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Section 1 

: La constatation du différend comme formalité préalable au recours :

C’est à partir de la date de constat de défaut de provision ou de paiement qu’on


parle de contentieux cambiaire, celui-ci peut être réglé en premier lieu à l’amiable avant
de passer à la voie judiciaire. Ainsi le porteur peut exercer son droit de recours par
protêt ou encore par avis (sous section 1), mais cette formalité peut perdre sa force en la
présence de la clause de retour sans frais ou face à la déchéance (sous section 2).

Sous section 1 : Les conditions d’exercice de l’ouverture de l’action :


L’accomplissement du protêt est une condition de recevabilité du recours. Il signifie que
le refus d’acceptation ou de paiement est constaté par un acte authentique. Cette formalité doit
recevoir application dans un délai rigoureusement déterminé, sous peine d’échéance. La
gravité des conséquences du protêt sur les signataires n’échappent guère au législateur. Dans
cet esprit, il impose au porteur, au greffier et aux endosseurs une obligation d’informer les
coobligés, sous forme d’avis ou de notification portant sur le défaut de paiement et protêt et
leurs permettant de réagir conformément à leurs intérêts.

 Le protêt et l’avis comme conditions préalables à l’exercice du recours


cambiaire:
Il s’agit d’un acte authentique dressé par un huissier de justice ou par un notaire à la
demande du porteur d’un effet de commerce pour constater officiellement :
-soit le non-paiement à l’échéance de l’effet (c’est le « protêt faute de paiement ») ;
- soit le refus d’acceptation d’une traite par le tiré (c’est le « protêt faute d’acceptation »)1.
Le protêt faute de paiement doit être établi dans le délai fixe pour la présentation au
paiement, s’il s’agit d’une lettre de change à vue, ou au plus tard le dernier jour de l’année
d’émission. Pour la lettre de change à jour fixe ou a un certain délai de vue ou de date, le
protêt doit être fait dans les cinq jours qui suivent la date d’échéance.

