz ou encore grad f = ~∇ f et ~a · grad W = ~a · ~∇ W~ . On notera cependant que
∂x ∂y ∂z
toute généralisation de cette notation à d’autres systèmes de coordonnées est impossible ; il n’existe pas de vecteur nabla
~ et ~a · grad
unique pour les opérateurs grad ~ en coordonnées cylindro-polaires ou sphériques, sans parler des autres opérateurs
différentiels qui seront définis dans la suite du cours.
13.2.2 Divergence
Caractère divergent d’un champ de vecteurs
Considérons un champ vectoriel quelconque W ~ , et cherchons à caractériser les points P tels que le champ diverge (au sens
géométrique) manifestement à partir de P (cf. fig. 13.2).
(C)
Expression du flux
Considérons, pour exprimer cette limite, la surface (S) délimitée par les trois déplacements élémentaires ds 1 , ds2 , ds3 dans
le système de coordonnées orthogonal (s1 , s2 , s3 ) utilisé ; ces déplacements sont colinéaires aux trois vecteurs unitaires
(~u1 ,~u2 ,~u3 ) de la base locale associée à ce système de coordonnées en P : d~r 1 = µ1 ds1 u~1 , d~r2 = µ2 ds2 u~2 et d~r3 = µ3 ds3 u~3 et
la surface correspondante est celle d’un quasi-parallélépipède élémentaire.
~e3
µ3 ds3
~e1
~e2
µ1 ds1
µ2 ds2
~ peut être décomposé en une somme de six termes, correspondant aux six faces du paral-
Le flux de à travers ce cube W
lélépipède élémentaire, qu’on regroupe deux par deux (cf. fig. 13.3) en écrivant dΦ = dΦ 1 + dΦ2 + dΦ3 , où on a posé
~ ·~u1 , et où l’aire élémentaire dA1 a pour
dΦ1 = lim (W1 (s1 + ds1 )dA1 (s1 + ds1 ) −W1(s1 )dA1 (s1 )) où on a noté W1 = W
ds1 →0
Systèmes ouverts 115
∂
expression dA1 = µ2 ds2 µ3 ds3 . Ceci permet enfin d’écrire le flux total dΦ = ∑ (W1 µ2 µ3 ds2 ds3 ) ds1 ce qu’on écrira en-
PC ∂s 1
∂
core sous la forme dΦ = ds1 ds2 ds3 ∑ (W1 µ2 µ3 ). On exprime enfin ce flux dΦ en fonction du volume élémentaire dτ
PC ∂s 1
du quasi-parallélépipède élémentaire, qui s’exprime comme le produit des trois longueurs des déplacements orthogonaux
dτ = µ1 µ2 µ3 ds1 ds2 ds3 en faisant apparaître la divergence du champ vectoriel W ~ au point P, définie ici par l’expression
~ = ∑ 1 ∂ (W1 µ2 µ3 ). Le flux de W
div W ~ , lorsque la surface (S) est très proche de P, devient donc dΦ = div W~ dτ.
PC µ2 µ3 ∂s1
Théorème d’Ostrogradski
L’expression ci-dessus est aussi à la base du très utile théorème d’Ostrogradski. On peut en effet juxtaposer des volumes
élémentaires comme celui envisagé ci-dessus, les flux à travers les faces en regard se compensent deux à deux. Dans leur
somme ne subsiste que le flux à travers la surface extérieure à tout le volume sommé.
