péninsule Ibérique s'appelaient les Ibères. D'après les
éléments livrés par l'archéologie et les recherches les plus récentes, il semble falloir abandonner l'idée que les Ibères soient un peuple migrateur venu d'Afrique. Les Ibères connaissent un développement qui prend sa source au début du Ier millénaire av. J.-C. et se termine avec la conquête romaine dans le courant du IIe siècle av. J.-C.9. Leur territoire, qui a pu selon les époques représenter l'essentiel des côtes du Levant espagnol ainsi que la partie occidentale du littoral méditerranéen de la Gaule a en réalité connu des peuplements diversifiés 10. La géographie et le climat ainsi que certaines interactions avec d'autres peuples peuvent expliquer cela 11. Les premières populations ibériques à s'affirmer sont identifiées au Sud de la péninsule. Celles-ci semblent avoir dès le début du Ier millénaire av. J.-C. su exploiter les richesses minières de leurs sols, afin d'en faire commerce avec d'autres populations méditerranéennes, et en particulier les Phéniciens puis les Carthaginois12. C'est dans cette région qui comprend l'essentiel de l'Andalousie actuelle et qui s'articule autour du bassin du Guadalquivir que va se développer la culture tartessienne, qui utilisent une langue, une écriture, une culture et une organisation sociale et politique distincte de celle des peuples voisins, avec une forte influence phénicienne. Les troubles géopolitiques qui affecteront le Proche-Orient durant le VIe siècle av. J.-C. ralentiront ces échanges, et à partir de cette époque environ augmentera la visibilité des régions du Nord de l'Ibérie : la région de l'Èbre. Cette région, d'un caractère plutôt agricole en regard des territoires du Sud, miniers, connaîtra un développement singulier et des relations avec les peuples du Nord de la mer Méditerranée : Gaulois, Grecs, et plus tard Romains. Les peuples ibères développent différents systèmes d'écritures, dont l'écriture ibérique sud-orientale et l'écriture ibérique nord- orientale.
Bronze de Botorrita I, alphabet celtibère oriental.
À ce peuplement ibérique vont s'agréger au nord et à l'ouest des populations celtes, qu'on
appelle les Celtibères, à partir du XIIIe siècle av. J.-C. Ils adaptent l'écriture ibérique nord- orientale à leur langue, donnant ainsi naissance à l'écriture celtibère. À partir du IXe siècle av. J.-C., des comptoirs sont fondés sur les rivages méditerranéens par les Phéniciens — essentiellement sur le littoral sud, Gadès (actuelle Cadix), Malakka (Malaga), Onoba (Huelva), Sexi (Almuñécar), Ibossim (Ibiz a), ou encore, en Afrique du Nord, Russadir (Melilla), par exemple —, les Grecs — surtout sur la côte orientale, Empúries (près de Gérone) par les Phocéens, Hēmeroskopeion (Dénia) par des Massaliotes, par exemple — et les Carthaginois — avec Qart Hadasht (Carthagène), Abyla (actuelle Ceuta) de l'autre côté du détroit de Gibraltar, ou encore Akra Leuka (Alicante), Mahon (sur Minorque).