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politique
Dupuy Aimé. Esquisse d'un tableau du roman politique français. In: Revue française de science politique, 4ᵉ année, n°3, 1954.
pp. 484-513;
doi : https://doi.org/10.3406/rfsp.1954.452659
https://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1954_num_4_3_452659
AÏME DUPUY
2. Nous choisissons cet ouvrage à dessein, puisque Vigny « sait bien qu'un
romaa historique n'est pas une relation sincère des faits », comme écrit M. Pierre
Flottes> dans sca Alfred de Vigny, 1925. — Dans les Réflexions sur la
vérité dans fart, sorte de préface aux nouvelles éditions de Cinq-Mars, après
1827, ces Réflexions « se résument en trois mots : permission de mentir... »
3. Voir Victor Giraud, Les Maîtres de l'heure, t. IL Anatole France.
4. Dans la préface de leur roman du cycle, Une Epoque, « rcman au
service da l'Histoire », Paul et Victor Margaeritte le disent fort nettement r
ils ont fait là ua effort de citoyens autant que d'écrivains ».
5. Adolphe, édité par F. Baldenspergek, Î946.
Aimé Dupuy
STENDHAL ET LA RESTAURATION
Voici d'abord la Restauration, vis-à-vis de laquelle, et encore
qu'il ne fût point « romancier », nous n'hésitons pas à inscrire en
premier lieu le nom de Paul-Louis Courier. Aussi bien, cette
chronique rurale, si passionnante, tenue par le « vigneron de La Cha-
vonnière » de 1817 à 1821, se lit-elle comme un roman. Car, ainsi
que le notera Albert Thibaudet, c'est la France réelle du règne
des lys, « vue de Véretz, avec le maire et le curé, les villageois
qui dansent ou ne dansent pas. Mais, en même temps, ce îocaîisme
tourangeau fait vivre pour nous une cellule politique française » 6.
Cependant, en dehors de ce témoin précieux et savoureux, mais
tout de même un peu en marge des romanciers, le plus patent
d'entre eux sous la Restauration, n'est-ce pas Stendhal, l'écrivain
aux « petits faits vrais », consignant, entre 1815 et Î835 — même
s'il n'est compris que bien plus tard — son expérience du régime ?
Deux de ses livres en font foi : Armance (1827), « roman des
funérailles de la monarchie de droit divin, tintant le glas des
Bourbons et de leurs courtisans »7; puis Le Rouge et le Noir (1831),
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it âz rOpposltioii, contre les ministres du « juste milieu ».
Si l'on ajoute à cet ouvrage Les Mémoires d'an touriste (1838),
nourris d'observations sur le vif touchant la mentalité politique des
populations françaises du Nord et de celle du Midi — si
différentes S, encore « qu'un esprit public commence à naître en
France %■ -— on aura ainsi d'après Stendhal, un tableau
singulièrement probe du régime orléaniste, au moins durant sa première
9. « Noiis sommes donc des parias I s'écrie le Midi avec amertume. Rien
de ce qui est préposé en notre faveur ne peut passer à la Chambre des députés.
Toutes les faveurs du gouvernement sont pour le Nord ! »
10. « La remarque est d'usage sur 3a? sac lequel, mort en 1850, aurait peint
moins par observation la société ou régime de Juillet que par divination la
société du second Empire, » A. Tki3AIïdet, La République des professeurs.
11. AvAM, Avec Balzac, 1937.
12. Avec la critique de « cfite puissance d'inertie appelée le Rapport »,
laquelle fait que « la France disserte au lieu d'agir ».
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13. « Ce roman est politique, c'est l'histoire d'un roi de canton. » (àlaïn,
.op. cit.)
14. Le Député d'Arcis, comme d'ailleurs Les Petits Bourgeois, n'a vu que
sa première partie, « peinture des élections en province », publiée du temps
de Balzac. C'est, disait-il, « la révolte d'un bourg-pourri libéral » contre le
candidat gouvernemental.
15. Chignac, c'est Périgueux. L'ouvrage, remarquera Sainte-Beuve, « est
réel au-delà de tout. Balzac imagine et invente beaucoup plus dans ses portraits
de provinciaux; il surcharge et surajoute à tout instant. M. Veuilîot rend et
copie mieux ». {Nouveaux Lundis, t. I)
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LA COMMUNE
La crise violente et grave que représente la Commune, au
moment où l'Empire est déchu et où îa République ne s'est point
encore affirmée, a retenu l'attention de maint romancier d'hier et
même encore d'aujourd'hui. Tour à tour, Zola, dans îa fin de
La Débâcle (1892), Paul et Victor Margueritte, dans La Commune
(Î904), Jules Vallès, dans L'Insurgé (1886), Lucien Descaves, dans
Philemon* vieux de la vieille (19Î3) et La Colonne (1931), Gustave
Geffroy, dans L'Apprentie (1896) et L'Enfermé (1919) ont dépeint
les espoirs, les vicissitudes et les horreurs de ce gouvernement
insurrectionnel. En 1936 encore. M.. Jean Cassou présentait, dans
ses Massacres de Paris, « une hallucinante évocation de la
Commune par tan insurgé qui sent bientôt venir la défaite, mais qui
espère que le sacriice appellera une revanche ».