On en déduit l’expression la plus générale du théorème d’Ostrogradski, pour un volume connexe (V ) quelconque, de bord
orienté –vers l’extérieur– (S) :
T HÉORÈME D ’O STROGRADSKI
Le flux d’un champ de vecteurs à travers une surface fermée orientée vers l’extérieur est égale à l’inté-
grale de volume de la divergence de ce vecteur, étendue au volume intérieur :
I Z
~ ·~n dS =
W ~ dτ
div W (13.5)
P∈S P∈V
∂f
I Z
~ prend la forme W
Si on s’intéresse au cas particulier où la fonction de point W ~ = f~ux , il vient f~ux ·~ndS = dτ
I Z P∈S P∈V ∂x
−−→
donc encore, le vecteur ~ux étant uniforme, f (~ux ·~n) dS = ~ux · grad f dτ et, sommant sur les divers indices x, y, z, il
P∈S P∈V
vient le théorème du gradient :
I Z
−−→
f~ndS = grad f dτ (13.6)
P∈S P∈V
On peut développer les formes particulières de l’opérateur divergence dans les trois systèmes de coordonnées usuels. En
coordonnées cartésiennes, div W ~ = ∂Wx + ∂Wy + ∂Wz où on notera l’usage possible de la notation nabla, div W ~ = ~∇ ·
∂x ∂y ∂z
~ = 1 ∂ ρWρ + 1 ∂Wφ + ∂Wz ; enfin, en coordonnées
~ . De même, en coordonnées cylindro-polaires, il vient div W
W
ρ ∂ρ ρ ∂φ ∂z
1 ∂ 2 1 ∂ 1 ∂Wφ
~
sphériques, div W = 2 r Wr + (sin θWθ ) + . Enfin, le développement direct montre aisément,
r ∂r r sin θ ∂θ r sinθ ∂φ
pour cet opérateur différentiel du premier ordre, la relation div f W ~ = f div W~ +W ~ ·−−→
grad f .
Nous choisirons de définir un opérateur différentiel du second ordre, pour toute fonction de point scalaire f , par ;
−−→
∆ f = div grad f (13.7)
116 Manuel de Physique
Interprétation
Le laplacien d’une fonction scalaire prend des valeurs franchement positives en tout point à partir duquel la fonction f croît
dans toutes les directions ; réciproquement, le laplacien ∆ f est franchement négatif en tout point à partir duquel la fonction
décroît dans toutes les directions.
Un maximum local de f doit donc vérifier les deux conditions nécessaires :
– Les différentes dérivées de f sont toutes nulles, c’est-à-dire que le gradient de f s’annule ;
– Le laplacien de f est strictement positif.
Expressions du laplacien
A partir des expressions établies ci-dessus pour le gradient puis pour la divergence, on obtient en coordonnées cartésiennes,
cylindro-polaires puis sphériques :
∂2 f ∂2 f ∂2 f ~ 2
∆f = + + 2 =∇ f (13.8)
∂x2 ∂y2 ∂z
1 ∂ ∂f 1 ∂2 f ∂2 f
∆f = ρ + 2 2+ 2 (13.9)
ρ ∂ρ ∂ρ ρ ∂φ ∂z
1 ∂ 1∂f ∂ ∂f 1 ∂2 f
∆f = r2 +sin θ + 2 2 (13.10)
r2 ∂r 2 ∂r
r sin θ ∂θ ∂θ r sin θ ∂φ2
−−→ −−→
On peut enfin montrer par simple développement que ∆ ( f g) = f ∆g + g∆ f + 2 grad f · gradg .
Équation de d’Alembert
On a déjà vu qu’une grandeur physique f (x,t) est une onde se propageant le long de l’axe Ox si elle vérifie l’équation
∂2 f 1 ∂2 f
de propagation de d’Alembert à une seule dimension, 2 = 2 2 et la grandeur c s’interprète alors comme la célérité
∂x c ∂t
de la propagation de l’onde. La solution générale de l’équation de d’Alembert est alors la somme de deux ondes planes
progressives se propageant en sens inverse, f (x,t) = f + (x − ct) + f−(x + ct).
Plus généralement, nous appellerons équation de d’Alembert à trois dimensions l’équation aux dérivées partielles ∆ f =
1 ∂2 f
pour la célérité c, et nous conviendrons d’appeler onde toute solution de l’équation de d’Alembert. On pourra se
c2 ∂t 2
reporter à l’étude déjà effectuée des ondes dans les lignes électriques ou des ondes lumineuses.
~n
dS
~vi dt
F IG . 13.4 – Flux sortant
Considérons par exemple une zone de sortie. La quantité de X qui pourra sortir entre les instants t et t + dt par la section
droite Si de la i-ème zone est celle qui est située, à l’instant t, à une distance de cette section droite inférieure à v i dt et la
quantité ainsi transportée vaut donc dX = DXi dt = xVi~vi ·~ni dt Si ; on retiendra donc :
Dérivée convective
L’expression citée ci-dessus du débit de X sortant d’une surface de contrôle (S), qui a été établie dans le seul cas uni-
dimensionnel,I admet une généralisation valable dans le cas des écoulements quelconques, que nous admettrons sous la
forme DX = xV (P) [~v(P) ·~n(P)] dS. Le transport de la grandeur X associé aux mouvements de matière (ou transport
P∈S
par convection) décrit ci-dessus par le débit D n’est pas seul à intervenir dans les bilans de déplacement de la grandeur X.