Le protêt faute d’acceptation doit être dressé dans les délais fixes pour la présentation à
l’acceptation. En principe, le protêt doit être dressé entre sa date d’émission et la date
d’échéance2. A cet égard, il convient de signaler que l’acceptation est une garantie propre à la
lettre de change et n’existe pas dans le cheque. Dans la lettre de change, la mention
acceptation est facultative mais importante puisqu’elle confère au titre une garantie de
paiement, et permet l’escompte3 de la traite dans de bonnes conditions. Elle est exprimée par
le mot « accepté » ou tout autre mot équivalent et elle doit être signée par le tiré. L’article 176
dispose que «la simple signature du tiré apposée au recto de la lettre de change vaut
1
Lexique des termes juridiques, éditions DALLOZ, 25e édition, 2017-2018
2
Article 174 du code de commerce
3
L'escompte est l'opération par laquelle le titulaire d'une créance à court terme remet le
titre en pleine propriété à son banquier qui, en contrepartie, lui en verse immédiatement le
montant, déduction faite de sa rémunération. Cette rémunération est à la fois constituée
d'une commission et d'un intérêt, encore dénommé agio ou escompte, dont le montant est
proportionnel au temps restant à courir jusqu'à l'encaissement du titre.
acceptation ». Ce principe n’est pas absolu, l’acceptation de la lettre de change peut, dans
certains cas, être obligatoire comme elle peut être interdite.
Sur le plan des mentions qu’on doit faire figurer dans le document, l’article 210 précise
que l’acte de protêt contient la transcription littérale de la lettre de change, de l’acceptation,
des endossements et des recommandations qui y sont indiquées, ainsi que la sommation de
payer le montant de la lettre de change. Il énonce la présence ou l’absence de celui qui doit
payer, les motifs du refus de payer le montant et le refus de signer le protêt. Le texte visé
garde le silence toutefois l’impossibilité de signer, situation distincte de celle du refus. Que
faire devant une maladie, un handicap ou simplement un éloignement physique du débiteur.
Nous pensons que le greffier se contentera de le signaler comme le refus.4
En effet, l’établissement du protêt est indispensable à la conservation des recours cambiaires
par le porteur de l’effet de commerce. C’est une sorte de commandement de payer. Selon
l’article 301 du code de commerce, par la notification du protêt, le tireur est invité à payer
sous peine de faire objet d’une saisie.
Cette saisie conservatoire, déclenche un délai de trente jours, au terme duquel si le porteur
n’est pas payé, il peut procéder à l’exécution de sa saisie et la vente des objets. Cependant, le
porteur peut être déchu de son droit de recours s’il n’exerce pas son recours avant l’expiration
des délais de prescription.
Ces délais diffèrent selon que l’on parle de chèque ou de lettre de change. S’agissant du
chèque, l’action se prescrit par un an à partir de l’expiration du délai de présentation dans le
rapport porteur/tiré.5 Et six mois dans les rapports du porteur/tireur/ endosseur et autre.
Toutefois en cas de prescription, une action de droit commun subsiste contre le tireur qui n’a
pas fait provision ou les autres obligés qui seraient enrichis injustement.
En ce qui concerne la lettre de change, toutes les actions contre l’accepteur se prescrivent par
trois ans à compter de la date d’échéance. Les actions contre les endosseurs et contre le tireur
se prescrivent par un an à compter du protêt. Pour les actions des signataires ou endosseurs les
uns contre les autres, elles se prescrivent par six mois à partir du jour où l’obligé a remboursé
la lettre de change ou le chèque ou du jour où lui-même a été poursuivi en paiement.
Toutefois, il y’a des cas appelés exceptions légales et conventionnelles ou l’ouverture d’un
recours cambiaire n’est pas subordonné à l’établissement d’un protêt. A titre d’exemple,
lorsque le tiré ou le tireur sont en état de redressement ou de liquidation judiciaire, en cas de
force majeure ou encore en cas de clause sans protêt qui dispense le porteur de faire dresser
protêt6.
L’importance du protêt réside dans le fait qu’il constitue le préliminaire indispensable des
recours contre les garants et sert de point de départ à la prescription de l’action du porteur
contre le tireur et les endosseurs7 .
Toutefois, quand la présentation du chèque ou la confection du protêt dans les délais prescrits
est empêchée par la force majeure, ces délais sont prolongés. Si la force majeure persiste au-

4
DRISSI ALAMI MACHICHI Mohammed «DROIT COMMERCIAL INSTRUMENTAL AU MAROC »,
Rabat, 2011, P.305.
5
Article 295 du code de commerce
6
Alinéa 1er de l’article 200 du CC
7
2ème alinéa de l article 228 du CC
delà de quinze jours les recours peuvent être exercés, sans que ni la présentation, ni le prote ne
soient nécessaires.8

 L’obligation d’aviser les coobligés d’un effet de commerce :


