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Introduction
La compréhension d’une matière aussi riche et bien structurée que la matière des
droits de l’Homme nécessite une connaissance assez bonne d’un certain nombre de
concepts et de notions qui relèvent à la fois de la théorie générale du Droit, du Droit
constitutionnel et du Droit International public.
Le droit objectif est en effet généralement défini comme étant l’ensemble des règles
juridiques qui organisent la vie des personnes 1 à l’intérieur d’un Etat (Droit interne)
ou dans un cadre international (Droit international).
Le droit subjectif n’est pas défini comme étant un ensemble de règles mais comme
une faculté de faire ou d’avoir quelque chose, une prérogative, reconnue et protégée
par le Droit (objectif).
1
Le terme « personne » désigne juridiquement tout individu auquel le Droit reconnait la personnalité
juridique, c’est-à-dire, la qualité attribuée par le Droit (objectif) / par l’Etat / par les pouvoirs publics, à un
individu ou à une entité en vue de le ou la reconnaître sur le plan juridique. C’est donc une qualité attribuée
pour prouver l’existence juridique d’une entité ou d’un individu et lui permettre d’être un sujet de Droit.
Entre les deux significations du même terme « droit », il y a déjà une première
différence de nature ; le droit objectif est un ensemble de règles alors que le droit
subjectif est une prérogative, c’est-à-dire un avantage, un privilège dont certaines
personnes vont disposer et qui leur permet de faire ou de s’abstenir de faire quelque
chose, d’avoir ou de refuser quelque chose.
Dans plusieurs sociétés en effet, certains choix personnels liés à la vie privée des
personnes ne sont pas organisés par le Droit et relèvent de la liberté privée et de la vie
intime des personnes, elles ne sont pas explicitement autorisées ni explicitement
interdites. Ces choix constituent des prérogatives mais ne sont pas des droits
subjectifs, les personnes concernées peuvent en bénéficier ou les mettre en œuvre
selon leur bon vouloir sans encourir de sanction, à condition que l’usage de ces
prérogatives ne porte pas atteinte à l’ordre public. C’est le cas par exemple de la
liberté de se vêtir, de choisir ses habitudes alimentaires, de fumer de se marier (mais
2
J. Mourgeon, Les droits de l’Homme, Paris, PUF, 6è ed. 1996, p.6.
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pas forcément de choisir son conjoint3) ou de disposer de sa vie. Sur ce dernier point,
dans certaines cultures, toute personne a le droit de mettre fin à sa vie4 de la manière
qu’elle choisit. Il est ainsi permis de se suicider ou de pratiquer l’euthanasie lorsque
la personne concernée le veut sans que cela ne soit objet de sanction ou de
répression5.
l’encontre de tous les autres de ne pas l’empêcher d’exercer son droit ou l’obstruer
dans le choix qu’il a fait. De même lorsqu’une personne choisit de ne pas faire usage
d’un droit déterminé (par exemple le droit d’aller voter ou de pratiquer une religion),
tous les autres sont tenus de respecter ce choix et il leur est interdit de le contraindre à
exercer ce droit.
b- L’Homme
L’Homme dont il est question dans la matière des droits de l’Homme s’entend
de tout être humain, tout individu humain né vivant est titulaire des droits prévus dans
cette matière sans nulle autre condition. Aucune importance n’est donc accordée à
son âge ou sexe ou langue ou nationalité ou religion ou état civil ou psychique ou son
état de santé ou sa situation économique ou sociale ou ses opinions politiques ou
religieuses ou personnelles ou ses convictions morales ou mœurs privées. Il s’en suit
que tout individu qualifié d’être humain est titulaire de ces droits même s’il s’agit
d’un délinquant ou d’un hors la loi et quelle que soit la gravité des actes criminels
qu’il a pu commettre. Il peut s’agir du plus horrible des criminels, et quelle que soit
l’inhumanité qu’il a su montrer dans les crimes qu’il a perpétré, il doit cependant
bénéficier de ses droits en sa qualité d’être humain. Les détenus et les prisonniers
bénéficient par conséquent de ces droits comme tout être humain.
6
Il est à préciser que la Déclaration n’a aucune valeur contraignante en elle-même. C’est une résolution
adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Ce n’est qu’une déclaration d’intentions, dépourvue
de valeur obligatoire ou contraignante. Elle a servi cependant comme source matérielle aux diverses
conventions relatives aux droits de l’Homme.
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De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou
international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce
pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une
limitation quelconque de souveraineté ».
c- De
Dire qu’il y a des droits humains naturels, inhérents à la nature humaine est une idée
ancienne. Elle remonte au Droit naturel et varie dans sa conception et dans son
contenu en fonction des courants philosophiques et des idéologies. Elle se retrouve
déjà dans les écrits de Platon et d’Aristote où il y avait l’idée d’une nature universelle
de l’Homme. L’école sophiste présentait pour sa part l’idée que les Hommes étaient
égaux de nature. La conception de ce qu’est un droit naturel de l’être humain a évolué
depuis jusqu’à l’époque moderne.
7
ROCHE (Jean) et POUILLE (André), Libertés publiques et droits de l’Homme, 13ème édition, 1999, p.6.
8
RIVERO (Jean), Libertés publiques, Manuel, éditions PUF, 1973.
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La notion de droits de l’Homme englobe ainsi celle des libertés publiques qui
n’en sont qu’un aspect parmi d’autres. D’autres droits tels que le droit à la paix, au
développement durable, à l’égalité, à la non discrimination, à un environnement sain
et équilibré, font partie intégrante des droits de l’Homme mais ne sont pas des
libertés.
9
RIVERO (Jean), op. cit., p.17.
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10
C’est-à-dire la conception véhiculée par l’Organisation des Nations Unis (l’ONU) depuis la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme, la DUDH (10 décembre 1948).
11
Le droit à la vie n’a pas de sens en l’absence du droit au travail, la liberté sous toutes ses formes ne peut se
réaliser en l’absence du droit à la vie, ce dernier dépend également du droit à la santé et du droit à un niveau
de vie décent. Tous ces droits et d’autres nécessitent la réalisation du droit à la paix. Les droits font par
conséquent partie d’un seul et même corps, ils sont indivisibles.
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