L’augmentation (algébrique) de X doit être évaluée comme la somme de l’augmentation par convection (somme des débits
∂X ∂X ∂xV
Z
DX
entrants) et de l’augmentation liée aux particules (dite variation particulaire), = (−DX ) + avec = dτ.
∂t Dt ∂t P∈S ∂t
DX
On a ici noté la dérivée particulaire de X, c’est-à-dire la variation de X obtenue en suivant l’évolution d’une liste donnée
Dt
de particules, alors même qu’elles entrent ou sortent de (S). Notons que c’est ce type de variation (en suivant une particule
unique, ou bien une liste définie de particules) qui intervient dans les expressions mécaniques usuelles ; nous noterons donc
plutôt :
DX ∂X
= + DX (13.12)
Dt ∂t
système.
118 Manuel de Physique
Z
div (xV (P)~v(P)) dτ. Ainsi, le débit de X sortant d’une surface fermée est-il égal à l’intégrale de la divergence du
P∈τ
vecteur densité de courant de X selon :
I Z
DX = ~jX ·~ndS = div ~jX dτ ~jX = xV (P)~v(P) (13.13)
P∈S P∈τ
13.3.2 Applications
Grandeurs conservées et relation de continuité
Considérons le cas d’une grandeur physique extensive X qui n’est pas modifiée au cours de toute transformation, physique
ou chimique, comme le sont la masse ou la charge électrique. Sa conservation se traduit par le fait que la valeur de X
DX
reste invariante lorsqu’on suit les particules pour lesquelles X est défini, = 0. Compte tenu de la formulation locale
Dt
∂xV
Z Z
ci-dessus, on peut écrire pour une grandeur conservée div ~jX dτ + dτ = 0 donc aussi,en tout point de l’espace,
P∈τ P∈τ ∂t
∂xV
div ~jX + = 0. En particulier, la conservation de la masse peut s’écrire sous la forme locale :
∂t
∂µ
div (µ~v) + =0 (13.14)
∂t
∂ρ
en fonction de la masse volumique µ ; de même, la conservation de la charge électrique s’écrit div ~j + = 0 en fonction
∂t
de la charge volumique ρ et de la densité volumique de courant électrique ~j.
Nous n’étudierons dans cette partie que les écoulements en régime stationnaire ou permanent. Dans ces conditions, le
système défini par la donnée d’une surface de contrôle S est invariable au cours du temps. Si X est une grandeur extensive
∂xV ∂X
du système, alors = 0 et = 0.
∂t ∂t
Systèmes ouverts 119
Bilan enthalpique
Nous allons effectuer un bilan énergétique, c’est-à-dire appliquer le premier principe à un fluide en écoulement permanent.
La méthode choisie ici généralise celle utilisée pour l’étude de la détente de Joule-Thomson. La variation de l’énergie mé-
DE
canique du fluide lors d’une durée dt peut s’écrire dE = dt = δW + δQ soit encore, en régime d’écoulement permanent,
Dt
δW δQ δQ
DU + D 1 m~v2 + DE p = + . Le terme désigne la puissance thermique reçue par le fluide, lors de l’écoulement ;
2 G dt dt dt
nous la noterons Pt :
– Un écoulement dans une machine thermiquement isolée (écoulement adiabatique) est un cas fréquent ; il est caractérisé
par Pt = 0 ;
– Certaines machines thermiques, toutefois, sont le siège d’échanges thermiques. Si c’est le cas, on supposera si besoin
que la machine peut être considérée comme une source thermique à la température T0 , ou éventuellement comme une
succession de telles sources.
δW
Le terme désigne la puissance mécanique reçue par le fluide, lors de l’écoulement ; nous la décomposerons en :
dt
– puissance reçue de la part des forces de pression qui, en amont, imposent l’écoulement, et en aval, s’y opposent ; on parle
de puissance des forces de refoulement, notée Pr .
– puissance reçue de la part des autres forces exercées à l’échelle macroscopique, en particulier celles exercées ou subies à
la traversée de machines comportant des pièces mobiles. On parle de puissance mécanique utile, notée Pm ou Pu . Le signe
de cette puissance permet de distinguer les moteurs (Pu < 0) des récepteurs (Pu > 0).