En plus de la confection du protêt, le porteur est tenu de donner avis du défaut de
paiement ou d’acceptation à son endosseur dans les délais légaux.
En ce qui concerne le chèque, et selon l’article 285, le porteur dispose de huit jours du
protêt pour adresser son avis par lettre recommandée contenant les motifs du refus de payer.
Chaque endosseur doit, dans les quatre jours ouvrables qui suivent le jour où il a reçu l’avis le
faire connaitre a son endosseur en indiquant les noms et adresses de ceux qui ont donné les
avis précédents, et ainsi de suite, en remontant jusqu’au tireur.
Le non-respect de cette disposition n’entraîne pas la déchéance, mais celui qui n’a pas donné
l’avis dans le délai indiqué est responsable du préjudice causé par sa négligence, sans que les
dommages-intérêts puissent dépasser le montant du chèque.
Quant à la lettre de change, la procédure reste la même, seuls les délais diffèrent. Le
porteur dispose cette fois ci de six jours ouvrables qui suivent le jour du protêt ou de la
présentation pour adresser son avis a son endosseur. Chacun des endosseurs disposent lui-
même de trois jours ouvrables qui suivent le jour de la réception de l’avis pour informer leur
propre endosseur en indiquant les avis précédents jusqu’à remonter au tireur.
Celui qui a un avis à donner peut le faire sous une forme quelconque, même par un simple
renvoi du cheque. Il doit toutefois prouver qu’il a donné avis dans le délai imparti. Ce délai
sera considère comme observée si une lettre missive donnant l avis a été mise a la poste dans
le dit délai. Le cachet de la poste fait foi du respect de la date. Celui qui ne donne pas l’avis
dans le délai ci-dessus indique n’encoure pas l’échéance, mais engage sa responsabilité
personnelle, s’il y’a lieu, du préjudice causé par sa négligence sans toutefois que les
dommages intérêts puissent dépasser le montant du cheque. En effet en l’absence d’avis, le
tireur risque d’aggraver leur situation en concluant d’autres affaires et en concluant d’autres
chèques alors qu’ils auraient pu les refuser s’ils entaient avisés. Ils seraient probablement
victimes d’autres chèques sans provisions.
Par ailleurs, l’article 301 du code de commerce prévoit en plus l’envoi d’une notification
au tireur et lui donne valeur de commandement de payer. Il s’agit dune véritable mise en
demeure de payer. Ce texte observe cependant un mutisme complet sur le régime juridique de
cette formalité. En d’autres termes, il ne dit pas si elle résulte de lavis ou si elle constitue un
acte a part. Nous pensons qu’elle ne se confond pas avec l’avis. Le sens, la forme et le délai
de la notification en procédure diffèrent de ceux affectes a lavis présente ci-dessus. En
conséquence, nous pensons que la lettre envoyée au tireur pour le prévenir de l’obligation de
payer doit revêtir les règles de la notification prévues par le code de procédure civile en la
soumettant le cas échéant au délai de lavis. A défaut, l’intéressé poursuivi à la suite du protêt
peut opposer sa défaillance et retarder l’issue du procès.9

8
BOUSSOUF. Maissae Les instruments de paiement et de crédit, El OUAZZANI CHAHDI
Loubna, BEN SEDRINE Leila, SLIMANI Amina, «l’essentiel du droit marocain des affaires
tome I », 2018, N°6, P.110.
9
DRISSI ALAMI MACHICHI Mohammed «DROIT COMMERCIAL INSTRUMENTAL AU
MAROC », Rabat, 2011, P.403.
Sous-section 2 : Les obstacles juridiques à l exercice des recours :

Les causes de suspension de l’acte et d’extinction des droits du porteur, ainsi que les obstacles
à l’exercice des recours sont de nature et d’origine différente. Certaines résultent de la volonté
d’un signataire, la clause de retour sans frais. D’autres encore sanctionnent sa faute ou sa
négligence, la déchéance. Les obstacles en question résultent soit de faits imputables aux
signataires, soit de phénomène étranger a leur personne.

 Clause de retour sans frais :

La clause de retour sans frais ou sans protêt est une mention qui a pour effet de dispenser le
porteur de faire dresser protêt pour l’exercice de ses recours.10

Le tireur, un endosseur ou un avaliseur peut, par la clause de retour sans frais ou même tout
autre clause équivalente, inscrite sur le titre et signée par son auteur, dispenser le porteur de
faire dresser, pour exercer recours, un protêt faute d’acceptation ou faute de paiement. La
clause de dispense de protêt constitue une mention facultative de la traite intégrée au titre et
obligatoirement signée par celui qui l’introduit. Pour éviter toute confusion avec un autre
engagement figurant sur la traite, la clause signée ne doit pas constituer une mention séparée
des autres indications de la traite. Si la mention analysée figure dans les termes généraux, elle
produit ses effets sur toutes les causes ou incidents de paiement, refus d’acceptation ou de
paiement, refus d’acceptation, de paiement ou de restitution d’un exemplaire.