LA TROISIEME REPUBLIQUE,
SELLE EPOQUE DU ROMAN POLITIQUE
Cependant, la troisième République réussit à triompher de ses
adversaires, le nouveau régime ralliant d'ailleurs, au sein -du
Parlement, maint tenant de la politique « carliste », orléaniste ou
25. D'un bien plus vigoureux relief sont les parlementaires décrits par^
Maupassant dsns son Bel- Ami (Î885), peinture lucide et féroce de la collusion
« haute finance, politique et journal », par l'intermédiaire de la Presse « deat
îa souveraineté est l'un des faits les plus marquants de l'histoire de la troisième
République » : voir à ce sujet : « L'Univers ce Bel-Ami », par G. BelaïSEME^t,
dans Revue des Sciences Humaines, 1953, n° spécial : Réalisme et Naturalisme,
26, Anatole Francs, Préface au livre d'Emile Combes, Une Campagne
laïque, 1904. -
Aimé Dupuy
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Table-an du Roman Politique français
29. Voir page 9, des Cahiers des hommes de bonne volonté, n° î. — Gabriel
Marcel, « Pour une définition de Î'H.B.V. ».
If. TYPES ET SCENES £a LA ¥11 POUT1QUE
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les hâbleurs, sourde et hostile à ceux qui lui apportent "an cœur et
une volonté sincères ».
À noter que cette action des hâbleurs et ces réactions de la
foule sont particulièrement intenses en pays d'outre-mer, comme on
peut s'en rendre compte dans La Cina (1901) de Louis Bertrand,
récit animé des troubles antisémites d'Alger, de 1898 à 1900, avec
l'agitateur Max Régis, msïre d'Alger, dont le romancier fait le
concurrent, à la deputation, de son honnête Botteri S5. De son côté,
la Guyane en période électorale a donné lieu au pittoresque récit
de Biaise Cendras, Rhum (1930), concernant l'élection à Cayenne
de Jean Galmot et ses émouvantes péripéties 36.
Dans Fun de ses meilleurs romans, Le Démon de midi (1914),
Paul Bourget raconte un échec électoral dû en grande partie à
une malencontreuse épreuve sentimentale. Le héros du livre, Louis
Savignan, était patronné par l'Archevêque, lequel considérait ce
brillant historien catholique, cet homme du monde animé du plus
pur traditionalisme, comme devant fournir le meilleur des manda-
taires de l'Eglise à la Chambre. Mais, n'ayant pas su résister aux
tentations du démon de midi, Savignan n'est plus l'homme de la
Cause ; par la voix de l'abbé Lartigue, l'Eglise le rejette : « Le
candidat le moins mauvais pour nous à Clermont, décîare-t-iî
désinvolte, est maintenant M. Caîvières », soit le gros industriel radical,
concurrent de Louis Savignan.
Autre cause d'échec : les maladresses de l'agent choisi pour
soutenir telle candidature, diriger la campagne, soit au nom d'un
Comité, soit au nom du Gouvernement. C'est particulièrement le
cas de Lucien Leuwen : en dépit de ses qualités de discrétion et
de son cynisme, l'inexpérience du jeune maître des Requêtes ne
lui ont pas encore inculqué Fart de savoir « tondre la laine
électorale », comme disait Veuillot. Bien que nanti des pleins pouvoirs
afin de « faire tout au isonde pour empêcher l'élection de M,
Mairobert » dans îe Calvados (avec douze, ou quinze têtes comme
cela, la Chambre serait ingouvernable), Lucien Leuwen échoue dans
sa mission, encore qu'il ait manifesté un « zë\z remarquable ». Mais,
comme lui-même le reconnaît avec dépit ; c'est une « élection
manquée ». Et il se raye donc, en rentrant chez son ministre, le
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38. N'oublions pas ïes « conseils d'un ancien », ces perspicaces propos du
ministre Bouitton, dans Les Travaux et les Jours t par exemple : « Les grandes
villes (Paris surtout) n'ont aucune fidélité. Toutes les maladies politiques du
moment, elles îes attrapent : boulangisme, nationalisme, communisme. « Pariez-
moi de la brave circonscription rurale, avec une ville au plus de vingt mille
habitants ; ça, c'est le rêve I... » — Sur les campagnes électorales en province,
et notamment en milieu rural, il existe de nombreux romans, dont l'un d'entre
eux : La Maison de Claudine, de Colette, contient des pages fort divertissantes
sur ce sujet.
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39. L'étude cî'Auriant, déjà citée, relate, par le détail, toute l'histoire de
cette élection. — Voir également la déclaration a A. Daudet en t££e de la 37e
édition de son roman.
40. Les Comédiens sans le savoir.
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53. On a parfois reproché à Jules Romains d'avoir mêle des noms >^tor><_»s,
tels Briand eu Jaurès, à des noms imaginaires comme Guran ou iiooitton ;
« N'était-ce pas 'cependant le meilleur artifice pour suggérer, à cô;e de ce oui
a été, ce qui aurait pu être ? Cette confrontation entre l'histoire omeie^e et îa
réalité quotidienne est un des thèmes de l'œuvre » (Rene Lalou, H'jsfoir* de a
littérature française contemporaine)
54. Voir Ed. Herriot, Jean Giraudoux, 1951.
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65. L^ j^'ler ^, i
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