Puissance de refoulement
Le travail des forces de refoulement se met sous la forme classique d’une somme de termes du type −p dV , la variation de
volume étant elle-même liée à l’écoulement, donc de la forme DV dt. Considérons un écoulement quelconque, par exemple
dans un tube. Lorsque le volume balayé par une section droite lors de l’écoulement est dV dans une région où la pression
est p, le travail échangé vérifie δW = pdV . Ce travail est moteur (fourni au fluide) dans les zones d’entrée de fluide dans la
surface de contrôle, et résistant dans les zones de sortie. Dans chacune des zones correspondantes, le travail échangé vérifie
δW = Pdt en fonction de la puissance correspondante, tandis que le volume balayé vérifie dV = |DV |dt. On peut donc écrire,
en décomposant la surface de contrôle (S) qui entoure le système étudié en autant 4 d’éléments qu’il y a effectivement de
communications avec l’extérieur, Pr = − ∑ pi × (±DVi ) avec le signe + si le volume du système augmente, donc dans le
i
cas d’un débit sortant5. On peut donc écrire ∑ ±D(U+pV + 1 m~v2 +E p ) = Pm + Pt .
2 G i
i
Dans le cas particulier très important d’un système avec une seule de masse D m étant
entrée et une seule sortie, le débit
1 2 1 2
compté positivement (à la sortie), on peut donc encore écrire D m × hs + ~vs + e ps − he − ~ve − e pe = Pm +Pt en fonction
2 2
de l’enthalpie massique h et de l’énergie potentielle massique e p .
Très fréquemment, on écrira cette expression en fonction de l’altitude z, si la seule source d’interactions potentielles avec
l’extérieur est la pesanteur :
1 2 1 2
Dm × hs + ~vs + gzs − he − ~ve − gze = Pm + Pt (13.16)
2 2
4 Dans la pratique, on a souvent affaire à deux éléments de surface : la zone d’entrée et la zone de sortie.
5 C’est, bien sûr, la convention déjà choisie ci-dessus pour tous les débits.
120 Manuel de Physique
Pt
Dm × (ss − se ) ≥ (13.17)
T0
Pe Ps
6 En pratique, la plupart des compresseurs fonctionnent de manière quasiment adiabatique et on aura de plus q = 0 et Pt = 0.
Dynamique des fluides
14
La mécanique du point matériel est habituellement traitée dans le modèle de description de Lagrange : on considère une
particule M, de masse m, et les lois fondamentales de la dynamique décrivent le mouvement de cette particule au cours du
d d
temps au moyens d’équations dynamique et énergétiques, m ~vM = Σ~ F et (Ec + E p) = Pnc . La solution de ces équations
dt dt
est contenue dans les lois horaires du type~r =~r(t), c’est-à-dire que les diverses coordonnées du vecteur position de chaque
particule sont des fonctions d’un paramètre, le temps t. L’étude mécanique des systèmes solides est, comme on le verra,
effectuée dans le même cadre de description ; en effet, un système solide est constitué d’un ensemble invariable de particules
individuelles ; de plus, le caractère rigide du système impose aux coordonnées de chacune de ces particules des relations
cinématiques permanentes.
La résolution des équations dynamiques consiste alors à déterminer comment évoluent, en fonction du temps (dans le cas
des régimes variables) et de l’espace (dans la zone parcourue par l’écoulement) ces diverses grandeurs qui forment des
fonctions scalaires et vectorielles du point. On parle alors de modèle de description d’Euler.
Bilans extensifs
Considérons une grandeur extensive quelconque X qui, dans le cadre du modèle de description de Lagrange, vérifie la loi
dX
= Y , où Y est une autre grandeur extensive. La généralisation de cette écriture au modèle d’Euler consiste à définir
dt
dX
une surface de contrôle (S) qui enferme, à l’instant t, le système considéré ; la grandeur qui était notée dans le modèle
dt
X(S0 ,t 0 ) − X(S,t)
de Lagrange peut être définie comme lim où, à l’instant t 0 = t + dt, la surface de contrôle (S0 ) englobe
dt→0 dt
les particules qui se trouvaient dans (S) à l’instant t ; la surface de contrôle se déplace avec le mouvement des particules
constituant le système.