Cette manière de procéder tend généralement à éviter les dérangements causés par le
contentieux et les procédures judiciaires a propos de sommes modiques dune part, et a
sauvegarder le crédit du tireur ou de l’endosseur auteur de la clause d’autre part. Le porteur
échouant a se faire payer par le tiré ainsi assuré de recouvrer son du comprenant le montant de
la traite et ses accessoires sans être astreint a supporter de dérangement et d’autres frais.11

Par ailleurs, la clause inscrite par le tireur ou tout autre endosseur produit ses effets a l’égard
de tous les signataires .Quelque soit celui dont émane le refus, le porteur demeure fonde a
retourner la lettre au tireur sans frais. En revanche, si elle est inscrite par un endosseur ou un
avaliseur, elle produit ses effets seulement a l’égard de celui dont elle provient.

Il est à noter également qui si malgré l’inscription de la clause par le tireur, le porteur, par
prudence ou par suspicion, fait dresser le protêt, les frais en restent à sa charge. Ainsi le tireur
intéressé peut lui-même demander des dommages-intérêts de ce fait.

 La déchéance :

La déchéance est une sanction qui frappe le bénéficiaire d’un droit en le privant de son
exercice a cause de sa négligence ou d’un comportement expressément interdit par la loi sous
peine de déchéance. Cette négligence diffère donc de la faute constituée par une conduite
délictuelle qui engagerait la responsabilité de droit commun. Elle constitue un fait que la loi
10
Article 286 du code de commerce
11
DRISSI ALAMI MACHICHI Mohammed «DROIT COMMERCIAL INSTRUMENTAL AU MAROC
», Rabat, 2011, P.308.
sanctionne par la déchéance du droit au recours du change sans exiger la réalisation d’un
préjudice chez celui qui l’invoque. Elle ne semble pas revêtir un caractère d’ordre public car
les intéressés peuvent l’ignorer comme ils peuvent aussi sen prévaloir pour la première fois en
appel. Le juge n’est pas oblige de la soulever d’office spontanément.

Selon les dispositions de l’article 206 du code la prévoit uniquement a l’encontre du porteur
en faveur du tireur, des endosseurs et des autres obliges dans le cadre de la lettre de change, a
l’exception du tire ou plus couramment de celui qui a accepte de la payer. La loi déclare ainsi
le porteur déchu du droit au recours cambiaire après expiration des délais fixes pour la
présentation dune lettre de change a vue ou a un certain délai de vue, pour la confection du
protêt faute d’acceptation ou faute de paiement pour la présentation au paiement en cas de
clause de retour sans frais.

En effet, la déchéance sanctionne la négligence du porteur mis ne profite pas


automatiquement au tireur. Le recours du porteur contre le tireur ne tombe que si le tireur
prouve qu’il a fait provision à l’échéance. Inversement il reste débiteur principal de l’effet non
provisionne et mis en circulation. Il en supporte le paiement des qu’il est signe par lui-même.
Cette responsabilité s’alourdit encore si le tire a refuse l’acceptation de la traite. Le porteur ne
subit pas de déchéance dans ce cas. Il conserve son recours contre le tireur même en l’absence
de présentation de protêt.

Section 2 : Les litiges portant sur les effets de commerce et la tentative du règlement a
l’amiable :
La validité du chèque ou de la lettre de change dépend de l'existence, dans leur
rédaction, d'un certain nombre de mentions obligatoires que le législateur réglemente
soigneusement et rigoureusement en raison de la dominance du formalisme en matière
cambiaire. En cas de rejet, le bénéficiaire est tenu à vérifier à la fois les vices de forme et
de fond relatifs a l’effet de commerce (sous-section 1) avant de tenter l'arrangement ou
l'accord à l'amiable (sous-section 2).
Sous section 1 : Les vices de forme et de fond :

 Les vices de forme :


Comme tous les effets de commerce, le chèque ordinaire est un titre formaliste dont les
mentions revêtent une grande importance. On retrouve l’idée suivant laquelle le titre doit se
satisfaire à lui-même. Le droit du chèque sanctionne d’ailleurs le non respect des mentions
obligatoires12.
Citons la date de création du chèque qui constitue le départ des délais de présentation et de
prescription. Le caractère erroné de celle ci n’entraine pas la nullité du chèque mais le tireur
encourt une amende. En effet, même postdaté, le chèque est payable dès sa présentation au
banquier. Cette présentation doit intervenir dans le délai légal. Ainsi un chèque émis et
payable au Maroc doit être présenté dans le délai de vingt jours tandis que le chèque émis hors

12
PIEDELIEVRE Stéphane « Instruments de crédit et de paiement », Paris : éditions Dalloz,
10e édition, 2018, P.299.
le Maroc et payable au Maroc dans un délai de soixante jours. Toutefois, l’expiration du délai
légal de présentation ne fait pas obstacle au paiement du chèque. Elle a seulement pour
conséquence de faire perdre au porteur négligent les recours cambiaires en cas de non
paiement. En cas d’absence de date, c’est régularisable. S’il n’y a pas de date, le chèque est
nul. Toutefois si la date est fausse, le chèque reste valable mais une amende de 6% du
montant est susceptible de s’appliquer sans que cette amende puisse être inferieure à 100%.
La responsabilité de la banque pourra être engagée en cas d’anomalie apparente de la
signature. Outre le fait de la falsification et de la contrefaçon de chèques bancaires, l’imitation
de signatures est devenue l’un des problèmes le plus fréquents pour les établissements
bancaires, ainsi que le plus difficile à repérer, en raison notamment de la faible formation du
personnel à la détection de fausses signatures, ainsi que la vérification parfois inexistante de
celles-ci. La fausse signature est sanctionnée par la nullité du chèque.
Par ailleurs, le tireur doit jouir de sa pleine capacité juridique pour l’émission du cheque.
Contrairement à la lettre de change, dont la capacité du tireur obéit aux règles du droit
commercial, la capacité de l’émetteur du chèque est soumise aux règles de la Moudawana. En
conséquence, un mineur émancipé commerçant ou non peut émettre un chèque. Toutefois un
cheque signé par un incapable, ayant fait l’objet d’un endossement, n’est pas pour autant nul
conformément au principe de l’Independence des signatures qui a pour objet de sauvegarder
la validité du titre et celles des obligations qu’il contient, de telle manière que le vice qui
affecte une signature ne contamine pas les engagements entrepris. L’article 248 du code de
commerce précise à cet égard : « si le cheque porte des signatures de personnes incapables de
s’obliger, des signatures fausses ou des signatures de personnes imaginaires ou des signatures
qui, pour toute autre raison, ne sauraient obliger les personnes qui ont signé le chèque ou au
nom desquelles il a été signé, les obligations des autres signataires n’en sont pas moins
valables.

 Les vices de fond :