Si on veut reprendre une surface de contrôle (S) fixe dans le référentiel d’étude, la notion qui généralise cette limite est,
comme on l’a vu, celle de dérivée particulaire de la grandeur X et on écrira :
DX ∂X
= + DX = Y (14.1)
Dt ∂t
Les grandeurs X et Y étant extensives, on peut les décrire par l’intermédiaire de leurs densités volumiques xVIet yV , ce qui
∂X ∂xV
Z Z
mène à Y = yV dτ si (V ) est le volume intérieur à la surface de contrôle (S), et = dτ avec DX = xV [~c · n]dS
V Z ∂t V ∂t S
où cette dernière intégrale peut s’écrire, si X est scalaire, DX = div (xV~v) dτ.
V
Bilan local
dX
Compte tenu de ce qui précède, le bilan local associé à l’équation intégrale = Y devient, si les grandeurs X et Y sont
dt
∂xV
des scalaires, div (xV~v) + = yV .
∂t
DU δW δQ
= + (14.2)
dt dt dt
DH δQ
Dans le cas particulier des écoulements qui ne reçoivent que du travail de refoulement, on a vu que = et, si
dt dt
∂(µh)
l’échange thermique est réparti en volume, il vient div (µh~v) + = µpt en fonction de l’enthalpie massique h et de la
∂t
puissance thermique massique reçue pt .
Dynamique des fluides 123
γRT pM ∂p γ − 1
Pour les gaz parfaits, on sait que h = et µ = donc div (p~v) + = µpt .
M(γ − 1) RT ∂t γ
A titre d’application des bilans globaux pour les systèmes ouverts, considérons le cas d’un gaz parfait enfermé, sous la
pression p1 , dans un récipient aux parois adiabatiques ; on notera T1 sa température et V le volume du récipient (cf. fig.
14.1).
p1 , T1 p0 , T0
La transformation débute lorsqu’on ouvre le bouchon qui fermait le récipient, mettant en communication l’intérieur du
récipient et l’atmosphère extérieure. Celle-ci est de pression invariable p 0 < p1 et de température invariable T0 .
Pour l’essentiel du système, les paramètres p, n, T évoluent alors de manière progressive, et p et T sont homogènes dans
l’ensemble du système. Il existe cependant une petite zone, au voisinage de l’embouchure du récipient, pour laquelle ces
paramètres locaux ne sont pas homogènes ; nous l’exclurons de la surface de contrôle et du système étudié. Puisque l’em-
bouchure est de petites dimensions, nous considérerons que le volume constant V contenu dans la surface de contrôle est
bien le même que celui du récipient tout entier.
Notant n la quantité de matière figurant encore dans le récipient à l’instant t, et T sa température, nous appliquerons le
DU ∂U δW
premier principe au système (S) formé du gaz restant dans le récipient sous la forme = + DU = si on suppose
Dt ∂t dt
que la petite taille de l’ouverture du récipient empêche tout échange thermique ; on parle de détente adiabatique dans
l’atmosphère.
∂U d nRT dn RT dn
Le premier terme s’évalue selon = et le second selon DU = − puisque − est le débit
∂t dt γ − 1 dt γ − 1 dt
RT
molaire sortant, et est l’énergie interne molaire.
γ−1
Enfin, le travail reçu par le système pendant la durée dt est un travail de forces de pression, la pression exercée au bord
RT
de la surface de contrôle étant supposée rester égale à p. Ce travail résistant peut être écrit δW = −pdV = pdn . Il
p
1 dT dn pV dn d p dT
vient donc = . Écrivant encore l’équation des gaz parfaits sous la forme n = donc = − , on en
γ−1 T n RT n p T
dT dp
déduit γ + (1 − γ) = 0 donc T γ p( 1 − γ) = cte et on retrouve évidemment la loi de Laplace, puisque l’ensemble de nos
T p
hypothèses était équivalent à considérer l’évolution du gaz restant dans le récipient comme adiabatique et réversible.