D’après l article 250 du code de commerce, le tireur est garant du paiement et ne peut
s’exonérer de cette garantie. Pour cela, il doit constituer une provision. La provision est une
créance de somme d’argent du tireur sur le tiré, disponible et suffisante pour couvrir l’ordre
de payer de l’émetteur. Celle-ci doit être disponible, suffisante, certaine, liquide et exigible.
Le défaut ou l’insuffisance de provision constitue un incident de paiement pouvant être
régularisé. Dans le cas contraire, le porteur est en mesure d’exercer ses recours.
En d’autres termes, l’incident de paiement est tout rejet par la banque de payer un chèque, à
cause d’un défaut de provision. Il entraîne principalement trois conséquences :
Tout d’abord, la délivrance d’un certificat de refus de paiement par l’établissement bancaire
au profit du porteur. Ce document qui prouve le défaut de paiement total ou partiel ne fait pas
double emploi avec le protêt, qui demeure le seul acte valable pour sauvegarder les recours
cambiaires.
En pratique, le défaut de provision se rencontre particulièrement dans le cadre des difficultés
des entreprises ou les débiteurs menaces de redressement ou de liquidation judiciaire
recourent a ce procédé pour retarder le prononcé des sanctions. On la retrouve aussi dans les
situations ou le tireur ne constitue pas la provision pour d autres raisons comme l’échec d une
négociation ou l’abandon de la relation avec le tiré.
Le problème que pose cette provision est celui de la détermination du moment exact de son
exigibilité. Ainsi, la disponibilité de la provision est tantôt exige au moment de la création du
titre, tantôt au moment de la création du titre, tantôt au moment de la présentation au
paiement. La jurisprudence et la doctrine ont préféré s’aligner sur l’esprit de l’article 316 et se
conformer dans leur analyse à la nature même du chèque en tant que titre payable à vue. En
conséquence, l’appréciation de la disponibilité et de la suffisance de la provision devrait avoir
lieu au moment de la présentation au paiement et non au moment de l’émission. Autrement
dit, lorsqu'un chèque est dépourvu de provision à l'encaissement, le porteur de ce dernier
dispose d'un recours cambiaire.
Vient ensuite la notification de l’injonction et l’interdiction bancaire, dans ce cas, la banque
adresse une lettre d’injonction au tireur par laquelle, elle l’ordonne de restituer les formules de
chèques en sa possession au son qu’à toute les banques dont il est clients. Et de ne plus
émettre pendant 10 ans des chèques tant que l’incident n’a pas été régularisé. L’interdiction
bancaire est définie par la circulaire du gouverneur Bank Al Maghreb n°2/G/10 du 3 mai 2010
comme une privation pendant une durée de dix ans, de la faculté d’émettre des chèques autres
que ceux qui permettent le retrait de fonds par le tireur après du tire ou ceux qui sont certifiés.
A cet égard, le code de commerce sanctionne l’émission d’un chèque au mépris dune
interdiction d’un emprisonnement d’un mois à 2 ans et d’une amende de 1000 à 10.000 dh
malgré l’existence de la provision. Et si la provision fait défaut, ces peines sont portées au
double.
Pour y remédier, cet incident doit être régularisé. Ainsi la régularisation est une procédure qui
permet au titulaire d’un compte bancaire frappé d’interdiction de retrouver sa faculté
d’émettre des chèques par la constitution de la provision ou le règlement du chèque entre les
mains du porteur et l’acquittement d’un amende forfaitaire de 5% du montant du chèque
faisant objet d’une première injonction, 10% pour la deuxième et 20% au-delà de la troisième.
A défaut de régularisation, le porteur du titre est en mesure d’exercer ses recours à condition
de dresser un protêt.

Sous-section 2 : La mise en place des modes alternatifs de règlement des conflits
(MARC) et leurs avantages :
Le pouvoir judiciaire est l'un des trois pouvoirs constituants un état dans un régime
démocratique. Il a pour rôle de contrôler l'application de la loi et de sanctionner son non-
respect, et bien évidemment de donner une solution précise et équitable aux litiges existant
entre les hommes. Cette mission a été généralement confiée à l'État, mais celui-ci n'en a pas le
monopole absolu, dès lors il existe d'autres alternatives tournant autour de l'idée de l'entente
c'est le cas des MARC qui réfèrent principalement à la médiation et à l'arbitrage qui sont
réglementés par la loi n° 08-05 publiée au journal officiel n° 5584 du jeudi 6 Décembre 2007
abrogeant les dispositions du code de procédure civile relatives à l’arbitrage et qui pose un
nouveau dispositif régissant l’arbitrage et la médiation conventionnelle.
En effet, les grands acteurs bancaires et financiers et leurs filiales sont familiers de l’arbitrage
et y ont recours pour régler certains de leurs différends. Ils ont souvent recours à l’arbitrage
pour régler directement des litiges relatifs aux matières bancaire et financière impliquant des
contreparties de marchés émergents, des contreparties souveraines, des opérations
sophistiquées comme les dérivés, ou encore celles nécessitant une procédure privée telle la
gestion d’actifs et les investissements.
I- Conditions du recours à l'arbitrage