∂~v −−→
µ + ~v · grad ~v = ~f (14.3)
∂t
Forces de pression
I Z
−−→
La résultante des forces de pression exercées sur un volume fermé (V ) s’écrit ~
F= −p~ndS = −grad p dτ, si (S)
S V
est la surface extérieure au volume (V ), par application du théorème du gradient. La force volumique de pression vaut
~f p = −−−→
grad p. Prenant encore en compte la force volumique de pesanteur µ~g et l’ensemble des autres forces volumiques ~f 0 ,
l’équation d’Euler prend la forme usuelle :
∂~v −−→ −−→
µ + ~v · grad ~v = −grad p + µ~g + ~f 0 (14.4)
∂t
de continuité) et par une loi heuristique décrivant le type d’écoulement observé ; on utilise en général la donnée de la
compressibilité χ du fluide dans les conditions de l’écoulement.
L’ensemble de ces cinq équations, qui ne sont pas linéaires, sera alors développé au premier ordre. Le système linéaire
obtenu sera bien sûr plus aisé à étudier.
On se souviendra toutefois que des effets non linéaires seront systématiquement observés lors de l’étude de la propagation
des ondes acoustiques, dès que leur amplitude dépasse une certaine valeur.
Ondes acoustiques
∂ ∂2 p̄ ∂~v 1
On obtient l’équation de propagation de la surpression acoustique en écrivant div ~v = −χ 2 et div = − ∆ p̄ ; la
∂t ∂t ∂t µ0
1 ∂2 p̄
comparaison de ces deux équations, et la permutation des dérivées secondes croisées mène à ∆ p̄ = 2 2 qui est une
c ∂t
équation de d’Alembert, avec pour célérité de propagation des ondes acoustiques la valeur :
1
c= √ (14.5)
µ0 χ
1
En particulier, dans le cas fréquent d’ondes acoustiques quasiment isentropiques se propageant dans un gaz parfait, χ S =
r γp 0
p0 M γRT
et µ0 = donc c = .
RT M
Énergie acoustique
Imaginons une section droite (S) d’aire S disposée perpendiculairement à la direction de propagation d’une onde acoustique.
La force exercée par le fluide sur cette aire s’écrit ~
F = (p0 + p̄) S~n si ~n est le vecteur normal à la surface (S). Si cette surface
est mobile avec le fluide au gré de l’onde, elle reçoit donc de la part de l’onde une puissance P = (p 0 + p̄) S~v ·~n dont la
valeur moyenne temporelle par unité de surface porte le nom d’intensité acoustique de l’onde :
Cette expression fait apparaître une densité volumique de courant d’énergie, égale à ~Ra = p̄~v.
126 Manuel de Physique
∂ 1 1
div ~Ra + (w p + wc ) = 0 w p = χ p̄2 wc = µ0~v2 (14.7)
∂t 2 2
1 2
La grandeur wc = µ0~v est évidemment une densité volumique d’énergie cinétique associée au passage de l’onde ; on
2
1
interprète donc w p = χ p̄2 comme la densité volumique d’énergie potentielle associée à la surpression p̄.
2
∂µ
On remarquera l’analogie de l’équation (14.7) avec la loi de conservation de la masse div (µ~v) + = 0 et on parle donc
∂t
d’équation locale de conservation de l’énergie acoustique. Cette équation (14.7) peut encore être écrite sous la forme
d
intégrale, − (Wp +Wc ) = P où la puissance acoustique sortant de la surface fermée (S) est égale à la diminution des
dt Z Z
énergies cinétique et potentielle stockées dans le volume intérieur (V ), Wc = wc dτ et Wp = w p dτ.
V V
1 La sensation auditive n’est pas linéaire mais varie comme le logarithme de l’excitation (loi de F ECHNER ). On définit donc le décibel acoustique, le
Ra
niveau de référence étant le seuil d’audibilité à 1 000 Hz, pour lequel l’intensité acoustique est R 0 = 10−12 W · m−2 ; on pose donc IdB = 10lg .
R0
Évolutions spontanées
15
Transformation de Legendre
La transformation de Legendre permet de changer de variable sans « perdre d’information ». Considérons en effet une
df
grandeur physique f , fonction d’une certaine variable x. La seule connaissance (par exemple) de la dérivée ne suffit pas
dx
df
à reconstruire la fonction f puisqu’il manque une information (constante d’intégration). La transformation f (x) −→
dx
perd de l’information.
1 Ici et dans toute la suite de ce chapitre, le caractère constant de la quantité de matière n sera sous-entendu.
128 Manuel de Physique
f (x)
yx
g x
O
x
La donnée de la fonction f (x) est équivalente –à une constante additive arbitraire près– à la donnée, en tout point de la
courbe, de la tangente à cette courbe ; on peut ainsi reconstruire la courbe d’origine comme enveloppe de ses tangentes
successives. La transformation de Legendre consiste à remplacer la donnée de f (x) par celle, pour chaque valeur de la pente
df
y de la tangente, de l’ordonnée à l’origine g de cette tangente, avec y = et f (x) − g = yx. Ainsi, on remplace la donnée
dx
df df
de la fonction f (x) par celle de sa transformée de Legendre g(y), définie par g(y) = f (x) − yx = f (x) − x où y = .
dx dx
dg d f dx dx
La dérivée de g vérifie alors = − x − y = −x ; la transformée de Legendre de g est alors la fonction h définie
dy dx dy dy
dg
par h(−x) = g(y) − y = g(y) + xy = f (x) et la composition de deux transformées de Legendre successives redonne la
dy
fonction initiale ; ceci confirme que le passage f −→ g se fait sans perte d’information ; il est possible de repasser de g à
f par une nouvelle transformation de Legendre. On a donc, par construction des transformées de Legendre, d f = ydx et
dg = −xdy ce qui montre l’échange des variables conjuguées x et y lors du passage de f à g.
Puisque –la quantité de matière étant traitée à part– U est une fonction de deux variables S et V , on peut lui trouver trois
transformées de Legendre, relativement à V (c’est l’enthalpie H), à S (ce sera la fonction énergie libre 2 F, fondamentale
en thermodynamique statistique théorique) et relativement à V et S successivement (ce sera la fonction enthalpie libre 3
G,
∂U
essentielle pour l’étude pratique des changements d’état et des réactions chimiques). On les définit par F = U − S
∂S V
∂U ∂U
soit F = U − T S et G = U − S −V soit G = U + pV − T S = H − T S.
∂S V ∂V S
Ces fonctions permettent alors d’écrire différentes formes de l’identité thermodynamique, précisant ainsi à chaque fois les
variables naturelles associées à chacune de ces fonctions :
dU = +T dS − pdV U = U (S,V, n)
dH = +T dS +Vd p H = H (S, p, n)
(15.1)
dF = −SdT − pdV F = F (T,V, n)
dG = −SdT +V d p G = G (T, p, n)
2F est encore appelée fonction de Helmholtz.
3G est encore appelée fonction de Gibbs.
Évolutions spontanées 129
Ainsi, les systèmes thermodynamiques isolés évoluent-ils tous spontanément vers le macroétat le plus probable, c’est-à-dire
qui réalise la valeur de Ω(µ) la plus élevée.
On peut donner une illustration des nombres mis en jeu dans le cas simple des systèmes constitués de particules à deux
états seulement, comme par exemple des particules qui peuvent être soit à droite, soit à gauche d’une boîte divisée en deux
compartiments égaux (cf. fig. 15.2).
2
1 5 6
Entropie statistique
La fonction Ω(µ) caractérise un macroétat µ donné, et c’est donc une fonction d’état. Puisque, au cours d’une évolution
spontanée, Ω(µ) augmente, cette fonction pourrait être un candidat pour une fonction entropie définie de façon uniquement
statistique, à condition d’avoir les autres propriétés de l’entropie ; et en particulier à condition d’être extensive.
Considérons donc deux systèmes thermodynamiques S1 et S2 et juxtaposons-les par la pensée. Un macroétat µ du système S
global est défini par la donnée des deux macroétats particuliers µ 1 et µ2 de S1 et S2 . Comme ces deux macroétats sont réalisés
de façon indépendante –les deux systèmes étant sans interaction–, respectivement par Ω 1 (µ1 ) et Ω2 (µ2 ) microétats, on en
conclut immédiatement que Ω(µ1 , µ2 ) = Ω1 (µ1 )Ω2 (µ2 ) ce qui montre qu’on peut choisir pour fonction entropie statistique
une grandeur du type :
pour toute constante positive k ; de façon générale, l’entropie statistique mesure ainsi l’étendue de l’ignorance relativement
à l’état microscopique d’un système, pour un observateur qui n’en connaît que l’état macroscopique ; c’est ce qu’on appelle
en général la mesure du désordre moléculaire sous-jacent à la donnée d’un macroétat.