Le recours à l'arbitrage est conditionné par une convention d'arbitrage. Pour soumettre un
litige à des arbitres, les parties doivent préalablement convenir de cette possibilité au moyen
d’une clause ou d’une convention d’arbitrage, selon qu’il est conclu avant ou après la
naissance du litige. Cet accord se nomme tantôt une clause compromissoire , tantôt
compromis d’arbitrage.
La clause compromissoire vise donc un litige éventuel et futur : les parties s'engagent, avant
tout litige, à soumettre à des arbitres, les différends suceptibles de s'élever entre elles, à
l'occasion de la conclusion l'exécution ou la rupture de ce contrat. en effet, le CPC n’a
consacré à la clause compromissoire que l’article 309.Aussi est-on enclin de supposer que son
régime est peu étoffé. C’est peut-être à cause de cela que contrairement au compromis, la
jurisprudence marocaine en a été parfois sollicitée. Mais on peut également estimer que les
contestations judiciaires y afférentes sont dues au lien étroit entre cette clause et le contrat
dans lequel elle est insérée. En tout cas une telle disposition conventionnelle se définit comme
une convention antérieure à tout différend, car l’alinéa 1er de l’article 309 CPC stipule
notamment que les parties peuvent, dans tout contrat, convenir de soumettre à la décision
d’arbitres la solution des contestations qui viendraient à naître au cours de l’exécution du
contrat.
Quant au compromis, il s’agit dune convention à part entière par laquelle les parties
soumettent à des arbitres un litige déjà né. Le compromis13 peut être considéré comme un
contrat particulier de part son objet et finalité. Il s’agit d’une convention par laquelle les
parties s’accordent de soumettre leur différend à une ou plusieurs personnes privées appelées
arbitres, afin qu’elles leur trouvent une solution définitive selon des conditions que précisent
ces mêmes parties. En exprimant ainsi leur volonté, les parties à l’arbitrage doivent en
principe s’abstenir de recourir aux juges étatiques, en l’occurrence les tribunaux de commerce
lorsque le différend soumis à l’arbitrage est d’ordre commercial, ne serait-ce qu’avant le
prononcé de la décision arbitrale.
Il doit réunir trois éléments : l’exposé du litige, la désignation du ou des arbitres, la
volonté de faire juger le litige par arbitrage.
II- Les avantages de l’arbitrage :
Le recours aux modes alternatifs de règlements des conflits (ou des modes alternatifs
de règlement des différends) a connu récemment une croissance considérable, en raison de
leurs nombreux avantages, comparés aux procédures judiciaires. Alors que certains procès
devant les cours de justice peuvent parfois durer des années, les modes de règlement
alternatifs des conflits sont très attractifs pour différentes raisons, que nous allons envisager. Il
s’agit ici pour les deux parties en présence d’accepter de faire trancher leur litige par un ou
plusieurs tiers. Cette justice privée présente certaines caractéristiques très avantageuses:

 Elle est discrète, puisque la procédure d’arbitrage n’est pas publique, ce qui est un atout
dans un certain nombre de domaines, en particulier en matière commerciale. Citons l’exemple
13
Etymologie de compromis : du verbe latin : compromitto, ere = s'engager à s'en remettre à
l'arbitrage d'un tiers. Le sens juridique est fidèle à l'étymologie. Dans la langue courante, le
compromis désigne la transaction (trouver un compromis acceptable).
de l’arbitrage qui est plus discret que les procédures judiciaires. Il est par principe un mode
confidentiel de règlement du litige, même s’il apparaît qu’en droit comparé il fait l’objet
d’assez peu d’homogénéité et qu’il est parfois négligé par une partie, sous la pression des
médias, ou même de l’accord des parties. Mais en tout état de cause, l’arbitre est tenu au
devoir de confidentialité, lequel complète le secret professionnel auquel sont tenus les avocats
qui participent à la procédure. Cette confidentialité participe du secret des affaires et lui
emprunte son fondement et ses intérêts.
 Elle est rapide, puisqu’elle s’affranchit des lourdeurs de la justice d’État, les lenteurs de la
justice étatique sont parfois remarquables, et les causes en sont diverses. Une certaine célérité
de la justice arbitrale tient à sa nature propre, aux habitudes de ceux qui l’administrent, et à
leur conscience de sa nécessité. Le délai dans lequel une solution définitive est trouvée à un
litige de droit des affaires a le plus souvent une valeur économique en soi.
 De plus la spécialité des magistrats siégeant au sein des tribunaux judiciaires et leurs
connaissances juridiques leur sont parfois d'un secours mitigé lorsqu'ils sont appelés à
trancher des litiges soulevant des questions hautement techniques, scientifiques ou relevant de
spécialités autres que celle de la science juridique. Le recours à l'arbitrage permet aux parties
de confier le soin de résoudre leurs différends à des arbitres versés dans le domaine de
spécialisation dont relève véritablement leur litige. À titre d'exemple, un litige en matière de
construction pourrait être soumis à des ingénieurs ou architectes; un litige en matière de
louage commercial pourrait être résolu par une formation composée d'évaluateurs agréés; un
litige entre actionnaires pourrait être tranché par des comptables et fiscalistes.14
 Les parties prennent à leur charge la rémunération du ou des arbitre(s) et il est possible que
les arbitres se prononcent non en droit, mais en équité si les parties le leur demandent au titre
de l’amiable composition ;
 L'autorité judiciaire n'a point le droit de modifier une décision ou sentence arbitrale. La loi
n°08-05 n’en donne pas de définition et se contente d’en dresser le dispositif. Toutefois, la
Convention de New York de 1958 précise que « l'on entend par sentences arbitrales, non
seulement les sentences rendues par les arbitres nommés pour des cas déterminés, mais
également celles qui sont rendues par des organes d'arbitrage permanents auxquels les parties
se sont soumis. »
Elle est également définie comme la « décision par laquelle les arbitres, conformément aux
pouvoirs que confère la convention arbitrale, tranchent les questions litigieuses qui leur ont
été soumises par les parties».
D’après l’article 327-22 du CPC : La sentence arbitrale est rendue, après délibération du
tribunal arbitral, à la majorité des voix. Tous les arbitres doivent se prononcer en faveur ou
contre le projet de sentence(Les délibérations des arbitres sont secrètes). La sentence arbitrale
doit être écrite. Elle doit viser la convention d'arbitrage et contenir l'exposé succinct des faits,
des prétentions des parties et leurs moyens respectifs, les pièces, l'indication des questions
litigieuses résolues par la sentence ainsi qu'un dispositif statuant sur ces questions. Elle doit
être motivée, sauf si les parties en ont décidé autrement dans la convention d'arbitrage ou que
la loi devant être appliquée à la procédure d'arbitrage n'exige pas la motivation de la sentence.
La sentence concernant un litige auquel est partie une personne de droit public doit toujours
être motivée.

14
BOUDAHRAIN, ABDELLAH. L’arbitrage commercial interne et international au regard
du Maroc.
 En raison de tous ces avantages, les modes alternatifs de règlements des conflits ont connu un
énorme succès, Cette procédure présente plusieurs avantages et réponses comme on l'a vu
précédemment surtout aux impératifs de la vie économique à savoir la rapidité, la
confidentialité et la sécurité. C'est également un moyen pour avoir la confiance de
l'investisseur étranger et national il s'agit d'une assurance supplémentaire pour leur
patrimoine.
Mais en cas d'échec du règlement amiable, le litige relatif à l'interprétation ou l'exécution
d’un contrat ou autre, sera donc de la compétence du pouvoir judiciaire.

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