Constante de Boltzmann
Considérons à nouveau le système de la figure 15.2, et imaginons qu’il décrit un gaz parfait qui subit une détente de
Joule, Gay-Lussac qui double son volume ; dans l’état initial, toutes les N molécules sont du même côté de la paroi et
l’entropie du système vérifie4 Si = k lnΩ(0) = k ln1 = 0. Par contre, dans l’état final, l’entropie du système peut s’écrire
S f = k ln Ω(N/2) = k [ln(N!) − 2 ln((N/2)!)].
Vu les valeurs élevées de N pour tous les systèmes thermodynamiques, on se contentera ici de l’expression approchée de
ln n! ' n ln n − n. Ainsi,
Stirling : pour n assez grand, la variation d’entropie lors de la détente de Joule, Gay-Lussac devient
N
∆S = S f − Si soit ∆S = k N lnN − N − N ln + N ou enfin S = kN ln 2.
2
Un calcul classique de la même variation d’entropie se fait selon dU = T dS − PdV soit, pour une détente isotherme,
P dV
dS = dV = nR ; l’augmentation d’entropie lors de la détente envisagée ici vaut ∆S = nR ln2 = Nk B ln 2 où kB est la
T V
constante de Boltzmann.
4 Dans ce modèle très simplifié, l’entropie ne dépend que de l’indétermination sur la position des particules, et non pas de leurs propriétés énergétiques,
c’est-à-dire cinétiques ; nous verrons plus bas que pour atteindre effectivement une entropie nulle, il faut aussi figer le système à très basse température.
Évolutions spontanées 131
Ce résultat, conforté par des études menées notamment dans le cadre quantique permettent de montrer que l’entropie statis-
R
tique coïncide bien avec l’entropie classique à condition de choisir pour k la constante de Boltzmann k B = .
NA
E NTROPIE STATISTIQUE
L’entropie statistique, mesure du défaut d’information macroscopique sur un système thermodyna-
mique, a pour expression S = kB ln Ω, où kB = 1, 38 × 10−23 J · K−1 est la constante de Boltzmann, et Ω
est le nombre de microétats (ou complexions différents susceptibles de réaliser le même macroétat.
S = kB ln [Ω(U) · Ω (E −U)]. Ce produit de deux fonctions, l’une très rapidement croissante et l’autre très rapidement
∗
décroissante avec U, admet un maximum très aigu, correspondant à l’état d’équilibre macroscopique, et caractérisé par la
d d
relation ln Ω (U) = ln Ω∗ (U ∗ ) ce qui permet bien de reconnaître dans ce terme une température thermodynamique
dU dU ∗
qui, comme on l’a vu, s’identifie avec la température du gaz parfait :
1 d
= ln Ω (U) (15.3)
kB T dU
Facteur de Boltzmann
Si maintenant on s’intéresse aux seuls microétats de Σ, ils ne sont plus équiprobables puisque Σ n’est pas isolé. Dans le cas
particulier où Σ se résume à une seule particule, dont l’énergie sera alors notée ε, Ω(ε) = 1 –ou dans tous les cas sera très
faible–.
La probabilité P d’observer une particule d’énergie ε est proportionnelle au nombre de façonsdifférentes
de réaliser pour le
1 dS∗
système thermostat Σ l’énergie U = E − ε, soit ln P (ε) ' ln Ω (E − ε) = ln Ω (E) − ε
∗ ∗ ∗ ∗
ou, compte tenu de ce
kB dU ∗
qui précède :
132 Manuel de Physique
ε
P (ε) ' K exp − (15.4)
kB T
Cette expression constitue le facteur de Boltzmann ; ce facteur probabiliste décrit la distribution statistique en fonction de
l’énergie de toutes les particules dans un système macroscopique en équilibre thermique à la température T .
Ainsi, la probabilité d’observer une molécule
à une altitude
z
dans un gaz soumis au champ de pesanteur décroît-elle
mgz Mgz
avec l’altitude, sous la forme P ∝ exp − = exp − si M est la masse molaire ; ce résultat peut être montré
kB T RT
indépendamment par une étude de l’équilibre hydrostatique du gaz.
De même, la probabilité d’observer
une molécule de masse m à une vitesse ~v dans un gaz varie-t-elle avec la norme de cette
m~v2
vitesse sous la forme P ∝ exp − ; on parle ici de distribution de Maxwell des vitesses.
2kBT